Une nuit d'hiver était tombée depuis quelques heures sur le Navy Yard. Tony et Kate terminaient leurs rapports d'une enquête passée. Seules les frappes sur les claviers se faisaient entendre.

Caitlin se surprit à regarder DiNozzo de manière détaillée. Il était bel homme, loin d'être aussi stupide qu'il pouvait le laisser paraître, drôle lorsqu'il n'agissait pas comme un gamin, sensible et loyal. A chaque fois que son regard se posait sur elle, elle sentait son cœur battre plus vite, une légère chaleur lui monter aux joues et des petits papillons dans le ventre. Anthony DiNozzo Junior était définitivement une personne à part pour elle, un simple regard de l'Italien suffisait à l'électriser de la tête aux pieds.

Cependant, il y a bien longtemps qu'elle s'était faite une raison. Il ramenait sans cesse de nouvelles femmes chez lui, et toutes des canons de beauté si elle en croyait ses dires. Elle n'était pas à la hauteur. Et que c'était dur de se le répéter chaque fois que son corps lui faisait comprendre qu'elle le désirait. Oui, elle voulait être la femme qui partage sa vie. Et là était un autre problème : elle ne voulait pas être une femme de plus dans le lit de Tony.

Son regard s'humidifia à cette pensée.

« -Tout va bien Kate ? s'inquiéta Tony à ce changement n'avait pas échappé.

-Oui oui, ne t'en fais pas, répondit rapidement l'ex-agente des Services Secrets. »

Elle se leva et partit se calmer dans les toilettes pour dames. Il lui faisait bien trop d'effet, en positif comme en négatif. Elle devait se calmer. Elle entendit soudain la porte s'ouvrir derrière elle. Elle se retourna et le vit. Qu'il était près d'elle ! Elle devait absolument se calmer, ne pas fixer ses lèvres probablement chaudes, ni ses yeux verts absolument divins.

« -Ce n'est pas beau de mentir, lança simplement l'Italien.

-De quoi parles-tu ?

-Du fait que tu sois venue ici, les yeux humides, alors que tu m'as dit qu'il n'y avait rien.

-Ca ne te concerne pas Tony, répliqua sèchement Kate.

-Tout ce qui concerne un membre concerne toute l'équipe, répondit calmement l'ex-policier. C'est ainsi qu'une équipe fonctionne. »

Caitlin se mit dos au lavabo sur lequel elle posa ses mains et tenta se garder une certaine contenance. Cet espace était bien trop petit pour sa santé mentale. Elle remarqua que l'agent spécial avait déboutonné le premier bouton de sa chemise, laissant apparaître une épaule tracée. Sapristi ! C'était totalement obscène de lui montrer cela ainsi.

« -Tu n'as pas une femme d'un soir à aller retrouver ? tenta Kate pour se sortir de cette situation.

-Je ne crois pas que ce soit ma question, éluda DiNozzo.

-Non, mais c'est la mienne. Et tant que tu ne m'auras pas répondu, la probabilité que je te dise ce qui ne va pas sera égale à zéro.

-Je n'en ai pas ce soir non plus. »

« Non plus » ? Venait-il bien de dire « non plus » ? Cela voulait-il dire qu'il mentait tous les jours ? Le cœur de Kate fit un bond à cette pensée. Elle devait impérativement rester calme, ne rien laisser transparaître de plus. A cet instant très précisément, elle enviait Leroy Jethro Gibbs pour sa capacité à être impassible en toute circonstance. Cela lui aurait été extrêmement utile. Mais non, il fallait que sa propension aux sentiments, si utile pour profiler les gens, se retourne contre elle en cet instant.

« -Et toi ? relança l'Italien. Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Il s'était encore approché d'un pas. Il était beaucoup trop près. Elle allait exploser, elle allait tout lui dire s'il avançait encore. Et il avança.

« -Toi, répondit-elle.

-Moi ? s'étonna Tony. Mais je n'ai rien fait ! Enfin, je ne crois pas en tous cas.

-Tu me vois seulement comme une collègue ? »

Tony resta silencieux, ce qui met Kate fort mal à l'aise. Elle en était sûre, il ne le voyait pas autrement que comme une collègue. Son cœur se serra face à ce constat implacable. Elle s'apprêtait à partir avec force lorsque main puissante lui enserra le bras gauche. Elle leva son regard devenu furieux et qui s'était rempli de larmes vers celui de son coéquipier.

« -Lâche-moi ! cria Kate qui se débattait.

-Je ne te considère pas simplement comme une collègue, lâcha DiNozzo qui semblait chercher précisément ses mots.

-Quoi ?!

-Non, tu es bien plus que cela. Je t'aime Kate.

-Mais alors pourquoi ramener des femmes chaque nuit ou presque chez toi ?! »

Il explosa de rire.

« -Visiblement, mon bluff a bien marché ! s'exclama Tony qui tentait de contenir son rire.

-M… Mais pourquoi ? demanda la jeune femme, totalement dépassée.

-Parce que je ne te mérite pas, tout simplement, avoua DiNozzo avec un soudain grand sérieux. »

Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Il inversait totalement les rôles ! Où était passé le Anthony DiNozzo si sûr de lui, si confiant en ses capacités ?

« -Tony ? Tu vas bien ? s'enquit Caitlin, inquiète.

-Je ne te mérite pas, répéta le jeune homme. Tu es si… exceptionnelle. Si intelligente, si empathique, si douce, si belle, si créative. Je ne suis pas à la hauteur. Alors j'ai mis ça au point en espérant que tu ne tentes pas. Ainsi, je tenais ma justification à notre absence de relation. »

La jeune femme se bouillonnait maintenant de colère. Elle se retenait de gifler l'homme qui se tenait devant elle. Comment pouvait-il affirmer cela ? Mais une part d'elle retenait qu'il l'aimait aussi, c'était un conflit intérieur. Elle était maintenant si proche de lui, elle pouvait sentir sa fragrance virile. L'odeur de Tony était moins marquée que celle de Gibbs, dont l'odeur était forte et autoritaire. Celle de l'Italien était tout aussi virile mais plus douce, plus humaine.

Tony la serra contre lui. Elle avait maintenant le nez entre deux boutons de chemise de l'Italien. Qu'elle y était bien ! Elle voulait que cet instant dure pour toujours. Elle avait passé ses bras autour de la taille de l'homme qu'elle aimait. Ce moment était comme suspendu dans l'air.

Elle voulait qu'il l'embrasse mais elle ne voulait pas des conséquences de ce baiser. Elle ne voulait pas d'un baiser ou d'une nuit sans suite. Pas après un baiser d'Anthony DiNozzo. Mais il la regardait si intensément… Elle entrouvrit finalement les lèvres, pour lui donner son autorisation de l'embrasser.

L'Italien ne se fit pas prier et ce furent deux lèvres chaudes qui fondirent sur les siennes. Ce fut une véritable explosion de sensations qui survint en elle pendant que leurs langues se touchaient, s'esquivaient, formant une danse endiablée. Elle sentit les mains de Tony se promenant dans ses cheveux. Elle poussa un gémissement de frustration lorsqu'il s'écarta.

Elle avait le souffle coupé, les battements de son cœur semblaient avoir décidé de n'en faire qu'à leur tête, ses jambes ne la tenaient plus, son corps tremblait.

« -Qu'est-ce que c'était que...que ça ? haleta la jeune femme.

Ce n'était pas un simple baiser, c'était autre chose. C'était un baiser d'Anthony DiNozzo Junior, c'était plus intense que tout ce qu'elle avait pu vivre avant, plus intense que de protéger le Président des Etats-Unis. Elle voulait recommencer, elle voulait regoûter cette sensation. Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau. Et ce fut la même chose. Elle devait arrêter pour ce soir, sinon son pauvre cœur ne le supporterait pas.

« -Qu'est-ce que c'était que ça ? répéta Kate, encore sous le choc.

-Ca t'a plu ? questionna Tony d'un ton charmeur.

-Aucune autre femme ne doit plus avoir le droit à ça, si ce n'est moi ! ordonna Kate avec une volonté de marquer son territoire.

-Personne d'autre n'y aura plus jamais droit, affirma l'Italien avec un petit sourire charmeur. »

Ils repartirent ensemble, pour leur première nuit en tant que couple.