Prologue

-Je suis amoureuse de toi, annonça-t-elle de but en blanc, incapable de garder ça pour elle plus longtemps. Aujourd'hui elle avait vraiment tout perdu. Sa meilleure amie n'arrivait même plus à la regarder dans les yeux tant elle était déçue. Le fait est que même si Tasha était maintenant consciente d'avoir fait une erreur tous ce que la brune avait toujours voulu c'était la protéger. Les ordres de Keaton n'avaient jamais pesé dans la balance. Jane et Kurt, malgré leur apparente compréhension, semblait également avoir perdu confiance en elle. Même Rich, de qui elle n'avait jamais été proche, lui semblait désormais hostile. Elle les comprenait. Après tout il s'agissait de Borden. Seulement l'hispanique ne supportait pas l'idée qu'ils pensent qu'elle ait voulu leur nuire. Ce choix l'avait rongé à un point qu'elle avait failli en devenir folle mais elle avait fait passer le bien être de Patterson avant le sien, comme elle l'avait toujours fait. Cette journée avait été un enfer alors quand Reade était entré dans ce bar, adorable et à l'écoute, comme à son habitude ; elle n'avait pas pu résister. Il ne cessait de lui répéter qu'il serait toujours là pour elle mais il ne réalisait pas que cela la tuait à petit feu. Ne pouvant plus supporter la douleur, la solitude et les faux semblants elle avait donc décidé de lâcher cette bombe. Néanmoins, en voyant l'expression faciale de son partenaire changer elle le regretta immédiatement.
-Désolé, je n'aurais pas dû te le dire.
-Bien sûr que tu n'aurais pas dû. Tasha, je suis fiancé … D'où est-ce que ça vient ?
-Quoi ?

-Il y a deux ans je t'ai embrassé et tu m'as repoussé alors je peux savoir pourquoi est-ce que tu me sors ça maintenant ?
-Tu venais de te faire enterrer vivant et tu as dit que c'étaient les antidouleurs,
rétorqua-t-elle, sentant que le trop plein de sentiments qu'elle gardait enfouis depuis plusieurs années était en train de la submerger. À cette remarque il se figea. Le jeune homme ne s'attendait vraiment pas à ce que la soirée prenne cette tournure. À une époque il l'avait aimé tellement profondément que ça l'avait dévoré et maintenant il venait de réaliser que toutes ses années de doute, de séparation n'avait pas été causé par le manque de réciprocité de ses sentiments mais par sa propre stupidité.
-Il …Il faut que j'y aille, s'empressa-t-il de déclarer avant de se lever de sa chaise, incapable de réfléchir en sa présence.
-Reade, attend, implora Zapata qui était désormais en train de pleurer. Elle le regarda partir comme elle l'avait auparavant redouté. Incapable de supporter le poids de sa douleur plus longtemps elle recommanda plusieurs verres dans le but de tout oublier le plus rapidement possible. Après près de deux heures à ingurgiter tequila et cacahuètes le barman refusa de la servir et lui appela un taxi. Elle rentra chez elle complètement ivre et toujours aussi triste.

De son côté Edgar erra dans la rue complètement hagard et perdu. Quand le policier avait reçu ce message lui demandant de ne pas venir la voir il s'était inquiété pour elle, sachant très bien l'impact qu'aurait cette journée. Néanmoins il n'avait pas imaginé qu'elle lui avoue ses sentiments, encore moins qu'elle les fasse remonter à leur baiser échangé deux ans plus tôt. En réfléchissant bien il se rendit compte qu'il ne lui avait pas facilité la tâche car à l'époque il n'avait pas été très clair sur ses sentiments. Maintenant qu'il avait pris connaissance de son amour pour lui plusieurs petits éléments lui revinrent en mémoire, le faisant se sentir encore plus idiot. Il aurait dû le remarquer. Sa constante attention, sa loyauté auraient dû l'aiguiller. Elle l'avait quasiment supplié de lui demander de rester. Il aurait dû le remarquer. Tous ceux sur quoi il pouvait désormais se focaliser était la douleur dans ses yeux quand il lui avait montrer la bague ou quand il leurs avait annoncé ses fiançailles. Mon dieu il était vraiment aveugle. Pour ne rien arranger il venait de se comporter comme le plus grands des idiots en la laissant boire et pleurer seule dans ce bar. Il aurait dû rester. Seulement il y avait Megan. Ils allaient se marier et il l'aimait, enfin d'une certaine manière. Avec elle tout était simple alors qu'avec Tasha c'était intense et compliqué. Ils avaient tous les deux tellement de casseroles derrière eux que leurs peurs les avaient rendus incapables de communiquer. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait voulu la retenir de partir pour la CIA, le nombre d'appel qu'il avait souhaité passer pour s'excuser et lui supplier de revenir. Bon sang ce qu'elle avait pu lui manquer pendant cette année. Après s'être attablé au comptoir d'un bar Reade sentit ses inhibitions tomber. Le directeur adjoint avait bien besoin de ses quelques verres pour lui donner du courage. Il avait réalisé que peu importe combien il luttait, ses sentiments pour elle étaient viscérales. Il ne pouvait pas les combattre, en tout cas pas ce soir. Précipitamment il paya ses consommations et héla un taxi en direction de chez sa meilleure amie. Vu l'heure elle devait être chez elle. Enfin il l'espérait car vu son alcoolémie et sa tristesse dieu seul savait où ça pourrait la mener. Reade ne savait pas ce qu'il allait faire ou dire. Il était bien trop ivre pour avoir un plan. Seulement il était sûr d'une chose ; il avait besoin d'elle. Environ un quart d'heure plus tard le jeune homme arriva à destination et mont les marches menant à son appartement.

-Tasha ouvre moi, cria-t-il en tambourinant à la porte après avoir constaté de la lumière. Pendant plusieurs minutes il continua son manège conscient qu'elle n'avait probablement pas la moindre envie de le voir.

-Pour l'amour du ciel est-ce que tu peux te taire ? J'essaye de dormir et puis tu vas réveiller mes voisins, maugréa Zapata en ouvrant la porte une dizaine de minutes plus tard visiblement exaspérée. Elle portait désormais un jogging noir et un pull blanc extra large. Elle s'était démaquillée ce qui permit à Reade d'observer les traces de fatigue sur son visage. Son amie devait les cacher depuis des semaines. Il était également plus qu'évident qu'elle avait pleuré, énormément. Malgré ça il la trouvait toujours très belle.

-Il faut qu'on parle, annonça-t-il doucement. Il ne voulait pas la brusquer ou la forcer à faire quoique ce soit qu'elle ne souhaitait pas seulement cette situation le rendait malade.

-Je n'ai aucune envie de parler. J'aurais mieux fait de me taire. Oublie et rentre chez toi pour voir ta future femme, rétorqua-t-elle amèrement. Tasha était tellement fatiguée et lasse. Tout était devenu trop dur et elle devait poser des limites avant de finir pas craquer.

-Je ne partirais pas tant que l'on ne l'aura pas fait, même si cela implique que je passe la nuit dans ce couloir, affirma-t-il avec détermination. Reade ne pouvait pas non plus continuer à se cacher. Comprenant qu'il n'abandonnerait pas elle retourna dans son salon en laissant porte ouverte. Le jeune homme la rejoint immédiatement mais n'arrivait pas à parler. Elle paraissait tellement triste que ça lui brisait le cœur. En plus, il se sentait aussi coupable vis-à-vis de Megan. Décidément il foirait vraiment tout.

-Tu n'as vraiment pas à me prendre en pitié. Ça n'en vaut pas la peine.

-Depuis combien de temps est-ce que tu gardes ça pour toi ? Ne put-il s'empêcher de demander. La jolie brune lui tourna la tête pour essayer de cacher ses larmes. Elle regarda désormais à travers la fenêtre.

-Je crois que je l'ai vraiment compris le jour où tu m'as appris que tu sortais avec Sarah, déclara-t-elle difficilement. Edgar ferma les yeux, effaré. Cela faisait cinq ans qu'il lui avait parlé de son histoire avec Sarah Weller. Comment diable avait-elle put garder ça pour elle pendant si longtemps ? Comment ne l'avait-il pas vu ? Plus encore commencent avait elle fait pour souffrir pendant tout ce temps sans jamais craquer. Le jeune homme savait que Tasha n'aimait pas exprimer ses sentiments. Elle avait toujours eu horreur de se sentir vulnérable. Néanmoins, à l'époque il avait espéré qu'elle se sentirait suffisamment en confiance pour être elle-même en sa présence.
-Pourquoi tu ne … ? Enfin après que nous nous soyons séparés j'ai été célibataire pendant un long moment alors …
-Quoi ? Qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse ? Je ne pouvais décemment pas me pointer chez toi et t'avouer que j'étais folle de toi au risque de perdre la seule personne avec que je me sentais en sécurité. Tu ne me connais pas réellement Reade. Tu n'as aucune idée de tous ce que j'ai traversé. Alors arrête de croire que tu peux me sauver parce que c'est loin d'être le cas. Ça fait longtemps que j'ai compris que rien ne pourrait se passer entre nous. Megan est parfaite pour toi et je suis contente que tu ais trouvé le bonheur seulement il faut que tu arrêtes tout ça parce que je n'en ai plus la force.
-Que j'arrête quoi ? Me préoccuper de toi ? Vouloir que tu sois heureuse ? C'est ce que j'ai toujours fait et ce n'est pas prêt de changer. Je tiens à toi Tasha et ce n'est pas parce que tu te crois trop abimé que c'est vrai. Tu es … Je …
-Je t'en supplie ne termine pas cette phrase. Je suis fatiguée de souffrir et je ne supporterais pas de te voir me détester ou me fuir. Dès demain matin j'appelle Keaton et je demande à me faire transférer. Je connais de très bon agent qui pourront me remplacer rapidement. Maintenant sors de chez moi,
annonça l'hispanique les larmes aux yeux. Elle n'avait aucune envie de quitter l'équipe une nouvelle fois. Seulement elle ne pouvait plus lutter et rester allait la détruire à petit feu. Finalement la brune était au même tournant qu'il y a deux ans : rester pour lui ou partir pour essayer de ne pas se faire briser le cœur une nouvelle fois.

-Je ne pourrais jamais te haïr ni te fuir. S'il te plaît Tasha ne pars pas, implora le directeur adjoint incapable d'imaginer sa vie sans elle. Peu importe à quel point leur relation était conflictuel l'idée qu'elle disparaisse de nouveau était inconcevable. Il avait les idées embrouillées par l'alcool et ses sentiments mais le jeune homme était certain que jamais il ne referrait la même erreur.

-Ça fait bien longtemps que je n'ai plus aucune raison de rester, conclut la brune tristement. Elle n'était plus amère mais simplement fatiguée.

Incapable de résister plus longtemps Reade balaya doute et culpabilité pour clore l'espace entre leurs deux corps. Sans lui laisser le temps de protester il la fit se retourner et posa ses lèvres sur celles de sa coéquipière. Après quelques secondes pour réaliser ce qu'il se passait Zapata se laissa pleinement aller à cette étreinte. C'était tellement agréable qu'elle n'arrivait plus à réfléchir. Il avait posé ses mains autours de sa taille quand les siennes étaient agrippés à sa nuque. Son odeur la faisait chavirer et la tendresse de ses lèvres était renversante. Il la plaqua contre le mur, approfondissant encore plus leur baiser. Tasha noua automatiquement ses jambes autours de sa taille rendant l'espace entre eux complètement nul. A cour d'air ils se séparèrent et Edgar fit glisser sa bouche de son oreille jusqu'au creux sa nuque. Ce geste la fit automatiquement gémir. Couplé à la friction de leurs deux corps la belle policière passa à la vitesse supérieure et commença à lui enlever ses vêtements. Il entre prit de faire de même et quelques minutes plus tard les deux amants se retrouvèrent en sous-vêtements allongés sur le lit. Cette nuit-là ils firent l'amour pendant de longues heures, laissant parler tous ce qu'ils avaient gardé pour eux jusque-là. Ils étaient désinhibés par l'alcool et la douleur. En effet, aucun d'eux n'avait la force de se préoccuper du lendemain, des conséquences que cela pourrait avoir sur le futur. Tous ce qui comptait s'était leur union. Edgar lui murmurait des mots doux à l'oreille, lui révélant tous ce qu'il n'avait jamais osé dire jusqu'ici. Tasha se donna à corps perdu dans leurs ébats, oubliant douleur, frustration et tristesse. Quand ils s'endormirent ce soir-là les deux amants n'avaient aucune idée de ce qui allait se passer par la suite ou même de leur réaction une fois que l'alcool aurait laissé place à une bonne gueule de bois mais il était certain que plus rien ne serait comme avant.