Auteur : LeiBleuet

Base : Tome (sauf quelques éléments de la bataille finale)

Paring : HPDM (Slash ! Pas besoin de préciser que les homophobes ne risquent pas d'apprécier ce couple (et vous avez bien tort ^^).)

Disclamer : Tout à JKR sauf l'histoire et quelques personnages secondaires

Résumé : L'un est en haut, l'autre en bas. L'un est brun, l'autre est blond. L'un symbolise la lumière, l'autre les ténèbres. Et pourtant ils sont deux.

Dédicace à Rose Malefoy dont la réputation auprès des lecteurs/lectrices de drarry n'est plus à refaire. Pour les rares qui ne pas la connaître (comment avez-vous réussit à tomber sur ma page avant la sienne ?) je ne peux vous dire combien de fois j'ai lu « carol of the bells » ou « catch a falling star ». De même que « Nothing else matters » qui est pour moi LA meilleure fanfiction drarry à ce jour, de par son originalité et son merveilleux mélange entre magie et réalité. Mais bien évidemment, je ne peux pas la nommer sans parler de sa géniallissime bêta (et excellente auteur également, ne pas oublier ce fait des plus mémorable !) j'ai nommé Victoria Malefoy !

Bref, quoi qu'il arrive, cet OS est pour vous les filles, j'espère qu'il vous plaira, ainsi qu'au reste des lecteurs.

Et merci à ooAxelleoo qui a eu la gentillesse de me dire que ma fiction s'était male mise en page x) Tu gères Axelle !

Note 1 : Dans de mon précédent One-Shot, je vous avais parlé de la fiction « l'enfer de draco » que je reprends, je voulais juste vous dire qu'elle allait attendre un petit peu étant donné que j'ai d'autre projet pour l'instant et que je ne suis pas dans les meilleures dispositions pour écrire un fiction 'sombre' en ce moment. En revanche, d'ici quelques temps, vous aurez peut-être une nouvelle histoire basée sur une enquête. J'ai le scénario en tête, reste plus qu'à l'écrire x)

Note 2 : Un petit OS drarry qui se passe à la fin de la guerre.

Si c'est fluff ? Eh bien… Je crois que je ne sais écrire que ça. Avec le drama. Et les enquêtes. Et l'humour. Et… Bon ok, pas que ça du coup. Mais ça reste sympathiquement niais.

Bref ! Vous n'êtes pas venu pour lire mes élucubrations alors place à la lecture !

~ Deux ~

Assis au sommet d'une haute tour, il hésite. Son regard braqué sur l'herbe dansante, des centaines de mètres en dessous de lui, il contemple les feuilles assombries par la nuit.

Assis sur un balai, il se laisse porter. Son regard perdu dans l'immensité du ciel, il observe les étoiles, fouillant les constellations.

Il passe sa main dans sa crinière ébène. Une cicatrice en forme d'éclair orne son front subtilement hâlé.

Les fins fils d'or blanc qui composent sa chevelure sont portés par le vent, le décoiffant légèrement. Il passe la main sur son torse, où une longue cicatrice rosée contraste avec sa peau laiteuse.

L'un est en haut, l'autre en bas. L'un est brun, l'autre blond. L'un symbolise la lumière, l'autre les ténèbres.

Installé au sommet de la Tour d'Astronomie, Harry avait le regard vide. Il fixait l'herbe. Il s'imaginait le monde miniature qui vivait sous ses pieds depuis toujours et auquel il n'avait jamais prêté attention. Il semblait loin. Si loin. Et pourtant, il aurait suffi d'un pas. D'un pas pour qu'il se rapproche indéniablement.

Il soupira lentement.

Il aurait dû être dans la Grande Salle avec tous les autres. Tous ceux qui fêtaient la victoire. L'alcool qui coulait à flot, les rires qui remplissaient les oreilles et les sourires qui étaient aussi éclatants que les robes de soirées des personnes présentes.

Dès qu'il passait à proximité d'un groupe, les conversations s'arrêtaient et on le regardait avec ferveur, comme on admirerait une divinité toute puissante, avec un mélange de respect et de crainte. On le contemplait, lui demandait des autographes, lui serrait la main, lui souriait encore et encore.

Il était monté car il ne voulait plus les entendre. Eux, leurs sourires, leurs remerciements, leur admiration.

Un héros. Voilà ce qu'ils voulaient. Il était un symbole. Un modèle à suivre. Un homme à aduler.

Et ça, Harry n'en voulait pas. Il voulait montrer qui il était. Un garçon qui n'avait rien demandé et qui avait été poussé par tous à commettre un acte abominable « pour le plus grand bien ».

Un mois plus tôt il avait mis fin au règne de celui qui avait tué ses parents. L'euphorie engendrée par cet acte n'avait d'égale que le désespoir de ceux qui avaient tout perdu. Car il ne fallait pas se leurrer. Le monde sorcier, malgré les espoirs de la population, ne se découvrirait pas un gouvernement juste et bienveillant du jour au lendemain. Certes, Kingsley Shacklebolt était un homme intègre et il s'efforcerait de ramener la paix mais le Ministère n'était pas régit par lui seul. Et le Département de la Justice Magique était encore dirigé par les adhérents de Scrimgeour. Leur maxime ? Prendre des mesures inutiles pour donner l'impression d'agir.

Harry n'était pas dupe. Il savait qu'à l'heure qu'il était, pas une cellule d'Azkaban n'était vide. Et nombreux étaient ceux qui s'étaient retrouvés derrière les barreaux sans jamais avoir eu le tatouage maudit sur leur avant-bras. En effet, à peine Voldemort était-il tombé à terre que des Aurors s'étaient précipités pour arrêter tous les Mangemorts n'ayant pas eu le temps de fuir. Autant dire que la pêche n'avait pas été très bonne. Alors ils s'étaient rabattus sur ceux étaient encore là. Les Serpentards. Et désormais, beaucoup d'entre eux attendaient un procès qui n'avait pas lieu d'être.

Le brun, trop éreinté par son acte, n'avait pas pu empêcher toutes ces arrestations. En effet, à peine le corps du Lord Noir s'était-il effondré que ses meilleurs amis s'étaient jetés sur lui, le noyant sous les questions et les exclamations rassurées. Ginny pleurait, accrochée à son cou tandis que Ron serrait Hermione aussi fort qu'il le pouvait avant d'offrir une étreinte similaire à son meilleur ami. La jolie brune lui avait souri avec tendresse et soulagement et Harry s'était soudain aperçu avec effroi qu'il ne ressentait rien. Ni joie ni peine. Pas de colère ou de douleur. Pas non plus d'apaisement ni de félicité. Non, rien. Son cœur semblait perforé d'un trou noir qui aspirait toutes ses émotions. Il avait vacillé, resserrer sa prise sur sa baguette et parcourut le champ de bataille du regard.

Là où tout le monde pouvait discerner des rires légers et voir les visages soulagés de ceux qui fêtaient la mort du Seigneur des Ténèbres, lui, percevait simplement la douleur de ceux qui avaient tout perdu. Il entendait encore les cris de souffrances des combattants agonisant. Il sentait l'odeur nauséabonde du sang qui tâchait l'herbe du parc. Il revoyait le morceau d'âme déchirée de l'homme qu'il venait de tuer.

« Pour le plus grand bien. »

Que des conneries !

Harry avait alors plaqué sur son visage un sourire forcé, il avait salué les survivants, serré dans ses bras Molly Weasley et il avait supporté tous les remerciements qui lui avaient été fait ce soir-là.

Il avait vu Narcissa Malfoy guider son fils à travers le parc, sans doute en direction des grilles pour pouvoir transplaner en toute sécurité et avait décrété qu'il était temps pour lui aussi de rentrer chez lui se reposer. Il avait refusé tous les examens que Pomfresh avait cherché à lui faire et il avait directement transplané au square Grimmaurd avant de s'endormir comme une masse sur le canapé miteux, ne cherchant pas à savoir si les sorts de protections qu'il avait vaguement mit en place seraient suffisant pour empêcher à des Mangemorts de venir venger leur Maître.

Harry n'avait pas quitté sa maison durant près de deux semaines, refusant d'ouvrir à ses amis, ne voulant voir personne. Lorsqu'il avait tué Voldemort, ce n'était pas que le Horcruxe en lui qui avait péri. C'était une partie de lui-même. Son innocence sans doute. Envolée à jamais en même temps que le dernier morceau d'âme de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

La douleur ne l'avait pas quitté. Il était toujours aussi vide, aussi creux. Il voulait que cela cesse. Il voulait pouvoir plaisanter avec son parrain, serrer sa mère dans ses bras et discuter des passages secrets du château avec son père.

Et alors qu'il baissait la tête, hésitant à enjamber ou non cette foutue rambarde, une silhouette lointaine attira son attention. Il se mordit la lèvre et se perdit dans une mer d'argent.

OoOoO

Flottant doucement à quelques centimètres du sol, la pointe de ses pieds frôlant l'herbe encore marquée du sang des alliés et des adversaires tombés durant l'ultime bataille, Draco avait le regard brillant. Il contemplait les étoiles et leur éclat mystique, se demandant si tous ces points lumineux étaient des âmes égarées ou bien restées là pour veiller sur la vie. Et il hésitait. Il suffirait qu'il commande à son balai de décoller pour se rapprocher, ne serait-ce qu'un peu plus de ce ciel immense.

Il souffla doucement.

Il aurait dû être dans la Grande Salle avec tous les autres. Tous ceux qui fêtaient la victoire. L'alcool qui coulait à flot, les rires qui remplissaient les oreilles et les sourires qui étaient aussi éclatant que les robes de soirées des personnes présentes.

Cependant dès qu'il était aperçu les discussions cessaient et on le regardait avec méfiance, comme on regarderait un criminel tout droit sorti de prison, avec un mélange de dégoût et de peur. On le toisait, lui ordonnait de s'écarter, le bousculait, le rejetait encore et encore.

Il était sorti car il ne voulait plus les voir. Eux, leurs regards, leurs remarques, leur méprit.

Un criminel. Voilà ce qu'ils cherchaient. Il était un bouc émissaire. Un coupable idéal. Un homme à haïr.

Draco en avait marre. Il voulait leur prouver qu'il valait mieux que ça. Il n'était qu'un enfant qui avait été éduqué pour mépriser et qui n'avait pas eu de choix.

Un mois plus tôt, Potter avait mis fin au règne de celui qui avait hypnotisé son père.

Il se souvenait avec précision de cette terrible scène. Hagrid était arrivé, guidé par un Mangemort, tenant dans ses bras le corps inerte et couvert de sang d'Harry Potter. Cette vision avait paralysé Draco qui, pour une raison ou une autre, n'avait pas supporté de voir sa Némésis dans cet état. Son cœur s'était comprimé dans sa poitrine et son cerveau s'était emplie de pensées égoïstes.

Qui les sauverait s'il mourrait ? Comment pourrait-il payer sa dette envers le Sauveur si celui-ci avait été vaincu ? Comment pourrait-il encore vivre si la constante principale de son existence venait à disparaître ?

Le cri de Ginevra Weasley l'avait sorti de ses idées et il avait relevé le regard. Sa mère le dévisageait avec insistance secouant doucement la tête comme pour lui faire passer un message. Mais Draco n'en avait eu cure. Ses yeux le piquaient mais il ne pleurait pas. Pourquoi aurait-il pleuré après tout ? Potter était son ennemi.

La tirade de Voldemort terminée, le blond avait entendu son prénom être prononcé d'une voix faible. Son père lui tendait la main. Draco sentait peser sur lui les regards des deux camps. Comment pouvait-il lui demander ça ? Comment son propre père pouvait-il vouloir qu'il abandonne ? Draco voulait être sauvé, il ne voulait pas s'emprisonner lui-même.

Alors doucement, le blond avait secoué la tête. Le rictus du Lord s'était crispé et une expression de sadisme malsain avait défiguré le visage de sa tante.

Les deux camps avaient commencé à remuer, comme si son refus avait été le départ d'une nouvelle vague de courage. Et ce fut à ce moment qu'un corps avait roulé au sol. Le corps d'une personne qu'ils avaient cru morte. Alors l'espoir s'était réanimé. Et le véritable duel avait débuté.

Lorsqu'il avait vu le corps sans vie du Lord Noir s'effondrer au sol, les yeux vitreux, il avait senti un poids s'envoler de ses épaules. Une expression de soulagement, d'incrédulité et de peine s'était installée sur son visage sans qu'il ne parvienne à la réfréner. Rassuré d'être enfin libre, incapable de croire que la fin était réellement là et chagriné pour Potter dont le regard semblait vide.

Même lorsque sa mère l'avait rejoint, le serrant contre elle avec l'énergie du désespoir, il n'avait pas réussi à quitter le brun des yeux et une unique larme avait roulé le long de sa joue. Potter avait resserré sa prise sur sa baguette et ses amis avaient couru pour le retrouver, inquiets de sa santé, heureux de sa victoire.

Durant cette étrange soirée, personne n'était venu pour les arrêter, sa mère et lui, pas même lorsque cette dernière l'avait trainer jusqu'à Pré-au-lard pour transplaner. Il n'avait pas eu de procès, son refus de rejoindre Voldemort alors même qu'il semblait que l'Espoir de la Nation soit mort avait dû empêcher les Aurors de s'en prendre à lui. Ou peut-être était-ce Granger et Weasley. Son père n'avait cependant pas bénéficié de ce traitement de faveur et avait été emprisonné en attendant son procès. Draco, craignant les représailles des amis de son géniteur, avait décidé d'emménager dans l'une des résidences familiales secondaires. Mais changer de maison ne signifie pas changer de visage. Et s'il avait réussi à éviter les attaques faites par derrière au tournant d'une ruelle sombre, sa mère n'avait pas été aussi chanceuse. Elle était morte deux semaines après la bataille finale, sur le Chemin de Traverse. Les passants l'avaient laissé agoniser après qu'elle se soit faite poignardée à la moldue au milieu de la foule. Personne n'était intervenu, ne sachant visiblement pas s'ils devaient sauver la vie à une Mangemort. Et sa mère ne portait pas la marque… Personne n'avait non plus trouvé utile de le prévenir et Draco s'en était aperçut en venant déclarer sa disparition au Ministère après être allé lui rendre visite au Manoir.

Ce jour-là, une partie de lui était morte aussi face aux photos qui avaient été prises du corps et qui lui avaient été mises sous le nez sans aucun tact. Et cette boule de douleur qui obstruait sa poitrine ne semblait pas vouloir s'en aller.

Lorsqu'il était enfant, sa mère lui racontait que si les membres de la famille Black portaient des noms célestes c'était pour qu'à leur décès, ils puissent rejoindre la constellation qu'ils représentaient. Il avait trouvé cette légende belle et, bien qu'il n'y croyait pas, il ne pouvait s'empêcher de contempler ce ciel d'encre.

Et alors qu'il levait la tête, se demandant s'il oserait rejoindre ces satanées étoiles, une silhouette lointaine attira son regard. Il fronça les sourcils et se perdit dans un océan d'émeraude.

OoOoO

Harry dévalait les escaliers rapidement, courant presque à travers les couloirs. Ses yeux ne quittaient pas les nombreuses fenêtres devant lesquelles il passait et lorsqu'il s'arrêta enfin, il avait le souffle court. Ses yeux fouillaient à travers la nuit et finirent par trouver ce qu'il voulait. Il ouvrit la vitre et observa son vis-à-vis voleter devant lui, cherchant la stabilité. Lorsqu'il la trouva, il releva les yeux. Et sans qu'aucune expression ne vienne troubler l'impassibilité de ce visage légèrement haletant, il lui tendit la main.

Sept ans plus tôt, un évènement similaire avait eu lieu. Sept ans plus tôt, il avait dédaigné cette main tendue. Il ne le regrettait pas. Il ne le regretterait probablement jamais. Mais ce jour-là, il tendit la main à son tour et se saisit de cette paume moite d'avoir trop serré le manche sur lequel il se hissa avec l'aide du blond.

Installé derrière celui qu'il abhorrait un an plus tôt, il entoura sa taille de ses bras, se moquant que ce geste ait pu paraître intime. Draco ne devait pas en avoir grand-chose à faire non plus car il s'écarta de la fenêtre sans un mot et poursuivit son chemin en ligne droite, ne sachant apparemment pas s'il était bienvenu de monter ou de descendre. Harry ne se plaignant pas, le blond décida de poursuivre tout droit, jusqu'aux abords de la forêt interdite.

Il s'éleva alors de quelques mètres avant de survoler les bois, leurs pieds effleurant parfois les feuilles des branches les plus rebelles qui se dressaient au-dessus de la cime des arbres.

La forêt ne terrifiait plus le blond depuis un moment déjà. Durant l'année écoulée, le seul moyen qu'il avait trouvé d'échappé à la pression de son père et de Voldemort avait été de venir se réfugier dans le seul endroit que les Carrow ne pénétraient jamais, la forêt. Si au départ il se contentait simplement de longer la lisière des bois sans y entrer, il avait fini par s'y introduire, étrangement attiré par la beauté mystique des lieux. Il avait tout d'abord craint de tomber sur des bêtes sauvages et affamées mais après quelques promenades, il avait fini par se résoudre à l'évidence, si on évitait certains endroit, la forêt était superbe. Et puis, entre se faire tuer d'un coup par un centaure énervé ou servir de cobaye aux expériences des deux frères cinglés, son choix avait été vite fait.

Et alors qu'il se demandait s'il passerait la nuit à voler au-dessus de la forêt interdite, il se souvint soudain d'une découverte qu'il avait fait quelques mois plus tôt, suite à un sauvetage bien trop Gryffondor pour qu'il s'y attarde. Il bifurqua brusquement, surprenant Harry qui se raccrocha un peu plus à sa taille tandis qu'il plongeait à travers les bois à la recherche de sa trouvaille.

Le brun se laissait guider, redécouvrant cet étrange sentiment de curiosité. Draco fini par les faire descendre au milieu des arbres mais resta tout de même à quelques centimètres du sol, ne posant pas le pied à terre. Tout était calme autour d'eux et Harry finit par se demander pourquoi le blond l'avait amené à cet endroit. Alors qu'il s'apprêtait à le lui demander, un hennissement joyeux transperça le silence de la nuit. Sans qu'il n'ait le temps de comprendre ce qu'il se passait, un sublime animal entra dans son champ de vision. Il s'agissait d'un poulain couleur d'or et dont les grands yeux clairs étaient fixés sur eux avec adoration.

Il fouilla sa mémoire à la recherche du nom de l'étrange cheval doré mais le bruit des sabots martelant le sol le sorti de ses réflexions.

Les yeux de jade s'écarquillèrent. Devant lui se tenait la créature la plus merveilleuse que la Terre ait porté. Sa crinière était d'une somptueuse teinte argentée, ses sabots abordaient la même couleur dorée que la robe de son petit et ses muscles déliés roulaient sous son poils d'un blanc immaculé. Au centre de son front trônait une corne sur laquelle étaient tracées de splendides arabesques nacrées.

La belle licorne se rapprocha de son petit en humant l'air et s'arrêta avant de poser sur eux un regard tranquille.

Harry était proprement stupéfait. Dans son souvenir, les licornes ne se laissaient pas approcher par les humains, encore moins lorsqu'ils étaient des hommes. Cependant, le jeune poulain semblait très enthousiaste à l'idée de voir Draco et sa mère avait l'air de le tolérer bien qu'elle ne les avait pas quitté du regard.

Alors qu'il s'interrogeait sur le pourquoi du comment, le blond fit légèrement avancer le balai et le jeune cheval parcourut le chemin manquant. Et lorsque l'héritier Malfoy tendit la main, le poulain vint y frotter sa tête avec affection, surprenant Harry au-delà des mots.

Était-ce véritablement Malfoy qui chouchoutait cet adorable petite licorne au poil d'or ? Le même élève qui avait toujours dénigré les soins aux créatures magiques ?

Mais le brun n'était pas d'humeur à faire des sarcasmes et voir son acolyte caresser doucement le museau fuselé lui rappela que cette soirée était bien différente des autres.

Sentant le regard du blond sur lui, Harry se tourna en sa direction et croisa son regard anthracite. Ils échangèrent un regard amusé en se souvenant que leur première balade dans la forêt interdite avait été afin de partir à la recherche d'une licorne blessée. Quoi de mieux pour débuter une nouvelle promenade dans ce lieu aussi dangereux que fantastique ?

Un sourire léger étira ses lèvres sans qu'il ne puisse le retenir et cette vision sembla satisfaire Draco puisqu'il lui agrippa la main afin de la tendre vers le petit. L'animal mythique renifla la peau avec douceur, chatouillant involontairement sa paume, avant de s'y frotter à nouveau. Visiblement, il faisait confiance au jugement du blond. La mère, plus protectrice, en revanche, gratta doucement le sol de son sabot d'or. Comprenant que c'était là le signal pour leur faire comprendre de s'en aller, ils quittèrent les deux merveilles non sans une ultime caresse pour la tête dorée.

Alors qu'ils remontaient lentement, le brun eut l'envie soudaine de faire à son tour découvrir quelque chose au blond.

Doucement, il posa sa main sur celle plus pâle et la décala légèrement pour prendre le contrôle du balais. Cela ne lui fut pas refusé. Il pilota leur moyen de transport jusqu'à une petite clairière où il descendit lentement, offrant aux yeux ébahis du blond une scène qu'il n'avait jamais vue.

Et alors qu'il se remémorait ses cours de soins au créatures magiques, Draco sentit son cœur se serrer. Il savait pourquoi il n'avait pu les voir.

Quelques mètres plus bas, une dizaine de grands cheveux ailés de plumes noires et lisses à l'apparence squelettique se reposait tranquillement, certains se désaltérant tandis que d'autres s'étaient simplement couchés, leurs longues pattes repliées sous eux. Bien qu'ils soient véritablement impressionnants à observer, le blond n'avait pas très envie de se rapprocher pour vérifier si les mythes sur leur dangerosité étaient fondés…

Finalement, l'un des sombal sembla les apercevoir car il releva la tête avant de se redresser et de faire quelques pas pour se placer en dessous d'eux, grattant le sol de son sabot et humant l'air de son museau creux.

Draco fut amusé de voir l'un des plus jeunes du groupe essayer de s'avancer pour mieux les voir, hésitant sur les mouvements à faire avec ses longues pattes et cheminant sur quelques pas d'une démarche bancale. Non loin, deux autres sombrals se tournaient autour sans leur prêter attention, sûrement en pleine parade. Loin de la pureté inconditionnelle des licornes, ces bêtes portant un message morbide n'en étaient pas moins fascinantes.

Le blond sursauta en sentant une main se poser au creux de son dos et y tracer quelques cercles apaisant, comme si Harry cherchait à s'excuser de lui avoir rappeler des souvenirs dérangeant.

Mais il n'y avait pas à s'excuser. Voir ces créatures rejetées par les sorciers dans leur habitat naturel était un spectacle bien trop captivant pour qu'il ne songe très longtemps aux circonstances qui lui permettait d'y assister.

Et lorsqu'il quitta des yeux le troupeau de créatures, ce fut pour reprendre le contrôle sur le balais afin de les diriger vers un autre lieu.

Harry se laissa faire de bonne grâce, conscient que c'était à son tour de découvrir quelque chose de nouveau. Il se raccrocha à la taille du blond et attendit que celui-ci s'arrête pour voir ce qu'il avait à lui montrer. Cependant, lorsque le balai s'immobilisa, quelques minutes plus tard, il n'y avait aucune espèce en vue.

Curieux, il se décala légèrement comme pour vérifier qu'il n'y avait pas un animal qui aurait échappé à sa vision mais il ne trouva rien. Il s'apprêtait à reprendre la direction du balais, ne voulant pas rompre la magie du moment en ouvrant la bouche pour interroger le jeune homme assis devant lui mais celui-ci interrompit son mouvement et tourna le visage. Il secoua doucement la tête avant de désigner du doigt un arbre. Harry fronça les sourcils sans comprendre et le blond lui fit un sourire amusé avant de tapoter délicatement la monture de ses lunettes. Pas besoin de mots pour que le brun saisisse le sous-entendu. Il y répondit par un léger coup de poing dans l'épaule fine, tirant à l'autre un sourire narquois. Et cet échange réanima un nouveau sentiment en Harry. L'amusement.

Constatant que son acolyte ne voyait toujours pas ce qu'il voulait lui montrer, Draco les rapprocha de l'arbre en question et les arrêta à quelques dizaines de centimètres. Ce fut le déséquilibre soudain du balai qui lui fit comprendre que le brun avait enfin remarqué, se penchant pour mieux voir. Obligé de faire le contrepoids, le blond sentit son sourire s'agrandir face à l'admiration de son passager.

En effet, Harry, en dehors son expérience assez catastrophique lors du premier cours du professeur Gobe-Planche, n'avait jamais eu l'occasion de voir des botrucs d'aussi près. Son amusement s'accru lorsqu'il se souvint que c'était à cause d'un énième accès de rage face à l'arrogance Malfoy qu'il avait manqué de tuer celui dont il tenait la tête. Pauvre bête.

Accroché à leur arbre, trois botrucs à la peau brune agitaient vers eux leurs longs doigts pointus, visiblement intrigués.

Il remarqua du coin de l'œil que Draco sortait sa baguette mais il ne s'en inquiéta pas. Cependant, lorsque le blond lui fit signe de se redresser, il prêta un peu plus attention à ce qu'il faisait. Il observa donc le jeune homme à la peau pâle faire voleter quelques insectes, probablement des cloportes si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, en direction des trois gardiens. Les deux premiers s'en saisir avec vigueur tandis que le troisième les fixait toujours avec méfiance. Visiblement, le fait qu'il se trouve sur un manche en bois ne semblait pas réjouir le gardien des arbres.

Un son familier au brun résonna soudainement à travers les bois, faisant se redresser les deux sorciers, cependant, pas pour les mêmes raisons. Et lorsqu'Harry prit le contrôle du balai pour les avancer en direction du son, Draco ne s'y opposa pas.

Il les conduisit alors jusqu'à une petite clairière où ils patientèrent quelques instant jusqu'à l'arrivée de la nouvelle créature.

Le grognement qui s'échappa de la gorge du blond n'échappa pas à Harry qui eut un ricanement en réponse. Devant eux, le parfait croisement entre un aigle et un cheval les fixait de ses yeux orangés, attendant visiblement quelque chose.

Le brun, habitué, fit descendre le balai avant d'incliner la tête vers l'avant, pinçant les côtes de Draco pour lui ordonner de faire de même. L'aristocrate aux yeux gris émit un bougonnement contrarié mais s'exécuta, non sans avoir lancé un regard de reproche à son acolyte. Ils attendirent quelques secondes, prêt à détaler avec toute la puissance de leur balai en cas de refus de l'hippogriffe qui les dévisageait toujours avec méfiance. Puis celui-ci inclina sa tête d'oiseau en leur direction, leur rendant leur salut. Le brun fit doucement avancer le balai, riant intérieurement en entendant le blond déglutir bruyamment et tendit la main pour caresser les douces plumes vertes. Il sentit son amusement s'accroître en voyant Draco secouer frénétiquement la tête dans sa direction alors que la créature s'agenouillait comme pour les autoriser à monter sur son dos. Mais Harry ne prêta pas attention aux protestations muettes qui lui étaient faites et il passa aisément du balai au dos de la bête. Il plongea un instant son regard dans celui de Draco qui semblait tout sauf rassuré et il lui fit un sourire qu'il espérait rassurant mais qui devait sûrement être teinté d'une touche de moquerie vu l'air vexé qui s'afficha sur les trais fins. Prenant finalement cette demande comme un défi personnel, le blond se saisit de la main qui lui était tendue et s'installa derrière Harry, non sans maintenir fermement son balai contre lui, prêt à remonter dessus au moindre problème.

Désormais derrière le brun, il ne vit pas celui-ci lever les yeux au ciel avec une moue amusée, pas plus qu'il ne le remarqua que l'animal grattait le sol de ses serres, se préparant à un décollage immédiat. Et le léger cri qu'il lâcha alors que la créature s'élevait dans les airs l'obligea à ranger sa fierté pour le reste de la soirée, le rire d'Harry, lui indiquant clairement qu'il n'était pas passé à côté. Alors qu'il s'accrochait à la taille du brun d'une main, son balai toujours tenu fermement par l'autre, il accepta de reconnaître que finalement, cette bête n'avait pas que des inconvénients et que peut-être, il était un peu responsable de ce qu'il s'était passé lors de sa troisième année avec Ruck ? Luck ? Bref.

Le dos d'un hippogriffe n'avait décidément rien de commun avec le manche d'un balai mais sans mauvaise foi, Draco n'aurait su dire ce qu'il préférait. Sentir la douceur du pelage contre ses doigts était bien plus agréable qu'il ne l'avait imaginé. Il osa regarder au-dessus de l'épaule d'Harry et il fut agréablement surpris de la vue qu'il avait de là. L'hybride volait lentement, leur permettant de savourer cette excursion aérienne. Il traçait des cercles au-dessus de la forêt, leur donnant un aperçu de toutes les espèces qu'il leur restait à voir.

Et lorsqu'il se reposa délicatement au sol, son avis sur cette espèce avait radicalement changé.

Ils remontèrent rapidement sur le balai et Draco, encore trop subjugué par sa redécouverte de cette espèce qu'il avait autrefois détesté, n'eut aucune réaction lorsqu'Harry reprit les commandes pour les emmener en direction d'une nouvelle espèce.

Ils continuèrent ainsi leur petit manège, survolant la forêt, se faisant découvrir tout ce que l'autre ignorait, ricanant face aux chaporouges qui pestaient de ne pouvoir les assommer tant ils volaient haut, observant de loin le camp des centaures, évitant en vitesse un cynospectre, n'ayant pas spécialement envie d'affronter l'énorme chien blanc solitaire ou encore grimaçant de concert en passant à proximité d'un troupeau de scroutts à pétard. Le brun fit les fit monter jusqu'à la cime des arbres avant de lui montrer le repère des fils et filles d'Aragog, s'amusant du frisson de répulsion qui secoua les épaules du blond. Harry se surprit même à éclater de rire lorsqu'un Draco fier de lui pointa du doigt une vielle Ford Anglia bleue et rouillée, que le temps n'avait pas épargné.

Enfin, après être passé près de l'arbre ou Hagrid avait attaché son frère Graup du temps ou celui-ci se cachait encore à Poudlard, ils arrivèrent près d'une clairière bien connue du brun. Trop connue sûrement.

Harry sentit son cœur se serrer. Depuis combien de temps était-il là, avec le blond ? Il l'ignorait. Ce qu'il savait, c'est que durant cette balade, il avait réussi à occulter ses sombres pensées. Et à en juger par la mine grave et inquiète de Draco, c'était aussi son cas. Le blond n'ignorait pas ce qu'il s'était passé ici. Personne ne l'ignorait, ç'avait été l'une des premières choses que l'on l'avait poussé à raconter. Harry grimaça en sentant quelque chose d'humide glisser le long de sa joue. Voilà qu'il se mettait à pleurer. Formidable.

Il sursauta en sentant le léger coup de poing sur son épaule. Il quitta des yeux l'herbe sur laquelle il était mort durant quelques instants pour reporter son attention sur le blond. Celui-ci lui souriait avec malice sans qu'il ne comprenne pourquoi. Draco lui prit la main et la place d'autorité autour de sa taille, comme pour lui faire comprendre de s'accrocher.

Le brun s'exécuta, trop heureux de quitter cet endroit qui n'était que synonyme de douleur.

Draco les entraina jusqu'à la lisière des bois et contourna le Saule Cogneur pour les conduire jusqu'au parc.

Une fois arrivé non loin de la cabane d'Hagrid, il sa contenta d'avancer en ligne droite, comme au début de leur balade, s'interrogeant sur la marche à suivre désormais. Il les fit descendre un peu, de manière à ce que les semelles de leurs chaussures puissent frôler les herbes les plus hautes. Se rapprochant lentement de la forteresse, la forte musique de la Grande Salle commença à résonner à ses oreilles et il se doutait qu'à celle du brun aussi. Conscient que penser à la fête donnée en son honneur n'était pas ce que voulait le jeune homme aux yeux verts, il décida de les éloigner un peu du château.

Alors qu'il hésitait à ouvrir la bouche pour discuter, le brun écarta sa main pour prendre les commandes. Après la visite de la forêt, Harry avait visiblement eu envie de redécouvrir le château sous un autre angle.

Soulagé de ne pas avoir à rompre l'atmosphère irréelle, Draco se laissa guider sur ce qu'il reconnut comme étant le sentier menant au lac noir. Ses craintes sur le calamar géant s'étaient envolées depuis qu'il était entré à Serpentard et qu'il avait pu observer à loisir la bête longeant parfois les vitraux transparent de la salle commune, aussi il n'eut aucune appréhension à être guidé par le brun jusqu'aux abords de l'eau. Il prit d'ailleurs lui-même la décision de les emmener jusqu'au centre.

Sentant qu'Harry était encore crispé, il se retourna légèrement lui désigner l'étendue maritime qui s'éloignait jusqu'à perte de vue. Un pâle sourire étira les lèvres du brun face à ce spectacle et Draco prit un air agacé. Il vérifia que son passager était toujours bien accroché et il entreprit de tester quelques figures acrobatiques de bases, s'assurant qu'il ne risquait pas de blesser quelqu'un, que ce soit lui ou Harry. Ravi de constater que ses pirouettes étaient sans danger, il s'amusa à augmenter le niveau, faisant pencher le balai pour qu'ils se retrouvent chacun penché d'un côté. Il effleura la surface de l'eau du bout des doigts, s'amusant des ondulations que son mouvement créait. Lorsqu'il constata l'air surprit d'Harry, qui ne s'était visiblement pas attendu à ce qu'on lui change les idées de cette manière, il lui lança un sourire narquois avant de faire un léger signe de la main pour éclabousser le brun, se redressant et remontant loin de l'eau avant que l'autre n'ait eu le temps de reprendre ses esprits pour se venger. Il tourna le visage et laissa échapper un rire face à la mine scandalisé de son acolyte.

Trop prit dans ses ricanements, il ne remarqua pas le regard vengeur qui était posé sur lui, pas plus qu'il ne vit la baguette se pointer en direction

Lorsqu'il comprit ce qu'il allait se produire, il était trop tard et ses cheveux impeccablement coiffés étaient complètement trempés, de même que le haut de sa veste.

Pour la première fois de sa vie, Draco pesta contre la magie.

Harry partit dans un grand rire victorieux, non sans s'être fait pardonné d'un sort de séchage, avant de reprendre les rênes pour les conduire vers un autre lieu, familier au deux.

Draco s'insurgeait toujours faussement lorsqu'ils arrivèrent au stade de Quidditch. Étrangement, le terrain et les gradins avaient été dans les premières choses à avoir été reconstruites après la bataille. Sans doute pour s'assurer que l'année à venir serait symbole de divertissement plus que de deuil. Bien qu'un peu différent du temps où ils s'y affrontaient, le terrain leur était toujours aussi agréable et le blond finit par quitter son air outré lorsqu'Harry reprit sa passion pour les loopings. Après avoir fait un beau plongeon pour finir par une splendide remontée en chandelle, Draco avait définitivement perdu toute envie de bouder.

Leur esprit de compétition ravivé, c'était à celui qui parviendrait à faire la figure la plus risquée sans tuer l'un des deux passagers. Si leur jeu était idiot, il avait le mérite de les divertir et de leur faire oublier leurs problèmes.

La douleur quittait petit à petit le cœur de Draco.

Les émotions revenaient lentement mais sûrement dans celui d'Harry.

Au loin, l'horloge sonna. Le brun se souvenait de tout ce qu'il s'était passé au sommet de la tour de l'Horloge, surtout lors de sa troisième année. Mais en le voyant lever la tête, Draco ne sembla pas se remémorer les mêmes évènements. Son visage se ferma et, après avoir pris une grande inspiration, il les dirigea vers le château. Contournant quelques salles vides, ils volèrent jusqu'à atteindre une tour. Harry ne put retenir un frémissement face à ce lieu sombre. Il ferma douloureusement les yeux et sentit que Draco, toujours assis devant lui, était plus que raide.

Le blond semblait s'être perdu dans ses souvenirs les plus sombres. Les yeux dans le vague, il se demandait ce qu'il se serait passé s'il avait refusé cette mission vouée à l'échec au début de sa sixième année. Il serait mort. Une certitude, oui. Mais n'était-ce pas un mal pour un bien ? Dumbledore aurait préservé le château et beaucoup d'autres auraient eu la vie sauve s'il était mort en refusant. Il n'y aurait pas eu d'élèves torturés par les Carrow durant une année. Et qui sait… Severus Rogue, son mentor, serait peut-être encore en vie. Sa mère aussi d'ailleurs…

Installé derrière lui, Harry n'avait pas eu besoin de légilimencie pour comprendre ce qui traversait l'esprit torturé du blond. Sur ce coup, Draco avait été son parfait opposé. Là où lui avait été sacrifié pour sauver le monde, le blond avait accepter de rester en vie au péril de celle des autres. Pour sa vie, celle de sa mère, celle de son père.

Lui, n'avait plus ses parents. Il n'avait plus qu'un objectif. Et il avait dû l'atteindre. Peu importe les états d'esprit d'un adolescent lorsque son abnégation permet la survie de tant d'autres.

Harry l'avait accepté pour lui. Mais étrangement, et malgré tout ce que cela avait impliqué, il le refusait pour Draco. Il était soulagé que quelqu'un d'autre n'ait pas eu à se sacrifier « pour le plus grand bien ». Un enfant l'avait été, n'était-ce pas suffisant ? Alors il raffermit sa prise autour de la taille du blond et déposa doucement sa tête contre son épaule.

Ce mouvement apaisa Draco. Il avait fini par savoir que le brun avait été présent lors de sa pâle tentative d'assassinat. Et ce geste étrangement intime semblait être fait pour lui faire comprendre qu'il était pardonné. Si l'élève préféré du vieux directeur lui pardonnait… il pouvait bien essayer de se pardonner à lui-même non ?

Sentant que sa détresse était loin d'être passée, Harry glissa sa main sur celle de Draco mais au lieu de la repousser comme il l'avait fait chacune des fois précédentes, il l'entoura de la sienne. Il fit doucement le tour de la salle en hauteur, laissant le blond méditer un court instant de plus avant de s'élever plus haut encore. Ils montèrent encore, leurs mains enlacées, jusqu'à ce qu'ils sachent qu'ils avaient atteint le point idéal.

A peine en dessous des nuages les plus bas, la vue était merveilleuse. Plus de Voldemort, de guerre, d'enfance bâclée ni de prophétie. Seul un paysage magnifique et une compagnie complémentaire.

Sans savoir comment, ils se retrouvèrent face à face, serrés l'un contre l'autre, ne voulant pas se lâcher.

Et là-haut, ensemble, ils admirèrent la vision idyllique de leur école et ses milliers de torches brillant sous l'éclat bienveillant d'une lune pleinement visible. Le lac dont le clapotis joyeusement morne résonnait encore à leurs oreilles, la forêt, où ils avaient observé la vie de dizaines de créatures fantastiques, le parc où l'herbe dansait en parfaite harmonie avec le chant du vent traversant les feuilles des arbres et le château dont les rires s'élevaient au loin, comme portés par la douceur exquise de cette nuit merveilleuse.

Et là-haut, probablement conditionnés par cette atmosphère irréelle, ils posèrent l'un sur l'autre un regard différent. Certainement guidés par cette ambiance rêvée, ils se laissèrent aller à leurs sentiments les plus profonds. Forcément poussé par ce désir qui brûlait en eux, ils décidèrent d'être eux-mêmes.

Harry déposa sa main sur la joue de Draco.

Draco glissa ses doigts dans la chevelure d'Harry.

Et l'argent dans l'émeraude, ils joignirent leurs lèvres. Les cheveux charbon se mêlèrent à ceux couleur de neige et l'épiderme caramel fusionna avec la peau laiteuse.

Tendrement enlacés, des dizaines de mètres au-dessus du sol, Draco oubliait ses soucis, Harry redécouvrait ses émotions. Passionnément accolés, ils s'aimaient.

Loin de tout, loin de tous, ils s'aimaient.

Pas de crainte, pas de jugement, uniquement de la douceur et de la bienveillance.

Deux enfants qui avaient été conditionné à accepter leur destin.

Deux adolescents qui avaient grandis trop vite.

Deux ennemis qui s'étaient haïs par manque de choix.

Deux hommes qui avaient, l'espace d'un instant, songé à la mort.

Deux alliés qui ne voulaient plus de cet avenir tout tracé.

Deux êtres qui avaient décidé de faire leurs propres choix.

Deux amoureux qui se rebellaient contre les autres.

Deux âmes qui avaient trouvé leur sœur.

Mais cette fois-ci, pas de drame. Pas de cris, de pleurs, ni de peurs. Il n'y aurait pas de sang, pas de guerre.

Cette fois-ci, ils seraient eux-mêmes. Et cela suffirait.

L'un est en haut, l'autre en bas. L'un est brun, l'autre blond. L'un symbolise la lumière, l'autre les ténèbres.

Alors l'un est descendu, l'autre est monté. Se rapprochant, l'onyx s'est mélangé au diamant. Et se faisant un nouveau monde leur est apparu, baignant dans un clair-obscur harmonieux.

Et désormais, il n'y a plus l'un et l'autre. Il y a eux.

Et eux, ils sont deux.

~ Fin ~

Terminé ! Je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'écrire un texte sans aucun dialogue mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus simple…

J'espère que ça vous a plu en tout cas, j'ai adoré l'écrire.

N'hésitez pas à me laisser votre avis.

Lei