La rentrée était rapidement arrivée. Je n'avais pas vu l'été passé entre les gardes à effectuer, les réprimandes de ma mère, et la réparation de ma voiture.

Fatigué de la veille en raison d'une patrouille plus qu'épuisante, je sors de ma chambre à moitié endormi. Ma mère est déjà partie au travail, aussi je n'aurai le droit à ses remontrances que ce soir lorsqu'elle rentrera.

Ma mère n'est pas au courant que je fais parti des modificateurs, ces quelques êtres qui ont la chance d'avoir la possibilité de se transformer en loup afin de protéger la tribu contre les sang-froid : les vampires. Cela fait maintenant quelques mois que j'ai muté. Au départ, j'étais d'abord effrayé par cette nouvelle situation, mais j'avais parfaitement réussi à m'adapter et adorais la tâche qui nous était confiée, à nous : la meute.

Cependant, ma nouvelle condition faisait que je devais sans cesse mentir à ma mère sur mes absences. Le conseil des anciens m'avait proposé de tout lui révéler mais j'avais refusé. Le secret était plus important que les réprimandes. Ainsi j'avais fini par m'habituer à la situation, et ma mère avait fini par laisser faire même si parfois, à bout de nerfs, elle refaisait quelque crises de colère.

J'enfile un t-shirt ainsi qu'un jean et attrape mon sac de cours. Je regarde l'heure affichait sur l'horloge du salon, sept quarante. Je serai au lycée en moins de cinq minutes. L'avantage de la mutation est sans hésiter ma nouvelle condition physique. J'étais devenu plus fort, plus grand et plus rapide. Ce changement n'était d'ailleurs pas passé inaperçu.

Au début des symptômes de ma transformation, je pensais être atteint de la grippe. J'avais eu une forte fièvre ainsi que des courbatures, les symptômes typiques de cette maladie. Cependant, les douleurs physiques étaient devenues plus fortes, la fièvre ne passait pas et mon humeur devenait changeante. Un rien m'énervait si bien, qu'après une dispute avec ma mère, je m'étais mis à trembler. Inquiet, j'étais parti rapidement de la maison pour filer dans les bois. Tout juste arrivé à la bordure de ces derniers que j'avais muté. Terrifié, j'avais essayé de crier mais seulement un hurlement était sorti de ma bouche; ou plutôt de ma gueule. C'est alors que Sam est apparu, d'abord sous sa forme humaine puis sous sa forme animale. Il avait pris le temps de tout m'expliquer et j'avais pu rentrer chez moi le matin suivant sous ma forme humaine.

Quelques jours plus tard j'avais pu retourner au lycée, tout le monde avait parlé sur moi. En deux semaines d'absence j'étais passé d'un mètre quatre-vingt à un mètre quatre-vingt-quinze, j'avais pris au moins quinze kilos de muscles, je m'étais coupé les cheveux, et j'avais changé de fréquentations. Impossible de rester avec Quil et Jacob alors qu'il s'agissait de mes deux meilleurs amis. Cela m'avait beaucoup affecté mais Sam m'avait expliqué que bientôt ils feraient partis de la meute. Il avait eu raison. Seulement dix jours après mon retour en cours, Quil avait muté puis, ce fut au tour de Jacob.

Aujourd'hui nous faisions tous trois parti de la meute composée de Sam Uley, l'alpha, de Jared Cameron, son second ainsi que de Paul Lahote.

J'arrive au lycée et regarde les personnes déjà présentes. Je repère facilement la meute et les rejoins en souriant. J'entends alors leur conversation, Jared est entrain de raconter les deux vampires qui nous ont donné du fil à retordre cette nuit. C'était un couple de nomades, ils avaient tenté plusieurs fois de pénétrer au cœur de la réserver, chose que nous avions heureusement empêché.

- Embry a démembré la femelle à une vitesse folle ! Cette sangsue n'a pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait !

Les rires de Jacob et Quil résonnent à mes oreilles tandis que j'arrive à leur niveau.

- Yeah mec ! Alors, après cette nuit prêt pour la rentrée ?

Jared me donne en coup dans l'épaule tout en me posant sa question.

- Toujours plus prêt que toi en tout cas !

Jared a une tête de zombie. Ces cernes descendent presque jusqu'à ses joues. Le connaissant il n'est pas rentré chez lui après la patrouille mais s'était plutôt rendu chez Kim comme à chaque fois.

- N'importe quoi, je suis toujours prêt pour affronter tout ce qui se mettra en travers de mon chemin, les sangsues, ou même cette adorable Madame Parker !

Il désigne d'un signe de tête une vieille femme qui vient de sortir de sa voiture. Madame Parker, professeur d'histoire au lycée de la Push, le pire cauchemar de Jared ou plutôt l'ancien pire cauchemar. Les cours du professeur Parker s'étaient transformés en réel plaisir lorsque, après sa mutation il s'était imprégné de sa voisine de classe Kim Corhoma.

- Dis plutôt que t'es surtout content de passer deux heures à coté de Kim. Commente Quil tout en riant à moitié.

- Sache, mon cher Quil, que je suis toujours content d'être aux cotés de Kim !

- D'ailleurs, elle est où ? Demande Jacob tout en regardant autour de nous.

- Elle m'a dit qu'elle souhaitait attendre la nouvelle, la fille qu'on a aperçu au feu de camp samedi soir.

- Celle qui s'était installée à l'écart de tout le monde avec ses bouquins et qui n'a adressait la parole à personne sauf à Kim ?

- Oui elle-même. Me répond Jared. Elle m'a dit qu'elle avait était heureuse de la revoir et qu'elle espérait pouvoir devenir amie avec elle. Ne me demandez pas pourquoi, je ne cherche plus à comprendre l'esprit compliqué des femmes.

Nous rigolons à son dernier commentaire et rentrons dans le lycée qui commence à se remplir. Posté devant mon casier, je dépose les livres qui ne me serviront pas avant la fin de la journée. Je rejoins les quatre membres de la meute et nous commençons à avancer vers notre premier cours de la journée : mathématique. Quil nous parle de Claire, la petit fillette dont il s'est imprégné cet été. En total adoration sur elle, il ne cesse de venter ses mérites, à savoir ceux de réciter l'alphabet jusqu'au bout sans erreur, quand des voix nous stoppent tous.

Je reconnais immédiatement la voix de Kim. Celle-ci, furieuse, répond à la remarque déplacée que Dylan Lowcker vient de lui faire. Cependant, ce dernier n'a pas le temps de renchérir que Jared est parti lui écraser son poing dans la face.

- Sérieusement... pas le premier jour...

Je soupire d'agacement en levant les yeux au ciel et nous nous dirigeons, Quil, Jacob et moi vers les deux abrutis. Personnellement, je me moque que Jared fracasse le crâne de Dylan, ce mec fait parti des plus cons de tout l'établissement. Ce qui me dérange le plus est que Jared risque de se transformer à tout moment si la colère s'empare de lui à cent pour cent, chose qui serait quelque peu déplaisante.

Quil et Jacob séparent les deux garçons. J'attrape alors Jared par le col de son t-shirt et le jette en arrière afin de l'éloigner au maximum de Lowcker lorsqu'un hurlement retentit. Je me retourne et vois une jeune fille par terre se tenant la jambe.

- Merde...

Je marmonne entre mes dents, réalisant que Jared lui est tombé dessus. Je commence à me tourner vers elle lorsqu'une voix raisonne dans tout le couloir.

- CAMERON, CALL, BLACK, ATEARA, LOWCKER, DANS MON BUREAU IMMÉDIATEMENT !

- Génial... Murmure Jacob.

Le proviseur arrive vers nous avec un regard furieux. Il nous regarde tour à tour avant de s'abaisser au niveau de la jeune fille.

- Je pense qu'il est préférable de vous conduire jusqu'à l'infirmerie. L'informe t-il. Il se tourne alors vers nous, les sourcils froncés puis, pose son regard sur moi. Monsieur Call, vous allez conduire Mademoiselle Carter à l'infirmerie et vous nous rejoindrez dans mon bureau. Quant à vous Mademoiselle, il pose alors son regard sur Kim, vous allez vous joindre à nous pour m'expliquer ce qu'il s'est réellement passé pour qu'une bagarre de la sorte éclate en ce premier jour de rentrée.

Je hoche la tête sans rien dire et m'abaisse pour porter la fille. Son contact physique me provoque des frissons mais je n'y prête pas plus attention. Des remords sont entrain de faire surface dans mon esprit si bien que les mots sortent tout seuls de ma bouche.

- Excuse-moi.

- Pardon ?

- Excuse-moi pour ta jambe, c'est moi qui ai poussé Jared pour qu'il lâche Dylan. Je ne pensais pas qu'il allait te tomber dessus alors, excuse-moi.

- Il faut réfléchir parfois, et puis qu'elle idée de tous vous battre. Les hommes et leurs hormones bestiales, c'est du grand n'importe quoi !

Je ris à son commentaire. Nos hormones bestiales nous faisaient parfois perdre les pédales mais encore plus lorsqu'il s'agissait de la personne faisant l'objet de notre imprégnation. Comme là, pour Jared.

- Ah ça, je ne te le fais dire... mais je tiens à préciser que si Dylan n'avait pas dit ces choses là, Jared ne se serait pas jeté sur lui.

- Je t'accorde le fait qu'il n'avait pas à parler ainsi, mais nous avons des bouches pour nous défendre. Pas besoin qu'un garçon se prenne pour un chevalier servant même s'il s'agit de sa copine. Les femmes sont fortes !

- Je ne dis pas le contraire, les femmes sont fortes. Je pose mon regard sur elle et constate que sa tête est baissée. Cinq minutes que nous parlons et elle n'a toujours pas osé lever le regard vers moi. Mais tu m'as l'air d'être un peu trop réservée pour pouvoir répondre à quelqu'un.

- Pardon ?! Je vois ses poings se serrer. Tu ne me connais en aucun cas et tu ne sais pas de quoi je suis capable.

Sa voix est devenue un peu plus forte, peut-être a-t-elle du caractère en fin de compte.

- Je t'ai aperçu au feu de camp, tu n'étais pas très à l'aise et tu n'es restée qu'avec Kim.

- Et ?

- Et donc je te pense incapable d'avoir de la répartie envers qui que ce soit.

Je hausse les épaules comme si c'était évident. Une fille qui n'ose même pas avoir une conversation droit dans les yeux avec quelqu'un n'est certainement pas une fille avec un caractère bien trempé.

Elle saute alors de mes bras et j'entends son genou craquer. Je grimace en entendant ce son et je l'attrape par le bras.

- Qu'est-ce que tu fais ?!

Je la retourne face à moi et croise son regard vert. Je me fige, incapable de bouger et une chaleur indescriptible m'envahit. Ma respiration se bloque quelques minutes et je sens la totalité de mon corps être attiré par elle. Je n'entends pas ce qu'elle me dit, si bien que je ne réagis pas lorsque je la vois partir. Je tombe à genoux, et mes yeux fixent la porte de l'infirmerie qu'elle vient de passer. Alors c'est ça l'imprégnation. Je sais déjà dans les grandes lignes la sensation que cela procure grâce aux pensées de Sam, de Jared ou encore celles de Paul mais, je ne pensais pas un jour le ressentir dans tout mon être. L'imprégnation est réputée pour être quelque chose de rare, cependant je suis désormais le quatrième de la meute à y avoir succombé.

Je me redresse précipitamment et cours vers la porte de l'infirmerie. Mais quel crétin ! Après notre conversation elle ne voudra jamais de moi !

Je pousse la porte de l'infirmerie et déboule comme un fou dans la petite salle d'attente. Elle est assise sur une chaise, la jambe tendue et je peux voir la bosse qui s'est formée à travers son jean.

- Excuse-moi ! Vraiment je n'aurais pas dû te parler comme ça !

Je la regarde fixement les yeux remplis de tristesse. Embry Call tu n'es qu'un pauvre con.

- Je me moque de tes excuses, tu te permets de juger les gens sans les connaître, chose que je n'apprécie pas. Alors maintenant fiche moi la paix et va rejoindre le proviseur qui doit t'attendre.

Ces mots me font le même effet qu'un coup de poignard en plein cœur. Lui foutre la paix. Comment puis-je lui foutre la paix maintenant. C'est impossible, inconcevable.

Sue Clearwater fait alors son apparition. Elle regarde fixement Mademoiselle Carter. Chose ironique de la situation : je me suis imprégné de cette fille et je ne connais même pas son prénom.

- Oh ma pauvre mais comment ça t'est arrivé ? Viens je vais t'examiner.

Je la vois commencer à se redresser afin de se lever. Instinctivement, mes mains viennent se placer dans son dos afin de l'aider mais Sue me coupe dans mon élan.

- Je m'en occupe Embry !

- Mais...

- Pas de mais et de ce que j'ai compris le proviseur t'attend alors, dépêche toi d'y aller !

Je regarde Sue en fronçant les sourcils avant de poser à nouveau mes yeux sur la jeune fille blessée. Soupirant tout en hochant la tête, je quitte l'infirmerie avec une boule au vente. Trainant les pieds, j'arrive devant le bureau du proviseur et toque à la porte. Une voix grave m'ordonne d'entrer, ce que je fais.

Jacob, Quil, Jared, Dylan et Kim sont tous assis face à Monsieur Andrews. Ce dernier à un regard féroce à l'encontre de Dylan. Je prends place à mon tour, et le regarde, attendant qu'il prenne la parole.

- Mademoiselle Corhoma m'a expliqué très clairement les raisons de cette bagarre. Aussi, comme je viens de l'expliquer à vos camarades, vous serez collés demain en fin de journée pendant deux heures. Quant à vous Monsieur Lowcker, il regarde Dylan sévèrement, vous serrez renvoyé pendant deux jours. Le renvoi prend effet dès maintenant. Les autres, vous pouvez retourner en cours.

Nous quittons le bureau sans rien dire et nous dirigeons vers la salle de mathématique. Jared est entrain de parler à Kim lorsque je décide de leur avouer mon imprégnation.

- Je me suis imprégné de cette fille.

- Quoi ?

Quil se poste face à moi et me saisi par les épaules tandis que les autres se mettent à ses cotés et me fixent sans rien dire.

- Cette fille, Carter, je me suis imprégné d'elle.

- Tu en es sûr ? Continue-t-il.

- Évidement que j'en suis sûr Quil !

- Alors pourquoi tu tires cette gueule de quatre mètre de long mec ?

- Parce qu'en allant à l'infirmerie je me suis permis de lui dire qu'elle n'était pas capable de riposter envers qui que ce soit. Alors maintenant, elle me déteste tout simplement.

- Pourquoi t'es tu permis de la juger sans la connaître ?! Kim me pose cette question tout en me fusillant du regard. De nature timide, je peux vous assurer que son regard est aussi colérique que celui de Sam quand elle s'y met.

- Je ne sais pas pourquoi, c'est sorti tout seul et puis je me suis souvenu de son attitude au feu de camp, à ne parler à personne, personne sauf à toi Kim. Elle m'a donné l'impression d'être... d'être une petite chose sans défense c'est tout.

- Tu n'es qu'un sombre crétin Embry Call ! Kim me donne alors un coup de sac sur l'épaule. J'espère que Zélie t'en fera baver tiens ! On ne juge pas les gens sans les connaître ! Tu devrais le savoir plus que n'importe qui !

Je baisse la tête face à ce dernier commentaire. Elle fait référence à ma mère qui a longtemps était jugée après son arrivée à la Push.

Ma mère ne faisait par partie de la réserve de la Push, elle était arrivée ici peu de temps avant ma naissance après avoir quitté sa réserve à elle, la réserve Makah. Beaucoup de personnes l'ont jugé. Après tout, une jeune fille de vingt-et-un an, enceinte et sans compagnon qui arrive à la Push, ça n'était pas passé inaperçu. Les rumeurs avaient néanmoins fini par s'arrêter jusqu'à ce que je mute.

Uniquement les membres de la réserve de La Push possèdent le gêne de mutation, aussi cela signifiait que mon géniteur ne se trouvait pas au sein de la réserve Makah. Mon père ne pouvait être qu'un descendant de Taha Aki à savoir Billy Black, le père de Jacob, Quil Ateara IV, le père de Quil ou alors Joshua Uley, père de Sam qui avait laissé sa famille lorsque son fils n'avait que quatre ans.

Les anciens ainsi que les membres de la meute se posaient des questions, mais Sam y avait mis fin lors d'une réunion. Peu importait qui était mon père, le seul élément à retenir était que je faisais parti de la meute et que nous formions une famille.

- Ah Embry... Embry... Embry... Jared passe un bras autour de mes épaules. T'inquiète pas vieux, même si elle met du temps à t'apprécier dis toi que vous êtes fait l'un pour l'autre.

- Ouais...

Nous arrivons devant la salle de mathématique. Après avoir frappé, nous rentrons et prenons place.

Mademoiselle Carter, Zélie de son prénom, est rentrée chez elle. J'ai prévu de passer voir Sue en fin de journée afin d'avoir de ses nouvelles. Je commence à me diriger vers l'infirmerie quand je l'entends. Un hurlement de loup résonne au loin. Sam nous appelle. Soupirant d'agacement, je fais demi tour, quitte le lycée et pars vers les bois. Une fois suffisamment à l'abri des regards, je retire mes vêtements que je place dans mon sac de cours. Je cache celui-ci en hauteur et me transforme.

Les pensées des autres membres de la meute arrivent alors dans ma tête. L'avantage et l'inconvénient de la mutation est le fait de savoir constamment ce à quoi pense les autres membres de la meute lorsque nous sommes sous notre forme animale. Même si nous essayons tant bien que mal de cacher nos pensées les plus intimes, cela ne fonctionne pas.

- Et bah alors Embry ! Comme ça tu t'es imprégné ! Elle est jolie ! Ricane Paul. Je te félicite de t'être mis dans une merde pareille vieux.

Les rires des autres raisonnent à leur tour dans mon esprit. Je grogne en entendant chacun de leur commentaire jusqu'à ce que nous arrivions dans la clairière où Sam nous attend.

- Laissez-le tranquille ! Sa voix d'alpha fait écho, si bien que nous nous baissons tous. Nous allons avoir de nouveaux membres.

- Qui ça ? Jacob s'est légèrement avancé vers lui.

- Cole et Jérémy Carter, Sam se tournent vers moi, les frères de ton imprégnée.

- Manquait plus que ça... Je soupire.

- Ils vont être ravis de savoir que tu t'es imprégné de leur petite soeur. S'esclaffe Jared suivi par Paul et Quil.

- On se moque de ce qu'ils vont penser ou non. Je râle en les fusillant un à un du regard avant de me tourner vers Sam. Tu pense que la mutation est pour bientôt ?

- Oui. Je les surveille depuis samedi soir. Ils ne sont pas allés en cours aujourd'hui, ils sont fiévreux. Leur père m'a téléphoné pour me prévenir.

- Pardon ?!

Nous nous sommes tous exclamés en même temps, provoquant ainsi un horrible écho dans mon crâne.

- Leur père est un modificateur. Il a arrêté de muter lorsqu'il a rencontré son épouse. Il savait très bien qu'en revenant à la réserve, ses fils risquaient de muter. Chose qui est entrain de se produire.

Personne ne prononce quoique ce soit de plus. Après un débriefing concernant la patrouille de la veille, Sam informe Quil et Jacob que c'est à leur tour d'être de garde ce soir. Sans d'autres points à aborder, chacun est repart de son côté.

Je retourne chercher mon sac et me transforme. Après m'être habillé, je décide de faire un tour. Ma mère ne sera pas encore à la maison aussi, j'ai le temps de vadrouiller un peu au sein de la réserve. Sans réfléchir, je laisse mes pas me guider, c'est alors que je réalise que je suis devant une maison que je ne connais pas.

Une coccinelle bleue marine ainsi qu'un quatre-quatre sont garés devant. Je décide de m'approcher lorsqu'un bruit de voiture raisonne derrière moi. Je reconnais sans mal le véhicule de Billy Black. Ne souhaitant pas être vu, je me dirige vers la forêt. Une fois à l'abri des regards, je m'installe sur un rocher et regarde la maison d'où proviennent des voix.

- Alors ma petite Zélie comment te sens-tu ?

En entendant le prénom de Zélie, mon cœur se réchauffe. Je ne savais pas chez qui j'étais mais maintenant, je le sais. Mon instinct m'avait guidé jusqu'à elle. Reconnaissant que Billy est celui qui a posé la question, je décide de tendre l'oreille afin de savoir si la bagarre de ce matin lui a causé quelque chose de grave.

- Très bien, ce n'est rien qu'une entorse.

Une entorse... ma connerie lui a causé une putain d'entorse. De la colère et des remords m'envahissent. Dylan aurait du la fermer et Jared n'aurait jamais dû se jeter sur lui comme un chien enragé. Si tout cela n'était pas arrivé, je n'aurais pas jeté Jared sur elle, et jamais nous n'aurions eu cette discussion. Bien sûr, cela signifie aussi que je ne me serais pas imprégné d'elle, du moins pas aujourd'hui, mais ça aurait évité le mépris qu'elle éprouve désormais envers moi.

- Heureusement. Je peux te dire que ce grand bêta s'en veut énormément.

Je reconnais le mécontentement dans la voix de Billy.

- Il a de quoi ! Je ne reconnais pas cette voix. Je me décale alors sur la gauche afin d'apercevoir les personnes à travers la fenêtre de la cuisine. C'est la fille de dos qui est entrain de parler, et elle pointe un doigt sur Jacob. Vous avez été une belle bande d'abrutis à agir comme ça.

Je n'aurais pas mieux dit...

- Ava, c'est oublié !

Un sourire niais se dessine sur mes lèvres en entendant la voix de Zélie. L'imprégnation peut vraiment vous faire avoir des réactions complètement stupides. Je me penche un peu et je finis par la voir. Elle est appuyée sur le comptoir de la cuisine et regarde sa soeur, un peu contrariée. Sue propose alors de monter voir les deux malades, les personnes présentes acquiescent et je les entends monter à l'étage.

- Jacob est vachement fort dis donc.

- Sans doute les protes, t'as vu comme il est musclé pour un mec de son âge.

Je vois Zélie lever les yeux au ciel en entendant la réponse de sa soeur. Elle ne croit pas à l'histoire des protéines, ça se voit. J'espère seulement qu'elle ne cherchera pas à en savoir davantage, surtout lorsqu'elle verra le changement physique de ses frères.

Quelques minutes plus tard, les quatre personnes redescendent.

- Il vaut mieux que tes fils ne dorment pas chez toi tant qu'ils ne sont pas guéris. Je vais téléphoner à Sam pour qu'il puisse venir les chercher, ça serait embêtant que tes filles tombent malades également.

J'entends la voix de Billy et son fauteuil bouger. Je vois alors Zélie se retourner et les regarder avant d'ajouter :

- Ce n'est pas un peu extrême comme décision ?

- Mieux vaut prévenir que guérir Zélie.

Ce doit être son père qui vient de répondre. Il ne lui donne pas plus de réponses si bien que lorsqu'elle se retourne je peux voir un petit air contrarié sur ses traits. Un bruit de pas se fait entendre derrière moi. J'ai reconnu l'odeur de Sam.

- Tu as été rapide dis donc. Il rit à mon commentaire. Avoue que tu savais très bien qu'ils allaient venir chez toi dès ce soir.

- En effet. Leur père m'a téléphone pendant son trajet du boulot jusqu'ici. Il ne veut pas prendre le risque que les garçons mutent devant ses filles afin d'éviter un quelconque accident.

Je hoche la tête. Je vois très bien de quel type d'accident il peut s'agir. Sam à défiguré Emily, et le père de Zélie doit très bien être au courant. C'est tout à fait logique qu'il souhaite éviter que cela ne se produise.

- Mais toi, qu'est-ce que tu fais là ?

Je tourne la tête vers Sam et suis quelque peu gêné. Comment lui expliquer...

- J'ai eu envie de me promener, et sans que je ne sache pourquoi, je suis arrivé devant chez eux.

- Ça n'a rien d'étonnant. C'est l'imprégnation. Tu as simplement été guidé vers ton âme soeur.

Il sourit et me pose la main sur l'épaule.

- Tu sais, même si aujourd'hui elle est remontée contre toi, ça finira par s'arranger. C'est ce qu'il s'est passé avec Emily.

Il me donne une légère tape et se dirige vers la maison. Cinq minutes plus tard il en ressort, accompagné des deux frères de Zélie.

Je décide de regarder l'heure qu'il est, vingt-heure trente. Ma mère doit être rentrée à présent. Je regarde une dernière fois à travers la fenêtre de la cuisine d'où j'aperçois le doux sourire de Zélie. Souriant à mon tour, je me lève et trottine jusqu'à chez moi.