Chapitre 1 :

La main qui agrippait ses mèches folles disparue, et la douleur qui en résolvait avec, mais uniquement pour être remplacée par un violent coup dans le dos qui l'envoya s'écraser à terre. Elle savait ce qui l'attendait mais en entendant le rire sadique de Bellatrix au-dessus d'elle, Hermione ne put empêcher le frisson qui la traversa. Elle serra les dents tout en pensant à Harry et Ron, dont les cris parvenaient jusqu'à elle, elle devait être forte pour eux, pour Harry. Son esprit résolument fixé sur cette pensée, elle releva la tête vers la sorcière qui la surplombait. Les yeux gris, typique de la maison Black, rencontrèrent ceux noisette de la plus jeune. Hermione entrouvrit ses lèvres dans le but de rassurer Bellatrix sur l'origine de l'épée de gryffondor, mais avant qu'un son puisse en sortir la sorcière aux cheveux fous prononça un seul mot : « endoloris ». C'est à ce moment que la douleur commença ; Hermione sentait ses os se cassant un par un, sa peau brûler puis se faire arracher, la sensation était indescriptible et malgré la souffrance qui lui engourdissait peu à peu l'esprit elle continuait sa litanie « c'est une fausse, l'épée est fausse… ». Alors que Bellatrix avait levé le sortilège il y a déjà un moment, la brunette ne s'en était même pas aperçu, son corps était secoué de spasme, sa tête claquant au sol en rythme. Ce n'est que lorsqu'elle ressenti un souffle chaud sur sa joue qu'elle reprit peu à peu conscience des lieux l'entourant. La torture avait cessé mais elle était maintenant pressée contre Fenrir Greyback qui devait « la faire parler », mais qui semblait plus enclin à prendre son plaisir.

"Je t'avais dit que je t'aurais, petite sang de bourbe…" Il lui lécha lentement la joue, l'enveloppant de son haleine putride. "Mmh tu sens si bon... Je parie que tu as aussi bon goût…"

Sa main glissa alors lentement le long de son corps avant de se faufiler entre ses cuisses, il caressait lentement l'intérieur de ses cuisses, remontant vers son centre.

Hermione se réveilla alors en sursaut. Ses draps étaient humides à cause de la sueur qui avait fait son apparition en réponse au cauchemar maintenant récurrent.

Cela faisait 2 ans que la guerre était finie, pourtant quasiment chaque nuit Hermione revivait ces moments, la nuit était maintenant devenue source de crainte pour la jeune sorcière. La brune ouvrit lentement les yeux de peur que les lieux l'entourant soient le manoir Malfoy à la place de la chambre de Ginny qu'elle partageait avec celle-ci. Retenant son souffle, Hermione ouvrit les yeux et scanna la pièce à la recherche d'une présence suspecte. Bien que la guerre soit terminée, il restait encore de nombreux mangemorts en cavale, certains avaient dû fuir le pays et recommencer une vie ailleurs (pour les plus malins) tandis que d'autres restaient encore fidèles à leur maître déchu et tentaient de se venger de ceux responsables de la mort du dit maître.

Malgré la fin de la période de terreur, les sorciers vivaient encore sur leurs gardes. Ne trouvant rien de dangereux, ses yeux tombèrent sur la seule autre personne présente, Ginny lui montrait son dos et semblait profondément endormie, sa respiration tout à fait régulière. Bien qu'inconfortable dans ses vêtements trempés, Hermione n'avait pas le courage de se lever. C'était peut-être enfantin, mais la sorcière qui avait toujours privilégié la raison avait maintenant peur du noir. Se trouver seule dans le noir, dans le silence avec le craquement du bois sous ses pieds la terrorisait, la paralysant rien qu'en y pensant. Aussi, sachant que si elle tentait d'aller se débarbouiller dans la salle de bain elle risquait grandement de faire une crise de panique, Hermione préférait rester allongée, les yeux grands ouverts fixant le plafond, écoutant sa respiration se mêlant à celle de Ginny, tandis que son cœur résonnait dans tout son corps, partant de ses tempes jusqu'au bout de ses orteils.

Elle resta ainsi pendant un certain temps, ça aurait pu être une demi-heure ou bien cinq, ça ne faisait pas de différence. Son esprit était comme figé, récitant simplement les prénoms de ceux qu'ils avaient perdu : Fred, Remus…

Ce n'est que lorsque le soleil vint caresser son visage que la sorcière sembla revenir à elle-même. Elle se redressa promptement, n'ayant plus de raison de rester prisonnière de son lit, prit ses affaires de toilette sans se soucier du bruit qu'elle faisait, cela n'avait pas d'importance, et se dirigea vers la salle de bain. Après une rapide douche durant laquelle son cerveau reprit sa litanie : Fred, Remus, Tonks, Lavande…, la jeune fille se rendit dans la cuisine pour trouver Molly. La sorcière rousse devait déjà être levée depuis un bout de temps au vu de la quantité impressionnante de nourriture, enfin ça ou bien… Molly lui fit un sourire pauvre, ses yeux étaient ternes lorsqu'elle lui dit bonjour. D'habitude la matriarche faisait l'effort de parler pour combler le silence maintenant habituel au terrier. Aujourd'hui cependant, même elle n'avait pas la force de prétendre, elle compensait alors par la nourriture, comme si les aliments pouvaient se débarrasser de la tristesse qui englobait le terrier. Le geste était touchant, la mère de famille se donnait du mal pour le peu d'habitants même si elle savait que personne n'y toucherait.

Arthur n'était pas là, il avait déjà dû manger, Hermione picorerait quelques bouts avant de repousser son assiette et de se plonger dans un livre, Ginny… Ginny ne verrait même pas l'effort de sa mère, elle ne quittait plus son lit depuis quelques mois, les garçons n'y toucheront pas non plus, ils ne venaient que rarement au terrier et en ce jour ils resteraient sûrement cloîtrer chez eux.

Aujourd'hui cela fait pile deux ans que Voldemort a rendu son dernier souffle, aussi ils ont pour obligation de se rendre à Poudlard pour « célébrer ». Bien entendu, pour ceux qui se sont battus, qui ont vu leurs proches mourir, ce banquet n'est qu'une mascarade et plus, une torture. Hermione sentit son souffle se bloquer et malgré le nœud dans sa gorge elle fit l'effort de grignoter un peu, au moins en l'honneur de ceux qui n'ont malheureusement plus cette chance : Fred, Remus, Tonks, Lavande, Colin…

Finalement le soir arriva et Hermione revit le château qui avait été sa deuxième maison pendant 6 ans, mais qui maintenant avait été violé par Voldemort. Il avait sans pitié souillé ses souvenirs heureux, la rendant inconfortable entre ces pierres qui l'avaient accueilli. Elle aperçut rapidement les visages de ses anciens camarades, certains avaient les yeux rouges d'autres se tenaient fiers.

"Hermione, cela fait un bout de temps… Comment vas-tu ?"

La voix profonde et grave la sortit de ses pensées soudainement, la faisant sursauter au passage. Hermione se retourna pour voir que l'homme lui ayant adressé la parole était Kingsley, ancien auror et maintenant premier ministre. La brune fixa l'homme noir devant elle, ne trouvant pas la force de répondre poliment quand tout ce qu'elle avait envie de faire était de crier pour évacuer la colère que suscita sa question. Aussi elle se contenta de hausser légèrement les épaules, dans un mouvement qu'elle espérait désinvolte. L'homme, pas dupe, soupira en retour.

"Je suis désolé, je me rends bien compte que c'était maladroit. Tout ce que je voulais te dire c'est que tu nous manques, on serait plus qu'heureux à l'idée de t'avoir au ministère et, je sais d'après Molly que tu n'as… enfin que que tu n'as pas beaucoup de divertissement au terrier, je pense que si tu nous donnais une chance tu aurais beaucoup à y gagner."

Le ministre attendit sa réponse avec un sourcil interrogateur, mais encore une fois Hermione resta silencieuse.

"Ok… Fait moi savoir si tu changes d'avis. Sinon pour ce soir, je sais bien que ce que je te demande est difficile et j'en suis désolé, mais les gens ont besoin de réconfort et je sais qu'un discours de ta part leur…"

"Kingsley." l'interrompu-t-elle "Je sais bien. Ne t'en fais pas, je dirais quelques mots." A sa plus grande surprise sa voix était calme et posée, en contradiction avec ce qu'elle ressentait. A l'intérieur la jeune fille se sentait bouillir, la tempête faisait rage à l'idée de devoir réconforter les autres quand elle-même allait aussi mal. Qui était là pour elle ? Mais bien sûr, c'est son rôle de se sacrifier pour les autres, elle avait déjà sacrifié son enfance, elle pouvait très bien sacrifier sa santé mentale, se dit-elle amèrement. Les larmes lui montèrent aux yeux mais elle refusait de craquer, pas maintenant, pas quand tout le monde comptait encore sur elle. Cependant Kingsley sembla remarquer son trouble.

"Tu ne seras pas seule tu sais, Ron et…" Il s'interrompit cependant devant le regard glacial, si ce n'est légèrement humide, de la jeune fille. "Enfin bref, je t'annoncerais dans 5 min." Il lui lança un dernier regard perçant puis, avec un hochement de tête, prit sa retraite vers la grande salle, la laissant seule dans le hall.

Tout le monde était déjà installé, prêt à écouter le discours de Kingsley. La sorcière était encore retournée par le bref échange, sa respiration était hachée et ses genoux faibles. Elle s'appuya contre le mur de pierre et, tandis que le discours du ministre arrivait à sa fin, signifiant son entrée imminente, elle se remit à réciter sa liste : Fred, Remus, Tonks, Lavande, Colin, Harry… « Et maintenant veuillez applaudir la fille du trio d'or, le cerveau du trio, miss Hermione Granger ! » Harry. Son pouls s'accéléra d'un coup, son souffle se coupa, et sa vue se brouilla tandis qu'elle pensait à son meilleur ami, son frère, Harry. Le garçon qui a survécu ne vivait plus. Après avoir tué voldemort ils s'étaient rendus compte qu'il lui restait un dernier horcruxe, Harry lui-même. C'était Hermione qui l'avait compris, son cerveau pour son plus grand malheur ne lui faisait jamais défaut, elle était avec Harry quand celui-ci s'était donné la mort pour sauver tous les autres. Elle était avec lui quand ses yeux s'étaient éteints. Et depuis, cette vision la hantait, la culpabilité la grignotait petit à petit. Sa mort lui pesait sur la conscience ; si elle avait trouvé un moyen d'enlever l'horcruxe alors tout irait bien, Ginny ne serait pas dépressive allongée toute la journée sur son lit se laissant mourir, Ron ne l'aurait pas fui pour s'installer avec Georges, le terrier ne serait pas aussi vide, et Harry, Harry serait en vie.

"Hermione tout le monde tout le monde t'attend… Hermione ?" La brune releva la tête et croisa le regard de Molly, regard qui transpirait la pitié. "Oh Hermione ma chérie ça va aller…"

"Non ! Non rien n'ira plus jamais bien !" Les larmes dévalaient son visage, se perdant dans son col tandis que ses hoquets résonnaient dans le hall. "Je… Je suis désolée… Je ne peux pas… Je ne peux pas !"

La jeune fille se mit alors à courir sans faire attention aux appels de la mère de famille. Elle courait sans même regarder où elle allait, tout ce qui comptait c'était d'échapper à ce sentiment amer, à cette culpabilité qui la collait à la peau. Son souffle était court et ses poumons la brûlaient mais, au lieu de la ralentir pour se reposer, elle embrassa la brûlure et accéléra. Finalement, en trébuchant sur une des failles du sol en pierre, la brune dû mettre fin à sa course. Elle se recroquevilla pour pleurer, ses sanglots secouaient son corps roulé en boule et sa tête brûlante qui déjà se perdait encore dans cette même liste de noms, ne parvint à se concentrer que grâce à la pierre glaciale qui la fit frissonner.

Après ce qui parut être 1 heure (mais qui n'était qu'une quinzaine de minutes) elle parvint à se calmer. Hermione se releva sur des jambes tremblantes et regarda où ses pas l'avaient mené. Devant elle se tenait la gargouille gardant l'entrée du bureau du directeur, maintenant de la directrice Mcgonagall. Comme si la gargouille avait ressenti sa détresse celle-ci se mit à bouger et Hermione, l'esprit embrumé, monta les escaliers pour se retrouver devant la porte qui n'était étonnamment pas fermée. Le bureau était rempli de divers objets qui émettaient pour certains de petites vibrations. Il y régnait comme deux atmosphères : une remplie d'un joyeux bric à brac et l'autre rigoureusement rangée, comme si le professeur Mcgonagall avait refusé de renoncer au directeur Dumbledore. Par ailleurs les tableaux étaient tous vides, tous sauf un. Le professeur Dumbledore reposait dans son cadre et la regardait de son regard bienveillant.

"Je dois vous avoir déçu." Sa voix était faible, tellement faible qu'elle doutait qu'il l'ait entendu, pourtant celui-ci répondit.

"Au contraire, miss Granger je pense que vous avez fait de votre mieux, et mieux que la plupart des gens."

"Mais ce n'est pas assez ! Je… Ce n'était pas suffisant pour sauver tout le monde, pour sauver Harry… Si seulement je pouvais réessayer…" Son cœur se serra une nouvelle fois et les larmes remontèrent à sa plus grande surprise, elle pensait avoir épuisé son stock pour les 10 prochaines années.

"Je vois... Miss Granger ne vous en voulez pas pour ce qui s'est passé, ce n'était pas de votre ressort. C'était ma responsabilité de veiller sur vous tous, vous n'étiez et n'êtes que des enfants, et moi un vieux fou… Néanmoins, je pense qu'il est important de se rappeler qu'à Poudlard, une aide sera toujours apportée à ceux qui la mérite."

La fin de sa phrase s'était faite légère, presque taquine. Hermione releva soudainement la tête pour lui demander ce qui voulait dire par là mais le vieil homme leva calmement une main pour la faire taire et lui fit un sourire triste. Alors son tableau pivota, révélant une case dans le mur. La jeune fille s'approcha d'un pas incertain malgré la curiosité qui la piquait. Dedans se trouvait quelques papiers, des carnets, une petite fiole et un retourneur de temps. Hermione sentit une vague de nostalgie devant le retourneur de temps, se rappelant leurs moments d'innocence quand ils pensaient encore à la culpabilité de Sirius. Bien que surprise d'en trouver un là, elle pensait qu'ils avaient tous été détruits lors de la bataille au ministère, elle le prit et passa la chaîne autour de son coup laissant reposer le retourneur de temps sur sa poitrine. Elle reprit ensuite son inspection du contenu de la case et se saisit de la fiole où ne figurait qu'un seul nom qui lui retourna le cœur : « Harry Potter ». La fiole contenait un liquide bleu qui semblait fait de lumière, des souvenirs. Mais les souvenirs de qui ? Se retournant et observant le bureau, la sorcière repéra une pensine dans le coin de la pièce et s'en approcha d'un pas résolu. Elle ouvrit la fiole avec un petit « pop » et y versa le contenu. Soufflant un bon coup à l'idée de revoir son meilleur ami, la sorcière se pencha et plongea son visage.

La scène représentait le même bureau que celui dans lequel elle se trouvait. Avec un froncement de sourcil Hermione attendit que quelque chose se passe. Finalement elle aperçut le professeur Rogue et le professeur Dumbledore tous deux en pleine discussion. Harry ne semblait pas être présent, ce n'était donc pas ses souvenirs, mais étaient-ce ceux de Rogue ou de Dumbledore ?

"Alors le garçon doit mourir ?" demanda le professeur Rogue.

"Oui, il doit mourir, c'est essentiel."

Hermione ressortit en sursaut de la pensine. Elle était trop choquée d'apprendre que Dumbledore était au courant depuis tout ce temps, qu'alors qu'elle se torturait avec cette culpabilité l'homme le savait et n'avait rien fait pour sauver Harry. La rage s'empara d'elle, elle se retourna brusquement pour crier sur le portrait de Dumbledore, mais celui-ci l'avait quitté, le lâche.

Respirant profondément elle replongea son visage pour observer un autre souvenir, manquant ainsi le sable du retourneur de temps qui s'écoulait dans la pensine après que celui-ci se soit cassé lors de son précédent mouvement brusque.

Plusieurs souvenirs défilèrent devant ses yeux, Rogue avec les mangemorts, Rogue espion de Dumbledore, Dumbledore demandant à Rogue de le tuer… Ainsi l'homme qu'ils avaient détesté pendant des années faisaient partit des héros, un héros que personne ne reconnaîtrait jamais. La scène changea à nouveau et cette fois-ci Hermione se retrouva dans un wagon du Poudlard express. Il y avait 4 enfants, tous des premières années apparemment. Deux garçons bavardaient joyeusement, tandis que les deux autres chuchotaient entre eux. La seule fille, une rouquine à l'air de poupée avait les yeux rouges et un petit garçon aux cheveux noirs et longs essayait de la réconforter. A sa grande surprise Hermione assista à un petit Severus Rogue, ami avec une petite Lily Evans, la mère de Harry… Par ailleurs Harry et l'autre garçon se tournèrent vers eux. Harry ? Non. La ressemblance était tellement grande qu'il ne pouvait que s'agir de son père, et donc le deuxième ne pouvait qu'être…

"Viens Severus, je suis sûre qu'on peut trouver un compartiment où la compagnie est plus agréable" La petite fille avait dit ça avec un ton hautain, totalement justifié au vu du comportement du père et du parrain d'Harry.

Voici donc la première rencontre des parents d'Harry, qui aurait cru que ces enfants qui ne s'aimaient pas aient pu concevoir un fils aussi merveilleux, se dit tristement Hermione. Si seulement il avait pu grandir avec eux pour entendre cette histoire, si seulement ces enfants savaient ce qui les attendaient...

Alors Hermione se rendit compte que le souvenir semblait s'altérer, il prenait doucement une teinte dorée. N'ayant jamais entendu parler de ce phénomène, la sorcière voulu ressortir de la pensine mais se rendit alors compte qu'elle ne pouvait pas, quelque chose la retenait par le coup. « Le retourneur de temps ! » pensa Hermione en paniquant. Elle essaya alors de tirer sa tête, et qu'importe sa force elle était bel et bien bloquée. Alors le souvenir doré sembla rayonner de lumière, la lueur lui faisait mal aux yeux et la sorcière dû se résoudre à les fermer. Des larmes commencèrent à couler quand elle sentit comme un crochet au niveau de son nombril et soudain, elle fut aspirée.