Chapitre 6
Le fameux double mariage se déroula deux ans plus tard, après deux grossesses parallèles menées quasiment à terme, une dispute orageuse entre parents au bord de la crise de nerfs, une réconciliation mémorable, trois blessures graves, quatre enlèvements, trente-sept missions réussies et mille quatre cent quatre-vingt dix-sept massues assénées dans tout le quartier de Shinjuku.
En ce jour de fête, Natsumi se sentait très stressée. Elle vérifiait sans cesse les tenues de ses trois enfants qui couraient dans tout l'appartement sous l'œil attendri de leurs deux grands-mères, la housse contenant sa robe made by Eriko qu'elle enfilerait à l'église, et les papiers pour la mairie. Émergeant de la chambre, la vue de son fiancé en costume noir chic au possible lui coupa le souffle. Il était très élégant, avait ramassé ses cheveux en un catogan qui la faisait craquer à chaque fois, et arborait le plus magnifique sourire qu'elle lui ait jamais vu.
_ Tu es prête, ma chérie? lui demanda-t-il gentiment en s'approchant d'elle et en déposant un baiser léger sur ses lèvres.
_ Je crois que oui, répondit-elle nerveusement, son estomac se contractant de manière déplaisante.
_ Ça va aller, Nat, la rassura-t-il en l'enlaçant délicatement, veillant à ne pas ruiner le chignon élaboré qui maintenait en place ses longues boucles brunes. Tout va bien se passer. C'est vraiment ce que tu veux?
_ Oui, confirma-t-elle, la résolution se fixant dans son esprit. Oui, je veux t'épouser, Masa.
Elle avait mis plus d'un an et demi à se décider, après la tornade triplés et les doutes sur la nécessité d'un mariage. L'affaire de la Senju-kaï ajoutée aux trois mariages ratés de leurs parents l'avaient très fortement échaudée. Mais Masao y tenait, et Rumiko et Hideyuki étaient partants depuis la naissance de leur petit Ryoichi. Et elle avait finalement cédé en pensant à l'avenir des enfants. Ils avaient besoin d'une vraie famille.
Et, elle devait l'avouer, elle avait envie de convoler en justes noces comme toute femme qui en rêvait. Elle voulait la cérémonie, la robe, le gâteau, la famille, les vœux, les alliances et le bonheur. Elle avait mis du temps, mais c'était ce qu'elle voulait. Le mariage avait repris sa signification profonde pour elle. Son fiancé en avait été ému aux larmes quand elle le lui avait dit un mois plus tôt.
_ Nat? lui parvint la voix de Masao, la tirant de ses réflexions. On peut y aller?
_ Oui, acquiesça-t-elle, un peu plus sereine à présent qu'il était près d'elle. On attrape les terreurs?
_ On va essayer la méthode douce d'abord.
_ Si tu y tiens.
_ Kumiko! Katsuya! Kazuma! cria Masao d'une voix forte. On y va!
Seule leur fille Kumiko déboula sur ses petites jambes, sa robe immaculée la faisant ressembler de façon frappante à sa mère. Natsumi se pencha et la prit dans ses bras.
_ Te voilà, ma puce! Mais où sont tes frères?
_ Tola! s'écria-t-elle d'un air ravi en désignant du doigt la cuisine.
Une seconde plus tard, un cri horrifié de Kazue confirma les dires de la petite fille ravie, plombant un peu le moral de la future mariée dépitée. Cette dernière confia sa fille de quinze mois à son père et se dirigea en soupirant vers le lieu du crime, où les voix de Kaori et Kazue se mêlaient pour se désoler du désastre.
_ Mais c'est pas possible! On ne vous a laissés que trente secondes!
_ Katsuya! Pose cette cuillère immédiatement! Kazuma, remets la boîte dans le meuble tout de suite! Et venez ici, qu'on arrange ça!
Mais les deux enfants terribles, riant et courant de toutes leurs forces, titubèrent jusqu'au salon où leur mère les attrapa d'un geste souple et évalua les dégâts, calmant d'un coup les garnements qui baissèrent la tête.
_ Bon, dit Natsumi, essayant de réprimer une colère bouillante, vous avez encore pris le cacao et décidé de vous empiffrer avec. Et vos vêtements pour le mariage de Papa et Maman sont tout sales. Vous êtes fiers de vous?
Les bambins, pris en faute, ne levèrent pas les yeux et ne pipèrent mot. Natsumi soupira une nouvelle fois. Elle ne pouvait pas rester fâchée longtemps contre eux, même s'ils étaient maculés de cacao des pieds à la tête. Les tenues étaient foutues. Kaori et Kazue émergèrent de la cuisine à ce moment-là, l'air désolées.
_ Natsumi, je ne sais pas comment ils ont fait... commença Kazue, gênée.
_ Ne t'en fais pas, tante Kazue, l'interrompit doucement la jeune femme, contemplant ses enfants avec amour. Ce sont les spécialistes de l'esquive éclair. Et ils sont deux, donc doublement machiavéliques. Le problème, ce sont leurs vêtements.
_ J'ai une tenue de rechange identique, dit alors Kaori. J'avais demandé un double à Eriko, connaissant les deux phénomènes.
_ Merci, Maman, tu nous sauves la mise! s'exclama sa fille, soulagée. Où sont-elles?
_ Dans ma voiture. On les changera pendant que vous signerez les papiers à la mairie. Allez, on va être en retard!
Kaori prit Katsuya des bras de sa fille, Kazue attrapa Kazuma, et Natsumi se chargea de sa robe et des papiers. Masao portant Kumiko, le petit cortège descendit au garage, où Ryo et Mick les attendaient en piaffant d'impatience.
_ Ah! Enfin vous voilà! s'écria Mick, ouvrant la portière de sa voiture pour sa femme et son petit-fils. Hide et Rumi sont partis il y a cinq minutes avec Miki et Falcon. Il faut se dépêcher!
_ Du calme, Papa, tempéra Masao, installant sa fille dans son siège auto. Hide et Rumi passeront avant nous à la mairie, c'est tout. Pas de panique.
_ Mais je ne panique pas! dit l'Américain d'un ton que démentaient ses gestes nerveux.
Ryo avait pris sans un mot la housse de Natsumi et l'installa précautionneusement sur la plage arrière de son increvable Mini, avant de se tourner vers sa fille, le regard brillant.
_ Tu es resplendissante, ma puce, lui dit-il tout bas, engoncé dans un smoking sombre qui rehaussait son charme légendaire. Je suis si fier de toi. Et si heureux de pouvoir assister à ton mariage! Si quelqu'un m'avait dit le jour où j'ai rencontré ta mère que je vivrais assez longtemps pour voir ce jour et que je connaîtrais ce bonheur...
Natsumi, émue, enlaça son père qui déposa un baiser sur son front.
_ Allez, il faut y aller, ma chérie. Tu as rendez-vous avec le bonheur.
_ Il est déjà là, Papa, le corrigea-t-elle gentiment.
_ Oui, je sais, sourit-il tendrement, la faisant fondre. Je peux savoir pourquoi mes petits-fils sont couverts de cacao?
_ Demande-le-leur, dit-elle narquoisement. Et s'ils te répondent un jour, je te serais infiniment reconnaissante si tu pouvais me répéter leur réponse.
_ Je n'y manquerai pas, dit-il avec un grand sourire avant de l'aider à monter à l'arrière de la fidèle voiture rouge.
Les trois voitures s'ébranlèrent et filèrent vers la mairie, où Hideyuki et Rumiko les attendaient, flanqués d'une Miki aux anges, portant son petit-fils, et d'un Falcon aussi taciturne que d'ordinaire, l'air étrange dans son costume noir qui le faisait paraître encore plus massif qu'à l'accoutumée. Genzo et Hisei étaient là également, souriant et s'occupant de Mitsuki qui avait bien grandi et commençait sa crise d'adolescence, au grand désespoir de son paternel américain.
Présentes également les sœurs Nogami, avec Saeko qui souriait d'un air ravi, toujours célibataire; Reika, accompagnée de son fiancé Teruo, un peu gêné car fraîchement présenté à la bande, et Yuka, pianotant frénétiquement sur son smartphone. Kasumi était là aussi, seule, car son mari, policier, ne devait pas connaître l'existence des nettoyeurs. Et Eriko s'assura une dernière fois que ses vêtements étaient correctement ajustés.
Tout le monde se salua, et Natsumi enlaça son frère avec amour.
_ C'est le moment, grand frère.
_ C'est le jour J, en effet, confirma-t-il, un large sourire effaçant presque sa cicatrice sur sa joue. Tu n'as pas mis ta robe?
_ C'est pour l'église, dit-elle, un peu douchée. C'était trop risqué de l'enfiler dès maintenant.
_ Je constate, observa-t-il en suivant du regard son filleul se débattant pour échapper à la poigne de son Papi Mick tandis que Mamie Kazue lui changeait ses vêtements. Kazuma en a fait de belles, j'ai l'impression.
_ Et Katsuya aussi, dit Rumiko en voyant leur neveu en question se faire immobiliser par Ryo pour que Kaori puisse également le changer. Heureusement que Kumiko est bien plus sage que ses frères!
_ Oui, heureusement, sinon je serais devenue folle, dit Natsumi, souriant à la vue de sa fille dans les bras d'un Genzo rouge tomate et qui lui tirait les joues, de ses deux fils achevant de se faire changer et remuant dans tous les sens, et enfin de son fiancé la contemplant amoureusement et avec désir.
Son souffle s'accéléra. Elle éprouvait toujours autant d'amour et d'attirance pour Masao, et ses envies, loin de se calmer, s'accentuaient les années passant. Encore une facette héritée de son père, songea-t-elle en rougissant violemment, ce qui fit sourire son fiancé et rire son frère.
_ Du calme, Nat, on va se marier. La nuit de noces, c'est pour plus tard.
_ Je le sais, dit-elle, ses joues incandescentes. Qui garde Ryoichi ce soir?
_ Mamie Miki et Papi Umi, lui répondit Rumiko alors que Masao les rejoignait en consultant sa montre. Et vous, les vôtres?
_ Kumiko est chez mes parents, dit Masao, et les deux terreurs au cinquième.
_ Je ne sais pas comment fait tante Kaori, avoua Rumiko d'un air admiratif. Ce sont de vrais vifs-argent, ces deux-là, mais elle en fait ce qu'elle veut. Et oncle Ryo aussi.
_ C'est vrai qu'on a la chance d'avoir des parents formidables, approuva Hideyuki, jetant lui aussi un œil à sa montre. Ça va être l'heure.
_ Après vous! sourit Masao en s'inclinant avec de grands gestes pour les inviter à entrer à la mairie en premier.
La signature des papiers prit dix minutes, et ensuite la joyeuse bande se rendit à la chapelle jouxtant le cimetière de Shinjuku. Là, Kaori confia Katsuya à Ryo et aida Natsumi à enfiler sa robe dans la sacristie, Rumiko déjà apprétée leur donnant un coup de main. Puis Kaori partit, très émue, laissant les deux femmes le cœur battant, et elles attendirent leurs pères respectifs.
Et lorsque Falcon et Ryo firent leur entrée, l'air solennel, Natsumi ne put réprimer ses larmes d'émotion. Ryo vint en face d'elle, posa délicatement sa main sur sa joue, et dit tout bas:
_ C'est le grand jour, ma chérie. Aujourd'hui tu changes de nom et tu épouses ton homme. Ça me fait quelque chose, mais je ne ressens que de l'amour et de la fierté envers toi. Sois heureuse, ma puce. Et sache que je serai toujours là pour toi et ta petite famille.
_ Merci Papa, dit-elle à travers ses larmes, acceptant le mouchoir en papier qu'il lui tendit et essayant de limiter les dégâts sur son maquillage. Je t'aime.
_ Je t'aime aussi, ma puce, dit-il en lui déposant un baiser sur le front. On y va?
Elle acquiesça silencieusement, prit une profonde inspiration, puis accepta son bras et se laissa diriger vers la porte. Falcon, cramoisi, embrassa sa fille puis la conduisit dans la nef au son de la musique qui s'éleva, Ryo et Natsumi leur emboîtant le pas cinq secondes plus tard.
Le cœur battant la chamade et gonflé d'amour, la jeune femme remonta l'allée centrale au bras de son père un peu ému, voyant devant l'autel son frère accueillant déjà sa promise, et son fiancé n'ayant d'yeux que pour elle. Elle lui sourit, les nerfs à fleur de peau, et Ryo lui dit doucement:
_ Pas de folies pour la nuit de noces, hein? J'ai assez de trois petits-enfants chez les Angel.
Elle rit faiblement, ayant reconnu la patte Saeba pour détourner l'attention de sujets trop émotifs, et serra plus fort son bras:
_ T'es le meilleur, Papa.
_ C'est grâce à ta mère, confessa-t-il. J'ai trouvé la femme de ma vie, et toi ton homme. Je te laisse en de bonnes mains.
Ils étaient arrivés à l'autel, sous le regard attendri de toute l'assistance et celui humide de Kaori qui s'essuyait les yeux sous ceux interloqués de son petit-fils, et Ryo donna la main de Natsumi à Masao qui la prit doucement, les yeux brillants.
_ Soyez heureux, les enfants, murmura le nettoyeur retraité avant de gagner sa place à côté de Kaori qui posa sa tête sur son épaule, amoureuse comme au premier jour, et lui l'enlaçant au mieux tout en faisant attention à Katsuya qui observait ses parents avec de grands yeux.
Natsumi balaya l'assemblée du regard. Kazuma était dans les bras de Mick, et Kumiko dans ceux de Kazue. Apaisée, elle se tourna vers son fiancé et lui sourit, avant d'échanger un clin d'œil avec son frère et sa belle-sœur. Finalement tout se passerait peut-être pour le mieux, pensa-t-elle.
La cérémonie, simple, se déroula sans accroc jusqu'à la remise des alliances. Ryoichi, mignon à croquer et accompagné par Miki, apporta sans ciller le coussin portant les alliances de ses parents qu'ils purent échanger avec des vœux romantiques à souhait, sous les applaudissements de l'assistance.
Mais lorsque ce fut le tour de Kumiko, ses deux frères, pourtant briefés de nombreuses fois, se mirent à hurler qu'eux aussi voulaient donner les bagues à Papa et Maman, et remuèrent si bien qu'ils échappèrent à la poigne de leurs grands-pères et se précipitèrent sur leur petite sœur. Celle-ci se mit à crier à son tour, levant le coussin le plus haut possible afin d'empêcher ses frères de le lui arracher, et Kazue n'eut pas le temps de le retirer de la mêlée qui s'ensuivit.
Natsumi, sidérée, vit ses trois enfants se battre comme des chiffonniers, hurlant et pleurant, et ce qui devait arriver arriva. Au moment où Ryo et Mick attrapaient les garçons, les joues rouges et couvertes de sillons humides, et Kazue Kumiko qui avait les tresses défaites et pleurait à chaudes larmes, le coussin vola par-dessus les bancs et roula sur le côté. Dans le silence atterré qui s'abattit, deux tintements caractéristiques se firent entendre: le bruit de deux bagues se désolidarisant de leur support et roulant sur le carrelage froid de l'église.
Aussitôt, ce fut le branle-bas de combat. Tous les membres de l'assemblée se levèrent, se dispersèrent et cherchèrent les deux petites alliances. Natsumi, assise sur sa chaise et consolant ses trois enfants qui lui demandaient pardon en pleurant, se dit que c'eût été trop beau que son mariage se passe sans incident, avec le passif de la famille. Elle espérait juste que cela se limiterait à ce petit intermède fâcheux.
Mais elle savait qu'elle devait se méfier, et avec raison. Une fois les alliances retrouvées par Yuka et Saeko, dépoussiérées et nettoyées du mieux possible – trempées dans l'eau bénite par la romancière sans scrupules – elle put enfin être unie à Masao qui, étonnamment, avait gardé son calme, et tous deux se jurèrent amour et fidélité pour le restant de leur vie.
Et à la sortie de l'église, une deuxième déconvenue l'attendait. Après les dix minutes que les deux couples avaient passées à signer les registres et recevoir les félicitations du prêtre, ils sortirent pour constater qu'une véritable bataille avait eu lieu. De nombreux yakuzas vêtus de noir gisaient au sol, assommés proprement par les trois vieux nettoyeurs et le tigre de fer qui se congratulaient en s'époussetant les costumes, comme si de rien n'était. La routine, quoi.
Natsumi respira profondément, hésitant à re-rentrer dans l'église et prier tous les saints d'intervenir en sa faveur pour que le reste du mariage se passe bien. Mais elle ne le fit pas, entraînée au bas des marches par Masao qui réclama des détails pour mieux se désoler de n'avoir pu être de la partie.
Au regard qu'elle lui lança, la rage bouillonnant dans ses veines, il se tut rapidement et laissa sa tante Saeko gérer le problème en appelant ses collègues en renfort. Non loin, Reika soutenait un Teruo livide, Yuka tapait toujours sur sa machine infernale, l'air émerveillée, Hisei discutait tranquillement avec Eriko, Kasumi et Mitsuki, et les grands-mères câlinaient les quatre enfants qui pleuraient à qui mieux mieux.
Le petit groupe leva le camp dès que les enfants se furent calmés dans les bras de leurs parents, ses rejetons ruinant la dentelle du décolleté d'une Natsumi qui arrivait à ses limites à vitesse grand V. Les voitures foncèrent vers le Cat's Eye, et la jeune mariée, dans les bras de son mari à l'arrière de la Mini de Ryo, se sentit un peu mieux.
_ Qu'est-ce qu'ils voulaient, Papa? osa-t-elle finalement demander, toujours en proie à la colère. C'était qui, d'abord?
_ Les hommes du lion de jade, répondit sombrement Ryo. Et ils en avaient après City Hunter, bien sûr. Ils voulaient leur faire payer la perte de leur drogue d'il y a un mois, lorsque leur entrepôt a pris feu.
Natsumi se tendit. Masao ne lui avait pas parlé de ça, se contentant du récit d'une petite escarmouche avec des yakuzas à la gâchette sensible.
_ Masa, il va falloir qu'on parle de certaines choses, lui asséna-t-elle en le fusillant du regard, constatant avec satisfaction qu'il se tassait un peu sur lui-même.
_ D'accord, ma chérie, capitula-t-il piteusement, sachant qu'une fois rentrés il aurait droit à une belle massue et devrait peut-être faire une croix sur sa nuit de noces.
Le reste du trajet fut long et quelque peu tendu, et Natsumi fut contente lorsque son père se gara devant le Cat's Eye décoré pour l'occasion. Elle émergea de la voiture, aidée par un Masao qui n'en menait pas large, et pénétra dans le café. Un gigantesque buffet les attendait, et ses trois enfants se précipitèrent de toute la vitesse de leurs petites jambes vers elle.
_ Maman!
Elle s'accroupit pour les serrer dans ses bras, et passa quelques minutes à les câliner encore, se demandant pour la millionième fois pourquoi ses enfants venaient uniquement la voir elle quand ils voulaient du réconfort, et pas leur père pourtant disponible et plus que demandeur. Enfin ils partirent et se mirent à courir à travers la pièce, rejoignant leur cousin Ryoichi, et les quatre perturbateurs s'appliquèrent à mettre l'ambiance. Elle se releva, et trouva Masao debout devant elle, l'air contrit.
_ Pardon, Nat. Je ne voulais pas t'inquiéter. Mais j'aurais dû t'en parler. Ça ne se reproduira pas, je te le promets.
_ J'ai ta parole, Masao Angel dit-elle d'assez bonne grâce, prête à passer l'éponge après ces excuses en bonne et dûe forme. Allez, oublions ça. Nous sommes mariés, à présent. Mais plus de cachotteries, sinon ce sera la massue!
Ils se sourirent et s'embrassèrent sous les vivats du public, et allèrent profiter du buffet aux côtés des deux autres mariés radieux. La soirée se passa très agréablement jusqu'à ce que Mick et Ryo, fin saoûls, décident de la pimenter en réclamant les jarretelles des mariées. Ni une ni deux, Natsumi dégaina sa Spéciale Pervers #1 et #2, et l'abattit en une fraction de seconde sur le crâne des deux idiots irrécupérables.
Voyant cela, les quatre enfants, qui n'avaient encore jamais eu l'occasion de voir un tel spectacle, hurlèrent de peur et se bousculèrent pour se dissimuler dans la première cachette qu'ils pouvaient trouver: derrière la nappe de la table du buffet, où ne trônaient plus que les deux gâteaux.
En cauchemar, Natsumi revécut la triste fin du buffet du mariage de ses parents, et fut un instant tentée de fermer les yeux. Mais elle n'en eut même pas le temps. Ses enfants et son neveu, paniqués, se planquèrent sous la table et tirèrent la nappe pour se cacher, entraînant avec eux ce qui se trouvait dessus. Une seconde plus tard, les deux gâteaux se fracassaient au sol avant que quiconque ait pu réagir.
Le silence régna pendant quelques secondes, la sidération dominant tout le reste. Même les enfants s'étaient tus, conscients d'avoir fait une grosse bêtise. Et Natsumi se demandait très sérieusement si elle n'en avait pas commis une, elle aussi. Le mariage foireux... elle y aurait eu également droit, finalement.
Le dos droit, les muscles crispés, elle se dirigea à grands pas vers les enfants qui se recroquevillaient de crainte, lèvres tremblantes, passant devant tous les membres de sa famille qui ne savaient plus où se mettre, s'accroupit une nouvelle fois en évitant le plus possible les amas de gâteaux et dit d'une voix douce:
_ Pardon de vous avoir fait peur, mes chéris. J'ai sorti une massue et tapé sur Papi Mick et Papi Ryo parce qu'ils ont été très grossiers avec tante Rumi et moi. Mais ils vont bien, et je ne vous taperai jamais avec une massue parce que vous êtes gentils. D'accord, mes petits cœurs?
Un instant figés, les quatre enfants se jetèrent ensuite à son cou, la couvrant de bisous gras et de caresses maculant sa robe jadis blanche, et sous l'assaut elle tomba en arrière, le dos atterrissant droit sur le bavarois à la fraise. Elle soupira. C'était écrit, se dit-elle, échangeant un regard mi-dépité mi-amusé avec Rumiko qui la délivra de Ryoichi. Elle contempla Kumiko, Kazuma et Katsuya avec amour, jeta un regard en coin à son mari éberlué et Kaori consternée, et dit doucement:
_ Rendez-vous à la prochaine génération.
NdA: J'espère que cette petite fic vous aura plu! ;) N'hésitez pas à laisser un commentaire! A bientôt!