Coucou tout le monde ! Alors, voici un nouveau chapitre qui je pense va ravir certains… On va en savoir plus sur Juliette (l'ex d'Astrid) et surtout… était-elle vraiment si innocente que ça dans le dernier chapitre ? hmmm… Je vous laisse découvrir ^^

Merci pour vos retours à chaque fois super positifs, ça m'encourage vraiment à écrire toujours davantage… Et un énorme BRAVO à toutes les personnes super talentueuses qui nous offrent des vidéos pour notre plus grand plaisir ! Je réponds ici à ceux qui n'ont pas de compte et à qui je ne peux pas répondre en PV…

Bonne Lecture, je vous retrouve en bas !

Guest 1 : Merci beaucoup pour ce message sur le dernier chapitre. Je suis ravie de voir que le parallèle avec les loups a été aussi bien accueilli et compris surtout ^^

Bluemoon : Merci pour tes petits mots à chaque fois, même si je t'ai remercié déjà sur Twitter, ça me touche beaucoup

Jocelyne : Il faut continuer à m'envoyer des messages, avec grand plaisir ! Ca me touche beaucoup de voir que les gens aiment… :D

Bandikoot : Exactement ^^


Chapitre 6 : L'appât du gain

Lundi 15 Juin :

Plus elle y réfléchit, et plus Astrid est convaincue d'être passée à côté de quelque chose, ça ne colle pas, et elle compte bien trouver le petit détail qui prouverait sa théorie. Elle repasse en revue les photos sous ses yeux et soudainement un élément qu'elle n'avait pas relevé avant attire son attention. Elle positionne la photo sous la loupe dactyloscopique et l'examine de plus près. C'est à ce moment-là qu'elle remarque le deuxième talon lui aussi légèrement décollé. Elle range méticuleusement les photos dans le dossier toujours posé sur son bureau, enfile sa veste et son sac à dos et part rejoindre la brune qui l'attends pour aller chercher Théo au collège.

Elle remarque Raphaëlle dans le bureau du commissaire en arrivant sur les lieux. Elle s'installe comme d'habitude sur la chaise de la commandante, et attends patiemment qu'elle ait fini son entrevue qui semble plutôt dynamique si elle en croit la gestuelle de la brune. Elle en profite pour laisser son regard se promener sur son amie. Raphaëlle est belle, pense-t-elle. Sa posture, son regard, son sourire, jusqu'à sa démarche, Astrid trouve que tout est beau chez la brune. Elle est encore plus belle lorsqu'elles sont seules toutes les deux et que la tendresse dont fait preuve la commandante à son égard, peut enfin s'exprimer. Plongée dans son admiration béate, elle tente de reprendre une contenance lorsque la brune sort enfin du bureau et se dirige vers elle avec un sourire radieux.

- Bonjour Astrid… lance la brune en venant s'asseoir en face d'elle

- Bonjour Raphaëlle.

- Avant d'aller chercher Théo, il y a un truc que je voudrais vous montrer.

- Un truc… reprend Astrid confuse, sachant que les neurotypiques ont cette tendance à ne pas nommer les choses.

- Oui un truc ! Allez venez… répond la brune en faisant un signe de la main pour ouvrir la marche.

- J'ai moi aussi un ''truc'' à vous montrer…

- Ouh là… ça à l'air sérieux… Qu'est-ce qu'il se passe Astrid ?

- J'ai revu les rapports concernant le décès de Florence Mangin. Et quelque chose a attiré mon attention.

- Florence Mangin… C'est pas la compagne de votre ex par hasard ?

- C'était oui… Techniquement ce n'est plus sa compagne, vu qu'elle est décédée.

- Vu comme ça oui… répond la brune en inclinant la tête devant l'évidence.

- Regardez… dit Astrid en montrant la photo qui trône maintenant sur le bureau de la brune

- Oui Astrid… Qu'est-ce que je suis censée voir ?

- Le deuxième talon est lui aussi décollé. Ça aurait pu être une erreur de fabrication, mais j'ai vérifié, la paire de chaussure n'était pas neuve. Le talon aurait cassé avant si c'était une erreur. Je pense que les talons ont étés abîmés volontairement. Je suis désolée de ne pas l'avoir vu avant Raphaëlle.

- Vous êtes sûre de vous Astrid ?

- Non… sans examiner la chaussure, tout ceci ne reste que des présomptions.

- Allons trouver cette paire de chaussure alors.

- Pour cela, il faudra exhumer le corps j'en ai bien peur.

Raphaëlle sait qu'elle va devoir faire preuve de beaucoup de force de persuasion si elle veut que le commissaire accède à sa requête. Bien qu'elle ait entièrement confiance en Astrid, elle reconnaît que les éléments en sa possession sont plus que minces pour justifier une exhumation. Elle entend déjà son supérieur essayer de la raisonner en lui disant qu'un talon cassé ne justifie pas d'aller perturber le sommeil des morts. Il faut à peine dix minutes à Raphaëlle pour convaincre toute l'équipe de son idée farfelue, y compris le commissaire. Ne reste plus qu'à attendre la commission rogatoire, et les chaussures de la défunte n'auront plus aucuns secrets pour elle.

Ravie de son efficacité, Raphaëlle ouvre la portière de sa voiture pour laisser Astrid monter du côté passager. Elle s'est découvert un côté galant depuis quelque temps. Les deux femmes restent silencieuses alors que la brune meurt d'envie de poser la question qui lui brûle les lèvres depuis ces dernières semaines. Elle sait, d'autant plus, qu'Astrid ne parlera pas si elle ne lui pose pas de questions, mais elle ne veut pas paraître jalouse une fois de plus. Au diable les apparences pense-t-elle en se jetant à l'eau.

- Vous voulez bien me parler de Juliette ?

- C'est-à-dire ? Vous voulez connaître des éléments sur elle qui pourraient nous aider dans notre enquête ?

- Non… Je voudrais juste savoir comment vous vous êtes rencontrées, dans quelles circonstances, enfin connaître votre histoire quoi… répond la brune un peu gênée.

- Comme vous le savez, j'ai rencontré Juliette à une réunion du groupe d'aptitudes sociales. Elle donnait des cours de photographie. Vous n'êtes pas sans savoir que la majorité des autistes ont la faculté de repérer les détails avant de voir l'ensemble d'une scène. William a pensé que c'était une bonne idée de nous initier à la photographie. Le frère de Juliette faisait partie du groupe avant que je n'arrive, mais il est mort maintenant, dans un accident de voiture avec ses parents. Donc Juliette connaissait déjà le groupe et s'est proposée pour animer l'atelier. C'était une opportunité à saisir d'avoir une photographe aussi renommée qu'elle pour nous initier à la photographie.

- Je vois… le prestige d'une grande photographe de mode qui vous donne des cours. Je pense que j'aurais sauté sur l'occasion aussi.

- C'était une grande chance en effet de l'avoir… répond la blonde naturellement sans se rendre compte de l'agacement que cela peut provoquer chez son amie.

- Et alors… pourquoi elle est partie ?

- Notre relation était trop compliquée pour elle. Elle avait envie d'autre chose, quelque chose de plus simple.

Raphaëlle remarque le changement d'humeur de la blonde, elle sait qu'Astrid est blessée lorsque quelqu'un la rejette à cause de sa différence. La brune se morfonds en se disant que cette Juliette ne sait pas la chance qu'elle avait à l'époque, qu'elle donnerait tout pour avoir cette même chance aujourd'hui, et que rien ni personne ne pourrait la faire partir si Astrid se décidait un jour à franchir le pas malgré tout. Les deux femmes arrivent devant le collège de Théo et attendent patiemment que le jeune garçon franchisse la porte de l'établissement. C'est probablement la première fois de toute sa vie que la brune est en avance pour aller chercher son fils à l'école. Elle sourit à cette pensée, en ayant conscience qu'il s'agit là de l'influence d'Astrid. La blonde de son côté, se réjouit de ce moment qui lui semble maintenant parfaitement normal pour elle. Elle a enfin trouvé un semblant de vie familiale avec les deux Coste, et émue, elle se dit qu'elle a enfin trouvé sa meute, elle n'est plus une louve solitaire désormais.

Mardi 16 Juin :

Astrid observe de loin les employés qui procède à l'exhumation tandis que Raphaëlle tente de calmer Juliette Lavoie qui est hors d'elle devant le spectacle sous ses yeux. Elle fut surprise de découvrir deux officiers de police devant sa porte ce matin pour la notifier de la procédure en cours et lui demander de les suivre pour assurer le bon déroulement des opérations. Elle aurait dû se douter que cette Raphaëlle Coste n'en resterait pas là et ne se satisferait pas des conclusions de l'enquête. Elle avait bien remarqué comment la brune regardait son ex petite amie, et il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre qu'elles étaient plus que des amies.

- Vous allez le regretter Commandant Coste ! Croyez-moi ! Vous allez avoir rapidement des nouvelles de mon avocat ! Hurle la rousse ivre de rage.

- Vous feriez bien de l'appeler votre avocat effectivement… Surtout si Astrid à raison…

- Astrid ? Mais qu'est-ce qu'elle vient faire là-dedans ?

- Astrid est notre experte en criminologie, c'est elle qui a remarqué un détail qui nous a tous échappé. Elle a le sens du détail… mais je suis persuadée que vous le savez déjà… répond la brune un peu piquante.

- C'est donc ça… Vous vous acharnez sur moi à cause d'Astrid n'est-ce-pas ? Il n'y aurait pas un petit abus de pouvoir dans tout ça ? Mais je suis persuadée que vous savez déjà que je peux faire annuler la procédure si c'est le cas… reprend la rousse en entrant dans le jeu de la commandante.

Nicolas intervient avant que sa cheffe ne perde son sang-froid et s'en prenne à la suspecte physiquement. Il ne manquerait plus que ça pour apporter de l'eau au moulin de Juliette Lavoie. Il confie la rousse à Arthur, qui se charge de l'emmener un peu plus loin.

- Elle a raison tu sais…

- Je sais Nico… C'est bien pour ça que c'est toi qui est chargé de l'enquête et pas moi… lui répond la brune avec un clin d'œil complice.

- Fais gaffe quand même Raph… Ne joues pas trop avec le feu d'accord ?

Astrid observe le corps posé sur la table du docteur Fournier. Elle examine chaque petit détail pour être certaine de ne pas faire d'erreur cette fois-ci. Elle se sent déjà suffisamment coupable de ne pas avoir repéré les talons lors de l'enquête initiale.

L'analyse des chaussures confirmant que les talons ont bien été décollés de la même façon, l'enquête peut continuer sans risques que Raphaëlle ne soit accusée d'abus de pouvoir. Arthur se charge de l'analyse des comptes en banque de la victime ainsi que de la suspecte tandis que Nicolas penche sur le mobile. Rien n'a de sens. Les deux femmes étaient reconnues toutes les deux comme un couple sans trop d'histoires. Quelques disputes de temps en temps, comme tous les couples, mais rien qui ne puisse justifier un meurtre, même si récemment, les disputes semblaient de plus en plus fréquentes.

Après avoir interrogé plusieurs proches de la victime, Nicolas découvre que celle-ci avait décidé de mettre un terme à sa carrière de mannequin. Elle ne supportait plus la pression de devoir être toujours plus belle, toujours plus mince, toujours plus jeune. Elle avait atteint un point de non-retour. Elle refusait de continuer à promouvoir une industrie qui continuait d'encenser une image fausse de la femme. En creusant un peu plus de ce côté, le lieutenant découvre également que la photographe n'était pas d'accord avec le choix de sa compagne, même si pour le moment cela ne constituait pas un mobile, c'était suffisant pour s'y pencher de plus près.

De son côté, Raphaëlle tente de rester le plus loin possible de l'investigation. Elle sait que la rousse utilisera chaque élément qui pourrait la compromettre pour faire annuler la procédure et la garde à vue. Même si elle rêve d'aller elle-même l'interroger, elle se ravise en sachant que la meilleure chose à faire est de rester à distance. Elle fait des allers-retours dans les locaux du commissariat en tentant de trouver une occupation. Elle pose son regard sur Astrid qui arrive, et un sourire éclatant pare son visage. Avec Astrid à ses côtés, elle sait qu'elle va réussir à se contrôler et surtout à ne rien faire d'idiot qui pourrait compromettre l'enquête.

Arthur arrive à leur hauteur avec un air plutôt satisfait. Raphaëlle va être ravie pense-t-il en lui remettant le dossier qu'il a dans les mains.

- Florence Mangin avait une assurance vie… et devinez un peu le montant ?

- Ooh la vache ! Répond la brune en regardant le document sous ses yeux.

- Comme vous dites Commandant. C'est un sacré pactole quand même. Y en a qui tueraient pour une somme pareille… répond l'officier en étant fier de sa découverte.

- J'imagine que la bénéficiaire n'est autre que notre suspecte c'est ça ?

- Bingo ! En réalité, elles sont cosignataires de l'assurance. Si l'une ou l'autre venait à décéder des suites d'un accident, la personne toujours en vie empoche 1 500 000 euros. C'est écrit noir sur blanc.

- Y a plus qu'à obtenir des aveux maintenant ! se réjouit Raphaëlle en rendant le dossier à Arthur.

Astrid et Raphaëlle observent l'interrogatoire se dérouler. La brune meurt d'envie d'entrer dans la salle et de cuisiner la suspecte, elle sait qu'elle est en mesure d'y arriver, mais redoute de ne pas réussir à garder son calme. C'est pourquoi elle est surprise lorsque Juliette Lavoie refuse de parler à quiconque qui n'est pas Raphaëlle Coste.

- N'insistez pas lieutenant. Amenez-moi le commandant Coste et je lui parlerai.

- Vous n'êtes pas en mesure d'exiger quoi que ce soit. C'est moi qui décide de qui vous interroge, et personne d'autre ! répond Nicolas très sûr de lui.

- Très bien… alors je ne dirai rien… réponds la rousse en croisant les bras sur sa poitrine.

Nicolas rejoint les deux femmes et Arthur dans la salle d'observation. Il est partagé entre l'envie d'obtenir des aveux et la peur que son amie perde son calme devant la suspecte et fasse quelque chose de stupide. Il ne veut pas risquer l'annulation de la garde à vue pour un manque de sang-froid.

- Laisse-moi y aller Nico ! lance Raphaëlle à l'intention de son collègue.

- C'est pas une bonne idée et tu le sais aussi bien que moi.

- Elle ne dira rien sinon… Elle cherche à me provoquer c'est tout… Je serai l'adulte de la situation pour une fois !

Astrid laisse échapper un petit son indéfinissable mais qui laisse bien comprendre qu'elle ne croît pas un mot des paroles de Raphaëlle. Elle la connaît suffisamment pour savoir que la brune a un tempérament de feu et qu'elle se laisse facilement débordée par ses émotions.

- Nicolas a raison Raphaëlle… Ce n'est pas une bonne idée.

- Ne vous inquiétez pas Astrid, je vous assure, je gère !

- Vous gérez… Ah… réponds la blonde en regardant alternativement son ex petite amie et la brune.

- Il me faut le feu vert du commissaire avant que tu n'entre dans cette pièce… reprends le lieutenant pour couvrir ses arrières.

- Tu sais bien qu'il va refuser ! Et le temps qu'il te fasse part de sa décision, j'aurai déjà des aveux ! insiste Raphaëlle convaincue par ses propos.

- Non Raph, il y a trop d'enjeux. Tu ne vas pas foutre ta carrière en l'air pour satisfaire ton ego ! Je ne te laisserai pas faire !

Pendant que les deux officiers de police argumentent leurs propos, la suspecte s'amuse du silence qu'il règne dans la salle. Elle se doute que le commandant Coste est derrière la vitre à l'observer et qu'elle meurt d'envie d'entrer dans cette salle et de s'asseoir en face d'elle. Juliette a une grande expérience de la manipulation, elle sait parfaitement comment obtenir ce qu'elle souhaite, c'est pourquoi elle ne peut empêcher un petit rire de s'exprimer lorsqu'elle voit le lieutenant revenir dans la salle. Elle ne le regarde pas et s'adresse directement au miroir devant elle.

- Alors Commandant Coste ? On a peur de venir me voir ? Qu'est-ce qui vous fait si peur que ça ? Que je vous apprenne des choses sur votre petite protégée c'est ça ? Que je vous dise que vous ne serez jamais ensemble vous deux ? Vous savez déjà tout ça ! Pourquoi ne pas venir discuter un peu avec moi ?

- Ça suffit madame Lavoie ! Le commandant Coste n'est pas ici. Vous pouvez continuer votre petit cinéma mais cela ne mène nulle part.

Raphaëlle commence à s'impatienter et à bouillonner en entendant la rousse débiter sa tirade. Elle sert les poings et commence à faire les cent pas pour essayer de se calmer. Nico a raison, il ne faut surtout pas qu'elle entre dans cette pièce. Dieu sait ce qu'il pourrait se passer sinon. Elle jette un coup d'œil à la blonde sur sa gauche et constate qu'Astrid est toujours aussi stoïque, ce qui a le don de l'agacer davantage.

- Je vais vous dire ce que vous refusez de voir Commandant Coste ! Vous pensez être amoureuse, vous pensez que vous pouvez avoir une histoire normale avec Astrid, mais vous vous trompez ! Je l'ai cru moi aussi ! J'ai cru que je pourrais supporter le fait de ne pas pouvoir la toucher ou l'embrasser ! J'ai cru qu'elle me ferait confiance un jour ! Mais non ! Ce jour-là n'est jamais arrivé ! Et je sais que vous êtes derrière cette vitre en train de vous dire que vous êtes différente et qu'avec vous ça sera forcément différent… Mais vous vous mentez à vous-même ! Vous ne savez pas ce que c'est de souffrir le martyre parce que la personne que vous aimez refuse que vous la preniez dans vos bras ! Vous ne connaissez pas la torture que c'est de ne pas pouvoir juste l'embrasser, la caresser, dormir à ses côtés. Ne pas pouvoir partir en week-end car c'est un trajet qu'elle ne connaît pas et dans un endroit où elle n'est jamais allée. Vous ne savez rien de tout ça ! Alors vous pouvez me juger derrière votre vitre et prendre votre air supérieur, mais je vous assure que vous et moi ne sommes pas si différentes l'une de l'autre. Vous aussi vous voudrez autre chose et vous partirez ! Vous aussi un jour vous vous lasserez de ce statu quo permanent qu'est votre relation ! Vous ne valez pas mieux que moi Commandant Coste !

S'en est trop pour Raphaëlle qui se dirige vers la porte de la salle, prête à balancer ses quatre vérités au visage de la rousse. Elle est stoppée dans son élan par la main d'Astrid qui se pose sur son bras. Elle se retourne doucement et découvre une larme qui roule sur la joue de la blonde. Sans même réfléchir une seconde, elle essuie la larme de sa main et enlace la petite blonde qui finit par accepter l'étreinte après un petit moment d'hésitation.

- Tout va bien… Je suis là… murmure doucement la brune pour faire taire l'angoisse qu'elle peut sentir de son amie

- Je…

- Chuut… Ne dites rien… Vous n'avez pas à vous justifier de quoi que ce soit. Cette femme ne vous méritait pas Astrid, croyez-moi !

- Je n'ai pas aimé… répond simplement Astrid sans tenter de rompre l'étreinte

- Quoi ? demande la brune en se décalant légèrement pour regarder la documentaliste

- Qu'elle m'embrasse… Je n'ai pas aimé quand nous nous sommes embrassées, c'était désagréable. Ce n'est pas censé être désagréable un baiser, mais là ça l'était. C'est pour ça que j'ai refusé que cela se reproduise. Je ne comprends pas pourquoi on devrait faire des choses désagréables.

Raphaëlle laisse échapper un petit rire et caresse du bout de son pouce la joue de la blonde.

- Ce n'est effectivement pas censé être désagréable un baiser… Juliette n'était peut-être pas la bonne personne, tout simplement… se contente de répondre Raphaëlle en regardant tendrement son amie.

Si elle s'écoutait, elle l'embrasserait sur le champ pour lui prouver qu'un baiser n'a rien de désagréable lorsqu'il est donné avec amour et tendresse, mais elle sait que cela serait une erreur. Astrid est bien trop déstabilisée pour le moment pour être en mesure de supporter le moindre geste. Et puis Raphaëlle s'est promis de respecter la décision de son amie. Elle ne souhaite pas que leur relation soit autre chose que de l'amitié, soit, Raphaëlle fera tout ce qu'elle peut pour conserver cette magnifique et unique amitié.

Mercredi 17 Juin :

Malgré toutes ses tentatives pour faire céder Juliette Lavoie, Nicolas est toujours au point mort. La garde à vue touche à sa fin et le lieutenant n'a toujours aucune preuve pour inculper la suspecte du meurtre de sa compagne. Peut-être que, finalement, Raphaëlle est la clé. La rousse a beaucoup trop d'orgueil pour résister à l'envie de parader devant la brune, c'est peut-être l'unique moyen de la faire craquer. Il attrape son téléphone portable et envoie un message à son amie et supérieure hiérarchique pour lui faire savoir qu'elle peut interroger la suspecte.

Raphaëlle est avec Astrid lorsqu'elle reçoit le message. Elle hésite entre ne rien lui dire pour ne pas l'inquiéter et lui dire la vérité pour ne pas à avoir à lui mentir. La deuxième option semble être la plus indiquée pense Raphaëlle, toujours obnubilée par son envie de faire plaisir à la blonde.

- Je vais interroger Juliette… Nico vient de me dire qu'il comptait sur moi pour obtenir des aveux.

- D'accord...

- Vous voulez assister à l'interrogatoire ? Vous assurez que je ne malmène pas votre ex ? demande la brune avec un peu d'amertume dans la voix.

- Je veux bien assister à l'interrogatoire en effet. Mais pas pour les raisons que vous venez d'énoncer. Je vous fais confiance Raphaëlle. Je veux juste comprendre.

- Merci… de me faire confiance je veux dire… répond la brune en rougissant légèrement.

Les deux femmes restent silencieuses pendant le trajet en voiture, quelque chose a changé dans leur dynamique depuis quelques jours, et cette impression s'est encore accentuée depuis la veille. Surtout pour Astrid. Entendre Juliette parler d'elle de cette façon lui a vraiment fait de la peine. Elle n'avait pas considéré à quel point cela pouvait être difficile pour elle à l'époque. Elle pensait qu'elle était la seule à avoir des difficultés dans leur relation, mais visiblement, c'était loin d'être le cas. La jeune documentaliste n'a pas quasiment pas fermé l'œil de la nuit, analysant chacune de ses réactions, se demandant ce qu'elle aurait pu faire ou ne pas faire pour que cela fonctionne avec Juliette sans pour autant trouver de réponses. Peut-être que Raphaëlle avait raison, Juliette n'était pas la bonne personne, et rien de ce qu'elle aurait pu faire n'y aurait changé quoi que ce soit. Il faudra qu'elle prenne plus de temps pour y réfléchir se dit-elle lorsque la voiture se gare enfin devant le commissariat.

Raphaëlle sait qu'elle va devoir faire preuve d'intelligence si elle ne veut pas tomber dans le piège tendu par la rousse. Elle doit absolument garder son calme, et pour cela, elle doit jouer le jeu et prétendre qu'elle n'était pas là la veille et qu'elle n'a rien entendu des propos tenus par la suspecte pour tenter de la déstabiliser. Elle entre dans la salle où l'attend la suspecte et s'assoit juste en face d'elle en lui tendant un café.

- Vous voulez me voir Madame Lavoie.

- Commandant Coste… Vous vous êtes enfin décidée à sortir de votre tanière… répond la rousse avec un air satisfait

- Je suis assez pressée ce matin, donc si vous voulez bien en venir rapidement à ce que vous voulez me dire, cela m'arrangerait. Pourquoi avez-vous assassiné votre compagne ?

- Pas si vite… je vous dirai tout ne vous inquiétez pas… mais avant… parlez-moi d'Astrid… reprend la rousse avec aplomb

Les deux femmes se soutiennent du regard pendant plusieurs secondes qui semble être des minutes tellement leurs regards sont intenses. Aucune des deux n'est prête à baisser les yeux devant l'autre, cela équivaudrait à s'avouer vaincue. Et l'une comme l'autre ne peut s'y résoudre. En observant la scène de l'extérieur, on pourrait se croire dans un western des années 60 où les deux protagonistes sont en plein duel et s'apprête à se tirer dessus. Sans rompre le contact visuel, Raphaëlle reprend la parole :

- Je n'ai rien à vous dire sur Madame Nielsen.

- Madame Nielsen ? Vraiment ? rétorque la rousse en éclatant de rire.

- Si vous n'avez rien d'autre à me dire concernant l'affaire en cours, je crois que nous allons en rester là madame Lavoie. Au revoir… répond la brune en se levant de sa chaise pour partir.

- Vous l'aimez n'est-ce pas ?

- Ma vie privée ne vous regarde pas, pas plus que celle d'Astrid d'ailleurs ! Donc… soit vous êtes disposée à parler de l'enquête, soit je quitte cette salle et je vous laisse livrée à vous-même.

- Ok ok… lance la rousse en levant les bras en signe de reddition… Qu'est-ce que vous voulez savoir ? Pourquoi j'ai tué Florence ?

La brune reprend sa place sur la chaise et croise les bras sur sa poitrine en attendant les aveux complets de la femme devant elle. Elle est étonnée que le « bras de fer » n'ait pas duré plus longtemps et que la bataille soit déjà gagnée. Plus qu'étonnée, elle est presque déçue.

- Je lui ai tout donné à Florence. Quand je l'ai connue, elle n'était personne ! Je l'ai prise sous mon aile et j'ai fait d'elle le mannequin qu'elle était ! Personne ne voulait d'elle au départ. Elle était trop banale soit disant. Mais je me suis battue pour qu'elle se fasse remarquer. Sans moi et mes photos, elle n'aurait jamais connu la gloire et la célébrité. Je me suis endettée jusqu'au cou pour qu'elle réussisse et elle voulait tout arrêter ? Du jour au lendemain ? Je ne pouvais pas la laisser nous faire sombrer. On aurait tout perdu si elle avait arrêté. Mais ça elle refusait de l'entendre. Elle continuait de me dire que l'argent n'était pas important tant que nous étions toutes les deux, bla bla bla… Quelle naïveté de croire que l'amour est suffisant pour qu'un couple fonctionne ! Alors oui, j'ai saboté ses talons, je n'ai pas réfléchi à ce que je faisais. J'étais tellement en colère contre elle pour vouloir foutre en l'air toute notre vie que je n'ai pas réfléchi, j'ai juste agi.

Raphaëlle sent la colère monter en elle avec une telle rapidité qu'elle serre les poings le plus fort possible pour éviter de perdre son sang-froid. Elle sait qu'Astrid regarde et bien qu'elle meurt d'envie de mettre son poing dans la figure de la rousse, elle se retient pour ne pas effrayer la petite documentaliste derrière la vitre.

- Vous les avez vos aveux… Vous êtes heureuse ? demande Juliette de manière arrogante

- Vous êtes une ordure ! Et je regrette que vous ayez un jour croisé le chemin d'Astrid. Vous ne la méritiez pas ! Elle vaut bien mieux que vous !

- Croyez-moi, je le sais… répond la rousse en baissant la tête… mais cela ne veut pas dire pour autant que je ne l'ai pas aimée…

- Vous ne savez pas ce qu'est l'amour madame Lavoie… Vous vouliez la posséder, c'est le contraire d'aimer.

- Parce que vous pensez l'aimer vous ? Non… ce n'est pas de l'amour… Vous êtes intriguée oui, fascinée même par son intelligence, subjuguée par sa différence, mais ce n'est pas de l'amour. Entre nous deux, je ne sais pas qui est la plus nocive commandant Coste. Vous verrez… vous aussi vous comprendrez plus tard.

- Vous avez raison sur un point. Je suis fascinée par son intelligence, mais pas que… Je le suis aussi par sa bonté, sa générosité, son optimisme à toute épreuve, sa capacité à tout surmonter. Je suis fascinée par la femme merveilleuse qu'elle est. Et là où vous voyez une différence, je vois un enrichissement, je vois une ouverture d'esprit. Là où vous voyez un handicap, je vois une chance… car si Astrid n'était pas autiste, elle ne serait pas cette merveilleuse personne qu'elle est et je ne n'aurais jamais eu la chance de la rencontrer et ma vie serait restée incomplète, vide et triste sans elle. Et enfin, là où vous avez vu des difficultés dans le passé, j'y vois des défis, des compromis, des chances de se compléter dans le respect l'une de l'autre. J'y vois des opportunités d'être meilleure pour être à sa hauteur et être digne d'elle. Ne me parlez pas de ce que je ressens ou de ce qu'est la vie avec Astrid car vous n'en avez aucune idée. La vie avec elle, c'est un émerveillement du quotidien, c'est vivre tous les jours dans la sincérité et l'honnêteté de ses sentiments justement. Chose que vous êtes incapable de faire.

Raphaëlle quitte la salle d'interrogatoire remplie de rage mais fière d'elle de ne pas s'être jetée sur la rousse pour lui refaire le portrait. Elle retrouve Astrid de l'autre côté et est surprise de découvrir un sourire sur le visage de la blonde. Elle a toujours du mal à comprendre ses réactions. Ce qui est sûr, c'est qu'Astrid la surprend toujours en n'ayant pas la réaction à laquelle elle s'attend. Elle s'assoit à ses côtés et inspire profondément pour faire retomber toute cette colère qui est encore en elle. Elle pourrait presque s'effondrer tellement la confrontation émotionnelle était intense, mais se refuse à se laisser aller devant la blonde. Elle tourne légèrement la tête et remarque qu'Astrid la dévisage toujours avec un sourire sur le visage, elle lui sourit en retour, le cœur rempli d'émotions diverses et variées.

Astrid se couche tôt ce soir-là. Elle a été touchée par les paroles de Raphaëlle et commence à se dire que peut-être c'est elle la bonne personne. Celle avec qui toutes ces petites choses qui caractérisent un couple ne seront plus désagréables. Elle attrape son téléphone comme tous les soirs pour souhaiter une bonne nuit à la brune mais tape autre chose cette fois-ci :

Je voudrais vous embrasser un jour. Je voudrais vérifier votre théorie qu'un baiser peut être agréable lorsqu'il est partagé avec la bonne personne.

Je voudrais que vous m'embrassiez un jour… mais pas pour vérifier une théorie… juste parce que vous le désirez… Douce nuit ma petite louve. A demain.


Désolée pour l'attente… Comme je l'ai dit sur Twitter, j'ai eu quelques soucis familiaux et du coup je suis partie sans mon pc et voilà… Bonne lecture à vous. Le prochain chapitre se concentre quasiment uniquement sur Astrid... ses pensées, son raisonnement. Celui-ci était un peut un bonus en fait ^^