Bonjour ! Comment allez-vous ?

Nous revoici avec la dernière partie de ce Two-Shot sur le couple KiKasa ! Kama-chan59 s'est occupée de sa correction et je lui fais encore de gros bisous pour la remercier de son temps et son efficacité, t'es la meilleure !

ThePurgeGoddess : Merci pour ta review, je suis contente que la première partie t'ait plu ! Dis-toi à la base, cette histoire devait être un OS et donc beaucoup plus longue xD Mais j'ai décidé de la couper en deux et puis comme ça, j'ai pu faire le lemon auquel je tenais tant. J'espère te tenir autant en haleine dans cette dernière partie ;) Encore merci pour ton commentaire et bonne lecture !

Bonne lecture à tous et n'hésitez pas à laisser une review ;)


Smile

Chapitre 2


À quelques mètres du street-basket où il avait arrêté de compter le nombre de fois où il y avait joué, Kise observa Aomine à quelques mètres de lui. Son ancien amant avait toujours la main tendue vers lui, proposant une canette qu'il n'avait pas encore attrapée. Un tas d'injures et de rancœur brûlaient ses lèvres, mais Kise tenta tant bien que mal de les contenir. Ce n'était pas le moment de cracher tout ce qu'il avait sur le cœur et risquer de braquer Aomine, pour ensuite voir celui-ci disparaître une nouvelle fois.

Il se saisit donc de la canette, peut-être un peu sèchement, sans l'ouvrir immédiatement. Aomine vint par la suite s'asseoir à ses côtés, mais avec une certaine distance que Kise nota mentalement. Avant même de sortir ensemble, ils étaient toujours collés l'un à l'autre, parfois de façon littérale. Que ce soit lui ou Aomine, ils avaient toujours un bras sur l'épaule de l'autre, alors qu'ils discutaient avec leurs camarades ou Momoi.

Kise se força à arrêter de songer au passé. Son regard se retrouva alors focalisé contre le torse du son ancien amant, où reposait cet anneau si semblable à celui que portait ce rouquin aperçu au Maji Burger.

« Joli anneau.

— Ouais… Taiga y tenait. »

Kise se répéta mentalement la phrase prononcée par Aomine, exagérant la tonalité de sa voix. Comme s'il n'y avait pas tenu avant d'abandonner l'idée, car le basané était contre les démonstrations d'amour.

Un silence s'établit où il vit son ancien amant taper une rythmique improvisée contre le bois du banc. De toute évidence, il n'était pas à l'aise et ne savait pas comment mener la conversation. Kise, lui, reconnut néanmoins l'effort, puisqu'après trois longues années d'attente, il avait enfin reçu le message tant attendu de la part du basané.

Un message qui cependant, à l'heure d'aujourd'hui, ne pouvait aboutir qu'à une seule finalité : avancer chacun sur des chemins différents.

« Avant que l'on ne commence à discuter, j'ai une question…

— Vas-y balance.

— Es-tu là vis-à-vis du mariage de Momoicchi et t'assurer que je ne fasse pas de scène ? Ou tu es là vis-à-vis de notre ancienne relation ?

— Kise, t'es une fichue drama queen, mais je sais que tu ferais jamais ça. Satsu m'a transmis ce que tu lui as dit durant votre journée shopping, que c'est à moi de te faire mes excuses.

— Il n'est jamais trop tard, hein ? »

Il fit tourner sa canette dans le creux de ses mains, rivant son regard sur celle-ci. Son ton était moqueur et Aomine le releva. Toutefois, le basané ne réagit pas au quart de tour comme à son habitude. Il savait sa part de responsabilités dans sa relation passée avec le blond, ce silence radio de plusieurs années, alors que les médias s'acharnaient sur Kise. Bien qu'il ait déménagé sur un autre continent, il avait suivi l'affaire et avait beaucoup culpabilisé. Il était parti comme un voleur et en était conscient.

Il aurait au moins pu être là pour son ami. Il n'avait pas seulement piétiné leur relation amoureuse, mais aussi toutes leurs années d'amitié en faisant ainsi le mort.

« Tu n'aurais jamais dû accepter leur deal, Kise. »

Le blond se sentit frissonner de la tête au pied. Une colère si noire qui le poussa à se redresser et saisir dans un même temps le col du basané, le soulevant légèrement du banc sur lequel celui-ci était assis. À leurs pieds roulait la canette offerte.

« Excuse-moi ?! Et j'ai fait ça pour qui, à ton avis ? Tu aurais fait comment à la NBA s'ils avaient su que tu couchais avec des hommes ?

— Je ne t'ai jamais demandé de le faire, bordel ! Comme d'habitude, t'as pensé qu'à toi et tu as agi dans ton coin, comme un con, cria le basané sans être pour le moins du monde intimidé.

— J'ai pensé qu'à moi ? C'est qui qui s'est barré, alors que j'en avais le plus besoin ? Il était où quand ma famille m'a renié et que tout le monde m'a pointé du doigt ? »

Aomine releva son bras et saisit le poignet de Kise, appuyant dessus afin de faire comprendre au blond de relâcher son haut. Kise résista pendant un temps, resserrant même sa prise, alors que des larmes de colère coulaient de ses yeux. Son regard fusillait son ancien amant, son ancien meilleur ami, mais surtout l'homme qui se trouvait à quelques centimètres de lui.

« Tu sais à quel point je t'aimais, Aominecchi. Tu savais au fond de toi ce que j'étais prêt à faire pour toi, pour te protéger. Alors ne me dis pas que tu ne m'as rien demandé. Tu m'as vu venir, mais tu as préféré fermer les yeux. »

À ces mots, Kise le relâcha et recula de plusieurs pas. Il essuya les larmes qui coulaient encore sur ses joues rouges, tout en continuant de fusiller du regard son interlocuteur.

Oui, en effet, c'était lui qui avait décidé de laisser son visage apparent sur la photographie qui avait fait scandale. Le manager d'Aomine avait découvert la photographie avant que celle-ci ne soit publiée et fasse le scandale qu'on lui connaissait. Grâce à ses contacts dans le milieu, il était parvenu à demander du temps auprès des journalistes, afin de préparer une stratégie rodée lorsque le cliché sera publié. Ce jour-là, autour de la table de réunion, Aomine et Kise s'étaient retrouvés avec leurs deux agents afin de pouvoir en discuter et trouver une solution à ce problème de taille.

Aomine commençait à faire parler de lui en Amérique et avait de grandes chances d'intégrer la NBA.

Kise, lui, avait déjà sa réputation établie et reconnue dans le mannequinat.

Le blond connaissait les rêves et les projets d'avenir de son petit ami, qui rêvait de jouer contre les plus grands. Il était hors de question pour lui que cela lui soit retiré. Kise savait à quel point Aomine s'était entraîné, de jour comme de nuit. C'était inconcevable que cette photographie l'empêche de réaliser son rêve.

« Tu me dis que je n'aurais jamais dû accepter le deal de nos managers, mais tu étais bien content que je le fasse, en réalité. Que ce soit au Japon ou ailleurs, et surtout dans le sport, l'homosexualité n'est pas bien vue du tout. Est-ce que ton équipe est au courant de ta relation avec Taiga ? Est-ce que tu l'as présenté à tes parents ? Est-ce que Momoicchi l'a invité au mariage ou c'est toi qui le ramènes ? »

Il aurait pu continuer longtemps, mais l'ombre qui apparut dans le regard d'Aomine lui fournit la réponse qu'il attendait. Cependant, il n'avait aucunement la force d'en fanfaronner.

« Je te le demande une nouvelle fois, Aominecchi. Pourquoi tu m'as recontacté ?

— Pour te secouer. »

Kise crut avoir mal entendu et cligna plusieurs fois des yeux. Il le vit par la suite amener sa main au niveau de sa nuque. Un geste que le basané avait toujours eu lorsqu'il n'était pas sûr de ses mots et prenait donc le temps de les choisir. Des faits rares, puisqu'Aomine était connu par tous pour être une personne sanguine qui fonçait tête baissée.

« Satsu se fait énormément de soucis pour toi depuis ces dernières années. Personne n'est dupe, Kise. T'as toujours été mauvais acteur, alors tes sourires ne trompent personne. Mais personne n'ose te rentrer dedans, car ils pensent tous que t'es fragile. Sauf que je sais bien qu'ils se gourent tous. T'as tenu trois putains d'années, alors que moi, j'aurais tout fait valdinguer en même pas un jour. »

À son tour, Aomine se redressa et se planta à nouveau en face de lui. Kise put sentir son souffle contre ses joues, les yeux d'un bleu azur plongés dans les siens.

« Il te faut quelqu'un pour te tenir tête et te dire quand tu merdes. Alors laisse-moi te dire, tu as merdé, Kise. On a merdé tous les deux. Mais je ne suis plus cette personne à présent, alors c'est la dernière fois que je te le dis.

— T'es vraiment qu'un…

— Abruti ? Connard ? Salaud ? Yep. Je suis un trois en un. »

Un sourire mélangé de colère et d'amusement s'étira sur ses lèvres.

« Je n'ai pas menti par rapport au deal, t'as vraiment fait n'importe quoi. On aurait dû en discuter avant que tu décides tout, tout seul. Par contre oui, je suis désolé. J'aurais pas dû faire le mort. »

Kise l'observa, ne doutant pas un seul instant de sa sincérité. Aomine n'était pas du genre à s'encombrer de faux semblants. Il aura attendu toutes ces années pour avoir en face de lui le basané, mais ce n'était pas pour rien. La douleur présente dans son cœur se calma, sans toutefois complètement disparaître. Seul le temps saura y faire, il fallait juste être patient. Il devait encore continuer à se reconstruire, à soigner ses plaies intérieures et invisibles au regard de tous.

Petit à petit, son cœur allait être capable de se reconstruire.

Les deux anciens amants ne tardèrent pas à se quitter, sachant qu'ils allaient se revoir au mariage de leur amie commune. Sur ce point également, seul le temps saura dire si leur amitié survivra ou non.

Kise sortit son téléphone de sa poche, qu'il avait mis en silencieux pour être tranquille durant sa conversation avec Aomine. Ses yeux s'écarquillèrent en remarquant le nombre d'appels inconnus, provenant du même destinataire, qu'il avait reçus. Un message lui avait été finalement envoyé, qu'il consulta tandis que sa surprise s'intensifiait.

« Je suis devant chez toi. C'est Kasamatsu. »

Un message envoyé il y avait de ça deux heures. Ce n'était pas possible que le brun y soit encore, n'est-ce pas ?

-x-x-x-

Kise courut jusqu'à chez lui, s'arrêtant à quelques mètres en apercevant la silhouette de Kasamatsu. Le brun semblait en train de discuter avec une vielle dame, sa voisine de palier. Le brun tenait entre ses mains une tasse de thé fumante et avait noué autour de son cou une écharpe multicolore qui, de toute évidence, ne lui appartenait pas. Un sourire tremblant recouvrit son visage avant que son rire ne remonte jusqu'aux oreilles du duo, qui se tourna dans sa direction.

Le blond les rejoignit alors et put voir Kasamatsu camoufler une partie de son visage dans l'immense écharpe, de toute évidence gêné. Ses yeux habituellement si assurés le fuyaient en l'instant présent, ne sachant pas où se poser.

« Je me suis permis de tenir compagnie à votre ami, Kise-san. Il fait un froid de canard en cette saison, commenta la vieille dame en l'accueillant chaleureusement.

— Merci beaucoup, madame. »

Celle-ci leur sourit avant de se pencher vers l'avant et de leur souhaiter une bonne soirée, avant de se retourner et repartir pour rentrer chez elle. La voix de Kasamatsu l'arrêta, tandis que celui-ci dénouait l'étoffe autour de son cou.

« Ne vous en faites pas. Kise-san me la rendra demain. »

Sur ces gentilles paroles, la vieille dame remonta l'escalier avant de refermer la porte derrière elle. Les deux hommes se retrouvèrent ainsi seuls à se regarder, timidement pour Kasamatsu, tandis que Kise resta amusé de son apparence actuelle.

« Allons-nous mettre au chaud. »

Sans un mot de plus, Kasamatsu acquiesça avant d'emboîter le pas au mannequin. Il se déchaussa à l'entrée et ne put s'empêcher de regarder tout autour de lui. L'entrée était spacieuse, quelques chaussures éparpillées en vue de leur grand nombre.

« Ne fais pas attention au désordre. Je reçois très peu d'invités… pas du tout même, maintenant que j'y pense. »

Et en effet, à peine entré dans le salon, Kasamatsu put voir des tas de fringues éparpillées un peu partout dans l'appartement. Des chemises étaient posées sur des chaises, le dossier du canapé, de même pour des pantalons et autres vêtements en tout genre que Kise s'empressa de regrouper avant de partir rapidement vers la salle de bain. Hormis cela, l'appartement était lumineux et aménagé avec goût. Quelques photos de famille étaient entreposées sur des meubles, mais Kasamatsu remarqua qu'il n'y en avait aucune de récentes.

« Je te sers quelque chose ? Si tu as faim, j'ai quelques plats que j'ai juste à réchauffer. Je ne sais pas si je lui fais penser à son petit-fils, mais la voisine me ramène toujours des plats préparés. »

Kasamatsu observa Kise qui se passait la main dans sa chevelure dorée, un sourire gêné sur les lèvres. Il doutait que la vieille femme le fasse pour cette raison, mais plutôt qu'il était impossible de résister au visage du blond. Elle le couvait, tout simplement. Comme elle l'avait fait en le voyant attendre dans le froid, lui apportant du thé chaud et lui prêtant son écharpe après qu'il lui eut dit attendre Kise.

« Non merci, j'ai déjà mangé. »

Ils se regardèrent longuement sans ajouter quoi que ce soit. À vrai dire, ils ne savaient pas comment démarrer la conversation. Le cadre dans lequel ils se trouvaient n'était pas commun, il s'agissait après tout de l'appartement de Kise et donc son intimité. Une adresse que peu de monde connaissait, pas même sa propre famille. Il n'y avait qu'une seule autre personne qui la connaissait : Kuroko. Cela devait donc être lui qui avait donné son numéro au brun.

De son côté, Kasamatsu observa attentivement le visage du blond. Ce dernier agissait normalement, du moins, comme il le montrait à longueur de journée. Toujours aussi souriant et d'apparence à l'aise. Il savait donc qu'il devait jouer carte sur table, tenter de secouer Kise pour s'assurer de l'état de ce dernier. De nombreuses heures s'étaient écoulées entre son émission de radio et le moment présent, où le blond rentrait tout juste. Il était donc bien allé quelque part, mais était-ce pour rencontrer Aomine ou pour une autre raison ?

« Kuroko s'inquiétait pour toi, il m'a donc donné ton adresse et ton numéro. J'espère que ça ne te dérange pas, bien sûr, je les garderai pour moi.

— Pas de problème, mais Kurokocchi n'a pas à s'inquiéter. Je vais lui envoyer un message pour le rassurer, merci. »

Kasamatsu put voir le blond sortir son téléphone et pianoter dessus. Comme à son habitude, Kise restait très secret concernant ses réels sentiments et émotions. Cela lui rappela un instant sa mère, après que les journalistes eurent découvert les infidélités de son père. Au lieu de critiquer les incartades de son paternel, les médias s'étaient focalisés sur sa mère en la critiquant de n'avoir pas su satisfaire son ex-époux et que ce n'était donc pas étonnant que celui-ci ait fini par aller voir ailleurs.

« Après tout, elle l'a bien cherché, non ?

En privilégiant sa carrière de chanteuse, rien d'étonnant à ce que son mari se soit senti délaissé. »

En se rappelant avec quelle ténacité les journalistes s'en étaient pris à sa mère, que son manager avait été dépassé par la situation et n'avait donc pas su la gérer, Kasamatsu contracta ses poings. Il avait suffisamment entendu toutes ces paroles vides de sens qui pourtant avait pour but de le rassurer, qui n'étaient pas emplies de mauvaises intentions. Sa mère souhaitait juste affronter la tempête seule et ne pas l'embarquer là-dedans, lui qui était si jeune à l'époque. Si fragile.

« Tu ne vas pas bien, Kise. Tout le monde en est conscient, mais te ménage justement pour ne pas te braquer un peu plus. »

Sa voix était claire, sans reproche, mais emprunte d'une profonde et sincère inquiétude. Pourtant face à lui, les yeux couleur caramel se plissèrent. Une lueur colérique traversa ses prunelles habituellement si joyeuses, mais cette joie était jouée, amplifiée, fausse.

« C'est le problème des personnes toujours joyeuses, Kise. Une fois que ces dernières commencent à flancher, tout le monde les interroge et s'inquiète.

— Je devrais donc arrêter d'être joyeux ? »

L'ironie à peine dissimulée poussa Kasamatsu à rouler des yeux.

« Bien sûr. T'as tout à fait compris l'idée, félicitations. »

Les deux hommes se jaugèrent, cherchant à savoir qui allait détourner le regard en premier. Mais Kise finit par abandonner en comprenant que Kasamatsu n'allait pas lâcher l'affaire. Le blond se laissa donc tomber sur son canapé et prit son visage entre ses mains. Entre les propos tenus par Aomine un peu plus tôt et ceux par Kasamatsu, Kise réalisa que beaucoup de monde s'inquiétait pour lui. Il ne savait pas vraiment s'il devait s'en sentir flatté ou plutôt vexé. Paraissait-il si faible pour que l'on prenne autant de pincettes avec lui ? Si fragile qu'il pourrait se briser en mille morceaux s'il entendait quelque chose qui ne lui plaisait pas ?

« Je ne te dis pas de changer, Kise. Je te dis simplement que par moment, c'est ok pour lâcher le trop plein d'émotions. Personne ne peut être au top de sa forme, resplendissant de bonheur, tous les jours de l'année.

— C'est plus facile comme ça, souffla l'intéressé dans un seul souffle.

— De quoi ?

— Sourire malgré les difficultés. C'est Kurokocchi qui me l'a conseillé. »

Kasamatsu sentit la fragilité dans la voix de Kise, qui avait toujours son visage réfugié entre ses mains. C'était comme si le blond lui cachait volontairement son visage, comme pour lui éviter de voir son expression actuelle et ainsi le voir vulnérable. Il se rapprocha doucement de lui, un pas après l'autre. Prêt à s'arrêter instantanément si Kise lui montrait le moindre signe de désapprobation. Il finit par s'accroupir en face du mannequin et déposa sa main par-dessus le genou de son vis-à-vis, lui témoignant sa présence à ses côtés, son soutien.

« Il faut que t'arrives à extérioriser tes émotions, sinon elles vont te détruire de l'intérieur. Je te dis pas de le faire ici et maintenant, juste d'y réfléchir. »

À la voix suave du brun, Kise se détendit légèrement et se redressa. Kasamatsu put ainsi observer les yeux mouillés de son interlocuteur et l'envie furieuse de le prendre dans ses bras, de l'embrasser, le prit aux tripes. Il sut pourtant que ce n'était ni le moment, ni l'endroit. Kise venait de revoir son ex-amant et n'avait pas besoin de réflexions supplémentaires. Trop de choses pesaient déjà sur les épaules du mannequin pour lui ajouter ses sentiments, son envie de le toucher et de le connaître davantage.

Le blond avait besoin de temps, mais surtout de se retrouver lui-même. Il fallait qu'il arrête de jouer son propre rôle.

Alors Kasamatsu réfréna ses envies et serra plutôt le genou du mannequin. Une pression légère qui témoigna tout son soutien auprès de son vis-à-vis. Il ne doutait pas un seul instant qu'un jour, Kise aura surmonté tous les obstacles et sera définitivement plus heureux qu'en l'instant présent. Cependant, ce n'était pas tout de suite, peut-être même pas demain ou dans une semaine. Ce genre de blessures ne guérissait pas comme une vilaine toux, c'était plus profond. Un traumatisme dont le blond devait avoir le déclic nécessaire, par lui-même, pour en ressortir plus fort.

« Puis si des personnes te font chier ou te disent des choses qui te plaisent pas, hésite pas à le leur dire. »

Le jeune musicien se redressa et croisa les bras contre son torse. Il savait que Kise n'était pas plus bête qu'un autre et que ce dernier savait se défendre. Sous ces airs d'agneau se cachait un loup, mis en muselière trop longtemps.

« Et si ces personnes comprennent toujours pas, appelle-moi. Je leur ferai goûter à mes coups de pieds. »

Un rire secoua les épaules du blond, en s'imaginant la scène. Kise n'avait aucun mal à le croire sur ce sujet-là.

« Merci. »

Un remerciement qui toucha Kasamatsu, qui le cacha pourtant en acquiesçant simplement et en détournant le regard. Il fit mine ensuite de consulter l'heure sur son téléphone avant que Kise ne l'interrompe.

« Il est tard et aucun taxi ne circule à cette heure. Et puis j'ai une chambre d'amis, si tu veux. »

L'idée de dormir sous le toit du blond aurait dû enchanter Kasamatsu, mais il sut au fond de lui que ce serait plutôt une réelle torture. Il remercia tout de même le mannequin, alors que celui-ci le guidait jusqu'à la chambre, lui indiquant le nécessaire pour le lendemain.

« Bonne nuit. »

Rapidement, Kise vint poser ses lèvres sur la joue du brun. Un baiser léger qui dura l'espace d'un battement de cils avant de disparaître. Un simple effleurement qui eut pourtant l'effet escompté, puisque le visage de Kasamatsu avait tourné au rouge vif, sa main posée sur sa joue et l'air abasourdi. Des rougeurs qui s'accentuèrent davantage en entendant le rire amusé du propriétaire des lieux.

Bon dieu que cette nuit allait être une torture psychologique.

-x-x-x-

Les jours qui suivirent ces intenses conversations avec Aomine et Kasamatsu, Kise tenta doucement, mais sûrement, de sortir de sa zone de confort. Un pas après l'autre, timidement, mais il se forçait à avancer dans la bonne direction. Il souriait toujours, mais ne se dérobait plus lorsque ses collègues le critiquaient et se demandaient toujours et encore par quel miracle il pouvait encore avoir des contrats. Les commentaires salaces, les mauvaises langues et les propos déplacés, Kise avait toujours essayé de passer outre et de se convaincre lui-même qu'ils finiraient par disparaître.

Finalement, il alla à la rencontre de ces personnes. Il les confronta pour la première fois depuis la publication de son scandale, les prenant au dépourvu.

« Si vous avez autant de temps à perdre à me critiquer, passez-le plutôt à travailler. Ou je finirai par vous piquer vos contrats. »

À la révélation de son homosexualité à la population nippone, ses contrats avaient drastiquement diminué. Cependant, Kise n'avait jamais baissé les bras et avait toujours donné le meilleur de lui-même lors de ses shootings. Parfois, les photographes étaient injustement sévères et entretenaient des propos blessants, mais il n'avait jamais faibli. Le boulot était le boulot et il montrerait sa ténacité aux yeux des marques, pour que ces dernières se rendent compte de son engagement et de sa détermination. Il n'avait pas travaillé toutes ces années pour devenir mannequin pour abandonner si facilement.

Tout doucement, petit à petit, son entêtement avait porté ses fruits. D'anciennes marques revenaient faire appel à ses services.

Au cours d'un dîner où Akashi était venu l'inviter à manger, avec Kuroko bien évidemment, Kise leur parla de ses projets d'avenir. Il ne comptait plus recroqueviller ses épaules et plutôt se tenir droit, inspirer à pleins poumons et montrer toute l'étendue de ses talents. Il avait passé trop de temps à penser que les choses se calmeraient d'elles-mêmes. Cette fois-ci, il allait prendre le taureau par les cornes et tenter le tout pour le tout.

Il leur parla ainsi de cette journaliste qui l'avait appelé un matin, lui ayant laissé un message sur son répondeur. Une certaine Araki Masaki qui souhaitait l'inviter à son talk-show. À vrai dire, le blond n'attendait pas de conseils particuliers de la part d'Akashi ou encore de Kuroko. Après tout, il avait déjà appelé la journaliste pour convenir d'un rendez-vous afin de permettre à celle-ci d'expliquer son projet. Il n'avait juste pas encore donné sa réponse définitive, mais il se sentait prêt à remettre les pieds sous les projecteurs de la télévision.

En réalité, il parlait de ses projets pour montrer, avant tout à Kuroko, qu'il se ressaisissait. Il tenait beaucoup au scénariste, mais il désirait lui faire comprendre qu'il n'était plus ce Kise lors de leur rencontre. Une personne fragilisée, blessée au plus profond d'elle-même, qui se laisse déplacer par le courant de la vie. Aujourd'hui et dans les jours à venir, il prenait sa vie en main.

« Araki-san est une bonne journaliste. Elle pense différemment de ses collègues, commenta finalement Akashi qui avait dû redorer son blason pendant un temps et passer sur certains plateaux télévisés.

— Et puis s'il arrive quelque chose, je compte sur toi, Akashi-kun, pour mettre un terme à sa carrière. »

Kise rit à l'intervention de Kuroko, sans se douter d'à quel point le bleuté était en réalité très sérieux. Tout comme l'entourage du blond, Kuroko ne comptait pas laisser ces journalistes mettre une deuxième fois plus bas que terre le mannequin. Le scénariste jeta un coup d'œil en direction de son amant, s'assurant de la sorte que le message était bien reçu par celui-ci.

Un discret sourire s'étira en notant qu'Akashi avait acquiescé.

-x-x-x-

« Je suis admirative de ce que tu entreprends, Ki-chan. Mais j'ai peur que tu ailles un peu trop vite, s'enquit Momoi autour d'une tasse de thé.

— Je sais que ça peut paraître précipité, mais je le sens au fond de moi. C'est le moment. »

Les yeux caramel du blond brillaient d'une flamme qui avait trop longtemps disparu. En la retrouvant, Momoi fut rassurée. Elle aimait ce Kise, déterminé et sûr de lui.

« Et au sujet de Kasamatsu ? Tu m'en as parlé, mais est-ce que tu es prêt à t'engager sur quelque chose de sérieux ? »

Kise avait toujours aimé la dextérité de Momoi avec l'utilisation des mots. Un discret sourire se forma sur ses lèvres, avant qu'il ne porte sa boisson chaude à sa bouche. Il est vrai que depuis ces dernières années, il s'était contenté des relations charnelles. Une relation éphémère qui ne dépassait jamais le lendemain. Son cœur ne risquait pas de souffrir d'une nouvelle déception amoureuse, il n'était pas encore prêt pour cela.

Sa détermination était bien présente, mais son cœur restait fragile pour tout ce qui relevait du sentimental.

« Je ne peux pas lui demander de m'attendre, n'est-ce pas ? Je ne sais pas le temps que ça va prendre et je ne veux pas l'enchaîner à un espoir qui peut se révéler…

— Qu'à rester un espoir, n'est-ce pas ? » Compléta doucement Momoi.

Kise acquiesça lentement, le cœur serré. Il avait bien vu qu'il plaisait au brun, qui était venu jusqu'à chez lui pour se tenir au courant de son état. Sans parler de ses rougeurs à chaque fois qu'il se rapprochait de lui, ou de ces coups d'œil que lui lançait Kasamatsu en pensant qu'il ne les voyait pas. Ou encore des commérages entre Kuroko et Takeuchi sur leurs dos.

« Parle-lui-en, Ki-chan. La communication, c'est quelque chose d'important et c'est seulement comme ça que tu seras fixé. »

La jeune femme posa sa main chaude par-dessus celle de son ami et lui sourit le plus tendrement du monde.

« Sache en tout cas que je suis là pour toi. Toujours, compléta-t-elle en exerçant une pression autour de sa main.

— Merci, Momoicchi. Et excuse-moi encore de t'avoir fait t'inquiéter tout ce temps. »

Elle agita négativement son visage, gardant ce sourire solaire sur les lèvres. Un sourire qui réchauffa Kise, qui prit à son tour sa main dans la sienne.

Tout allait bientôt changer. Demain, il avait son interview avec la journaliste Araki Masaki. Tout son corps tremblait d'anticipation, positive comme négative. Différents types de scénarios s'étaient élaborés dans sa tête, où il parvenait à remplir ses objectifs ou à l'inverse, que les choses ne fassent que s'empirer un peu plus. Cependant, il essayait de faire taire cette voix pessimiste et de plutôt se concentrer sur ce qu'il détenait. Son regard se plongea ainsi dans celui de son amie, qui lui racontait comme les préparations de son mariage avançaient.

Pour lui, mais aussi pour ses proches, il fera tout le nécessaire pour aller mieux. Et cela qu'importe le temps que devra prendre sa récupération, il allait penser à lui et surtout prendre du temps pour lui.

-x-x-x-

DEUX ANS APRÈS

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À l'intérieur de cette pâtisserie où Momoi l'avait emmené pour lui annoncer qu'elle allait se marier, Kise rejoignit son amie qui, comme cette fois-là, était déjà attablée et agitait sa main dans les airs. La jeune mariée n'attendit pas que le serveur vienne prendre leur commande pour révéler à son plus cher ami la grande nouvelle. Son ventre arrondi en témoignant.

« Oh mon dieu ! »

Kise sauta littéralement telle une puce au-dessus de sa chaise, se mettant à poser mille et une questions si rapidement que Momoi fut incapable de le suivre. Un rire l'emporta et amena des larmes à ses yeux rosés, qu'elle essuya d'un revers de main avant de plonger son regard dans ceux excités du blond. Elle lui raconta tout, le cœur débordant de joie de le retrouver.

En l'espace de ces deux dernières années, beaucoup de choses avaient changé. Elle était désormais mariée et plus heureuse que jamais, avec ce petit être qui se développait dans son ventre. Son mariage s'était déroulé comme le plus fabuleux des rêves qu'elle avait pu s'imaginer. Aomine était par la suite retourné à la NBA pour poursuivre ses entraînements et les tournois, aux côtés de Kagami. Ces derniers cachaient toujours leur relation, mais cela ne les empêchait pas de se montrer plus tactiles lorsqu'ils étaient entourés par leurs amis proches.

Elle avait aussi pu accompagner Kise à l'aéroport, après que son ami eut signé un gros contrat avec une marque française. Le retour remarqué par Kise à la télévision avait fait beaucoup jaser, en bien comme en mal. De nombreuses personnalités, de toutes sexualités, avaient par la suite rejoint le message véhiculé par le blond. Ce même message qu'il avait prononcé à sa première émission de radio.

« Qu'importe le sexe ou les origines, l'Amour n'en tient pas compte.

Si vous aimez une personne pour ce qu'elle est et non ce qu'elle représente,

votre bonheur ne rencontrera aucune limite. »

Un clin d'œil à Kuroko, mais aussi à toute l'équipe, qui l'avaient soutenu durant les moments rudes, comme les plus joyeux. Un message qui avait pris de l'ampleur, qui avait tourné dans le monde grâce aux réseaux sociaux, avant d'atterrir entre les bonnes mains. Cela faisait à présent deux ans que Kise n'était pas revenu au Japon, croulant sous le travail et ne cessant de recevoir de nouvelles propositions et de nouveaux partenariats.

« Et toi, dis-moi tout, enchaîna-t-elle après avoir terminé son propre récit.

— Momoicchi, on s'est téléphoné y a deux jours, avant que je prenne l'avion. Que veux-tu qu'il me soit arrivé depuis ? Je me suis remis du décalage horaire et maintenant, je suis là, à boire du thé et manger des pâtisseries. »

La jeune femme fronça les sourcils. Elle était parfaitement consciente que Kise savait de quoi elle voulait réellement parler. Son ami s'amusait juste à laisser planer le suspense, comme le révélait son petit sourire en coin de petit diablotin.

« J'ai rendez-vous avec lui, après.

— Après, comme après nos retrouvailles ?

— Après, comme après je tiens déjà plus en place à l'idée de le retrouver. »

En effet, en ce moment, Kise gigotait au-dessus de sa chaise non à cause des révélations de son amie au sujet de sa grossesse, mais bel et bien d'un mélange d'impatience et de peur. Durant ces deux ans passés loin du sol nippon, Kise avait gardé contact avec Kasamatsu grâce aux réseaux. Comme le lui avait conseillé Momoi la dernière fois, il avait avoué au brun ne pas être prêt pour une relation amoureuse et surtout qu'il ne savait pas quand il le serait.

Une part de lui avait confiance en Kasamatsu, se doutant que ce dernier le comprendrait et ne lui claquerait pas la porte au nez. Kise avait eu bien raison d'écouter cette petite voix, puisque le brun avait tout à fait compris et lui avait même avoué s'en être douté. Ce soir-là, les deux hommes avaient passé beaucoup de temps à discuter de leurs sentiments et finalement, Kasamatsu lui apprit ce que les médias avaient fait à sa famille. Son père, un businessman, avait trompé sa mère avec une collègue de bureau. Les journaux s'étaient montrés juges et bourreaux auprès de sa mère qui avait décidé de tout surmonter toute seule, de sourire au monde pour montrer qu'elle était encore debout. Elle avait accumulé et traversé tous les pépins de la vie, toutes les épreuves, sans jamais demander de l'aide et en ravalant tous ses sentiments.

Et cela jusqu'à l'implosion.

La dépression nerveuse était arrivée comme une évidence, comme la rosée du matin sur les pétales de fleurs. Kasamatsu avait révélé à Kise toutes ces journées qui s'étaient transformées en un véritable cauchemar, où il n'arrivait pas à s'en sortir, ni savoir quoi faire. Il avait détesté ce sentiment d'impuissance. Sa mère était devenue une personne qui se mouvait, mais sans réel but. Elle était présente dans la pièce, mais son esprit était ailleurs. Quand elle ne pleurait pas, il se souvenait la voir regarder dans le vide pendant des heures.

Heureusement, Takeuchi, un ami de la famille, avait été présent et ils avaient réussi à venir en aide à sa mère. À lui fournir le déclic nécessaire pour se sortir de cette situation. De s'appuyer sur eux et de leur faire confiance. Ensemble, ils étaient plus forts.

« Allez, vas-y. Je sens que je pourrais te dire n'importe quoi, tu m'écouteras même pas, plaisanta Momoi.

— T'es la meilleure. »

Kise déposa sur le front de son amie un baiser rempli d'amour.

« Encore félicitations ! »

Momoi rigola davantage en voyant son ami la féliciter en faisant de grands gestes, manquant par la suite de heurter le serveur, ainsi que le plateau que ce dernier transportait. Elle le vit s'excuser mille fois avant de partir en direction de son rendez-vous, les yeux brillants.

Il n'y avait aucun doute. Elle préférait nettement ce Kise-là.

Kise se dirigea vers leur point de rencontre, le cœur au bout des lèvres. Au fur et à mesure qu'il se rapprochait, il se rappela tous ces appels et messages échangés avec Kasamatsu. Ces deux dernières années, Kise avait été trop pris par le travail et les nouveautés qui l'entouraient pour s'adonner à ses anciens plaisirs charnels, même lorsqu'il recevait des invitations explicites par des collègues masculins. Il était conscient qu'ils ne s'étaient rien promis tous les deux, que Kasamatsu avait pu rencontrer quelqu'un et ne pas lui en parler.

Le temps passé sur un autre continent lui avait aussi permis de trier les informations dans sa tête, mais aussi et surtout dans son cœur. Il aimait comment il était en présence de Kasamatsu, ce calme qui les entourait malgré le mauvais caractère du brun. Kise avait alors rapidement compris que la présence de Kasamatsu à ses côtés lui manquait, qu'il désirait passer plus de temps avec ce dernier. Son cœur frémissait à chaque fois que son esprit se rappelait le regard polaire que le brun lui avait envoyé, lors de leur première rencontre.

Il ralentit son allure pour regarder rapidement autour de lui, étant arrivé devant la porte de l'appartement du brun. Son cœur tambourinait à l'intérieur de sa poitrine. Ses mains devenaient moites et il avait l'impression d'étouffer, alors que sa main s'approchait de la sonnette. À travers la porte, il put entendre le son avertir le propriétaire des lieux de son arrivée et cela le poussa à fermer les yeux. Kise sursauta lorsqu'il entendit le mécanisme de la porte s'ouvrir et ouvrit les yeux la seconde suivante, lui permettant ainsi de voir le visage abasourdi de Kasamatsu.

« Kise ? Je pensais que tu voyais ton amie jusqu'à… »

Le mannequin ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase, lui sautant dans les bras avec une telle ferveur que Kasamatsu manqua de tomber à la renverse. Il se rattrapa in extremis contre le mur sur lequel il était à présent appuyé, Kise blotti contre lui dont le souffle s'échouait contre sa nuque. Un sourire fendit ses lèvres, alors que sa main vint rejoindre la chevelure dorée, la caressant à de multiples reprises tout en acceptant l'étreinte.

« Dis-moi que tu n'as personne, chuchota Kise contre le cou du brun.

— Sérieusement ? C'est par ça que tu commences ? » S'amusa l'intéressé bien que son cœur tremblait de joie.

Kise se décala légèrement pour plonger son regard dans celui de son vis-à-vis. Pendant un court instant, Kasamatsu fut ébloui par toutes les émotions qui traversaient ces pupilles caramel, allant du désir qui amena quelques rougeurs à ses joues, mais aussi de la peur. Des milliers de kilomètres les avaient séparés et malgré l'utilité des réseaux et pouvoir discuter en voyant le visage de l'autre, cela ne remplaçait aucunement leur étreinte actuelle. Cette chaleur humaine qui les plongeait dans un bien-être presque irréel.

Deux ans. Kasamatsu avait rêvé pendant deux ans de cet instant.

« Il n'y a que toi. »

Des papillons envahirent l'estomac de Kise, qui n'attendit pas une minute de plus. Ses lèvres vinrent à la rencontre de celles du brun, les découvrirent par des baisers timides et incertains. Il avait perdu l'habitude, mais surtout, il s'agissait de Kasamatsu. Celui-ci glissa ses mains par-dessus les larges épaules du blond, avant de les plonger dans ses cheveux. Il approfondit le baiser en quémandant l'accès à la bouche du mannequin, frissonnant de la tête aux pieds lorsque sa langue s'enroula autour de celle de son désormais amant.

Attirés comme des aimants, leurs corps se collèrent un peu plus à l'autre et son dos s'accola davantage contre le mur. Kasamatsu entendit le cliquetis de sa ceinture et sentit les mains de Kise commencer à le déshabiller. Les événements pourraient penser être précipités, mais deux ans s'étaient déjà écoulés. Deux ans où ils s'appelaient régulièrement et qu'il leur était arrivé de flirter par messages. Pour lui, leur rythme convenait et surtout, il en mourrait d'envie.

Il aida ainsi Kise à le déshabiller, balançant d'un coup de cheville son pantalon. Il tira par la suite sur le haut du mannequin, qui leva les bras pour l'aider à s'en débarrasser. L'entrée de son appartement fut bientôt recouverte par leurs différents habits, tandis qu'ils se dirigeaient vers sa chambre à tâtons. Kasamatsu atterrit bien vite sur son matelas et aperçut Kise au-dessus de lui, l'expression sérieuse et les yeux brillants de désir. Le jeune homme leva sa main jusqu'à atteindre la joue du blond, pour ensuite partir à la découverte de ce corps dont il avait rêvé le moindre détail. Ses yeux bleus se perdirent sur le torse musclé et les abdominaux qu'il sentit du bout de ses doigts. Des caresses aériennes qui plurent à Kise, laissant faire le brun.

Kasamatsu arrivait à peine à se rendre compte qu'enfin Kise et lui étaient à nouveau réunis. Mais surtout, qu'ils se trouvaient dans son lit uniquement vêtus tous les deux par leurs caleçons. Ses yeux bleus remontèrent du torse du blond jusqu'à son visage et bientôt ses yeux. Il alla pour dire quelque chose, mais il fut interrompu par la plus douce des suppliques : la bouche de Kise contre la sienne.

À son tour, les mains du mannequin partirent à la découverte du corps de son amant. Il y trouva en autre les bouts de chairs sur son torse, les pinça avant de les faire rouler entre son pouce et son index. Des gémissements vinrent envahir la chambre. Leurs derniers habits ne tardèrent pas à disparaître et reposer par terre, permettant à leurs mains curieuses de découvrir la totalité du corps de l'autre. De nombreux baisers et des caresses furent échangés, pour connaître tous les secrets et les endroits sensibles de l'autre.

Kise put ainsi découvrir que Kasamatsu poussait ses plus beaux gémissements lorsqu'il s'occupait de ses mamelons avec sa langue et, plus bas, en effleurant son gland du bout de ses doigts. Toutefois, le brun avait aussi pu découvrir que le mannequin était faible lorsqu'il lui suçotait le lobe de son oreille, ses mains continuant de passer dans ses cheveux à la couleur du soleil.

Son bassin se souleva lorsque Kise appliqua un mouvement de va-et-vient contre son sexe érigé. Il nicha son visage dans le cou de son amant presque instantanément. Kise profita de cette vision pour embrasser le haut du crâne de son amant, continuant de lui procurer du plaisir par sa main.

« Où est-ce que tu ranges le lubrifiant ?

— Le tiroir de… hm… »

Kasamatsu lui fit un geste rapide de la main vers la table basse, son bassin continuant d'accompagner les mouvements de sa main. Son attitude amusa Kise, qui embrassa à nouveau ses cheveux avant de se pencher pour rejoindre l'objet de ses désirs. Il découvrit ainsi la bouteille de lubrifiant, ainsi qu'une boîte de préservatifs qui, de toute évidence, n'avaient jamais été utilisés. Est-ce que Kasamatsu aurait fait ces achats avant son arrivée, en toute connaissance de la tournure des événements ? Le blond ne put toutefois y réfléchir davantage lorsqu'une source de chaleur humide vint s'enrouler autour de son membre.

Son regard tomba par la suite sur Kasamatsu entre ses cuisses, une de ses mains posées sur celle de gauche, alors que sa tête montait et descendait. Un juron traversa ses lèvres, alors qu'il se saisit du lubrifiant et de la boîte de préservatifs, sa main libre venant se mêler à la chevelure brune de son amant. Les bruits de succions accompagnèrent les gémissements du mannequin, qui entrouvrit légèrement ses yeux pour observer avec quelle concentration Kasamatsu s'occupait de lui. Par moment, la main de son amant remplaçait sa bouche et exerçait des mouvements de va-et-vient. Du bout de sa langue, Kasamatsu la fit tournoyait autour du gland et en récolta des gémissements étranglés, apercevant Kise enterrer son visage dans l'oreiller et sentant sa main contre ses cheveux se resserrer.

« A-attends… »

La plainte émise par Kise lui fit arrêter sa délicieuse torture, laissant son amant reprendre son souffle, mais aussi restructurer ses pensées. Un sourire coquin se glissa sur ses lèvres, tandis qu'il observait avec délice le visage excité du blond, des rougeurs sur ses joues et ses cheveux éparpillés. Mais surtout de son corps nu, contre le sien et dans son lit.

« On arrive pas à suivre le rythme ? »

L'amusement dans sa voix fit sourire Kise, qui se saisit de la bouteille de lubrifiant avant d'en appliquer sur le bout de ses doigts.

« Je ne m'avancerais pas trop, si j'étais toi. »

Kasamatsu rit lorsque Kise le fit basculer, afin d'échanger leur position, retrouvant ainsi la douceur des draps contre son dos. Un frisson le traversa, alors qu'il sentait la main de Kise effleurer son intimité la plus réservée, ses mains agrippant les avant-bras de son amant tout en cherchant son regard. Il finit par trouver ses lèvres, un baiser humide, rempli d'attention et de bienveillance. Un baiser dont il avait rêvé longuement et qu'il recevait finalement, faisant davantage palpiter son cœur.

Doucement, Kise commença à le préparer. Un doigt après l'autre et n'hésitant pas à revenir suçoter ses tétons ou à l'embrasser pour faire passer la douleur. Kasamatsu se sentait fondre sous le toucher de son amant qui, de toute évidence, n'était pas à son premier coup d'essai. Un gémissement, plus fort que les précédents, remplit la chambre et fit s'étirer un sourire satisfait sur les lèvres de Kise, alors qu'il recommençait et continua d'effleurer cette boule de nerfs. Il put ainsi voir Kasamatsu se tordre sous ses yeux, ses mains enserrant fermement les draps, ainsi que son bassin se soulever.

Ses doigts quittèrent l'antre chaud du brun pour enfiler rapidement le préservatif autour de son membre. Il surplomba une nouvelle fois la silhouette de Kasamatsu par la sienne, une de ses mains posées à quelques centimètres du visage du brun. Son front se posa contre le sien, humant son odeur accentuée par leur activité physique. Sa main dirigea par la suite son sexe vers l'entrée de son amant dont les mains entouraient ses épaules et s'accrochaient à lui.

Son premier mouvement fut lent, prenant son temps. La dernière chose que souhaitait Kise était de blesser Kasamatsu ou d'aller trop vite. Il avait toujours été attentionné envers ses amants d'un soir, mais là, c'était différent. Il voulait prendre soin du brun, lui faire plaisir avant de prendre le sien. Il bougea donc lentement, laissant à son amant le temps de s'acclimater à l'intrusion. Il lui embrassa les joues, le front, le nez avant de finir par ses lèvres. Des baisers légers, doux, démontrant tout l'amour qu'il ressentait pour lui.

Kise accéléra la cadence de ses mouvements uniquement lorsqu'il sentit Kasamatsu se détendre, mais encore une fois, il mit le plaisir du brun au-dessus du sien. Ce qui ne passa pas inaperçu auprès de l'intéressé de tant de douceur. Kasamatsu en était reconnaissant, mais il n'était pas une fleur fragile. Sa main poussa ainsi contre le torse du blond et l'obligea à se reculer. Tout d'abord incrédule, Kise alla pour s'excuser en pensant lui avoir fait mal, mais il fut surpris lorsque Kasamatsu inversa leurs positions.

Chevauchant à présent le mannequin, le brun empoigna le sexe du blond pour l'amener jusqu'à son entrée. Sa tête bascula vers l'arrière au moment de l'intrusion, brûlante et plaisante à la fois. Ses hanches se mouvèrent doucement, puis de plus en plus rapidement au rythme des soupirs de Kise. Son regard plongea dans celui caramel de son amant et Kasamatsu se pencha pour venir l'embrasser. Il gémit lorsque les mains de Kise vinrent se poser contre son fessier et le maintenir fermement, imposant son propre rythme, alors qu'il était resté allongé contre son torse.

Les deux amants se plongèrent corps et âme dans leur étreinte, s'abandonnant aux baisers et gestes de l'autre en rattrapant le temps perdu.

Ce ne fut que bien plus tard dans la soirée, tous les deux nus et transpirants, que le rire de Kise remplit la pièce. La boîte de préservatifs n'avait pas tenu le rythme, à présent vidée de tout son contenu. À ses côtés, Kasamatsu reposait, allongé sur le ventre.

« Bouffe asiatique ou occidentale ? »

Kise regarda son amant qui venait de parler, un sourire illuminant son visage. Il se souvenait de la fois où Kasamatsu était venu le retrouver dans le bureau de Kuroko pour lui poser la même question. Tout en douceur, il se pencha pour venir embrasser son épaule, son cou, avant de finir sur ses lèvres.

Un baiser léger rempli d'amour et d'espoir.