Bonjour tout le monde, comment allez-vous ?

On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau KiKasa, ça me manquais de plus écrire sur ces deux bouts de choux ! C'est donc parti pour un Two-Shot qui a été soigneusement corrigé par la fabuleuse Kama-chan59 - qui écrit aussi de magnifiques histoires sur le fandom Knb, donc si vous êtes fan du couple AkaKuro n'hésitez pas à aller jeter un coup d'oeil à son profil !

Il s'agit de la suite de mon histoire Camélia, qui est un AkaKuro. Il n'y a pas besoin d'avoir lu Camélia pour comprendre l'histoire, même si je ne peux que vous encourager à aller y jeter un coup d'oeil ;)

Disclaimer : Les personnages de m'appartiennent pas et ont été créés par Tadatoshi Fujimaki. L'image qui illustre cette fiction ne m'appartient pas non plus.

J'espère que vous appréciez votre lecture et n'hésitez pas à commenter pour me donner votre avis ;) Bonne lecture !


Smile

Chapitre 1


Certains matins savent chuchoter, à qui veut bien l'entendre, quel type de journée attendait de l'autre côté de la porte. Le bus habituellement bondé qui, pour l'occasion, avait une place disponible ou bien tout simplement un collègue qui retient la porte avant que celle-ci ne se rabatte. Seulement voilà, ce matin-ci, Kise devait s'être levé du pied gauche. Il sentit immédiatement que la journée qui se présentait aller être compliquée et cela dès qu'il consulta son répondeur.

« Bonjour, je m'appelle Araki Masako et je dirige un talk-show. Je veux vous interviewer. Rappelez-moi à ce numéro. »

D'une oreille distraite, Kise put entendre les disponibilités de la journaliste. Inutile de dire qu'il ne la rappela pas. Cela faisait plusieurs années qu'il n'avait plus mis les pieds sur un plateau télévisé et bien qu'il se soit fait oublier des émissions à grand public, son nom était encore chuchoté sur de nombreuses lèvres.

« Comment une telle déviance peut-elle inspirer nos enfants ?

Il risque de les contaminer à leur tour. »

Cette phrase écrite dans un journal people à l'encre noire avait réussi à couler jusqu'à son cœur, y déposant sa marque indélébile.

Au lieu de rappeler cette journaliste, Kise quitta le lit d'hôtel où une autre silhouette masculine reposait sous les draps. Le temps de récupérer ses affaires de la veille, il descendit dans le hall de l'établissement et paya la chambre, rajoutant un peu plus en demandant à l'employé d'apporter le petit déjeuner au numéro indiqué.

La journée n'avait pas encore réellement commencé qu'il avait déjà envie de se recoucher. Il passa rapidement à son appartement afin de revêtir des vêtements propres pour ensuite repartir et appeler Momoi. Son amie de longue date avait une immense nouvelle à lui annoncer, mais Kise la connaissait déjà, merci l'ère du vingt-et-unième siècle et ses réseaux sociaux.

Un rapide coup d'œil lui fit ainsi revoir la bague de fiançailles autour de l'annulaire manucuré. Il était heureux pour son amie et ne lui souhaitait que du bonheur. Il savait d'autant plus que le futur marié était un homme simple, sérieux et aimant.

Ce n'était pas la bague en elle-même qui lui posait un problème. C'était seulement le signe annonciateur qui s'en dégageait et sûrement la raison pour laquelle Momoi désirait qu'ils déjeunent ensemble avant d'aller chacun à leur travail.

Après être entré dans la pâtisserie dont Momoi lui avait donné l'adresse par message, Kise n'eut pas besoin de la chercher bien longtemps. Au fond de la pièce, la jolie rosée s'était redressée de sa chaise et agita sa main dans les airs. Son sourire s'élargit au fur et à mesure que le blond se rapprochait de la table qu'elle avait réservée. Les deux amis regardèrent le menu tout en se racontant leurs péripéties au travail et les dernières nouveautés. Ce ne fut que lorsque leurs commandes furent apportées que Momoi présenta sa main gauche et la bague qui y trônait.

« Elle est magnifique. »

Kise était sincère. Le futur mari de Momoi n'avait pas lésiné sur les moyens et cela avec beaucoup de goût.

Avec un plaisir non dissimulé, la jeune femme lui raconta par quels moyens son compagnon lui avait fait sa demande. Ses yeux roses brillaient comme ceux d'un enfant le lendemain de Noël, quand il devait ouvrir les cadeaux apportés par le Père Noël. Il félicita de nouveau Momoi, qui était tout bonnement radieuse. Pour cela, le mannequin ne désirait pas entacher l'euphorie de la future mariée et mit de côté ses anxiétés pour se concentrer sur son interlocutrice.

Son bonheur comptait davantage et par ce fait, son sourire s'agrandit un peu plus.

« Tu seras présent, hein, Ki-chan ? »

Malheureusement, son amie ne le connaissait que trop bien. Il comprit très bien le double sens de cette question et son sourire se crispa un court laps de temps.

« Je ne vais pas te le cacher et tu dois l'avoir deviné. Dai-chan sera présent au mariage. Il me l'a confirmé. »

En effet, il le savait. Aomine et Momoi se connaissaient depuis l'enfance, leurs mères étant voisines et amies. Il était donc évident que le basané allait assister au mariage de sa petite sœur de cœur, même si à présent, il vivait à l'autre bout du monde.

Aomine allait prendre de son temps pour se déplacer et assister au mariage.

« Bien sûr que je serais présent, Momoicchi. »

Il savait que ce n'était pas la réponse qu'attendait la jeune femme, mais c'était tout ce qu'il pouvait lui promettre. Son cœur se gonflait au fur et à mesure que les souvenirs enracinés refaisaient surface, mais Kise préféra continuer à lui sourire et laisser sa douleur et ses mauvaises pensées à l'intérieur. Il y avait un temps pour tout et en cet instant précis, ils devaient fêter le mariage à venir. Avec joie, il leva son café vers le plafond afin de porter un toast auprès de tous les clients et le personnel de la pâtisserie.

« Mon amie va se marier ! »

Les joues de l'intéressée rosirent rapidement en entendant les applaudissements et les félicitations de ces parfaits inconnus. Son regard observa en biais le mannequin qui se mêlait à la foule tel un caméléon, parvenant à sociabiliser avec la personne la plus timide et réservée en un éclair. Seulement Momoi n'était pas dupe, mais elle ne pipa mot. Elle avait parfaitement compris que malgré les années qui s'étaient écoulées, Kise souffrait encore des événements passés, malgré ses sourires et son ton jovial.

Depuis les premiers jours de leur amitié, Momoi avait plusieurs fois entendu Kise se plaindre pour des raisons valables, comme pour des idioties. Elle l'avait plusieurs fois vu feindre de sécher des larmes pour attirer la sympathie ou pour se sortir de mauvaises situations, mais tout cela n'était que du cinéma et à la fin, le mannequin finissait toujours par rire aux éclats. Une chose était néanmoins sûre : Momoi n'avait jamais vu son ami pleurer. Et cela même lorsqu'il se faisait fustiger de tous les endroits et parfois même par son propre entourage.

Ainsi, en le voyant un large sourire étiré sur son visage, Momoi sentit un poids peser contre son cœur. Le souvenir de la photographie de ses deux amis s'embrassant lui revint en mémoire.

Seul le visage d'Aomine avait été flouté, alors qu'à l'inverse, celui de Kise était aussi net que possible. Au même titre que sa boucle d'oreille bleue qui brillait de mille feux.

-x-x-x-

Kise fut appelé par l'assistante du photographe, pressant ainsi les maquilleuses pour terminer leur travail dans les temps. Pour l'occasion, ses cheveux avaient été coiffés en arrière pour s'accorder avec l'élégance de son costume d'un bleu profond. Il s'avança jusqu'au milieu du décor où ensuite, il suivit les indications dictées par le photographe. Tout en alternant les positions et les expressions, Kise se focalisa sur l'objectif. Autour de lui, il sentait le regard de certains collègues qui le fixaient de travers pendant que d'autres se forçaient à ignorer son existence.

Il y a quelques années de ça, pourtant, ils buvaient tous ensemble à la fin de chaque shooting.

C'était une chose qui l'avait beaucoup dérouté, une fois que le scandale avait étalé au monde nippon ses orientations sexuelles. Tous ses présumés amis et parfois les membres de sa propre famille s'étaient éloignés pour éviter de se faire éclabousser à leur tour. À contrario, certaines personnes l'avaient abordé pour soutenir la cause homosexuelle, mais tous leurs faits et gestes étaient calculés. Ces conversations n'avaient alors plus rien de naturel et pendant tout ce temps, Kise s'était vu comme une bête de foire à qui l'on demandait de sauter à travers le cercle en feu.

- Enchanté, je suis Kuroko Tetsuya. Je veux que tu sois l'animateur de mon émission radio. Voici ma carte.

Le photographe lui laissa cinq minutes de pause. Il en profita alors pour boire avant de se faire alpaguer par les maquilleuses pour retoucher quelques points. Pendant ce temps, Kise continua de repenser à sa première rencontre avec le bleuté. Ce petit bout d'homme qu'il avait fait congédier sans état d'âme par la sécurité, deux hommes musclés qui n'avaient rencontré aucun mal à soulever cette brindille qui pourtant ne s'était jamais pliée.

À partir de ce jour, Kuroko n'avait eu de cesse de venir sur ses différents lieux de shooting ou de tournage pour lui proposer ses services et cela qu'importe l'accueil qu'il recevait. Et autant aujourd'hui Kise souriait abondamment, à l'époque où le scandale venait d'éclater, il était aussi accueillant et chaleureux qu'une porte de prison.

Telle une bête mise à terre, il montrait les dents pour se défendre. Son regard froid étant une arme redoutable qui aurait su refroidir le plus courageux. Seulement, Kuroko était l'exception à la règle. Le jeune scénariste était revenu encore et encore, qu'importe la météo et l'accueil. Ses yeux déterminés n'avaient jamais montré une lueur d'abandon ou d'hésitation, alors qu'il le fixait droit et fier, au milieu des moqueries des personnes autour d'eux.

Je pense que tous les deux, nous pouvons faire la différence. Je ne te demanderai jamais l'identité de cette personne, car ça ne regarde que lui et toi.

Un soir, sans savoir encore aujourd'hui comment, Kuroko avait trouvé son adresse, alors que même sa propre famille l'ignorait. Un pack de bières tenu dans le creux de sa main.

- Ce que je souhaite, c'est que nos auditeurs découvrent qui est véritablement Kise Ryōta. Pas le mannequin, ni l'homme. Juste une personne qui en aime une autre.

Bien que cela prit du temps pour le convaincre, Kuroko avait fini par réussir et à présent, cela faisait un an et demi qu'il était animateur radio. Pour sa toute première émission à la radio, Kuroko, le scénariste, avait tapé fort en abordant directement le sujet du scandale, mais à la différence de tous les journalistes, il le traita sous un angle différent. Le texte qui avait été écrit conjointement avec Kise, afin d'être sûr du choix des mots et de ce qui devait être révélé ou non, portait un message avant tout solidaire.

- Car qu'importe le sexe ou les origines, l'Amour n'en tient pas compte. Si vous aimez une personne pour ce qu'elle est et non ce qu'elle représente, votre bonheur ne rencontrera aucune limite.

Kise se souvint avoir prononcé cette phrase au micro, alors que les larmes ruisselaient le long de son visage. Durant sa toute première émission, il se souvint à quel point il avait bégayé à cause des sanglots qu'il n'avait que difficilement retenus.

Quelques semaines après, grâce à la proposition de Kuroko et au soutien de l'équipe, sa popularité était remontée et de nouvelles marques souhaitaient utiliser son visage. Grâce à eux, sa carrière avait pu renaître de ses cendres. C'était encore difficile, beaucoup de marques et de personnes le jugeaient en fonction de ses relations sexuelles, mais il avait du travail. Doucement, mais sûrement, les contrats revenaient petit à petit à lui.

« Tu savais à quoi tu t'exposais en aimant des hommes.

Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. »

L'assistante du photographe revint dans sa loge pour l'avertir de la reprise et après avoir remercié les maquilleuses, Kise quitta sa chaise pour reprendre sa place. Un large sourire vint illuminer son visage aux souvenirs joyeux et confortables qui continuaient de le traverser, exposant son assurance à ces personnes qui le regardaient de travers ou qui déviaient leurs regards sciemment pour ne pas rencontrer le sien. Pour eux et toutes ces personnes dans l'ombre, il continuerait à sourire encore et toujours plus fort. Il ne les laisserait plus gagner, comme cette journaliste qui avait publié cet article assassin contre les homosexuels ou cette solitude qui l'avait habité durant ces trois dernières années. Kuroko lui avait appris à sourire malgré les difficultés rencontrées et il s'y tenait.

La vie continuait son cours et il allait en faire de même.

Le soir-même, Kise rejoignit le studio d'enregistrement afin d'animer l'émission de radio. Comme d'habitude, il lut les textes établis par Kuroko et interviewa les différents artistes et les auditeurs qui passèrent à l'antenne. Les premières émissions avaient été compliquées, car comme tout domaine, certains codes régissaient l'univers de la radio et Kise avait dû s'adapter. Kuroko lui avait donc appris les ficelles du métier. Avec l'expérience et les astuces entendues à droite et à gauche, Kise avait fini par réussir à poser sa voix.

« Encore merci à vous tous pour nous avoir écoutés ce soir. »

Après avoir présenté le collègue qui allait le remplacer pour le reste de la soirée, Kise reposa son casque sur le bureau et sortit de la petite pièce. Une fois dans le couloir, il relâcha la pression qui s'était accumulée sur ses épaules, exécutant dès lors des mouvements circulaires pour dénouer le tout avant d'expirer lentement. Il avait hâte de rentrer chez lui et de se jeter dans son lit, la tête enfouie dans son oreiller.

Il fut cependant arrêté par une chevelure bleutée et des yeux désapprobateurs. Kuroko n'avait jamais été facile à duper et pour l'avoir poursuivi durant plusieurs mois et l'avoir vu dans plusieurs états non élogieux, Kise savait qu'il ne s'en tirerait pas aussi facilement qu'avec Momoi. Rapidement, son ami entrouvrit ses lèvres pour lui tirer les vers du nez et savoir ce qui n'allait pas.

« Kuroko. »

Avant de la refermer aussitôt.

Kise et lui observèrent la silhouette d'Akashi qui avançait vers eux, avant de finir par les rejoindre. La main de l'homme d'affaires glissa contre le bas du dos du bleuté, de manière si furtive que ça aurait pu passer inaperçu si le mannequin n'était pas au courant du type de relation qu'entretenaient ces deux-là. Le couple n'échangea que quelques paroles avant que Kuroko ne retourne son attention vers lui. Mais ce n'était ni le lieu, ni le moment pour avoir cette conversation. Akashi venait de le sauver sans le savoir.

Les yeux de Kuroko lui firent pourtant comprendre qu'il ne lâcherait pas l'affaire, mais Kise ne s'en soucia pas. Ce ne serait pas ce soir et c'était tout ce qu'il lui fallait.

« Bonne soirée à tous les deux. »

Il se pencha respectueusement vers l'avant et dépassa ensuite le couple pour reprendre son chemin. Contre son dos, il sentit encore le regard désapprobateur de son ami, mais il ne se retourna pas et continua d'avancer. Son pas s'accéléra même davantage lorsque son esprit, à présent inoccupé, lui fit voir la bague que portait Momoi. Le déni ne le protégerait pas de la douleur de le revoir après toutes ces années.

Au fond de lui, Kise était terrorisé. Il se souvenait que leur dernière conversation n'avait pas été des plus joyeuses.

Désemparé, Kise se laissa tomber contre le canapé installé dans le couloir du hall d'accueil. Il s'y allongea ensuite, avant de critiquer sa dureté, marmonnant que ce serait bien d'y ajouter quelques oreillers. Le bruit de la machine à café remplissait les lieux qui se vidaient au fur et à mesure que la nuit s'installait à l'extérieur.

Depuis sa plus tendre enfance, les yeux de Kise étaient attirés par les courbes masculines. Ce fut donc très tôt qu'il comprit son attirance pour la gent masculine. Loin d'être de nature discrète, cela lui avait parfois joué des tours au cours de son enfance. Ainsi lorsqu'il était au lycée et formait le duo infernal avec Aomine, il ne savait le compte exact où son ami avait dû le défendre et parfois même se battre pour que ces idiots cessent de le juger pour ce qu'il aimait et non ce qu'il était au fond. C'était toujours Momoi qui parvenait à calmer les esprits et éviter que le basané ne s'en tire avec des sanctions.

Aomine n'aimait pas les hommes, il préférait les jolies filles aux fortes poitrines. Ce dernier s'en vantait même dès que l'occasion s'y prêtait, ne prenant même pas la peine de cacher ses magazines dans sa chambre. Mais leur amitié avait toujours été spéciale, d'une complexité qui échappait même à Momoi.

Kise serra son haut à l'intérieur de sa main et ferma les yeux. Sa relation amoureuse avec Aomine lui paraissait encore être au-delà du possible, mais c'était bien le basané qui était venu à lui, qui avait posé le premier ses lèvres contre les siennes.

Je sais pas ce qui est en train de se passer entre nous. Mais tu me connais, j'aime pas réfléchir. Alors on se lance ?

Un rire mélangé entre amusement et tristesse vint secouer ses épaules et sans crier gare, Kise se redressa d'un seul coup et cria.

Pour subitement entendre derrière lui un bruit sourd qui le fit se retourner, les yeux grands ouverts.

« Mais ça va pas la tête ?! »

Se tenant de l'autre côté du canapé, un jeune homme ramassa la housse de sa guitare et son sachet plastique tombés par terre. Il réajusta la housse autour de son épaule avant de diriger ses yeux d'un bleu polaire dans sa direction.

« On surprend pas les personnes comme ça. Et si ça avait été une personne cardiaque ? »

La voix portante de ce garçon commença à faire sortir quelques personnes de leurs bureaux pour voir ce qui était en train de se passer, voyant donc ce brun faire des remontrances à l'animateur. Rapidement, l'un d'entre eux intervint et posa sa main autour de l'épaule du garçon pour attirer son attention. Un homme bedonnant que Kise avait plusieurs fois vu discuter avec Kuroko, lui faisant ainsi se rappeler qu'il était aussi animateur radio : Genta Takeuchi, animateur pour les matchs de basket japonais.

« Du calme, Kasamatsu. Il s'agit d'un simple accident. »

Le regard polaire du dénommé Kasamatsu quitta Kise pour se reporter sur Takeuchi. Quelques messes basses remontèrent jusqu'à leurs oreilles, de la part de ces personnes qui s'étaient agglutinées pour connaître les dernières histoires. Le brun soupira longuement pour calmer ses nerfs. Sa main tendit par lui suite le sachet plastique en direction de Takeuchi.

« T'as encore oublié ton repas. À toute. »

Sans un mot de plus, Kasamatsu se détourna de tout l'attroupement et disparut. Takeuchi avança jusqu'à être à la hauteur du blond et, comme pour Kasamatsu, vint poser sa main contre son épaule. Un geste qui lui semblait anodin, mais dont Kise se méfia. Il était devenu suspicieux par les agissements d'autrui. Les médias lui avaient appris que tout le monde agissait avec une arrière-pensée en tête.

« Pardonne-lui, tu veux bien ? Il est brut de décoffrage, mais il est pas méchant pour un sous.

— Pas de problème. C'est déjà oublié. »

Un sourire reconnaissant s'étira sur les lèvres de l'adulte, qui lui souhaita de passer une bonne soirée avant de retourner à son bureau. Peu de temps après, Kise rentra enfin à son appartement et consulta son téléphone.

Aucun nouveau message.

-x-x-x-

« C'est pour moi ? »

Kise cligna des yeux à maintes reprises pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une hallucination. Devant lui se trouvait Kasamatsu, ce brun qu'il avait surpris la veille et qui s'était mis à le réprimander bruyamment.

Son vis-à-vis lui tendait une canette du distributeur d'à côté et pendant un instant, Kise se demanda si celle-ci n'était pas empoissonnée. Il se demanda même si Kasamatsu n'avait pas craché dedans. Mais ladite canette était encore fermée, alors tout devrait bien se passer, n'est-ce pas ?

« Merci ? »

Kise finit par ouvrir la boisson et en boire quelques gorgées. Tout semblait normal.

« Tu pensais réellement que j'avais mis quelque chose dedans ? »

Le regard dédaigneux que lui envoya Kasamatsu fit s'étirer sur les lèvres du mannequin un sourire désolé, mais le brun soupira avant de passer sa main dans ses cheveux courts.

« Je sais que j'ai eu tort de te crier dessus comme ça hier, ok ? Mais c'est pas une raison suffisante pour t'empoisonner. Merci bien, mais si je dois aller en prison, je souhaiterais que ce soit pour une raison moins grotesque.

— C'est clair que ce serait ridicule. »

Kise pensa à voix haute au casier judiciaire qu'aurait Kasamatsu après son crime et l'intitulé de ce dernier : a empoisonné une célébrité, car celle-ci l'avait surpris. Le rire qui le traversa avait fait monter les larmes à ses yeux, alors qu'il tentait de se maintenir et ainsi éviter d'offusquer le brun. Après tout, ce dernier semblait relativement susceptible et à fleur de peau.

Cependant, au lieu de cela, un discret rictus se forma sur le coin des lèvres de son interlocuteur et déraidit légèrement son visage sévère. Il comprit alors que sous cet air colérique se cachait une part d'humour.

« Bon, sur ce. Je suis Kasamatsu Yukio, enchanté. Cet imbécile a encore oublié son repas, alors je te laisse, à la prochaine. »

Sans attendre une réponse de sa part, le brun s'éloigna en agitant sa main dans les airs afin de le saluer. Était-il un membre de la famille de Takeuchi pour ainsi lui apporter les repas du soir ?

« Takeuchi Genta est son beau-père. »

La soudaine voix fit sursauter Kise qui quitta ainsi son siège sur le canapé de la salle de pause. Contre le dossier, de l'autre côté du canapé, se trouvait Kuroko qui sirotait tranquillement son chocolat chaud. L'air ahuri qui recouvrait son visage fit seulement hausser les épaules du scénariste, pas désolé pour un sou.

« Je m'inquiétais, alors je me suis approché. Kasamatsu-san n'est pas connu pour son amabilité, confia le bleuté.

— Il m'a offert une canette en signe d'excuse.

— Ça ne m'étonne qu'à moitié. Vous pourriez bien vous entendre, si tu veux mon avis.

— Voyons Kurokocchi, tout le monde m'adore déjà ! »

Dubitatif à ce sujet, Kuroko ne répondit rien et laissa planer un certain silence, tandis qu'il buvait sa boisson chaude. Il ne fut donc pas surpris en entendant Kise se mettre à chouiner et soutenir le fait qu'il était irrésistible.

Les jours qui s'ensuivirent, de temps à autre, Kasamatsu et lui partageaient quelques minutes sur le canapé de la salle de pause. Ils parlaient parfois de leur travail, que ce soit le mannequinat ou l'animation à la radio et Kise put ainsi apprendre que Kasamatsu donnait des cours de guitare à quelques lycéens et collégiens. L'autre partie de son temps, le brun s'occupait de son beau-père et de ses problèmes de santé, apprenant ainsi par extension que Takeuchi avait des problèmes de cœur. Il comprit donc la raison de son énervement de la dernière fois.

« Et tu n'as jamais pensé à vivre de la musique ? Demanda-t-il en regardant la housse de la guitare posée à côté de lui.

— Créer un groupe et faire des tournées, tu veux dire ? » Ricana le brun.

Au ton de son rire, Kise comprit que cette idée avait bien sûr traversé l'esprit du brun, mais que l'envie n'était pas du tout présente.

« J'en sais suffisamment sur l'industrie de la musique pour savoir que signer chez eux, c'est comme vendre ton âme au diable. Je veux pas dénaturer ma musique avec des actions marketing. Ça m'a suffi de voir mes parents se détruire à cause d'eux. »

Après avoir jeté un coup d'œil à son téléphone pour se rendre compte de l'heure, Kasamatsu se redressa et ajusta la housse de sa guitare contre son épaule. Ses yeux d'un bleu clair observèrent de nouveau Kise qui put apercevoir à nouveau ce rictus discret sur le coin de ses lèvres.

« Mais ça ne doit pas être un secret pour toi, non ? Les journalistes, c'est la peste de notre époque. »

Les mots étaient durs, même lui n'était pas allé jusqu'à employer un tel terme. Kise en resta muet, tandis que Kasamatsu le salua pour ensuite rejoindre son beau-père.

Plus tard dans la soirée, à l'intérieur d'une chambre d'hôtel, Kise put entendre l'eau de la douche s'écouler dans la pièce à côté. Allongé dans le lit, son téléphone entre les mains, les mots de Kasamatsu tournoyaient encore dans son esprit. Il serait simple de chercher sur les réseaux le nom du brun et connaître la raison de ses propos, mais le blond était bien placé pour savoir que ce qu'il pourrait y trouver ne serait pas justifié ou la réelle réalité. Ses doigts le démangeaient, mais il résista.

Après tout, il s'agissait de la vie privée de Kasamatsu et celle de sa famille.

Était-il dans le droit de s'y immiscer ?

-x-x-x-

Aujourd'hui, c'était son jour de repos. Il accompagnait Momoi faire les magasins pour la soirée qui suivait son mariage au temple. Perfectionniste sur les bords, elle voulait s'assurer de tout, dans les moindres détails, et comptait sur son œil avisé pour repérer les beaux objets et les accorder de la meilleure des façons. Sa bague captait par moment les rayons du soleil et resplendissait comme jamais, attirant son attention à chaque fois qu'elle passait sous ses yeux.

Grâce aux réseaux sociaux, il avait appris qu'Aomine était de retour au Japon. Momoi avait posté une image les montrant tous les deux, pour fêter leurs retrouvailles. Le blond n'attendait plus que la jeune femme lance le sujet. Après tout, il était sûr que le basané ne se présenterait jamais comme une fleur à une journée shopping. Le brun avait toujours détesté ça et lui avait toujours laissé cette tâche avec grand plaisir.

« On a parlé de toi avec Dai-chan. »

Une chose pour laquelle Kise appréciait beaucoup Momoi, c'était sa franchise. Cependant, pour le coup, sa remarque l'atteignit en plein cœur, avec la douloureuse sensation de s'être pris un coup. Il s'intéressa alors à son amie qui avait délaissé des tissus de table pour se tourner dans sa direction, les yeux brillants.

De toute évidence, elle n'aimait pas son rôle de pigeon voyageur.

« Il est…

— Si c'est pour me dire qu'il est désolé, je veux l'entendre de sa bouche. Ce n'est pas contre toi, Momoicchi, mais je n'accepterai pas ses excuses si elles viennent de ta bouche. »

Elle se tut.

Visiblement, il avait tapé juste et soupira. Cela ne l'étonnait même pas, à vrai dire. Aomine s'était toujours servi de la gentillesse de Momoi pour se décharger de ses propres tâches.

Kise adorait la jeune femme, mais pour ce genre de choses, il ne se laisserait pas amadouer par son joli minois et leurs années d'amitié. Cette conversation, il devait l'avoir en face-à-face avec Aomine. C'était avant tout une question de respect pour lui-même, mais aussi vis-à-vis de leur relation passée.

Ils continuèrent à faire les magasins, mais l'esprit n'y était plus. Ils finirent par se quitter quelques boutiques plus loin, repartant chacun de leur côté.

-x-x-x-

Au studio d'enregistrement, Kise était toujours de mauvaise humeur. Le comportement d'Aomine ne le surprenait pas, mais plus les heures passaient et plus il ruminait et se posait des questions parfois farfelues. La première étant que depuis le départ, Aomine ne lui accordait aucune importance et se fichait royalement de ses sentiments. Il savait que c'était faux, qu'Aomine ne se préoccupait pas de faux semblants, ni ne se forçait pour quoi que ce soit, mais il avait mal.

Il était blessé et sa blessure ne parvenait pas à guérir.

« Bouffe asiatique ou occidentale ? »

Kise fut surpris de voir Kasamatsu à l'intérieur du bureau de Kuroko, qu'il lui avait laissé pour que leurs collègues arrêtent de lui poser des questions sur son humeur.

« Ton ami m'a dit que tu te cachais là, se justifia le brun. Alors que veux-tu manger ce soir ?

— Maji Burger. »

Sur le trajet pour rejoindre le fast-food, aucune parole ne fut échangée entre les deux hommes. Comme à chaque fois qu'il devait se mêler à la foule, Kise avait mis sa casquette pour camoufler sa chevelure et une grosse écharpe pour parer au froid et cacher un peu plus son identité. La dernière chose dont il avait envie était de se faire acculer par des fans.

Une fois installés au chaud et leurs plateaux remplis d'hamburgers, ils se mirent à manger dans le même silence qui les accompagnait depuis le début de leur sortie. Pour une fois, le blond n'avait pas envie de faire la conversation et de surjouer. Le faire tous les jours, à tout moment, était épuisant. Tout comme Kuroko, Kasamatsu le mettait à l'aise. Il sentait que le brun ne le jugerait pas ou ne profiterait pas de lui. Tous deux pourraient se poser des questions, dans le but d'en savoir plus sur l'autre ou pour savoir comment s'était passé leur journée, mais leur silence avait quelque chose de confortable.

Quelque chose qui n'avait pas besoin d'être brisé par des paroles vides de sens.

Des éclats de rires puissants vinrent pourtant déranger leur échange silencieux. Cela attira son regard pour connaître l'origine du bruit. Ses yeux s'agrandirent en apercevant les deux silhouettes masculines qui venaient d'entrer dans l'établissement. Ses yeux eurent à peine le temps de se poser sur les traits de son visage qu'il sentit un éclair le traverser et son cœur redémarrer à toute allure.

Aomine était là.

Les trois années passées et le sport intensif de la NBA avaient élargi ses épaules, mais son sourire franc et son rire puissant étaient toujours les mêmes. Kise saurait les reconnaître dans n'importe quelle situation et cela malgré les années écoulées et le silence de son ancien amant qui les avaient davantage séparés.

Au fond de lui, un trop plein d'émotions bouillonna et était prêt à exploser. Mais surtout, l'émotion qui prédominait toutes les autres, la colère et la rancune notamment, était celle de se mettre à pleurer. Les larmes commençaient déjà à prendre possession de ses yeux, le faisant voir trouble. Son cœur lui faisait mal. Des milliers de questions ravageaient son esprit et blessèrent davantage son organe vital.

Son plateau entre les mains, Aomine se retourna pour chercher une table de libre. Ce fut alors qu'il le vit à son tour. L'homme à ses côtés, un rouquin, bouscula son épaule face à son arrêt.

Un sourire tordu s'étira sur les lèvres de Kise, après avoir remarqué les anneaux similaires qui pendaient autour du cou des deux hommes.

Quel idiot.

« Excuse-moi. »

Il ne maîtrisa pas le ton sa voix qui tremblait, un mélange de colère et de tristesse profonde. Il avait envie de vomir.

Sans un regard ou un mot de plus vers Kasamatsu, il sortit du fast-food tout en ignorant consciemment les regards lancés par Aomine. Ces appels silencieux qui cherchaient à entrer en contact avec lui, à le retenir pour s'expliquer. Mais expliquer quoi ? Ce silence de trois ans, ce n'était pas lui qui l'avait voulu. Il avait envoyé d'innombrables messages, avant de finir par comprendre. Aomine ne voulait plus de lui.

Il entendit à peine le juron que lança ce dernier, alors que la porte se refermait derrière lui, trop obnubilé par le fait de mettre de la distance entre eux-deux et s'échapper.

À peine quelques mètres plus loin du fast-food, dans une ruelle qui se terminait en impasse, Kise s'appuya contre le mur en inspirant et expirant longuement. Sa main tint fermement son T-shirt, à l'emplacement de son cœur qui martelait contre sa cage thoracique. Il n'allait pas vomir. Tout allait bien. Aomine s'était juste trouvé quelqu'un d'autre, la vie avait suivi son cours.

Tout. Allait. Bien.

Son poing rencontra le mur et un geignement traversa sa gorge, alors qu'il ramenait sa main endolorie contre son torse. Les larmes ruisselaient contre son visage, brisant tous ses barrages.

« Kise ! »

Pendant un quart de secondes, Kise craignit que ce soit la voix d'Aomine et ce fut un mélange de soulagement et de déception qui l'envahit en apercevant la silhouette de Kasamatsu.

Un rire amer secoua ses épaules. Aomine n'avait jamais pris de ses nouvelles en trois ans, alors pourquoi se mettrait-il à lui courir après ? Il récupéra ainsi son écharpe et sa casquette, que lui avait rapportées Kasamatsu, et qu'il remit à leur place.

Sa main abîmée ne passa pas inaperçue aux yeux aiguisés du brun. Sans la moindre délicatesse, il attrapa son poignet pour voir les dégâts sous un meilleur angle. Quelques gouttes de sang glissèrent des plaies et s'enroulèrent autour des longs doigts du mannequin.

« Bien joué. Est-ce ça t'a soulagé au moins ?

— Pas vraiment. »

Kise put voir se dessiner sur les lèvres de Kasamatsu un sourire amusé, loin d'être moqueur. La situation était absurde. Tout le monde savait que le résultat d'une rencontre entre un poing et un mur était couru d'avance. C'était loin d'être intelligent, mais en ce moment, Kise avait éteint son cerveau.

« Mon appart est à côté et j'ai des bières au frais. Tu peux aussi rentrer chez toi, je n'insisterai pas.

— Quitte à ruminer du noir, ce serait mieux avec quelqu'un.

— Et avec des bières. »

La remarque du brun étira un léger sourire sur ses lèvres. Ainsi, sans un mot de plus, il suivit Kasamatsu jusqu'à son logement. Ce soir-là, le brun ne lui posa aucune question. Il lui joua même quelques morceaux de guitare et lui accorda quelques reprises au fur et à mesure que les bières se vidaient.

Tout doucement, la fatigue accumulée de ces derniers jours lui tomba dessus et Kise s'endormit sur le canapé de Kasamatsu. Ce ne fut que le lendemain matin, en se réveillant en sursaut de ne pas reconnaître l'endroit, qu'il découvrit sur lui une couverture. Ses traits se détendirent un instant en se remémorant la soirée, mais le visage d'Aomine lui apparut. Kise repensa à cet anneau qui était accroché au cou du basketteur, qui durant leur relation n'avait jamais souhaité des signes d'affections que les autres pourraient apercevoir. Aomine avait été catégorique sur ce sujet-là et bien que cela l'avait touché, il n'avait rien laissé transparaître et avait continué à lui sourire.

Les larmes vinrent lui piquer ses yeux, mais Kise se refusa de les laisser tomber. Il se força plutôt à sourire pour lui-même, pour ne pas laisser gagner le basané et quitta le lit.

Ce matin-là, en se réveillant, Kasamatsu découvrit un assortiment de petits déjeuners et le visage rayonnant du blond.

« Je ne savais pas ce que tu aimais, alors j'ai fait un peu de tout. »

Au lieu de s'asseoir et commencer ce véritable festin, Kasamatsu contourna la table et s'arrêta face à lui. Il leva sa main pour l'amener vers le visage de Kise qui, ne sachant pas à quoi s'attendre, se crispa de la tête aux pieds tout en observant attentivement le visage sérieux du brun.

Malgré leur différence de taille, la main de son interlocuteur se posa délicatement contre l'arrière de son crâne. Cela l'obligea néanmoins à se pencher légèrement vers l'avant. Kise n'avait pas l'habitude de se faire réconforter et encore moins câliner. Il n'aurait même jamais parié sur Kasamatsu pour lui offrir une étreinte, aussi simple soit cette dernière. La surprise de son geste fit donc tambouriner son cœur, qui ne savait pas quoi en penser.

« Mais qu'est-ce qui te prends à gigoter comme ça, bordel ? S'écria le brun en retirant sa main, l'expression sévère.

— C'est plutôt à moi de te poser des questions ! Qu'est-ce qui t'a pris ? Tu fais ça à toutes les personnes qui te préparent le petit déj ? T'es pas réveillé en fait et tu m'as confondu avec quelqu'un ? Tu...

— Roh, mais la ferme ! »

Le ton ennuyé de Kasamatsu le fit se taire immédiatement. Le coin de ses lèvres se mit cependant à trembler de plus en plus en apercevant les rougeurs apparaître sur le visage du brun.

« Attends... me dis pas...

— Tais-toi.

— Tu t'inquiétais pour moi ? »

Le visage de Kasamatsu prit davantage de couleurs, se transformant cette fois-ci en un joli rouge cramoisi.

Kise ne put retenir le rire qui montait en lui et s'esclaffa comme cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps, pendant qu'il esquivait les tentatives d'assassinat de Kasamatsu. Dans le but d'éviter que le blond ne répète à tout le monde cet instant matinal.

Malheureusement pour le brun, il ne parvint pas à réduire le blond au silence ce matin-là. Il ne manqua donc pas de remarquer le sourire moqueur de Kuroko lorsqu'il croisa le scénariste quelques jours plus tard. Il eut même la confirmation que Kise en avait parlé avec tout être vivant lorsque son beau-père, qui n'était pourtant pas dans l'équipe du blond, avait entendu parler de cette affaire du petit déjeuner. Kasamatsu sut donc que sa réputation de jeune homme froid et désagréable ne tenait à présent plus la route.

Chaque soir, il livrait le repas que son beau-père oubliait. Du moins, il le soupçonnait de le faire exprès.

« Tu as vu Kise aujourd'hui ? »

Mais pouvait-il réellement parler de soupçon lorsque Takeuchi l'accueillit ainsi, avant même de lui faire des salutations ?

« Non. Et crois-moi, la prochaine fois que je le recroise, il goûtera à mon coup de pied. »

Un long soupir le traversa tandis qu'il posa le bentô sur le bureau de son beau-père, s'asseyant sur un des sièges disponibles. Il regarda autour de lui le studio d'enregistrement où Takeuchi passait la plupart de ses journées. Des micros ainsi que des ordinateurs occupaient l'espace, tandis qu'à côté, dans la petite pièce vitrée, devait se tenir tout le matériel technique utile au bon déroulement de l'émission radio.

« Mais pourquoi tu me demandes ? Normalement, tu me dis que dans ton temps, vous seriez déjà mariés, plaisanta-t-il en se rappelant toutes les railleries que son beau-père lui sortait en temps normal.

— Son équipe partait boire un coup et habituellement, Kise est toujours partant, c'est même le premier à en proposer. Mais ce soir, il était pressé de partir.

— Et alors ? Il a peut-être un shooting. » Supposa-t-il.

Takeuchi le regarda longuement avant de s'asseoir plus confortablement sur son siège. Il ne pouvait pas en vouloir au brun de ne pas le croire, après tout, il n'était dans les locaux de l'entreprise qu'une partie de la journée et la plupart du temps quand l'équipe de Kise terminait leur enregistrement. De ce fait, parfois, Kasamatsu et Kise ne faisaient que se croiser et n'avaient pas réellement le temps pour de longues conversations. Quelquefois, ils ne se croisaient pas du tout, comme ce soir.

« Et puis si tu es inquiet pour lui, t'as qu'à interroger Kuroko. Il saura mieux te répondre que moi, poursuivit le brun.

— Justement. Kise lui a dit que tout allait bien. »

Ces mots, Kasamatsu ne les avait que trop entendus. Ces mensonges pour rassurer l'entourage et ne pas recevoir de la compassion inutile, continuant à porter le monde sur leurs épaules et à braver mers et tempêtes seuls. Ses yeux s'assombrirent au même titre que ceux de Takeuchi, qui tout comme lui avait vécu la même expérience.

« Ne t'inquiète pas, mon fils.

Tout va bien.

Tout va bientôt rentrer dans l'ordre. »

Un sourire forcé et des yeux contenants des larmes de justesse. Kasamatsu avait arrêté de compter le nombre de fois où sa mère lui avait sorti cette comptine. Était-ce pour se persuader elle-même que tout allait bien ou pour le rassurer lui ? Peut-être un peu des deux. Seulement, le résultat n'avait jamais été présent et cela ne le faisait que s'inquiéter davantage lorsqu'il l'entendait pleurer la nuit, pensant qu'il s'était endormi.

« Que veux-tu que je te dise ? Je n'ai même pas son numéro et je ne connais pas son adresse. »

Un papier fut glissé sous ses yeux. Le regard de Kasamatsu alterna entre ce morceau de papier et le regard espiègle de son beau-père.

« Numéro de téléphone et adresse. Offert par Kuroko. »

Des rougeurs pimentèrent les joues du brun. Il se saisit timidement du papier, qu'il déplia, avant de jeter un coup d'œil vers Takeuchi.

« Si nos inquiétudes sont infondées, excuse-nous auprès de lui. Mais comme ta mère, Kise a besoin d'être secoué. Tu l'as toi-même vu, il ne va pas bien. »

Évidemment que le mannequin ne pouvait allait bien après que le monde médiatique se soit abattu sur lui par tous les côtés, violant son intimité et ses secrets. Comme pour beaucoup de monde à présent, l'homosexualité du blond ne lui était pas inconnue et il avait pu voir cette photographie représentant Kise avec cet homme, dont le visage avait été flouté. Et par un concours de circonstances, ce soir-là au Maji Burger, Kasamatsu avait compris. Après le départ de Kise du fast-food, cet homme avait tenté de le rattraper avant d'être retenu par le rouquin.

Cet homme dont le visage était connu par toutes les personnes appréciant le basketball, mais aussi par ceux qui le voyaient à présent évoluer dans la NBA depuis trois ans. Kasamatsu avait souvent entendu son beau-père apporter ses analyses sur le jeu sauvage d'Aomine Daiki à la radio.

Aomine Daiki était l'amant de Kise, l'homme dont on avait flouté le visage, mais pas celui du mannequin. Comment cela se faisait-il ? Les agents des deux stars n'avaient donc pas fait leur travail ? Kasamatsu n'avait jamais compris ce point.

Pourquoi seul le visage de Kise était visible ?

Kasamatsu salua son beau-père et prit le chemin de la sortie, le papier offert par Kuroko tenu fermement dans sa main droite. À tous les coups, Aomine et Kise allaient entrer en contact pour se voir et il sentit contre son cœur une inquiétude naître. Il se rappela la main ensanglantée de Kise ce soir-là, après le Maji Burger.

À quelques kilomètres du studio d'enregistrements, Kise observa le ciel étoilé à partir du banc sur lequel il était assis, les mains jointes et son souffle se transformant en buée.

À quelques mètres de lui se trouvait un terrain de street-basket qui lui fit remonter beaucoup de souvenirs, de one-to-one échangés avec Aomine sous les applaudissements de Momoi. Des parties endiablées où aucun d'eux ne désirait perdre. Kise avait toujours aimé le basket du basané, mais surtout l'étincelle qui brillait alors dans ses yeux. Une aura animale en ressortait et l'électrisait, lui donnant à son tour l'envie de se donner à son maximum et de le dépasser.

Avant même qu'Aomine ne lui déclare sa flamme, Kise l'avait toujours aimé. Il s'était rapidement rendu compte que son admiration pour le basané dépassait le stade de l'amitié et de la fascination. Il était tombé amoureux de son style de basket, mais aussi de lui. Il se souvint la joie qui l'avait traversé lorsqu'Aomine l'avait embrassé pour la première fois, se rappelant parfaitement de la sensation de ses lèvres sur les siennes.

« Tiens. »

La nostalgie qui avait fait étirer un léger sourire sur ses lèvres disparut lorsque la silhouette du basané se plaça entre lui et le terrain de street-basket. Ses yeux observèrent la canette cherchée par Aomine au distributeur d'à côté. Il se plongea par la suite dans ces yeux d'un azur profond où il perdait autrefois la notion du temps.

Trois ans.

C'était le nombre d'années exactes depuis la dernière fois où ils s'étaient retrouvés l'un en face de l'autre.