Disclaimer : Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, je ne gagne aucun argent à publier cette traduction, laquelle m'appartient, par contre. Les passages en italiques sont une emphase sur certains mots, ou la pensée d'un personnage, le contexte vous aidera.

Ceci est une traduction de la fanfiction de Lomonaaeren, « Last Lord of the Sun », ( s/12570277/1/Last-Lord-of-the-Sun ). Je n'ai pas encore son autorisation pour publier ma version française, je la retirerai si elle me le demande. Le récit originel est écrit au présent, je me suis permise de le mettre au passé, ça sonnait trop bizarre à mes oreilles sinon.

Cette histoire commence directement dans la chambre du jeune Tom Riddle, onze ans, à qui Albus Dumbledore, alors professeur de Métamorphose à Poudlard, vient de lui annoncer qu'il est un sorcier. Et dans cette version, contrairement à ce qui s'est passé chez J.K. Rowling, il perçoit la noirceur chez son futur élève, et décide de faire quelque chose pour y remédier.

Dernier Seigneur du Soleil.

Alors que Tom Riddle se vantait de pouvoir faire faire ce qu'il voulait aux animaux sans les entraîner, les tripes d'Albus se tordirent vivement, désagréablement.

De la magie sans baguette aussi bien contrôlée à un si jeune âge ? Cela pourrait être impressionnant… mais la compulsion sur les animaux était généralement le prélude à la compulsion sur les humains. La simple pensée de ce que ce garçon pourrait devenir en grandissant donna à Dumbledore l'envie de fuir sur-le-champ.

Ou de lui donner une leçon.

Mais les mots du garçon lorsqu'il était entré dans sa chambre lui revinrent en mémoire. Tom pensait qu'il venait d'un asile. On l'en avait donc menacé. Les menaces d'enfermement mèneraient probablement l'enfant à exercer son contrôle aussi intensément que possible, sur sa magie et sur ceux plus faibles que lui.

Comment pouvait-il laisser le garçon souffrir sur un chemin de Ténèbres ? À blesser les autres ? À se blesser lui-même ?

Albus dirigea la conversation dans une toute nouvelle direction.

- Tu es un extraordinaire petit garçon pour ton âge, déclara-t-il pensivement, prétendant ne pas voir à quel point ces mots faisaient gonfler de fierté la poitrine de Tom. Mais, du fait que tu es dans un orphelinat moldu, je dirais que tu n'as plus de famille ?

Le visage de l'enfant se ferma davantage alors qu'une étincelle de fureur s'alluma dans ses yeux sombres.

- C'est ça.

- Dans ce cas tu vas avoir besoin d'un mentor magique pour entraîner tes pouvoirs, annonça Dumbledore.

La tradition qu'il invoquait était vieille, mais elle était toujours parfois pratiquée, il n'était donc pas en train de mentir.

- Beaucoup de jeunes puissants sorciers qui sont venus à notre école ont des mentors parmi leurs familles. Les Nés-de-Moldus…

- Qui sont-ils ?

- Des sorciers nés de deux parents moldus, expliqua-t-il en se retenant d'ajouter « comme toi » car en se basant sur la description que faisait Tom de son dressage de serpents il n'en était plus sûr. Ils n'ont pas de mentors magiques, mais d'un autre côté, ils n'ont pas souvent le pouvoir suffisant pour en requérir un.

Le garçon se rengorgea de nouveau. Albus apprenait à le gérer : le féliciter en lui disant la stricte vérité.

- Je n'ai pas d'élève, actuellement. Je serais honoré de te servir de mentor.

- Pourquoi vous feriez ça ? Qu'est-ce que vous voudrez en échange ?

- Mon cher enfant, je suis un éducateur. Entraîner des esprits et des volontés jeunes, forts, est une récompense bien assez suffisante pour moi.

Et empêcher l'avènement d'un nouveau Seigneur des Ténèbres. J'ai contribué à celui de Gellert, je ferais tout mon possible pour que cela ne recommence pas.

Cependant, ceci était une vérité que le garçon n'avait pas besoin de connaître avant longtemps, et à cet instant précis il était trop heureux pour être dubitatif.

- Qu'est-ce qu'on doit faire pour que vous deveniez mon mentor magique ?

- Il y a quelques documents à signer, et quelques tests qui peuvent être passés au Ministère pour déterminer ta puissance magique, l'informa un Dumbledore déjà sûr que Tom les réussirait tous. Si tu veux bien venir avec moi maintenant, nous pouvons déjà passer ses examens préliminaires, ajouta-t-il en tendant la main.

Le garçon ne lui faisait peut-être pas encore complètement confiance, mais il prit la main de l'enseignant, et c'était tout ce qui comptait.

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Tom sortit du cercle de pierres blanches serties dans un anneau d'argent, et cligna des yeux. Une cascade d'étincelles or et bronze jaillissait de la baguette d'essai, filant dans les airs dans le cercle, prenant un long moment pour disparaître.

- Oh, comme c'est excitant, professeur Dumbledore ! Je n'avais pas vu un sorcier de onze ans avoir de tels résultats depuis très longtemps ! Vous avez tout-à-fait raison, il a besoin de quelqu'un de puissant pour l'entraîner…

L'examinatrice, une grande sorcière en robes bleu turquoise, tapait dans ses mains et parlait au professeur Dumbledore si rapidement que Tom ne pouvait suivre toutes ses paroles. Il l'observa, debout à côté du sorcier -ils étaient les seuls dans cette haute et vaste salle-, et hocha pensivement la tête. Il savait bien que Dumbledore ne lui disait pas tout. Oh, le monde magique était indubitablement réel et il n'allait pas dans un asile, mais il savait aussi que le vieux n'avait pas que son bien-être à cœur. Personne n'avait jamais son bien-être à cœur. Et même si c'était le cas de quelqu'un, ça le rendrait juste faible, indigne de son temps et de son attention.

Et cet homme n'est pas faible. L'examinatrice s'était inclinée devant lui à l'instant où elle les avait vus, les yeux écarquillés d'admiration. Des gens s'étaient arrêtés dans l'Atrium pour les regarder passer, s'étaient entassés avec eux dans l'ascenseur et s'étaient tordu le cou pour les regarder. Tom avait écouté attentivement, mais il n'avait entendu personne dire quelque chose de précis sur ce que Dumbledore avait fait, pas même les parents avec leurs enfants.

En fait, certaines personnes semblaient observer l'air autour de Dumbledore, plutôt que lui directement. Comme s'ils pouvaient voir son aura de pouvoir, et que c'était à ça qu'ils réagissaient.

Tom hocha la tête. Un jour, il serait comme ça, lui aussi, connu non pas pour ses exploits, mais pour sa force.

- Il a besoin d'une baguette immédiatement, enjoignait l'examinatrice au sorcier quand le garçon leur prêta de nouveau attention. Pour canaliser tant de puissance, et s'assurer qu'il ne la déverse pas sur les autres et les influence accidentellement… oh oui, une baguette est nécessaire.

Elle regarda Tom de nouveau, et le garçon lui offrit le petit sourire qui calmait parfois Mme Cole. Il y avait là les premiers débuts de l'admiration, au moins dans les yeux d'une personne. Il allait se souvenir de ce à quoi ça ressemblait.

- Merci madame, répondit Tom, qui se tourna et vit Dumbledore l'étudier.

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Il ne comprit pourquoi que lorsqu'ils arrivèrent à la boutique de baguettes, qui était si poussiéreuse et antique que Tom ne savait pas s'il devait respecter le grand homme qui en surgit en se tordant les mains, ou pas.

- Tu dois avoir une baguette, expliqua Dumbledore en repoussant ses lunettes sur son nez et épinglant le garçon d'un regard perçant. Mais tu ne peux faire de magie en-dehors de l'école jusqu'à ce que tu sois majeur.

Tom retint son souffle, de vagues souvenirs d'Histoire moldue lui revenant. Parfois, ils ne considéraient pas quelqu'un prêt à hériter avant l'âge de vingt-et-un ans. Ou dix-huit, au plus tôt.

- C'est quoi l'âge limite ?

- Dix-sept ans.

Pas idéal, mais il ferait avec. Dumbledore lui avait déjà dit qu'il irait à Poudlard pendant sept années. Ce qui voulait dire qu'il aurait dix-sept ans pendant qu'il serait encore étudiant, et ça voulait dire qu'il pourrait utiliser la magie pour se défendre au moins contre quelques Moldus de l'orphelinat en cas de besoin.

- Jeune M. Riddle, le salua Ollivander d'une voix quasiment hypnotique.

Il étudia Tom, ses yeux faisait un rapide détour par son front, pour quelque raison étrange, avant d'acquiescer du chef et commencer à piocher des boîtes de baguettes.

- Cela peut prendre un certain temps de trouver celle qui vous convient. Essayez de trouver la bonne. Prenez celle-ci et agitez-la…

Mais celle en hêtre n'allait pas, ni celle en cèdre, ni celle en ébène ou en frêne ou en saule. Il y en eut une en houx qui était presque bien, au moins elle lança quelques étincelles, mais Ollivander l'avait reprise trop rapidement pour que Tom puisse vraiment y réfléchir. Le fabricant lui octroya finalement un regard curieux qui lui donna envie de se recroqueviller, inquiet de ne pas trouver la baguette qui lui convenait.

Il ne se recroquevillait devant rien ni personne, néanmoins. Il leva la tête, et sonda le fabricant en retour.

- Oui, oui, je pense que cela pourrait marcher, marmonna Ollivander pour lui-même, hochant la tête comme un débile.

Il lui présenta une autre baguette, Tom tendit la main et la saisit…

Et le pouvoir qui s'écoula en lui quand il sentit sa paume s'adapter parfaitement à la poignée ! Il haleta et la pointa vers le haut, et un oiseau d'or fantomatique s'envola de sa pointe, fit des cercles jusqu'au plafond, ses ailes battant et envoyant de petites cascades d'étincelles. Tom la contempla, puis regarda Ollivander.

- Avez-vous déjà vu quelque chose comme ça, monsieur ?, exigea-t-il en le mettant au défi de répondre que oui, il y avait là dehors quelqu'un au moins aussi impressionnant que lui.

Au lieu de ça, le fabricant avait l'air secoué.

- Non, répondit-il. Et je me demande… cette baguette est composée d'if et d'une plume de phénix, M. Riddle. Une de mes plus rares combinaisons. Il est, peut-être, approprié que votre mentor magique soit le gardien du phénix qui a donné une plume de sa queue pour votre baguette.

Le garçon pivota sur ses talons pour regarder Dumbledore. Lequel hocha légèrement du chef avec un sourire.

- Fumseck, éclaira-t-il. Tu le rencontreras lorsque nous irons à Poudlard, Tom.

L'interpellé ne dit rien, mais son contrôle sur sa baguette se raffermit. Il voulait contrôler Dumbledore de près, aussi. Quelles qu'aient été les raisons du professeur pour accepter de devenir son mentor magique, il y avait quelque chose d'extérieur à eux deux qui les déclarait alliés. Dumbledore n'aurait pas pu savoir avec quelle baguette Tom serait compatible.

Il garda son guide bien à l'œil quand ils allèrent à la libraire également. Dès que l'enseignant s'arrêtait devant une étagère pour en analyser le contenu, Tom faisait de même, et ajoutait au panier déjà bien garni tout ce qui semblait intéressant. Pas seulement des manuels pour l'école. Ce n'était pas obligé. Dumbledore payait pour le tout. Et le garçon n'allait pas laisser filer l'avantage de cette générosité quand ça touchait aux livres. Quelles que soient les raisons du professeur.

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- SERPENTARD !

Albus sourit et applaudit pour le garçon svelte aux cheveux noirs qui ôtait le Choixpeau de sa tête avant de se diriger vers la table des vert et argent. En vérité, il n'était pas du tout surpris. Cet enfant montrait déjà de fortes tendances le jour où il était allé le voir à l'orphelinat.

- Quelque chose a changé, Albus, remarqua Armando depuis sa place à ses côtés, la voix chevrotant un peu. D'ordinaire, vous n'applaudissez pas pour la Répartition de Serpentards.

- Oh, c'est Tom Riddle, le garçon dont je vous ai parlé, l'informa distraitement Dumbledore.

Il s'adossa à son siège et observa l'accueil de son protégé par ses nouveaux camarades. Il ne fut pas chaleureux. Quelques-uns le fixèrent et détournèrent le regard, quelques-uns le fixèrent et ricanèrent. La plupart semblaient se satisfaire de l'ignorer complètement. Bien sûr, cela pourrait changer lorsqu'ils apprendraient l'identité de son mentor magique, mais Albus ne compterait pas dessus. Il y aurait toujours des âmes égarées pour ne voir que la pureté du sang, peu importe à quel point Tom excellerait.

D'un autre côté, la tête de Tom se penchait déjà en arrière, et ses yeux s'étrécissaient déjà alors qu'ils les étudiait. Cela fit chaud au cœur à l'enseignant. Cela signifiait que le garçon cherchait déjà des façons de s'infiltrer, des leviers à saisir et manipuler. Et il serait obligé de les trouver. Il se distinguerait sur des chemins qui ne dépendaient pas du sang.

Albus avait déjà dirigé Tom, subtilement, vers quelques livres qui expliquaient l'origine de l'obsession des Sang-Purs pour leur propre histoire et les fois où ils avaient beaucoup perdu en ignorant des Nés-de-Moldus talentueux. Le garçon était impatient de bêtises et de stupidités de toutes sortes. Son mentor ne s'inquiétait pas trop qu'il suive le sentier des puristes du sang, parce que cela voudrait dire répéter leurs erreurs.

- Vous vous attendiez à ce qu'il soit Réparti à Serpentard ?

- J'ai pensé que ce serait très probable.

Armando posa une main sur le bras de Dumbledore. Lequel sursauta, et regarda le Directeur. Ce dernier n'était que de dix ans son aîné, mais agissait de façon bien plus décrépite que c'était toujours un choc de voir à quel point il pouvait être vif quand il le voulait.

- Je trouve remarquable, souffla Dippet, que vous puissiez peut-être surmonter votre méfiance et votre aversion des Serpentards.

Albus cligna des yeux, et hocha la tête pensivement. Il ne voulait pas le reconnaître, pas vraiment, pourtant il savait qu'il enlevait plus de point aux Serpents que la plupart des professeurs, et leur assignait plus de retenues. Bien sûr, cela était en partie dû au fait qu'ils trichaient effectivement plus souvent que les autres Maisons, et que plus d'entre eux pensaient pouvoir se permettre de ne pas faire leurs devoirs grâce à l'identité de leurs arrière-arrière-grands-parents.

Avec son protégé dans cette Maison, et probablement déterminé à y réussir, si Albus lisait bien les signes -en plus d'être exclu du réseau de réponses aux examens et de signatures falsifiées à cause de son statut de sang-, il allait devoir faire attention à ça.

- Merci, Armando, murmura Dumbledore. Oui. C'est une autre chance.

Dippet hocha la tête, souffla de connivence et reprit position dans son fauteuil.

- Je suis sûr que nous pouvons nous attendre à de grandes choses venant de ce garçon, Albus. De grandes choses.

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- Professeur Dumbledore ?

Le mentor de Tom leva les yeux. Ils avaient passé la soirée principalement dans son bureau, Dumbledore montrant à son élève les répétitions dans l'histoire -les rébellions gobelines, les montées de Seigneurs des Ténèbres, la persécution des sorciers par les Moldus- qui résultaient du manque d'attention des gens.

- Oui Tom ?

Le garçon ouvrit la bouche, puis fronça le nez alors qu'une des nombreuses petites horloges sur le mur tintinnabulait. Franchement, le bureau de Dumbledore était plein jusqu'aux ouïes de monstruosités argentées tournoyantes et de presse-papiers. Métamorphosés à partir d'œufs, de petites rocking chairs bougeant toutes seules. La seule chose que Tom trouvait un tant soit peu impressionnante ou imposante était le phénix en train de lisser ses plumes sur son perchoir près du bureau de l'enseignant. Mais il était en train d'apprendre à sentir les auras, et il pouvait sentir l'importance de la douce ombre dorée brûlant continuellement autour de son mentor. Qu'elle puisse s'approfondir jusqu'à atteindre la nuance du feu, il n'en avait pas le moindre doute.

- Oui Tom ?, répéta Dumbledore une minute plus tard, avec un regard affectueux à l'horloge et son coq mécanique surgissant sur le côté.

- Pourquoi est-ce que des choses comme ça se produisent ?

Le garçon agita sa main vers le livre devant eux, traitant d'un Né-de-Moldu qui avait inventé un remède contre la dragoncelle puis l'avait détruit, de frustration, lorsqu'aucun Sang-Pur ne lui avait permis de s'en attribuer le mérite ou lui avaient refuser de lui vendre les ingrédients pour le produire. Le livre était basé sur les journaux de recherches du Né-de-Moldu.

- Je veux dire, la dragoncelle n'a toujours pas de remède, n'est-ce pas ?, continua l'élève.

- C'est exact, Tom. Certains de nos meilleurs Médicomages ont passé de longues années à essayer de recréer la formule de Sorenson. Ils n'y sont jamais parvenus.

- Mais pourquoi les Sang-Purs ont-ils fait ça ?

Il sifflait presque, maintenant, et se leva pour faire les cents pas dans le bureau de Dumbledore ce qui, vu toutes les babioles, était un exercice loin d'être satisfaisant. Après un moment, il abandonna et se rassit brusquement sur sa chaise.

- Pourquoi est-ce qu'ils… ils m'excluent de tout, ils ne veulent pas étudier avec moi, ou ne m'écoutent pas quand j'essaye de leur parler de magie sans baguette, ou ne me laissent pas m'asseoir avec eux lors des matches de Quidditch. Pourquoi est-ce qu'ils sont si stupides ?

Son mentor soupira, retira ses lunettes, et passa un moment à se frotter les yeux avec un mouchoir à pois. Puis il déclara :

- Parce que beaucoup d'entre nous ne font que peu confiance à ce qu'ils ne connaissent pas, mon garçon. Et ils pensent que seules les choses qui ont existé depuis un long moment valent leur confiance. Vois à quel point certains de nos sorts sont antiques, à quel point il est rare que de nouveaux soient inventés. De pauvres gens comme la majorité de tes camarades de Maison ont le même sentiment à propos des familles. Ils ne connaissent pas la réputation des familles des Nés-de-Moldus, ils ne comprennent pas d'où elles viennent ou ce qu'elles croyaient. Alors ils leur tournent le dos et se cachent la tête dans le sable.

- Qu'en est-il de vous, monsieur ?

Tom était à Poudlard depuis un mois, et avait l'impression de connaître le putain de statut de sang de chaque autre Serpentard, mais personne ne semblait discuter de celui des enseignants. En fait, lorsqu'il avait mentionné Dumbledore à une des Lestrange, elle avait eu l'air incroyablement mal à l'aise et avait changé de sujet.

- Moi ?, pouffa le professeur. Pour certaines personnes, j'ai un passe-droit parce que mon père était un Sang-Pur, et que je porte son nom.

- Pour certaines personnes ? Et votre mère ?

- Ma mère était Née-de-Moldus, révéla Dumbledore avec un léger sourire teinté d'une vieille douleur. Et mon père est allé en prison pour avoir attaqué trois Moldus, soupira-t-il en regardant par la fenêtre de son bureau, enchantée pour montrer un petit cottage niché dans une forêt dense. Il en résulte que beaucoup de gens ne savent pas quoi faire de moi.

- Est-ce qu'ils vous respectent pour ça ? Ou est-ce que c'est considéré comme une carrière au-delà de ce qu'accompli un Sang-Mêlé d'ordinaire ?, s'enquit Tom en étrécissant les yeux.

- Ils ne savent pas quoi faire de moi, répéta son mentor. Ils entendent mon nom de Sang-Pur, puis ils se souviennent qui mon père a épousé, et ils s'agitent de confusion. Ils pensent à mon père comme un amoureux des Moldus, puis ils entendent parler de son crime.

- Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ?

- Les crimes ont plusieurs motivations, mon garçon. Mais je pense que la question que tu poses est pourquoi ils ne te respectent pas, toi.

- Je veux… j'aimerais savoir qui étaient mes parents, monsieur, confessa Tom en détournant les yeux, honteux d'avoir avoué ce genre de faiblesse devant Dumbledore.

L'homme toucha son bras gentiment. Il lui souriait, du sourire qu'il réservait habituellement aux Gryffondors dans sa classe. Pas qu'il soit injuste envers Tom ou lui niait les points qu'il avait honnêtement gagné par sa connaissance de toutes les réponses, mais la Maison à laquelle il avait appartenu était évidente.

- C'est un désir naturel pour n'importe quel orphelin que de vouloir connaître l'identité de ses parents, d'où il vient. Mais souhaite cela, Tom. Pas parce que cela t'apporterait plus de reconnaissance de la part de tes camarades obsédés par la pureté du sang. Je te l'assure, cela ne t'apporterait rien du tout. Ils trouveraient une autre raison ou une autre façon de te mépriser.

Le garçon hocha enfin la tête. Oui, il pouvait le comprendre. Il y avait des Sang-Purs à Serpentard qui faisaient partie du réseau de réponses et de faveurs et de parrainage, et qui pourtant se tortillaient sous le dédain de leurs camarades tous les jours, à cause de quelque chose que leur père avait fait, ou leur mère, ou parce qu'un ancêtre était un Sang-Mêlé. Non, il ne voulait pas faire partie de ce réseau si cela signifiait être traité comme ça.

- Alors ce qui compte, monsieur, c'est le pouvoir ?

- Et la façon dont tu utilises ce pouvoir, compléta Dumbledore en désignant du chef le livre que Tom avait mis de côté. La fin de Sorenson a été tragique, mais imagine. Voudrais-tu inventer un remède pour la dragoncelle ? Ou une nouvelle manière de tuer un grand nombre de gens ?

Le jeune Serpentard s'assit et réfléchit à la question. Il serait craint s'il inventait la seconde option. Mais quelqu'un voudrait essayer de la lui voler, aussi. Ou un Sang-Pur tenterait de s'en attribuer le mérite.

Il ouvrit le livre et reprit sa lecture, conscient du sourire approbateur de son mentor.

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- Je… c'est Godric's Hollow ?

Albus acquiesça de la tête en observant Tom tourner sur lui-même lentement. Il avait décidé qu'il ne pouvait pas laisser le garçon seul à l'orphelinat pendant les vacances de Noël. Il serait trop tenté d'utiliser ses pouvoirs pour se faciliter la vie, et l'expulsion de Poudlard aussi bien que la tentation en elle-même serait dangereuse pour les Moldus autour de lui. Et pour lui. Dumbledore s'était repris à… eh bien, être bien plus attaché à Tom Riddle qu'il ne s'était attendu à l'être à n'importe quel garçon ayant le potentiel de devenir un Seigneur des Ténèbres.

N'importe quel garçon.

Pour détourner son esprit du sujet malheureux de Gellert, Albus compléta :

- Effectivement. Mais ma maison n'est pas encore en vue. Viens je t'en prie.

Il marcha vivement sur le sentier, attendant que Tom l'ait rejoint pour ajouter :

- Ce n'est pas un grand manoir, comme en ont certains Sang-Purs. Mais c'est chez moi.

La bouche du garçon s'étira sur le côté d'une manière qui disait qu'il réservait son jugement jusqu'à l'avoir vue. Son mentor gloussa et dégaina sa baguette, l'agitant négligemment, faisant en sorte que les protections tombent juste au moment où Tom regardait dans la direction de la maison. Ce dernier s'arrêta dans un sursaut alors que le cottage apparaissait de nulle part, niché dans un épais bosquet en bord de la route principale vers le village.

- C'est la maison que vous pouvez voir par la fenêtre de votre bureau, souffla-t-il.

- Oui. Avec une petite licence poétique pour la forêt.

Albus avança jusqu'au cottage et ouvrit la porte. Même à cette saison, alors qu'aucune fleur naturelle n'était à éclosion, les irréelles roses blanches qu'il faisait pousser autour de l'entrée perduraient, et un sort les fit se trémousser dans un accueil joyeux.

- Je t'en prie, entre.

Une fois dans la maison, Tom ne put s'empêcher de tout regarder : les étagères bourrées de livres, les épais murs de pierre, la cheminée qui prenait la moitié d'un mur. Dumbledore commença à préparer du chocolat chaud, certain que le garçon allait découvrir le principal trésor de la maison plutôt tôt que tard.

- Monsieur ? Qu'est-ce que c'est ? Un laboratoire de Potions ?, demanda Tom en ouvrant la porte idoine et se tenant sur son seuil, à contempler l'intérieur. Mais je n'ai jamais vu la moitié de ces équipements auparavant… pourquoi avez-vous une baignoire d'or pur, monsieur ?

Albus pouffa de nouveau. Même dans ses moments de plus grande excitation, son élève n'oubliait jamais ses manières.

- C'est pour une expérience, expliqua-t-il par-dessus son épaule alors que le chocolat chaud commençait à siffler.

Il alla chercher dans une alcôve du mur le plus éloigné du pain et du fromage maintenus sous un Charme de Préservation, et vérifia leur état de fraîcheur avec un autre charme. Oui, ça irait. Et il pensait que Tom apprécierait probablement le pain contenant des raisins, et le doux fromage de chèvre aux noix. Les elfes de maison de Poudlard étaient extraordinaires, mais ils tendaient à ne pas proposer autant de variété.

- Je suis un alchimiste, continua-t-il. Tu devrais le voir en été. Nous avons des baquets de sang de dragon bouillonnant partout. C'est vraiment très excitant.

Pour quelque raison que ce soit, il n'eut que le silence en réponse. Il posa le chocolat, le fromage et le pain sur la table avant qu'un bruit ne le fasse se retourner. Tom se tenait là, le regardant fixement, agrippant le cadre de la porte du laboratoire d'une main.

- Et moi ?, demanda-t-il.

- Et toi, quoi ?, s'enquit à son tour Dumbledore sans comprendre.

- Est-ce que je verrai le sang de dragon bouillonnant dans l'été ?, énonça le garçon en avançant d'un grand pas. Ou est-ce que ce sont juste des vacances « j'ai pitié de l'orphelin » et vous me ramènerez à l'orphelinat en juin ?

Albus étudia Tom, plaçant distraitement un sort sur le chocolat pour le garder chaud.

- Je prévoyais de te ramener ici. Si tu le veux. Tu peux, bien entendu, aller ailleurs si tu n'en as pas envie.

Il pensait que ce serait mieux si son élève était ici, mais il pouvait difficilement lui parler de son potentiel de Seigneur des Ténèbres, et il ne pouvait pas le confiner non plus.

Il doit pouvoir choisir librement, ou rien de ce qui s'ensuivra n'aura d'importance.

Tom s'approcha de la table, et contempla avec un regard vide la nourriture et la boisson pendant un moment. Puis il leva les yeux. Dumbledore ne sut pas nommer l'expression de son visage, mais pour une raison inconnue, la lueur dans les yeux du garçon lui rappela Ariana. Il déglutit.

- J'aimerais rester, annonça son élève d'une voix presque inaudible, s'adressant au mur plutôt qu'à son mentor.

- Splendide !, s'exclama Albus en tirant une chaise. Maintenant, assieds-toi et goûte à ce fromage. C'était plutôt une spécialité de ma mère, et je n'ai jamais su si j'arrivais à la faire comme elle…

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Tom ouvrit les yeux tôt, et cligna des paupières. Sa chambre -les mots remuaient quelque chose dans sa poitrine, mais il ne l'écouterait pas, ne pouvait pas l'écouter là maintenant- était au premier étage du cottage, mais il savait que c'était plus sombre que lorsqu'il était allé se coucher la nuit dernière. Il se leva et se faufila discrètement, les pieds silencieux entraînés à la fois à l'orphelinat et à Serpentard, jusqu'en haut de l'escalier pour observer ce qui se passait en bas.

Il y avait une lumière dorée qui venait du rez-de-chaussée. Qu'est-ce que c'était ? Une tentative de se débarrasser de lui ?

Il jeta une couverture bordée de fourrure sur ses épaules et descendit vers la chaude lueur. Le pyjama que Dumbledore avait Métamorphosé pour lui dans la soirée à partir d'une vieille couverture était fin et adornait des Vifs d'Or volant partout. Tom mourrait d'humiliation si le vieil homme avait un visiteur et que l'un d'eux voyait ça.

Cependant quand il arriva en bas, il trouva son mentor, reculant d'un pas devant le gigantesque sapin qui grandissait à travers le sol vers le plafond. Tom regarda attentivement, pourtant il ne pouvait en trouver le bout. Il supposa que Dumbledore avait enchanté le cottage pour paraître plus grand dedans que dehors.

Une partie de lui-même savait cela. L'autre n'arrivait pas à reprendre son souffle.

- Ah Tom !, s'exclama joyeusement Albus.

Lequel agita sa baguette vers les globes de lumière dorée qu'il avait suspendus partout dans les branches de l'arbre. Enfin, juste les branches extérieures, réalisa le garçon après un moment. Rouges, argent, vertes, bleues, bronze, jaunes, et noires étaient les sphères qui pendaient aux branches intérieures près du bas et du haut, ainsi que des ornements gambadant, ayant la forme de serpents, blaireaux accroupis, lions rampants, et des aigles en vol.

- Tu arrives juste à temps pour m'aider à célébrer. Mes excuses pour ne pas avoir mis tout ça en place hier soir, mon garçon. Les derniers contrôles à noter m'ont pris plus de temps que ce que j'aurais cru.

Tom déglutit plusieurs fois. Puis, sans savoir pourquoi, il regarda sous l'arbre.

Il y avait plusieurs cadeaux avec son nom dessus. Enfin, pas juste dessus. Flottant dans les lettres de feu au-dessus des présents, et dansant sur le papier, et planant dans des globes transparents, tournoyant et affichant « TOM » dans une gerbe d'étincelles dès qu'elles étaient dans son angle de vue.

- Viens donc prendre ton petit-déjeuner, puis nous ouvrirons les cadeaux. À moins que tu ne préfères les ouvrir en premier ? Je comprends si tu en as envie.

La majorité des présents avaient l'air plats. Des robes ou des livres, songea le garçon, la bouche très sèche. Il humecta ses lèvres.

Mais il n'était pas un enfant. Ce n'était pas son premier Noël.

Ignorant le fait qu'il n'avait jamais eu de sapin et des cadeaux pour lui auparavant, Tom inclina froidement la tête et s'éloigna de l'escalier.

- Prenons notre petit-déjeuner d'abord, monsieur. Ensuite nous pourrons les ouvrir.

Ses yeux retournèrent sur les cadeaux parce qu'il ne pouvait pas s'en empêcher.

Dumbledore sourit, agita de nouveau sa baguette, et un plateau arriva en flottant de la cuisine, portant une tasse de chocolat fumant, et du beurre, et davantage de ce fromage que Tom avait tant apprécié le soir précédent.

- Nous pouvons manger et les regarder en même temps, proposa-t-il.

Et avec une autre pichenette, une chaise devint une table, et le garçon était assis à cette table et mangeait et, non, il ne quitta pas les cadeaux du regard.

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C'était le bon choix.

Albus ressentait une satisfaction profonde au centre de sa poitrine en observant Tom. À cet instant, le parfait déguisement de son élève avait glissé, et ses yeux étaient brillants de faim. Il ne regardait pas Albus. Il ne cessait de convoiter ces choses.

C'étaient certains des signes que Dumbledore avait perçu comme des avertissements sur les Ténèbres en son futur élève, à l'orphelinat. L'intérêt pour les objets plutôt que pour les gens en particulier.

Pourtant, ne pas regarder son mentor témoignait aussi d'un certain niveau de confiance en lui. Et le meilleur moyen d'empêcher Tom de prendre les affaires des autres était de lui donner des affaires à lui.

Albus remarqua aussi la façon dont les yeux du garçon s'égaraient occasionnellement sur le sapin, en particulier sur les serpents et les orbes verts.

J'ai très certainement pris la bonne décision, se rassura Dumbledore en sirotant son chocolat pour cacher son sourire. Et les Serpentards sont loin d'être aussi mauvais que je le pensais.