Ce texte a été écrit en une heure dans le cadre de la 120ème nuit du Fof (Forum francophone) sur le thème "Futile". N'hésitez pas à faire un tour sur les autres textes de la nuit et à venir nous faire coucou sur le Forum !
C'est la première fois que j'écris sur l'Attaque des Titans, même si je lis beaucoup sur le fandom. J'espère que ce petit texte vous plaira !
Disclaimer : Les personnages sont à Hajime Isayama. Spoil de la fin de la saison 3, petit détail discret sur la suite des scans. Sous-entendu de Eren/Levi et de Erwin/Levi.
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Marc de café
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Des choses qui agacent le caporal Levi Ackerman, il en existe un paquet. Des petites choses anodines, des détails insignifiants, qui n'ont pas leur pareil pour exacerber les penchants maniaques de celui qui, pourtant, est considéré comme le soldat le plus fort de l'humanité.
Tout a commencé avec l'arrivée d'Eren dans le bataillon. Certes, les standards ménagers du caporal sont largement supérieurs à la moyenne ; pour autant, il ne se considère pas comme exagérément consciencieux à ce sujet (et, qu'on se le dise, il est bien le seul). Par contre, il n'a jamais vu individu moins méticuleux que leur jeune recrue. Pourtant, le gamin fait des efforts ; peut-être que la lueur d'admiration qui brille dans son regard quand Levi entre dans la pièce n'y est pas étrangère. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que l'enthousiasme n'est pas suffisant pour transformer un gosse crasseux en fée du logis. Au plus grand dam du caporal.
D'abord, ce sont les uniformes froissés qui le font tiquer. Il y a toujours ce pli désagréable sur le bas de sa chemise, et la façon étrange dont Eren se débrouille toujours pour mal nouer ses harnais. Levi peste à chaque fois, parce que le gosse n'apprend jamais, et, peut-être aussi, un peu, parce que le regard émeraude a ce quelque chose d'incompréhensible, de profondément touchant, dans sa volonté de plaire et de faire les choses biens.
Il y a aussi cette manie, chez le jeune soldat, de vouloir trop en faire – foncer dans le tas, privilégier la quantité à la qualité, aller à l'essentiel. Sa détermination est remarquable, Levi veut bien l'admettre ; n'empêche, cette dépense excessive en énergie est un profond gâchis, que ce soit en lames comme en temps. Le caporal est constamment obligé de garder un œil sur la recrue qui voltige entre les arbres, pendant les entraînements, pour corriger sa posture, un geste inutile qui aurait tôt fait de l'épuiser. Du détail, dirait Hanji ; une quête vers davantage d'efficacité, pour le caporal.
Levi a fini par émettre la théorie selon laquelle le palais d'Eren serait d'une médiocrité sans pareil ; les plats du jeune homme sont toujours affreusement salés, même si les autres ont l'air de s'y accoutumer sans difficulté.
Et puis, il y a aussi ces terribles stries, ces marques sanguinolentes sur les joues du demi-titan après chaque transformation. Levi a beau savoir qu'elles vont disparaître au bout de quelques minutes, il n'y a rien qui l'agace plus que de voir le visage juvénile défiguré ; ces traits d'enfants qui se durcissent, lui rappellent que jamais un gosse pareil n'aurait dû prendre part à une telle guerre.
Avec les années, on aurait pu croire que Levi s'y serait fait, à ces détails insignifiants qu'Eren ne tentait même plus de gommer. Peut-être même que le soldat le faisait exprès, juste pour l'énerver – pour attirer son attention, avait dit Erwin, un soir en tête-à-tête. Ça l'avait fait ricaner, mais finalement, en y réfléchissant bien, peut-être que le caporal aimait tout autant se plier au jeu de son subordonné.
Maintenant, Erwin est mort et il y a un peu de barbe sur les joues blanches de Jaeger. Définitivement, ce fichu traître a toujours pris plaisir à l'énerver. Et Levi a beau pester, contre le visage mal rasé, contre les repas salés, contre le pli sur sa chemise, il trouve dans leurs échanges acerbes le moyen de combler le vide que le major a laissé.
Le café de Mahr est délicieux, c'est au moins quelque chose qu'il faut accorder au pays qui les menace. Mais voilà, Eren a le chic pour y laisser du marc, au fond de sa tasse ; à croire que la cafetière est un objet technologiquement trop avancé, pour le rustique qu'il a toujours été. Et puis, il y a toujours ce goût de chocolat, cet arôme sucré qu'il exècre, au coin des lèvres du soldat qui vient lui voler des baisers.
Des détails futiles, dirait Eren ; la broutille comme ornement, pour le soldat le plus fort de l'humanité reconverti en marchand de thé.
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Le marchand de thé, c'est une information tirée d'un interview d'Isayama. Personnellement, j'ai l'espoir vain que Levi aura droit à une fin un petit peu heureuse...
J'espère que ça vous a plu ! Et n'oubliez pas : une review = une chance en plus pour que Levi survive à tout ça.
