Disclaimer : Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, je ne gagne aucun argent à publier cette traduction, laquelle m'appartient, par contre. Les passages en italiques sont une emphase sur certains mots, ou la pensée d'un personnage, le contexte vous aidera.

Ceci est une traduction de la fanfiction de Lomonaaeren, « Conditionnally », ( s/13327410/1/Conditionally ). Je n'ai pas encore son autorisation pour publier ma version française, je la retirerai si elle me le demande. Le récit originel est écrit au présent, je me suis permise de le mettre au passé, ça sonnait trop bizarre à mes oreilles sinon.

Chapitre 6

Tout compte fait, Harry n'eut pas à attendre le début de l'année scolaire pour pouvoir envoyer ce souvenir à Rita. Dumbledore lui rendit visite le jour suivant la parution de l'interview dans la Gazette, entrant dans le Chaudron Baveur et octroyant à Harry le regard le plus déçu de sa probablement longue carrière. Le jeune homme leva les yeux vers lui et haussa légèrement un sourcil.

- Vous saviez que je logeais ici, monsieur ?, s'enquit-il.

Il se demandait si le Directeur avait gardé un œil sur lui ces deux derniers étés et s'en fichait simplement jusqu'à ce qu'il y soit forcé, ou s'il présumait que Harry était parti de chez les Dursley à l'instant où il avait eu dix-sept ans.

Dumbledore hocha seulement du chef et le chassa vers l'escalier. Le Gryffondor aperçut Tom qui le surveillait, et fronça un peu les sourcils. Le regard du barman allait de l'arrière de la tête du vieil homme à une bouteille sous le bar. Touché, Harry secoua la tête. Il ne voulait pas que le tenancier s'attire des ennuis à cause de lui, pas quand Tom était assez gentil pour repayer sa dette de vie avec une chambre gratuite.

Ils montèrent donc dans sa chambre, et Harry s'assit sur le lit, laissant l'unique chaise à son visiteur. Dont la manche découvrit la main droite, et le jeune homme cligna des yeux. Elle était si noircie qu'elle avait l'air brûlée, même si elle n'avait définitivement pas l'odeur idoine. Qu'est-ce qui aurait pu…

- Oh, comprit Harry sans pouvoir empêcher un petit sourire de se dessiner au coin de ses lèvres. Avez-vous essayé de détruire un autre Horcruxe par vous-même, monsieur ?

Dumbledore se tourna vivement vers lui et le fixa avec ce qui semblait être une colère sincère.

- Tu n'as jamais été un jeune homme assez cruel, Harry, pour te moquer de la cause de la mort d'autrui. Est-ce que c'est le fait d'avoir pris un nouveau nom qui te rend si différent ?

Le brun prit le temps de la réflexion. Il aurait aimé dire qu'il ne ressentait rien à propos de l'agonie de vieillard, mais ce n'était pas tout-à-fait le cas. Il était principalement ennuyé que le Directeur n'admettrait jamais avoir eu tort.

- Je suis le fruit de ce qui m'est arrivé, répondit-il finalement en s'appuyant contre son oreiller. De quoi vouliez-vous me parler, monsieur ?

- Ton… nouveau patronyme. Harry, comment as-tu pu ?

- Eh bien, vous voyez monsieur, quand une bande d'adultes avec la tête dans le cul laisse quelqu'un sans argent et sans aucun moyen d'acheter les produits nécessaires, voilà ce qui peut parfois se passer. Encore que, le truc du nom de famille est arrivé comme ça parce que je n'allais certainement pas m'appeler Snape.

Il n'était pas aussi opposé à Evans qu'il l'était avant d'avoir entendu l'histoire de la bouche du Maître des Potions, mais il n'était pas impossible qu'il y ait un Né-de-Moldu portant ce nom en ce moment, et il avait eu besoin d'un nom dont il était sûr qu'aucun autre sorcier ou sorcière ne le portait en Grande Bretagne. En outre, il aimait le choc et le scandale et l'attention que ce nom allait attirer. Il aimait son indépendance.

- J'ai détruit un Horcruxe, annonça brusquement Dumbledore. Comme tu l'as fait. Et Severus a confirmé que ton Feudeymon avait anéanti le serpent de Tom sur le champ de bataille. Ce qui veut dire que trois d'entre eux ne sont plus.

- Cinq, corrigea Harry, obtenant ainsi la réaction qu'il enverrait peut-être à Skeeter. Il y avait aussi le journal en deuxième année, obligé que ça en ait été un, et quand j'ai allumé un Feudeymon dans la Salle sur Demande l'an dernier, j'ai entendu hurler exactement comme un Horcruxe en train de mourir.

- Qu'est-ce que c'était ?

- Ça aurait pu être plusieurs choses, éluda le jeune homme avec un haussement d'épaules. Ce qui compte, c'est qu'il y en a cinq en moins maintenant. Combien y en a-t-il encore à votre avis ?

Le Directeur l'observa fixement. Harry posa immédiatement son regard sur la couverture de son lit. Il n'était près de laisser le vieillard lire son esprit et trahir les informations qu'il avait obtenues de Neville.

- Deux, dévoila lentement Dumbledore. Une des raisons pour lesquelles j'ai invité le professeur Slughorn à l'école l'an dernier était qu'il avait discuté Horcruxes avec Tom Riddle lorsque celui-ci était élève. Et sept est le chiffre magique le plus puissant, ou du moins c'est ce qui était dit dans cette conversation entre Tom et Horace.

Le prénom de Slughorn, se souvint le Gryffondor avec un instant d'incertitude. Il hocha la tête.

- Donc il y en a bien encore deux. Avez-vous des pistes ? Est-ce que vous allez me laisser participer maintenant ? Je ne savais pas si vous pensiez que j'étais le Survivant ou pas.

- Tu as été marqué, chuchota le Directeur en détournant le regard, les sourcils froncés. Mais Tom doutait également que tu sois l'enfant destiné à le vaincre, avec les oppositions de tes parents autant étalées dans le temps.

- Au passage, interrompit Harry. Ma mère a vraiment défié Voldemort trois fois ? Ce n'est pas juste quelque chose que vous trouviez pratique par rapport à la prophétie, ou un truc du genre ?

Dumbledore dirigea vers lui un regard encore plus scandalisé que lorsqu'il lui avait été révélé que cinq Horcruxes avaient été détruits.

- Pourquoi inventerais-je quelque chose comme ça ?

- Vous avez l'air de vraiment croire à cette prophétie. Je pensais que vous inventiez peut-être certains faits pour avoir votre symbole d'espoir pour le peuple de Grande Bretagne.

- Harry, je… non. Je ne ferais jamais ça.

- Ok, retournons aux Horcruxes, poursuivit le jeune homme en haussant les épaules. Avez-vous des pistes à propos de ce qu'ils sont et d'où ils sont ?

Le Directeur continua à le regarder fixement. Puis il s'éclaircit la gorge et articula :

- Oui. Je crois que ce sont très probablement des artefacts des Fondateurs. Tom Riddle s'intéressait à eux, si je me base sur les souvenirs que j'ai récupérés. Peut-être que celui que tu as détruit dans la Salle sur Demande était lié à Serdaigle ?

- Les autres sont à qui ? Serpentard et Poufsouffle ? Il ne voudrait probablement pas d'un objet de Gryffondor.

Dumbledore eut un petit soupir, comme si le refus de Harry de s'ouvrir à lui était juste un caprice puéril, il acquiesça pourtant.

- Ça, et parce que les artefacts que Gryffondor a laissé derrière lui, comme l'épée, sont gardés précieusement dans l'école. Je pense qu'un médaillon ayant appartenu à Serpentard et une coupe d'or à double anses pour Poufsouffle sont les trésors que nous cherchons.

Il y eut un pop vif dans un coin de la chambre. Harry bondit sur ses pieds, baguette en main, mais il n'y avait rien. Étrécissant les yeux, il jeta un charme de détection. Son invité inspira puis s'interrompit, probablement parce qu'il venait de se souvenir que son hôte était majeur depuis quelques jours. Harry détaillait la silhouette que la fumée bleue de son sort formait dans l'air. Cela ne pouvait pas lui dire exactement qui les espionnait, mais si elle prenait la forme d'un hibou ou d'un gobelin ou d'un sorcier encapé, il le saurait. Mais ce n'était aucune de ces formes. C'était celle d'un elfe de maison.

- Dobby !, appela le jeune homme sans quitter le coin de yeux.

Dobby apparut aussitôt devant lui, avec un câlin qui le renversa presque sur le lit. Harry lui tapota l'épaule et indiqua la fumée bleue, interrompant un discours plein de gratitude.

- Un elfe de maison nous espionnait, et il est parti alors que nous discutions d'informations très délicates. Tu crois que tu pourrais le traquer pour nous ?

- Tout pour le Maître Gryffondor !, clama fièrement Dobby.

Il disparut sans un regard pour Dumbledore, lequel en profita pour reprendre la parole :

- Harry. Est-ce ainsi que tu as pu glisser du Véritaserum dans le thé de Madame Ombrage ?

Le brun l'ignora, observant la lutte qui semblait avoir lieu dans le coin. Deux silhouettes y clignotaient, et s'il ne se trompait pas, elles étaient en train de se bagarrer. Et lorsqu'elles apparurent, c'était effectivement ce qu'elles faisaient. Dobby emprisonnait fermement Kreatur de ses bras.

- Kreatur n'est pas un espion !, brailla le vieil elfe.

Il réussit finalement à se débarrasser de l'emprise de Dobby et le repousser, mais Dobby attrapa la cheville de Kreatur avant que celui-ci ne puisse disparaître. Ce dernier renifla de dédain et se tourna vers Harry, les oreilles frétillantes.

- Le filleul dégoûtant du Maître dégoûtant porte une trace du Plus Noir, claqua-t-il.

- J'ai utilisé la Magie Noire… , commença le jeune homme après un court instant d'arrêt.

- Pas ça. Ça c'est Noir. Ça c'est Plus Noir, corrigea l'elfe avec un geste de tête vers lui.

Puis il plongea la main dans un tissu auquel Harry ne voulait pas songer, noué autour de ses reins, pour en sortir un scintillant médaillon d'or.

- Kreatur observait, quand le filleul dégoûtant du Maître dégoûtant est revenu pour la dernière discussion avec le Maître. Il savait que le filleul dégoûtant avait été près du Plus Noir.

Harry se souvint la façon dont Kreatur l'avait regardé au Square Grimmaurd cette fois-là, qu'il n'avait pas trouvé particulièrement signifiante à l'époque. Il hocha la tête.

- Oui, j'ai détruit un Horcruxe à ce moment-là. Avec le Feudeymon. Est-ce que…

- Ça c'est le Plus Noir pour lequel Maître Regulus est mort, développa Kreatur alors que ses yeux ses remplissaient de larmes, et son nez de morve qui coula sur la chaîne du médaillon. Maître Regulus était bon. Se détournait au dernier moment. Maître Regulus aimait Kreatur le plus.

Cela prit un certain temps d'obtenir toute l'histoire de l'elfe de maison, mais à la fin, Harry se sentit honteux de la façon dont il l'avait traité, dont Sirius de traitait probablement encore. Regulus avait vraiment aimé Kreatur, et il semblait que Kreatur l'avait aimé en retour. Et le médaillon devant eux brillait du même chatoiement des Arts Noirs qui avait aussi entouré le journal, le Gryffondor le reconnaissait maintenant. À l'époque, il avait juste pensé que le journal était graisseux.

- Nous devons le rapporter à Poudlard, proclama gravement Dumbledore. Nous pouvons le détruire avec l'épée de Gryffondor, qui a été infusée de venin de basilic quand…

Ses mots s'éteignirent. Harry trouvait plus qu'hilarant que le vieux fou ne puisse toujours pas parler des exploits accomplis sous le nom d'Harry Potter, comme s'ils étaient corrompus, ou avaient perdu de la valeur à cause de celui qu'il était devenu.

- Ou on pourrait le détruire là, maintenant, proposa le jeune homme.

Il pensait que le médaillon pourrait blesser le Directeur, comme l'autre, peu importe ce que ça avait été. Dumbledore devait avoir été particulièrement stupide pour se faire mal en neutralisant un Horcruxe alors que lui s'en était occupé de quatre et ne s'était fait avoir que deux fois.

- Il n'y a pas de crochet de basilic dans cette chambre.

La voix du vieux était assez répressive. Harry lui fit un grand sourire, baissa sa baguette, et ferma les yeux. Sa joie surgit en lui. Il avait un nouveau nom. Il avait damé le pion à Dumbledore. Il allait détruire un Horcruxe supplémentaire, et après il n'y en aurait plus qu'un.

Enfin, ça, et il y aurait Voldemort à combattre.

Et ce fut ce qui commença à ajouter la rage nécessaire. Si Dumbledore lui en avait parlé plus tôt, s'il avait soutenu et entraîné Harry comme il essayait de le faire avec Neville, ils auraient pu vaincre Voldemort des années auparavant. Dumbledore aurait pu le faire lui, même, une fois qu'il avait sut que les Horcruxes existaient. Tout ceci n'aurait pas dû arriver.

L'abandon. Le refus de le regarder et de lui parler. Garder les informations vitales secrètes. La pression sur Neville. Rien de tout ça.

Le Gryffondor rugit, et lorsqu'il ouvrit les paupières, une fine volute de Feudeymon dansait au-dessus de ses mains jointes en coupe.

- Tu devrais peut-être t'écarter, suggéra-t-il nonchalamment à Kreatur avant de refermer sa volonté comme un étau sur les flammes.

Elles formèrent un dragon miniature, magnifique et brillant et doré, mais féroce. Harry le sentait lutter contre son contrôle. Il l'ignora. Il était suffisamment fort pour poignarder son propre putain de front avec un crochet de basilic, se rappela-t-il.

- Occupe-toi du médaillon, ordonna-t-il doucement.

Dumbledore ouvrit la bouche alors que le dragon fondait sur le pendentif, commença à articuler : « Harry ! », lorsque le médaillon s'ouvrit et laissa échapper un nuage d'ombres noires. Harry les contempla sans bouger, maintenant son emprise sur le dragon de Feudeymon. Les ombres chatoyaient paresseusement d'une forme à l'autre comme les loups-garous ivres. Parfois, elles ressemblaient au jeune Tom Riddle du journal, parfois à Snape, et parfois à Ron et Hermione.

- Que crains-tu ?, demandèrent-elles d'une voix basse, épaisse, au bord du Fourchelangue.

Elles ne savent pas quoi me montrer parce qu'elles n'ont pas la moindre idée de ce dont j'ai peur. Il sentit ses lèvres s'étirer en un sourire alors qu'il répondait :

- Pas grand-chose.

Puis il fit signe au dragon, lançant son poing en avant. La bête frappa le médaillon, toutes serres dehors, et un jet de feu jaillissant de sa gueule ouverte, comme si c'était un vrai dragon. Les ombres poussèrent un cri perçant lorsqu'elles furent percutées par les flammes, le son désormais familier d'un Horcruxe à l'agonie. Harry ne se boucha pas les oreilles cette fois. Il l'observa mourir, il observa la chaîne fondre en une flaque dorée et les formes biscornues se ratatiner et fumer, jusqu'à ce qu'elles s'évanouissent dans une explosion.

Le dragon se détourna et essaya de souffler son feu sur les livres de son créateur. Lequel ouvrit le poing en laissant ses émotions s'évanouir en même temps. Le Feudeymon s'évapora.

La chambre était très silencieuse. Harry ignora poliment la façon dont Dumbledore était presque recroquevillé sur sa chaise, et Dumbledore s'abstint poliment de traiter Harry de mage Noir diabolique.

Kreatur commença à pleurer et essayer de lui baiser les mains, Dobby commença à réprimander Kreatur et l'instruire de la bonne manière de remercier le Grand Harry Gryffondor, qui était de faire un câlin à ses jambes, ce qui fournit une distraction bienvenue.

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- Je ne pensais pas que tu me parlerais de nouveau.

La voix d'Hermione est douce, étouffée. Harry haussa les épaules depuis l'endroit qu'il occupait devant le feu de la Salle Commune de Gryffondor, le soir de la Répartition.

- Tu peux t'excuser et me dire la vérité, si tu veux. C'est la seule chose à faire pour que je te reparle.

La jeune fille inspira un grand coup et s'assit en face de lui. Il l'observa. Une mèche de ses propres cheveux dans son champ de vision périphérique attira son attention, et il grimaça. Au moins ils ne montraient aucune tendance à être graisseux, mais ils poussaient toujours aussi vite, il allait devoir les couper de nouveau.

- Tu sais que le professeur Dumbledore avait vraiment peur que Voldemort intercepte nos lettres ? Que c'était une vraie peur ? Il ne le faisait pas juste pour t'embêter.

Harry leva les yeux au ciel et ramassa son livre. Hermione attrapa son poignet,

- Attends Harry ! Je t'en prie, dis-moi ce que tu veux entendre !

- Je te l'ai déjà dit, riposta-t-il en se débarrassant de son emprise. Et la première chose que tu fais à la place, c'est commencer à excuser Dumbmedore. Il a chamboulé ma vie, il n'a même pas eu la courtoisie de me dire pourquoi, et puis il veut revenir et me récupérer comme un bout de camelote en décidant qu'en fait, il en avait besoin. Arrête de l'excuser !

La chaise à ses pieds trembla. Les flammes dans le foyer flambèrent plus haut. Ron et Ginny le regardaient avec des yeux grands ouverts, et même quelques autres semblaient sur le point de s'enfuir. Neville, cependant, cachait son large sourire derrière le pot dans lequel il plantait des graines.

- Je… , commença Granger, avant de baisser la tête. Le professeur Dumbledore avait tort de faire ça.

- Carrément.

- Je voulais juste… je voudrais que tu m'en dises plus sur ce que tu veux entendre, Harry. Sur ce qui aurait été la bonne chose à faire.

Il leva les yeux au ciel, encore.

- Ne pas m'abandonner ? Ne pas me cacher toutes sortes de secrets sans même savoir si j'allais vous « trahir » ? C'est ce que tu as fait. Ça fait vraiment penser que tu n'étais pas amie avec moi, Harry. Tu étais amie avec le Survivant.

Son regard rencontra brièvement celui de Neville. Au moins, il y avait une personne qui savait exactement ce que ça faisait. Hermione hocha la tête, les yeux rivés au sol.

- Est-ce que tu vas rejoindre l'effort de guerre ou pas ?

Harry se leva et se dirigea vers le dortoir des garçons de septième année. La Gryffondor bondit sur ses pieds mais ne le suivit pas. Au lieu de ça, elle lança :

- Harry, s'il te plaît, attends ! Je t'en prie, dis-moi juste ce qui a besoin de se passer !

- Je l'ai déjà fait, répéta-t-il d'une voix grave sans se retourner.

Il aurait pensé que ça ferait plus de mal, cette rupture finale entre lui et Hermione, mais peut-être était-ce à cause de toutes ces petites ruptures qui s'étaient produites en chemin.

- Tu ne t'es toujours pas excusée, poursuivit-il.

- Je suis désolée !

Il se retourna et s'accouda sur la rambarde, et observa sa camarade déglutir, les yeux levés vers lui.

- Très bien. Nous en discuterons plus tard, dans un lieu moins public, et si tu essayes encore de m'entraîner dans cette guerre, c'est fini.

L'intégrité de la Salle Commune était silencieuse alors que Harry regagnait le dortoir en fermant la porte derrière lui. À ce point des choses, il avait accepté le fait qu'il y aurait des vagues, quoi qu'il fasse. Autant être à l'origine de ces vagues.

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La nouvelle enseignante de Défense Contre les Forces du Mal était une Auror nommée Nymphadora Tonks, une joyeuse jeune femme qui avait des cheveux roses la majorité du temps, pouvait changer son nez en groin de cochon, et contrer n'importe quel sort envoyé sur elle. Harry était légèrement impressionné, bien moins lorsqu'il découvrit qu'elle était un membre de l'Ordre du Phénix. Cependant, le manuel qu'elle avait choisi avait eu l'air suffisamment intéressant pour qu'il l'achète. Il pouvait toujours en apprendre plus, même avec l'Optimal qu'il avait eu à son ASPIC de Défense.

En cherchant dans le bouquin et tous ceux qu'il put trouver, il ne trouva aucune trace du sortilège utilisé par Snape pour lui sauver la vie. Il contempla le plafond de son baldaquin plusieurs nuits durant avant de décider que, ouais, il avait besoin de savoir. Il écrivit une courte note au Maître des Potions, lui demandant dans quel livre il pouvait trouver Sectumsempra, et l'envoya glisser sous la porte de son bureau avec un Charme de Brise.

Une autre note lui revint par le même biais, se faufilant à travers les rideaux fermés de son lit et atterrissant sur son oreiller une nuit, alors qu'il était allongé à lire.

Pas de livre. Je l'ai inventé.

Il se prit à fixer la missive, ses doigts agrippant les bords si fort qu'il le déchira légèrement au milieu. Puis il la posa et regarda ses rideaux sans les voir.

Il n'avait jamais vraiment beaucoup pensé à ce qu'il voudrait faire s'il survivait à la guerre. Il avait songé à une époque devenir Auror, mais après avoir vu comment le Ministère fonctionnait et comment les gens lui tournaient le dos, ce n'était plus une bonne idée. Médicomage semblait suffisamment complexe pour être intéressant, mais le véritable quotidien ne le serait probablement pas.

Créer des sorts, cependant…

Harry retourna le message et inscrivit plusieurs questions sur le verso, en incluant à quel point était-ce difficile de créer des sorts, et où commencer en premier lieu. Il se morigénait de ne pas avoir penser à ça avant. Encore que, quand il s'était avéré que son feu était du Feudeymon, il avait présumé qu'il ne pourrait rien créer de nouveau, seulement utiliser d'anciens sorts de façon innovante.

La note qui lui répondit était plus proche du rouleau de parchemin, discutant des aspects théoriques de la création de sortilèges et de comment être sûr que l'incantation inventée atteindrait les objectifs voulus. La dernière partie consistait en une liste de titres de livres, Harry fonça sur-le-champ à la bibliothèque pour les trouver. Il découvrit qu'aucun d'entre eux n'était dans la Réserve. Snape avait apparemment fait ses recherches sur la création de sorts comme Harry avait fait les siennes sur les Horcruxes, en récoltant les savoirs nécessaires morceau par morceau dans plein et plein de sources différentes.

Il soupira un peu en réalisant ça, puis secoua la tête. Il devait accepter que, eh bien, il avait certaines similitudes avec sa mère aussi bien qu'avec l'homme qui l'avait engendré.

Il n'avait pas à les aimer, ces similitudes, mais d'un autre côté, ce serait stupide de rejeter quelque chose d'aussi puissant et intéressant juste parce que Snape pouvait le faire aussi.

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Dumbledore ne le convoqua pas dans son bureau avant la mi-octobre. Harry y alla, en se demandant pour quoi ce serait cette fois-ci. Il pouvait imaginer des tas de raisons, mais la plus probable selon lui serait un genre de piste sur la coupe de Poufsouffle.

Il ne s'attendait pas du tout à y voir Sirius et Remus.

- Je ne crois pas, non, décréta-t-il fermement en tournant les talons, pour voir la porte se sceller toute seule avant même de pouvoir l'atteindre.

- Sois raisonnable, Harry, incita doucement le Directeur.

Le Gryffondor évita ses yeux, mais il pouvait sentir l'odeur de sa main pourrie-brûlée -peu importe ce qu'elle avait- d'où il est. Dumbledore ne lui avait toujours pas dit ce qui s'est exactement passé ou de quel genre d'Horcruxe il s'est débarrassé.

- Sirius et Remus sont tous les deux désolés pour ce qu'ils ont fait, et ils ont compris qu'ils t'avaient sous-estimé et jugé par rapport à tes parents. Ils sont là pour s'excuser.

- Et leurs excuses sont si sincères que vous avez dû m'enfermer pour que je reste, n'est-ce pas ?, cracha le jeune homme en se retournant.

Il entendit Sirius retenir son souffle en voyant son visage, probablement à cause de la ressemblance de ses cheveux noués avec Snape. Il leva les yeux au plafond.

- Ok, d'accord. Où sont les excuses ?

- Je suis désolé pour la façon dont nous t'avons traité, offrit immédiatement Remus. Je… j'aurais aimé surmonter mes objections plus tôt.

- Quelles objections aurais-tu pu avoir ? Que je suis né exprès pour te faire chier ?

- Harry, voyons, mon petit, ça suffit, intervint Sirius en faisant un peu hésitant en avant. C'était plutôt extrême, tu dois le reconnaître, de réaliser que j'étais le parrain du fils de Snivellus tout ce temps.

Le Gryffondor eut un ricanement moqueur, et l'air autour de lui craqua des mêmes éclairs noirs qui étaient apparus la première fois qu'il avait relâché le Feudeymon. Black s'immobilisa. Harry se tourna vers Dumbledore.

- Si vous ne comptez pas discuter des Horcruxes, laissez-moi sortir avant que je ne force le passage.

- Harry, je te prie de comprendre. Tu as besoin d'une famille autour de toi, puisque Severus a refusé de le faire pour toi.

Dans les brumes de sa rage, le jeune homme nota tout de même que le Directeur n'avait apparemment pas remarqué les messages que lui et Snape s'échangeaient, ou la conversation qu'ils avaient eue à la fin de l'année précédente.

- Ta colère et ta magie deviennent hors de contrôle, poursuivit le vieux fou. Tu as besoin de l'ancrage d'une influence adulte et stable…

- Stable. L'homme qui a passé douze ans à Azkaban ?, éclata de rire Harry alors que les éclairs descendaient et entouraient ses doigts. Laissez-moi sortir ou je vais forcer le passage, Albus.

- Les sorts sur la porte sont trop puissants pour ça, contra Dumbledore sans élever la voix. Harry, je t'en prie, sois raisonnable…

Un flash traversa la pièce, un qui secoua un peu le Gryffondor hors de sa furie. S'il libérait le Feudeymon, il aimerait le savoir, pour pouvoir vraiment le contrôler. Mais le feu atterrit sur son épaule, et il réalisa que c'était Fumseck, qui secouait sa queue et gazouillait si fort envers le Directeur que Harry pouvait sentir le corps de l'oiseau vibrer. Dumbledore fut celui qui s'immobilisa, cette fois-ci.

- Fumseck ?, chuchota-t-il.

Le phénix se retourna, toujours en pépiant de façon véhémente, et s'envola vers la porte. Un grand geste de ses serres, et elle s'ouvrit. Le Gryffondor la franchit, et Fumseck vola au-devant lui dans l'escalier, chantonnant doucement tout du long, comme quelqu'un marmonnant dans sa barbe. Lorsqu'ils arrivèrent en bas des marches, Harry et lui échangèrent un regard.

- Merci, fit l'humain. Tu n'étais pas obligé de faire ça.

Le phénix se posa de nouveau sur son épaule, et poussa brièvement son menton du bec. Puis il se détourna et plana devant la gargouille, émettant un bruit qui cette fois ressemblait à des excuses.

- Tu n'as pas à t'excuser pour lui auprès de moi, réfuta tranquillement Harry. On fait tous nos propres choix. J'aurais pu rester avec Sirius s'il avait été plus intelligent. Et puis, peut-être que tu peux empêcher Dumbledore d'empirer.

Fumseck lui répondit d'un petit geste sec de la tête et un mouvement de queue. Puis il remonta l'escalier mobile, et le Gryffondor retourna à sa Salle Commune.

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- Monsieur Gryffondor.

Le professeur McGonagall a toujours une grimace amère quand elle doit s'adresser à lui de cette façon. Harry, de son côté, finit de ranger son manuel de Métamorphose dans son sac et lui offrit un grand sourire.

- Oui professeur ?

- J'ai trouvé ceci attaché à vos robes lorsque vous êtes entré dans ma salle de classe. Ma porte a plusieurs charmes pour me prévenir de la présence de ce genre d'objets. Je présume que ce n'est pas quelque chose que vous avez introduit vous-même ?, s'enquit-elle en lui tendant une broche argentée qui ressemblait à celle que certains Sang-Purs adornaient, avant d'indiquer. Il y a un Charme de Pistage dessus.

Le jeune homme bouillonna un instant, mais il en était venu à reconnaître que brûler de rage tout le temps ne menait à rien de bon. Il secoua la tête.

- Pouvez-vous me dire qui l'a placé là, professeur ?

- Honnêtement, je pense que c'était probablement un élève. Le niveau de puissance de ce sort est bien plus faible que s'il avait été lancé par un adulte expérimenté, et quelqu'un appartenant au personnel de Poudlard aurait su à propos des sorts sur ma porte, et aurait été à même de créer quelque chose pour les esquiver.

Harry marqua un temps d'arrêt. C'était juste une idée, traversant son esprit comme une comète véloce, mais il avait appris à faire confiance à ces flashes instinctifs plus qu'à la plupart des gens faisant partie de sa vie en ce moment.

- Pourriez-vous la réattacher à ma cape, professeur ?

- Êtes-vous sûr que vous voulez transmettre des informations à une entité inconnue, M. Pott-Gryffondor ?

- Faites-moi confiance, professeur. Je veux découvrir qui les reçoit.

McGonagall lui adressa un regard dubitatif, mais acquiesça et agita sa baguette. La broche reprit sa place sur le revers de sa robe, et le jeune homme partit, d'humeur pensive.

Quelqu'un avait laissé Voldemort et ses Mangemorts passer les protections, l'an dernier. Ce devait obligatoirement être quelqu'un dans le château, et il pariait que c'était un élève, basé sur… eh bien, un instinct viscéral, mais aussi le fait qu'aucun enseignant ne semblait agir de façon suspicieuse. Les étudiants par contre ? Il y en avait plein, et cela incluait certains assez vieux pour avoir la Marque des Ténèbres.

Et il voulait trouver qui c'était. Au milieu du million d'autres projets en cours, à vrai dire.

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Harry leva sa baguette. Ça lui avait pris presque jusqu'à Noël, mais il pensait avoir enfin de bonnes informations sur la personne qui avait placé un Charme de Pistage sur lui et une bonne piste pour la coupe de Poufsouffle. Tout ça parce qu'il avait travaillé comme un dingue avec ses livres.

Pas grâce à Hermione ou Dumbledore, songea-t-il, avant de secouer la tête. Il ne pouvait pas se laisser distraire maintenant. C'était la première fois qu'il allait utiliser un de ses sorts tout nouvellement créés sérieusement, et bien qu'il l'ait testé auparavant, il savait toujours où était l'objet qu'il cherchait.

- Invenio fontem, chanta-t-il précautionneusement.

Trouver l'incantation avait été moins difficile que de trouver le mouvement de baguette adapté. Il avait finalement laissé son corps choisir le bon geste et avait fini par décréter qu'un mouvement tranchant de droite à gauche à hauteur de poitrine suivi d'un petit cercle dans le sens horaire était le plus naturel.

Un rayon triangulaire et argenté apparut jaillit de sa baguette et frappa la broche qui reposait sur son lit, derrière ses rideaux tirés. La broche s'éleva dans les airs et oscilla pendant quelques secondes. Puis la lumière argentée jaillit de la broche, formant un chemin sur le sol.

Harrry eut un large sourire, se Désillusionna, et le suivit. Il découvrit rapidement que le charme n'était pas parfait. À commencer par le fait que le rayon d'argent passait à travers la pierre si c'était le chemin le plus court. Il devait continuellement ajuster sa route alors qu'il se faufilait en bas des escaliers et passait les coins de couloirs, faisant parfois de grands détours pour retrouver son fil d'Ariane. Mais en général, celui-ci l'emmenait vers le bas.

Le Gryffondor se tint finalement en haut des escaliers qui menaient directement aux cachots, la lumière argentée descendant toujours. Il soupira.

- Obligé que ce soit un Serpentard, marmonna-t-il avant de reprendre sa route.

Le rayon pointait de façon insistante un morceau de mur nu qui, Harry le savait, cachait la porte de la Salle Commune des Serpentards. Il attendit quelques minutes, dans l'espoir que quelqu'un entre ou sorte, mais il était tard, et pas si chanceux que ça. Il ferma les yeux et lança précautionneusement un autre sortilège de Défense qu'il avait appris dans un des livres parcourus dans sa recherche sur la création de sorts. Lorsqu'il ouvrit les paupières, le couloir semblait fait de pans de cristal transparents, aplatis sur le sol, comme sur un plan. Il s'avança doucement, un effort de volonté, et son corps dorénavant du fumée passa sous le mur jusque dans la pièce qui se trouvait derrière.

Une fois dans la Salle Commune, Harry relâcha rapidement le charme, se transforma en humain de nouveau, et regarda alentours. Le feu brûlait faiblement dans l'âtre, un garçon était endormi sur un canapé dans un coin sombre, loin de la ligne de lumière argentée. Le Gryffondor la suivit jusqu'en haut des escaliers menant au dortoir des garçon de septième année et en ouvrit la porte. Il y avait seulement quatre occupants maintenant, pour quelque raison que ce soit, Crabbe n'était pas revenu cette année. Et le rayon argenté finissait sur un lit avec une malle à son pied, sur laquelle reposaient un lot de robes argentées vraiment ridicules.

Harry annula son charme et écarta un rideau. Le visage endormi de Malfoy ne le surprit pas le moins du monde. Il jeta un autre sort, qui rendit la manche gauche du Serpentard transparente, et il secoua la tête de dégoût lorsqu'il y vit la Marque des Ténèbres. Oui, il n'avait toujours aucune preuve que c'était Malfoy qui avait laissé entrer Voldemort et ses Mangemorts lors de l'attaque de l'an dernier, mais il en avait suffisamment pour prouver que c'était un Mangemort au sein de l'école.

Le Gryffondor sortit discrètement de la Salle Commune de Serpentard et remonta dans sa Tour. Il irait parler à Dumbledore le matin venu. Il était encore le seul à pouvoir renvoyer Malfoy.

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- Oui Harry, je savais que M. Malfoy est Marqué.

Le jeune homme fixa le Directeur du regard en silence, bien qu'il détournât les yeux quand celui-ci essaya de les rencontrer. Harry contempla le mur.

- Est-ce que c'est lui qui a laissé entrer les Mangemorts lors de l'attaque, l'an dernier ?

- Oui.

Le Gryffondor regarda ses mains, et la façon dont elles avaient commencé à déchirer le coussin sous lui.

- Pourquoi lui avez-vous permis de rester ? Pourquoi n'avez-vous rien dit à personne ?

- Parce que nous avons encore une chance de sauver son âme. Il a commis un acte terrible, mais au bout du compte, aucun élève de Poudlard n'est mort, et il peut encore changer d'avis. Si nous le renvoyons maintenant, il courra directement dans les bras de Tom. Il a besoin d'une chance de reconsidérer sa position.

- Aucun élève de Poudlard n'est mort grâce à moi, cracha Harry en levant les yeux, et Dumbledore recula face à son regard. En quoi est-ce que j'étais moins innocent que lui ? Vous parliez des Aurors qui allaient m'arrêter pour mon usage du Feudeymon, l'an dernier, et vous vous êtes complètement détourné de moi à cause d'un truc, et je n'y étais pour rien !

Le Directeur hésita un long moment. Mais le Gryffondor voulait vraiment une réponse, cette fois, alors il attendit.

- Je n'étais pas sûr que tu aies été un Horcruxe jusqu'à l'incident du journal, chuchota finalement le vieux. Mais je savais grâce à la prophétie que tu allais probablement mourir en combattant Voldemort, ou que tu aurais à le tuer.

- Alors il n'y avait aucun intérêt à me sauver, d'accord, établit Harry d'une voix atone. Dès le début, je ne pouvais pas être innocent, c'est ça ?

- Mon cher garçon, je suis dés…

Le jeune homme se leva et sortit. Il avait les tripes à l'envers, mais son esprit était clair. Il ne pouvait plus aller voir Dumbledore, maintenant, pour aucune raison, même trouver le dernier Horcruxe. Son charme devrait lui permettre de le trouver, de toutes façons.

Et il en avait assez que le vieux fou mette en danger un groupe d'enfants innocents pour protéger quelqu'un qui pourrait changer d'avis. Il savait ce qu'il savait. Maintenant, il allait mettre ses mots en action.

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Deux jours plus tard, la Gazette du Sorcier faisait les gros titres d'un Draco Malfoy abandonné juste à côté du Département de la Justice Magique, sans sa manche gauche. Quelqu'un avait pris des photos de sa Marque des Ténèbres et les avait fait sortir clandestinement du Ministère pour les ajouter à l'article avant qu'on ne puisse les en empêcher.

Harry ne savait pas s'ils allaient véritablement trouver des preuves montrant que Malfoy avait laissé entrer les Mangemorts dans Poudlard, ou qu'il avait espionné pour Voldemort, mais ils n'en avaient pas besoin. La Marque des Ténèbres à elle seule était suffisante pour que Malfoy soit jugé, et comme il avait dix-sept ans, il ne pouvait esquiver le Véritaserum sous prétexte d'être mineur.

Dumbledore essaya plusieurs fois de lui parler. Harry ignora toutes ses tentatives.

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Harry reçut la Carte des Maraudeurs comme cadeau de Noël de la part de Sirius, et ignora la tentation de répondre. Remus lui avait envoyé un énorme livre de maléfices et contre-maléfices, au moins c'était utile. Le cadeau le plus utile, cependant, fut un manuel de Potions usé annoté d'une écriture familière, accompagné d'une note.

Ceci est un livre qui contient des améliorations considérables aux méthodes conventionnelles de brassage, ainsi que les incantations de quelques sorts que j'ai inventés. Le nom de jeune fille de ma mère était Prince, d'où le titre sur la couverture. Faites-en bon usage.

Le Gryffondor hésita un long moment. Puis il répondit à Snape, une simple note qui disait : Merci.

Ce fut la seule carte de remerciement qu'il envoya à un adulte ce Noël-là.

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Harry sourit alors qu'il se tenait devant Poudlard, le froid mordant d'un vent d'avril fouettant ses cheveux. C'étaient les vacances de Pâques, et il était prêt à utiliser le charme qu'il avait créé pour trouver le dernier Horcruxe de Voldemort. Il avait bidouillé certains autres aspects du sort pour que, entre autres, le rayon argenté ne soit visible que de lui. Il avait fait des tests en présence d'autres gens, aucun n'avait réagi. Il l'avait aussi utilisé pour trouver des objets qu'il avait laissé à Pré-Au-Lard. Il était aussi prêt que possible, a priori.

Il plaça une image d'Helga Poufsouffle sur le sol devant lui. Ce n'était pas un portrait, on ne l'aurait jamais laissé faire. Mais c'était une jolie copie agrandie d'un portrait trouvé dans un livre, avec la Fondatrice tenant la coupe qui, il en était quasiment certain, avait été volée par Voldemort pour en faire un Horcruxe.

- Invenio Fontem, murmura-t-il, agitant sa baguette au-dessus de l'image tout en gardant le mouvement et son attention concentrés sur la coupe.

Pendant un moment, la lumière fonça comme une flèche avant de s'évanouir, comme si elle ne savait pas quoi chercher. Harry retint son souffle. Puis le rayon jaillit, guidant le chemin comme un phare dans la nuit.

Le Gryffondor avait appris le Transplanage l'an dernier. Il tourna sur ses talons, vers le premier des innombrables petits bonds le long de son fil d'argent.

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La lumière argentée pointait directement Gringotts.

Ce qui, il fallait se l'avouer, pourrait être un problème.

Harry s'appuya sur le mur d'une échoppe en face de la banque et réfléchit. Il avait Transplané ici tous les jours des vacances, se demandant s'il y existait un moyen d'extraire l'Horcruxe par un autre moyen que le cambriolage. Il préférait éviter ça, vu où était stocké son argent.

Eh bien, tout le monde disait toujours que les gobelins feraient ce pour quoi les sorciers les payaient. Mais il doutait avoir assez d'or pour payer leur renoncement à un artefact d'un de leurs coffres, surtout s'ils savaient ce que c'était vraiment et l'avaient stocké quand même. Le problème avec la neutralité gobeline était qu'elle jouait autant en faveur de Voldemort qu'en faveur de Harry.

Il tapota négligemment ses doigts sur son menton. Bon, dans le doute, autant demander.

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- Je vous demande pardon ?

La requête de Harry l'avait vu directement mené devant Ragnok, qui semblait être un gobelin important, basé sur la taille et l'endroit de son bureau. Le jeune homme se détendit un peu dans sa chaise, en face du gobelin, et croisa son regard.

- Oui, je vous ai demandé s'il y avait quelque chose que je pourrais vous échanger contre la coupe corrompue de Poufsouffle que vous détenez. C'est un Horcruxe créé par Voldemort pour se lier à ce plan d'existence. Je ne peux la payer en Gallions, mais voulez-vous autre chose ?

Ragnok échangea un regard déconcerté avec les gobelins qui avaient escorté Harry, avant de se tourner de nouveau vers l'humain.

- Vous ne proposez pas de braquer cette banque ?

- Non.

- D'un autre côté, vous nous demandez de renoncer à un objet que nous détenons.

- Oui.

Les gobelins tinrent une longue discussion en Gobelbabil. Harry les observa et garda ses mains nonchalamment posé sur ses genoux. Il savait que toucher sa baguette serait pris comme une menace et, honnêtement, il n'en voulait pas. Il voulait simplement qu'ils coopèrent. Il avait effectivement la magie sans baguette à sa disposition si la conversation devenait hors de contrôle, bien sûr, et ils pourraient choisir de prendre sa tête comme paiement à la place.

Ragnok se tourna enfin vers lui.

- Nous voulons deux choses. Vous nous les livrerez avant la fin du mois de mai, ou nous ne vous donnerons pas la coupe.

- Oui ?, fit Harry en se penchant en avant pour montrer son attention.

- La première est l'épée de Gryffondor, annonça le gobelin avec un éclat dans les yeux qui poussa le Gryffondor à le considérer comme proche du fanatique. C'est nous qui l'avons faite. C'est à nous qu'elle appartient. Ce n'est pas un trésor de l'École de Sorcellerie de Poudlard. Nous voulons qu'elle nous soit rendue.

- D'accord, accepta le jeune homme. Et l'autre chose ?

Ragnok marqua un autre temps de pause, comme s'il pensait que cet humain allait faire des histoires. Lequel lui adressa un sourire plaisant et attendit. Le gobelin acquiesça finalement du chef.

- Le sorcier Ludo Verpey nous doit de l'argent et est en fuite, et ce que nous avons saisi de ses possessions n'était pas suffisant pour payer sa dette. Puis votre Ministère l'a couvert et a insisté qu'ils ne le traqueraient pas et lui feraient pas de procès. Nous voulons qu'il nous revienne.

Harry sourit légèrement, songeant à son Charme Retrouveur d'Objets.

- J'ai jusqu'au trente et un mai ?

- Oui, Harry Gryffondor.

- Parfait !, conclut le brun en se levant. Merci pour cette conversation. Nous avons un accord.

Il sortit d'un pas tranquille de la banque, en sifflotant. Il avait un chapeau et un phénix à approcher pour l'épée, d'abord. Et pendant que le Choixpeau n'avait aucune opinion particulière de sa personne, il était peu probable que Fumseck lui refuse ce qu'il voulait.

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- Ludo Verpey ?, demanda Harry alors qu'il sortait des ombres projetées par le feu de camp.

Il avait pensé qu'il aurait à traquer le bonhomme autour de la moitié du globe, mais ce dernier n'avait jamais quitté la Grand Bretagne. Il campait juste aux abords des villes moldues, où ni les sorciers ni les gobelins ne voulaient particulièrement aller.

Verpey sursauta, braquant son regard sur lui. Il portait ce qui semblaient être des guenilles au premier abord, mais quand Harry les détailla plus particulièrement, les sortilèges apposés dessus se brisèrent et disparurent. L'ancien employé du Ministère était en fait vêtu de robes chaudes, bien qu'effilochées et raccommodées. Les sorts étaient juste assez puissants pour empêcher les Moldus de s'attarder.

- N-non. Vous trompez. Mon nom être Luvido Verney, articula Verpey avec un accent ridicule qui lui donnait l'air d'une mauvaise parodie de Viktor Krum. Oui, oui, Verney. Je pas parler votre anglais.

Harry leva les yeux au ciel. La grosse limite de son Charme Retrouveur d'Objets était qu'il ne le dirigeait pas directement à des gens ou des objets. À la place, celui qui lançait le sort devait trouver ou utiliser un objet que le traqué avait touché ou qui lui ressemblait. Les gobelins lui avaient donné un Gallion saisi sur Bagman, ce qui avait bien marché.

- Non, vous êtes Ludo Verpey, et vous allez venir avec moi.

- Luvido Verney pas savoir qui vous être. Luvido Verney pas parler anglais.

- Harry Gryffondor, se présenta le jeune homme avec une petite inclination du chef. Allez-vous venir avec moi ou non ?

Verney essaya de lui faucher les jambes avec un maléfice, mais il était lent comparé à Voldemort ou ses Mangemorts. Harry bondit par-dessus les sorts puérils, et lança un Maléfice du Saucisson qui frappa Verpey et le ligota de la tête aux pieds. Les yeux de Verney roulaient frénétiquement dans leurs orbites alors que le brun éteignait son feu et prenait sa baguette.

- Vous ne comprenez pas !, chuchota-t-il en abandonnant l'accent. Si vous me ramenez dans le monde sorcier, les gobelins vont me tuer !

- Mais ils me donneront aussi ce que j'ai marchandé, répliqua Harry avec un petit haussement d'épaules. Et ils ne vous tueront peut-être pas, du moment que vous remboursez votre dette ou travaillez pour la remplir.

Le service sous contrat pour que les sorciers remboursent leurs dettes aux gobelins était une chose que le Gryffondor avait découverte en faisant ses recherches pour prendre un nouveau nom. Ce n'était plus très commun, mais les humains pouvaient toujours choisir ça plutôt que la décapitation.

- Vous êtes vachement insensible pour un Gryffondor, fit remarquer le prisonnier avant de se mettre à pleurnicher.

- J'ai choisi le nom, je ne suis pas né avec, l'informa Harry joyeusement. La seule lignée familiale que je dois honorer est celle que je choisis. On y va ?

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Les yeux de Ragnok ne pouvaient s'empêcher d'aller du prisonnier Verpey à l'épée de Gryffondor que Harry avait appuyée contre son fauteuil. Il regarda le jeune humain puis au loin de nouveau, détaillant les murs comme s'il s'attendait à ce que la vraie personne qui avait apporté l'ennemi des gobelins et l'épée des gobelins allait surgir inopinément.

- Verpey et l'épée, comme vous l'avez demandé, présenta Harry aussi calmement que possible. Et nous sommes le vingt mai. Je crois avoir demandé la coupe de Poufsouffle ?

- Comment avez-vous fait ?

- Avec l'aide d'un peu de magie inventée et d'un phénix.

C'était la parfaite vérité, même s'ils n'allaient pas le croire. Quand même, le doute des gobelins faisait moins mal que celui des personnes qui avaient été amies pendant des années. Le Gryffondor découvrit ses dents dans un léger sourire, avant de relancer :

- La coupe ?

- Nous ne pouvons pas nous permettre de livrer des artefacts ainsi, monsieur, chuchota une des gobelins derrière Ragnok.

C'était comme s'ils avaient ou bien oublié que Harry pouvait les entendre ou bien oublié qu'ils étaient en train de parler anglais, mais le brun ne pensait pas qu'ils oublieraient ce genre de choses. Non, c'était une insulte délibérée.

- Vous devez aussi garantir que votre réputation de gardiens de l'or des sorciers est irréprochable, indiqua Harry doucereusement. Que se passerait-il si j'informais certaines personnes que les gobelins ne tiennent pas leur part des marchés qu'ils ont eux-mêmes contracté ?

- J'ai massacré des sorciers pour des insultes bien moindres, menaça Ragnok en se penchant en avant.

Le jeune homme pencha légèrement sa tête sur le côté, et laissa une volute de Feudeymon glisser les long de son bras.

- Je sais que vous devez avoir vos propres sources sur l'identité du véritable vainqueur de la Bataille de Poudlard l'an dernier. Voulez-vous que je vous montre pourquoi ?

Ragnok se rétracta en marmonnant, et envoya un gobelin chercher la coupe dans les profondeurs de la banque. Ils refusèrent de lui révéler dans quel coffre elle était, mais ce n'était pas quelque chose qu'il était lui important de connaître, de toutes façons. Il savait déjà que c'était probablement celui d'un Mangemort, et ça lui suffisait.

La coupe luisait lorsqu'ils l'apportèrent dans la pièce. Harry sourit légèrement. Sa sensibilité à la Magie Noire avait suffisamment augmenté pour qu'il puisse distinguer le chatoiement d'un maléfice autour des poignées de l'artefact.

Ça ressemble tellement aux gobelins d'omettre ce petit détail, songea-t-il. Il s'empara de l'épée de Gryffondor, la fit tournoyer sur le côté, et l'abattit sur la coupe.

Le gobelin qui la tenait la lâcha alors qu'elle commençait à hurler. Le brun ne couvrit pas ses oreilles. Après cinq décès d'Horcruxes, il s'y attendait. À la place, il contempla l'ombre qui s'éleva, essayant apparemment de s'échapper, puis les tranchants de la lame brillèrent et l'attrapèrent. Il y eut un dernier sifflement, et la coupe, un tas difforme de métal avec une entaille profonde la partageant quasiment en deux, s'immobilisa.

- Pourquoi est-ce que l'épée a détruit un Horcruxe ?, s'enquit Ragnok alors que le silence planait depuis peut-être une minute. Nous l'avons infusé de bien des propriétés, mais jamais celle-ci.

- Je l'ai infusée avec du venin de basilic lorsque j'en ai tué un dans la Chambre des Secrets pendant ma deuxième année, répondit Harry avec légèreté.

Cela donnait l'impression que l'infusion avait été plus délibérée qu'elle ne l'avait été, mais un peu plus de respect des gobelins ne pouvait pas faire de mal.

- L'épée est à vous. Passez une bonne journée.

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- Harry.

L'interpellé bondit hors du sommeil, baguette en main, le visage d'emblée tourné vers la source de la voix qui avait prononcé son nom, l'esprit repassant tous les scénarios dans lesquels quelqu'un aurait pu s'introduire dans la Tour de Gryffondor, irrité que son sommeil soit interrompu alors qu'il avait besoin de se préparer pour les ASPICs le lendemain, …

La silhouette dégingandé dans le coin de la pièce tenait une baguette au faible Lumos, mais la voix était familière, ainsi que les cheveux, semblables aux siens.

- Le Seigneur des Ténèbres est ici, reprit la voix.

- Vous êtes sûr ?, demanda le Gryffondor en se levant promptement.

Snape découvrit son avant-bras gauche, et Harry put y distinguer la Marque des Ténèbres, la chair était teintée de rouge tout autour.

- Je peux sentir la Marque brûler comme elle ne le fait que lorsqu'il est à proximité.

Le jeune homme hocha la tête. Il se demanda un instant si Voldemort avait senti la mort de son dernier Horcruxe, si c'était lié à sa présence ici et maintenant, ou si c'était juste un acte symbolique, attaquer juste avant les ASPICs. Bof, ça n'était pas si important, supposa Harry. Il avait passé les trois dernières années, sinon plus, à se préparer pour ce moment.

- Enfermez-vous dans vos quartiers et levez vos boucliers, enjoignit-il distraitement à son professeur en passant devant lui pour descendre l'escalier. Vous voudrez être bien protégé au cas où quelque chose se passe mal et qu'ils entrent dans l'école.

- Vous n'êtes pas plus mon père que je n'aie vraiment été le vôtre.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?, siffla le Gryffondor entre ses dents.

Il n'avait pas réellement le temps de gérer un Snape difficile maintenant. Il devait continuer à courir vers le rez-de-chaussée.

- Cela veut dire que vous ne pouvez pas m'ordonner de rester en arrière.

- Vous réalisez que s'il vous voit sur le champ de bataille, il va vous tuer ?

- En quoi est-ce que ça s'applique davantage à moi qu'à vous, son plus grand ennemi, et celui qui l'a tenu en respect dans un duel qu'il a gagné à grand-peine l'an dernier ?

Harry grimaça en reconnaissant la validité de l'argument. Eh bien, au moins le Maître des Potions était un bon duelliste et avait des capacités inattendues avec les sortilèges qu'il avait inventés et dont Voldemort n'était probablement même pas au courant. Et le garçon n'avait pas le temps de pinailler.

- Venez, alors.

Ils étaient à peu près à mi-chemin quand Snape s'arrêta en jurant. Son élève le regarda, se demandant s'il pouvait aussi sentir la présence des Mangemorts.

- Vous ne le sentez pas ?

- De quoi… , commença Harry, avant de la capter, cette odeur de chair pourrissante, la même qu'il avait pris l'habitude de sentir venant de la main de Dumbledore. Qu'est-ce que c'est ?

- Des Inféri.

L'ancien espion arrima son coude contre le mur dans un geste brusque, accomplissant un autre charme que le Gryffondor ne connaissait pas, un qui rendit les murs de pierre de l'escalier complètement transparents autour d'eux. Le jeune homme dirigea son regard vers l'endroit où devrait se trouver le hall d'entrée, puis vers l'étendue d'herbe qui menait vers Pré-Au-Lard. Snape marmonna autre chose, et son acuité visuelle devint aussi précise que celle d'un aigle.

Voldemort n'avait pas traversé les barrières cette fois-ci, mais il se tenait juste devant elles, et à côté de lui, un tas de silhouettes. Harry frissonna. Tom avait amené une armée, des milliers d'Inféri. Il ne savait pas s'il pourrait tous les détruire.

- Voulez-vous que j'aille chercher Albus ?

Le Maître des Potions le regardait. Le jeune brun inspira un grand coup, et acquiesça de la tête.

- C'est probablement une bonne idée. Je voulais vaincre Voldemort moi-même, mais je ne suis plus aussi arrogant qu'avant, et je sais que ce sera déjà suffisamment difficile sans son armée.

Snape hocha du chef et s'éclipsa dans les escaliers. Harry observa les Inféri marteler les barrières, ce qui devrait sans doute réveiller Dumbledore avant que l'ancien espion n'arrive à ses quartiers. Tom se reposait davantage sur la force brute plutôt qu'un traître pour entrer cette fois, apparemment. Le Gryffondor fronça les sourcils. Il savait que les morts-vivants étaient vulnérables face au feu, mais il lui était impossible de conjurer suffisamment de Feudeymon pour se débarrasser de tout le bataillon.

Un son doux, agréable, résonna au-dessus de lui, et escalada en une chanson. Il sursauta et leva les yeux. Fumseck planait au-dessus de lui, lui octroyant le même regard de travers que lorsqu'il était étendu dans l'eau et le sang de la Chambre des Secrets. Harry eut un petit sourire et tendit la main.

- Tu m'emmènes faire un tour au-dessus d'eux, Fumseck ?

Le phénix plaça sa queue dans la main offerte, et ils s'envolèrent, survolant les tours et détours des escaliers. Le jeune homme éclata de rire malgré l'aspect lugubre de toute chose alors qu'ils débouchaient sur le parc de Poudlard comme une comète. Les Inféri ne s'arrêtèrent pas pour lui jeter un coup d'œil, prouvant leur manque de libre-arbitre, mais une grande silhouette centrale les fixait ardemment.

Voldemort, analysa Harry avant de lui jeter un Sectumsempra presque sans y penser. Riddle l'esquiva, mais le sort trancha deux Inféri particulièrement massifs à ses côtés.

Fumseck déposa le Gryffondor à proximité de l'armée. Puis il s'envola avec un flash dans le ciel et étendit ses ailes, en chantant. Son chant devint de plus en plus fort, et le jeune homme put distinguer le début d'un halo se former au bout de ses ailes et de sa tête, semblant s'agrandir depuis ses ailes, des lignes de lumières croissant de plus en plus.

Le phénix faisait ce qu'il pouvait. Il était temps pour Harry de faire ce que lui pouvait.

Ce fut plus difficile de trouver la rage pour le Feudeymon, cette fois-ci, et la joie plus simple. Mais il se rappela qu'il n'était pas sûr d'arrêter tous les Inferi, même si Voldemort était mortel maintenant, et seul. Tom n'hésiterait pas à tailler Ron en pièces s'il arrivait dans le château, à tuer Ginny, à rendre Neville aussi fou que ses parents. Il torturerait Snape jusqu'à ce que mort s'ensuive et ferait passer l'état de la main de Dumbledore pour une gentillesse.

Pour l'amour de tout ce qu'ils avaient été pour lui, pour le bien de ceux qu'ils étaient aujourd'hui et pour celui de tous les innocents qui dormaient en ce moment dans leurs lits, il ne pouvait pas laisser Voldemort gagner.

Et il y avait aussi le fait qu'il avait ses putains d'ASPICs à passer le lendemain, et il voulait être diplômé et devenir un adulte libre.

Voilà. Les flammes se hérissèrent comme une crête sur la ligne de ses épaules, Harry les projeta dans un geste brusque au-dessus de sa tête, elles bondirent sur les Inféri, prenant la forme de phénix, plus grands et aux couleurs plus sanglantes que Fumseck. Les morts-vivants explosèrent en balles enflammées de peau séchée et d'os comme s'ils avaient été faits de bois mort.

Riddle se tournait déjà vers son ennemi principal.

- Allez Tom, l'appela Harry en faisant un geste d'invitation avec deux doigts comme le petit bâtard insolent qu'il était. Ou as-tu peur d'affronter un Gryffondor ?

Voldemort était aussi rouge que possible avec une peau aussi pâle. Il commença à fendre la foule des Inféri avec de larges gestes de sa baguette en direction du Survivant. Ils étaient trop décérébrés pour se pousser tous seuls, apparemment.

Harry sourit, et se prépara.

Et juste à ce moment-là, Fumseck plongea.

Il était devenue une brillante boule géante de feu irradiant de chaleur, plus grosse que le soleil qui se levait le matin, le jeune homme pouvait à peine distinguer la forme de l'oiseau dans cette éblouissante vague de flammes, de lumière et de mort. Le chant du phénix étaient maintenant davantage un hurlement alors qu'il percutait les Inféri et jetait des traits de fournaise éclatants et sautant dans tous les sens. En quelques secondes, un incendie faisait rage, semblant être dirigé par le chant de Fumseck pour aller plus vite, comme le vent, bondissant de mort-vivant en mort-vivant. Le chant en lui-même faisait tomber certains Inféri avant même que le brasier ne les touche, Harry aurait pu en jurer.

Voldemort s'éleva au-dessus du chaos, volant sans balai, et le Survivant le fixa du regard. Il ne savait pas que ce connard pouvait faire ça. C'était définitivement quelque chose qu'il devrait apprendre après avoir survécu à la bataille.

Bon, il était temps d'enlever son avantage à Riddle. Pouvoir être suspendu dans les airs et juste canarder Harry de cette position surélevée déséquilibrait trop le combat.

- Voco !, hurla le Gryffondor.

Un des sorts du livre de Snape, et les notes avertissaient d'une violente réaction, ce qui était exactement le but recherché à cet instant précis.

Voldemort fut attiré vers lui, convoqué par le sortilège, contraint de s'approcher. Le Survivant aperçut un éclat de surprise dans les yeux rouges, puis esquiva alors que le mage noir s'écrasait au sol. Sa magie de vol semblait avoir été proprement interrompue. Harry eut un large sourire et lança un maléfice pour briser les jambes de Riddle pendant qu'il était encore à terre. Il n'en eut qu'une seule, et sa cible feula comme un chat en colère.

- Harry Potter !

- Plus mon nom depuis belle lurette. C'est Harry Gryffondor maintenant. Sérieusement, faut vivre avec son temps, Voldemort.

Cela lui valut un Maléfice Explosif visant son torse, mais il savait le parer, et ils tombèrent dans cette sorte de même duel tendu que l'an dernier. Cependant, Harry avait plus de connaissances, cette fois-ci, et Tom ne pouvait plus survivre à un coup direct comme le Sectumsempra qui l'avait fait s'enfuir la dernière fois. Tous ses Horcruxes étaient détruits. L'homme, le monstre, en face de Harry était mortel.

- T'es-tu rendu compte que je les avais tous trouvés ?, s'enquit le brun alors qu'ils se tournaient autour.

La terre autour d'eux était retournée par les explosions et éventrée et écharpée par des sorts qui les auraient tués s'ils les avaient touchés. Harry saignait d'une entaille sur le crâne, et la fumée des feux allumés par Fumseck tourbillonnait autour d'eux et s'enfuyait en dansant. Ça faisait un petit moment qu'il avait dû renvoyer son Feudeymon, il devenait juste trop difficile d'en garder le contrôle et se concentrer sur son duel avec Voldemort à la fois. Mais les Inféri brûlaient consciencieusement dans les flammes du phénix, et le Gryffondor ne s'inquiétait pas de leur interférence.

- De quoi parles-tu ?

- Le journal, commença le brun qui eut le plaisir de voir Tom écarquiller les yeux. La coupe. Le médaillon. Le serpent…

Riddle lança un sort en Fourchelangue, et Harry jura alors qu'une nuée d'insectes mordeurs percutèrent son épaule gauche tous en même temps. Leurs morsures étaient si féroces qu'il savait que son bras allait être incapacité avant même qu'il ne retombe mollement contre son flanc. Mais ce n'était son bras de baguette, et il n'avait jamais pensé qu'il s'en sortirait sans dommage. Il maintint son regard sur Voldemort, et murmura :

- Tu pensais que tu allais vivre éternellement ? Tellement désolé de te contredire.

Tom rugit, et le rugissement se mua en un maléfice que le jeune homme n'avait jamais vu, se dressant comme une vague de lumière pourpre, gagnant des griffes et des crocs en avançant. Quand elle se plia et se rua sur lui, il sut qu'il ne pourrait pas l'éviter. Il ouvrit la bouche pour lever un bouclier qui pourrait peut-être la renvoyer.

- Prohibeo !

Le sortilège frappa la bête de Voldemort et la mâcha en une myriade d'étincelles. Harry suivit des yeux l'endroit d'où provenait le sort et vit Snape se précipitant à travers un corridor de pulpe d'Inféri, Dumbledore sur ses talons. Riddle se retourna, clairement enragé au point d'engager l'ennemi derrière plus plutôt que celui devant lui. L'ancien espion haussa simplement un sourcil, restant silencieux avec un tel dédain que le Gryffondor espérait que le Seigneur des Ténèbres perde les pédales.

Pas manqué. Voldemort entama une longue incantation, sa baguette se balançant d'avant en arrière comme un pendule dans sa main, le regard fixé seulement sur Snape. Et à la façon dont le Maître des Potions pâlit, il reconnut le sort, et c'en était un mauvais.

Cependant Tom tournait le dos à Harry. Lequel avait lu un sort dans un livre, pas celui de l'ancien espion, mais un qu'il avait trouvé dans la Réserve, un qu'il avait certainement la puissance de lancer même s'il ne l'avait jamais testé.

- Carnifico !

La magie s'échappa du jeune homme, emportant plus de forces qu'aucun autre sortilège qu'il avait déjà utilisé, sauf le Feudeymon. Elle fit irruption sous la forme d'un intense rai de lumière blanche sortant de sa baguette, et le fit tomber à genoux. Il s'obligea à rester droit pour voir ce qui allait se passer. Il n'allait pas manquer ça parce qu'il avait le visage dans la boue.

Voldemort ne s'était pas encore entièrement retourné lorsque le rayon blanc le frappa. Harry aperçut Dumbledore, debout, la bouche légèrement ouverte, et Snape… Snape avait les yeux résolument fixé sur lui. Il ne regardait même pas le sort.

Qui décapita le Seigneur des Ténèbres.

Le sang jaillissant de son cou était plus épais et plus abondant que ce que le Gryffondor aurait pensé. Ce dernier fit un mouvement brusque en arrière, mais ne put éviter d'en être aspergé. Il perdit son équilibre déjà précaire et tomba à la renverse.

Pas avant de voir deux choses.

L'une était la tête de Voldemort, roulant comme un Souaffle à travers le parc, atterrissant contre une touffe d'herbe brûlée.

L'autre était l'immense fierté dans les yeux de Snape.

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Les répercussions de cette bataille furent remplies de voix, Harry en ignora la majorité.

Dumbledore vint s'asseoir à son chevet dans l'infirmerie en silence, sauf pour lui dire qu'il n'avait jamais voulu que Harry devienne un tueur. Le brun supposa que c'était une des raisons pour lesquelles le Directeur avait voulu qu'il marche vers sa mort en tant qu'Horcruxe à sacrifier, pour qu'il ne commette pas de meurtre. Mais c'était stupide, alors le Gryffondor regarda fixement Dumbledore jusqu'à ce qu'il parte.

Snape fut celui qui l'informa que la main empoisonnée du Directeur le tuait à petit feu, et qu'il était improbable qu'il ne survive encore plus de quelques mois. Harry haussa les épaules. Honnêtement, il n'arrivait pas à ressentir grand-chose à cet égard.

Hermione et Neville et tous les Weasleys passèrent pour l'étreindre et s'extasier et, dans quelques cas, pleurer sur lui. Il le permit, mais quand Hermione tenta de lui dire à quel point il avait été imprudent d'aller affronter Voldemort et une armée d'Inféri avec un phénix pour seul compagnie, il la regarda fixement jusqu'à ce qu'elle parte.

Il s'avéra que l'Académie des Examinateurs Magiques avait repoussé les ASPICs à cause de la bataille, ce qui était plutôt une bonne nouvelle. Des membres du Ministère pointèrent aussi le bout de leur nez, pour essayer de l'interviewer, et également tenter de formuler quelques vagues menaces à propos des sorts qu'il avait utilisés. Mais il avait perfectionné un regard noir qui menaçait beaucoup en disant peu et au bout du compte, ils partirent.

Il y eut beaucoup d'articles dans les journaux. Il les ignora. Il reçut un hibou de la part de Rita Skeeter lui promettant de le payer pour la véritable histoire au moment où il serait prêt à la publier. Il eut un grand sourire. C'était une chose qu'il attendait avec impatience, une fois qu'il aurait passé ses ASPICs et récupéré de cette putain de saloperie d'épuisement magique qui le gardait au lit pour l'instant.

Sirius et Remus vinrent aussi. Harry reçut de vraies excuses cette fois-ci, mais il n'allait certainement pas retourner à une relation insouciante avec eux comme ils le voulaient, et au moins le loup-garou était suffisamment intelligent pour le savoir. Le Gryffondor les regarda fixement jusqu'à ce qu'ils partent, avec Remus tirant Black hors de l'infirmerie.

Il reçut hibou après hibou. Des propositions en mariage, des gens le félicitant et disant qu'ils avaient su tout du long qu'il était le vrai Survivant, des offres de partenariats, des écrivains lui indiquant qu'ils pouvaient écrire sa biographie officielle dès qu'il « serait prêt à coopérer », de vagues menaces, de vieilles gens caquetant à propos des jeunes et leur tendance à filer et affronter des Seigneurs Ténébreux sur un caprice, et des larbins du Ministère établissant qu'il y avait une certaine variété d'emplois à sa disposition après son diplôme. Il les brûla toutes, sauf les plus drôles.

Parmi les voix qu'il devait écouter était celle de Mme Pomfresh, mais elle-même admit que, à part guérir l'épaule touchée par le sort d'insectes de Voldemort, elle ne pouvait pas faire grand-chose pour lui. Elle le garda cependant trois jours à l'infirmerie pour épuisement magique.

Snape vint régulièrement pour s'asseoir à son chevet, mais il ne parla presque jamais, alors Harry n'avait pas à choisir s'il devait l'écouter ou non.

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Deux jours après la fin des ASPICs. Harry était assis dans le parc, caressant le dos de Fumseck. Le phénix avait été tellement épuisé par la bataille, comme Harry, qu'il avait même passé une semaine dans un œuf plutôt que sous sa forme de poussin. Le Gryffondor avait retenu son souffle à propos de la résurrection de l'oiseau, mais ce dernier était revenu, et maintenant un tout petit bébé phénix dormait dans un nid improvisé que le brun avait fabriqué avec des bandes de papier tissé. Fumseck était trop petit pour brûler même ça.

Des pas se firent entendre derrière lui. Il regarda par-dessus son épaule. Snape se tenait là. Il hésita, et demanda :

- Puis-je m'asseoir avec vous ?

- C'est un bord de lac libre.

L'enseignant prit place à distance de lui, et l'observa du coin des yeux. Harry regardait le phénix, et l'ondulation des vagues échouant sur le rivage. C'était une journée paisible, calme et un peu ensoleillée. Les nuages passant loin au-dessus de leurs têtes semblaient annonciateurs de pluie, mais pas pour tout de suite.

- Avez-vous réfléchi à ce que vous alliez faire après l'obtention de votre diplôme ?, s'enquit Snape brusquement.

- Je vais retourner au Chaudron Baveur pour un certain temps. J'ai toujours une chambre gratuite là-bas parce que j'ai sauvé la vie de Tom. Quand les Mangemorts ont attaqué le Chemin de Traverse il y a deux ans, expliqua le Gryffondor quand le Maître des Potions inclina la tête. Ensuite, je chercherai un petit appartement. Je peux m'offrir une maison si je m'y mets avec d'autres gens. Il se peut que je reste au Manoir Londubat pour un temps, Neville m'a invité.

- Et vos… plans futurs ?

- Surveiller mes arrières pour un moment.

Harry eut un sourire sans joie. La défaite de Voldemort avait incité quelques Mangemorts à se rendre, mais pas tous. Lucius et Narcissa Malfoy en particulier avaient disparu, et avec eux, Draco, envolé de sa cellule à Azkaban. Harrry savait déjà que le Ministère était corrompu.

- Et poursuivre ma route pour devenir créateur de sorts.

- Si vous avez besoin d'aide...

- J'ai discuté avec Hermione. Elle a dit que vous aviez été un professeur étonnamment décent cette année. Mais on avait dit deux ans, Snape, c'était ça le marché. Je ne nierai pas que vous m'avez bien aidé cette année, mais ce n'est pas assez pour vous pardonner ou penser à vous comme un père pour le moment. Ne me pressez pas.

Le Maître des Potions hocha juste du chef. Il semblait même soulagé. Harry se souvint qu'il avait confessé qu'il aurait été content que Lily Potter le tue. D'une certaine manière, le bonhomme était tellement dans l'auto-dépréciation que la posture distanciée de Harry le rassurait probablement, de savoir qu'il mériterait peut-être un jour d'être pardonné, mais pas tout de suite.

Que ferait-il, sans sa haine de lui-même ?

Le Gryffondor n'était pas sûr. Il n'était pas sûr de ce qu'il trouverait, si Snape ne tenait pas sa part du marché. D'un autre côté, ça n'arriverait peut-être pas. Et la fierté dans ses yeux quand Harry avait abattu Voldemort avait été une jolie touche. Ça pourrait devenir plus, un jour. Enfin, un jour n'était pas aujourd'hui.

Le jeune homme pourrait peut-être se rapprocher de Sirius et Remus un jour, mais c'était pas demain la veille. Lui et Hermione pourraient peut-être entretenir une amitié plus proche que celle qu'ils avaient en ce moment, où des conversations froides se terminaient à l'instant où Granger essayait de lui dire ce qu'il devrait faire, mais peut-être pas. Lui et Dumbledore pourraient peut-être faire la paix avec que le Directeur ne meure, mais Harry en doutait.

D'un autre côté, « peut-être » et « un jour » impliquaient beaucoup de possibilités plaisantes, aussi. Il inventerait peut-être un sort qui épaterait tout le monde et laisserait une autre trace dans l'esprit des gens que d'être le vainqueur de Voldemort. Il pourrait peut-être trouver un bel endroit pour vivre et installer des protections assez puissantes pour qu'il puisse mener une vie normale. Il pourrait peut-être se marier, avoir des enfants. Il pourrait peut-être voyager autour du monde et devenir une légende dans d'autres pays.

Il pourrait peut-être avoir un bébé phénix pour compagnie.

Il ne savait pas. Il refusait d'enfermer toutes les possibilités dans la cage des mots.

Snape hocha de nouveau la tête, après un long moment.

- Si je peux vous aider, faites-le-moi savoir.

Puis il se leva. Le Gryffondor supposa qu'il allait rentrer directement à l'école, mais il marqua un instant d'arrêt.

Le temps s'écoula dans le tonnerre de battements de cœur.

Le Maître des Potions articula enfin, la voix plus douce que Harry ne l'avait jamais entendue :

- Si un jour vous me permettez de vous clamer comme mon fils, j'en serais très fier.

Il partit. Harry contempla le lac et calma le phénix sous ses doigts.

Il ne savait pas ce qui allait se passer.

Il sourit. Sa vie avait été prédéterminée par tellement de choses : prophétie, parents bizarres, des gens qui pensaient savoir ce qui était mieux pour lui.

C'était plutôt excitant de ne pas avoir la moindre idée de ce qui allait arriver.

Fin.