Epilogue

-Ginevra Bolin anciennement Prewett Weasley. C'est donc vous …

Contrairement à ce qu'on aurait pu penser, le procès de Ginny, Molly et Arthur avait été relativement confidentiel, tout comme leur reniement. Puisque Azkaban avait été définitivement fermé après qu'Harry ait fait claquer son titre de Survivant, ils avaient purgé leur peine de vingt ans dans la nouvelle prison construite sur une île isolée de l'archipel et maintenant qu'ils étaient libres, tous les trois avaient découvert que la vie avait continué sans eux. Après s'être trouvé un endroit pour vivre, ils avaient décidé de reprendre contact avec leur famille pour faire jouer la fibre sentimentale et pouvoir avoir leur mot à dire dans la gestion des clans Weasley et Prewett. Pour cela, Ginny avait écrit à sa fille, qu'elle savait avoir été élevée par Percy, et celle-ci venait de lui donner rendez-vous dans un salon de thé moldu.

Contrairement à ce que Ginny aurait pensé, sa fille ne lui ressemblait pas le moindre du monde, ressemblant plus à ses frères. Ses yeux saphir, hérités de son père biologique, et sa chevelure blond vénitien ne la cataloguait pas immédiatement comme une Prewett ou une Weasley.

-Je suis ta mère ! s'indigna Ginny

-Biologique, peut-être, haussa des épaule Gwendoline. Mais celle qui m'a élevé s'appelle Pénélope et c'est elle que j'appelle maman. Alors ne comptez pas sur moi pour vous appeler comme ça.

-Tu me dois le respect ! gronda Ginny

-Vous n'êtes pas là pour construire une famille avec moi ou sinon, vous auriez gardé le contact avec papa puis avec moi toutes ses années, coupa Gwendoline. Dites-moi ce que vous voulez, qu'on en finisse.

Ginny fusilla son enfant du regard.

-Je suis ici parce que je suis ta mère et que tu as sûrement besoin des conseils que je pourrais t'apporter pour t'aider dans ton rôle de lady Prewett, déclara Ginny.

En sortant de prison, Ginny et ses parents avaient appris que sa fille adoptive était lady Prewett, que Percy la préparait à ses futures responsabilités et ils voulaient en profiter.

-Maman est beaucoup mieux placée en tant que lady Weasley, répondit Gwendoline. Sinon, je peux toujours demander à tante Fleur qui est comtesse Delacour, ou encore à Hermione Potter-Malfoy, Hannah Longbottom ou même Gabrielle Prince.

Malgré les crimes de sa mère et de ses grands-parents maternels biologiques, Gwendoline n'avait pas été éloignée du reste de la famille Weasley et de leurs cercles d'amis. Elle avait donc fait la connaissance du clan Potter-Malfoy et toute petite, elle avait été introduite comme héritière Prewett, dont le clan s'était offert une nouvelle réputation grâce à son père adoptif. Pour éviter les dérives de ses parents, Percy avait très tôt demandé de l'aide aux personnes qui seraient les plus à même de répondre à ses questions et en avait fait profiter sa fille adoptive. Gwendoline avait donc une éducation sang pur en adéquation avec son époque et elle était pleinement formée pour reprendre le clan Prewett, il ne lui manquait que l'expérience. Ce n'était donc pas une sorcière qui n'était jamais sortie de l'adolescence, à l'image de sa mère biologique, et qui avait spectaculairement échoué à s'introduire de force dans l'un des clans les plus prestigieux qui allait l'aider efficacement.

-Tu ne sais pas de quoi tu as besoin, s'irrita Ginny.

-Vous non plus, renifla Gwendoline. Mon but ultime de ma vie n'est pas de trouver le parti idéal pour l'épouser à tout prix, quitte à utiliser les moyens les plus illégaux mais d'apporter du prestige à ma famille et d'être heureuse. Nous n'avons clairement pas les mêmes objectifs.

-C'est mon rôle de t'aider ! s'écria Ginny

-Et comment ? lâcha Gwendoline. Vous êtes restée en prison pendant vingt ans avec le strict minimum d'informations sur l'extérieur. Avant cela, vous êtes restée dans votre monde, au point de crier sur tous les toits pendant près de vingt ans que vous serez la future lady Potter alors qu'Harry ne vous aimait même pas. Si je dois être aidée, ce sont par des personnes qui ont le même type de responsabilités que moi et qui les exercent, pas par des personnes qui se font des idées fantasmées de ce que je devrais faire.

Gwendoline fixa Ginny, dégoûtée en comprenant ce que la sorcière face à elle avait imaginé.

-Vous pensiez sérieusement qu'en revenant la bouche en cœur, j'allais vous tomber dans les bras, heureuse de retrouver ma mère biologique, et que j'allais ainsi obéir à tout ce qui vous serait passé par la tête, comptant probablement sur la rancune de votre ancien frère qui l'aurait poussé à ne jamais me révéler mes véritables origines ? grinça Gwendoline. Il serait temps pour vous de redescendre sur terre. Contrairement à ce que vous pensez, vous avez été reniée de la famille Prewett comme de la famille Weasley donc je n'ai aucune responsabilité à votre encontre. Le reniement vous a fait perdre tout droit sur moi et j'ai été adoptée par Perceval Weasley et sa femme Pénélope qui m'ont élevé avec tout leur amour, même s'ils ont eu d'autres enfants naturels. Je vous dois peut-être la vie, mais par reconnaissance, je n'ai pas à accéder à tous vos caprices.

Gwendoline se leva, voulant mettre fin à la conversation qui ressemblait plus à un dialogue de sourds.

-Si je suis ici, c'était pour savoir si vous aviez appris de vos erreurs, déclara froidement Gwendoline. Mais au lieu de me proposer d'apprendre à nous connaître pour construire un lien familial, vous avez préféré vous imposer pour avoir un droit de regard sur la ligne de conduite des Prewett. Vous n'êtes rien pour moi, Ginevra Bolin, et encore moins pour le clan Prewett, comme vos parents. Ne cherchez plus à me contacter ou sinon, vous retrouverez bien vite votre cellule. Adieu et à jamais.

La jeune femme tourna des talons et ce fut la dernière fois que Ginevra put voir d'aussi près sa fille qui ne l'était plus.

§§§§§

-Arthur, Molly, Ginny, salua Harry en ouvrant la porte. Je vous attendais plus tôt. Entrez.

Les trois roux avaient attendu un mois avant de se présenter à l'hôtel particulier des Potter à Londres, seule adresse connue d'Harry Potter. Ils observèrent sans se cacher les lieux qui étaient sobrement décorés avant de déboucher sur un petit salon chaleureux déjà occupé.

-Qu'est-ce qu'ils font là ? grogna Molly

-Draco est mon mari, au cas où vous l'auriez oublié, ce qui serait un comble puisque vous avez assisté à mon mariage, railla Harry en s'installant dans un fauteuil. Hermione est là en tant que notre avocate personnelle. Veuillez prendre place et nous dire ce que vous nous voulez.

-Ils n'ont pas à entendre ce qu'on a à dire, grommela Arthur.

-Alors vous connaissez la sortie, déclara tranquillement Harry. Ce sera avec eux ou rien du tout. A vous de choisir.

Les trois « invités » se regardèrent quelques instants avant de capituler et de s'asseoir.

-Nous sommes ici pour nous expliquer, déclara Arthur.

-Je vous écoute, fit simplement Harry.

Le brun était curieux de savoir ce qu'ils avaient à dire. En effet, pendant leur procès, personne n'avait réussi à leur arracher la raison de leurs actes. Tout le monde, et lui le premier, savait que c'était par cupidité mais il n'y avait jamais eu de confirmation. Draco, lui, refusait d'avoir à faire avec eux. Pendant son adolescence, sa relation la plus violente était avec Ronald mais une fois la guerre terminée, Ginny s'était fait un devoir de lui pourrir la vie qui semblait croire qu'en éclipsant son plus grand rival, elle attirerait l'attention d'Harry. Le summum avait été atteint quand elle avait voulu faire endosser la paternité de son bâtard à son fiancé et depuis, Draco vouait au trio une haine sans merci, même après vingt ans. Hermione, elle, était curieuse et voulait savoir ce que les anciens Weasley allaient pondre pour revenir sur le devant de la scène et surtout, pour tenter de s'imposer dans la vie d'Harry. Elle était consciente que même autant de temps en prison n'aurait pas réussi à leur faire entrer du plomb dans leurs têtes.

-Je ne comprends pas pourquoi tu as épousé Malfoy, déclara Arthur.

-A part le fait qu'un contrat d'union liait les clans Potter et Malfoy ? railla Harry. Draco a été le seul à me demander si je voulais bien l'épouser.

Hermione adorait voir la tête des gens quand ils apprenaient comment les deux autres membres de la triade en étaient venus à se marier. Car oui, elle avait tout de suite compris quand elle était devenue Mère de Lignée que si ces deux sorciers n'avaient pas voulu honorer ce contrat, alors rien ne se serait passé. Elle avait eu l'occasion d'en discuter avec chacun d'entre eux et si le choix de Draco de demander la main d'Harry avait été en partie motivé par égoïsme pour redorer son nom, il avait voulu lui donner l'une des seules choses que le brun voulait à tout prix sans qu'il n'ait eu besoin de le crier à la face du monde : avoir le contrôle de sa propre vie. Draco Malfoy avait été le seul à lui donner en personne le choix de l'épouser ou non et Harry Potter avait accepté parce qu'il avait été l'un des seuls à le traiter comme son égal et non comme une idole.

-Mais tu savais que je voulais me marier avec toi … balbutia Ginny.

-Personne ne pouvait l'oublier puisque tu l'as crié sur tous les toits depuis que tu as mis les pieds à Poudlard, sourit Draco. C'était limite si tu ne t'étais pas présentée comme lady Ginny Potter à l'époque.

-Ma fille est parfaite pour devenir lady Potter, s'écria Molly.

-Mais vous n'avez jamais estimé nécessaire de me demander si j'étais d'accord avec cette idée, rappela froidement Harry. Mon tuteur ne m'a jamais parlé de démarches de votre part pour l'éventualité d'une union et même si ça avait été le cas, il vous aurait opposé une fin de non-recevoir car le testament de mes parents avait été très clair : ils refusaient un mariage arrangé pour moi.

-Vous vous aimiez … assura Molly.

-Et qui, à part Ginny, vous l'a dit ? demanda Hermione. Ne me sortez pas Ron car même lui prenait des précautions quand on en venait à parler de Ginny et d'Harry.

-Ne parlez pas de ce traître … siffla Arthur.

-Traître ? releva Harry. Parce qu'il a décidé de s'éloigner de vous quand il a découvert que vous aviez rédigé un contrat de mariage en paiement de mon introduction honoraire dans votre famille ?

Le visage blême du couple répondit à leurs interrogations.

-Oh, vous ne vous doutiez pas qu'Harry avait découvert ce plan-là aussi, traduisit Draco. Dommage pour vous, dès que le nom d'Harry est mentionné dans un contrat placé à la banque, il est de son devoir de prévenir le principal intéressé.

-Pourquoi êtes-vous ici ? articula Hermione

-Tu n'aurais jamais dû épouser un mangemort ! éclata Arthur. Notre famille n'était pas assez bien pour toi ? Ginny aurait pu être une parfaite Mère de Lignée !

-Et voir mes enfants avoir les mêmes mauvaises manières que leur mère ? railla Harry. J'ai déjà vu de première main ce que devient un enfant à qui on a passé tous ses caprices et ce n'est pas ce que je cherchais pour mes enfants. C'est pour cela que quand nous avons cherché notre Mère de Lignée, il était prévu qu'elle n'ait aucun rôle dans notre famille et qu'elle abandonnerait tous ses droits familiaux.

-Mais Hermione n'est pas née de sorciers, fronça des sourcils Arthur. C'est une honte de lier une si puissante famille à une moins que rien !

-Merci du compliment, renifla Hermione. Mais avec moi, il y aurait eu moins risque de consanguinité. Et au moins, Harry et Draco auront été sûrs d'être les pères des enfants que je porterai. Je n'ai rien contre le nombre de partenaires qu'a eu Ginny mais plus sur le fait que tout le monde sait qu'elle s'est rendue de nombreuses fois à St Mangouste pour se faire guérir de maladies sexuellement transmissibles, ce qui ne serait pas arrivé si elle avait pris ses précautions.

-Sans oublier qu'avec Hermione, nous étions sûrs que nous n'aurions pas sur le dos des personnes qui n'étaient nullement concernées par l'éducation de nos enfants, déclara Draco.

-Peu importe, coupa Harry. A part cette certitude folle que Ginny m'aurait convenu comme épouse, pourquoi êtes-vous ici ? Vous avez perdu toute chance que je vous considère comme des membres de ma famille et pendant que vous étiez censés réfléchir à la portée de vos actes, j'ai pu construire quelque chose dont je suis fier et ne plus être spectateur de ma propre vie. Si vous n'avez plus rien à dire, je vous prie de sortir d'ici et de disparaître à jamais.

L'aura de magie qui entoura Harry fit comprendre aux trois roux qu'ils n'avaient plus aucune chance de faire pencher la balance en leur faveur. En se drapant des lambeaux de leur dignité, ils se levèrent et tournèrent des talons sans un seul mot. Draco attendit qu'ils sortent des limites de la propriété pour prendre la parole.

-Ils comptent nous faire disparaître du paysage Hermione et moi pour que tu puisses épouser leur fille, annonça Draco.

-Tout en sachant que tous nos enfants sont adultes ? haussa des sourcils Hermione, n'étant même pas choquée que le blond ait utilisé la légilimencie sur eux

-A savoir s'ils sont au courant de leur existence ou s'ils la rejettent, songea Draco.

-Il est hors de question qu'ils les blessent, gronda Harry. Il est temps que je prenne enfin les mesures qui s'imposent.

-Tu ne peux pas les tuer, rappela distraitement Hermione.

-Ça résoudrait pas mal de problème, commenta Draco.

-Mais je veux qu'ils regrettent amèrement d'avoir voulu me manipuler, fit sombrement Harry. Je m'occupe de tout.

Les deux autres membres de la triade ne cherchèrent pas à comprendre.

Encore moins quand un encart dans un journal national moldu annonça la découverte de trois citoyens britanniques qui avaient vécu isolés de tous pendant plus de soixante-dix ans et qui avaient été placés en institut psychiatrique pour névrose et paranoïa avancée.

Fin