TORTUE

CM2

- Je vais vous donner à chacun une feuille blanche, et vous allez me dessiner votre animal préféré au crayon de couleur. D'accord ?

La maîtresse d'école commence à distribuer des feuilles lorsque les élèves lui répondent qu'ils ont compris. Bellamy prend un crayon de couleur dans son casier et fixe sa feuille blanche. Il ne sait pas quel est son animal préféré, il n'y avait jamais réellement pensé… Il adore les chiens déjà, ça c'est sûr. Le jeune garçon commence à dessiner avec son crayon à papier des petites pattes et le museau d'un chien qu'il aime bien : le labrador.

- Qu'est-ce que tu fais ? lui demande Miller, son meilleur ami.

- Un chien, et toi ?

- Un requin.

- Un requin ? C'est vraiment ça ton animal préféré ?

- Oui ! Tu n'as jamais vu le film Les Dents de la Mer ? C'est génial, il mange des gens !

Bellamy lève les yeux au ciel en entendant la réponse de son ami. C'est en y repensant qu'il aurait pu dessiner un dinosaure, comme dans le film Jurassic Park qu'il a vu avec sa mère quelques jours auparavant. Il a fait beaucoup de cauchemars mais c'était vraiment bien.

Bellamy se lève de table pour aller tailler son crayon dans la poubelle la plus proche. Il tourne le visage tout en le faisant, et regarde Clarke, au loin. Il sait qu'il est déjà en train de rougir pendant qu'il l'observe dessiner. Clarke est sa voisine de maison, donc il la connait bien. Ils ne se voient pas tous les jours, mais lorsque sa mère ne peut pas venir le chercher, Abby, la mère de Clarke, vient pour lui aussi. Leurs parents sont amis, donc… Clarke est son amie. Clarke est aussi très jolie… Mais Bellamy sait très bien qu'il est trop jeune pour avoir une amoureuse.

Le jeune garçon se rapproche de Clarke et regarde par-dessus son épaule. Il sourit.

- Une tortue ? demande-t-il.

Clarke sursaute en entendant la voix de Bellamy et se retourne rapidement vers lui. Bellamy plonge ses yeux dans les siens avant de faire un sourire.

- Oui, une tortue, répond simplement son amie. Je les adore, elles sont vraiment belles et me fascinent beaucoup.

- Je ne savais pas.

- Et toi, qu'est-ce que tu dessines ?

- Un chien. Le meilleur ami de l'homme !

Clarke sourit. Bellamy retourne à sa place pour continuer son dessin tout en discutant avec ses amis. La maîtresse les gronde de temps en temps, mais ils ont tous le temps de terminer avant de quitter la classe.

Bellamy rejoint sa mère en fin de journée et rougit lorsqu'elle l'enlace. Il regarde à côté d'elle Abby, qui se penche vers sa fille pour embrasser sa joue. Abby et Aurora terminent leur discussion tandis que Bellamy et Clarke attendent juste devant eux, en regardant leurs pieds.

- On se voit toujours demain soir ? demande Abby à Aurora.

- Bien-sûr !

- Jake et moi apporterons le dessert.

Bellamy fronce les sourcils. Apparemment Abby et Jake sont invités à la maison demain soir… Donc Clarke aussi, il imagine. Cela va faire bizarre d'être avec elle en dehors de l'école, mais il a quand même hâte. Il a d'ailleurs pensé à un cadeau à faire à Clarke quand il a vu son dessin…

Bellamy est très stressé lorsqu'ils arrivent tous chez lui, le lendemain soir. Il dit bonjour à Abby, Jake et fait un léger sourire à Clarke. Il s'installe à table avec tout le monde, et joue avec sa nourriture, sans rien dire. Les adultes parlent de trucs d'adulte, donc ce n'est pas très intéressant pour lui. Octavia, elle, dort même sur la table, ce qui ne dérange personne. Ils sont beaucoup plus gentils avec elle puisqu'elle est jeune.

- J'ai hâte que ce repas soit terminé pour qu'on aille dans ta chambre, lui dit Clarke en lui donnant un coup de coude.

- Quoi ?

- Je m'ennuie ici, grimace-t-elle.

Bellamy sourit en baissant le visage vers son assiette. Il ne savait pas que Clarke voulait découvrir sa chambre, mais c'est le cas apparemment. Ils mangent tous ensemble le dessert, et il demande ensuite à sa mère si Clarke et lui peuvent sortir de table.

- D'accord, mais ne dérangez pas ta chambre, s'il te plaît.

Bellamy acquiesce et dit à Clarke qu'ils peuvent partir. La jeune fille le suit alors qu'il ouvre la porte de sa chambre. Elle sourit en voyant les nombreuses figurines Star Wars qui se trouvent sur toutes les étagères murales. Bellamy lui montre également ses différents posters.

- J'adore ta chambre, lui dit finalement Clarke.

- C'est vrai ?

- Oui ! C'est vraiment personnalisé, la mienne est trop simple… Je devrais ajouter des choses, moi aussi !

Bellamy hoche la tête avant de s'asseoir sur le sol de sa chambre, dos contre son lit. Clarke fait la même chose en prenant un carnet de coloriage sur le côté, que Bellamy avait laissé ouvert. Bellamy lui prête des feutres et elle commence à dessiner, tandis qu'il la regarde.

- Tu as réussi à terminer ton dessin de ce matin ? lui demande Clarke sans lever le nez de son coloriage.

- Oui, c'était assez simple.

- Tu as de la chance. Moi je n'ai même pas eu le temps de dessiner des pattes à ma tortue.

Bellamy continue à la regarder avant de se souvenir du cadeau qu'il lui a acheté dans la journée. Il se racle la gorge et se lève de sa place, avant de se diriger vers le bureau. Il prend un petit paquet qu'il tend à Clarke. Celle-ci fronce les sourcils.

- Qu'est-ce que c'est ? demande-t-elle.

- C'est pour toi. Je… Je l'ai acheté avec ma mère aujourd'hui. J'ai pensé à toi en le voyant.

Clarke lui fait un sourire rayonnant avant de se lever et prendre le paquet entre ses mains. Elle le déballe lentement, comme si elle ne voulait pas abimer le papier. Bellamy gratte son sourcil alors que son amie découvre le cadeau qu'il lui a offert : un collier avec un pendentif en forme de tortue. Clarke lève la tête vers lui.

- C'est trop beau ! s'exclame-t-elle. Merci beaucoup ! Mais je n'ai pas de cadeau pour toi…

- Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas.

- Tu peux m'aider à le mettre ? demande-t-elle.

Bellamy hoche la tête alors que Clarke lui tend le collier et se tourne dos à lui. Bellamy passe le collier autour de son cou et l'accroche, en soulevant un peu ses cheveux. Clarke se tourne vers lui. Le collier est un peu grand pour elle, mais avec le temps cela ira beaucoup mieux… Enfin, même si Bellamy pense qu'elle arrêtera un jour de le mettre.

- Merci encore, murmure-t-elle en touchant le pendentif.

Il sourit.

[…]

3ème

Clarke a porté le collier tout au long des années. Bellamy pensait qu'elle allait l'abandonner lorsqu'ils entreraient au collège, puisque c'est un collier qui fait assez enfant, mais ce n'est pas le cas. Elle le porte en 6ème, en 5ème, en 4ème, et toujours en 3ème. Il est heureux de voir qu'il lui plaît toujours autant… Comme elle lui plaît toujours autant, après toutes ces années.

Clarke G. : « Tu passes chez moi ? Je suis bloquée sur un exercice de mathématiques. »

Bellamy B. : « D'accord, si tu m'aides pour mon exercice de français. »

Clarke G. : « Ça marche. À tout de suite. »

Bellamy prend son cahier de français et le porte en dessous de son bras. Il descend les escaliers de sa maison et file dans la cuisine, voir sa mère.

- Je vais voir Clarke, lui dit-il.

- D'accord, amusez-vous bien. Et ne faites pas trop de bêtises.

- Maman !

Aurora rit alors que Bellamy sort de la maison en rougissant. Sa mère sait très bien le coup de cœur qu'il a pour Clarke depuis des années. Elle sait qu'il l'aime beaucoup, mais, heureusement, elle ne le pousse pas à lui dévoiler ses sentiments. Ce serait beaucoup trop bizarre, de toute façon. Ils sont encore vraiment jeunes…

Bellamy frappe à la porte d'entrée de chez Clarke mais personne ne lui répond. Il entre directement et entend Clarke lui dire de monter à l'étage. Il enlève ses chaussures et monte les marches deux par deux, jusqu'à arriver dans la chambre de Clarke. Celle-ci se lève en le voyant et embrasse sa joue, avant de prendre son cahier de français dans les bras et le poser sur le bureau.

- Tu es toujours sur les exercices de symétrie ? demande-t-il.

- C'est infernal, répond-elle. Ça ne ressemble à rien avec moi.

Bellamy s'assoit sur une chaise à côté d'elle et prend un crayon à papier et un compas. Il se penche vers le devoir de Clarke et commence à lui faire les axes de symétrie demandés par le professeur, alors que son amie lui fait ses exercices de français. Ils ne sont pas dans la même classe cette année, mais au moins ils peuvent toujours s'entraider lorsqu'ils en ont besoin.

- C'est vraiment facile Bellamy, tu devrais faire un effort.

- Je peux dire la même chose de ton exercice de symétrie, dans ce cas.

Clarke lève les yeux au ciel avant de poser le cahier de français sur le lit. Elle se penche vers l'exercice que Bellamy fait pendant qu'il essaye de lui expliquer comment faire. Elle essaye à son tour, mais Bellamy doit reprendre à chaque fois la position de ses doigts sur le compas. Bellamy sent beaucoup le regard de Clarke sur lui aujourd'hui, ce qui l'embarrasse.

- Je pensais à un truc… dit-elle finalement.

- Je parie que ça n'a aucun rapport avec la symétrie.

- Est-ce que tu sais dans quel lycée tu seras l'année prochaine ?

Bellamy arrête son exercice et fronce les sourcils en la regardant. Il n'y avait jamais réfléchi avant, à vrai dire.

- Je n'en sais rien. Le lycée de secteur c'est bien Charles de Gaulle, pas vrai ?

- Oui. Le problème c'est que… Ma mère souhaite me mettre ailleurs.

- Pourquoi ?

- Des meilleurs résultats au bac, apparemment. Mais je ne veux pas y aller. Je veux… Je veux être avec toi.

Clarke murmure cette phrase, comme si elle avait honte de le dire à haute voix. Bellamy sourit tristement. C'est vrai qu'il aimerait bien être au même lycée qu'elle… Ce serait vraiment bizarre qu'ils ne soient pas ensemble, d'ailleurs. Bellamy se redresse un peu dans son siège et pose finalement sa main sur celle de Clarke.

- Même si on n'est pas dans le même lycée, on sera toujours voisins, lui dit-il. Ça ne changera rien entre nous.

- Tu es sûr ?

- Bien-sûr. Tu es ma meilleure amie. Ça ne changera pas.

Bellamy a un pincement au cœur lorsqu'il prononce ces mots. Il aimerait tellement qu'elle soit plus que ça… Mais il ne sait pas ce qu'elle ressent, et il a trop peur pour essayer de le découvrir.

Clarke le regarde longuement avant de rapprocher son visage du sien. Bellamy ne bouge pas, tandis qu'elle pose son front contre le sien. Ils restent une petite minute dans cette position, jusqu'à ce que Bellamy lève légèrement sa main et la pose sur la joue de Clarke. Ils se regardent et commencent à se rapprocher, mais la porte d'entrée s'ouvre subitement au rez-de-chaussée. Ils se séparent brusquement.

- Clarke, on est rentrés !

- Bellamy et moi sommes en haut ! répond Clarke, la voix rauque.

Bellamy passe une main dans ses cheveux en reprenant une petite seconde ses esprits, et se lève de sa chaise. Abby rentre dans la chambre en souriant. Elle lui fait la bise.

- Comment est-ce que tu vas ?

- Très bien et toi Abby ?

- Impeccable. Tu es là depuis longtemps ?

- Quelques minutes, répond-il en raclant sa gorge. Il faut que je reparte chez moi, d'ailleurs. Ma mère m'attend.

Abby hoche la tête alors que Bellamy se penche pour ramasser son cahier de français. Clarke se lève et l'embrasse rapidement sur la joue. Bellamy sort de la maison en essayant de penser à tout sauf ce qu'il vient de se passer chez son amie. Ils ont failli s'embrasser. Il le sait.

[…]

Seconde

Bellamy gribouille sur son cahier d'histoire en esquissant un bâillement. Le cours se termine dans une minute et il fixe l'horloge depuis tout à l'heure, comme si le temps allait soudainement passer plus rapidement. Il attend, il attend, jusqu'à ce que la sonnerie retentit. Il ramasse toutes ses affaires qu'il fourre dans son sac et sort de la classe, en attendant Miller. Bellamy sursaute cependant lorsque la sonnerie de son portable retentit. Il regarde l'écran et plisse les yeux en voyant le nom de sa meilleure amie.

- Allo ? dit-il.

- Je l'ai perdu !

- Quoi ?

- Mon collier, celui que tu m'as offert quand on avait dix ans ! s'exclame Clarke. Je ne sais pas où il est, je le cherche partout chez moi mais rien. Il faut que tu viennes m'aider, je t'en supplie.

Bellamy sourit légèrement en entendant la détresse de son amie. C'est mal de se moquer d'elle de cette façon mais il trouve ça adorable qu'elle recherche son collier avec autant de panache, alors qu'il lui a offert il y a plus de cinq ans.

- Je viens de sortir de cours, j'arrive.

- Merci beaucoup.

Miller lève les yeux au ciel lorsque Bellamy raccroche et lui explique qu'il doit passer chez Clarke pour aller chercher son collier.

- Mettez vous ensemble, bordel, grogne son ami.

- J'y travaille.

Bellamy donne une tape dans le dos de Miller avant de sortir du lycée. Oui, il y travaille sérieusement. Bon, ça fait plusieurs années qu'il dit ça, mais cela devient plus concret depuis un an… Depuis ce fameux jour où ils ont failli s'embrasser. Bellamy sait que Clarke est intéressée, c'est juste compliqué de trouver le bon moment désormais… Mais il y travaille.

Le fait qu'ils ne soient pas dans le même lycée a beaucoup compliqué les choses. Ils se voient moins qu'avant, même s'ils essayent de se faire quelques soirées films ensemble. Ça leur permet d'être tous les deux, et de se rapprocher… Physiquement. Ils sont beaucoup plus tactiles l'un envers l'autre désormais, au plus grand soulagement de Bellamy.

- Clarke ? demande Bellamy en entrant dans sa maison.

- En haut !

Bellamy monte l'escalier et trouve Clarke debout sur son lit, en train de chercher dans une étagère sur le haut. Bellamy hausse un sourcil pendant qu'elle tourne la tête vers lui.

- Depuis combien de temps est-ce que tu cherches ? demande Bellamy.

- Dix minutes.

- C'est tout ? Tu étais vraiment obligée de m'appeler ?

- Je n'aime pas chercher seule.

Bellamy ricane en commençant à chercher partout de son côté. La chambre de Clarke est un foutoir, donc il comprend qu'elle ait pu perdre ce collier. Il regarde dans les tiroirs de son bureau, dans sa commode et sa table de nuit. Clarke inspecte aussi chaque recoin, en parlant et grognant toute seule. Bellamy s'éloigne de la chambre et regarde dans la salle de bain. Il lève un sourcil alors qu'il voit quelque chose briller sur le sol. Il sourit en ramassant le fameux collier tortue. Bien-sûr, Clarke a oublié de vérifier à l'endroit le plus probable de la maison…

Bellamy retourne dans la chambre et voit Clarke toujours debout sur le lit, un air désespéré sur le visage. Le jeune homme racle sa gorge alors que son amie tourne son visage vers lui. Elle écarquille les yeux et commence à sourire.

- Mon sauveur ! crie-t-elle.

La jeune femme saute de son lit et enroule ses bras autour du cou de Bellamy, pendant que celui-ci ricane dans son cou. Il lui explique où il a trouvé le collier lorsqu'elle se sépare de lui.

- Tête de linotte, lui dit-il.

- Accroche le autour de mon cou, répond-elle.

- Bien, chef.

Clarke se retourne et met ses cheveux sur le côté pour que Bellamy puisse lui mettre le collier. Ce dernier le fait délicatement et l'accroche, avant de se pencher pour déposer un baiser sur sa nuque. C'est probablement le geste le plus romantique qu'il ait eu envers elle de toute sa vie, mais il s'en fiche. Il n'a plus aucune limite désormais. Clarke se tourne vers lui en rougissant et racle sa gorge.

- C'est bon, tout va bien, lui dit Bellamy. Tu as ta tortue avec toi.

- Je tiens surtout à ce collier parce qu'il vient de toi.

- Pas besoin de ça pour savoir que je suis dans ton cœur, princesse.

Clarke rougit encore plus lorsqu'il dit ces mots, ce qui fait sourire Bellamy. Celui-ci tend le bras et touche sa joue rouge du bout des doigts, dans un geste tendre. Ils ne parlent pas pendant quelques secondes, ils se regardent juste. Clarke prend finalement le t-shirt de Bellamy dans sa main en l'approchant d'elle. Bellamy sait que c'est celui-ci, le bon moment. Il prend son visage en coupe avec une main et pose l'autre sur la taille de Clarke, avant de l'approcher de lui pour poser ses lèvres sur les siennes. Clarke pose à plat ses mains sur son torse, en répondant à son baiser.

- Clarke, je suis rentré ! dit Jake en entrant dans la maison.

Bellamy détache ses lèvres de celles de Clarke en entendant la voix de Jake. Clarke cligne plusieurs fois des yeux, avant de répondre à son père.

- On est en haut, dit-elle.

- Bellamy est là ?

- Bonjour Jake ! répond Bellamy.

Jake lui dit également bonjour de loin, avant d'allumer la télévision dans le salon. Clarke reste dans les bras de Bellamy et mord sa lèvre en le regardant.

- Tes parents ont le chic pour nous interrompre, murmure finalement Bellamy.

- Ah oui ? Je ne l'avais pas remarqué.

Bellamy rit. Il déplace ses mains sur les hanches de Clarke, sans rien dire. Celle-ci tend le bras et écarte une mèche brune du visage de Bellamy, qui ferme pendant une petite seconde les yeux.

- Clarke, tu sais que je suis amoureux de toi depuis le CM2, pas vrai ?

Bellamy ouvre les yeux et regarde ceux de Clarke devenir mouillés. Clarke hoche finalement la tête.

- Je le savais, murmure-t-elle.

- Mais tu ne m'as jamais aimé, répond-il.

- Ce n'est pas ça. On… On s'entend tellement bien en tant qu'amis, Bellamy. Bien-sûr que j'ai pensé à nous deux de cette façon… Beaucoup de fois, même. Mais j'avais peur de tout gâcher.

- Et maintenant ?

- Maintenant c'est toi qui a tout gâché en m'embrassant. Tu as tout gâché parce que maintenant je suis sûre d'être amoureuse de toi, moi aussi.

Clarke termine cette phrase en la murmurant, comme si elle ne réalisait pas encore ce qu'elle vient de dire. Bellamy sourit en mordant sa lèvre avant de l'attirer vers lui pour l'embrasser à nouveau sur la bouche. Clarke répond avidement à son baiser alors qu'ils reculent tous les deux vers le lit. Ils basculent dessus en riant et en continuant à s'embrasser, comme les deux adolescents qu'ils sont.

[…]

Première

Bellamy met ses mains dans ses poches pour les réchauffer et arrive devant le lycée de Clarke, qu'il commence déjà à connaitre par cœur. Il passe les portes de l'entrée et attend dans le hall, près de leur lieu habituel de rendez-vous. Il sort son portable pour s'occuper et voit un message de Miller.

Nathan M. : « C'est quoi la réponse à la question 2 de Géo ? »

Bellamy B. : « Je n'ai pas la feuille devant moi, espèce de génie. »

Nathan M. : « Qu'est-ce que tu fous ? »

Bellamy B. : « Je viens chercher Clarke. Ça fait un an aujourd'hui qu'on est en couple, on va manger ensemble ce soir. »

Bellamy range son portable dans sa poche lorsqu'il voit Clarke arriver au loin avec sa meilleure amie, Raven. Cependant, Bellamy lève les yeux au ciel en voyant Finn, un camarade de Clarke, venir vers elle pour commencer à lui parler. Il décide d'envoyer cette fois-ci un message à Octavia, puisque c'est la seule qui peut le rassurer et le canaliser dans ces moments-là.

Bellamy B. : « Rappelle-moi pourquoi je ne dois pas aller encastrer Finn contre un mur ? »

Octavia B. : « Parce que ça pourrait t'attirer beaucoup d'ennuis, peut-être ? En même temps, si Clarke ne lui a pas dit qu'elle était en couple… »

Bellamy B. : « Mademoiselle a peur de le froisser. »

Bellamy range définitivement son portable et croise les bras en regardant la scène devant lui. Finn veut vraiment être en couple avec Clarke, ça se voit, mais elle ne veut pas le recaler parce que c'est son ami. Pourtant, il va bien falloir qu'il la lâche un jour ou l'autre… Bellamy ouvre la bouche avant de réfléchir à son acte.

- Princesse ! s'écrie-t-il.

Clarke tourne rapidement son visage vers le son de sa voix et lui fait un grand sourire. Elle semble s'excuser envers Finn avant d'avancer vers Bellamy et lui faire la bise. Bellamy grogne.

- Ça fait un an qu'on est ensemble aujourd'hui, je m'attendais à autre chose que ça.

- Finn nous regarde.

- Et alors ? Clarke, je t'aime, tu m'aimes, je ne vois pas le problème.

Bellamy sait qu'il ressemble à un enfant en ce moment même mais il a juste envie d'embrasser sa copine et oublier les autres pendant un petit moment. Clarke avance un peu et l'attire par son t-shirt, en souriant.

- Est-ce que tu serais jaloux de Finn, Bellamy ? demande-t-elle.

- Jaloux de lui ? Tu parles, il a des cheveux beaucoup trop longs, puis il est chiant, alors non.

- Tu es mignon quand tu es jaloux, murmure Clarke.

Bellamy baisse la tête vers elle et plonge ses yeux dans les siens. Clarke soutient son regard, avant de murmurer :

- Tant pis pour lui.

Clarke se met sur la pointe des pieds et pose ses lèvres sur celles de Bellamy. Celui-ci sourit dans le baiser et enroule ses bras autour de sa taille. Il sait très bien que Finn les regarde en ce moment même, et c'est vraiment mal de faire ça devant lui mais… Ils ont des hormones et des besoins, comme tout le monde. Et là, le besoin de s'embrasser était devenu beaucoup trop fort. Bellamy sépare sa bouche de Clarke avant de poser son bras sur ses épaules et l'entraîner en avant.

- Allez princesse, partons à l'aventure.

Clarke rit dans son épaule alors qu'ils sortent tous les deux du lycée.

[…]

Terminale

- Maman, arrête, je t'en supplie, dit Bellamy en soupirant.

- Je trouve que c'est une discussion importante !

- Aurora, intervient Clarke. Je crois que c'est trop tard pour avoir cette discussion.

Bellamy écarquille les yeux avant de tourner le visage vers Clarke. Celle-ci hausse les épaules, comme si elle ne venait pas tout juste de dévoiler à sa mère qu'ils avaient tous les deux une vie sexuelle.

- Oh… murmure Aurora. Tes parents sont au courant, Clarke ?

- Oui, bien-sûr.

- Et vous vous protégez, pas vrai ?

- Maman ! s'exclame Bellamy. Nous sommes presque adultes, bien-sûr qu'on sait se protéger !

Aurora murmure finalement le mot « d'accord » avant d'aller dans la cuisine, laissant Bellamy et Clarke seuls sur le canapé. Bellamy se tourne vers sa petite amie en lui donnant un léger coup sur l'épaule.

- Mais quoi ? demande celle-ci.

- Tu aurais pu lui répondre autre chose !

- Elle allait le savoir un jour ou l'autre avec les putain de suçons que tu me fais toutes les semaines !

Bellamy grogne en prenant un coussin et en enfonçant son visage dedans. Clarke le traite d'enfant avant de monter à l'étage dans la chambre de Bellamy. Celui-ci se lève au bout d'une minute et la rejoint. Clarke est assise sur le bureau, en train de finir l'exercice de sciences qu'ils étaient en train de faire avant qu'Aurora décide d'avoir cette discussion avec eux.

- Ta mère était sans doute au courant, de toute façon, lui dit Clarke.

- Comment tu le sais ?

- Ça deux ans que nous sommes ensemble. Elle n'est pas stupide. Le mot abstinence ne fait pas parti du vocabulaire des adolescents.

Bellamy s'allonge sur son lit en soupirant. Ils ont une vie sexuelle depuis un an déjà, donc oui leurs parents allaient le découvrir un jour ou l'autre mais... Il ne pensait pas que sa mère allait leur poser des questions sur ça, en tout cas…

- Ça me soule de faire des exercices de sciences alors que je vais aller en licence d'art l'année prochaine, grogne Clarke. Je perds mon temps.

Clarke ferme violemment le cahier en soupirant. Bellamy ne dit rien et fixe le plafond. Il ne sait pas pourquoi elle vient d'évoquer la fac, alors que c'est un sujet encore difficile pour eux. Clarke sera à Bordeaux l'année prochaine, alors qu'il restera ici, à Paris… Loin d'elle.

- Tu perds ton temps avec moi aussi, dans ce cas, murmure-t-il.

- Bellamy, arrête.

- Quoi ? On sait tout les deux ce qui va se passer à la fin de cette année. Autant s'y habituer.

Ils en ont parlé. Ils vont essayer la relation longue distance, mais ils ne savent pas comment cela va se passer. Clarke essayera de revenir tous les deux mois… Mais tenir trois ans de cette façon ? C'est impossible.

Clarke abandonne sa chaise de bureau et saute sur le lit en s'allongeant à côté de Bellamy. Elle passe une jambe par-dessus le corps de son petit ami et écrase son visage dans son cou, en y déposant un baiser. Bellamy soupire avant de la rapprocher de lui à l'aide de son bras.

- On fera des Skype, murmure-t-elle.

- Je le sais.

- On s'appellera le plus souvent possible.

- Et quand je voudrais te serrer dans mes bras, comment je ferais, hein ?

Clarke lève la tête vers lui et le regarde. Elle se déplace finalement pour pouvoir être à califourchon sur lui, et dépose un long baiser sur ses lèvres. Bellamy pose ses mains sur ses hanches en répondant à son baiser.

- On se verra, répond Clarke entre plusieurs baisers.

- Bien, princesse. On se verra.

Clarke sourit contre ses lèvres avant de replonger en avant pour l'embrasser un peu plus langoureusement qu'auparavant. Bellamy caresse lentement son dos de haut en bas avant de passer ses doigts sous son t-shirt. Clarke dépose quelques baisers sur sa mâchoire et pousse un petit gémissement lorsque Bellamy bouge son bassin sous elle.

- Bellamy, ta mère est à la maison, murmure-t-elle.

- Tu n'as qu'à être discrète, alors.

- Tu sais très bien que c'est impossible.

Bellamy rit avant de reprendre possession de ses lèvres, tout en reprenant le mouvement de son bassin contre elle. Clarke bouge de son côté avant d'essayer de faire un suçon dans le cou de Bellamy.

- Bellamy ?

Aurora pousse la porte de la chambre de son fils sans prévenir. Bellamy fait alors le truc le plus sensé auquel il peut penser. Il fait violemment tomber Clarke sur le sol, à côté du lit. Celle-ci pousse un léger cri de douleur alors qu'Aurora rentre et fronce les sourcils. Bellamy réalise rapidement ce qu'il vient de faire et se penche vers Clarke.

- Je suis désolé ! s'écrie-t-il.

- Non mais t'es malade ? s'exclame Clarke en se frottant les fesses.

- J'ai paniqué ! rétorque-t-il.

- Je ne veux même pas savoir, répond Aurora en refermant la porte.

Bellamy tend sa main vers Clarke mais celle-ci se relève sans son aide, en grognant. Elle prend un oreiller sur le lit et lui jette violemment au visage, tandis qu'il s'excuse encore et encore. Clarke se réinstalle finalement à côté de lui et le laisse déposer des baisers sur sa blessure, pour se faire pardonner.

[…]

Licence 1

Bellamy plisse des yeux en fixant l'écran devant lui, avant de voir le visage de Clarke apparaitre en plein milieu. Il sourit.

- Salut, princesse.

- Salut ! Comment est-ce que tu vas ? Attend, tu te laisses pousser la barbe ? Qu'est-ce qui te prend, Bellamy ?

- Quoi, tu n'aimes pas ?

- Justement, j'aime trop ! C'est mauvais pour moi !

Bellamy rit alors que Clarke lui fait un clin d'œil à travers l'écran Skype. Cela fait déjà six mois qu'ils sont loin l'un de l'autre. Ils se sont vus deux fois : Noël et l'anniversaire de Clarke. Ça commence réellement à être dur, et ils le ressentent tous les deux, mais pour l'instant ils continuent… Parce que l'amour est toujours là. Ils s'aiment énormément, donc ils ne veulent pas abandonner. Pourtant…

- Je suis allée voir une galerie d'art avec mes amis aujourd'hui, j'aurais adoré que tu sois là, lui dit Clarke. Il y avait un tableau rempli de choses dégueulasses que tu aurais aimé.

- Merci, ça me touche sincèrement !

- Hé, c'est toi le fan de films d'horreur, pas moi.

Clarke hausse les épaules pendant que Bellamy lève les yeux au ciel. Clarke commence à lui raconter la galerie d'art qu'elle a visitée tandis qu'il écoute, tout en faisant son devoir d'histoire devant lui.

- Bellamy, est-ce que tu m'écoutes ?

- Oui, je suis désolé. J'ai une dissertation à rendre pour bientôt, j'essaye de trouver quelques idées.

- Est-ce que tu veux que je rappelle plus tard ?

- Non, non.

Bellamy met son devoir de côté alors que sa copine lui demande en quoi consiste son travail. Il lui dit les consignes et les idées auxquelles il a pensé, et Clarke essaye de l'aider au mieux. Ils sont néanmoins interrompus par Jasper et Monty, les deux colocataires de Clarke, qui rentrent dans sa chambre.

- Salut Bellamy ! s'écrient les deux en chœur.

- Salut les gars.

- Clarke, dit Monty. On va aller prendre un verre avec Harper et Maya, tu viens avec nous ?

- Euh…

Clarke regarde Bellamy à travers l'écran. Au début de leurs appels sur Skype, elle aurait directement dit non à ses amis pour pouvoir rester avec Bellamy, mais maintenant… Il voit l'hésitation dans ses yeux. Il sait qu'elle veut y aller, mais, surtout, il remarque autre chose.

- Jasper, Monty, dit finalement Bellamy. Vous nous laissez quelques minutes seul à seul ? Clarke va venir vous rejoindre.

- Ça marche.

Les deux garçons sortent de la chambre, laissant Clarke face à son écran Skype… Face à Bellamy. Bellamy gratte son sourcil avant de pousser un soupir. Il ouvre la bouche pour parler, mais Clarke secoue la tête. Elle a immédiatement deviné ce qu'il souhaitait dire. Elle le connait par cœur.

- Non, Bellamy. Ne fais pas ça.

- Il faut qu'on le fasse, Clarke. Un jour ou l'autre.

- On peut y arriver, on…

- Où est ton collier, princesse ?

Clarke fronce les sourcils une petite seconde, avant de porter sa main contre son cou. C'est comme si elle se rendait soudainement compte qu'elle ne porte pas le collier tortue qu'il lui a offert il y a plusieurs années, au début de leur amitié. Elle regarde sur les côtés, avant de se tourner vers Bellamy.

- Il est dans le coin, j'en suis sûre. Ce n'est pas…

- Il y a un an tu l'aurais encore cherché partout autour de toi pendant des heures pour le récupérer. Plus maintenant.

- Ça ne veut rien dire, Bellamy. Je t'aime.

- Et je t'aime aussi, répond-il. Mais est-ce que tu nous vois faire ça encore deux ans, le temps de ta licence ? Et encore, tu vas peut-être faire ton Master à Bordeaux aussi…

Clarke soupire alors que Bellamy passe une main dans ses cheveux. Il a les larmes aux yeux, mais il a pensé à ce moment de nombreuses fois. Il sait très bien qu'ils doivent le faire… Il faut juste être fort sur le moment.

- Tu es mon meilleur ami, murmure Clarke. Je ne veux pas te laisser.

- On peut toujours être amis, pas vrai ? Et quand on aura fini nos études, si nous n'avons personne de notre côté… On se retrouvera, je le sais.

Clarke hoche la tête. Malgré la mauvaise qualité de leur appel, Bellamy voit qu'elle a des larmes sur son visage. Clarke confirme ses pensées lorsqu'elle renifle.

- Je vais aller voir Monty et Jasper. Je… Je t'enverrai un message dans la semaine. Je vais devoir appeler mes parents pour leur annoncer la nouvelle.

- Dis-moi si tu as besoin de moi, murmure Bellamy. Tu sais que je ferais n'importe quoi pour toi.

La jeune femme hoche la tête, avant de couper l'appel sans même lui dire au revoir. Bellamy mord sa lèvre en sentant des larmes couler sur ses joues. Il vient de rompre avec son tout premier amour.

[…]

Licence 2

Notification Facebook : Clarke Griffin est en couple.

Bellamy plisse des yeux et resserre ses doigts sur sa souris d'ordinateur. Il clique sur le nom du nouveau petit ami de Clarke et regarde ses photos. Un brun, comme lui, mais avec des cheveux plats et un peu plus longs. Il sourit sur beaucoup de photos, et semble gentil. Bellamy serre des dents en voyant une photo de ce nouveau mec avec son bras sur les épaules de Clarke.

- Bellamy, dit Octavia en entrant dans sa chambre. Est-ce que tu sais où j'ai mis mon t-shirt violet ?

- Non, mais viens voir s'il te plait.

Octavia avance dans sa chambre alors que Bellamy lui montre son écran d'ordinateur, sans rien dire. Octavia prend la souris dans sa main et regarde à son tour les photos.

- Il est hideux, dit-elle finalement.

- Je n'irai pas jusque-là…

- Si, franchement. Et elle est passée de toi à lui ? Ouais, elle veut juste se remettre de son histoire avec toi, je ne vois rien d'autre.

Bellamy rit alors que sa sœur sort de sa chambre en haussant les épaules. Bellamy regarde la photo de ce nouveau type – Riley – et sa meilleure amie – enfin, si on peut toujours l'appeler comme ça.

Bellamy a désormais vingt et un ans, il est adulte, il a eu une légère relation avec une fille en début d'année, mais il reste jaloux en voyant sa Clarke dans les bras d'un autre. Alors, bien-sûr, il ne réfléchit pas lorsqu'il sort son téléphone et lui envoie un message.

Bellamy B. : « Riley, sérieusement ? Tu peux faire beaucoup mieux que lui, princesse. Il n'en vaut pas la peine. C'est à peine un 5/10. »

Il appuie sur la touche « envoyer »s, avant de réaliser ce qu'il vient de faire. Il grogne en se prenant la tête entre ses mains, en priant pour que Clarke ne voit pas ce message. Cependant, il reçoit tout à coup un coup de téléphone. Bellamy gémit en voyant le nom de Clarke, mais souffle un grand coup avant de répondre.

- Que me vaut cet appel, Clarke ?

- Tu n'es qu'un connard.

- Bonjour à toi aussi.

Bellamy n'avait pas entendu la voix de son amie depuis un an. Ils avaient promis de s'appeler, de s'envoyer des messages, mais ça ne s'était jamais fait. Ils ont tous les deux été trop bouleversés après leur rupture, donc ils n'ont plus été amis.

- Je n'ai pas eu de nouvelles de toi depuis un an et tu m'envoies tout à coup ce message parce que je suis en couple ?

- Parce que tu es en couple avec un naze, voilà la nuance princesse.

- Tu as perdu le droit de m'appeler de cette façon le jour où tu as rompu avec moi, Bellamy.

Bellamy soupire au bout du fil en entendant les mots de Clarke. Pour lui, ils ont décidé d'un commun accord de se séparer, mais ce n'est pas le cas pour Clarke apparemment.

- Nous avons décidé de rompre.

- Non, tu as décidé de rompre pour pouvoir être libre et te taper tout ce qui bouge.

- De quel droit est-ce que tu me dis ça, Clarke ? Je n'ai jamais rompu avec toi pour ça, j'étais amoureux de toi. Je le suis probablement encore, d'ailleurs, mais tu es avec Riley.

Clarke ne dit rien pendant une minute, avant d'ouvrir la bouche.

- Va te faire foutre.

Elle raccroche le téléphone. Bellamy ferme les yeux une petite seconde, avant de balancer son portable contre le mur de sa chambre.

[…]

8 ans plus tard

- Bellamy, rase-toi.

- Pourquoi ? se plaint ce dernier.

- Parce qu'on va à l'exposition de mon ami et que tu as l'air d'un SDF.

Bellamy passe une main sur son visage alors que Octavia fait les cents pas dans son appartement, en continuant à lui dire de se raser. Ce dernier se lève finalement et écoute sa petite sœur, puisqu'il sait qu'elle aura toujours le dernier mot. Cela l'énerve de devoir aller à l'exposition de Lincoln, mais il sait que ça tient à cœur à Octavia donc il le fait. Par contre, le fait de mettre une chemise blanche, une cravate et une veste ? Il déteste ça.

- Allez, il est temps d'y aller, dit Octavia.

Bellamy rase les derniers poils de sa barbe et sort de la salle de bain en s'épongeant le visage. Il prend ses clés de voiture sur le côté et sort en compagnie de sa petite sœur.

- Tu es beaucoup mieux comme ça.

- Au moins ça éloignera Echo, vu qu'elle préfère la barbe.

Octavia grimace en entendant le nom d'Echo. Bellamy rit en voyant sa réaction. Echo est un plan cul qu'il a eu l'année d'avant, mais qui ne semble plus se passer de lui. Pourtant, il a rapidement arrêté sa relation avec elle lorsqu'il s'est rendu compte qu'elle s'était attachée à lui. Il ne voulait rien de plus. De toute façon, il n'arrive plus à aimer depuis toute cette histoire… Huit ans et elle est toujours dans ses pensées. Huit ans.

Bellamy gare sa voiture devant l'exposition de Lincoln et aide sa petite sœur à sortir de la voiture. Il plante ses mains dans ses poches et la suit à l'intérieur, en regardant toutes les toiles exposées un peu partout.

- Octavia, je suis là ! s'écrie Lincoln.

Octavia se précipite vers son copain et l'embrasse rapidement sur les lèvres, avant de le prendre dans ses bras. Bellamy sourit en arrivant et lui donne une poignée de main.

- Allez, montre nous tes toiles.

Lincoln hoche la tête en les conduisant devant trois tableaux qu'il a peint. Bellamy les examine. Ce sont surtout des paysages, mais on peut distinguer deux silhouettes dans chacune. Bellamy écoute à demi-mot l'explication de Lincoln, puisqu'il voit une silhouette dans la galerie d'art qu'il semble reconnaitre.

- J'arrive, murmure-t-il à Octavia.

Bellamy s'éloigne de sa sœur en s'approchant peu à peu d'une jeune femme blonde, de dos. Cela pourrait être n'importe qui, mais il a le sentiment de la connaitre, de savoir qui elle est. Elle parle avec quelqu'un pour le moment, donc il ne peut pas voir son visage. Bellamy s'approche néanmoins des toiles de cette personne, et se fige en voyant un tableau représentant une tortue abstraite. Il s'approche du cartel et lit. « Un amour d'enfance » de Clarke Griffin.

- Bonsoir, je peux vous aider ?

Bellamy se tourne complètement en entendant la voix de son ancienne petite amie à côté de lui, qui lui parle. Clarke se fige en plongeant ses yeux bleus dans les siens. Cela fait huit ans qu'ils ne se sont pas vus, mais ils n'ont pas changé. Ils restent les mêmes personnes, avec les mêmes sentiments qu'auparavant.

- Bellamy, murmure-t-elle.

Bellamy hoche lentement la tête. Il remarque alors le collier que porte Clarke, et sent de la sueur perler sur son front. Clarke touche le pendentif tortue du bout des doigts.

- Tu le portes toujours, murmure à son tour Bellamy.

- C'est un cadeau de mon premier amour, répond-elle. Je ne sais pas si tu le connais, il était très beau et très con.

Clarke sourit peu à peu, tandis que Bellamy pousse un soupir de soulagement en riant. Il est heureux de voir qu'elle ne lui en veut plus après toute cette histoire entre eux, et surtout après leur dernier appel.

- Très beau je ne sais pas, répond-il. Très con, ça c'est sûr. Très con d'avoir rompu avec toi, surtout.

- Donc tu admets que tout vient de toi ?

- Je suis coupable.

Clarke hoche la tête en tournant la tête et en croisant les bras. Bellamy racle sa gorge en regardant partout.

- Riley n'est pas avec toi ? demande-t-il finalement.

- Oh, non, nous ne sommes plus ensemble. Je pensais que tu étais au courant.

- Comment est-ce que j'aurais pu ? Tu m'as bloqué sur Facebook après toute cette histoire.

Bellamy continue à la regarder et sourit en la voyant rougir. Elle devait avoir oublié ça, apparemment, puisqu'elle murmure des mots d'excuse.

- Et toi, tu es venu avec qui ? demande-t-elle.

- Pas ma copine puisque je n'en ai pas. J'imagine que tu voulais le savoir.

- Absolument pas.

- Je suis venu avec Octavia. Son petit ami expose dans cette galerie, comme toi.

Bellamy lui montre du doigt Octavia au loin, tandis que Clarke sourit et dit qu'elle a bien grandi. Quelqu'un les interrompt finalement pour dire à Clarke d'aller se présenter à un vendeur très connu de la galerie. Clarke hoche la tête tandis que la personne s'éloigne. Elle se tourne vers Bellamy.

- Je dois y aller, dit-elle. Je suis heureuse de t'avoir revu.

- Moi aussi. Je vais aller retrouver Octavia. À bientôt peut-être, princesse.

Clarke rougit lorsqu'elle entend ce surnom pendant que Bellamy se retourne et commence à s'éloigner.

- Bellamy ! s'exclame-t-elle.

Bellamy se tourne vers elle en haussant un sourcil. Clarke pousse un soupir avant de s'avancer.

- Est-ce que ça te dirait qu'on aille prendre un café un de ces jours ? demande-t-elle finalement.

- Tu es de retour en ville ?

- Oui. Je viens de prendre un appartement ici. Je voulais me rapprocher de mes parents.

Bellamy hoche la tête avant de lui demander son nouveau numéro de téléphone. Il le note et lui dit qu'il l'appellera. Clarke se retourne et part sans dire rien de plus, tandis que Bellamy sourit et se dirige vers Octavia. Celle-ci le prend dans ses bras lorsqu'elle apprend ce qui vient tout juste de se passer.

[…]

Une semaine plus tard

Bellamy commande son café en regardant Clarke, assise à l'autre bout, devant le sien. Il prend le gobelet dans sa main et s'approche de la table. Il le pose devant elle, tandis qu'elle sursaute.

- Désolé de t'avoir fait peur, dit-il en souriant.

- Ce n'est rien, j'étais perdue dans mes pensées.

Bellamy s'assoit juste devant elle en prenant son gobelet entre ses mains froides. Clarke joue avec une serviette.

- J'ai parlé de toi à mes parents, dit-elle.

- Je suis flatté.

- Ils m'ont dit qu'ils étaient toujours amis avec ta mère, et qu'ils te voyaient de temps en temps aux repas qu'ils faisaient ensemble.

- Ce n'est pas parce qu'on ne se parlait pas tous les deux que j'ai coupé les ponts avec tes parents. Je les aime bien.

- Ils m'ont aussi dit que tu n'as eu personne en huit ans.

Clarke arrête de jouer avec sa serviette pour le regarder. Bellamy tourne le visage et lâche un rire nerveux. Il ne pensait pas que Clarke allait tout à coup lui parler de sa vie amoureuse non existante, et surtout que ce soit le tout premier sujet qu'elle évoque. Bellamy gratte son sourcil.

- Je ne suis pas quelqu'un qui aime les relations amoureuses.

- C'est faux, Bellamy. On est resté ensemble trois ans.

- Que veux-tu que je te dise, Clarke ? Que je ne t'ai jamais oublié ? Que ça fait huit ans que j'enchaine les conquêtes simplement dans le but de ne plus penser à toi, et à l'amour que j'éprouvais pour toi ? C'est ça que tu souhaitais entendre ?

Bellamy ne voulait pas s'emporter de cette façon, mais c'est fait. Il vient de tout dire, et Clarke semble comprendre en cet instant qu'il est toujours amoureux d'elle. C'est la vie.

- Je suis amoureux de toi depuis le CM2, Clarke. Ça n'a pas changé, et ça ne changera jamais. J'ai essayé de t'oublier, crois-moi, mais rien ne marche. Et de te voir, là, devant moi, c'est encore pire.

- Bellamy…

- Je n'aurais jamais dû accepter ce rendez-vous. Je vais encore mettre huit ans à essayer de t'oublier, maintenant.

Clarke lève la tête lorsque Bellamy se lève de table et reprend son manteau. Il l'enfile et tourne les talons, sans lui dire un mot de plus. Il ne voulait pas s'emporter, mais c'est fait. Maintenant, il espère tourner la page, même si cette rencontre vient de ranimer tous les sentiments enfouis en lui.

Bellamy sort du café et commence à marcher vers le parc en face. Il a à peine fait un pas dans l'herbe que Clarke surgit devant ses yeux.

- Le collier, dit-elle.

- Quoi ?

- Pourquoi est-ce que tu crois que je porte toujours ton collier, espèce d'abruti ?

Bellamy lève un sourcil avant de baisser le regard et voir qu'effectivement, elle porte en ce moment même son collier tortue. Il hausse les épaules.

- Il est joli, répond-il.

- Oui, mais Riley m'a offert de plus beaux colliers, je te le garantie.

- Stupide Riley, marmonne-t-il.

- Je porte ce collier parce qu'il me fait penser à toi, espèce de… espèce de…

- Si tu pouvais arrêter de m'insulter ce serait…

Bellamy ne termine pas sa phrase puisque Clarke l'attire par la nuque et dépose ses lèvres froides contre les siennes. Bellamy ne bouche pas pendant quelques secondes, avant de la serrer dans ses bras pour lui rendre son baiser. Clarke gémit contre lui lorsqu'il fait passer sa langue sur sa lèvre inférieure, pour mieux approfondir le baiser. Rien n'a changé, même leur façon d'embrasser. C'est comme si tout était comme avant. Clarke sépare finalement sa bouche pour pouvoir reprendre sa respiration, mais reste contre lui.

- Espèce de con, murmure-t-elle. Je ne t'ai jamais oublié, moi non plus.

- On a mis huit ans à se retrouver…

Clarke acquiesce. Bellamy pousse finalement un soupir de soulagement avant d'attirer son visage contre son torse, et l'enlacer contre lui.


Bonjour à tous !

C'est bon, ça y est : je suis de retour ! J'espère que vous êtes tous heureux de voir arriver ENFIN ce deuxième volet des "Nuances de Bellarke". C'est vrai qu'écrire des chapitres courts de ce genre m'avait beaucoup manqué donc je suis extrêmement contente de revenir, surtout que plusieurs d'entre vous me le demandait ! Est-ce que ce chapitre vous a plu ?

Comme je l'avais expliqué sur Twitter ( Carreyland), pour ces nouveaux chapitres j'ai seulement demandé aux lecteurs de me donner un mot. Ici, en l'occurrence, c'était le mot "Tortue" et j'ai dû créer une histoire avec ce mot. J'espère que le concept vous plaît autant, et si vous ne m'avez pas donné de mot auparavant (sur Twitter ou Nuances de Bellarke) n'hésitez pas à m'en dire un en commentaire ! En tout cas j'attends vos retours, ça reste toujours stressant de publier une nouvelle histoire. Surtout n'oubliez pas de suivre cette fiction pour être avertis des futurs chapitres publiés (toutes les deux semaines). Vous aurez une notification à chaque publication !

Aussi, je voulais que vous le sachiez : les chapitres de cette fiction seront beaucoup plus longs que dans "Nuances de Bellarke" ! Ils feront à peu près le double (3000 mots pour NDB1 contre 7000 mots ici). Plus de plaisir pour vous, donc !

Merci à tous de continuer à me soutenir de cette façon, c'est vraiment gratifiant. On se dit à dans deux semaines !

- Amandine.