CHAPITRE 1 : IL EST L'HEURE DE MOURIR

Je suis étendue au sol. Je baigne dans mon sang. Mes longs cheveux roux sont à présent imbibés de ce même sang. Mes yeux verts sont à présent noircis par les coups que j'ai reçu et je ne peux en ouvrir qu'un. Ce qui ne m'est pas d'une plus grande aide puisque ma vue commence à se troubler. J'aperçois cependant des lueurs rouges et bleues, et j'entends des sirènes. Une ambulance ? Dommage, il est sûrement déjà trop tard pour moi. La police ? Dommage, mes agresseurs et probablement meurtriers sont déjà partis.

J'ai la sensation qu'il se passe une éternité jusqu'au moment où l'ambulance s'arrête près de moi et où l'on vient m'aider. On me demande comment je m'appelle. Je ne peux pas répondre et je ne suis plus certaine de le savoir. On me parle, on me dit que tout va bien se passer, qu'il vont tout faire pour me sauver. Mais je ne sais pas si je veux être sauver. A quoi bon ? Je n'ai ni famille ni amis. Personne. Je vis seule dans un box que je loue. On me dit de ne pas m'en faire qu'il vont trouver de la famille. Mais je viens de dire que je n'en avais pas. Mais l'ai-je dis ou l'ai-je pensé ? Je ne sais plus tout s'embrouille. Qui suis-je ? Où suis-je ? On me soulève et une douleur lancinante me traverse le corps tout entier pour finalement finir dans ma tête. J'ai l'impression qu'on me martèle le crâne de l'intérieur. Je veux hurler mais je ne peux pas. Je veux bouger mais je ne peux pas. La seule chose que je peux faire c'est écouter ce qui se passe autour de moi. Je peux aussi dormir. Alors je ferme les yeux et je laisse les ténèbres m'envahir.

Lorsque je me réveille, je n'ai plus aucune douleur. Je me sens bien, légère. Peut-être que tout ceci n'était qu'un cauchemar ? Je décide alors d'ouvrir les yeux, espérant me réveiller dans mon box. Mais tout ce que je vois c'est une chambre blanche avec un lit. Dans ce lit une jeune femme branchée à des machines, couverte de bandages sur la tête et les bras. Au bout du lit, j'aperçois un dossier. J'y lis que cette jeune femme a plusieurs côtes brisées, qu'elle risque de devenir aveugle de l'œil droit, qu'elle a reçu un coup à la tête. Elle a des entailles au niveau des poignets. Sur sa bouche, j'aperçois une blessure qui risque de former une cicatrice. Soudain, je me rend compte que la machine indiquant la fréquence cardiaque hurle. J'appelle à l'aide. Des infirmières et médecins arrivent. J'essaye de leur expliquer que je ne comprend pas ce qui s'est passé, ce que je fais là, qui est la jeune femme dans le lut. Mais ils m'ignorent. Je comprend que l'inconnue est en arrêt cardiaque. Un médecin lance alors :

"Jennifer, apportez-moi le chariot de réa !

Jennifer s'approche de moi. Je m'attend à ce qu'elle me demande de sortir, mais non. Elle me traverse pour prendre le chariot derrière moi. Elle me traverse. Je reste figée en essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Ils ne m'ignoraient pas : ils ne m'entendais pas. On ne m'a rien demandé. On m'a traversé. Parce qu'on ne me voyait pas. Alors, tandis que le médecin criait : "Chargez ! Dégagez !" et que le corps de la jeune inconnue se soulevait, je compris : la jeune inconnue c'était moi. J'étais un fantôme. Mon âme était sortie de mon corps. J'entendis encore une fois "Dégager !", la machine cessa de hurler, et je fus propulsée dans mon corps.

Le réveil suivant se fit dans mon corps. On m'informa que j'avais dormi près d'un mois. Je pouvais de nouveau ouvrir mon œil droit avec lequel je voyais difficilement. Une cicatrice fendait bien ma lèvre. Un peu comme Altaïr dans Assassin's Creed. Je ne recevais pas de visite hormis celles du personnel de l'hôpital. J'eus aussi une visite de la police, on me posa des questions sur ce qui m'était arrivé. Mais je ne me souvenais de rien. Rien sauf l'odeur du sang. Ils pensaient cependant avoir trouvé des suspects, mais rien de concret si je n'avais rien à leur raconter.

Les journées passaient. Et moi je passais ses journées près de la fenêtre de ma chambre d'hôpital à lire. J'avais une belle vue sur le parc et le lac. C'était apaisant. J'allais devoir rester ici quelque temps, car au-delà des blessures physiques il y avait aussi des séquelles psychologiques. La dépression me dévorait. On m'avait ramené des affaires de mon box, notamment des livres, des vêtements et surtout mes figurines de l'équipage de Barbe Blanche. Chaque nuit je rêvais de faire parti de cet équipage, de cette famille. Malheureusement j'étais condamnée aux ténèbres et à la solitude…

Un soir, la pluie battait et l'orage grondait. Dehors c'était une véritable tempête. J'avais peur, j'étais seule. Je mangeais et dormais à peine. Cela faisait 5 mois que je vivais à l'hôpital et 2 mois que je ne parlais plus. J'étais plongée dans un mutisme. Ce même soir, je m'étendais dans mon lit. La pluie me berçait. Je regardais mes figurines. Je regardais Marco. Une larme coula sur ma joue. Je n'arriverais pas à tenir un jour de plus comme ça. Je suis fatiguée. Je veux dormir. Je crois qu'il est l'heure de mourir...