Yo people ! J'ai besoin de Sanitas. Vraiment. Je sais pas pourquoi mais d'un coup j'en ai fort fort besoin. Feed me.

Du coup je voulais remplir mon recueil des 5 Sens sur eux, du coup je me suis dit avec du café, après j'ai un peu eu l'idée et je me suis dit je garde le café mais pas le goût. Et ça faisait longtemps que j'avais pas écrit sur le format x+1, donc voilà.

Comme le titre l'indique, ce sera en sept parties qui feront approximativement 2k mots chacune, qui sont toutes écrites donc ça, ça veut dire que je serai dans les temps !

Dans ma tête j'étais supposée poster le vingt-cinq décembre mais en fait non. Voilà. Donc, bonne année. J'espère que ça commence bien pour vous !

Bref, bonne lecture !

Six cafés gâchés et celui qu'ils ont bu ensemble

Premier Café – Septembre

Vanitas est pressé, Saïx est pressé, deux vies en parallèle. Ils n'ont pas grand-chose à voir, l'un et l'autre. Vanitas est en retard pour son date Tinder, Saïx court entre deux rendez-vous professionnels. Vanitas a un vieux jean troué qu'il s'est promis de jeter cinq fois ce mois-ci, Saïx porte une chemise blanche et une veste de costume noire qui doit coûter trois fois le chômage de Vanitas. Vanitas a oublié de mettre son réveil, Saïx est réglé comme une horloge suisse. Vanitas crève la dalle parce qu'il a pas eu le temps, Saïx sort d'un déjeuner d'affaires trop copieux pour lui. Vanitas trace vers le métro, Saïx rejoint l'arrêt de taxi le plus proche. Ce qu'ils ont en commun, c'est qu'ils ont eu la même idée, la même pensée. Ils se sont dit : J'ai le temps de prendre un café.

Maintenant les gobelets de carton sont vides, le café de Vanitas est sur la chemise blanche de Saïx et le café de Saïx est sur le sweat-shirt noir de Vanitas.

« Putain, tu pouvais pas faire gaffe où tu vas ? »

Saïx recule et soupire, il regarde Vanitas avec un air las, comme on regarde quelqu'un qu'on a connu toute sa vie et dont on regrette qu'il n'aie jamais changé malgré nos efforts. Vanitas a pas le temps, et à dire vrai Saïx non plus, Vanitas dit « Fuck » et va pour partir mais Saïx le retient de mauvaise grâce.

« Attendez : je savais que ce serait quelqu'un comme vous, mais pour autant nous ne devrions pas abandonner de nous rencontrer. Tenez, je vous laisse ma carte. Je suis pressé, mais vous pouvez m'appeler ce soir, à partir de dix-huit heures trente. »

Vanitas prend la carte avec méfiance, il voit le type filer et se dit qu'il est tout de même vachement chelou, pour ne même pas faire un trou dans son emploi du temps pour rencontrer son âme-sœur. Il l'a toujours trouvée naze et un peu décevante, la phrase qu'il a tatouée sur les reins, et la réalité correspond bien. Il rentre dans un café, demande un stylo et note « 18h30 » sur la carte de visite. Son téléphone affiche qu'il est déjà trop en retard, tant pis pour son date. Il vole le stylo en n'y faisant qu'à moitié attention et rentre chez lui, peut-être manger un bout, peut-être finir sa nuit, et sans doute zoner devant son PC. Rien de vraiment inhabituel.

Saïx a toujours une chemise de rechange, il dit que c'est parce qu'il est prévoyant, sa sœur dit que c'est parce qu'il a trop regardé Coup de Foudre à Notting Hill. Il préfère sa version à lui. Et puis, avec un tatouage comme le sien, ça pouvait se deviner, aussi, c'était une bousculade, et Saïx sait qu'il a souvent un café dans les mains. Voilà, c'est tout. Il regarde son téléphone. Pas de message. Pas non plus le temps de passer prendre un autre café à emporter. L'autre ne semble pas vouloir l'importuner. Saïx ne sait pas si c'est une bonne nouvelle. Il ne sait pas ce qu'il pense de toute cette histoire – mais il passe l'après-midi à attendre dix-huit heures trente.

À dix-neuf heures quarante, son téléphone sonne. Il a déjà répondu à trois appels de numéros inconnus en espérant tomber sur une voix aux yeux jaunes, mais on a essayé de lui vendre tour à tour un abonnement internet, des fenêtres double-vitrage et une isolation de ses combles. Cette fois, la voix n'a pas un ton commercial pour un sou, elle ne semble même pas totalement éveillée et elle dit :

« Yo. Ça se prononce comment ton nom ? Le x est muet ou bien ? »

Saïx tique. Il aurait préféré des salutations plus en règle, mais il ne s'y attendait pas sincèrement. Pas de la part de quelqu'un qui insulte une personne qu'il n'a jamais croisée.

« Ça se prononce Saïx. Puis-je connaître le vôtre ?

— On se dit vous, alors ?

— Eh bien on ne se connaît pas.

— Mais t'es mon âme-sœur.

— Je préférerais le vouvoiement tant que l'on peut s'y tenir.

— Si tu veux. Si vous voulez. Moi c'est Vanitas.

— C'est un pseudonyme ?

— C'est le nom que j'utilise. Vous avez d'autres questions à la con ?

— Vous faites quelque chose ce soir ? »

Un petit silence. L'autre, le Vanitas, doit hésiter. Saïx clarifie :

« Je souhaiterais vous inviter chez moi.

— Je suis pas à votre disposition.

— Ce n'est pas ce que j'ai dit. »

Saïx se dit qu'il va devoir marcher sur des œufs avec lui et diable ce qu'il déteste ça. Il est franc, et froid. Il ne va pas changer sa nature, et sûrement pas avec son âme-sœur.

« OK. Envoyez-moi votre adresse. »

.

« Bon.

— Bon. »

Il est minuit quarante, le dernier métro va bientôt partir. Vanitas a refusé l'écharpe que Saïx a proposée par politesse. Il a été élevé à la galanterie. Ce n'est pas très étonnant.

« Voulez-vous rester coucher ? »

Vanitas pouffe. Il roule une cigarette en s'appuyant au mur à côté de la porte.

« Vous voulez dire dans le sens dormir, j'imagine ?

— Je ne crois pas que nos relations actuelles laissent place au doute.

— Ça dépend des gens. J'ai déjà couché avec des types dont je connaissais pas le nom de famille alors bon.

— Dois-je comprendre que vous vous attendiez à un rapport sexuel ce soir ? »

Vanitas hausse les épaules. Il ne sait pas trop ce qu'il attendait. Pas grand-chose de précis, en fait. La soirée était un peu bizarre mais il a vécu pire.

« Vous ?

— Non. Je préfère que nous fassions connaissance en premier lieu.

— Mais je vous plais ?

— J'imagine. Disons que vous ne me déplaisez pas.

— Euh, OK. »

Vanitas pouffe encore. Il a dû descendre une bonne partie de la bouteille à lui tout seul. Il en avait besoin.

« Et vous ? »

Vanitas relève le nez de sa clope qui n'est toujours qu'à moitié roulée pour mieux le voir. Le visage fin et long, grand, les yeux jaunes et les cheveux bleus, une cicatrice énorme au milieu de la face, rasé de près, pas d'eau de Cologne, pas d'après-rasage, pas de déodorant, pas de parfum distinctif. Fumeur de blondes, milieu de trentaine.

« Vous êtes pas trop mon genre. »

Saïx plie la bouche mais Vanitas ne croit pas qu'il soit vexé. Lui non plus, il ne doit pas être le genre de Saïx. Enfin, c'était prévisible.

« Bon bah salut.

— Bonne soirée.

— Ouais. »

Vanitas a fini de rouler sa cigarette, il passe la porte. Il s'arrête. Comme s'il sentait qu'on avait une question à lui poser. Et Saïx a une question.

« C'est vraiment le sweater sur lequel j'ai renversé du café ? »

Vanitas hausse les épaules. Il sourit mais il est de dos, alors ça ne doit pas se voir, et il s'en va.

.

« Oui. À lundi. … Au fait. Je l'ai rencontré. … Je ne sais pas. Il est … différent. Non, non. Je dois le revoir ce soir. … Il ne me dérange pas. … Aqua ? C'est comment de … Non, rien. Je divague, c'est tout. Bonne journée. … Oui. »

.

Octobre

.

« … Vanitas ? »

Vanitas grommelle quelque chose avant de relever la tête. Saïx le regarde, dans l'expectative. Il a sans doute posé une question.

« Euh, vous disiez quoi ?

— Ça ne devait pas être très intéressant, vu comme vous fixez votre assiette.

— Nan mais c'est pas vous.

— Je me doute. »

Vanitas sent quelque chose qui pèse dans son ventre. Il le sait, qu'il est pas fait pour ça. Les relations sociales, il a pas l'habitude, et puis c'est un peu forcé tout ce cirque. Ils se voient une fois par semaine, ils dînent ou ils prennent des cafés, ils sont allés au cinéma voir une blockbuster qui n'a plu ni à l'un ni à l'autre, Saïx a proposé le théâtre, Vanitas a dit bof, Saïx n'a pas insisté.

« J' devrais y aller.

— Vous vous sentez mal ?

— Ouais, c'est ça. »

Saïx ne dit rien, Vanitas ramasse ses affaires. Ils se voient toujours chez Saïx, jamais chez lui. En même temps, quoi ? Il lui proposerait un dîner ? Il sait pas cuisiner, il a pas de four pour faire réchauffer une pizza et pas de table où manger, c'est un studio banal, petit et bordélique.

« Vous voulez que je vous raccompagne ? »

C'est la première fois que Saïx propose ça, et pour une fois Vanitas n'est même pas ivre.

« Ça va. J' suis à moto.

— Vous rentrez chez vous ?

— Nan, j' vais rester dehors j' crois. J'ai b'soin d'air. On s' revoit la s'maine prochaine ? Lundi, vingt heures ?

— Je peux venir avec vous ? »

Vanitas hésite. Il a rien à foutre dehors, le jeune riche. Il est très bien chez lui avec le chauffage et ses draps en flanelle, son parquet bien ciré et son savon bio.

« Pour quoi faire ?

— Ça fait longtemps que je ne suis pas sorti pour autre chose que le travail. Ça vous dérange ?

— Un peu. Et je capte pas trop.

— Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ?

— Ce que je fous là, déjà. Et pourquoi vous me rappelez, ce genre de trucs. »

Vanitas est pas très à l'aise et l'autre lâche un « oh » sobre alors que ses épaules se tendent visiblement. Vanitas l'étudie. Il cherche une autre réponse que les mots.

« Parce que nous sommes âme-sœurs ?

— Mais c'est pas suffisant, ça. »

Saïx dispose ses couverts parallèlement sur son assiette, à droite. Il a dit à Vanitas que ça signifie qu'il n'y touchera plus, que son repas est fini. Il n'a presque rien mangé. Vanitas non plus.

« Vous ne voulez plus me voir ?

— Je sais pas. »

Vanitas est presque sur la défensive. Il frotte sa ranger contre le tapis persan qui doit coûter son loyer annuel, prêt à l'attaque. Mais Saïx ne réagit pas. Il est amorphe, intouchable, impassible à toutes les tentatives de Vanitas de le faire bouger un peu, même, juste trembler. Quelque chose.

« Nous pourrions … prendre, disons, des vacances ? Ne pas nous voir pendant une ou deux semaines et aviser ensuite. »

Les yeux de Vanitas se plissent au terme choisi. Des vacances. Genre, ce qu'ils font, c'est du boulot. Vanitas ne comprend pas. Saïx est tendu mais droit, une chair de poule couvre son cou mais il ne tremble pas. Il est comme de glace, mesuré, il réfléchit plus vite qu'il ne pense.

« Ouais. Ça a l'air d'être la bonne solution. Mais c'est un peu ça qui me fait chier, je crois. Tout est raisonnable avec vous. C'est … chiant, ouais, juste ça. On se voit, salut. »

Vanitas attend quelque chose. Qu'on le retienne. Qu'on l'empêche de partir. Mais rien ne s'accroche à lui à part un regard qu'il choisit d'ignorer. Ce n'est pas si important. Ça ne marche pas toujours, après tout, Vanitas s'est renseigné. Il y a eu une couille dans le potage, et forcément, c'est pour son assiette. Fuck.

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Et voilà pour la première partie ! Le vouvoiement c'est sexy. Si, si. Du coup normalement je posterai tous les vendredis ou samedis, une partie par semaine.

Bon, je me suis pas mal éloignée du café, c'est surtout juste un prétexte, mais ce sera un peu ça tout le temps. Ça donne surtout un cadre. Voilà. Bref.

N'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est le seul moyen que les auteur.e.s ont pour avoir des retours !

Profitez bien de ce dernier week-end de vacances si vous en avez, avec du chocolat chaud et des moments de flemme assumée, et à la semaine prochaine !