Prologue
Il avait échoué. Mais il n'était pas vraiment étonné quand il y pensait. Toute sa vie n'avait jamais rien été d'autre qu'une succession d'échecs en tout genre de toute façon. Mais il n'avait pas cessé d'y croire pour autant. Croire en cette victoire, en sa capacité à sauver les autres. En ce fameux destin de merde qui l'avait placé en première ligne d'une guerre alors qu'il n'était qu'un enfant. Mais une fois de plus, l'échec était total.
Voldemort avait gagné. Non, en fait, ce n'était même pas ça. Quelque part, il s'en fichait de la victoire du mégalomane chauve qui lui servait d'ennemi mortel. Non, l'échec total concernait sa vie toute entière. Il s'attendait à mourir. Lui, un adolescent de 17 ans pas vraiment attentif en cours contre un puissant sorcier noir qui avait 3 ou 4 fois son âge. Le monde sorcier était peut être complètement stupide mais pas lui. Il savait qu'il ne survivrait pas. Mais il pensait sincèrement pouvoir entraîner Voldemort dans sa chute.
Il eut un ricanement moqueur mais le regrettât assez vite lorsqu'une toux sanglante le prit. Il entendait les combats autour de lui mais n'y faisait pas attention.
Où en était-il dans ses pensées morbides ? Ah oui. L'échec, le vrai.
Son échec se résumait en un seul nom. Harry Potter.
Son existence toute entière était un échec. Sa naissance était plus ou moins responsable de la mort de ses parents, de l'emprisonnement -injustifié- de son parrain et de la fuite du second. A onze ans, son syndrome du héros avait manqué d'offrir la pierre philosophale à son professeur possédé. A douze ans il ne prit pas la peine de prévenir les professeurs et partit à la chasse au basilic avec deux autres enfants de douze ans dont une qui, si elle n'avait pas eu de miroir, serait morte aujourd'hui. Quoi que, de toute façon, les professeurs ne le croyaient jamais, à quoi bon les prévenir ? Surtout que l'un d'eux avait manqué de le transformer en légume en voulant lui effacer la mémoire. A treize ans il se moquait bien qu'un potentiel tueur en série le pourchasse et il prenait des risques inconsidérés sans vraiment de raison. A 14 ans, il était, ni plus ni moins, responsable de la renaissance de Voldemort lui-même et par extension de la mort de Cédric. A 15 ans il ne s'était même pas penché sur la question de la légalité ou non des tortures sur mineur et continuait de faire aveuglement confiance à Dumbledore, il était aussi responsable de la mort de son parrain. A 16 ans, il n'avait toujours pas décidé d'arrêter d'être stupide. A 17 ans il était mort.
Un. Echec. Total.
Il n'avait pas su s'entourer correctement, réfléchir un peu plus, penser tout simplement. Non, à la place il s'était laissé porter. Il avait laissé Hermione travailler à sa place, laisser Ron l'entraîner dans des aventures stupides et dangereuses, laisser Dumbledore le manipuler comme une minable petite marionnette.
Et maintenant, la victoire revenait au vieux fou qui, non content d'avoir fait croire à sa mort, venait de tuer Voldemort. Le directeur de Poudlard s'était alors tourné vers lui, lui lançant un regard dénué de tout intérêt avant de partir vers d'autres lieux plus accueillant, le laissant pour mort. Ce n'était pas très étonnant, Voldemort mort, Harry n'avait plus vraiment d'utilité si ce n'est lui faire de l'ombre.
Pff. C'était vraiment risible.
Il tenta de s'asseoir mais décida que, finalement, mieux valait attendre la mort appuyé sur l'un des innombrables gravats qui constituaient autre fois Poudlard… sa maison.
La perte de sang commençait à lui faire perdre la tête. Tout tournait autour de lui et il se sentait incroyablement fatigué. Alors qu'il fermait les yeux, un long soupir à fendre l'âme résonna près de lui. Avec un grand effort, il leva un peu ses paupières pour pouvoir constater la présence d'une jeune femme. Elle portait l'uniforme de Poudlard mais semblait avoir une vingtaine d'année, trop vielle pour être encore étudiante. Ses longs cheveux blancs descendaient en cascade dans son dos et ses yeux gris transperçaient le survivant.
Allons bon, quoi encore ?
Le survivant voulu lui demander qui elle était mais il ne réussit qu'à cracher un peu plus de sang. Mais, comme si elle avait compris, la femme répondit à sa question muette.
- Je suis Poudlard, bien sûr.
Ah bah oui, c'est évident. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ?
- Je me le demande. Répondit la jeune femme en s'accroupissant près de lui.
Elle lisait dans les pensée ou quoi ?
- Bien vu l'aveugle.
Harry soupira intérieurement. Qu'est-ce que Poudlard lui voulait ? Et comment ce faisait-il que Poudlard soit une femme ?
- Je suis l'âme de l'école. Tu ne t'attendais quand même pas à ce qu'une école de magie, créé par des sorciers surpuissants et jamais égalés, vielle de plus de mille ans avec des escaliers qui bouge, une salle sur demande et tout un tas d'autres trucs ne soit pas commandée par une conscience ?
Qu'est-ce qu'il en savait sérieusement ?
- Eh bien, maintenant tu sais. Et cette conscience... c'est moi.
Il ne voulait pas être désagréable mais il avait grandement envie de lui répondre que ça lui faisait une belle jambe. Surtout que ça ne répondait pas à sa question sur la présence de la conscience de Poudlard à ses côtés.
- Je t'aime bien.
Merveilleux.
- Et comme je t'aime bien je vais t'aider.
A mourir ?
- Non crétin, à réparer tes erreurs. Tu viens de nous faire un long speech comme quoi t'a vie était un échec. Eh bien, il est possible de réparer ça.
Comment ?
- En te renvoyant dans ton corps d'enfant de 11 ans.
Harry avait perdu beaucoup trop de sang pour réfléchir mais cela lui paraissait être une mauvaise idée. Et puis, qu'est-ce que Poudlard pouvait y gagner ?
- Regarde autour de toi. Je suis détruite. Il ne reste que deux tour encore debout et elle menace de s'effondrer sous peu. Je suis en train de mourir moi aussi. Je veux ma revanche.
Sur qui ?
- Dumbledore bien sûr. En tant que directeur d'école, il a totalement échoué. Il a mené au massacre des centaines d'enfants qu'il aurait du protéger et il a fait de moi un champ de bataille.
Harry, trop fatigué, ferma les yeux une fois de plus. Ses pensées devenaient floues et il se sentait partir. Il mourrait vraiment et aussi étonnant que cela puisse paraître, il n'avait pas peur. Snape avait raison. Il n'avait aucun instinct de survit.
- Bon, je considère que tu es d'accord avec mon idée.