Hermione se sentait faible. Sa gorge la faisait souffrir, comme si elle n'avait rien bu depuis des jours. Sa tête la lançait, comme si un troupeau d'éruptifs galopait dans son crâne. Les yeux à moitié fermés, elle distinguait une faible lumière sur sa gauche, et elle gémit en tentant de se retourner.
-Shhh, reste tranquille, Hermione.
La voix était chaude et douce, et la jeune femme mit quelques secondes à mettre un visage dessus.
- Fred ?
- C'est moi.
Hermione tenta d'ouvrir les yeux, mais elle eut bien du mal. Finalement, elle parvint à distinguer le visage inquiet du jumeau assis sur un tabouret à son chevet. Elle était dans une chambre qu'elle ne connaissait pas, mais en voyant un second lit, elle devina qu'elle se trouvait dans la chambre des jumeaux. Les volets étaient fermés, mais ils ne laissaient filtrer aucune lumière, lui indiquant qu'il faisait déjà nuit.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? croassa-t-elle, déclenchant une nouvelle douleur à sa gorge.
Le rouquin ne répondit pas immédiatement et l'aida à se redresser un peu pour s'adosser contre les oreillers.
- Tiens, bois un peu.
Il lui tendait un verre d'eau, et elle l'avala d'une traite, le liquide apaisant sa gorge inflammée.
- Merci, souffla-t-elle en prenant une inspiration.
Fred reposa le verre sur la table de chevet avant de reporter son regard sur elle. La jeune femme avait le visage pâle mais les joues rouges de fièvre et de grosses cernes sous les yeux. Leurs regards se croisèrent, et Hermione insista doucement pour savoir pour quelle raison elle se trouvait là.
- On faisait la bataille de boule de neige dehors, tu t'en souviens ?
Elle hocha la tête pour lui faire comprendre que oui, restant silencieuse pour ne pas l'interrompre.
- Tout allait très bien, et d'un coup tu es devenue toute blanche d'après Ginny, mais je ne l'avais pas vu alors je t'ai envoyé une boule de neige. Et tu t'es effondrée par terre.
- J'ai perdu connaissance ?
- De toute évidence.
Hermione poussa un soupir et posa une main sur son front. Le silence s'installa entre eux, et la jeune femme tenta de se souvenir de ce qu'il s'était passé.
- Ma mère pense que tu étais trop fatiguée à cause du décalage horaire, et que tu as eu un choc de température.
La brune tourna la tête vers lui, interrogative.
- Un choc de température ? J'aurais dû le faire en arrivant en Australie, lorsque je suis passée du froid au chaud.
- Possible, mais le fait est que quelques heures avant qu'on ne fasse notre bataille de boule de neige, c'était l'été pour toi.
Soudain, tout percuta dans sa tête. Elle avait été à la plage tout l'après-midi avec ses parents, restant en plein soleil pendant plusieurs heures, et là elle était dans le froid de l'hiver, couverte de neige. Molly devait certainement avoir raison, et Hermione avait surestimé ses capacités physiques.
- Et toi ? Pourquoi tu es là ? Et pourquoi je suis dans ta chambre et pas dans celle de Ginny ?
Fred se redressa un peu et passa sa main derrière sa nuque.
- Disons que ma mère me tient pour responsable, et qu'il faut quelqu'un pour te veiller. Et je culpabilise aussi un peu, pour tout te dire. Si je ne t'avais pas lancé cette boule de neige, tu aurais sans doute été juste fatiguée et tu serais allée dormir, tu n'aurais pas perdu connaissance.
- On pourrait refaire le monde avec des « si » Fred. Crois-moi, j'en sais quelque chose.
Sa gorge se serra quelques instants, et elle secoua la tête pour chasser ses idées sombres. Si je n'étais pas restée pétrifiée face au serpent. Si j'avais lancé le bon sort. Si on avait pris une autre direction.
- J'aurais dû écouter ta sœur et aller dormir après le repas. Et je pense que j'aurais été malade de toute façon, j'ai été à la plage tout l'après-midi avant de rentrer à Londres, j'ai peut-être pris une insolation, combiné au choc de température...
- Tiens, d'ailleurs, pour ta fièvre.
Fred se pencha sur la table de chevet et lui tendit une fiole qu'Hermione devina être une potion. Elle l'avala d'un trait malgré le goût pas des plus agréables, et le remercia d'un signe de tête.
- Et tu ne m'as toujours pas dit pourquoi je suis dans ta chambre et pas dans celle de Ginny ?
- Oh, notre chère petite soeur avait installé des tonnes d'affaires partout, comme tu ne devais pas rester dormir, donc impossible de te faire une place dans sa chambre. Et Charlie, Percy et Bill occupent leurs chambres, on ne pouvait pas les mettre ailleurs. Alors on a proposé la nôtre. On... on a pensé avec George que ce serait mieux que tu sois ici que dans la chambre de Ron.
- Et George, s'inquiéta brusquement la jeune femme. Il dort où ?
- Il est chez nous, ne t'en fais pas. Il reviendra pour le petit déjeuner demain matin, tu n'as pas de soucis à te faire.
- Ça ne te dérange pas de ne pas dormir avec lui ?
Fred haussa les épaules d'un geste nonchalant et étira ses jambes.
- Boh, ça nous est déjà arrivé de ne pas dormir ensemble, comme quand on était petits et qu'on avait fait une bêtise. C'est vrai que ça faisait longtemps qu'on n'avait pas dormi dans des lieux différents, mais dans notre appartement, on a chacun une chambre, donc ça ne sera pas bien différent.
- Et ta mère t'a laissé dormir avec moi ?
- Oui.
- Depuis quand elle laisse un garçon et une fille dormir ensemble ?
- Depuis hier soir. Ginny a voulu partir avec Harry pour qu'il ne rentre pas tout seul en étant inquiet pour toi, et notre mère a commencé à inventer tout un tas de prétexte simplement parce qu'elle a peur que sa fille ne lui fasse des petits-enfants alors qu'elle est encore à Poudlard. Gin' s'est mise à crier plus fort que maman lorsqu'elle a appris qu'on avait quitté Poudlard sans nos ASPIC, c'est dire, et elle lui a dit que c'était pas parce que deux personnes de sexes opposés dormaient ensemble que forcément il se passait des choses, et elle a pris l'exemple de votre escapade l'année dernière.
Hermione ouvrit la bouche, un peu choquée que son amie l'ait prise en exemple de sainte-nitouche pour pouvoir elle aller dormir avec son petit ami.
- Et donc, ta mère pense qu'il n'y a aucun risque pour qu'on dorme ensemble tous les deux ?
Fred eut un sourire en coin et son regard se mit à briller à la lueur de la petite lampe de chevet.
- Parce que tu penses qu'il y en a un toi ?
La jeune femme rougit furieusement et se mit à bafouiller.
- C'est pas ce que je voulais dire !
- Mais c'est clairement ce que tu as sous-entendu.
- Absolument pas ! répondit-elle vivement. Et il ne pourrait rien se passer de toutes façons.
Le rouquin haussa un sourcil, le sourire toujours malicieux.
- Tu es sûre ?
Soudainement, il s'approcha et se pencha au-dessus du lit pour se retrouver près d'elle. Son visage était encore un peu humide de la fièvre qu'elle avait eue et quelques mèches de ses cheveux étaient collées sur son front. Mais malgré cela, Fred ne put s'empêcher de la trouver incroyablement jolie, avec ses grands yeux bruns innocents et sa peau bronzée par le soleil d'Australie.
Hermione se contentait de le fixer, tentant de rester neutre. Les yeux ambrés du rouquin avaient toujours leur lueur malicieuse, mais elle avait clairement senti le changement d'ambiance qui s'était opéré lorsqu'il s'était approché d'elle. La question qu'elle se posait en revanche, c'était : pourquoi ?
Pourquoi son cœur s'était-il mis à battre un peu plus fort ? Pourquoi son regard s'était-il légèrement assombri ? Pourquoi y avait-il une tension dans l'air ?
- J'en suis certaine.
Sa voix semblait assurée, mais une personne la connaissant un temps soit peu aurait remarqué la légère différence d'intonation sur la fin de sa phrase. Et Fred n'était pas sûr de l'avoir entendue.
- Bien.
Il se redressa, laissant Hermione respirer normalement.
- Je suppose que je peux aller dormir maintenant que tu as pris ta potion.
Lui adressant un clin d'oeil, il se leva de son siège pour se diriger vers l'autre lit.
- Quelle heure est-il ?
- Deux heures du matin à peu près.
Hermione écarquilla les yeux. Fred l'avait veillée du milieu de l'après-midi jusqu'à maintenant ?
- Ne t'en fais pas, la rassura le rouquin en devinant ses pensées, on s'est relayé jusqu'à ce que tout le monde aille se coucher. Ma mère, Harry et Ginny, George... Tout le monde est resté un peu.
Les joues de la jeune femme rosirent par tant d'attention, et elle allait répondre quelque chose, mais Fred retira d'un seul mouvement son pull et le t-shirt qu'il avait en dessous, ce qui eut le don de l'interrompre.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je me prépare à aller dormir, ça ne se voit pas ?
Il lui lança un regard surpris, puis son petit sourire en coin apparut sur son visage, comme s'il comprenait quelque chose. Et, sans la lâcher du regard, il retira aussi son pantalon en même temps que ses chaussettes, mais Hermione avait tourné la tête et s'enfonçait sous les draps pour se rendormir, arrachant un ricanement au sorcier, avant qu'il ne se glisse à son tour dans son lit.
