Rosalina poussa un cri de surprise en entendant la porte se refermer bruyamment et des talons claquer furieusement sur le sol. Elle se leva de son fauteuil et épia l'entrée des appartements qu'elle partageait avec sa camarade blond paille. Cette dernière retirait ses chaussures, les larmes coulant rageusement sur ses joues, et se grattait le bras gauche, un furieux toc qui ressortait lors d'émotions violentes.

'Peach ?' Osa la timide divinité.

'Quoi ?!'

Rosalina eut un mouvement de recul et se cacha derrière le mur.

'Qu'est-ce que tu as ?' Balbutia-t-elle.

La plus jeune reconsidéra alors son comportement et sécha ses larmes, puis se dirigea vers son amie. Elle se blottit dans ses bras et soupira, tout en retenant de lourds sanglots. Elle avait déjà l'air assez fragile comme ça.

'Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi pleures-tu ?'

'Cereza...'

'Oh. Une dispute ? Elle t'a encore traitée de princesse en sucre ?'

Peach leva un regard interrogateur vers son amie, avant de se rappeler que très peu de personnes étaient au courant de sa relation avec l'adepte de l'Umbra. Rosalina, très naïve quant aux plaisirs charnels au vu de son statut d'entité divine, lui rendit son regard en attendant une réponse.

'Je...c'est plus compliqué que ça...mais dans les faits oui.' Marmonna enfin la blond paille.

'Veux-tu que j'aille lui parler, à tout hasard ?'

'Non...non, pas vraiment. Ça ne réglerait rien.'

'Mais, regarde dans quel état tu es. Il faut bien que quelqu'un la remette à sa place !'

'On ne remet pas une Umbra à sa place...'

'Je vais quand même essayer.'

Les bras autour de Peach s'éclipsèrent et la blond platine se dirigea en flottant légèrement vers la porte. La monarque la retint par l'épaule.

'Non, je t'en supplie. Je t'en supplie, laisse-la, je ne veux plus parler d'elle. Je t'en supplie...' Bégaya la jeune femme.

'Je vais juste lui demander de quel droit elle se permet de te parler comme ça, c'est tout. Je ne suis pas du genre à être violente, tu le sais bien.' La rassura la déesse en l'enlaçant une dernière fois.

La plus jeune fixa son amie du regard, cherchant une quelconque pointe d'humour ou quoi que ce soit qui ne soit pas du sérieux, avant d'abandonner et de baisser la tête. Elle relâcha son emprise sur l'épaule de la blond platine.

"Je...j'ai besoin de temps seule." Marmonna-t-elle en se dirigeant vers sa chambre.

"Tu n'as besoin de rien ?"

Peach s'arrêta et réfléchit un instant.

"...Du chocolat."

La divinité esquissa un sourire. Elle flotta jusqu'à son amie et l'enlaça tendrement. La monarque rougit et fit de son mieux pour ne pas la repousser.

"Il doit me rester une ou deux tablettes dans ma table de nuit." Gloussa la plus âgée en relâchant la jeune femme.

"Merci. Merci beaucoup."

La sorcière, allongée de manière élégante sur son lit, observait deux épéistes s'entraîner par le biais de sa fenêtre. Elle se lécha sensuellement les lèvres lorsque le mercenaire aux cheveux bleus réussit à déstabiliser son adversaire aux longues oreilles et les déshabilla du regard.

"Ils feraient de bons repas." Murmura-t-elle en s'enfonçant une de ses fameuses sucettes dans la bouche.

Elle les fixa encore quelques minutes jusqu'à s'ennuyer, puis se leva de son lit au moment où l'on toquait à sa porte.

"Entrez."

Peach se rongeait les sangs dans son lit, une tablette de chocolat noir à moitié entamée dans les mains. Elle leva légèrement la tête pour observer son visage dans sa coiffeuse. Elle faisait pitié à voir. Son léger mascara avait coulé le long de ses joues, ses yeux rougis par les larmes et sans lueur la fixaient en retour dans la glace et des traces de chocolat étaient visibles aux coins de sa bouche. Elle lâcha un faible sourire, se moquant de sa situation, et essuya le chocolat d'un revers de la main.

"Te morfondre ne sert à rien…Il faut avancer." Maugréa-t-elle envers elle-même.

Elle lâcha un soupir et se leva avec peine, attrapa son pyjama et des sous-vêtements propres, puis se dirigea vers sa salle de bain. Elle se démaquilla, retira ses bijoux, se déshabilla et se fit couler un bain moussant. Elle y versa quelques huiles parfumées, se sentant déjà un peu mieux, et y entra. L'eau chaude engloutit alors sa tristesse et la jeune monarque s'enfonça dans l'eau jusqu'au cou. Elle soupira de plaisir, ferma les yeux et s'endormit dans son bain.

"Bonjour, Bayonetta. Il faut que l'on parle."

"Rosalina."

La déesse entreprit de se glisser dans la chambre de la noiraude et se posta devant elle, les bras croisés. Bayonetta esquissa un rictus.

"Que me vaut l'honneur de ta visite ?" Commença l'adepte.

"C'est à propos de Peach. je souhaite savoir ce qu'il s'est passé entre vous."

La sorcière perdit son sourire. Son regard tressaillit un instant, mais elle parvint à donner l'impression de rester de marbre. Elle se leva, toisant la femme étoile de toute sa hauteur.

"Elle est venue pleurer sur ton épaule ?" Demanda-t-elle froidement.

"Répondez à ma question."

"Est-elle venue te pleurer dessus comme une enfant ?"

"Que lui avez-vous fait ou dit."

Bayonetta lâcha un soupir et abandonna sa quête de réponses. Elle détourna la tête pour regarder par la fenêtre, mais le spectacle vu précédemment avait cessé. La noiraude se tourna alors vers la platine.

"Il ne s'est rien passé qui puisse t'intéresser. Tu n'auras aucune info de plus." Puis elle alla se coucher sur son lit.

"Peach n'est pas du genre à mentir. Encore moins pour causer un quelconque tort à quelqu'un. Vous aviez l'air de bien vous entendre malgré les quelques épisodes de chamailleries dont j'entendais parler. Que lui avez-vous fait." Expliqua Rosalina dans une courte tirade.

L'adepte roula des yeux.

"Persévérante de ce que je vois. Très bien. Tu veux vraiment le savoir ?"

La divinité hocha la tête, un peu agacée du tutoiement hautain de la sorcière.

"Peach et moi avions des rapports intimes réguliers."

"Des...rapports réguliers ?"

"Ah, j'avais oublié que je parlais à la sainte-nitouche ignorante de la partie. Je lui faisais violemment l'amour de façon quasi hebdomadaire, voire journalière suivant les envies." Lâcha la noiraude.

Une mâchoire se décrocha. La blond platine dévisagea l'adepte et une légère teinte rosée apparut sur ses joues.

"Quoi ? Choquée ? Par ça ?" Commenta la sorcière.

Rosalina reprit ses esprits et se gratta la tête d'incompréhension, semblant réfléchir profondément. Bayonetta haussa un sourcil en jouant avec sa sucette à moitié entamée.

"Beaucoup de choses prennent soudainement un sens...Les soirs où elle ne rentrait pas dans nos appartements ou très tard, les fois où elle se plaignait de douleurs à l'arrière-train. Les nuits où, frustrée, elle me révélait ses sentiments à l'égard d'une personne anonyme à mes yeux. Tout ça, tout ce cirque, c'était pour vous." Balbutia la pauvre femme, perdue.

"Ça en a mis du temps. Et je suis au regret de t'annoncer qu'elle n'a jamais eu de sentiments à mon égard et moi non plus. Rien que du sexe. Pur et dur."

Rosalina dirigea un regard noir et accusateur sur son interlocutrice. Elle tourna sur ses talons, ouvrit la porte et s'engouffra dans le couloir.

"Ne vous avisez plus de l'approcher." Lança-t-elle d'un ton rageur.

"Oh je n'y compte pas. Elle ne m'intéresse plus depuis ce matin. La voie est libre si tu la veux." Répondit la sorcière d'un ton narquois.

La déesse fit une moue rageuse et claqua violemment la porte, exaspérée.