- Tu es heureux Harry, sourit Hermione. Tu le mérites.

Le brun était lumineux, totalement épanoui. Il n'avait jamais ressenti ça auparavant. A mesure que Noël approchait, Harry et Drago passaient leurs journées à réviser. Le blond avait même décidé d'occuper une table au Chaudron Baveur, commandant un café toutes les heures et interrogeant Harry chaque fois qu'il passait devant lui. Ce qui faisait beaucoup de fois, surtout quand Harry s'amusait à faire des tours et des détours juste pour effleurer Drago sur la joue, les bras, ou la nuque. Drago ne s'en plaignait pas et ne se gênait pas non plus pour en faire de même. Harry se voyait bien passer le reste de sa vie comme ça… Enfin, pas tout à fait. Mais pour la première fois de sa vie, Harry se projetait. Il voyait plus loin que les factures à payer pour demain, les frais d'inscription à l'université et tout le reste. Il voyait un avenir, avec Drago…

Harry contempla le sapin de Noël de leur salon, qui brillait. Tout, absolument tout, lui faisait penser à Drago.

- Est-ce que tu es prêt pour tes partiels ? Lui demanda Hermione.

- Je suis prêt, confirma Harry. Je ferai de mon mieux, et j'espère que Drago fera de son mieux lui aussi.

Hermione lui offrit un sourire contrit et laissa Harry pensif, en train de regarder le sapin, l'air béat.

oOo

Hermione nettoyait les tables. Harry, épuisé par ses révisions, n'était pas venu prendre son service, alors elle l'avait remplacé de bon cœur. Elle pouvait bien lui rendre ce petit service. Après tout, elle vivait sous son toit.

- Granger, fit une voix suave derrière elle. L'uniforme te va bien.

- Zabini, le salua Hermione avec indifférence.

- On va sûrement être amené à se fréquenter régulièrement toi et moi. Tu sais, grâce à Drago et Potter qui se lèchent les amygdales toutes les deux minutes …

- Grâce ? Souleva Hermione. Tu es content à l'idée de fréquenter régulièrement ?

- Je t'aime bien, avoua Blaise. Donc oui, « grâce ».

L'ancienne Gryffondor émit un petit rire et tira la chaise en face de celle de Blaise pour s'asseoir :

- Je suis vraiment contente pour Harry tu sais. Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais Drago le rend heureux.

- Je n'avais jamais vu Drago aussi accro à quelqu'un, lui assura Blaise.

- Et dire que tout ceci est parti d'une blague, s'esclaffa Hermione.

- Comment ça ?

- A la rentrée, j'ai lancé l'hypothèse farfelue de savoir ce qu'il se passerait si Harry sortait avec Drago pour le distraire, afin qu'il perde sa place de premier de la promotion et qu'Harry puisse obtenir la bourse au mérite.

Blaise écarquilla les yeux et sembla pâlir. Il fixait un point droit devant lui, juste derrière Hermione qui se retourna, pour voir Drago. Ce dernier était venu voir Harry, comme à son habitude, sans se douter qu'Hermione avait pris son service à sa place. Drago avait le visage sombre, impassible, la brune croisa son regard, glacial.

- C'est vrai ? Demanda-t-il d'une voix éteinte. Il voulait juste se servir de moi ?

Il n'attendit même pas la réponse, et quitta le Chaudron Baveur d'un pas pressé, et en colère.

oOo

- Drago !

Harry courrait après le blond qui l'avait évité toute la journée. Leur première épreuve de partiel aurait lieu demain et cela faisait trois jours qu'ils ne s'étaient pas parlés. Drago évitait Harry.

- DRAGO !

- QUOI ? Hurla ce-dernier en se retournant enfin.

Essoufflé, Harry s'arrêta et le regarda droit les yeux :

- Dis-moi au moins ce que j'ai fait de mal ! Je ne comprends pas, tout allait bien et je… Je sais que ma vie est merdique et que j'y suis probablement pour quelque chose, mais toi et moi, je pensais que… Je pensais que tu étais le contresort de ma malédiction de vie de merde Drago !

- Tu me fais pitié Potter, déclara simplement Drago, en s'approchant du brun. T'es vraiment un bon acteur. Mais tu croyais quoi ? Que ton petit discours allait me mettre la larme à l'œil ?

- Mon petit discours ? Répéta Harry, interdit.

- Tu t'es servi de moi, tu m'as utilisé. Mais tu sais quoi ? Ca va pas marcher. Je vais quand même être le premier de la promotion et toi, tu seras deuxième, parce que c'est la place réservé aux gens comme toi, les gens qui pensent pouvoir s'en sortir en écrasant les autres, ceux qui n'ont aucun mérite !

Drago crachait toute sa haine et elle infiltrait les veines de Harry comme un poison, violent et trop puissant.

- Je ne comprends pas…

- Je me suis vraiment fait avoir, tu sais. J'y ai cru, murmura Drago.

Harry entendit un sanglot dans sa voix, que le blond dissimula aussitôt.

- Drago…, chuchota Harry.

- Je sais tout. Je sais pourquoi tu t'es enfin décidé à sortir avec moi. Et moi qui pensais que tu avais juste changé d'avis… Tu voulais juste cette putain de bourse à la con, et peut-être même glaner des informations utiles pour ton procès contre mon père…

- Drago, je t'assure que…

- Tais-toi, le coupa Drago. J'en ai vraiment assez entendu.

Le blond partit à toute allure, ne pouvant pas en supporter davantage et s'enferma dans les toilettes. Il se laissa glisser contre le mur et ferma les yeux. Il avait mal à la tête, mais pire que ça… Il avait surtout le cœur, explosé en mille morceaux, qui semblaient déchirer son cœur aux moindres de ses battements.

oOo

- Vous avez très exactement trois heures à partir de maintenant. Vous pouvez retourner les sujets ! Annonça l'enseignant.

Harry jeta un dernier regard vers Drago et secoua la tête. Il fallait qu'il se concentre et qu'il pense à autre chose. Son avenir était en jeu, et Harry était quelqu'un de fort. Sa rupture avec Drago lui avait broyé le cœur et l'avait compressé si bien qu'Harry doutait même de sa capacité à battre encore… Mais il allait se relever, comme toujours, parce que Harry se relevait toujours.

Il remonta ses lunettes sur le bout de son nez, gratta sa cicatrice et écrit la réponse de la première question, sûr de lui et plus confiant que jamais. Cette bourse, il la méritait…

Drago quant à lui évitait de croiser le regard de Harry, qu'il savait posé sur lui au début de l'examen. Drago, savait aux expressions de son visage, que Harry était en train de réfléchir. Il pouvait même deviner très précisément ce qu'il pensait. Par exemple, en ce moment-même, Harry mâchouillait la pointe de sa plume, ce qui signifiait qu'il n'était pas encore certain de sa réponse. Quand il passait une main dans ses cheveux, c'était parce qu'il était satisfait, et quand il souriait, juste quand le coin gauche de ses lèvres s'étirait, cela signifiait que la question lui plaisait bien. Drago secoua la tête à son tour et se concentra.

Avant de rencontrer Harry, il était persuadé d'être le meilleur en tout. Mais finalement, il avait appris que ce n'était pas forcément le cas. Il pensait que Harry était un homme bien. Il s'était trompé. Il refusait de lui accorder plus que son temps, et son amour. Il ne lui céderait pas sa première place, à aucun prix. Alors, Drago donna le meilleur de lui-même et quand il rendit sa copie à la fin des trois heures imparties, Drago savait qu'il aurait la première place, comme toujours.

oOo

Drago avait bien réfléchi durant cette semaine de partiels. Il avait beau faire comme si rien n'avait changé, comme si tout allait bien, ce n'était pas le cas. Blaise avait bien essayé de lui parler, mais dès que quelqu'un prononçait le prénom de Harry, Drago faisait la sourde oreille et s'enfuyait. Le blond savait qu'il était du genre lâche… C'était l'un de ses défauts. Mais Harry semblait aspirer tout le courage qu'il avait en lui… Drago avait alors prit une décision.

- Entrez Monsieur Malfoy, je vous en prie, l'accueillit le doyen.

Drago s'exécuta et s'assit, imitant le vieil homme.

- Je tenais , bien évidemment, à remercier encore une fois, votre père pour sa dernière donation, commença le doyen.

- Ce n'est pas ce qui m'amène ici.

Drago voulait partir. Il savait que l'université de droit magique de Londres avait un partenariat avec l'université de Russie. Drago ne supportait de croiser Harry tous les jours comme ça… Quelqu'un toqua à la porte et la secrétaire entra.

- Monsieur le Doyen, le Premier Ministre demande à vous parler de toute urgence, l'informa-t-elle.

- Si vous voulez bien m'excuser Monsieur Malfoy, s'excusa-t-il. Je suis à vous dans deux minutes.

Draog hocha la tête et se mit à faire les cent pas, stressé. Une lettre, posé au-dessus d'une pile de dossier attira son attention. Il reconnu l'écriture de Harry et ne résista pas à l'envie de savoir ce que le brun pouvait bien écrire au doyen. Peut-être qu'il voulait arrêter ses études… Les poumons de Drago se comprimèrent à cette pensée. Harry était si doué, si intelligent. Cela serait d'un tel gâchis… Il décacheta l'enveloppe et se mit à lire :

Monsieur le Doyen de la faculté de droit magique,

Ma démarche peut vous sembler audacieuse, voir ridicule. Mais je vous écrit afin de vous prévenir que Drago Malfoy compte saboter ses propres résultats, afin de me permettre d'occuper la première place du classement pour que j'obtienne la bourse au mérite. Si jamais j'arrivais premier, sachez que je ne mérite nullement et en aucun cas, cet argent. Ne tenez pas compte des résultats de Drago Malfoy et donnez lui une autre chance.

Harry Potter, le 9 décembre.

Le 9 décembre… Cela datait d'au moins une semaine avant que Drago n'entende Hermione dire que Harry s'était servis de lui pour obtenir la bourse. Alors… Harry l'aimait-il réellement ?

Drago était un con. Un vrai con. Il lança un incendio pour la lettre brûle. Qu'importe qui aurait la première place…. Ça n'avait plus d'importance. Harry, lui, avait de l'importance.

oOo

Drago attendait les résultats, comme tous les étudiants. On était le vingt décembre et tout le monde avait froid et grelotait dans le couloir de l'administration, qui allait bientôt afficher les résultats. Harry s'était réfugié tout derrière, juste assez loin pour éviter de voir Drago, mais juste assez prés pour pouvoir lire les noms qui s'afficheraient et formeraient le classement.

Finalement, après quelques minutes, les noms s'affichèrent lettres dorées. Harry avait fermé les yeux, craignant le résultat. Ils entendaient des murmures autour de lui, et des félicitations alors il ouvrit les yeux et découvrit son nom, dans le haut du classement. Il était premier… Il avait un résultat de quatre-vingt-dix-neuf pourcent. Il l'avait fait… Il avait réussit. Ses efforts venaient enfin de payer ! Puis ses yeux verts lurent le nom de Drago juste en-dessous du sien : quatre-vingt-dix-huit virgule huit pourcent… Cela c'était joué à deux centièmes de points. Deux centièmes de points, pour lesquels Harry était peut-être responsable. Sa victoire avait un goût si amer… Il espérait que le doyen avait lu sa lettre.

Il ignora les applaudissements de ses camarades et partit, le cœur lourd. Drago l'observa et joua des coudes pour rejoindre le brun. Il fallait qu'il le rattrape. Ses pas crissaient dans la neige, et tous deux glissaient de temps à autre… Les flocons tombaient, portés par le vent.

- Harry ! l'interpella-t-il.

Ce dernier continua sa course en l'ignorant royalement.

- HARRY !

- J'ai compris que tu me détestais Drago, pas la peine de me pourchasser pour me le redire une deuxième fois.

Drago prit conscience du fait que si lui avait souffert de la situation, Harry aussi. Il n'avait pensé qu'à lui… Il n'avait pas pensé à la peine que Harry avait du endurer. Drago courrut après Harry déterminé à la rattraper mais ce-dernier ne s'arrêtait pas. Il sortit sa baguette, prêt à l'arrêter juste le temps de lui dire ce qu'il avait à lui dire.

- Petrificus totalus !

Harry tomba de sa hauteur sur la pelouse enneigé du campus. Drago se précipita pour le retourner et se positionna à califourchon au-dessus de lui.

- Si c'est le seul moyen de te parler, un petit petrificus totalus ne te fera pas de mal.

Les yeux de Harry lui lançaient des éclairs.

- Je suis un crétin, commença Drago. J'ai lu ta lettre. Et il faut que tu saches, que tu n'y es pour rien, si je suis à la deuxième place. Je voulais vraiment t'écraser tant j'étais en colère…

Les yeux de Harry lançaient toujours des éclairs meurtriers, qui foudroyaient Drago.

- Mais tu vois, je pense qu'au fond de moi, je sais que je ne te mérite pas. C'est vrai quoi… Tu penses que je suis parfait mais regarde toi ! Moi, tout m'est tombé tout cuit dans la bouche. Toi, tu transformes tout ce que tu touches en or et tu ne te plains pas, malgré toutes les merdes qui t'arrivent. Je sais que tu n'as jamais voulu te servir de moi, et je suis tellement, mais tellement désolé de l'avoir cru.

Les yeux de Harry s'étaient légèrement adoucis. Alors Drago continua :

- Je suis désolé. Pardonne moi…

Et Drago lu dans les yeux de Harry qu'il ressentait la même chose.

- Et mon père est quelqu'un de mauvais, je le sais, et je l'ai toujours su, cependant, je ne suis pas comme lui. Je suis sûr que tu remporteras ce procès…

Harry continuait de l'écouter, ses yeux étaient de plus en plus doux, et avaient retrouvé toute la tendresse que Drago leur connaissait.

- Et je t'aime, bordel.

Il inspira et changea de position, pour s'asseoir dans la neige.

- Tu n'as rien à dire ? Murmura Drago.

Harry lui adressa un nouveau regard, remplit d'exaspération et Drago comprit en riant. Il lança un finite incantatem, et Harry put de nouveau bouger et parler.

- T'es vraiment un crétin Malfoy ! s'écria-t-il.

- Mais tu m'aimes ! Affirma Drago.

Toujours assis dans les neiges, ils plongèrent dans les yeux l'un de l'autre, comme s'ils étaient seuls, comme s'ils n'y avaient qu'eux, et qu'il n'y aurait plus jamais qu'eux.

- Mais je t'aime, répéta Harry.

Drago s'élança vers lui et le serra dans ses bras avant de l'embrasser. Merlin que sa bouche lui avait manquée… C'était comme si le puzzle était enfin complet. Ils comblèrent le vide qu'ils avaient ressenti tous les deux…

oOo

Drago n'avait jamais passé les fêtes ailleurs qu'au Manoir Malfoy. Il ressentit un petit pincement au cœur, en songeant à sa mère, toute seule. Dehors, il neigait encore. Il faisait un peu gris, mais le salon du Square Grimmaurd était illuminé par les guirlandes et par les rires de ses habitants. Ron Weasley était actuellement saoul, à cause du troisième verre de lait-de-poule qu'il avait ingurgité. Hermione jouait sur le vieux piano des Black, une chanson de Noël et Blaise l'écoutait comme si elle était un ange descendu des cieux. Il leva les yeux au ciel et alla rejoindre Harry dans la cuisine. Il aidait Kreattur à mettre la table … Drago remarqua une lettre posé sur le plan de travail, portant le sceau de l'université.

- Tu as enfin reçu la confirmation pour la bourse au mérite ? Lui demanda-t-il en l'enlaçant par la taille.

Harry passa ses mains autour de son cou et hocha la tête, heureux. Il portait un pull de Noël ridicule qui avait fait hausser les deux sourcils de Drago.

- Je suis vraiment désolé pour ton père… C'est vraiment injuste, murmura Harry.

- Tu n'y es pour rien. Et je préfère être ici, avec toi, avoua le blond en l'embrassant.

Harry était sa famille. Weasley, Hermione et Blaise l'étaient aussi. Drago allait s'en sortir, même si son père lui avait coupé les vivres…

- Je vais emménager chez Blaise la semaine prochaine, lui apprit Drago.

- Tu sais que tu seras toujours le bienvenue ici ! Fit Harry.

- Je le sais… Mais je veux qu'on prenne notre temps, sourit le blond en caressant sa joue.

Leurs nez se frôlèrent et Harry se mit à sourire :

- Alors, pour Noël prochain, je pourrais peut-être t'offrir un double des clefs…

- Ca serait un super beau cadeau, sourit Drago à son tour.

Il lui vola quelques baisers et Harry soupira de désir, se consumant totalement sous les doigts de son petit-ami :

- Je me sens vraiment riche avec toi.

Drago leva les yeux au ciel :

- T'es mièvre.

- Pas du tout !

- Mais si !

- Mais non ! Se défendit Harry.

- Ne me fais pas un discours en disant que la vraie richesse de Noël, c'est l'amour, et pas les choses matérielles. L'amour ne te tient pas chaud l'hiver !

- Je suis sûr que je pourrais te tenir chaud l'hiver, le taquina Harry.

- Et l'amour ne te nourrit pas non plus, continua Drago en l'ignorant. La vraie richesse du coeur, c'est un mythe pour sentimental.

- Alors je suis un sentimental, et je pense que la vraie richesse de Noël, c'est de passer du temps avec les gens qui te font te sentir bien, c'est l'amour.

Drago leva une fois de plus les yeux au ciel et embrassa encore une fois Harry.

- Je ne savais pas que sous cette tonne de muscles et ce visage froid, se cachaient en fait un coeur de feu et une âme mièvre ! Se moqua Blaise, appuyé sur l'embrasure de la porte.

- Je ne suis pas mièvre, grogna Drago.

Il avait juste enfin trouvé la personne qui l'aimait pour qui il était. Drago ressentait tellement de chose chaque fois qu'il le touchait… Peut-être qu'il devenait mièvre lui aussi. La véritable richesse de Noël, pour lui, en ce moment, c'était de tenir Harry dans ses bras.