Chapitre 9 :
Persévérence
Ce fut en se sentant toujours aussi pathétique que Edward regagna la caserne des forces spéciales. Il avait dû mal à réaliser à quel point il avait craqué devant Roy, la nuit atroce qu'il lui avait fait passer. Il se sentait terriblement misérable et honteux de s'être laissé aller ainsi. Ses problèmes étaient ses problèmes et il ne devait les faire peser sur personne d'autres. C'était sa punition. Il n'aurait su expliquer pourquoi il avait craqué ainsi mais c'était arrivé. Avec le temps, il devenait difficile de se contenir à ce sujet, de ne pas laisser éclater sa tristesse et sa souffrance. Les mots de Roy à propos d'Al avaient été suffisant pour ouvrir une brèche cette fois et il s'en voulait terriblement pour cela. Pourtant, une autre part de lui était dans une toute autre réflexion. Roy, sa présence, son soutient, avaient été salutaires et tellement bienfaiteurs pour lui. Il lui avait évité une crise terrible et malgré cette nuit chaotique, il en retirait du bon. Il s'était sentit en sécurité avec Roy près de lui, aidé et soutenu lorsqu'il était à ses côtés, rassuré lorsqu'il le trouvait en se réveillant d'un cauchemar. Il n'arrivait clairement plus à se souvenir de la dernière fois où il avait ressenti une telle chose. Cela datait certainement de sa petite enfance auprès de sa mère mais il n'en n'était pas sûr. Une chose était certaine, cela datait de bien des années et il en avait oublié ce que c'était que d'avoir quelqu'un avec soi, pour soi dans les moments difficiles. Il s'en retrouvait maintenant confus et il était perdu dans ses propres émotions, dans tout ce que Roy et les autres avaient pu lui dire dernièrement.
Il se replongea dans le travail, voulant se changer les idées et il y passa la journée. Ce fut sur Aerugo qu'il se concentra, se préparant pour ce qui risquait d'arriver. Objectivement, connaissant la situation et le Généralissime, il ne doutait que peu de la réponse et il était bien décidé à être prêt le moment venu. Ce soir là, il tergiversa longtemps sur la possibilité de retourner dormir chez Roy. L'idée était tentante, la proximité de l'homme, dormir chez lui, était sécurisant et rassurant à un point qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps, à un point qu'il peinait à se décider quand il ne se serait même pas poser la question auparavant. Il n'aurait même pas envisagé cette possibilité pourtant aujourd'hui, tout son être endoloris réclamait la présence du Flamme Alchimiste sans qu'il ne puisse se l'expliquer. Il s'y refusa finalement, ne voulant guère causer une deuxième nuit sans sommeil pour le général ou se montrer une seconde fois aussi pathétique devant lui. Il resta donc dans ses quartiers, passant une courte nuit chaotique.
Ce fut le surlendemain que l'on vint le chercher pour une convocation au bureau de son général. Il s'y rendit donc sur le champs pour y trouver non seulement Galléran et son second mais aussi le Généralissime et sa secrétaire. Il salua et on lui rendit, lui demandant de prendre place dans l'un des fauteuil du salon se trouvant dans le bureau.
- Nous avons finalement pris notre décision au sujet de la conduite à tenir sur le front avec Aerugo, annonça sérieusement le vieil homme. Cela ne plaît pas à certain mais j'ai décidé de suivre votre avis colonel Elric. Vous avez ordre de vous rendre sur le front, de prendre le commandement de nos troupes là bas et de mettre fin à cette guerre, dit-il solennellement. Pour cela, vous êtes autorisé à utiliser tout les moyens ou stratégies que vous jugerez nécessaires et appropriées pour atteindre le but recherché. Vous aurez carte blanche. Vous n'aurez de comptes à rendre à personne sauf à moi même. Les généraux resteront simples conseillers qui ne pourront vous ordonner quoi que ce soit sur cette mission ou vous entraver. Pour ce contexte particulier, vous serez sous mes ordres directs. J'ai décidé de vous confier cette charge et je vous laisse décider de toute la marche à suivre. Comme vous l'aviez si bien fait remarquer, ce n'est pas le genre de procédé que l'on a appris ou déjà expérimenté dans l'armée d'Amestris mais cela vous a déjà grandement réussi. Je vous laisse faire mais j'attends évidemment des résultats. Si vous échouez, les conséquences seront très lourdes. Vous vous êtes montré plein d'assurance et je dois avouer que j'aimerais que vos idées fonctionnent mais si ce n'est pas le cas... Nous parions très gros sur vous.
- Ce très gros pari est déjà lancé depuis le début de cette guerre, remarqua Edward pas plus impressionné que cela. Puis-je vous poser une question ?
- Allez y. Je suis friand de votre franchise, s'amusa Grumman.
- Pourquoi choisir de me faire confiance quand tout les autres font l'inverse sur cette affaire ? Hormis quelques généraux qui me connaissent, je doute que l'état major ait approuvé cette décision.
- Il est bon que vous en soyez conscient, répondit le Généralissime. Pourquoi ? Peut-être parce que vous êtes jeune et que vous représentez l'avenir de ce pays. Ce n'est un secret pour personne que vous êtes certainement le soldat le plus aimé du peuple pour tout ce que vous représentez. Le poids de toute notre nation vaut plus que celle de quelques généraux, rit-il. Et la nouveauté peut-être une bonne chose. Seulement, si vous échouez, toutes ces belles idées voleront en éclat pour un bon moment, dit-il plus sérieusement.
- Seulement pour ceux qui n'y croient pas, répondit-il sans se démonter. On m'a dit ce genre de choses un millier de fois et ça ne m'a pas empêcher d'arriver à faire ce que je voulais comme je le pensais juste. Il suffit de s'obstiner et de faire ce qu'il faut.
- Alors prouvez le à tous, dit le Généralissime. Vous partez après demain avec votre unité. Le général Galléran va vous faire part de tout les détails. J'attendrais vos rapports réguliers et si vous avez besoin de quelque chose, demandez le et vous l'aurez dans la mesure du possible, dit-il en se levant.
Les autres suivirent le mouvement, le saluant lorsqu'il fit mine de s'en aller. Il s'arrêta pourtant peu avant de passer la porte, regardant le Fullmetal :
- Nous comptons sur vous colonel Elric. Si vous réussissez cette entreprise, cela changera assurément bien des choses dans ce pays autant pour nous que pour les autres nations qui nous observent. Bonne chance, souhaita-t-il finalement avant de partir.
Un léger silence plana après son départ mais très vite, Edward prit place avec le général et le colonel qui le secondait pour discuter de tout cela. Il fut d'autant plus encouragé lorsque les deux hommes se montrèrent confiant devant ses capacités à réussir, ne remettant pas une seconde en doute cette décision du Généralissime et l'aidant à prendre connaissance au mieux de tout ce qu'il devait savoir avant de partir. Ils y passèrent toute la journée, discutant de tout les détails, Edward se faisant très attentif. Ce fut aussi à cela qu'il passa la journée suivante et ce fut sans surprise qu'il reçut une invitation, ou plutôt une obligation de venir dîner avec Roy, Maes, Riza et les autres dont tous savaient désormais qu'il allait au front. Il s'y rendit sans broncher, recevant les mises en gardes et les inquiétudes de tous auxquels il finit par couper cour, agacé. On le laissa tranquille et si personne autour de lui ne doutait de sa capacité à réussir cette mission complexe, tous étaient très inquiets pour lui. Il remarqua sans mal que le général de flamme cherchait à lui parler seul à seul mais il avait esquivé encore et encore, toujours mal à l'aise après ce qu'il s'était passé chez lui, l'évitant autant que possible.
Ce fut à la première heure le lendemain que Edward retrouva son unité rentrant de permission. Comme cela avait été prévu, ils furent rejoint pas l'unité bêta des forces spéciales que Galléran avait mit sous ses ordres pour cette mission. Mais il y avait aussi ajouté le lieutenant Holy, l'un de leur médecin, pour veiller sur eux et surtout sur le jeune colonel pas encore totalement remis de ses blessures. Il leur parla de leur nouvelle mission, les briefant rapidement puis ils se mirent en route pour la gare, direction le sud et le front. Ils firent une pause à South City où Edward rencontra le lieutenant général Hamil. L'homme était plus que visiblement furieux de devoir lui céder cette ligne de front où il occupait une grande place. Il se fit insultant, condescendant et Edward dû se faire violence pour ne pas réagir, décidant plutôt de repartir pour la frontière. S'il avait été prévu que l'officier lui parle de la ligne de front, ils ne le firent pas, Edward s'en allant, se disant que de toute manière, le lieutenant général aurait certainement cherché à le mettre en difficulté vu son attitude. Ils reprirent donc rapidement la route pour rejoindre le front, gagnant le point principal le plus sensible non loin de Akyyoyidpa. Contrairement au QG de South City, on l'accueillit presque royalement sur la ligne de feu, le héros qu'il était pour beaucoup de soldat reconnu par la plus part.
Le jeune colonel surpris bien du monde lors de ses débuts au commandement du front. Il n'avait pas perdu de temps, s'y mettant dés son arrivée, commençant pour le point où il se trouvait pour tout revoir. Il avait rassemblé les officiers sous ses ordres à cet endroit pour leur exposer sans détour comment il comptait s'y prendre, donnant ses ordres. Ne pas déclencher de combat sous aucun prétexte, privilégier la neutralisation et le désarmement sur à la mort des soldats adverses, mettre fins aux combats le plus vite possible, ne plus faire aucune provocation... Autant dire que tous furent très surpris, très septiques et même énervés pour beaucoup. Edward ne s'en était pas formalisé, s'attendant à des réactions de ce genre, ayant l'habitude d'être traité de lâche ou d'idéaliste naïf lorsqu'il faisait les choses de la sorte. En revanche, il fut très clair sur le fait que ceux qui ne respecteraient pas les ordres seraient impitoyablement sanctionnés. Il continua en allant réorganiser la disposition de ses forces sur ce point, analysant tout ce qu'il pouvait, de l'armement à la moindre provision.
Cela fait, il se mit en route pour parcourir la ligne de front accompagné des deux unités des forces spéciales. Il n'était pas décidé à perdre la moindre minute et il se mit donc à exécuter ce qu'il avait prévu. Il voulait reculer les lignes à la frontière véritable entre les deux pays, libérer les terres occupées et neutraliser des points stratégiques repérés pendant leur mission d'infiltration. Il décida de commencer par les zones les moins délicates, partant vers l'est du front, là où la frontière entre Aerugo et Amestris était accolée au désert. À cet endroit, les terres d'Ishval s'étendaient du côté d'Amestris et Edward y rencontra d'ailleurs quelques représentant installés depuis peu près de la frontière pour surveiller et protéger leur peuple en cas d'incursion ennemie. Les Ishval et Aerugo s'étaient toujours bien entendus, le pays ayant aidé cette communauté lors du massacre seulement, la paix s'installant entre les Ishval et le gouvernement avait quelques peu tendu les relations entre eux. Pourtant, malgré le nouveau tournant pris avec les Ishval à Amestris, leurs échanges avec l'armée restaient difficiles et Edward le ressentit dés son arrivée à cet endroit, Ishval et soldats se fixant en chien de faïence.
Ce fut pourtant très loin d'être son cas. Lui n'avait aucun problème avec les Ishval, bien au contraire et il était aussi très connu de ce peuple avec qui il avait déjà travaillé. Pour eux aussi, il était une sorte de héros. On le reconnut sans qu'il ne sache trop comment et ce fut très naturellement que les Ishval acceptèrent sa présence, se détendant avec lui à la stupeur générale des autres soldats. Il discuta longuement avec celui qui dirigeait les Ishval sur la frontière, reçu comme un roi par eux. Il leur expliqua qu'il reprenait le commandement du front avec pour objectif d'obtenir des accords de paix au plus vite. Il fut très surpris de l'accueil très enjoué que reçu cette annonce, cela semblant ravir les Ishval ayant visiblement confiance en lui. Cela le toucha énormément, l'encourageant. Il profita de cette popularité pour leur demander d'essayer de maintenir des relations les plus pacifiques possibles avec l'armée en poste sur cette partie très calme du front. Ici, les deux camps ne faisaient que surveiller leur frontière et il n'y avait pas eu d'affrontement depuis longtemps. Cela devait durer. Ils lui promirent de le faire et le jeune colonel ordonna à ses troupes sur place de toujours bien traiter les Ishval et de les laisser en paix, insistant lourdement, précisant que si un combat éclatait ici, les Ishval étaient des civils à protéger comme tout les amestrians. Il donna ses ordres, commandant de simplement garder la frontière sans déclencher d'affrontement et en restant scrupuleusement sur le territoire d'Amestris. Il passa Noël avec les Ishval, laissant ses hommes fêter entre eux quand il passait la soirée avec ce peuple qui ne le fêtait pas, ce qui lui allait très bien.
Puis il commença à longer la frontière pour aller vers Creta. Le premier tiers du chemin fut calme, cette partie entre les deux pays tendue mais sans affrontement. Cela ne l'empêchant pas d'être très strict sur ses consignes. À chaque arrêt dans un camps, il donnait bien évidemment ses ordres mais il passait aussi tout en revu, allant lui même voir le plus de soldats possible. Lorsqu'il le jugeait nécessaire, il réorganisait les choses avec efficacité, intransigeant sur ses ordres. Cela ne l'empêchait pourtant pas d'entendre les remarques de chacun, s'expliquant sur ses actes sans se cacher. Son objectif était affiché, très clair pour tous, comme sa démarche. Celle-ci laissait d'ailleurs très perplexe la grande majorité des soldats, certains le prenant même pour un lâche naïf et idéaliste, le faisant savoir. Il eut des altercations avec certains officiers à de nombreuses reprises. Qu'ils n'acceptent pas sa stratégie, sa manière de faire ou juste sa jeunesse et son statu, Edward les remettait systématiquement en place, allant même jusqu'à renvoyer les plus véhéments du front, jugeant qu'ils n'étaient pas aptes à remplir la mission qui leur incombait. Très vite, on appris qu'il était un commandant exigeant, intransigeant mais aussi très juste et compréhensif. Il n'hésitait pas à faire valoir ses idées et ses principes sans jamais en déroger. Et malgré tout, il devenait aussi un espoir brillant de paix et de pacifisme pour beaucoup même si on avait dû mal à croire qu'il pourrait y parvenir ainsi.
Il jugeait des besoins de tous, ajustant les effectifs en retirant ou faisant venir des troupes, reprenant les ravitaillements si nécessaire. Parce que même si cette partie du front était relativement paisible les conditions de vies étaient précaires pour les soldats, d'autant plus que l'hiver était désormais bien installé. Il veilla donc à ce que tous aient ce qu'il fallait pour être au mieux possible et ce fut un geste très apprécié des troupes. Cela et le fait qu'il allait voir jusqu'au dernier homme de rang pour avoir son avis et ses remarques, s'assurer qu'ils allaient bien et il devint un peu plus populaire sans même sans apercevoir tout cela lui semblant bien normal. Le jeune colonel ne ménageaient pas ses efforts, impressionnant bien du monde et en particuliers les membres des forces spéciales l'accompagnant partout. Le lieutenant Holy avait suivi son état jusqu'à complète guérison de ses blessures mais il ne s'était pas arrêté là, continuant à lui courir après en insistant pour qu'il prenne un minimum de repos et se nourrisse correctement. Comme l'unité Alpha, il s'était parfaitement rendu compte du fait qu'il était prompt à se surmener et à en faire trop, décidé à veiller sur lui. Cela donnait parfois lieu à de belles disputes entre eux, Edward agacé mais en même temps, les deux hommes se rapprochaient visiblement. Ce fut sur le front que le jeune colonel fêta ses vingt ans dans l'indifférence générale.
Lorsqu'ils dépassèrent le premier tiers de la ligne de feu, les choses commencèrent à se compliquer, les combats se montrant doucement. S'il avait déjà fait transmettre ses ordres sur toute la ligne, ils étaient loin d'avoir été appliqué comme il le voulait. Il dût donc s'en charger, se frottant une fois de plus à quelques officiers réticent ou jaloux. Mais tous étaient sous ses ordres, le jeune homme étant le plus gradé présent sur le front en plus des ordres du Généralissime. Ils n'avaient donc pas le choix mais cela ne simplifiait pas vraiment les choses. Atteignant ces zones, Edward vécu ses premiers affrontement et il avait agis. Il était allé combattre, commandant en même temps et appliquant fidèlement ses principes, donnant l'exemple. Et s'il y eu une chose qu'on ne pu lui retirer était qu'il était un très bon combattant aussi bien pour se battre, que commander ou élaborer une stratégie. Il mettait ses propres ordres en œuvre, montrant à tous que c'était faisable avec des efforts. Toujours, il cherchait à neutraliser, désarmer, trouver les commandants pour faire cesser le combat au plus vite et toujours, il y parvenait plus ou moins bien suivant les situations, les pertes inévitables malheureusement.
Malgré tout, Edward ne laissait transparaître aucune faiblesse devant personne, persévérant dans sa ligne de conduite, montrant l'exemple et très vite, il commença à entraîner bien du monde avec lui, les soldats de rangs inférieurs en particuliers. Ils étaient les plus nombreux, mais aussi ceux qui le voyaient le plus combattre, ceux qui profitaient le plus des bien fait qu'un officier comme lui leur apportait et il était pour eux ce héros de guerre déjà si connu leur donnant espoir et courage. Mais ce ne fut pas uniquement dans son camps qu'il commença à être reconnu. On n'avait pas tardé à reconnaître le Guerrier d'Or d'Amestris à Aerugo et Edward ne s'était pas privé pour confirmer son identité, clamer qu'il commandait désormais le front amestrian et qu'il était là pour obtenir la paix. Ainsi, il était certain que le message passait de l'autre côté même si cela ne réduisait pas les problèmes.
S'il avait déjà commencé à reculer les lignes à la frontière là où c'était nécessaire ce fut seulement arrivé à mis chemin vers Creta qu'il se retrouva face à une ville occupée qu'il voulait libérer. Il se rendit lui même sur place et il ne put que constater à quel point son armée avait fait du mal ici, à la ville et à la population leur vouant une haine légitime. Lorsqu'il retira les troupes de cette première ville dans le calme le plus complet pour ses soldats, il essuya sans broncher les insultes, les jets de pierres et autres joyeusetés. Lorsque ses hommes voulurent réagir pour le défendre, il leur ordonna froidement de ne rien faire, interdisant les représailles avec un air si dangereux que pas un soldat n'osa contester la consigne. Il avait présenté ses excuses les plus sincères au nom de son pays pour ce qui avait été commis ici. Il avait laissé matériel et vivre à la population pour qu'elle puisse s'organiser le temps que leur propre gouvernement ne revienne près d'eux. Gouvernement qu'il s'était d'ailleurs chargé de prévenir officiellement de la libération des lieux.
Ce fut aussi à partir de ce moment qu'il commença à lancer des opérations commando au delà des lignes du côté d'Aerugo pour neutraliser des points stratégiques, de l'armement... comme il l'avait exposé à l'état major. Ces missions, il les menait lui même avec les deux unités des forces spéciales sous ses ordres. Seul le lieutenant Holy restant en arrière était au courant par mesure de sécurité, porteur des ordres du jeune colonel si jamais il devait s'apercevoir qu'ils ne revenaient pas comme prévus. Si cela s'avéra complexe, ces missions éclairs furent un véritable succès sous les ordres du jeune colonel. Méthodiquement, ils causaient de grosses pertes matérielles et stratégique à Aerugo sans pour autant en profiter eux même pour attaquer, le but étant de faire cesser les combats. Le rythme s'intensifia alors pour Edward entre ces commandos secrets, les batailles et sa reprise en main du front.
Il continua à parcourir la ligne de la sorte et au plus il avançait, au plus sa réputation s'ancrait d'un côté comme de l'autre. Il était respecté de part et d'autre. Par Aerugo pour sa droiture, sa noblesse, son pacifisme évident, sa force... et par Amestris pour tout cela mais aussi pour être un officier excellent, proche de ses hommes, attentif, intransigeant, fort et juste. S'il n'était toujours très apprécié de certains, les autres commençaient soit à lui laisser une chance, soit à le suivre ouvertement. Au plus il approchait de Creta, au plus les choses se compliquaient et le dernier tiers de la ligne fut le plus long à passer en revu, très tendu et prêt à exploser à la moindre étincelle. S'il ne dérogea pas une seconde à sa ligne de conduite, les combats plus violents et fréquents rendaient les choses bien plus difficiles. Dans la zone la plus proche de Creta, il renonça aux opérations commando, ne voulant pas fragiliser Aerugo près de son voisin qui risquait bien de profiter de cette faiblesse. Et il ne voulait pas de cela.
Il lui fallut finalement quatre mois pour tout mettre en œuvre et si ce fut parfois avec difficulté, il avait réussi. Les lignes avaient été remises en place aux frontières, les villes d'Aerugo libérées. Il continuait les opérations de désarmement et de neutralisation ainsi que sa stratégie de combat, s'obstinant furieusement dans sa démarche. Il y eut quelques incidents les premières semaines, certains soldats peinant à obéir lorsqu'il avait le dos tourné. Il s'était alors montré plus ferme que jamais, sanctionnant à chaque fois, présentant ses excuses à chaque fois à Aerugo pour les attaques qu'avaient pu déclencher les siens. Puis les choses se stabilisèrent, tous prenant le pli de grès ou de force, ayant bien vu que le Guerrier d'Or comme on l'appelait de plus en plus souvent, ne laisserait rien passer. D'autant plus qu'il avait le soutient indéfectible du Généralissime jusque là.
Ce temps était passé en un éclair pour Edward. S'il n'avait pas donné de nouvelles à ses amis à Central, ils en avaient pris l'initiative en lui écrivant. Il répondait lorsqu'il en avait le temps et l'énergie. Une chose était certaine, ces courriers lui faisaient du bien. Beaucoup de bien. Entre les lettres excentriques de Maes accompagnées de quelques mots de Gracia et de photos, celles de Riza apaisantes ou celles de Roy pleines d'une inquiétude à peine voilée, il avait du réconfort. Le reste de la bande lui en envoyait aussi et cela lui changeait les idées. S'il ne le montrait pas, le front, ses responsabilités, les combats... tout cela pesait de plus en plus sur son moral et avoir leur soutient l'aidait beaucoup. Le bon côté du front était qu'il n'avait pas le temps de se tracasser avec autre chose, avec Alphonse et le passé. Pourtant, cela n'empêchait pas les cauchemars ou les douleurs fantômes, les crises se faisant bien plus rares. Elles étaient cependant toujours là et il s'arrangeait pour les cacher à tous aussi pénible de cela soit.
Une fois les choses reprises en mains et faîtes comme il l'avait prévu, ce fut l'obstination et la patience qu'il fallut arborer. Les combats continuaient comme ses opérations commando et il ne cessait jamais d'appeler à la négociation pour la paix. S'il restait principalement sur la zone la plus sensible du front, il s'y déplaçait régulièrement au besoin, envoyant parfois l'unité bêta pour aller voir pour lui ou régler les choses. Après presque six mois sur le front, tous durent reconnaître ses mérites qu'ils le veuillent ou non. Les faits étaient là. Il y avait moins de combats, moins de victimes des deux côtés, moins de pertes matérielles pour Amestris et les soldats comme la population frontalière vivaient bien mieux. Le climat commençait à s'apaiser lentement sur la ligne de feu que ce soit avec les soldats ou les populations dont le jeune colonel prenait particulièrement soin, veillant très attentivement sur elles d'un côté ou de l'autre et cela même si les gens d'Aerugo ne l'acceptaient pas toujours. Seulement, ces derniers commençaient aussi à s'attendrir vis à vis du Guerrier d'Or bienveillant. Le Fullmetal avait désormais ses troupes bien en main et s'il y avait toujours des mécontents, plus personne n'osait causer de problème. Après tout, les engueulades de leur colonel étaient devenues légendaires et bien plus redoutées qu'une sanction officielle. Ce fait amusait d'ailleurs beaucoup de monde. Si Edward avait la réputation d'être un officier attentif et ouvert à tout ses soldats, il était aussi connu pour être intransigeant, pour ne pas mâcher ses mots et s'énerver de manière mémorable quand quelqu'un faisait une grosse bêtise. Mais dans un autre sens, il était aussi bien plus indulgent que bien des officiers, n'impactant que très rarement les carrières et seulement dans le cas d'une faute très grave.
Le plus gros problème du jeune colonel était assurément les extrémistes anti Amestris du côté de leurs ennemis. Ceux refusant catégoriquement une entente et vouant une haine sans limites aux amestrians. Leur existence n'était pas un secret et au plus Edward apaisait le front, au plus ils se faisaient connaître. Il y en avait dans l'armée adverse et sans surprises, les officiers de ce bord n'hésitaient pas à provoquer les affrontements. C'était avec eux que le colonel se faisait toujours plus prudent, s'appliquant à ne répondre à aucune provocation ou insulte et à ne surtout pas déroger de sa ligne de conduite. De l'avis du Fullmetal, ils étaient ceux qui bloquaient le plus de possibles négociations. Mais il ne pouvait rien à cela. C'était une conséquence de tout ce qu'il s'était passé, il fallait faire avec maintenant et persévérer.
La fin juin arriva finalement, plus de six mois désormais passés au front pour Edward. Si la plus part des soldats avaient eu au moins une permission durant cette période, lui ne se l'était pas permis, craignant qu'il se passe quelque chose en son absence. Les conditions de vies n'étaient toujours pas formidables, d'autant plus qu'il ne se permettait pas plus de confort que les autres malgré son grade, mais l'arrivée de la belle saison avait rendue les choses plus supportables de ce côté. Ce jour là, Edward avait rejoint sa tente le dos droit pour s'affaisser aussitôt les pans de tissus retombés derrière lui, l'isolant du regard de ses hommes. Il revenait de l'infirmerie après un énième combat. Il s'y était illustré une fois de plus, remportant l'affrontement. Il s'en fichait pourtant, ne voyant que les morts qui continuaient de s'amonceler malgré tout les efforts fournis. Cette fois le combat avait été de grande ampleur, difficile sur le point le plus actif de la ligne de feu. L'arrêter avait pris quatre heures et il n'en n'était pas ressorti indemne, la chose désormais courante pour lui. Bien qu'il le garde pour lui, il commençait à être sévèrement fatigué, usé.
Il n'y avait jamais de pause sur le front à son poste. Il était loin de se plaindre, trouvant sa propre satisfaction à être là, à se battre pour la paix, à faire ce qu'il trouvait juste, à montrer à tous que tuer n'était pas nécessaire, que la violence n'était pas nécessaire. Il n'avait encore tué personne et il était très fier de cela, passant un peu pour un dieu auprès de certains pour parvenir à faire une telle chose sur les champs de batailles. Il était heureux d'être là et de se battre pour ça, se sentant à sa place, utile et faisant quelque chose de bien. Mais il fatiguait terriblement. Il travaillait beaucoup, se battait, menait lui même les commandos, remplissait toutes ses fonctions d'officiers supérieurs et de commandant du front. Il dormait peu, était souvent blessé et seul ses hommes lui amenant ses repas lui rappelaient qu'il fallait manger. Il n'était pourtant pas décidé à se relâcher ni à se plaindre ou à renoncer, toujours plus obstiné. Cependant, il y avait des moments comme à cet instant où il avait dû mal à mettre simplement un pied devant l'autre et à ne pas s'effondrer malgré toute sa volonté.
Lourdement, il s'assit à son petit bureau, sa tête tournant terriblement lorsqu'il se débarrassa de sa veste. Il massa un moment sa cuisse mutilées se faisant un peu douloureuse. Son automail commençait à sévèrement souffrir et il ne fonctionnait plus aussi bien qu'il le devrait, provoquant des douleurs. Ce fut à ce moment que le lieutenant Holy débarqua, un peu de courrier dans les mains. Il le salua respectueusement même si tous savaient maintenant que le colonel Elric n'était pas vraiment à cheval là dessus. Mais le salut était devenu pour eux une marque de respect qu'ils tenaient à donner à leur supérieur de plus en plus estimé. Le médecin le rejoignit ensuite, lui donnant la lettre qu'il tenait et le jeune homme sourit en la voyant, devinant qu'elle venait de Roy à l'écriture. Le général était assurément celui qui lui écrivait le plus, le faisant même lorsqu'il n'avait pas le temps de lui répondre entre deux. à travers ces lettres, ses échanges avec Roy avaient beaucoup évolué sans même qu'il n'y fasse attention. Était-ce parce que le général savait désormais pour Alphonse ? Parce qu'il l'avait vu dans un état pitoyable sans lui reprocher ou se moquer ? Parce qu'il se montrait inquiet et très attentif ? Parce qu'il avait confiance en lui et se sentait en sécurité avec lui ? Pour tout cela et plus encore ? Il n'en savait rien mais il en était venu à se confier à lui dans ses lettres. Il ne parlait pas d'Alphonse ou du passé mais il parlait du front, de ce qu'il pouvait ressentir ici, de ses peurs, de ses angoisses et de ses doutes. Et toujours, Roy était là pour le soutenir et le rassurer.
L'homme lui manquait terriblement, de plus en plus même s'il s'en rendait à peine compte. Il lui arrivait souvent de repenser à ce moment le soir où il avait craqué, ce moment où Roy l'avait tenu serré contre lui, avait tenu sa main, caresser son front, à cette chaleur si bienfaitrice qu'il avait ressenti dans ce contact. Parfois, il fermait les yeux pour se remémorer cet instant et il se disait souvent qu'il aimerait revivre ça, retrouver cette sensation de sécurité, de chaleur, de confort et de bien-être. Le général lui manquait et il pensait à lui pour se donner du courage, se disant qu'il accepterait bien une invitation à boire un verre ou à dormir chez lui sans hésiter maintenant. Que ce soit à cause de sa fatigue, de la situation, du fait qu'ils échangent pas lettre ou autre chose, il se faisait de plus en plus à l'aise et ouvert dans leurs discussions, dans ses confidences, trouvant toujours une réponse de soutient et de réconfort auprès de Roy. Il sourit donc en voyant cette lettre, la rangeant pour la lire tranquillement lorsqu'il serait seul.
- Venez Edward, l'interpella le médecin, je vais regarder votre jambe. Je vous ai vu boiter, dit-il pour couper court à ses protestation.
Le colonel soupira, souriant pourtant aussi légèrement à son attention inquiète. Il se releva donc, le médecin lui apportant immédiatement son soutient devant sa faiblesse. Et cela faisait un moment que le Fullmetal avait renoncé à tenter de lui cacher bien des choses, l'homme bien trop perspicace sur on état de santé. Il se laissa donc conduire à sa couchette, ne protestant pas pour retirer son pantalon et s'asseoir. Désormais habituer à cette tâche pour laquelle il avait dû se battre, le lieutenant sortit son nécessaire d'entretien pour son automail, se chargeant de cela pour lui depuis peu. Si Edward n'était pas le seul à avoir un automail sur la ligne, la chose était encore très rares parmi les soldats. Le médecin veilla à ce qu'il soit bien installé avant de prendre un tabouret et de s'asseoir près de lui. Il commença par prendre sa jambe pour s'occuper de sa cuisse amputée qu'il savait sensible, d'autant plus depuis que le jeune colonel se battait autant. L'hiver passé, l'humidité et la boue n'avaient pas épargné la jambe mécanique, cela se ressentant sur le reste du membre et même sur tout le corps du Fullmetal.
Il s'attela donc à tenter de soulager cela de son mieux, un silence paisible s'installant sous la tente du commandant en chef des forces d'Amestris sur le front. Cela fait, il s'attaqua à l'entretien de son automail, nettoyant et huilant soigneusement chaque pièce, ayant appris à le faire dans le but premier de s'occuper de lui. Cette tâche remplie, il demanda au blond plus que visiblement épuisé de s'allonger pour qu'il puisse s'occuper de son dos souffrant pas mal des dysfonctionnement de son automail et des combats. Il ne put que constater que le colonel était à bout de force lorsqu'il se laissa faire sans protester quand il râlait le plus souvent. Il lui fit retirer sa chemise avant de l'installer sur le ventre, tirant sa couverture sur ses jambes, écartant ses longs cheveux libres. Puis il entreprit de masser le dos hyper tendu du jeune homme, ses muscles durs et noués. Il le vit grimacer plusieurs fois pour ensuite se détendre progressivement et finalement s'endormir. Cela ne l'empêcha pas de continuer en silence. Il était toujours plus inquiet pour son colonel. Le Fullmetal ne ménageait pas ses efforts, ne s'accordant que très peu de repos, jamais de détente et travaillant comme un forçat. Il faisait un travail absolument exemplaire et sans tâche mais cela n'était pas sans conséquence sur lui. Pour être celui qui le soignait toujours, il savait que le jeune homme encaissait durement. Il était toujours blessé dernièrement. Contrairement aux officiers que dont toute l'armée avait l'habitude, il ne restait pas à l'arrière lors des combats. Loin de là, il était en tête, se battant au côté de ses hommes et cela lui avait attiré un gigantesque respect et beaucoup d'estime de la part des soldats. Comme beaucoup, il l'admirait de plus en plus, le Guerrier d'Or devenant un modèle vivant pour tous et il s'efforçait de prendre soin de lui de son mieux, croyant sincèrement qu'il était ce qu'il fallait à leur pays pour avancer.
Lorsqu'il eut terminé, il couvrit soigneusement son supérieur dormant lourdement désormais, quittant ensuite la tente en silence. Il prévint les deux gardes se tenant devant elle que leur colonel dormait et qu'il ne fallait le réveiller qu'en cas d'extrême urgence, jugeant qu'il avait plus que besoin de dormir un peu. Il s'en alla ensuite vers la tente des forces spéciales ou ses camarades des deux unités venaient de revenir.
- Comment va-t-il ? demanda Uriel aussi inquiet que les autres pour leur colonel.
- Il est épuisé, soupira-t-il. Il s'est endormis pour l'instant et il en a bien besoin. Vous êtes bien passé à l'infirmerie ? demanda-t-il sévèrement à ceux revenant du champs de bataille.
Tous acquiescèrent, le traitant gentiment de mère poule en amusant tout le monde. Cela ne l'empêcha guère de tous les passer en revu, usant de son autorité de médecin sans vergogne.
- Je me demande quand Aerugo se décidera à ouvrir les négociations, remarqua Mathias.
- Ce genre de chose demandera peut-être encore un peu de temps avec tout ce qu'il s'est passé, répondit le commandant Ciore dirigeant l'unité bêta.
- Le colonel se plie en quatre pour arriver à la paix, soupira Chloé. Il m'impressionne tout les jours un peu plus, sourit-elle.
- Après tout ce qu'il s'est passé dans ce pays, qui aurait cru que l'on aurait un officier de cette valeur et de cette droiture, sourit adjudante Miandre de l'unité bêta. Il est admirable sur tout les plans.
- J'espère que Aerugo se décidera bientôt, dit Uriel. Il mériterait de rentrer se reposer. Il est le seul à ne pas avoir eu de permission ou même le moindre jour de repos.
- Les choses s'apaisent de plus en plus sur toute la ligne, répondit le commandant Ciore. Le problème de ce sont ces fichus extrémistes, gronda-t-il. Sans eux, leur opposition et tout les problèmes qu'ils causent, on serait peut-être déjà en négociation. Même les soldats d'Aerugo n'ont plus le cœur d'affronter le colonel.
- On peut juste espérer et continuer nos efforts, répondit le médecin. Le colonel sait ce qu'il fait. Je suis sûr qu'il y arrivera.
Tous sourirent, approuvant, eux aussi persuadés que ce que faisait leur supérieur était la bonne voie à suivre désormais. En suivant ses ordres, la guerre devenait moins pénible à endurer pour la plus part, tous se sentant désormais plus protecteur que meurtrier malgré la difficulté de rester sur ce chemin. Lorsque l'heure du repas arriva à la fin de la journée, ce fut Uriel accompagné de Maxime, le médecin, qui alla chercher le repas de leur colonel. Ils rejoignirent sa tente où ils le trouvèrent occupé à travailler à son bureau et comme toujours, il fallut insister un peu pour qu'il prenne une pause et accepte de manger tranquillement. Cela ne dura pourtant pas longtemps avant qu'il ne se remette à la tâche, éclairé d'une lanterne avec la nuit tombante. L'obscurité était bien tombée lorsque le jeune colonel se décida à faire une pause, contraint et forcé par sa vue devenue trouble. Il se leva alors, décidant d'aller chercher un peu d'eau en trouvant sa gourde vide. Prendre l'air lui ferait certainement du bien. Il se leva donc, souriant lorsque ses yeux tombèrent sur la lettre de Roy qu'il avait lu un peu plus tôt. Une fois encore, il y avait trouvé beaucoup de réconfort et de soutient, de courage et une certaine tendresse qu'il n'avait pas vraiment réalisé, son cœur y étant pourtant très sensible, réchauffé.
Il remit son uniforme en place, s'étirant en grimaçant aux courbatures et blessures légères qui le marquaient. Il fut respectueusement salué par les gardes en sortant, leur rendant nonchalamment avec un petit sourire. Le camps était calme à cette heure tardive et il ne croisa que peu de monde mis à part ceux qui étaient de garde. Il n'y avait que peu de lumière sur son ordre pour ne pas faciliter les choses à l'ennemi s'il décidait d'attaquer de nuit. La lune était pourtant pleine ce soir et on y voyait sans trop de mal avec l'habitude. Et il connaissait son camps par cœur. Tous le saluèrent sur son passage, lui souhaitant une bonne nuit ou lui demandant s'ils pouvaient faire quelque chose pour lui. Il déclinait gentiment, leur conseillant de prendre du repos tant qu'ils pouvaient. Il gagna rapidement les réserves ou le soldat responsable lui donna avec joie de l'eau fraîche, lui demandant s'il ne voulait pas un petit quelque chose de plus fort qu'il refusa avec amusement. Si l'alcool était autorisée de manière très modérée sur le front, lui ne buvait jamais. Il repartit ensuite, décidant d'aller faire un tour des gardes, vérifiant que tout allait bien et qu'il n'y avait rien à signaler. Il laissa finalement sa gourde à un jeune soldat qui n'avait plus rien à boire, se disant qu'il en avait plus besoin que lui.
Ce fut pour cela qu'il reprit le chemin des réserves dans l'obscurité, ses pas le faisant passer par le terrain d'entraînement. Il s'y arrêta un instant, y prenant une lance. On ne s'en servait que pour l'entraînement et il restait le seul de l'armé à jamais s'être vraiment servi d'une telle arme. Elle lui manquait d'ailleurs depuis qu'il ne pouvait plus en produire à volonté avec l'alchimie. Et s'il y en avait ici à l'entraînement, personne d'autre que lui ne s'en servait, l'arme n'attirant plus personne. En dehors des armes à feu, seuls les couteaux, dagues et épées attiraient quelques soldats partisans de ce genre de chose pour le corps à corps. Il fit tourner l'arme autour de lui avec aisance, souriant en se rendant compte qu'il n'avait pas perdu la main. Il n'y avait personne aux alentours, le terrain tout à l'arrière du camps. Il profita de ce silence rare sur le front, de la fraîcheur de la nuit alors qu'il commençait à faire chaud la journée. Il fit quelques figures faciles, l'exercice détendant un peu ses muscles. Il se disait qu'il devrait peut-être se faire faire une belle lance, aimant utiliser cet outil.
Il se figea soudain, son instinct criant brusquement au danger, un frisson glacé lui remontant le dos. Il y eut un petit déclic quelque part non loin et il bougea sans réfléchir alors qu'un coup de feu explosait. La douleur brûla son visage mais il n'y fit pas attention. D'autres coups de feu retentirent et il bondit pour ne pas être touché, roulant sur le sol. Il voulut se mettre à l'abri, l'agitation se faisant déjà entendre dans le camps mais il n'en n'eut guère le temps que trois hommes habillés de noirs fusèrent des arbres, attaquant d'armes de poings et de couteaux. Il réagit dans l'instant, utilisant la lance qu'il tenait encore, sortant les lames de son automail pour se défendre. Les coups s'enchaînèrent rapidement, les tirs se faisant entendre. Il sut sur le champs que le but était de le tuer, le sentant aisément dans les assauts. Heureusement, ses réflexes de combattants étaient plus qu'affûtés et il mit rapidement hors courses deux de ses attaquants, ceux-ci assommés un peu plus loin. Il se chargea du troisième dans la foulée, le désarmant avant de lui asséner un coup de sa jambe mécanique pour l'envoyer faire une petite sieste.
- Colonel Elric ! hurlèrent les soldats arrivant alertés par le bruit des tirs.
Celui-ci ne leur prêta pas attention, esquivant plutôt le tir du sniper embusqué un peu plus loin. Mais avec les multiples tirs envoyés au cour de l'affrontement, il avait pu le situer et il sortit son arme de poing, un dernier éclat métallique terminant de confirmer la présence, il tira et un cri de douleur retenti dans les arbres, un bruit de chute suivant. Il se redressa alors, ses hommes accourant pour l'entourer, les trois assaillants déjà entravés et désarmés.
- Arrêtez le quatrième, ordonna-t-il en se redressant et en s'appuyant sur sa lance.
Immédiatement, plusieurs soldats allèrent chercher celui qu'il avait blessé à l'épaule et décroché de son arbre, les quatre attaquants rapidement alignés devant lui. Le terrain était désormais plein de soldats en alerte entourant avec protection leur commandant.
- Qui êtes vous ? demanda-t-il durement aux intrus.
Ils restèrent muet, lui lançant des regards noirs.
- Colonel, interpella Pauline en venant lui tendre une chose trouvée sur l'un d'entre eux en les fouillant.
- Un insigne des extrémistes, remarqua-t-il alors gravement. Qui vous envoie ? questionna-t-il alors sans obtenir plus de réponse.
Il soupira, sa vue se troublant brutalement alors que le sang battait dans ses oreilles.
- Emmenez les et interrogez les, ordonna-t-il alors.
- À vos ordres colonel ! répondirent ceux qui les tenaient.
On les emmena et Edward précisa lourdement à l'officier qu'il chargea d'avoir des réponses qu'il ne voulait pas voir de torture ou de maltraitance d'aucune sorte.
- Commandant Ciore, appela-t-il ensuite pour faire venir l'homme près de lui sur le champs.
- Mon colonel ?
- Remettez de l'ordre dans le camps et pas de représailles ou de bêtises, posa-t-il fermement. Il nous faut tout d'abord éclaircir cela. Envoyez une demande d'explication à Aerugo et...
Il se tut, tanguant soudain sur ses pieds, sa vue s'obscurcissant. Il sentit une emprise ferme et forte venir le soutenir, les voix raisonnant autour de lui. Elles semblaient paniquées mais il ne parvenait plus à comprendre ce qu'elles disaient. Il lutta férocement contre l'inconscience qui gagna pourtant la partie, l'obscurité l'emportant.
- Colonel Elric ! hurlèrent ceux qui l'entouraient lorsqu'il s'effondra dans les bras de l'adjudant Wilrose.
Le lieutenant Holy accourut, exigeant qu'on le laisse passer à grand cris. Il se jeta à genoux près du colonel inconscient que Uriel avait assis au sol, le tenant avec protection. Il l'examina rapidement et ce fut seulement alors que l'on découvrit qu'il avait pris une balle dans le flanc, la hanche et le bras gauche ainsi que d'autres blessure difficilement discernables dans le noir. Une entaille profonde barrait sa cuisse gauche, des éraflures de balles marquant son visage et son cou. La première avait marqué sa pommette et sa tempe gauche et la seconde avait manqué l'artère de très peu.
- Il faut l'emmener à l'infirmerie tout de suite, dit-il alors qu'on amenait un brancard en catastrophe. Délicatement, commanda-t-il alors que l'on plaçait le jeune homme sur la civière.
Très vite, il fut amené à leur hôpital de campagne, l'équipe médicale s'affairant autour de lui, le camps tout entier se tendant d'angoisse pour leur colonel devenu si précieux à leurs yeux. On avait redoublé la garde, surveillant plus encore Aerugo objet de leur hostilité après cette attaque visant plus que visiblement leur héros. Mais personne ne fit de bêtise, ne voulant pour rien au monde désobéir au jeune homme et gâcher ses efforts. En tout cas, tout les membres de l'unité Alpha se chargeait de servir d'escorte rapprochée à leur colonel, veillant étroitement. Ce fut avec un immense soulagement que quelques heures plus tard, tous accueillirent la nouvelle de la fin des soins du colonel désormais sauf. Il était amoché mais sa vie n'était pas en danger immédiat et tous en furent très heureux. On le ramena à sa tente pour qu'il puisse y dormir en paix et Maxime resta à son chevet, comme son unité montant la garde.
Ce fut aux premières lueur du jour que Edward commença à se réveiller. Il ouvrit péniblement les yeux, retrouvant la vue de sa tente désormais parfaitement connue. Il grimaça, son corps terriblement endoloris. Il s'aperçut qu'une perfusion pendait au dessus de lui et progressivement, il se souvint de ce qui l'avait mené là, de la situation, se réveillant alors totalement. Il voulut se redresser, gémissant sans contrôle mais une main se posa bien vite sur son épaule, le forçant à se rallonger alors que ses bras tremblants cédaient sans mal.
- Restez tranquille Edward, commanda-t-on doucement.
- Max ? dit-il en reconnaissant la voix du lieutenant Holy.
- Oui. Vous devez rester allonger et vous reposer, vous avez perdu beaucoup de sang en plus de votre épuisement déjà présent. Vous souvenez vous de ce qu'il s'est passé ?
- Ouais, soupira-t-il en serrant les dents.
- Ne vous inquiétez pas. Vos ordres ont été suivis à la lettre et tout est resté calme et sous contrôle. Inutile de paniquer. Pour le moment, vous devez vous soigner. La balle que vous avez pris dans l'abdomen n'a heureusement pas fait de dégâts mortels mais ce n'est pas bénin pour autant très loin de là. Elle a traversé votre corps, nous avons dû opérer en urgence. Nous avons pu réparer les dommages mais il faut faire très attention le temps de guérir. Celle qui a touché votre cou n'est pas passé loin de l'artère, vous avez eu énormément de chances. Vous en avez pris deux autres dans la hanche et le bras. Nous avons soigné ça et tout le reste, votre jambe et votre visage ont aussi pris de belles plaies. Heureusement, vous guérirez sans dommages. En attendant, c'est repos au lit. Je vais demander que l'on vous apporte quelque chose à manger.
Il approuva et le lieutenant se leva gagnant l'entrée où Uriel, Mathias, Pauline, Onélie et Chloé montaient la garde l'air dangereux. Ils lui sautèrent presque dessus pour avoir des nouvelles et les sourires s'installèrent en apprenant que leur colonel s'était réveillé et qu'il allait relativement bien vu la situation. Il leur demanda d'amener à manger et de prévenir le commandant Ciore qui avait pris le relais, secondant le jeune colonel depuis qu'il était avec lui sur le front. Très vite, on amena cela et toute l'unité put entrer. Uriel vint aider son supérieur lorsqu'il voulut s'asseoir pour manger un peu. Le jeune colonel portait alors un simple tee-shirt noir, son cou et son visage pâle garnis de pansements épais. Onélie apporta une autre couverture qu'elle déposa sur ses épaules avec un sourire. Il la remercia et on lui donna son repas, Maxime insistant pour qu'il mange. Il s'exécuta en soupirant, se disant que l'homme était vraiment trop protecteur avec lui, mais c'était aussi touchant et réconfortant. De toute manière, il n'avait pas l'énergie pour protester à cet instant, se pliant donc à ses consignes. Quelques minutes plus tard, le commandant Ciore arrivait, souriant de toutes ses dents en le trouvant éveillé. Il salua, Edward l'autorisant au repos.
- Avez vous pu obtenir des informations de ces attaquants ? demanda le colonel se faisant plus sérieux.
- Ils sont totalement muets monsieur, déplora-t-il. Tout les quatre portaient l'emblème des extrémistes et sont vraisemblablement d'Aerugo mais nous n'en savons guère plus. Il va falloir réagir à cette attaque.
- Pas maintenant, trancha-t-il immédiatement. Nous devons d'abord savoir si elle venait vraiment du commandement d'Aerugo ou de cette fichue faction d'extrémistes qui nous mets des bâtons dans les roues. Et quoi qu'il en soit, nous ne devons pas répondre à la provocation. C'est plutôt une bonne nouvelle en faîte, sourit-il en les laissant perplexes. S'ils en viennent à lancer un commando contre moi, c'est que les choses bougent d'une manière ou d'une autre en face. La rumeur court de plus en plus que le gouvernement d'Aerugo pense à la négociation et les extrémistes font tout pour empêcher ça. Les soldats comme les populations appellent maintenant à la négociation et ça dérange certains. Si je devais être tué de la sorte, cela relancerait presque assurément la guerre. De même si nous réagissons sous impulsion de colère et de vengeance. Une tentative désespérée si vous voulez mon avis.
- Je vois, remarqua Mathias.
- Nous allons patienter et voir ce qu'il se passe, dit-il en grimaçant de douleur.
- Colonel ! s'inquiétèrent-ils.
- C'est rien, assura-t-il en se reprenant.
Il ne convainquit personne mais on ne fit pas de remarque, tous sachant qu'ils risquaient plus de l'agacer ou de le mettre mal à l'aise qu'autre chose. Ce n'était clairement pas le moment, le jeune homme mal en point.
- Commandant Ciore ! cria quelqu'un à l'extérieur.
- Entrez ! répondit Edward en se redressant.
Le sous-lieutenant Karos qui secondait le commandant se présenta alors, souriant lui aussi en voyant le Fullmetal éveillé.
- Mon colonel, salua-t-il en se mettant au garde à vous.
- Repos, autorisa celui-ci. Que se passe-t-il ?
- Aerugo a levé le drapeau blanc monsieur, annonça-t-il en les laissant stupéfait.
Il y eut un instant de silence, Edward réfléchissant quand les autres restaient sans voix.
- Mon colonel ? interrogea finalement le commandant.
- Levez le drapeau vert pour accepter la trêve et la négociation, j'arrive, dit-il en bougeant pour se lever.
- Mon colonel, vous devez..., tenta d'intervenir le médecin paniquant un peu de le voir bouger.
- Lieutenant Holy, retirez moi cette perfusion, ordonna-t-il fermement. Nous attendons cela depuis très longtemps, je ne resterais pas couché, claqua-t-il.
L'homme soupira, admettant que malgré son état, ce n'était pas le moment de rester à se reposer. Le drapeau blanc appelait à la trêve et à la négociation. C'était une occasion en or. Il se mit donc au travail.
- Levez le drapeau vert, prévenez tout le monde, que personne ne fasse de bêtise, j'arrive, répéta-t-il.
- À vos ordres ! répondit-il.
- Commandant Ciore, partez devant s'il vous plaît et veillez à tout mettre en place dans les règles.
- Oui mon colonel, acquiesça-t-il.
Les deux officiers s'en allèrent alors et Edward se força à bouger. On lui apporta un uniforme propre et il s'habilla lentement. Il ne prit pas la peine de se coiffer et ce fut avec l'aide de son grand costaud d'adjudant qu'il se leva, tanguant et pâlissant une fois debout, serrant les dents. L'homme le soutint, tous lui laissant de l'air et du temps. Il se reprit rapidement, se recomposant une façade totalement illisible. On voyait pourtant bien ses pansements et sa pâleur. Il se mit pourtant en route, son unité et leur médecin l'entourant. Il fut touché lorsque tous se montrèrent très heureux et rassurés de le voir debout, saluant sur son passage alors qu'il leur rendait à chaque fois. Il rejoignit la bordure de la zone de combat, ses hommes l'accueillant très respectueusement, beaucoup surveillant le camps d'en face, observant ces drapeaux blancs flottant dans l'air. On lui tendit des jumelles et il les prit, regardant. Il découvrit alors un groupe d'aspect très officiel de cinq personnes tenant un drapeau blanc et un drapeau d'Aerugo. Il sourit, se faisant cependant aussi très prudent après l'attaque de la veille.
- Je vais y aller, annonça-t-il. Adjudant Wilrose, Caporal Istré, Sergent Béryl vous venez avec moi. Déposez vos armes et prenez le drapeau vert et un drapeau d'Amestris. Nous respecterons les règles imposées par la levée du drapeau blanc scrupuleusement. Commandant Ciore, vous restez ici. Si cela devait être un piège et mal tourner, surtout ne tombez pas dans la facilité. Venez nous aider si c'est possible mais mes ordres sont toujours en vigueur quoi qu'il se passe.
- À vos ordres mon colonel, répondit-il.
- Que personne ne fasse de bêtise ou il aura à faire à moi ! dit-il ensuite à l'attention de tous. Si nous jugeons que les choses dérapent, nous baisserons les drapeaux et ce sera le signal pour vous. En attendant, personne ne bouge. C'est clair ?!
- À vos ordres colonel Elric ! scanda-t-on en saluant vers lui.
Il sourit, approuvant d'un signe de tête. Il se débarrassa ensuite lui même de son arme de poing puis il se mit en route, avançant lentement à travers la zone de combat avec ses hommes. En face, on bougea aussi, le petit groupe avançant vers eux tout aussi prudemment. Le silence était total, la tension palpable sous le soleil. Il fallut quelques minutes mais ils se firent finalement face au centre, une dizaine de mètres les séparant. Ils s'observèrent attentivement. Edward nota la présence de trois soldats en uniforme d'Aerugo, d'un autre homme à l'allure politique dans son costume d'apparat et d'un dernier richement vêtu qu'il connaissait déjà. Il s'inclina respectueusement, suivant ces règles de protocoles obligatoires dans cette situation.
- Prince Alvaro, dit-il.
- Colonel Elric, répondit respectueusement celui-ci en s'inclinant légèrement à son tour. C'est un plaisir. Je vous remercie de nous accorder si rapidement cette entrevue. Permettez que je fasse les présentation. Voici le Ministre Cori et le général Diavra ainsi que le colonel Tréias et le capitaine Ria.
- Voici l'adjudant Wilrose, le caporal Istré et le sergent Béryl, précisa-t-il à son tour. J'irais droit au but, dit-il sans détour, pourquoi demander cette trêve ?
- J'ai été envoyé par mon frère pour entamer les négociations de paix avec Amestris, répondit-il sans détour en surprenant ceux lui faisant face.
Edward resta pourtant stoïque, prudent.
- Si entendre cela me plaît bien, répondit-il, j'ai une question avant toute chose. Hier soir, nous avons subi l'attaque qu'un commando composé d'Aerugonians et aujourd'hui, vous voulez négocier. Puis-je avoir une explication ?
- Bien entendu. Je vous présente tout d'abord mes excuses les plus sincères pour cette attaque. J'ai pris connaissance de ce fait i peine quelques heures suite à votre demande d'explications à ce sujet. Sachez que cela n'a pas été ordonné par notre gouvernement ou notre armée. Nous enquêtons sur le sujet mais il semblerait que cela viennent des opposants à la paix. Je vous promets que nous vous informerons des résultats de l'enquête. Cela fait maintenant plusieurs jours que nous parlons négociations au gouvernement. L'information a visiblement filtré et il semblerait que certains aient voulu raviver les braises pour éviter ça.
- Je vois, répondit-il sans percevoir le moindre signe de mensonge. J'avais envisagé ce genre de chose en trouvant des emblèmes extrémistes sur les assaillants.
- Nous avons avancé la levée du drapeau blanc en espérant que vous ne nous tiendrez pas rigueur de cette attaque, remarqua le prince tendu devant lui.
- Je ne vous en tiens par rigueur, répondit-il. Cependant, j'aimerais autant que ce genre de dérapage ne se reproduise plus si nous devons négocier, posa-t-il durement.
- Bien entendu, des mesures ont déjà été prise pour sanctionner sévèrement et remettre ces extrémistes à leur place, répondit le prince.
- Dans ce cas, cela me convient. Je ne sais pas quoi faire de ces quatre énergumènes, s'amusa-t-il ensuite. Souhaitez vous les récupérer ? Nous n'avons rien obtenu d'eux si ce n'est des insultes mais peut-être y parviendrez vous.
- Vous ne les avez pas exécuté ?! s'étonna le général aussi surpris que les autres.
- Ce n'est pas mon genre général Diavra, rappela-t-il légèrement. Malgré leurs manières douteuses, ils ont été soigné et traité dignement.
- Nous les récupérerons avec plaisir, répondit le prince. Ils seront bien évidemment jugés et emprisonnés. Cela aidera sûrement à remonter à leur commanditaire.
- Nous vous les reverrons donc, approuva-t-il. Revenons à plus intéressant. Aerugo est donc désormais prête à négocier ?
- Oui, répondit le prince. Au vu des nombreux efforts que vous avez fourni dans le sens de la paix ces derniers mois et de vos preuves de bonne foi. Son Altesse le Prince Claudio Rico ainsi que notre gouvernement sont prêt à vous faire confiance et à entamer les négociations de paix. Cette guerre n'a que trop duré et n'a plus lieu d'être depuis qu'Amestris s'est assagie. Je dois avouer que nous n'y croyons pas vraiment jusqu'à votre arrivée au front Guerrier d'Or d'Amestris, sourit-il. Votre nation s'est montrée des plus fourbes plus d'une fois.
- Je vous l'accorde, répondit-il gravement. Mais ce temps est désormais terminé depuis les événements de Central. Nous avons pris un nouveau départ et nous ne souhaitons pas que toute cette violence perdure. Nous ne voulons qu'une paix sincère avec nos voisins désormais.
- Et vous avez su nous en convaincre colonel Elric. C'est pourquoi je demande officiellement l'ouverture des négociations.
- Ce que nous serions ravis d'accepter bien entendu mais sous conditions, posa-t-il.
- Je vous écoute, répondit-il avec attention.
- Premièrement, nous signerons dans l'heure qui suit un cessez le feu officiel valable sur toute la ligne de front. Les drapeaux blancs seront levés des deux côtés et toutes les règles régissant les cessez le feu devront être scrupuleusement respectées. Deuxièmement, tout les canons, les chars et grosses pièces d'artilleries à longue portée seront reculées hors de portée du camps opposé des deux côtés. Et troisièmement, nous accepterons tous que la moindre entorse au cessez le feu ne sera pas raison de représailles. Cependant, si cela devrait arriver, le camps fautif reconnaîtra un handicap dans les négociations, dit-il alors que personne n'avait pensé à fonctionner ainsi.
C'était une proposition nouvelle. Ainsi, si un groupe isolé faisait une bêtise pour relancer le combat, non seulement il n'y parviendrait pas mais en plus, il handicaperait sa nation dans les négociations. Ensuite c'était à chacun de veiller à ce que personne ne commette d'acte contre le cessez le feu. Le Prince regarda tour à tour son général et son ministre qui acquiescèrent d'un signe de tête.
- Tout cela me semble très correct aussi bien pour vous que pour nous, dit-il. J'accepte.
- J'en suis ravi, sourit le blond. Dans ce cas, je propose que nous nous rencontrions de nouveau dans une heure pour signer le cessez le feu. J'en profiterais pour vous rendre nos charmants visiteurs de la nuit passée. Bien sûr, je contacte ma hiérarchie pour leur annoncer et faire venir ceux qui négocieront.
- Ne pouvez vous le faire ? demanda le Prince l'air déçu.
- Je ne suis ni un politique ni un diplomate. Je suis un guerrier, la paperasse, ce n'est pas mon truc, s'amusa-t-il en faisant rire quelques uns. Plus sérieusement, je ne suis pas suffisamment au fait de la politique et de tout ce qu'elle implique pour pouvoir négocier avec vous. Soyez pourtant assuré que quelqu'un de compétent sera envoyé certainement très rapidement. En attendant l'ouverture des négociations, nous pourrons établir un lieu et tout les détails logistiques la concernant si vous le souhaitez.
- Très bien, approuva-t-il. Colonel Elric, j'aimerais vous remercier pour tout ce que vous avez fait dernièrement pour arriver à cela. Cette guerre nous à tous usé et je suis ravi qu'elle puisse cessez enfin. Mais je dois aussi vous remercier pour ce jour où vous m'avez pris en otage, dit-il sérieusement.
- C'est bien la première fois que l'on me remercie pour avoir pris un otage, remarqua-t-il sérieusement en faisant rire son vis à vis.
- Il y a une première à tout. Ce jour là, vous ne le savez probablement pas, mais vous m'avez appris beaucoup comme par tout ce que vous avez fait depuis. Pour tout cela, merci, dit-il en s'inclinant.
Ne sachant pas trop quoi répondre, il lui rendit le geste. Ce fut dans le calme total qu'ils convinrent des détails de la signature du cessez le feu qu'il fallait juste encore rédiger puis ils se saluèrent et se séparèrent, retournant vers leurs camps respectifs. Si Edward se sentait prêt à s'évanouir, son corps affaibli et blessé mis à rude épreuve par cet épisode alors qu'il luttait pour tenir sa façade, il ne pouvait s'empêcher de sourire, les espoir de paix plus vifs que jamais.
- Colonel ? interrogea le commandant Ciore avec tension lorsqu'ils revinrent.
- Nous avons un cessez le feu, annonça-t-il en faisant éclater la joie autour de lui.
Il se remit pourtant en route vers sa tente, suivit des membres des forces spéciales. Ce fut pénible mais il y parvint sans perdre la face. Il entra et presque aussitôt, il sentit quelqu'un lui prendre le bras pour le soutenir avec force. Uriel.
- Venez vous allonger un peu colonel, poussa le lieutenant Holy se tenant de l'autre côté.
Il ne protesta pas, ses jambes tremblant tellement il peinait à tenir debout. Il manqua d'ailleurs de s'effondrer, son adjudant le rattrapant délicatement. Il fut rapidement assis sur sa couche, transpirant mais refusant de se reposer tout de suite.
- Commandant Ciore ?
- Oui mon colonel ? répondit-il.
- Je vais avoir besoin d'un peu d'aide, je crains de ne pas pouvoir m'en charger moi même, admit-il la voix faible.
- Bien sûr monsieur, dit-il inquiet pour lui. Ordonnez et reposez vous, je me charge du reste.
- Merci. Levez les drapeaux blancs et ordonnez à toute la ligne de front de le faire. Contactez le Généralissime en mon nom pour lui annoncer que Aerugo souhaite débuter les négociations de paix et que nous signons le cessez le feu dans l'heure. Le sergent Béryl vous donnera les détails de notre discussion pour transmettre. Reculez ensuite toute l'artillerie à l'arrière du camp hors portée de la zone de combat. Puis préparez tout pour la signature du cessez le feu.
- À vos ordres monsieur. Reposez vous en attendant, je me charge de tout.
Comme tous, il le voyait tanguer dangereusement, les yeux ternes alors qu'il luttait pour tenir. Les ordres donnés, le lieutenant Holy lui retira sa veste délicatement avant de le pousser à s'allonger. Le colonel ne protesta pas, s'évanouissant presque dans la manœuvre. Ceux qui avaient du travail partirent pour s'y mettre, les autres restant veiller sur le jeune homme, le mettant à l'aise et au repos, veillant étroitement.
À suivre...
Audragon