Platypus, mes zoziaux ! Après une ellipse de neuf mois, durant lesquels vous avez tout de même eu le droit à d'autres publications, revoilà enfin Entre les Mondes, qui vous souhaite un joyeux Halloween/Samhain avec ce tome 5 intitulé le Cauchemar de Gamaliël.

Si vous ne savez pas qui est Gamaliël, c'est que vous n'avez pas fini le tome précédent. Ou pas commencé le tome 1, ce qui est ma foi plus gênant encore. Pour remédier à cela… vous savez comment faire !

Si ce n'est pas encore fait, je vous conseille fortement de lire ma mini-fic le Triumvirat Infernal, qui raconte le voyage d'Emrys à travers les Terres d'Argent, et révèle des éléments centraux sur l'Archiduc Gamaliël et son cauchemar.

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Disclaimer : L'univers de Harry Potter, ainsi que les noms de Beauxbâtons, Olympe Maxime, Gringotts, elfes de maison, et potentiellement d'autres termes propres à HP sont la propriété exclusive de J.K. Rowling et ses ayants-droits.
Cette fanfiction n'est associée ni affiliée à aucune démarche à caractère lucrative.

La grande majorité des personnages et beaucoup de concepts sont mes créations personnelles, d'autres proviennent de mes camarades, et sont la propriété exclusive partagée du collectif d'auteurs du Multivers Parfum-Potter. Merci de respecter notre travail, plagier n'apporte aucune satisfaction personnelle mais souvent la honte.

L'Aczu Śavnecze, la Sulciu Vukélia et l'Épigéen (Khalradre y Nepiťİ-li), trois langues construites apparaissant dans ce tome, sont mes créations personnelles et sont protégées par le droit d'auteur français à titre d'oeuvres intellectuelles. Leur usage sans mon autorisation écrite est illégal. Si vous êtes intéressé·e par la création d'une langue pour votre univers, ou si vous voulez en apprendre plus, vous pouvez vous rendre sur mon site, Le Senesterium, et y remplir le formulaire de contact, ou m'envoyer un MP ici même.

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Réponse aux reviews :

Salut Allan Eddem ! La pile de l'Étage Blanc ? C'est un nexus. Un noyau de magie naturelle. Je l'ai dit clairement, c'est donc pas un spoil.
Non, Mathis n'a aucune envie d'y aller. Mais Promettre à Isa/Pia, c'est un peu comme un serment inviolable : s'il ne le respecte pas, elles vont le tuer.
C'est les deuxièmes. D'ailleurs, c'est Alexander Bailey qui donne la solution.
L'Agence c'est plus des tueurs à gage, il me semble.
Baaaah, tu as eu la réponse sur les solstices dans le Triumvirat Infernal !
La maîtresse des enfers ! Et bah comme son nom l'indique (subtilement), Gamaliël est le troisième archiduc. Avec Azraël (Duncan) et Samaël, les trois seuls à avoir des trémas sur le ë.

Hello Tiph l'Andouille ! Je… partage tes griefs. Genre tous.
Ce qu'ils ont en commun… hé hé, secret ! Ou peut-être que…
Moi aussi j'ai hâte de savoir ce que Dreamer va nous concocter. Mais je suis optimiste.
Tu sais pourquoi grâce au Triumvirat Infernal, et tu ne seras pas une courgette à patin parce qu'ils ont échoué.
Yep… Comédie horrifique, je suppose ?

Hey Kuro No Kage ! Merci, et oui d'accord avec toi, on gagne à connaître les personnages fascinants de MDS.
Mais désolé, plus d'Augures…

Bonjour Icequeen, merci de ta lecture commentée ! Oui, Zomiel est une experte de la stratélique barbare.
Oui, c'était une citation de la Vallée de Dana.
Non, je ne ferai jamais d'ELM une série originale. Je pense qu'elle a totalement sa place dans cet univers, et je pense qu'au contraire, je veux en écrire encore et toujours plus pour le Parfum-Potter, l'étendre, recruter de nouveaux membres, et bien sûr tout ça gratuitement et pour encore plusieurs années… C'est mon cadeau au Monde. C'est peu, mais c'est bien. J'ai d'autres idées d'univers originaux, au moins un déjà prêt à l'usage et assez unique pour me rendre fier, donc je vais déjà m'en contenter.
Non non, le horcruxe de trop, c'était juste une analogie au fait que le horcruxe de trop (=Harry Potter) est ce qui a causé la perte de Voldemort. Et que là, c'est pareil. Il y a un… supplément imprévu.

Coucou Arya/Lilie ! Merci pour ton soutien et ton impressionnante implication dans nos écrits, et j'espère que la suite continuera à te distraire de ton travail peu stimulant (mais pas trop, bien travailler c'est important, ne pas se faire prendre encore plus !).

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PRÉLUDE : Quand Emrys a franchi la Faille des Pyrénées et est devenu Gamaliël, il a déclenché un processus inarrêtable qui a conduit à la résolution de la prophétie de l'Opus Tenebræ. L'enfer a déferlé sur Terre, et les démons ont instigué une guerre entre moldus et sorciers, pour ensuite résoudre les survivants en esclavage. Beauxbâtons fermée, la plupart des bastions sorciers détruits… C'est la fin de la civilisation. Du moins en France, le pays étant théoriquement toujours en huis clos.

Notre histoire commence dix ans presque jour pour jour après ce drame, dans la ville souterraine de Grand-Trou, une colonie d'elfes de maison libres située sous les catacombes de Paris. Mathis Devaux et son petit groupe sont peut-être les seuls sorciers encore libres et vivants. Il y a de quoi perdre tout espoir, rester cachés jusqu'à la fin… Mais ils ont une mission.


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1) Jours d'un avenir trépassé

Grand-Trou, juin 2029…

Mathis claqua des doigts. Le bruit résonna dans l'immense grotte.

– Mauvia, Justine, on y va ! chuchota-t-il.

– Vous êtes obligés ? s'enquit Duneska, inquiète.

– Si le tuyau est fiable, c'est peut-être notre seule chance de passer à Brocéliande, répliqua le sorcier.

Mauvia haussa les épaules, et rabaissa ses lunettes de soudeur.

– On plonge.

– On plonge, répéta Justine en attrapant le bras de Mathis.

Celui-ci ne transplana pas ; cela attirait irrémédiablement les renifleurs. À la place, il ouvrit un tunnel astral qu'il projeta mentalement aussi près du point de rendez-vous possible, dans une cour intérieur abandonnée. Le plocame anotérodiastasique (affectueusement surnommé "Ahta") qui n'avait jamais quitté Mathis même quand celui-ci lui en avait donné la possibilité, choisit cet instant pour intervenir. Déployant deux tentacules, il créa un pont physique entre les deux points, et Mathis se dépêcha de tisser la trame de son tunnel astral le long des appendices de la créature extraplanaire. C'était ridiculement rudimentaire comparé aux Tunnels de Transportation druidiques, mais ça ferait bien l'affaire pour trois passagers. Enfin, quand la trame fut assez solide, le tunnel s'ouvrit dans un bruit de succion. La pression atmosphérique étant plus forte dans la grotte qu'à la surface, il y eut une violente aspiration, dont ils profitèrent pour plonger.

Le trio trébucha plus qu'il ne courût dans le court tunnel instable, et ressurgit dans la ruelle.

– Génial, il pleut, râla Mauvia.

– Ça te fera pas de mal, tu pues la crotte de rat !

– Pardon Madâme d'avoir d'autres priorités que de me laver dans des circonstances pareilles !

– Hé, les filles ! On se calme ! intervint Mathis.

– Où sommes-nous ? s'enquit Mauvia.

– Derrière l'hôtel Miramar, répondit Justine, dont la vision nocturne était un grand atout. La tour Montparnasse est là.

Elle désigna la carcasse carbonisée de la tour, qui dépassait à peine derrière les ruines de l'hôtel. Mathis plissa les yeux pour l'apercevoir, et acquiesça silencieusement. Sous cette tour se situait jadis le palais du Prévôt, l'Élysée sorcier, un des premiers bastions à avoir été détruit. Il sortit un plan rudimentaire de sa poche, dessiné sur une feuille de journal moisie, et craqua une allumette.

– Nous sommes ici, et nous avons rendez-vous à la statue de Paul Verlaine dans le jardin du Luxembourg.

– Ça fait plus qu'un kilomètre ! constata Justine. Tu nous as habitué à mieux !

– La princesse a peur d'user ses souliers ? ironisa Mauvia.

– La princesse, elle t'emmerde.

Mathis, qui connaissait le passif médical grave de son amie, fit preuve de plus de sollicitude :

– Tu t'en sens capable ?

– Évidemment, se braqua la sorcière. J'ai vaincu la Mort, ce n'est pas pour avoir peur de quelques hordes.

– À priori, c'est une zone morte. On peut croiser une ou deux patrouilles, faciles à esquiver. Quelques rôdeurs, mais vous savez quoi faire…

Mauvia brisa le silence à peine installé :

– Et si c'est un piège ?

– Alors il va falloir te préparer à cramer du démon.

– Chic ! s'exclama la jeune femme, en relevant ses lunettes qu'elle avait gardée.

Avant de partir, Mathis utilisa l'allumette pour mettre le feu au plan. Aucun indice. Aucune trace.

Rejoindre la rue de Rennes fut assez aisé. Le coin était désert, et la pluie effaçait les silhouettes dans la pénombre. La remonter jusqu'à Saint-Placide fut une autre paire de manche. Après avoir passé une patrouille de renifleurs de justesse, Mauvia eut l'idée d'entrer dans la boutique Zara pour y trouver un imperméable. Justine râla, mais Mathis ne pouvait pas en vouloir à la pyromancienne de détester être mouillée… Et puis Justine protestait pour la forme, il savait très bien qu'elle aurait accepté avec joie si la proposition n'était pas venue de la néerlandaise. Il la soupçonnait d'être un peu jalouse. Il ricana à cette idée absurde…

– Qu'est-ce qui te fais rire, tête de pioche ?

– Rien, je réfléchissais. On devrait en prendre des grises, pour se fondre dans le décor.

– Ah oui, pas bête, soupira Mauvia, qui reposa le ciré fushia.

– On se dépêche, ça serait pas le tout de mettre notre contact en danger…

– C'est qui, au fait ?

– Aucune idée, avoua Mathis. Mais c'est quelqu'un à qui les elfes font confiance, sinon le message ne nous serait jamais parvenu. Orwell est pire que Cerbère…

– Foutus affranchis, grogna Mauvia. Je suis sûre que c'est des espions…

– Hé, même si c'était le cas, les Niafasen ont toujours été de notre côté !

– Jusqu'à ce qu'ils se barrent avec les autres, au pays merveilleux de Castle-Land ! gronda la pyromancienne. Ils se foutent bien qu'on crève tous ici.

– T'enflammes pas, Big Bang ! intervint Justine. Nous sommes pressés, vous vous rappelez ou ça ne vaut que pour moi ?

– Désolé, on y va ! confirma Mathis.

Il regarda rapidement dehors. La voie libre, il fit signe à ses camarades de le suivre. Malheureusement pour eux, ils ne firent pas cent mètres qu'ils se retrouvèrent dans une embuscade de rôdeurs. Le chef du gang, un colosse roux avec des câbles électriques attachés à ses dreadlocks, tenait un chien hideux qui ressemblait à un carlin pinscher sans poil, une race issue d'un croisement entre plusieurs races de chiens et des hellbounds. Un "pourc" comme les appelait ironiquement les résistants, l'inverse du croup. Un détecteur de sorciers. Le pourc se mit à gronder avec haine.

– Qu'avons-nous là ? Trois sorciers pour le prix d'un ? Balises !

Quatre rôdeurs plantèrent des balises anti-magie dans le sol, créant un large rectangle dans lequel aucune magie ne pouvait fonctionner. Outre la lueur vacillante des balises, plusieurs rôdeurs portaient des torches improvisées.

Le bras droit du chef de gang rechargea son fusil à pompe, et s'avança de quelques pas, le pointant sur la tête de Mathis.

– Retirez vos capuches, les féticheurs, et mettez les mains en l'air ! Pas de geste brusque où je vous crève le troisième œil !

Mathis s'exécuta, révélant le visage d'un jeune homme barbu aux cheveux châtains en bataille. Deux cicatrices marquaient marquaient sa joue droite et son front, mais ce qui était le plus notable chez lui, c'était la marque cyan autour de ses iris.

Mauvia retira à son tour la capuche de son imperméable tout neuf, et grogna quand les premières gouttes tombèrent dans ses courts cheveux frisés violets. Elle portait pour seul apparat un étroit losange rouge peint sur l'œil gauche, comme un simulacre de griffure.

Justine garda sa capuche.

– Hé, toi ! L'ordre valait pour tous les trois ! gronda le lieutenant, qui passa juste à côté de Mathis.

D'un coup sec de tentacule, Ahta happa le malfrat, qui eut un infime hoquet de suprise, avant de se retrouver soumis à son envoûtement. Mathis lança d'un ton badin :

Couic !

Les trois sorciers se laissèrent tomber au sol comme des poupées de chiffon. Le lieutenant se mit à tirer sur ses amis, dans tous les sens. La plupart furent fauchés sur le coup, mais d'autres parvinrent à se planquer dans la boutique la plus proche. Mauvia alluma une petite grenade alchimique en la frottant contre le macadam, et la balança par un petit trou dans la vitrine. À l'intérieur, la bombe explosa sans flammes, liquéfiant toute matière autour d'elle.

Justine, rapide comme l'éclair, avait déjà arraché deux balises du sol, et parvenait à la troisième quand le colosse roux surgit de derrière une carcasse de voiture, tenant une arme automatique. Un FAMAS alchimique, reconnut immédiatement Mathis, qui sortit sa baguette.

– Bande d'enculés, vous avez tué tout mon gang !

– Techniquement, c'est votre gars qui en a tué la plupart, fit remarquer Mauvia.

– Vous foutez pas de ma gueule ! Je sais pas comment vous avez fait, mais c'est de la putain de magie ! Merde, on voulait juste vous dépouiller !

Il fit mine de les mettre en joue. Mathis leva les mains, souriant. Il ne pouvait rien faire contre une arme alchimique. Mais Justine était suffisamment proche.

D'un bond, elle atterrit juste à côté du rôdeur, et planta sa main dans la gorge du rôdeur. Elle rentra comme une lame dans du beurre, avant de ressortir écarlate.

Couic.

– Ce truc est vraiment barbare, grimaça Mauvia.

– Ce truc nous a sauvé les miches plus qu'à son tour ! répliqua Justine, en léchant sa main.

– T'es obscène.

– Et toi t'es aussi agréable qu'une balle dans le pied pendant un marathon.

– La ferme ! grogna Mathis.

Il ramassa le FAMAS alchimique, et l'examina à la lueur d'une allumette. Il jura entre ses dents.

– Un souci ? s'enquit Mauvia.

En guise de réponse, il lui jeta l'arme. Entre les mains expertes de la jeune alchimiste, l'arme réagit, révélant les runes gravées sur sa surface. Mais quelque chose l'intrigua plus encore. Mais c'est finalement Justine qui mit le doigt dessus. Littéralement, se brûlant.

– La crosse de cette saloperie est en argent ! jura la jeune femme.

– Crosse en argent, protections runiques… Vous en concluez quoi ? les pressa Mathis.

Mauvia éjecta le chargeur, et en sortit une balle, qu'elle ouvrit. Une puissante odeur de souffre s'en éleva. Il y avait emboîtée dans la tête de la balle une capsule que Mauvia extraya, et renifla :

Aqua fortis. C'est l'arme d'un chasseur de démons ! comprit-elle, horrifiée.

– Comment un rôdeur a pu se procurer ça ?! s'étonna Justine.

– En la prenant sur le cadavre d'un chasseur, répondit Mathis, sombre.

Un chasseur ayant été tué sur leur territoire, ces gangs étant très casaniers.

Mauvia poussa un gémissement. Elle aimait jouer les provocatrices, et aurait effectivement fait face à quelques engeances infernales mineures. Mais qui disait chasseurs de démons disait démons puissants. Et qui disait chasseurs de démons morts disait démons très puissants.

– Qu'est-ce qu'on fait ?

– On cours ! proposa Mathis.

À vive allure, le reste du trajet ne fut guère long, et ils ne croisèrent heureusement aucune patrouille. Ils arrivèrent rapidement à la statue de Paul Verlaine, où… personne ne les attendait.

– Merde, il est où ton contact ?

– Se cache peut-être, supposa Mathis.

– T'as pas un mot de passe à balancer, au cas où ?

– C'est inutile, le message a dit qu'on se connaissait.

– Et si ton contact est en fait un polymorphe ?

– Tant pis pour lui.

En tant qu'illusionniste, Mathis avait acquis le don de percer les illusions des autres, et cela incluait celles des démons dits polymorphes, qui contrairement aux métamorphomages ne se transformaient pas physiquement. Pour ça, il avait eu un bon professeur… si on exceptait à quel point ce type était un égoïste et un lâche.

Mathis commençait à perdre patience, quand il entendit des bruits de course dans leur direction. Il se déporta de la haie entourant la statue, et vit trois silhouettes en poursuivre une quatrième qui se dirigeait droit sur eux. Deux créatures volantes se joignirent à la chasse, tandis qu'un des poursuivants prenait spontanément feu, accélérant brutalement sa course.

– DÉMONS EN APPROCHE ! s'écria Mathis, qui sortit sa baguette, et envoya immédiatement un sort de découpe sur un des démons volants.

Il lui trancha une aile, et celui-ci s'écrasa. Le démon de feu était sur le point de rattraper leur proie quand celle-ci jeta quelque chose derrière elle : une grenade électrique qui happa le démon dans son aura foudroyante. Le choc ne fit que le ralentir, mais suffisamment pour que l'humaine le distance. À la faveur d'une éclaircie de lune, Mathis put apercevoir son visage, et la reconnut aussitôt.

– Orianne, par ici !

– Salut, Mathis ! Un coup de main, peut-être ? cria-t-elle en se cramponnant aux anses de son sac à dos.

Mathis compris le message, et pointa sa baguette vers elle !

Accio sac à dos !

La brusque accélaration faillit destabiliser la jeune néogicienne, mais la mit au moins hors de portée des démons. En guise de salutations, Mauvia lui donna le FAMAS anti-démons, et décrocha une bombe alchimique de sa cartouchière.

– Il faut se débarrasser du crameur avant que Justine puisse les approcher.

– Elle est venue aussi ? s'exclama Orianne. Cool !

– Elle est embusquée, lâcha Mathis. Attention !

Il plongea pour esquiver un projectile de feu jeté par le démon. Il roula au sol pour l'avoir dans l'alignement de sa baguette, et répliqua d'un maléfice de vortex noir. Mathis haïssait la magie noire, qui lui avait déjà tellement coûté, mais peu de sorts conventionnels fonctionnaient contre les démons élémentaires.

Un des démons mineurs fut aspiré et broyé par le micro-trou noir, mais le crameur dissipa celui-ci d'un coup de patte griffue. Alors que le deuxième démon volant arrivait à proximité des trois sorciers, le premier que Mathis avait abattu revenait à la charge, après avoir rattaché son aile tranchée. Ces saletés étaient increvables…

– Attention les yeux ! s'écria Mauvia.

Mathis se protégea immédiament le visage. Orianne n'eut pas ce réflexe, et quand la puissante bombe alchimique de lumière explosa en percutant le démon volant le plus proche, elle fut aveuglée par le puissant flash qui brûla horriblement la bête. Celle-ci n'agonisa guère longtemps, le lent démon de feu lui écrasant le crâne sous une lourde patte griffue. Mathis tenta de lui jeter un Aguamenti amplifié, mais l'eau s'évaporait avant d'atteindre le démon, et il préféra relâcher le sort avant que la brume ne le masque à leurs yeux.

– Quelqu'un a une solution ?

– Il faut écarter le feu magique suffisamment longtemps pour l'atteindre ! s'exclama Orianne, qui le mit en joue avec l'arme à feu.

– Mais oui, bien sûr ! Prête, Mauvia ?

– Évidemment !

– VENTUS ! jeta Mathis, tandis que Mauvia débouchait une fiole de tempête en bouteille.

La puissance du souffle projeta les deux démons mineurs restants, volant et rampant, en arrière, mais le crameur planta ses puissantes griffes dans le sol, attendant que les sorts se dissipent. Cependant, comme l'espérait Orianne, le souffle fut suffisamment puissant pour repousser partiellement l'aura de feu infernal entourant le monstre, exposant son visage et une partie de son poitrail. Elle ajusta sa visée, et tira une salve de projectiles de souffre purifié. Le souffre explosa au contact du cuir brûlant du crameur, vaporisant la capsule d'aqua fortis contenue dedans. Aqua fortis dont les vapeurs étaient toxiques pour les démons de feu. Pas suffisamment pour les tuer, mais assez pour souffler leur aura de feu quelques secondes. Assez pour laisser Justine approcher, et broyer sa massive tête à mains nues.

– Par les testicouilles de Merlin ! jura la néogicienne. T'as pris des vitamines au réveil ?!

– Tu ne crois pas si bien…

Par réflexe, elle esquiva la piquée du démon volant, et repéra le rampant qui essayait de la prendre à revers. Elle lui fonça droit dessus :

– Couvrez-moi !

Mathis secoua la tête. Évidemment, tête brûlée ! Il essaya d'ajuster la créature volante, mais Mauvia fut plus rapide. Elle balança au volatile une sphère électrique dont elle ajusta la trajectoire à distance au dernier moment. Il fut percuté de plein fouet. Hurlant de rage mais toujours vivant, il tenta de se relever, mais alors l'air se changea en véritable tornade électrique autour de son corps décharné. Tremblant sous l'effort, Mauvia grogna de rage et de douleur, mais maintint le sort assez longtemps pour qu'il ne reste plus du démon que des cendres et des braises fumantes.

Pendant ce temps, Justine luttait toujours avec l'autre. Elle était plus rapide et au moins aussi forte que lui, mais le démon rampant possédait deux bras de plus, et ne semblait pas ressentir la douleur. Il parvint à bloquer les bras de la sorcière, et lui asséna un violent coup de tête qui la fit chanceler. Il leva alors un long bras griffu, et s'apprêta à la lacérer de haut en bas. Mathis balança un sort de découpe, qui trancha le membre. Le démon fut surpris, mais ne réagit guère. Il jeta le corps flasque de Justine dans la pelouse ravagée, et chargea droit sur lui. Mathis se jeta en avant, et planta sa baguette dans le sol. Des plantes grimpantes surgirent du sol, et capturèrent le démon, qui se débattait vainement dans sa gangue végétale épineuse qui avait poussé en moins de deux secondes autour de lui.

Mathis se releva, et essuya sa baguette sur son pantalon. Il approcha le démon d'un pas assuré, et marmonna un sort entre ses dents. Une vague lueur en forme de lame de dague scintilla autour de sa baguette, et il se servit de cette dernière pour trancher la gorge de la créature en passant à côté, pour ne pas être éclaboussé par le sang noir. Avant qu'il ne se retourne, le démon était tombé au sol, et les plantes de son sort précédent pourrissaient à vue d'œil.

– Vantard ! cracha Justine, qui reprenait ses esprits à quelques mètres devant lui.

– On s'amuse comme on peut, répliqua le sang-mêlé.

Il pivota sur ses talons de manière presque comique, et ouvrit grand les bras :

– Orianne Vasset, quel bon vent vous a amenés, toi et tes sympathiques défunts compagnons ?

– C'est moi, ton contact, banane ! répliqua la néogicienne. Paraît que tu cherches un moyen d'accéder à Brocéliande ?

– Les rumeurs vont vite. Tu as quelque chose à me proposer ?

– Moi non, mais…, commença Orianne.

– Ne me dit pas que…

– Ton frère, si.

– Évidemment ! cracha Mathis, haussant les yeux au ciel. Ça ne m'étonne guère que cet abruti soit là-bas, en fait. J'aurais dû m'en douter, il est comme son père…

– Tu es dur avec Thomas ! le morigéna Orianne. Il ne se cache pas au sanctuaire, il était parti chercher Rogan Brisebois !

– Mouaif. Et alors ?

– Bah alors il l'a trouvé, et Rogan a réussi à rétablir deux Tunnels. Un pour le sanctuaire… et un entre le Bourg et le palais du Consortium.

– Il ne pouvait pas trouver un endroit encore mieux gardé ?! explosa Mathis. À croire qu'il n'y a que moi qui réfléchit, dans cette famille de tarés !

– Hééé ! râla Mauvia.

Mathis l'ignora, et jura dans sa barbe. Traverser les ruines en pleine nuit c'était une chose, mais entrer dans le palais souterrain, devenu le pire bastion démoniaque depuis la Chute…

– J'ai cru comprendre que tu avais tes entrées à Grand-Trou, fit remarquer Orianne. Tu as au moins l'avantage de la surprise, la plupart des sentinelles surveillent la surface.

– Et le peu qui reste pour surveiller l'accès souterrain suffirait à tous nous tuer, répliqua Mathis d'un ton sec. Plusieurs fois.

– Hé, ne tire pas sur la messagère ! J'ai risqué ma vie pour venir jusqu'ici, et je n'ai aucun moyen de repartir sinon de vous suivre dans ce merdier.

– Comment tu es arrivée ici ?

– Rogan m'a projetée. Il a également projeté ton frère à la Gare Centrale de Transportation, et est resté seul pour défendre le pont. Mathis, tout le monde se met en quatre pour que tu puisses atteindre ton objectif. Tout le monde risque sa vie… et on ne sait même pas pourquoi.

Mathis soupira, et fit signe à Mauvia d'approcher.

– T'es sûr que c'est prudent de…

– Avec le vacarme et la débauche de magie que nous venons de provoquer, s'il y avait des rôdeurs dans le coin, ils nous seraient déjà tombés dessus. Ton sac, s'il te plaît.

Mauvia râla pour la forme, mais s'exécuta, détachant le sac à dos solidement arrimé sous ses baudriers et autres bandoulières de combat. Elle en sortit un petit sac de toile, qu'elle jeta à Mathis.

– C'est quoi ? s'enquit Orianne.

Mathis ouvrit le sac, et en sortit une grosse clef rouillée, si complexe qu'elle aurait fait pâlir d'envie un casse-tête chinois. Il la tendit à la néogicienne, qui la prit avec prudence.

– Ça ouvre quoi ?

– La seule porte qui est en mesure de nous faire sortir de ce cauchemar, répondit Mathis d'un ton sombre. La porte de la cellule de Morgana Le Fay. La seule créature vivante plus puissante que Gamaliël.

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Eh voilà. Surpris ? Vous le serez plus encore par la suite.