Dernier chapitre! J'avoue, j'ai hésité à le couper en deux. Et puis, j'ai décidé, vu sa longueur, d'inclure l'épilogue. J'espère, en ces temps de confinement, que tout va bien et que vous restez toujours chez vous. J'espère aussi que ce chapitre sera une petite fenêtre d'évasion.


10

« LE DERNIER DRAKANIS EST À POUDLARD » titrait l'édition du jour de la Gazette du Sorcier.

Harry ne savait s'il devait ou non lire ce torchon qui promettait d'avoir plus sa place comme emballage d'épluchures ou papier toilette que comme journal. Néanmoins, en avisant l'air sidéré de ses camarades qui l'entouraient, il se fit la réflexion que ne pas lire était une bonne idée.

— Oh les ignares, soupira Ron en repliant son exemplaire.

— Tu lis ce truc ? s'étonna Harry.

— Oui mais c'est un tel ramassis d'inepties que je me demande comment cette folle peut encore être crédible. Écoute, fit-il en recherchant l'article qu'il venait de lire. « Les Drakanis sont des créatures merveilleuses. » Merlin, Helga et Rowena ! Merveilleuses ? Ils ont fumé quoi ? Ils pensent que je scintille au soleil et que mes cheveux ont des reflets de diamant ?

Il fit mine de secouer sa tignasse rousse. Harry sourit, amusé et ouvrit le journal pour lire l'article écrit par une certaine Rita Skeeter.

« Chers lecteurs, c'est avec fébrilité que je vous offre en exclusivité la nouvelle. Ronald Weasley est un Drakanis ! Il a reçu son héritage le jour de ses dix-sept ans le 1er mars. Afin de demeurer tranquille, Ronald Weasley est resté chez lui et n'a pu revenir à Poudlard que récemment, pour sa rentrée en Septième Année.

Le secret sur son héritage est demeuré secret jusqu'à hier soir.

Après des recherches, il s'est avéré que Ronald Weasley, étudiant de Septième Année de la maison Poufsouffle (voir famille Weasley en page 4), descendant d'Ursula Black, née Flint, et de Phinéas Nigellus Black, a hérité son gène Drakanis de son ancêtre Ursula qui avait, dans sa famille, un Drakanis.

Nous sommes, moi la première, surpris de découvrir que ce gène pourtant perdu, de nouveau présent en la personne d'un Weasley, surtout celui-là, si loin de la représentation des dragons. Un de ses frères aurait été plus… »

— Non mais quelle idiote ! tempêta Harry.

— Tu as fini ? s'enquit doucement Ron en dévorant comme à son habitude son petit déjeuner sans se soucier de ce qui l'entourait.

— Non ! Comment veux-tu que je lise la suite alors qu'elle insinue noir sur blanc que…

— Continue alors. Tu vas rire.

Même si le ton était clairement amusé, Harry se demandait si ce n'était pas de l'ironie pure et dure. Néanmoins, et parce qu'il était un peu curieux, le Serdaigle reprit sa lecture un peu plus loin pour passer le passage où son compagnon était dénigré.

« Que sont les Drakanis ? Les Drakanis sont des créatures merveilleuses. »

— Ah oui, le pire c'est que tu ne l'as pas inventé.

— Tu penses que j'aurais pu inventer un truc pareil ? Continue.

« Selon mes recherches, ils ont la capacité innée de transformer tout métaux en or le plus pur et ils n'ont qu'un seul compagnon dans toute leur vie. »

Harry ne put s'en empêcher, il referma le journal, atterré de lire autant de bêtises en si peu de lignes.

— Non, non et non, c'est au-dessus de mes forces. Comment a-t-elle pu écrire toutes ces stupidités ?

— En allant fouiller dans ses romans à l'eau de rose, sans nul doute. Le meilleur a sans doute été quand elle parlait de toi.

— Oh Merlin tout puissant, murmura Harry qui craignait le pire.

Il en avait lu des vertes et des pas mûres l'année précédente lorsque Ron avait quitté Poudlard. On l'avait d'abord accusé de l'avoir empoisonné, puis d'être responsable de ce départ. Les mauvaises langues avaient été de bon cœur contre lui, surtout un certain Drago Malefoy, un Serpentard de leur année qui se disait être le prince de sa maison mais qui n'était rien de moins qu'un abruti aux yeux du couple.

— Tu n'as pas lu cette partie ? C'était pourtant la plus amusante.

— Je te crois sur parole, chéri, mais je n'ai absolument aucune envie de continuer à me cramer les yeux en lisant cette merde. Cette journaliste est un cafard misérable, un nuisible qui mériterait…

— Au vu de ce qu'elle a écrit sans la moindre autorisation, je sens qu'elle ne va pas rester très longtemps à la Gazette, mon amour. Détends-toi et mange un peu.

Harry soupira et grignota le contenu de son assiette, piochant plus volontiers dans celle de Ron, s'attirant des grommellements mécontents. Et puis, sans qu'il ne comprenne pourquoi, il leva la tête vers la table des Serpantard et vit Drago Malefoy les fixer froidement, avec une haine farouche dans le regard.

— Oublie-le, fit Ron qui avait dû le voir aussi.

— Mais…

— Chéri, tant qu'il ne nous attaque pas, tout va bien, souffla Ron en l'attirant vers lui pour l'embrasser férocement, comme pour rappeler à qui appartenait Harry.

Cette possessivité n'était pas pour déplaire au Serdaigle tant qu'elle demeurait mesurée. Si d'aventure, Ron se montrait plus exigeant, Harry allait peut-être devoir l'apaiser et lui rappeler qu'ils étaient deux et qu'il était hors de question que le Drakanis le considère comme une pauvre chose.

— On y va ? proposa Ron en lui tendant la main.

Après la semaine d'union, Harry avait presque envie de refuser d'aller en cours. Ça le surprenait mais il avait été tellement bien avec Ron, juste lui, qu'il trouvait injuste qu'on lui retire ça si vite. Ils n'avaient pas pu partir en lune de miel, même si, techniquement, ils n'étaient pas unis.

Le Serdaigle avait envie de s'éloigner de Poudlard, de prendre quelques semaines, quelques mois pour lui, pour eux, quitte à passer leurs ASPICs en candidat libres. Avant que Ron ne quitte Poudlard à cause de son héritage et ne passe plusieurs mois au Terrier à devoir travailler par correspondance, jamais Harry n'aurait pu imaginer une telle chose.

Et la veille encore, il avait refusé de s'imaginer quitter Poudlard avant l'obtention de ses ASPICs. Mais il n'avait eu de cesse d'y repenser.

— On y va, répondit le jeune homme dans un soupire.

Il fallut attendre qu'ils soient dans le couloir pour que Ron se tourne vers lui, l'air inquiet.

— Tout va bien ?

— Je ne sais pas. Je…

— Alors les amoureux, fit une voix désagréable, d'un ton traînant.

Le couple se tourna vers Drago Malefoy qui se tenait devant eux avec son air supérieur. Harry croisa les bras pour montrer qu'il n'était pas effrayé par ce soi-disant Sang-Pur qui n'en n'avait pas les manières.

— Que nous vaut le déplaisir de ta présence ? soupira Ron en glissant son bras autour des épaules de son compagnon.

— Laisse-le, Ronny. Il n'en vaut pas la peine.

Ils virent Malefoy faire mine de sortir sa baguette mais c'était sans compter sur Ron qui se transforma partiellement.

— Je te déconseille de tenter quoi que ce soit, prévint Harry sans même chercher à s'interposer. Si tu nous attaques, Ron pourra légitimement se défendre et je ne ferai rien pour l'en empêcher.

Il avait lu que s'il faisait une telle chose, le Drakanis le verrait comme une attaque contre lui et le prendrait très mal. L'intrus avait des chances de mourir pour s'être mis entre une créature magique et son compagnon.

Malefoy considéra la menace. Harry le suspectait de ne pas la penser sérieuse. Pourtant, elle l'était.

— Soit tu nous dis ce que tu veux sans la moindre menace, soit tu t'en vas et tu nous oublies.

Le Serpentard finit par se détourner, dégoûté au possible, au grand soulagement de Harry. Ils étaient passés très près de la catastrophe.

— Je ne suis pas certain d'arriver à survivre à une année ici finalement, souffla Harry sans s'adresser à personne en particulier.

— De quoi tu parles ? Tu es malade ? s'inquiéta Ron en le regardant sous toutes les coutures.

— Je…

Mais sans dire quoi que ce soit de plus, Harry entraîna Ron pour rejoindre leur cours. Pour l'heure, il avait besoin de réfléchir, de peser le pour et le contre de chacun de ses désirs.

Après la fin de la matinée, il avait sa réponse. Restait à convaincre Ron et à être très persuasif si jamais le Drakanis refusait, ce qui ne devrait pas arriver, Harry en était convaincu.

Et le soir venu, dans la sécurité de leurs appartements prêtés aimablement par Dumbledore, Harry s'assit dans le fauteuil et se perdit dans la contemplation des flammes dans la cheminée constamment allumée pour chauffer les deux pièces. Il se mit à papouiller un des coussins, plongé dans sa réflexion.

Il ne bondit même pas quand Ron s'installa à ses côtés, attendant que le Serdaigle daigne lui accorder un peu de son attention.

— Je veux arrêter Poudlard, annonça soudain Harry.

— Ah ? Pourquoi ? Je pensais que toi, plus que quiconque, voudrait rester ici.

— Eh bien, oui. Passer mes ASPICs ici me semblait la chose la plus naturelle du monde et normale aussi. Après tout, si tout le monde est dans une école, c'est pour une bonne raison, non ? Mais tu m'as prouvé que non, qu'il y avait une autre possibilité. J'ai passé la journée à réfléchir, tourner et retourner la question dans tous les sens, à chercher encore et encore à évaluer chaque possibilité. Et en fait, je crois que j'ai envie de prendre une année sabbatique pour… pour être avec toi. On pourra repasser nos ASPICs l'année prochaine.

— C'est à cause de Malefoy ?

— Malefoy, la Gazette, Dumbledore, les cours… C'est un tout. Alors je sais, c'est sans doute bête. Il nous reste un an à tenir. L'année prochaine, on sera libre. Mais… être la cible de crétins, de regards curieux qui nous regardent avec cet air de flétan crevé ou de bovins, au choix, être scrutés par les professeurs… Non. J'ai beau aimer les études, j'aime aussi ma tranquillité et là, je n'en ai aucune. Déjà quand on était juste amis, les gens se pensaient investis de la mission stupide de nous faire comprendre que, ou que notre relation était trop fusionnelle pour être juste amicale, ou que ce n'était pas très sain.

— D'accord, fit simplement Ron avec un sourire.

Harry fronça les sourcils, sans vraiment comprendre.

— D'accord parce que tu acceptes qu'on arrête l'école ? Ou d'accord parce que les gens sont stupides ?

— Les deux. Donc d'accord. Si tu veux quitter Poudlard, ça me va. Si tu veux rester, ça me va aussi. Ma maison, elle est avec toi. Donc peu m'importe.

Un sourire lumineux lui répondit.

0o0

Les deux directeurs de maison et le directeur de Poudlard demeuraient silencieux tandis que le couple les fixait, dans l'attente d'une réponse, d'une réaction. Ron n'était pas bête, il savait exactement ce qui se passait sous la tête aux longs cheveux gris, derrière les lunettes en demi-lune. Dumbledore n'appréciait pas cette défection.

— Je n'attends pas précisément que vous me donniez votre accord, ajouta Ron pour les faire bouger un peu.

— Vous n'êtes pas bien ici ? fit Pomona Chourave, sa directrice de maison.

Ron l'avait toujours bien aimée. Elle était très maternelle avec ses élèves, prenait soin, année après année, de réconforter les petits nouveaux pour qui la rentrée en pension était difficile. Elle ne donnait que très peu d'heures de retenues et avait toujours un petit mot pour chacun. Mais ses colères étaient légendaires, surtout si un élève malmenait ses plantes chéries.

— Si, mais ce n'est pas de mon confort ni de celui de Harry dont nous parlons. Nous sommes, lui et moi, tombés d'accord sur le fait que notre place n'est plus à Poudlard.

— Ron et moi sommes un couple, pas un de ceux qui tiendront jusqu'à ce que les deux rompent, intervint Harry. Je ne peux pas et lui non plus, rompre ce lien qui nous unit. Je ne le veux pas non plus. C'est justement à cause de ce lien que nous n'avons plus notre place ici.

— Vous avez dix-sept ans, vous n'avez aucun diplôme, objecta Filius Flitwick, directeur de la maison Serdaigle.

— Dans le monde moldu, j'ai vu des adultes qui avaient le double de mon âge passer leur diplôme de fin d'année et avoir eu une carrière florissante, même sans l'obtenir. Certes, les ASPICs, c'est important, mais on peut le passer quand on veut. Pour le moment, ce que je veux, c'est profiter de mon mari, pas avoir à suivre une bande de crétins qui ne savent rien faire d'autre que nous fixer.

Il sut qu'il avait perdu Ron au mot « mari ». Ça lui avait échappé mais il ne le regrettait pas vraiment. Même s'il lui avait demandé d'attendre un peu avant le mariage, Harry, comme pour le lien, l'avait accepté. Ron, qu'il le veuille ou non, était son époux. Ils n'avaient aucun anneau pour le confirmé, n'avaient prêté aucun vœu. C'était une union comme Harry les abhorrait. Elle n'était pas choisie librement. Pourtant, le Serdaigle était certain d'une chose, il n'était pas simplement en couple, il était marié avec son meilleur ami, le garçon qu'il avait appris, au fil des jours, à aimer.

— Votre… mari ? reprit le directeur de Poudlard, aussi abasourdi que Ron l'était.

— Le lien entre une créature magique et son compagnon équivaut à un mariage, donc Ron est bel et bien mon époux. Et comme Ron vous l'a dit, vous n'avez pas besoin de donner ou non votre accord. Nous sommes majeurs tous les deux. Si nous vous avons prévenu, c'est par souci de politesse. Que vous acceptiez ou non, notre décision est prise, nous quittons Poudlard ce soir.

— Mais… reprit Flitwick, le minuscule professeur de Sortilèges. Vous…

— J'ai un appartement, leur apprit Harry. Mon oncle et ma tante, chez qui j'ai été aimablement déposé voilà seize ans et qui ne m'ont jamais porté dans mon cœur, m'ont fait comprendre que dès que j'aurais dix-sept ans, ils me mettraient dehors. Je n'ai pas attendu qu'ils le fassent, Merlin merci. Quant à l'argent, j'ai de quoi survivre un peu.

Il avait découvert le montant exact de son héritage et également qu'il était légataire testamentaire d'un certain Sirius Black, son défunt parrain, apparemment mort à la prison pour sorciers d'Azkaban quelques années plus tôt.

— Mr. Potter, je vous supplie de reconsidérer la question. Vous ne pouvez pas être lâché…

— Si, Monsieur le directeur, je peux être lâché dans la nature, gronda Harry. Je ne suis pas un enfant ! Dans ce monde, je suis considéré comme un adulte, il est temps que vous me considériez ainsi. J'ai pris ma décision, nous quittons Poudlard !

Il se leva brutalement, manquant de peu d'envoyer sa chaise par terre, et se dirigea vers la porte, suivi de Ron.

— Mr. Weasley, le rappela Dumbledore, si vous imposez…

— Je n'impose rien. Harry est assez grand pour prendre lui-même ses décisions. Je les approuve complètement. Maintenant si vous voulez bien nous excusez, nous avons des bagages à faire. Bonne journée !

Le départ de Poudlard fut moins éprouvant que Harry ne l'avait imaginé. Personne ne les empêcha de s'en aller et personne ne fut présent pour leur dire au revoir. Le couple n'avait pas cherché à prévenir qui que ce soit, hormis Ginny qui les accompagna jusqu'à la grille de l'école, séchant une partie d'un cours.

— On se voit pour Noël chez les parents ?

Ron hocha la tête. Sa sœur l'embrassa sur la joue et fit de même avec Harry.

— Tâchez de partir avant que je ne rentre, leur dit-elle avec un sourire aux lèvres. Bon voyage.

Elle se détourna et rentra en direction du château, suivant le sentier qui bordait la Forêt Interdite. Quand elle disparut à une bifurcation, Harry se tourna vers Ron.

— Prêt ? murmura-t-il en prenant la main de l'ancien Poufsouffle.

— Oui, répondit son compagnon avant d'effleurer ses lèvres des siennes.

Il était prêt à partir, à suivre Harry partout où son homme l'emmènerait.

Ils transplanèrent sans un regard en arrière.

0épilogue0

Profitant des premiers rayons de soleil après plusieurs longs jours de pluie, Ron buvait son café avec délectation sur la terrasse du petit appartement londonien de son compagnon. Il faisait bon en ce premier jour de printemps. Le Drakanis appréciait le silence relatif que conférait l'heure matinale. Personne n'était là pour l'ennuyer, et surtout pas ce sac à puces appelé affectueusement Boule – Merlin seul savait ce qui était passé par la tête de Harry le jour où ils avaient accepté ce chien – qui venait allègrement baver sur les genoux de son maître.

La bête sanguinaire dormait dans son panier. Sanguinaire parce qu'elle adorait par dessus tout attaquer tout ce qui était chaussures, chaussons et parfois vêtements. Coïncidence étrange, tout appartenait à Ron. Le jeune homme de vingt-deux ans doutait fortement que ce ne soit qu'une coïncidence. L'animal avait une attirance pour les affaires de son maître à la tignasse de feu. Ou alors il le détestait assez pour se venger. Mais Harry assurait que Boule n'était pas ainsi. La vengeance, les chiens ne connaissaient pas.

Bon, Ron se devait d'être honnête, hormis la destruction massive de toute paire de chaussures, Boule n'était pas mauvais, surtout pour un chien trouvé dans la rue, en mauvais état. Cela faisait trois mois qu'ils l'avaient adopté et l'animal, un berger allemand noir, avait retrouvé un poil soyeux.

Avec sa présence, le couple envisageait de déménager dans une petite propriété dans la campagne anglaise. Ron prospectait afin de trouver le bien idéal, mais sans succès jusque là. Rien ne trouvait grâce à ses yeux. L'appartement de son compagnon était agréable, proche de toutes les commodités, mais pour avoir grandi à la campagne, Ron était nostalgique des grands champs à perte de vue, des prés et des arbres. Là, tout n'étaient qu'immeubles, voitures, pollution. La verdure se résumait à quelques parcs et des arbres plantés le long des trottoirs.

Ron avait besoin d'espace. Boule avait besoin d'espace. En somme, deux membres sur trois de cette petite famille, la majorité. Harry, qui râlait qu'il préférait la ville, allait devoir s'incliner.

Des griffes sur le plancher flottant se firent entendre et quelques secondes plus tard, une masse de trente-cinq kilos se laissa tomber au pied de la chaise de son maître.

— Alors pépère ? s'enquit Ron en tapotant le ventre de son chien qui lui donna un coup de museau. Tiens, regarde avec moi ce soleil… ça te dirait d'aller faire une balade ?

Le mot « balade » fit réagir Boule qui se redressa et fonça chercher sa laisse. Ron ricana. Il reposa sa tasse maintenant vide sur la table de la cuisine, se leva et attacha le bout de cuir au collier du chien qui se mit à tirer en direction de la porte.

— Oui, oui, brute épaisse, on y va.

Quelques minutes plus tard, ils étaient dehors. Ron avait tout de même pris le temps d'enfiler une veste et des chaussures. Il marchait tranquillement dans la rue, les mains dans les poches, pendant que son chien trottinait à ses côtés.

La vie moldue, malgré une acclimatation difficile, était agréable. Toute cette technologie était fascinante et Ron pouvait enfin expliquer plein de choses à son père, mordu des Moldus. Ron avait pensé que la magie lui manquerait. Après tout, attirer à soi tout objet était simple, plus que se lever. Toutefois, avec la télévision, le réfrigérateur, l'ordinateur, le téléphone, les plaques de cuisson, le lave-linge, le sèche-linge, la machine à laver, tout devenait simple et se lever n'était pas une corvée. Par contre, le métro ou les bus, ça, c'était une corvée. Cela faisait quatre ans et demi et pourtant Ron détestait toujours autant devoir attendre ces monstres de ferraille qui puaient, devoir subir ce monde qui le collait, les odeurs…

Ron travaillait avec ses frères à leur boutique de Farces et Attrapes qu'ils avaient ouvertes à la fin de leur Septième Année. Elle se trouvait dans le centre de Londres, sur le Chemin de Traverse.

Harry avait, quant à lui, ouvert sa propre librairie avec une étudiante de Gryffondor, une certaine Hermione Granger avec laquelle il était devenu ami. Cette librairie accaparait beaucoup de leur temps et Ron grognait souvent que son compagnon rentrait trop tard ou partait trop tôt. Ils se voyaient mais pas aussi souvent que l'aurait voulu Ron.

— On va au parc ? fit ce dernier au chien qui ne lui accorda pas un regard, trop occupé à renifler le pied d'un arbre. Si ça te fait un tel effet… Merlin, voilà que j'attends une réponse de mon chien. Je suis tordu !

Quelques passants le regardèrent, le prenant effectivement pour un fou. Ron grommela et tira légèrement sur la laisse de Boule pour le convaincre de le suivre.

Le parc n'était qu'à une grosse centaine de mètres de l'appartement, ils y arrivèrent rapidement. Là, Ron entraîna son chien dans l'espace qui réservé à l'espèce canine et retira la laisse pour que Boule puisse se défouler un peu.

Dans la poche arrière de son pantalon, là où il l'avait laissé, son téléphone vibra. D'un geste trahissant l'habitude, il le sortit et lut le message venant de Harry.

— « Maison, tout de suite ! »

L'instinct du Drakanis ne prit même pas le temps d'analyser quoi que ce soit. Son compagnon avait besoin de lui immédiatement !

— BOULE ! beugla-t-il en pensant néanmoins à son chien.

C'était qu'il y tenait un peu à ce démon des enfers mâchouilleur professionnel de chaussures.

Boule cessa immédiatement de se rouler dans la terre et rejoignit son maître qui se précipita hors du petit parc à chien, laisse en main. Ils coururent à perdre haleine dans la rue, sur les cent quarante-trois mères qui les séparaient de l'appartement. Boule était extatique et Ron, au bord de la crise de nerfs. Il avait quitté son domicile alors que Harry était en sécurité.

Il déboula à toute allure ans l'appartement, manquant de peu de dégonder la porte.

— HARRY ! hurla-t-il en se précipitant dans la chambre.

— Salon ! entendit-il.

Le temps qu'il revienne dans la pièce de séjour – pièce qu'il aimait mais pas autant que la chambre et son grand lit dans lequel il pouvait faire l'amour avec Harry dans toutes les positions et tous les sens – il trouva son compagnon en train de jouer avec leur chien. Il bondit sur eux, obligea Harry, encore en pyjama, à se relever pour l'observer sous toutes les coutures pour vérifier qu'il allait bien.

— Ronny, mon chéri, tout va bien ? s'inquiéta Harry en plongeant son regard dans le sien. Hé, reprends-toi, tu te transformes.

— Tu m'as envoyé un SMS me disant de rentrer ! J'ai cru que…

— Ah, ça !

Sans plus s'expliquer, Harry reprit ses papouilles sur Boule sous les yeux ahuris de Ron.

— Ah, ça ? Je viens de courir comme un dératé parce que j'ai cru que tu étais en danger et tu es là, à… câliner ce clébard alors que je m'inquiète ?

Le regard d'un vert glacial suffit à le calmer tout à fait. Il était clair que Harry n'allait pas se justifier ni s'excuser de l'avoir effrayé, d'avoir malmené son instinct pour il ne savait quelle obscure raison.

Comme pour confirmer ses pensées, Harry se redressa et toisa son amant, ses bras croisés sur son tee-shirt immonde que Ron voulait à tout prix se débarrasser. Quelque chose lui disait que ce ne serait pas pour aujourd'hui.

— Tu me soûles depuis deux mois pour que je prenne des vacances. J'en ai pris. Je suis en vacances pendant dix jours depuis hier midi. Alors que j'étais prêt à passer au moins deux jours au lit rien qu'avec toi, tu rentres tard hier soir. Ce matin, tandis que je m'attendais à au moins un câlin de ta part, je découvre que tu t'es barré en promenade avec Boule. Donc…

Il ne put terminer sa phrase, il fut attrapé par son amant qui le porta jusqu'à la chambre à coucher et fut déposé sur le grand lit.

— Toujours partant pour le câlin ?

Seul un baiser fervent lui répondit. D'un geste de main, Ron claqua la porte et les enferma dans la chambre pour éviter toute intrusion canine non désirée pendant les prochaines heures.

0o0

Boule retourna se coucher dans son panier et ferma ses yeux pendant que de la chambre de ses maîtres s'élevaient des halètements et gémissements. L'animal soupira, satisfait. Sa condition de chien n'était pas désagréable. Plus que celle d'humain en tout cas, même s'il devait entendre les ébats de son filleul avec son compagnon.


Fin

Qui s'y attendait? Hein?

Merci d'avoir suivi cette petite fiction sans prétention, d'avoir commenté, favorisé, mis en alerte. Ça me fait toujours plaisir. Si vous avez aimé du début à la fin, remerciez yume. Elle m'a demandé si je pouvais lui écrire un harry/ron avec quelques contraintes. J'espère vraiment que ça t'a plu, chaussette

Si vous n'avez pas aimé, tant pis.

J'ai d'autres fictions qui se pressent dans mon esprit. Faudrait qu'un jour, je les mette par écrit