Nouvelle fanfiction que j'avais teasé dans ma précédente histoire.
Cette fic' m'a été inspirée un peu par hasard, et je me suis plongée à corps perdu dans son écriture avant même d'en connaître le scénario complet, mais à présent je sais où je vous emmène. C'est un AU comme vous avez pu le comprendre en lisant le résumé. L'écriture est bien avancée, et j'ai le plaisir d'avoir un bêta reader dans cette aventure, que je remercie parce que m'écouter déblatérer sur le Thilbo à n'importe quel moment de la journée doit être lassant parfois.
Disclaimer : Les personnages et les lieux-dits appartiennent à l'oeuvre de Tolkien.
Warning : Rating M - présence de lemon #Thilbo.
Chapitre 1
Ils se faisaient face dans l'obscurité. Ils se regardaient sans se voir, pourtant Bilbo savait que l'autre le fixait droit dans les yeux. Il l'entendait rire sans qu'un quelconque murmure ne résonne. Il pouvait deviner sa proximité maligne. Et il avait chaud. Affreusement chaud. L'air était étouffant, brûlant.
La sonnerie de son téléphone le tira de son rêve. Bilbo ouvrit les yeux pour découvrir le plafond de sa chambre. Encore enveloppé par les affres de la nuit, il tâtonna pour trouver son téléphone sur le rebord de son matelas. Dès qu'il l'eut en main, il frôla la surface tactile pour éteindre son réveil. Le silence retomba dans la pièce. Peu à peu, les piaillements des oiseaux lui parvinrent.
Bilbo repoussa sa couette à coups de pied et roula jusqu'au bout du lit où il s'assit. Il déverrouilla son téléphone et consulta les messages qu'il avait reçu. Par sms, par messenger ou encore sur son mur facebook. Autant de gens qui lui souhaitaient une belle journée et un joyeux anniversaire. Bilbo se réveilla tout à fait en se rappelant qu'on était le 22 septembre. Il avait 23 ans.
Il se leva plus joyeux qu'il ne l'était quelques minutes plus tôt et ouvrit les volets, offrant à sa chambre un renouvellement d'air frais bienvenu. En cette veille d'automne, le ciel était éclatant de soleil. Bilbo inspira avec plaisir. Sa fête d'anniversaire prévue plus tard dans la journée serait un pur bonheur avec un tel temps.
Il s'étira de tout son long, appréciant les craquements de son dos, puis soupira bruyamment avant de sortir de sa chambre. Il fila dans la cuisine et se versa un jus d'orange bien frais dont il se délecta. Son téléphone sonna comme il allait pour se resservir. Il décrocha avant même de voir le nom affiché et porta l'appareil à son oreille.
- Allô ?
- Tu viens de te réveiller ? demanda Gandalf.
Bilbo plissa les yeux, surprit par l'accusation de son meilleur ami.
- Non ? répondit-il pour noyer faussement le poisson.
- A d'autres, monsieur Baggins. Contente toi d'être prêt quand je passerai te chercher.
Bilbo jeta un coup d'œil à l'horloge numérique de son four.
- J'ai encore 40 minutes, grommela-t-il.
- 39, corrigea Gandalf en riant.
- Et plus que 38 si tu ne raccroches pas maintenant, rétorqua Bilbo avec un sourire. Tu voulais quelque chose ?
- Pense à prendre le cadeau de Frodo.
Bilbo leva les yeux au ciel.
- Je n'allais pas l'oublier.
- On ne sait jamais avec toi.
- Je raccroche maintenant, siffla Bilbo sans se départir de son amusement.
Il entendit Gandalf rire à l'autre bout de la communication avant de verrouiller son téléphone, mettant fin à l'appel. Bilbo abandonna son portable sur la table de la cuisine à côté de son verre et de la bouteille de jus d'orange entamée, et passa dans le salon à la recherche du cadeau pour son cousin.
Frodo était de 19 ans son cadet, mais ce qui les liait était assez incroyable. Ils avaient la même date d'anniversaire et de fait, bien que rien ne supposait que Bilbo se rapproche de Drogo et Primula, les parents de Frodo, ils étaient devenus bons amis. Car à la vérité, fils unique, Bilbo n'avait jamais eut la fibre familiale. Il était le plus jeune de ses cousins Drogo qui avait la quarantaine étant le plus jeune avant lui. Il s'était souvent senti seul pendant les réunions de famille, jusqu'au jour où il avait décidé de ne plus participer à ces moments de retrouvailles qu'il jugeait forcé.
Or la naissance de Frodo avait créé un déclic chez lui. Drogo avait envoyé un faire-part spécial à Bilbo pour la naissance de son fils : C'est avec bonheur que nous t'apprenons la naissance de Frodo. Il est arrivé pour ton anniversaire le 22 septembre et il a hâte de te connaître, car aujourd'hui tu as l'âge que j'avais quand tu es né. Le même temps qui nous sépare te sépare de mon fils.
Ce mot avait touché Bilbo. Il s'était senti un peu spécial au milieu de sa grande famille. Et cela lui avait permis de renouer avec Drogo, de rencontrer Primula, et de devenir le parrain de Frodo.
Le cadeau qu'il avait choisi pour son petit cousin était là où il l'avait laissé la veille, après l'avoir emballé. Le papier cadeau vert et jaune était toujours roulé à côté, sur le tapis, les ciseaux abandonnés près du paquet sur la table basse. Bilbo calcula vaguement le temps qu'il avait pour se préparer, alluma la télé et fila à pas pressés sous la douche.
Le jet d'eau chaude commençait à couler sur sa peau comme le journal de 10h débutait. La présentatrice parlait d'anomalies sismiques, de failles géologiques inquiétantes, et d'autres phénomènes météorologiques anormaux dont Bilbo n'entendrait pas parler aujourd'hui. Une fois lavé, il se sécha et s'habilla rapidement. Une petite serviette en travers de sa tête, torse nu, le jean à peine boutonné, il en était à retrousser les jambes de son pantalon au-dessus de ses mollets quand la porte de son appartement fut frappée de trois grands coups.
Intrigué, il attrapa son tee-shirt rouge à la va-vite et trottina à la porte pour jeter un coup d'œil à travers le judas. Agacé par son visiteur, il déverrouilla la serrure et ouvrit grand la porte en pointant la télé d'un doigt sévère.
- J'ai encore 10 minutes !
- 9, et tu n'es pas habillé, le reprit Gandalf en entrant avec un sourire moqueur.
- Alors tu me pardonneras de ne pas t'accueillir comme il se doit, rétorqua Bilbo en claquant la porte. Fais comme chez toi.
- Comme d'habitude, sourit son ami.
Bilbo retourna se préparer sans regard en arrière pour Gandalf. Depuis les 15 ans qu'ils se connaissaient, ils n'avaient plus besoin de gants entre eux. Gandalf était arrivé à Hobbiton en cours d'année scolaire, et sa grande taille et son physique un peu différent des autres enfants l'avait tout de suite mis à l'écart. Bilbo était le seul à n'avoir jamais fait attention à leurs différences. Gandalf était très grand, là où Bilbo et tous les hobbits étaient de petite stature, frêle ou avec de l'embonpoint. Il avait aussi cette étrange habitude de cacher ses pieds dans des chaussures, ce qui était monnaie courante à l'étranger, mais pas dans la Comté. Bilbo avait fini par comprendre que la plante de leurs pieds étaient juste différentes et se vantait souvent d'avoir de meilleurs pieds pour la marche.
Leur amitié avait amené leurs entourages respectifs à les considérer comme des garçons excentriques, un peu hors de la norme. Et hors norme, ils l'étaient tout à fait. Gandalf était un génie, très en avance sur sa génération, toujours curieux et avide d'apprendre. Malgré tout, il restait prudent et réfléchi, et ne prenait jamais une décision hâtive. Depuis la fin de ses études, il voyageait beaucoup, errant de-ci de-là à travers le monde, travaillant au jour le jour pour financer ses pérégrinations.
Bilbo de son côté était plus frileux face à l'inconnu. Il avait une très grande culture, une mémoire quasi absolue, et un sens de la déduction acéré. Sa passion pour les énigmes et les mystères l'aurait destiné à une brillante carrière dans la police ou en tant que détective, si sa peur de l'inattendu ne l'avait pas empêché. En désespoir de cause, sa situation familiale aisée lui permettait de prendre son temps à côté de ses études d'Histoire, pour écrire. Et écrire était une passion dévorante pour Bilbo. Écrire et apprendre.
Il revint dans le salon prêt et dispo, ses cheveux ondulés rabattu en arrière par du gel, une chemise canadienne bleue rayée, ouverte sur son tee-shirt et le poil de ses pieds peigné. Il avait passé sa montre préférée à son poignet, celle avec un bracelet en cuir rouge terne. Gandalf leva les yeux vers lui depuis sa place dans le canapé. Lui s'était habillé sobrement, tout en gris, avec un jean noir. Il s'était rasé de près rendant son visage plus juvénile qu'il ne l'était. Son sourire s'était durcit depuis ses derniers voyages, et sous ses sourcils broussailleux, son regard brillait d'intelligence.
- Prêt ? demanda-t-il en faisant tinter les clés de sa voiture.
- Je fini mon sac et on est bon, répondit Bilbo en posant ledit sac à dos sur la table basse.
Il en sorti tout son attirail -une batterie solaire avec le câble et un chargeur, ses écouteurs, un paquet de mouchoir jetable, son portefeuille, ses cigarettes à rouler, et le dernier paquet qu'il avait acheté un jour où il avait oublié ses roulées, et son briquet, sa petite trousse noire dans laquelle il avait toujours un nécessaire à pharmacie, sa gourde en inox, un petit carnet avec un stylo pour ses notes quand il avait des idées, et un baume à lèvre- et rivalisa d'habilité pour faire entrer le cadeau de Frodo dedans. Puis, il remit tout son bazar dans le sac, et la plupart des objets tombèrent dans le fond. Il tira la fermeture et clipsa le bouton et son sac était prêt. Gandalf se leva aussitôt et sans demander son avis à Bilbo, éteignit la télévision. Bilbo récupéra son téléphone dans la cuisine, abandonna son verre vide dans le lave-vaisselle et retourna la bouteille de jus d'orange dans le frigo, puis rejoignit Gandalf qui l'attendait déjà sur le pas de la porte ouverte. Bilbo verrouilla la serrure, et rangea les clés au fond de sa poche, puis balança son sac sur son épaule. Gandalf le précéda hors de l'immeuble et en plaisantant à propos de la journée à venir, ils montèrent dans sa voiture.
Gandalf avait tellement plu à Drogo et Primula la seule fois où Bilbo les avait fait se rencontrer, que les parents de Frodo avaient tenu à ce qu'il soit là pour l'anniversaire en famille. Ce qui convenait tout à fait à Bilbo qui considérait son ami comme un frère. Gandalf appréciait beaucoup le cousin de Bilbo en retour, et trouvait Frodo parfaitement adorable.
Ils arrivèrent à la maison du cousin de Bilbo juste à l'heure -Gandalf passa peut-être au-dessus de la limite autorisée sur certaines routes. Ils furent reçus par Primula et l'oncle Mungo qui s'affairaient pour apporter des chaises dans le jardin derrière la maison.
- Bilbo ! se réjouit Primula en le voyant passer la porte. Je suis contente de te voir. Joyeux anniversaire !
- Merci Prim', répondit Bilbo en l'embrassant sur la joue.
- Bon anniversaire mon garçon, souhaita également oncle Mungo en libérant une de ses mains pour serrer celle de Bilbo.
- Ha oui tiens, bon anniversaire, commenta Gandalf.
Bilbo marqua un temps d'arrêt avant de réaliser qu'en effet, son meilleur ami ne le lui avait pas encore dit. Ce constat les fit éclater de rire. Ils accompagnèrent Primula et l'oncle Mungo jusqu'au jardin, où des ''haaa'' et des ''ooooh'' les accueillir. Une farandole d'embrassades suivit et tout le monde se salua. Les parents de Bilbo étaient arrivés, et trinquaient déjà autour de l'apéritif avec les cousins, les oncles et les tantes. Quand Bilbo parvint enfin à poser son sac dans le salon, les joues irritées par le nombre de bises qu'ils venaient de faire, il entendit son prénom crié depuis l'autre bout du jardin. Il ne prit pas la peine de s'asseoir et s'agenouilla immédiatement soudain très heureux, pour accueillir la petite tornade brune qui se jeta dans ses bras. Frodo le serra de toutes ses forces en riant.
- Joyeux anniversaire mon grand, souhaita Bilbo au creux de sa petite oreille pointue.
- Joyeux anniversaire tonton, répondit à son tour Frodo.
Bilbo se détacha de son petit cousin pour permettre à Gandalf de lui dire bonjour. Frodo sauta aussitôt dans les bras du grand ami de Bilbo. Ils rirent de l'enthousiasme du garçon.
- On joue ? supplia Frodo en pointant le jardin ensoleillé, on joue s'il vous plaît ?
- Bien sûr qu'on va jouer, promit Bilbo. Laisse-moi juste aller dire bonjour à ton père d'accord ?
Frodo opina de la tête et couru se rouler dans l'herbe verte. Gandalf le suivit et s'assit en tailleur pour écouter le petit garçon déblatérer à propos de ses jouets. Bilbo se redressa à son tour et rentra dans la maison pour aller directement dans la cuisine. Là, Drogo s'affairait avec Lobélia, la cousine que Bilbo supportait le moins. C'était d'ailleurs réciproque, car dès qu'elle le vit, elle poussa un petit geignement méprisant et prit un plat qu'elle emporta sur la terrasse.
- Toujours aussi charmante, marmonna Bilbo en croisant les bras.
- Elle ne sait pas ce qu'elle manque, se contenta de répondre Drogo en lui offrant ses joues pour une bise. Joyeux Anniversaire.
- Merci. Je peux t'aider ?
- Tu rigoles ? Tu ne fais rien aujourd'hui.
Bilbo haussa les épaules, démuni et un peu gêné.
- Tu es tout seul ? interrogea Drogo.
- Gandalf est avec Frodo.
- Non je veux dire, sans partenaire, précisa son cousin. Je sais que Gandalf est là, je ne me suis même pas posé la question avec vous deux.
Le rire de son cousin fut contagieux et le visage de Bilbo se fendit dans un sourire.
- Si Gandalf ne compte, alors oui, je suis seul.
Drogo enfourna un set de mini-burger dans le four avant de se caler contre l'évier. Du haut de sa quarantaine, il était bien conservé. Son ventre arrondi par les nombreux repas était dissimulé par une chemise carmin rentrée dans son pantalon. Il avait retroussé ses manches, mais malgré ses précautions, un peu de farine avait tâché le tissu.
- Toujours célibataire, conclut-il à voix basse.
- Et je ne cherche pas si c'est la question suivante, précisa Bilbo. Je suis très bien tout seul.
- Je n'en doute pas. Qu'est-ce que tu veux boire ?
- De l'eau pour l'instant, s'il te plaît.
Drogo le servit et ils entamèrent une discussion commune à propos des études de l'un et du travail de l'autre, puis Bilbo aida à apporter les apéritifs sur la grande table du jardin. Les repas de hobbit étaient d'ordinaire copieux, mais un repas de fête l'était plus encore. Midi passé, l'apéritif traîna et ils mangèrent lentement l'entrée. Le plat principal fut attaqué aux alentours de 15h. On parla beaucoup, on rit beaucoup. Gandalf raconta son dernier voyage, en Colombie. Bungo et Belladona, les parents de Bilbo, évoquèrent les travaux en cours chez eux, à Bag End. Primula parla de la rentrée scolaire de Frodo, et le petit garçon fut fier quand tous les adultes le félicitèrent pour sa première lecture -Bilbo était d'autant plus fier du fait que Frodo était en avance sur sa classe. L'ambiance fut un peu plus lourde vers la fin du repas, quand la politique fut mise sur la table. Et d'en rajouter une couche quand Lobélia et son mari abordèrent le sujet des homosexuels, et ne se privèrent pas pour sous-entendre au combien c'était dégradant et anormal, le tout en prenant soin d'ignorer Bilbo. Puisque Bilbo, justement, en était un. Il n'avait certes pas connu de grand amour, et fréquentait peu d'autres hommes, il n'était pas moins conscient de ses penchants sexuels. Il ne fit aucun commentaire, et préféra aller jouer avec Frodo au fond du jardin alors qu'Otho se permettait de critiquer les avancées remarquables faites pour les droits de ''ces gens-là'' comme il les appelait.
Il ne revint que plus tard, quand Primula les appela pour les gâteaux. Bilbo remarqua aussitôt que Otho et Lobélia avait quitté la table. Il les chercha vaguement avant de croiser le regard de Gandalf. Son ami cachait sa contrariété derrière un sourire de circonstance. Bilbo s'assit à côté de lui et le regarda curieusement.
- Ils sont où les deux hobbits préhistoriques ? murmura-t-il pour que seul Gandalf l'entende.
- J'ai peut-être été un peu loin quand ils ont mentionné les camps de travail forcé, répondit vaguement Gandalf.
Bilbo ouvrit de grands yeux.
- Tu as fait quoi ?!
- Drogo et tes parents ont été les premiers à leur rentrer dans le lard, se défendit Gandalf. Et Primula m'a empêché de les clasher à juste titre en les invitant cordialement à quitter la table.
Bilbo s'enfonça dans son fauteuil, ahuri. Il fixa tour à tour les membres de sa famille autour de la table qui faisaient comme si de rien n'était. Il capta néanmoins le clin d'œil complice de l'oncle Posco et le sourire de soutien de sa cousine Lily.
- C'est le meilleur cadeau d'anniversaire, souffla Bilbo à Gandalf. Merci.
Son ami retint un rire. Frodo se faufila entre les chaises pour venir se hisser sur les genoux de Bilbo qui l'aida avec plaisir. À présent détendu et radieux, il se laissa emporter par la gaieté de la fête. La chanson d'anniversaire fut entamée et Frodo et Bilbo ouvrirent des yeux ronds et émerveillés quand Drogo et tante Pivoine apportèrent les gâteaux. Une charlotte aux fraises aux dimensions démesurées pour Bilbo et un Rainbow cake couvert de Smarties pour Frodo. Les deux gâteaux étaient surmontés d'une ribambelle de bougies. 23 pour Bilbo et 4 pour Frodo.
- Han la chance t'en as plein tonton ! se plaignit Frodo.
- Tu m'aides ? Je n'y arriverais jamais tout seul, mentit Bilbo.
Frodo fut ravi par la demande. Les invités entamèrent une dernière fois le couplet de la chanson d'anniversaire, puis dans un tonnerre d'applaudissement, Frodo et Bilbo soufflèrent les bougies. Des sifflements et des cris de joie accompagnèrent la frénésie qui suivit. Oncle Mungo frappa à plusieurs reprises la table avec le cul de son verre pour faire encore plus de bruits. Tandis que Bilbo montrait à Frodo comment couper les parts, une pile de cadeaux s'improvisa près d'eux. Bilbo fit la distribution des gâteaux, alors que Frodo piétinait près de lui maintenant qu'il avait repéré la tour de cadeaux. Quand enfin il fut autorisé à s'en approcher, tout le monde commençait à déguster les fraises et les Smarties.
- C'est pour toi tonton ! indiqua Frodo en apportant un premier cadeau à Bilbo.
Ce dernier se lécha le doigt qu'il avait malencontreusement couvert de crème, et remercia son cousin. Frodo poursuivit ses allers-retours et enfin, il eut fini de donner tout ses cadeaux à Bilbo. Alors il se jeta sur les siens et déchira le papier cadeau avec euphorie. Le cadeau de Bilbo -une valise d'explorateur comprenant des petites jumelles et leur étui, une loupe, une boussole, une lampe de poche dynamo et une boîte d'observation- remporta un cri de joie particulièrement sincère et Frodo ne quitta plus sa valise de la soirée.
De son côté Bilbo attendit un peu pour ouvrir ses cadeaux. Il voulait d'abord voir tout ce qu'avait reçu Frodo. Il prit ensuite le temps de découvrir ses présents. Des livres pour la plupart. Celui de Gandalf le fit rouler des yeux. Il le brandit vers son ami avec une moue fatiguée.
- Sérieusement. Quête du partenaire idéal ?
- Qui sait peut-être que ça te permettra d'enfin trouver chaussure à ton pied.
- Si seulement je mettais des chaussures, ricana Bilbo.
- Touché. Je reconnais que l'expression était loin d'être pertinente. Mais si l'an prochain tu viens à ton anniversaire au bras d'un bel homme, je pourrais me vanter d'avoir offert le cadeau le plus efficace.
Un rire général accompagna sa réponse. Bilbo malgré son agacement feint, se pinça les lèvres pour retenir son sourire. Il posa le livre sur la table à côté de son gâteau qu'il n'avait pas encore touché, puis prit l'avant-dernier cadeau. Ce n'était pas un livre, mais un petit album photo, aussi grand qu'un carnet de poche et pas bien épais, compilant toutes ses jeunes années, intégrant Gandalf dans des clichés inédits ou oubliés de leurs voyages scolaires, et surtout, beaucoup de photos de lui et Frodo. Il fronça les sourcils, touché par l'idée et leva les yeux pour trouver qui le lui avait offert.
- Drogo ?
- Non, mais j'ai aidé, assura son cousin.
Bilbo grimaça, un peu surprit. Le rire de sa mère attira son attention.
- Tu nous avais demandé si nous avions encore des photos de tes années d'élémentaires au nouvel an. On a dû fouiller mais on en a trouvé, alors on t'a fait ça.
- C'est super, affirma Bilbo en parcourant les pages. J'adore, merci.
Il garda l'album sur ses genoux pour prendre le dernier cadeau.
- Celui-là cette fois c'est nous, indiqua Drogo en se désignant avec Primula.
- C'est moi qui ai choisi ! ajouta Frodo depuis les genoux de Gandalf.
Curieux, Bilbo détacha soigneusement le scotch avant de retirer le papier cadeau brillant. Il trouva alors une boite rouge, qu'il devina aussitôt en provenance d'un bijoutier. Il souleva le couvercle sans se départir de son sourire et de sa curiosité. Il se trouva alors nez à nez avec un anneau en or, pendu à une chaîne d'argent. L'anneau était simple, mais sur les contours intérieurs selon la lumière, brillaient des inscriptions fantaisistes.
- Ouah, lâcha-t-il de surprise.
- Tu aimes ? s'enquit Frodo.
- Grave, assura Bilbo. Merci mon grand.
Il adressa d'autres remerciements à Drogo et Primula tout en passant la chaîne à son cou. Il prit son album photo pour se lever et fit le tour de la table pour remercier un à un tous les invités. Quand il arriva à ses parents, il les remercia d'autant plus chaleureusement pour l'album.
- Un toast ! proposa tante Muguette déjà bien attaquée par la boisson. Pour Frodo ! Pour Bilbo !
- Sans oublier son frère qui n'est jamais né, plaisanta Bungo en levant son verre.
- Sans l'oublier évidemment, assura tante Muguette.
Bilbo et Gandalf éclatèrent de rire. La hobbit était si soûle qu'elle n'avait pas compris de quoi parlait Bungo. Il mentionnait parfois ce détail, par blague, et Belladonna ne manquait jamais de lever les yeux au ciel. Ce n'était pas méchant soyons clair. En fait, pendant sa grossesse Belladonna avait eu d'abord deux fœtus. L'un des deux avait soudain disparu, absorbé par l'autre, pendant le premier trimestre, de sorte qu'aucune séquelle n'avait été observée ni pour elle ni pour Bilbo. Mais l'histoire rocambolesque avait souvent été abordée en repas de famille et Bilbo la connaissait bien. Pendant une échographie, la gynécologue avait distingué deux fœtus chez Belladonna Baggins, annonçant par là des jumeaux. Lors de la suivante, quelques semaines plus tard, plus qu'un seul fœtus. La perte de ce possible enfant avait eu pour conséquence que Bilbo n'avait jamais ignoré qu'il aurait pu ne pas être fils unique. Il ne pensait pas souffrir du syndrome du jumeau perdu, mais parfois, quand il veillait particulièrement tard, ou que son sommeil était profond, il avait la sensation de se connecter à ce frère ou cette sœur perdu.
Le débat était d'ailleurs relancé à propos des jumeaux à présent. Cela tournait grossièrement sur l'idée judicieuse ou non d'habiller les enfants exactement pareils. Bilbo profita de ne pas prendre part à la conversation pour aller ranger son album et ses livres dans son sac à dos. Frodo sur les talons, il rentra dans la maison. Son petit cousin voulait jouer à un des jeux qu'il venait de recevoir. Bilbo attrapa son sac et rangea son album dedans en premier. Il allait pour ranger les autres livres quand ceux-ci lui échappèrent des mains. Il les regarda s'étaler à ses pieds sans comprendre comment il les avait lâché.
L'instant suivant, il entendit Frodo l'appeler. C'était d'ailleurs plus un cri désespéré. Lointain. Pourquoi était-ce lointain ? Il pivota pour regarder son cousin mais se trouva face à un homme étrange. Le salon de Drogo et Primula avait disparu autour d'eux. Frodo n'était plus là. L'obscurité les entouraient. Bilbo sentit son cœur accélérer. Rêvait-il éveillé ? Il aurait juré revoir son rêve du matin.
L'homme face à lui était très grand, habillé d'un étrange manteau pourpre qui flottait bizarrement autour de lui, comme s'il avait des ailes de chauve-souris. Sa peau était couverte de croûtes noires striées de rouge. Ou était-ce des écailles ? En tout cas l'homme ne semblait pas l'avoir remarqué, son regard le traversant étrangement. Il étudiait quelque chose que Bilbo ne pouvait pas voir, quand soudain, ses deux pupilles de serpent rétrécir et se fixèrent sur Bilbo. Ce dernier eut un frisson d'horreur, et fit un pas en arrière. L'homme le voyait. Il tendit un bras pour l'atteindre et Bilbo eut pour le coup vraiment, vraiment peur. Il recula précipitamment. Son corps bascula en arrière, avant qu'il ne rencontre lourdement le sol. Son visage fut mouillé par l'herbe fraîche. Il papillonna des yeux, le souffle coupé, le corps douloureux. Il avait l'impression d'être tombé de plus d'un étage. Il se redressa maladroitement sur ses avant-bras. Un bourdonnement incessant le rendait sourd. Il secoua vivement la tête pour se reprendre et se redressa. Des pieds entrèrent dans son champ de vision. Il marqua une pause. Ces pieds étaient en fait des bottes, et pas de la marque Timberland. Perdu, Bilbo releva la tête pour découvrir le propriétaire de ces bottes de marche couvertes de fourrure, lacées de lanières de cuir, décorées d'embouts dans un style viking.
C'était un gaillard barbu, trapus, dont le crâne chauve était tatoué de runes, de ce que pouvait voir Bilbo. À sa pilosité et ses oreilles rondes, Bilbo comprit aussitôt que ce n'était pas un hobbit. Ses vêtements de voyages boueux, les fourrures sur ses épaules et les tissus brodés sur ses tuniques confirmèrent sa déduction. Les bras puissants de l'inconnu, cintrés par des protèges poignets en cuir, se tendirent et il agrippa une hache massive qui reposait près de là où il se tenait. Bilbo poussa un cri et sauta sur ses pieds pour reculer. Son corps rentra en contact avec un autre inconnu et en se tournant pour lui échapper, il découvrit qu'ils étaient bien plus. Un groupe d'une dizaine d'étrangers était regroupé autour d'un feu de camp, et semblait en train de dîner. Et tous le regardaient comme s'ils avaient vu tomber la foudre.
- Dwalin attends ! cria l'un d'eux -un plus petit, à la barbe et aux cheveux blanc, tout de rouge vêtu.
Bilbo eut le temps de voir le dénommé Dwalin -le chauve à la hache-, retenir son coup et esquiva l'attaque. Son cœur battant la chamade, Bilbo recula de nouveau pour échapper aux mains tendues par celui qu'il avait bousculé -un malabar aux cheveux fous avec une HACHE PLANTÉE DANS SON CRÂNE. Ce constat redoubla la panique de Bilbo. Une poigne de fer se ferma sur ses épaules avant qu'il n'ait pu s'écarter du groupe et il reçut un coup sur la nuque. Il tomba à terre sans un bruit. Ses mains furent ramenées dans son dos avec une force brute qui lui arracha un gémissement.
- Fíli, une corde, réclama une voix impérieuse.
Le nez à terre, de l'herbe lui rentrant dans la bouche, Bilbo ne vit pas qui était Fíli. Il l'entendit accourir, et l'instant suivant, on ficelait ses poignets.
- Hé ! Aïe ! Je ne suis pas en sucre mais ça fait mal ! s'écria Bilbo malgré sa peur.
Il fut brusquement tiré en arrière, forcé de se relever et celui qui l'avait attaché le mit à genoux devant les autres, avant de le contourner. Bilbo serra violemment la mâchoire, pétrifié par la peur. Son tortionnaire était au moins aussi grand que Dwalin, mais bien plus séduisant. Ses longs cheveux bruns striés par endroits de gris coulaient en cascade sur ses épaules et le long de son dos, et deux tresses tombaient devant ses oreilles. Sa barbe étaient moins imposantes que celles des autres maintenant que Bilbo les voyait tous -à part un jeunot à côté d'un blond, qui semblait ne pas s'être rasé depuis une semaine. Ses vêtements et ses tuniques étaient d'un bleu souverain. Les fourrures sur ses épaules et sa tunique couverte de mailles précieuses lui donnait cet air guindé, bien qu'il transpirait un certain raffinement. Mais malgré une beauté que Bilbo ne pouvait nier, quelque chose lui déplut dans l'air de celui-là. Ses yeux sûrement. Il les avait bleus, perçant, inquisiteur. Bilbo décida de ne pas lui accorder l'émerveillement que son physique lui inspirait. Il détailla rapidement les autres étrangers et en dénombra 12.
- Balin. Qu'est-ce que c'est ? demanda Dwalin au petit vieux aux cheveux blancs.
Ce dernier s'approcha de Bilbo et inspecta son visage à la recherche d'une réponse. Il tendit une main pour détailler ses vêtements.
- Si vous me touchez je vous mords, prévint Bilbo en reculant sensiblement.
Un ricanement échappa à un des compagnons de Balin restés en arrière.
- Qu'est-ce que vous êtes ? demanda Balin sans se soucier des autres.
- Ce que je suis ? Je ne vais pas vous répondre alors que vous m'avez attaqué ! s'exclama Bilbo.
- De notre point de vu, vous êtes celui qui nous a attaqué. Quoique passé la surprise, cela me paraît peu probable.
Balin avait dit ces derniers mots en haussant un sourcil. Bilbo entre-ouvrit la bouche, outré.
- Moi je vous ai attaqué ?
- Vous êtes apparu de nulle part, nous prenant de court alors que nous pensions avoir trouvé un belvédère sécurisé.
Bilbo plissa les yeux et grimaça d'incompréhension.
- Je ne vous ai pas attaqué, siffla-t-il. Je… Et puis je ne sais même pas où nous sommes ?! Où sommes-nous d'abord ?
- Ne lui dis rien, c'est sûrement un espion, intervint Dwalin.
- Un esp- ? Non, non je ne suis pas un espion, grogna Bilbo, je suis un hobbit.
- Un hobbit ? répéta le blond à côté du gus mal rasé. C'est censé nous parler ?
- C'est un espion ! lança un autre qui avait l'air délicat dans ses manières et dans son ton.
- Regardez-le ! coupa encore un autre avec une moustache tressée et un chapeau ridicule. Il est minuscule, c'est pour se faufiler partout !
- Il a des oreilles d'elfes, ajouta le mal rasé.
Bilbo encaissa toutes les accusations sans oser répartir. La situation était irréelle. Maintenant qu'il prenait conscience de ce qui l'entourait, déjà, il avait froid. Un courant d'air désagréable soulevait les mèches sur sa nuque et le faisait grelotter. Ou était-ce la peur ? Tous ces étrangers étaient vêtus comme des vikings, mais sans pour autant en être. Des différences se notaient dans des détails de leurs vêtements, des parures dans leurs cheveux et leurs barbes. Mais ce qui inquiéta Bilbo fut de constater qu'ils étaient tous armés. Épées, coutelas, haches, arc et flèches… Il réprima les nombreuses questions qui lui brûlaient les lèvres. Autour de lui, une dispute couvait pour savoir ou non s'il était un espion.
- Assez, ordonna celui qui semblait être le chef -le brun flippant. Fíli fouille le. Kíli apporte moi son sac.
Le blond et le mal rasé s'avancèrent. Fíli -le blond donc- releva Bilbo sans mal et tâta ses poches non sans froncer les sourcils face à ses vêtements. Le brun -Kíli- se saisit du sac à dos de Bilbo que le hobbit n'avait pas vu, et le jeta au chef du groupe qui le tendit à Balin.
- Hé doucement ! réclama Bilbo.
Fíli le fit taire en ouvrant sèchement sa chemise à la recherche d'autres poches. Il ne lui retira pas sa montre, qu'il dû prendre pour un bracelet quelconque, et se tourna vers le chef à qui il donna les clés de Bilbo et son téléphone. Balin étudia la fermeture éclair avec suspicions, et comme elle était déjà défaite il n'eut qu'à ouvrir le sac. Il en déversa le contenu sur l'herbe et montra chaque objet à ses compagnons. Des grimaces de plus en plus méfiantes peignirent leurs visages.
- Je ne répéterai pas la question de Balin plus d'une fois, prévint Fíli en pressant le bras de Bilbo pour lui faire mal. Qu'est-ce que tu es ?
- Un hobbit ! répondit Bilbo en gémissant de douleur. Je suis un hobbit, de Hobbiton !
- Hobbiton ? Jamais entendu parler, claqua Dwalin.
- C'est en Comté !
- Connaît pas. Et toi Thorin ?
Fili s'était tourné vers son chef. Le dénommé Thorin observait le contenu du sac de Bilbo avec intérêt.
- Jamais.
- C'est un espion, affirma Kíli.
- Je ne suis pas un espion bon sang, s'énerva Bilbo. S'il vous plaît vous devez me croire ! Je ne sais pas pourquoi vous pensez ça ! Je ne sais même pas où je suis, ni qui vous êtes !
L'assemblée le toisa sans répondre. Bilbo se mit à trembler et cette fois, le froid n'avait aucune prise sur lui.
- Je vous en prie, insista-t-il. J-je voudrais juste comprendre ! J'étais chez mon cousin, on fêtait mon anniversaire et celui de mon filleul, et me voilà ici !
Fíli lui jeta un regard perplexe. Tous les autres semblaient aussi surprit et méfiant. Balin abandonna le sac de Bilbo sur l'herbe et épousseta ses genoux.
- Si vous n'êtes pas un espion, vous n'aurez aucun problème à décliner votre identité, dit-il toujours prudent.
Bilbo déglutit péniblement, puis, comprenant qu'il n'aurait pas d'autres moyens de convaincre ses interlocuteurs, il hocha la tête.
- C'est Bilbo. Bilbo Baggins.
- Vous venez de la Comté, répéta Balin qui semblait bien aimable comparé aux autres.
Bilbo hocha la tête.
- Je crains que malheureusement, n'avoir jamais entendu parler de ces contrées.
- Où sommes-nous ?
Balin jeta un coup d'œil à Thorin qui secoua négativement la tête.
- Pourquoi êtes-vous ici ? questionna Balin plutôt que de répondre à sa question.
- Je… je ne sais pas je vous l'ai dit.
- Il ment, siffla Dwalin.
- Hé l'armoire à glace, si je voulais vraiment mentir je pense que j'aurais commencé par dire que vous étiez des personnes tout à fait accueillantes et que j'étais ravi de vous rencontrer, rétorqua Bilbo à deux doigts de pleurer.
Il se mordit les lèvres en réalisant qu'il avait dit tout haut sa réplique, sous le coup du stress. Dwalin le regardait encore plus méchamment. Balin ramassa le paquet de mouchoir de Bilbo et son chargeur.
- Je n'ai jamais vu pareils objets auparavant, marmonna-t-il en tâtant le plastique qui conservait la dizaine de mouchoir.
- Drôle de corde, commenta Kíli en jouant avec les écouteurs.
- Hé, c'est fragile, ôté vos grosses paluches, réclama Bilbo.
Au lieu de l'écouter, un autre de leur compagnon fouilla dans ses affaires.
- Ce sont mes clopes, n'y touchez pas, insista Bilbo en le voyant ouvrir son paquet de cigarettes.
- Et ça c'est quoi ? demanda Kíli en montrant le baume à lèvre.
- Du labello, répondit simplement Bilbo. Hé !
Kíli venait de mettre la main sur son portefeuille. Vu la réaction de Bilbo, il ne se priva pas pour l'ouvrir. Il fit glisser la petite monnaie dans sa main et grimaça. Il la donna à Balin pour que le vieil homme l'étudie, puis poursuivit son inspection. Il fronça gravement les sourcils en tirant une à une les cartes de Bilbo, et eut un reniflement mauvais quand ce dernier lui cria après quand il prit la carte bleue.
- Tout cela m'appartient, insista Bilbo.
- Évidemment c'était dans votre sac, rappela Fíli. Kíli, regarde le livre.
- C'est personnel, s'horrifia Bilbo comme le brun se saisissait de l'album photo qu'il venait de recevoir.
En le parcourant, les yeux de Kíli s'agrandir de plus belle. Il se redressa, livide, et donna l'album à Thorin sans oser quitter Bilbo des yeux. Le chef le feuilleta rapidement puis posa un regard septique sur Bilbo.
- Kíli, remet tout dans le sac, ordonna-t-il dans une langue que Bilbo ne comprit pas. Balin, Dwalin un mot je vous prie. Fíli, surveille-le, et surtout ne le détache pas.
Il lança les clés et le téléphone à Kíli et tourna le dos au feu de camp pour s'éloigner avec Balin et Dwalin. Les autres continuaient d'observer Bilbo avec curiosité et méfiance.
- Vous pourriez au moins répondre à mes questions, supplia ce dernier. Où sommes-nous ? Qui êtes-vous ? Et qu'est-ce que vous allez faire de moi ?
- Et bien, Bilbo Baggins, vous voilà notre prisonnier, répondit Fíli en le poussant vers un coin du camp abrité par un rocher.
- Prisonnier ? Vous n'avez pas le droit ! C'est contre les lois et les libertés de la constitution des Peuples Libres !
- Je ne sais pas de quoi vous parlez. Assis.
Bilbo fut forcé de s'installer contre l'alcôve naturelle et Fíli manœuvra pour le détacher, mais aussitôt qu'il fut libéré, les mains de Bilbo furent à nouveau ficelées, devant lui cette fois, et plus fortement.
-Aïe, se plaignit-il.
- Vous êtes une vraie princesse, grogna Fíli.
- Et vous n'êtes pas délicat pour un sou.
Fíli lui jeta un regard amusé malgré son air sévère. À bien le regarder, il n'était pas si vieux non plus. Ses pupilles bleues comme celles de Thorin étaient vives, et brillaient de malice. Ses cheveux blonds étaient libres sur ses épaules, bien que plusieurs mèches soient piégées à l'arrière de sa tête. Deux tresses passaient derrières chacune de ses oreilles, alors que deux autres peignaient sa moustache et tombaient de part et d'autre de sa bouche. Au bout de chaque tresse cliquetaient des parures en argent marquées de gravures dans un style qui était inconnu à Bilbo. Malgré sa barbe, Fíli semblait assez jeune. Il devait avoir l'âge de Bilbo à quelques années près. Ses vêtements comme ceux de Thorin, étaient marqués par une esthétique étonnante, et sous son manteau de voyages et les fourrures, il était lourdement armé.
Quand il eut fini d'attacher Bilbo, il resta accroupi devant lui et détailla son visage. Bilbo tremblait toujours, mélange de froid et de peur à présent. En le remarquant, Fíli se leva et l'abandonna, un court instant. Bilbo n'eut pas le temps de penser à se mettre debout pour s'enfuir. Fíli revint et lui passa une couverture de fortune sur les épaules. Une pièce de laine grise, qui sentait le cheval, mais qui réchauffa rapidement notre hobbit.
- Merci, souffla Bilbo un peu rassuré qu'on ne le malmène pas plus. Vous êtes bon prince.
Fíli lui adressa un regard interdit, surprit, que Bilbo ne comprit pas.
- Vous êtes quoi ? demanda-t-il pour éviter cette étrange œillade. Vous ne semblez pas savoir ce qu'est un hobbit, mais j'avoue ne pas réussir à deviner ce que vous êtes. Vous et vos compagnons.
Fíli plissa les yeux, puis rejeta une de ses tresses blondes en arrière.
- Nous sommes des nains.
- Des nains, répéta Bilbo perplexe.
Fíli esquissa un sourire.
- Vous êtes le prisonnier de la Compagnie de Thorin Oakenshield, maître hobbit.
Et sans rien ajouter, Fíli se leva et lui tourna le dos pour rejoindre Kíli près du feu. Le brun avait toujours le sac de Bilbo entre les mains, et fixait le hobbit d'un œil mauvais. Bilbo se laissa couler contre la paroi dans son dos, tentant de rassembler ses pensées pour comprendre où il était. Plus il essayait de se convaincre qu'il rêvait, plus tout son environnement lui criait le contraire. Il ramena ses genoux sous son menton et faisant fi des regards et des discussions dont il faisait l'objet, chercha à se rappeler tous les détails de sa journée. Il sentit le poids de l'anneau offert par Drogo et Primula taper doucement sa cuisse. Il ferma les yeux en priant pour que tout s'arrête et qu'il se réveille sur le canapé, la tête lourde à cause de l'alcool. Finalement, la fatigue l'assomma et malgré lui, il s'endormit, coulant de sa position assise pour s'effondrer sur le sol.
Fin de ce chapitre pour vous, début de l'aventure pour Bilbo.
Je serais ravie d'avoir vos retours en reviews ou en mp. Je vous répondrais par mp directement (pour que vous n'attendiez pas forcément les chapitres suivant si jamais...) sauf pour les comptes pour lesquels je ne pourrais pas.
Au plaisir de vous retrouver au chapitre suivant ;)