Bonjour tout le monde
Je suppose que vous attendiez d'autres textes et je m'excuse de cette longue pause estivale. Je vous promet que je vais reprendre un rythme normal de publication courant septembre, mais après avoir rerererererereregardé KHR, il a fallu que j'écrive cette fic qui me tourne dans la tête à chaque fois que je replonge dans ce manga. Donc maintenant qu'elle est sortie, ça devrait aller mieux.
Ce premier chapitre est beaucoup plus long que prévu, on ne se refait pas et un second ne devrait pas tarder à arriver, restez connectés !
Je vais terminer en disant un grand merci à Nin, Leo et Haru pour leur aide, je n'aurai certainement pas réussi sans vous.
Bonne lecture.
Il y avait trop de monde et trop de bruit.
Romario était là bien entendu, au plus proche de son boss, et Hibari s'imaginait que rien ne pourrait l'en déloger, pas même se faire mordre à mort. Cet herbivore de Vongola et ses trois plus proches gardiens étaient également présents, regroupés dans un coin de la chambre, leur passage dans ce pseudo saint des saints octroyé au nom de la longue et profonde amitié qui existait entre les deux don.
Et même si le gros des hommes de Cavallone stationnaient dans les couloirs de l'hôpital, un tel attroupement restait oppressant. Au moins, les formes sombres et menaçantes qui formaient presque une haie d'honneur avaient l'avantage d'effrayer tout autre visiteur et limitaient les risques d'attaque.
Il y avait trop de monde et trop de bruit, mais Hibari ne pouvait pas partir.
Il n'arrivait même pas à détacher son regard de l'homme allongé sur des draps qui paraissaient moins blanc que lui. Les tuyaux qui entraient et sortaient du corps de Don Cavallone semblaient être les seules choses qui le maintenaient en vie et, pour la première fois depuis qu'Hibari l'avait rencontré, Dino était totalement immobile. Cet idiot bougeait toute le temps, même lorsqu'il dormait, une habitude si désagréable que Kyōya allait bien souvent terminer ses nuits en dehors du lit qu'il leur arrivait de partager.
En se concentrant, il pouvait presque entendre la respiration de Dino à travers les murmures incessants autour de lui. Et même s'il ne parvenait pas vraiment à la percevoir, c'était toujours mieux que de prêter attention à ce qui était dit autour de lui, des bouts de phrases comme : attaqué alors qu'il rejoignait Hibari, a voulu y aller seul, vous connaissez son aversion pour les foules, plusieurs balles dans l'abdomen, pronostic vital engagé et pour finir : peu d'espoir.
Des suites de mots qui formaient une histoire dans laquelle il refusait d'admettre qu'il avait joué un rôle. Si Don Cavallone avait été assez imprudent pour se promener sans protection, il était le seul à blâmer quand les conséquences de ses actes le rattrapaient. Et pourtant, la boule qui semblait décidée à empêcher Hibari de respirer enflait et enflait. Il ne comprenait pas pourquoi il ne parvenait pas à s'en débarrasser. Il ne comprenait pas plus pourquoi son cœur frappait plus fort contre sa poitrine et la raison pour laquelle ses doigts tremblaient.
Tout ce qu'il savait c'était qu'il perdait la maîtrise de son propre corps et que c'était tout bonnement inadmissible. Sa vie entière se basait sur le contrôle et la discipline et il était hors de question que cela change. Alors il avait saisi ses tonfas, à l'abri dans les manches de sa chemise, avec l'espoir d'arrêter les tremblements. Trente minutes plus tard, il n'avait réussi qu'à se donner des crampes. Bien. Au moins la douleur dans ses doigts et ses poignets éclipsait un peu celle de sa poitrine, même s'il ne parvenait toujours pas à la chasser.
De toute façon, ce n'était pas une situation nouvelle. Depuis le premier jour, Dino l'avait forcé à ressentir tout un tas de trucs inutiles. Tout d'abord de la colère, et l'envie de le battre, la frustration de ne pas y arriver, puis d'autres choses, totalement inconnues et que Hibari essayait par tous les moyens de bannir encore aujourd'hui, sans même leur donner un nom.
Avant Dino, il n'y avait que l'ordre et le calme. En sa compagnie, le monde était devenu bruyant et agité, et rien de ce que Hibari avait fait n'avait pu le garder éloigné longtemps. Don Cavallone était bien trop fort et persévérant pour abandonner, quelque que soit le nombre de fois où il s'était retrouvé blessé suite à des coups de tonfas.
À priori, d'autres personnes avaient réussi là où Kyōya avait échoué. Dino ne reviendrait pas le déranger.
Bizarrement le plaisir qu'il aurait dû ressentir à cette idée était étrangement absent. Pire, ses doigts se resserrèrent encore plus sur le métal de ses armes et une seule idée tournait sans fin dans son esprit : ils allaient souffrir. Personne n'avait le droit de prendre ce qui lui appartenait. Et punir Dino de ses multiples transgressions aux règles était sa prérogative. Ceux qui étaient derrière tout ça paieraient leur intervention de leur sang.
Il ne faisait aucun doute que Kusakabe trouverait les informations qu'Hibari lui avait demandées et ce dernier n'avait qu'un coup de téléphone à passer pour se mettre en chasse. Il était même étonnant qu'il ne soit pas déjà parti, mais il ne parvenait toujours pas à quitter la chambre d'hôpital. Malgré la foule, malgré les murmures, malgré les regards qu'il sentait dans son dos, malgré les quelques mots d'encouragement qu'on lui avait offert, mots dont il n'avait absolument pas besoin et dont il voulait encore moins.
Alors il attendait, sans trop savoir après quoi. Sans savoir quand il récupérerait le contrôle de ses mouvements et de ses pensées, ni quand il pourrait enfin agir, se battre, frapper, cogner et blesser. S'abreuver du sang des herbivores qui avaient pris ce qui était sien, comme certains abusaient du vin.
Puis brusquement, un son continu et perçant brisa le calme de la pièce. Des cris et des bruits de course suivirent peu après et des gens en blouse blanche entrèrent dans la chambre. Ils se placèrent de chaque côté du lit et Romario poussa doucement les Vongolas vers la sortie, laissant Hibari seul, le regard constamment fixé sur l'homme en train de succomber dans son lit.
Ce ne fut que lorsqu'une des blouses blanches se plaça entre Dino et lui que Kyōya émergea de son étrange transe. Enfin libéré, il sortit à son tour et se dirigea immédiatement vers l'extérieur de l'hôpital. Inutile d'attendre une quelconque confirmation des médecins, il avait vu assez de gens mourir pour en reconnaître les signes.
Une profonde vague de colère parcourut ses veines. Il rendrait certainement une petite visite à l'équipe médicale de l'hôpital une fois qu'il en aurait terminé avec ses prochaines cibles, juste pour s'assurer qu'ils comprenaient bien à quel point il était mécontent de leurs soins. Peut-être que s'ils les envoyaient tester eux même leurs services, ils trouveraient quelques pistes d'amélioration.
Il appela Kusakabe qui décrocha à la première sonnerie :
« Kyō-san, » il fit une pause d'une demi-seconde avant de reprendre, « Au dessus du restaurant Kyochabana, une vingtaine d'hommes. Les autres sont déjà repartis. »
Hibari raccrocha sans répondre. Il avait une destination et un objectif, pas de raison de perdre encore plus de temps.
ooOoo
Pour la première fois depuis que Tetsu était venu lui annoncer l'attaque dont avait été victime Cavallone, la pression dans la poitrine d'Hibari avait disparu. Peu de choses – et se battre était le seul point de sa courte liste qu'il n'avouerait jamais - lui permettaient de ressentir la joie sauvage qui l'envahissait lorsqu'il combattait. Il aimait sentir les os se briser sous ses coups de tonfa et entendre les cris de douleur de ses adversaires , tout comme il se complaisait dans la peur qui les étreignaient quand il traversait leurs rangs sans aucune difficulté.
L'équipe d'assassins à laquelle il faisait actuellement face s'était visiblement préparée à être attaquée et les individus qui la composaient étaient tous armés jusqu'aux dents. Par contre, ils ne s'étaient pas douté un instant de qui se chargerait de venger Don Cavallone - les idiots, tout le monde connaissait les liens qui unissaient les deux famiglias - et Hibari eut le temps d'envoyer au tapis la moitié de ses opposants avant que l'un d'entre eux ne le reconnaisse et hurle :
« C'est Hibari Kyōya, le gardien des nuages des Vongolas. »
Comme toujours, son nom avait le même effet que celui de la mort en personne et ceux encore en état de le faire tentèrent de s'enfuir.
À peine trente secondes plus tard, ils étaient tous allongés au sol, morts ou incapables de bouger, et Hibari rassembla les quelques hommes encore conscients dans le salon. Il connaissait ce petit jeu par cœur et s'y adonnait de manière plus que régulière. Il souleva le bas de son pantalon afin de pouvoir s'accroupir, un léger sourire aux lèvres. Sans même poser une seule question, il assomma le premier herbivore de la rangée et se tourna vers le second :
« Qui vous a envoyé ?
« Jamais - »
Un coup de tonfa sur le crâne le fit taire, probablement définitivement, et Hibari se tourna ensuite vers le troisième. Peut-être que lui réfléchirait avant de se montrer si catégorique.
« Je déteste me répéter. Je ne vais donc plus poser de questions. Par contre, vous allez me donner des réponses et peut-être que je vous laisserai partir d'ici vivant . »
Il se redressa et effaça un pli sur son pantalon d'un passage rapide de la main. Il referma également le bouton de sa veste qu'il avait ouvert en arrivant afin de gagner un peu plus d'amplitude de mouvements. Quand il jugea son apparence à nouveau acceptable, l'information qu'il attendait n'était toujours pas arrivée. Le troisième homme termina donc dans la même situation que les deux précédents. À savoir : mort. Ou avec le cerveau dans un tel état que la différence serait minime. Il ne restait à Hibari que trois potentiels mouchards et il allait devoir changer de tactique.
Heureusement pour lui, il avait à sa disposition une longue liste de techniques d'interrogatoire. Malheureusement pour ses adversaires, il n'avait aucun problème à mettre chacune d'entre elles en pratique.
Il abattit violemment son talon sur les doigts de sa prochaine victime. Son hurlement de douleur réussit presque à masquer le son des os qui se brisaient. Du coin de l'œil, Hibari vit l'homme à droite pâlir et, d'un geste nerveux, glisser sa langue sur ses lèvres. Celui-là devrait bientôt être prêt à parler. Il lui dirait même tout ce que Kyōya voulait.
Engranger des connaissances était l'objectif de sa fondation. Et il s'était toujours targué de connaître tout ce qui se passait à Namimori. Et pourtant, certains avaient réussi à se glisser sous son radar. Il n'avait rien su de l'attaque qui visait Cavallone avant qu'il ne soit trop tard, bien trop tard. Sa poitrine se serra douloureusement à l'idée qu'il n'avait pas réussi à protéger sa ville et la petite voix annonçant que c'était plus son incapacité à sauver Dino qui le mettait tant en colère fut ignorée. Une telle pensée était absurde et qu'elle puisse naître dans son propre cerveau l'irrita au plus haut point. Il abattit son tonfa sur le tibia de l'homme devant lui, provoquant un second hurlement. Cette fois, il ne couvrit pas le son de l'os qui se brisait et Hibari sourit à nouveau. Le radius et le cubitus droit subirent le même sort. Puis les deux rotules, parce que Kyōya le pouvait et que les cris de douleur de sa victime couvraient un peu la voix qui envahissait son esprit et le nourrissait d'absurdités inutiles. Qu'est-ce qu'il en avait à faire que cet homme soit peut-être celui qui avait tiré la balle fatale ?
La réponse était : rien et pourtant Hibari l'avait frappé à la tempe dès que l'idée avait traversé son esprit. Le silence soudain et la manière dont le corps s'affaissa sur celui de son voisin lui apprit qu'il avait certainement cogné trop fort. Son propre comportement l'agaçait presque autant que le manque de coopération de ses victimes. Il avait normalement plus de maîtrise de ses actes que ça. Mais il semblait que, même mort, Dino continuait à jouer avec ses nerfs.
« C'est la famiglia Riccio, nous n'avons pas eu le choix, ils auraient éliminé toute notre famille. »
Maintenant que le mouchard avait commencé à parler, il ne s'arrêtait plus, terrorisé à l'idée de subir le même sort que ses petits camarades.
« Nous devions attendre ici la confirmation de la mort de Don Cavallone. Puis retourner en Europe afin de récupérer notre récompense. Le rendez-vous était fixé pour dans trois jours. Je vous donnerai l'adresse si vous me laissez vivre. Jamais nous n'aurions attaqué un allié des Vongolas, mais Don Riccio nous a obligé. Cavallone a dragué sa fiancé lors d'une soirée ce qui l'a poussé à rompre leurs fi - »
L'homme s'affala sur son comparse sans qu'Hibari ne soit vraiment conscient de l'avoir frappé. Cet idiot de Dino, avec son sourire facile et son ouverture aux autres, ne s'était probablement même pas rendu compte de ce qu'il faisait. Kyōya l'avait déjà vu charmer toute une assistance en quelques secondes et être surpris de recevoir ensuite des avances. Non pas qu'il ait jamais eu l'intention de donner suite à aucune d'entre elles, il savait à qui il appartenait.
Il n'y avait plus qu'un seul homme conscient et, s'il continuait à saigner comme il le faisait actuellement, il n'allait pas le rester très longtemps. Hibari réajusta son costume et observa l'appartement autour de lui.
C'était étrange. Cette scène ne différait en aucune manière de toutes les autres fois où il avait soutiré des informations à des familles ennemies, mais il était incapable de ressentir le calme et la satisfaction qui étaient habituellement les siens quand il obtenait enfin ce qu'il voulait.
Et même lorsqu'il s'assura qu'aucun des hommes responsables de près ou de loin de la mort de Cavallone ne survive, il ne parvint pas à en tirer le moindre plaisir. La douleur dans sa poitrine avait déjà réapparu et il sortit de l'immeuble, prêt à se remettre en chasse. Dès que les commanditaires de cette attaque auraient payé, il pourrait reprendre le contrôle de sa vie.
ooOoo
Hayato Gokudera, bras droit du dixième boss des Vongolas depuis maintenant huit ans, traversait les couloirs du QG d'un pas rapide. Il tenait à la main un document tout juste arrivé et se demandait comment il allait pouvoir annoncer la nouvelle qu'il contenait à son boss.
Il comprenait le concept de vengeance, on ne vivait pas bien longtemps dans le monde de la mafia en l'ignorant, mais il y avait une différence entre vengeance et folie meurtrière et le rapport qu'il venait de recevoir ressemblait bien plus à la seconde option qu'à la première.
Si seulement c'était le premier massacre, ou le second, dont se rendait responsable Hibari, mais ils n'avaient même pas cette chance. Cela faisait maintenant trois semaines que le gardien des nuages remontait la piste des commanditaires de l'assassinat du Don Cavalone. Chaque personne qu'il avait croisé l'avait payé de sa vie. Le nombre de victimes approchait la centaine et même si le dixième du nom avait l'habitude des excès de son gardien, il y avait certaines limites qu'il n'accepterait pas de voir franchies.
Et bien entendu, c'était à Hayato d'annoncer à son boss que Hibari venait d'en piétiner une.
Il toqua à la grande double porte qui menait au bureau de Don Vongola et attendit l'autorisation de rentrer. Il n'eut pas à patienter bien longtemps et fut soulagé de voir, lorsqu'il ouvrit, que Yamamoto était déjà présent. Il allait avoir besoin de son soutien, personne n'arrivait à le comprendre aussi bien que le gardien de la pluie.
Comme toujours ces derniers temps, Sawada Tsunayoshi était derrière son bureau, le visage tiré. Les cernes sous ses yeux indiquaient de nombreuses nuits sans sommeil et Gokudera commençait vraiment à s'inquiéter pour lui. Il s'en voulait presque de rajouter un soucis de plus et il hésita quelques secondes. Il pouvait peut-être attendre encore un peu. Hibari allait certainement se calmer à un moment et ses agissements n'étaient pas entièrement étonnants. Chacun connaissait les liens qui unissaient les Dons Vongolas et Cavallone et le fait que Tsuna ait envoyé ses hommes venger la mort de son ami ne surprendrait personne.
Et pourtant, l'information que Gokudera tenait à la main, si elle s'avérait juste, apportait un tout nouveau aspect au problème. Il était évident que son patron lui en voudrait quand il apprendrait que son bras droit lui avait caché ce point, même si ses intentions étaient bonnes.
Yamamoto le fixa, l'interrogation pleinement visible dans le regard, lorsqu'il le vit hésiter, planté devant la porte. Le dixième du nom n'avait pas encore levé la tête et Hayato se dirigea vers l'épéiste pour lui présenter le rapport de leur espion en Italie. Après une lecture rapide, le regard perçant de leur tueur à gage se fixa à nouveau sur Gokudera. Ils se connaissaient assez pour se comprendre sans échanger un mot et ils se tournèrent en silence vers Tsuna, l'air sombre.
L'hyper-intuition des Vongola qui courrait dans les veines du dixième boss fit son œuvre et il leva les yeux à ce moment, demandant en même temps :
« Quelle mauvaise nouvelle m'amènes-tu Gokudera ? »
Il avait fallu des années, mais Tsuna avait fini par abandonner les honorifiques, à la grande joie de Gokudera, même si Hibari restait Hibari-san. Et pourtant, l'utilisation de son nom ne réussit pas à faire naître son sourire habituel.
Après un furtif échange de regard avec Yamamoto qui lui appris que ce dernier était arrivé à la même conclusion que lui : on ne peut pas lui cacher, Hayato s'avança vers le bureau de son patron. Il lui tendit le document qu'il tenait dans sa main depuis dix bonnes minutes et attendit qu'il le saisisse avant de s'éloigner d'un pas, les bras le long du corps.
Il reconnut sans peine le moment où Tsuna arriva à l'information fatidique. Ce dernier inspira brusquement et ferma les yeux, comme si ses paupières pouvaient le protéger de la réalité. Quand il les rouvrit, il n'y avait que de la tristesse et de l'inquiétude dans son regard et Hayato détesta un peu plus Hibari de l'avoir mis dans cette situation. La mort de Dino était déjà assez difficile à gérer, la peine assez grande, leur patron et ami n'avait pas en plus besoin d'un gardien qui avait pété un câble et faisait couler le sang aux quatre coins de la planète.
« À quel point pouvons-nous nous fier à ce rapport ? »
Il y avait de l'espoir dans la voix du dixième du nom et Hayato sentit Yamamoto s'approcher un peu plus de lui. Le support silencieux lui donna le courage de répondre la vérité et non pas un quelconque mensonge qui aurait permis de protéger son Don.
« J'ai demandé des vérifications, mais je pense que nous pouvons le prendre au sérieux. »
À cet instant, Tsuna ressemblait tellement au collégien qu'il avait été que Gokudera s'attendit presque à l'entendre hurler que ce n'était pas possible, les yeux écarquillés par la surprise et l'horreur. Mais leur boss n'avait plus quatorze ans, il était Don Vongola depuis maintenant trois ans et il avait plusieurs fois fait face à des situations aussi difficiles que celle-ci. Son expérience se confirma lorsqu'il demanda, les traits du visage ne montrant que sérieux et attention :
« Ou se trouve Hibari-san en ce moment ? »
« C'est déjà impossible de savoir avec précision en temps normal, mais il a complètement disparu des radars depuis qu'il a quitté l'hôpital. Il n'apparaît que pour frapper et s'éclipse de nouveau aussi vite. »
« Vous avez contacté Kusakabe ?»
« Pas encore. J'attendais ta décision. »
« Je veux parler à Hibari-san au plus vite. »
« Dans quel objectif, Tsuna-san ? »
« Je veux entendre ses explications avant toute chose. »
« Je crains que nous n'ayons pas le loisir d'attendre. C'est déjà un miracle que la famille Riccio soit restée silencieuse si longtemps. Ce qui prouve qu'ils sont bel et bien lié à l'assassinat de Cavallone. Mais même sachant cela, ils vont bientôt nous contacter, il y a eu trop de victimes pour venger un seul homme, aussi important soit-il.»
« Et pourtant la famiglia Riccio va patienter. Les Vongolas ont assez de renommée pour que l'on ne nous attaque pas à la légère. »
Alors que Gokudera allait répondre, une pointe de frustration le poussant à passer une main dans ses cheveux, Yamamoto intervint pour la première fois :
« Nous avons cette réputation parce que tu t'es toujours montré juste, Tsuna. Je ne pense pas que protéger Hibari des retombées de ses choix soit la meilleure marche à suivre. Il a dépassé les limites. Tu l'as lu toi-même, des femmes et des enfants sont morts, tu ne peux pas faire comme si de rien n'était. »
C'était là le fond du problème qui se présentait à eux. Ils devait réagir. Le monde dans lequel ils vivaient était violent - la mort de Cavallone en était encore une preuve - et Tsuna avait déjà envoyé ses gardiens régler certains problèmes en éliminant les instigateurs. Mais il y avait des limites qu'il avait toujours refusé de franchir. Tuer sans avoir épuisé toutes les autres options en était une. Blesser des innocents en était une autre.
Et maintenant ce connard d'Hibari l'obligeait à endosser cette charge. Gokudera allait lui dire ce qu'il pensait de ses agissements à la seconde où ils mettraient la main sur le gardien des nuages. Même si ce dernier s'était toujours tenu à l'écart des affaires les plus directes des Vongola, il faisait partie de la famiglia et Tsuna était responsable de lui et de ses actes.
Yamamoto et Gokudera restèrent silencieux, sachant tous deux que leur boss les avait écouté et qu'il tiendrait compte de leurs avis. Ils n'avaient plus qu'à attendre ses ordres.
Tsuna mit plusieurs minutes avant d'arriver à une décision et sa voix ne trahissait aucune hésitation lorsqu'il annonça :
« Vérifiez la véracité de cette information. Et contactez Hibari-san au plus vite, je veux lui parler. »
Ce n'était pas les mots que Gokudera avait souhaité entendre mais il n'y avait rien qu'il puisse faire pour le moment. Il hocha la tête une fois, indiquant qu'il avait entendu et s'avança vers la sortie. Yamamoto lui emboîta le pas et ils quittèrent le bureau sans dire un mot de plus. Ils restèrent silencieux pendant qu'ils traversaient les couloirs de l'immense demeure qui abritait le QG des Vongolas, ainsi que les habitations de leur Don et de la majorité de ses gardiens.
Ils quittèrent les bâtiments principaux et traversèrent un jardin intérieur jusqu'à atteindre une petite bâtisse qui abritait le bureau de Yamamoto et son dojo personnel. Ce ne fut qu'une fois la porte refermée derrière eux que le propriétaire des lieux parla :
«Tu devais te douter qu'il chercherait à comprendre.»
«Il n'y a rien à comprendre. Rien ne justifie ce qu'à fait Hibari. »
Yamamoto le regarda quelques secondes, l'expression indéchiffrable, avant de répondre :
«La relation qu'il entretenait avec Dino - »
«Arrêtes ! Aucun d'entre nous ne sait vraiment à quoi ils jouaient tous les deux. On a passé assez de temps à espionner et à spéculer avec Ryohei. On a toujours fini par conclure que Don Cavallone était une sorte de masochiste qui n'acceptait pas que l'on résiste à son charme et que Hibari était incapable de former le moindre attachement en dehors de celui qu'il a pour sa chère ville. »
Si son ami était blessé par le ton sec que Hayato avait utilisé, il n'en montra rien. Il se contenta juste d'ajouter, son éternel sourire aux lèvres, comme si leur erreur d'appréciation n'avait pas des conséquences catastrophiques :
« Et pourtant, son comportement actuel nous indique que nous nous sommes trompés. »
C'était probablement la vérité, mais Gokudera était trop en colère contre Hibari pour essayer de se mettre à sa place. Il se contenta de rétorquer :
« Et qu'est-ce que ça change ? »
« Pour nous, peut-être rien. Mais pour Tsuna qui cherche toujours le meilleur en chacun, ça fait toute la différence. » Yamamoto fit une légère pause afin de s'assurer qu'il avait l'attention de son ami avant de reprendre, « Et je te rappelle que c'est pour ça que nous le suivons sans discuter. »
Gokudera poussa un soupir de découragement :
« Ne sous-entends pas que je ne fais plus confiance au dixième du nom. Je pense juste que c'est une perte de temps inutile de demander des explications à Hibari. Il ne répondra pas à nos questions, je ne suis même pas certain qu'il daignera se montrer. »
« Je suppose que nous le saurons assez vite. Je vais prévenir Tetsuya que Tsuna cherche son patron. »
Après une tape sur l'épaule qu'il voulait réconfortante, Yamamoto sortit de son bureau, laissant Gokudera seul, à maudire ce satané gardien des nuages.
ooOoo
Malgré le fait qu'Hibari se soit présenté, à la surprise générale, au QG des Vongolas, leur première discussion n'avait rien donné. Il avait écouté avec attention et était même reparti sans frapper personne, mais les massacres avaient repris moins de quarante-huit heures plus tard de l'autre côté du globe.
Tsuna ignorait quand Hibari serait enfin satisfait. Ce dernier avait décimé la famiglia engagée pour tuer Dino, puis il s'était attaqué à celle du commanditaire du meurtre, éliminant chacun des hommes que Don Riccio mettait entre lui et son poursuivant. Le monde de la mafia ne parlait plus que de ça. De la calamité vengeresse que Don Vongola avait lâché sur ses ennemis et qui paraissait n'avoir aucune limite.
Rien ne semblait suffire à Hibari et le nombre de ses victimes devenait tel que Tsuna se trouva forcé d'agir à nouveau. Il convoqua une seconde fois son gardien et était actuellement en train de l'attendre dans son bureau.
Même si leur entrevue précédente n'avait pas servi à grand chose, Tsuna n'avait pas abandonné l'idée de le raisonner. S'il avait pris garde à ne pas mentionner Dino lors de la dernière visite d'Hibari, il savait qu'il devrait aller au fond du problème s'il voulait avoir la moindre chance d'avancer. Et la mort de Dino était le fond du problème.
Tsuna n'avait pas envie de parler de celui qu'il considérait comme son grand frère, sa perte était encore trop récente et douloureuse, mais il avait laissé le sujet de l'étrange relation entre les deux hommes sous silence trop longtemps. Peut-être que s'il avait eu le courage de confronter Hibari ou Dino, il aurait pu prévoir à quel point la mort de son ami affecterait son gardien et empêcher ce désastre. Mais il avait jugé que la vie privée des deux hommes ne regardaient qu'eux et, il devait se l'avouer, la crainte d'être mordu à mort par Hibari l'avait empêché de se montrer trop curieux. Durant toutes ces années, Tsuna s'était contenté de ses propres spéculations et de celles de ses gardiens.
Il soupira et se laissa tomber sur son siège, les mains dans ses cheveux. Un début de panique parcourut tout son corps, le faisant trembler. Il entendit presque Reborn le rabrouer : calme-toi, Tsunaze. Tu ne peux rien faire pour arranger le passé, concentre toi afin d'améliorer le présent. Si seulement son ancien professeur particulier était là, il ferait certainement un meilleur boulot pour convaincre Hibari de stopper ses agissements. Mais Reborn était retourné auprès du neuvième et il n'apparaissait au Japon que lorsque Tsuna avait vraiment merdé. Vu la situation, il était étonnant qu'il ne soit pas déjà venu lui tirer les oreilles, comme à un enfant récalcitrant.
L'arrivée de Gokudera le tira de ses pensées moroses.
« Dixième du nom ! Yamamoto et Sasagawa ont récupéré Hibari à l'aéroport, ils seront là dans trente minutes. »
« Bien. Merci Gokudera. Je vais le recevoir ici. »
La demie-heure suivante lui parut durer une éternité et quand enfin, Yamamoto entra, suivi de Hibari et Ryohei, Tsuna avait de nouveau les nerfs à fleur de peau.
« Que me veux tu, Vongola ? Nous nous sommes vus il y a trois semaines, pour qui te prends tu, à me convoquer ainsi ? »
« Hey toi ! Ne parle pas au dixième du nom de cette façon ! Il est ton boss et s'il veut te convoquer tous les jours, tu obtempères en silence ! »
Yamamoto retenait Gokudera d'une main sur l'épaule pendant que Sasagawa se plaçait entre le gardien du nuage et celui de la tempête. Ils n'avaient pas commencé que la tension dans la pièce était déjà au plus haut.
Tsuna n'était pas étonné du comportement de son bras droit, son tempérament impétueux prenait souvent le pas sur sa réflexion et il avait la fâcheuse habitude d'exploser à la moindre provocation. Et c'était sans compter qu'il n'avait pas fait de mystère de ce qu'il pensait du comportement actuel de Hibari. Tsuna savait apprécier la fidélité sans faille de Gokudera, mais il n'avait pas besoin d'un conflit entre les deux hommes en plus de tout ce qu'il avait à gérer actuellement.
« Gokudera, s'il te plaît, calme toi. »
Gokudera se détendit instantanément et s'excusa profusément pendant que Hibari tournait la tête sur le côté, les ignorant complètement.
Maintenant qu'il avait un tant soit peu repris le contrôle de la situation, Tsuna pouvait s'atteler à la raison pour laquelle il avait regroupé la majorité de ses gardiens. Il avait beau y avoir réfléchi tout la journée, il ne savait toujours pas comment aborder le sujet. Il était un boss épouvantable, son incapacité à résoudre ce problème en était encore la preuve. À quoi pensait le neuvième quand il l'avait désigné comme son successeur ?
« Si tu n'as rien à me dire, je vais partir. Je refuse de perdre mon temps avec - »
« Hibari-san, écoute- moi s'il te plaît. »
Son gardien lui tournait toujours le dos mais au moins il s'était arrêté. Il le regarda par dessus son épaule, ses yeux gris acier encore plus durs que d'habitude.
Tsuna n'avait plus beaucoup de temps, sa famiglia et ses amis comptaient sur lui. La vie d'innocents était également en jeu, il ne pouvait pas laisser ses insécurités l'empêcher de faire ce qui était nécessaire. Le profond calme qui semblait l'envahir lors des situations de crise lui donna le courage de se lancer :
« Je sais que la mort de Dino est difficile à accepter et que tu dois beaucoup souffrir de l'avoir perdu, mais - »
« De quoi tu parles, herbivore ? Je ne souffre pas. Si cet idiot a été assez bête pour se laisser tuer, c'est son problème, pas le mien. Il ne faisait que me gêner et être bruyant. Je suis plus tranquille sans lui. »
Cette fois, ce fut Ryohei qui réagit :
« Oï ! On ne parle pas comme ça de ses amis. Surtout lorsqu'ils sont morts. »
« Ami ? Sasagawa Ryohei, qui a dit que nous étions ami ? Cavallone était une épine dans mon pied dont je suis heureux d'être débarrassé. »
Hibari mentait et il ne semblait même pas s'en rendre compte. Ce point, plus que toute autre chose, inquiéta profondément Tsuna. Son gardien des nuages était honnête, violemment honnête même, et il ne s'était jamais gêné pour dire ce qu'il pensait. À coups de tonfa la plupart du temps. Et il appliquait la même discipline à sa propre vie, ne laissant rien se mettre en travers du chemin qu'il s'était choisi. Il avait toujours utilisé la violence pour gérer ses affaires et pourtant, toute personne le connaissant un peu savait que son comportement actuel différait de celui qu'il avait ordinairement.
La tension escaladait à nouveau entre ses gardiens et même Yamamoto, habituellement souriant, restait silencieux, un peu à l'écart et le visage sombre. Tsuna devait faire quelque chose avant que la situation ne dégénère et que ses gardiens en viennent aux mains. Il se leva et quitta sa place derrière son bureau afin de s'avancer dans la pièce. D'une voix qui ne trahissait pas ses interrogations intérieures, il ordonna :
« Gokudera, Sasagawa, plus un mot. La situation est assez difficile et nous sommes ici pour y trouver une issue satisfaisante, pas l'empirer. »
« Dixième du nom, il n'y a rien à discuter. Cet égoïste arrête sa vendetta personnelle et il nous laisse gérer les retombées de ses actes. On veillera à ce que tout rentre dans l'ordre. »
La voix de Hibari, glaciale, doucha le maigre espoir qu'avait Tsuna que la solution soit effectivement aussi simple.
« Je refuse. »
Avant que n'importe lequel de ses gardiens ne puisse a nouveau intervenir, Tsuna répondit :
« Et pourtant, il faut que ces massacres stoppent. Dino n'aurait pas voulu - »
« Arrête de prononcer ce nom. »
Pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Tsuna entendit autre chose que de la résolution et un calme froid dans la voix de son gardien des nuages. Il prit quelques secondes dans l'espoir de déterminer ce que pouvait être cette différence, mais même son hyper-intuition ne lui apporta aucune réponse.
Il ne servirait à rien d'insister, ou de tenter de convaincre Hibari en appelant à ses sentiments. Sans compter que Gokudera était en train de bouillir à ses côtés et Sasagawa semblait lui aussi avoir des choses à dire. Il ne restait plus qu'une issue et Tsuna l'emprunta avant qu'un conflit n 'éclate à nouveau entre ses gardiens.
« Bien, si c'est ce que tu veux, je n'en parlerai plus. Par contre, je ne peux pas te laisser continuer comme ces dernières semaines. Tu arrêtes de poursuivre Don Riccio et sa famille aujourd'hui où je devrais prendre des mesures pour t'y obliger. »
« Tu ne peux m'obliger à rien, herbivore. Tu n'as même pas été capable d'empêcher la mort d'un de tes plus proches alliés. »
Tsuna serra la mâchoire. Le coup était bas. Le fait était incontestable, mais lui envoyer ainsi en pleine tête était bas tout de même. Comme s'il ne savait pas déjà que cette vérité le hanterait probablement toute sa vie.
"Je sais. Ne crois pas une seconde que je n'en souffre pas profondément. Dino était mon -"
Il échappa de justesse au tonfa qui lui frôla le crâne. Immédiatement, Yamamoto, Gokudera et Ryohei se placèrent entre lui et son attaquant, leurs armes sorties et prêts à le défendre.
Hibari était furieux et il dégageait une telle aura de colère et de violence que Tsuna frissonna. Mais derrière cette tempête, il y avait autre chose et l'hyper-intuition des Vongolas lui apporta enfin une réponse qui aurait dû lui paraître évidente : malgré toutes ses dénégations, Hibari souffrait. Une douleur aussi profonde qu'un gouffre sans fond qu'il tentait frénétiquement de combler à l'aide la seule émotion avec laquelle il se sentait à l'aise. La colère.
À quoi avaient-ils pensé toutes ces semaines ? À croire que le comportement de son gardien des nuages était autre chose qu'un moyen de faire taire cette douleur ? Hibari était un homme violent et sans merci, mais il s'était toujours montré droit. Jamais il n'aurait pris le risque de faire des victimes collatérales, la discipline qu'il imposait aux autres s'appliquait avant tout à lui. Et pourtant, au lieu d'attendre le moment propice, il avait attaqué des hommes chez eux, alors qu'ils étaient entouré de leur femme et enfants, prenant le risque de les blesser.
Tsuna aurait dû agir bien plus tôt, à la seconde où il avait appris la mort du premier innocent. Mais il n'avait pas vu – ou voulu voir – que Hibari ne s'arrêterait pas de lui-même. Il ne referait pas la même erreur.
« Je veux que chacun d'entre vous se calme ou je vais vous demander de sortir. De toute façon, cette conversation est terminée. Hibari-san, j'espère avoir été assez clair. Je ne peux pas te laisser continuer, trop de personnes sont mortes. Je m'occuperai moi-même du Don Riccio. »
Hibari resta silencieux quelques secondes, en position de combat, mais il finit par ranger ses tonfas et se diriger vers la porte. Aucun des autres gardiens ne lâcha leurs armes et ils l'observèrent alors qu'il sortait de la pièce sans un mot. Son départ ne fit pas vraiment redescendre la tension dans le bureau et il fallut un long moment pour que Tsuna se décide à briser le silence :
"Au moins personne n'est blessé."
Gokudera passa la main dans ses cheveux, visiblement toujours en colère.
« Vous êtes beaucoup trop gentil avec lui, Dixième du nom. Il vous a attaqué. »
Heureusement, la nature calme et insouciante de Yamamoto avait déjà repris le dessus et le gardien de la pluie mit une main sur l'épaule de Hayato :
« Et en quoi ça change de d'habitude ? »
« Qu'est-ce que ça change ? Tu as senti son aura ? Il avait vraiment l'intention de le tuer. La voilà la différence. Ce type est un danger ambulant, je l'ai toujours dit. »
« Allons Hayato, il ne l'a même pas touché. »
Le rire de Yamamoto emplit l'espace pendant quelques secondes, mais Gokudera n'avait pas l'air de partager son amusement. Tsuna n'avait pas envie que ses deux amis les plus proches se disputent et il intervint :
« Yamamoto a raison, Gokudera. Je n'ai rien, pas la peine d'épiloguer pendant des heures. »
Il espérait que cela suffirait à calmer son bras droit mais ce dernier n'en avait pas fini. Il repoussa la main toujours sur son épaule et se tourna vers Tsuna :
« Tu es conscient qu'il ne va pas arrêter ? Pas tant qu'il n'aura pas atteint Don Riccio. »
« Ne sois pas aussi catégorique. Il va finir par voir au delà de sa douleur. »
« Douleur ?! Ce type est incapable du moindre sentiment autre que de la colère ! »
« Ce n'est pas vrai, Hayato. » Tsuna appelait rarement son bras droit par son prénom et ce dernier se figea complètement, attentif à ses prochains mots, « chacun d'entre nous gère différemment ses sentiments, c'est tout. »
« Sa manière de gérer fait des victimes, Dixième du nom.»
Il était inhabituel que Gokudera insiste autant et Tsuna savait qu'il devrait lui poser la question directement s'il voulait avancer.
« Et que me conseilles-tu ? »
« L'arrêter. »
Il fronça les sourcils. C'était très exactement ce qu'il essayait de faire depuis des semaines.
« Je ne pense pas que l'on puisse retenir Hibari-san contre sa volonté bien longtemps. Et il a été très clair, il veut continuer. »
« Je parlais de l'arrêter définitivement. »
Tsuna resta sans voix. Ce que sous-entendait Gokudera… C'était hors de question. Il n'enverrait pas quelqu'un tuer Hibari.
« Non. Je refuse. »
Il regarda Yamamoto et Sasagawa à la recherche d'un peu de soutien mais il ne trouva que les mêmes expressions sérieuses. Il se rendit compte avec amertume que ses gardiens avaient déjà parlé de cette éventualité ensemble et qu'ils semblaient être tombés d'accord.
« Dites moi que vous plaisantez. Hibari fait partie des Vongolas, comme chacun d'entre vous. »
Le visage de Yamamoto se contracta avant qu'il ne réponde :
« Il met toute la famille en danger. Tu sais que le sang appelle le sang et que tout le monde dans la mafia n'a pas ta retenue. Je crains que nos propres membres ne soient bientôt visés en représailles. Que feras-tu si ils s'attaquent à Lambo ou à I-Pin ? À Futa ? »
« Nous les protégerons. Don Riccio a frappé le premier en éliminant Dino. Je ne vais pas envoyer l'un d'entre vous tuer un de mes gardiens parce qu'il venge la mort d'un ami. »
« Nous écouterons tes ordres, Tsuna. Nous l'avons toujours fait, mais je crains que Hibari ne te laisse pas le choix. Il ne va pas s'arrêter de lui-même, la douleur de perdre quelqu'un de cette manière ne s'efface jamais. »
Yamamoto savait de quoi il parlait. Même s'ils avaient changé le futur en battant Byakuran, il avait vécu plusieurs semaines en sachant que son association avec les Vongolas avait tué son père. Ça, plus que tout autre chose décida Tsuna à étudier leur proposition.
«Donnez moi quelques jours pour réfléchir. Ça laissera une dernière chance à Hibari de s'arrêter de lui-même. On en reparle vendredi. »
Chacun de ses gardiens et amis quitta son bureau avec un signe de tête et Tsuna alla s'asseoir lourdement sur sa chaise. Il abandonna en même temps le manteau de Don Vongola et redevint le collégien qui avait besoin de son professeur particulier pour tous les aspects de sa vie. Il regarda sa montre. Il était deux heures du matin en Italie, il allait devoir attendre avant d'appeler Reborn.