Bon sang, voilà presque dix ans que je n'avais pas écrit! J'ai un peu perdu la main, mais mon amour pour le Haddotin m'a motivé ! J'assume toutes mes fautes d'orthographes et mes tournures de phrase maladroites. (I did my best)

Cher(e)s écrivain(e)s d'Haddotin, merci pour vos fics toujours géniales qui m'ont poussé à m'y remettre ! Alors voici ma participation.~

Ce sera une fic courte en cinq chapitres. J'ai mis un rating M car il va y avoir du pre-lemon au dernier chapitre.

Bonne lecture !

Disclaimer : Tintin appartient à Hergé et Moulinsart S.A.


Chapitre I : Plus qu'amis

« On devrait arrêter... » La voix rauque de Haddock s'évaporait dans un souffle chaud alors que ses lèvres partaient à nouveau explorer la nuque si blanche qui se présentait sous lui. Étouffant un gémissement, le jeune roux dans ses bras se cambrait soudain, se laissant aller à ses baisers.

Les deux amants étaient comme coupés du monde, enfermés dans une cabine téléphonique rouge près de l'avenue du Labrador. Leur chaleur avait formé une condensation sur les vitres qui leur fournissait une intimité enivrante par un soir d'averse. Seuls les phares des rares voitures descendant l'allée permettaient de distinguer leur silhouette entrelacée.

La pluie s'abattait bruyamment sur la cabine et masquait la tonalité sonnant dans le vide qui provenait du téléphone qui se balançait au bout de son câble entortillé. Celui ci avait chu en même temps que l'annuaire lorsque le plus jeune avait cherché à se rattraper quand le marin l'avait enfin embrassé avec un élan de désir non dissimulé.

Le visage toujours enfoui dans la nuque du roux, ses canines poinçonnaient cette blancheur immaculée. Les mains de Haddock glissèrent lentement le long de son corps jusqu'à atteindre ses hanches pour l'attirer contre lui. Les corps pressés l'un contre l'autre, il en profitait pour insérer sa jambe entre ses cuisses et faire pression contre son aine, ce qui déchaînait une violente vague de frisson le long de l'échine du plus jeune. Penchant la tête en arrière, il s'offrait entièrement à l'homme qui l'enlaçait.

« Oh, Capitaine !... » haletait-il tout en enfonçant un peu plus ses ongles dans le chandail bleu de son amant.

Sa voix pantelante eût l'effet de la foudre et Haddock bondit sur ses pieds pour reculer. Rouge écrevisse, il posait sa main sur l'épaule de Tintin pour se tenir éloigné d'un bras, collé à la paroi opposée de la cabine, comme par distance de sécurité. Tintin, sourcils froncés, le dévisageait avec incompréhension, il inspirait alors pour prendre la parole mais le marin ne lui en laissait pas le l'occasion.

« Arrêter... Oui, il faudrait vraiment mieux qu'on s'arrête là, moussaillon. » Balbutiait-il tout en faisant glisser un doigt sur son col pour s'aérer.

« Voyons, Capitaine... » La voix peinée, Tintin se rapprochait et fit glisser doucement sa main sur son biceps. Ce qui provoquait une réaction de rejet plus violente alors que le marin se jetait dehors. « Oh ! Regardez ! Il ne pleut plus !... »

Bon, en réalité, il pleuvait encore. Mais à peine une légère bruine, rien d'insupportable, ce qui leur donnait l'occasion parfaite pour s'enfiler dans un taxi et rentrer à Moulinsart.

Sa mèche en bataille et le cœur battant, le roux regardait tristement Haddock sous la pluie en train de faire signe au chauffeur qui s'arrêtait sur le bas côté.

« Au château de Moulinsart, c'est bien ça ? » anticipait le chauffeur qui avait rehaussé sa casquette pour jeter un coup d'œil au rétroviseur où se reflétaient ses deux clients qui s'engouffraient dans sa voiture. Impossible pour un Bruxellois de ne pas reconnaître cette célèbre mèche rousse qui faisait souvent la une des journaux.

La réflexion rendait l'image de deux hommes convenables, assis côte à côte, la respiration saccadée, le simple contact de leurs deux épaules semblait être tabou. Le chauffeur ne pouvait sûrement y voir que les deux aventuriers, coqueluches de la presse, ou bien tout simplement deux amis, qui rentraient chez eux après avoir bu un verre où deux au bar du coin. Cette assumation n'était pas erronée, à un seul point près peut être : le terme ''ami'' n'était plus vraiment adéquate pour décrire leur relation, les choses ayant sensiblement changées depuis le mois dernier.

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Il y a voilà un mois de cela que les deux partenaires avaient échangé leur premier baiser en plein milieu du jardin de tulipes de Keukenhof aux Pays-Bas, et ce, juste après avoir démantelé une organisation criminelle qui produisait des robots-tueurs autonomes à des fins terroristes.

Pourquoi s'étaient-ils embrassés ce soir là ? Après tout, rien n'avait été différent de d'habitude, tout était là, la nuit claire, la brise fraîche, une usine qui explose au loin, puis un coup d'œil mutuel, un sourire, l'adrénaline, et soudain, naturellement, leurs lèvres qui se rencontrent, insouciantes mais timides, se fondent l'une dans l'autre dans un baiser sucré.

Puis vient la réalisation, ils s'écartent interdits, confus, muets, osant à peine respirer.

Mais leurs pupilles frémissantes étaient plus expressives que n'importe quel mot et un seul regard leur suffit avant d'échanger un nouveau baiser, plus violent, plus désespéré, plus salé, aussi. Impossible de dire lequel des deux pleurait.

Ils s'étaient donc embrassé pour la première fois dans un décor des plus parfaits, entourés par de vieux moulins, au milieu d'un champ en fleurs aux mille couleurs, éclairés seulement par les rayons de la lune et par la combustion d'une usine de robots terroristes en feu.

Depuis ce jour, Haddock s'était auto-proclamé ''homme le plus chanceux de Belgique'', non, ''du monde'' ! Pourtant, la chance l'avait fui comme la peste tout le long de son existence. Et alors qu'il pensait que son seul remède était une bouteille de whisky, c'est bien grâce à Tintin qu'il avait repris goût à la vie, car une vie aux côtés du reporter valait toutes les bouteilles du monde.

Et dès le soir de leur première rencontre, alors qu'il scrutait le visage innocent du roux endormi dans la barque qui les emmenait loin du Karaboudjan, le marin s'était surpris à prier Dieu pour qu'il puisse tout simplement veiller sur lui jusqu'à ses derniers jours.

Impossible de savoir qui de Dieu ou du Diable l'avait écouté ce soir là car on lui accorda plus qu'il n'en méritait, et leur baiser relevait autant du miracle que de la damnation.

Malgré ses doutes, sa relation avec Tintin avait depuis changé pour le mieux et Haddock se faisait enfin une idée de ce qu'était le bonheur.

Au fond, le bonheur, c'est ces soirées glaciales où le Capitaine profite d'un verre autour du feu de cheminée, pendant que le garçon fait les cents pas dans le salon, à parler d'aventures et de mystères mirobolants. Un poids s'enfonce dans le canapé juste à côté de lui : Tintin s'y est assis et lui demande son avis. Le marin, peu familier avec le sujet, prend quand même la peine d'y réfléchir sérieusement. Soudain, deux mains viennent encercler la sienne. Le roux fait glisser ses longs pouces sur sa paume, le fixe de ses grand yeux brillants, puis s'avance vers lui, lentement, pour que leurs lèvres se frôlent à peine... et c'est généralement à ce moment là qu'un jeune fox-terrier jaloux saute sur le canapé, fait un tour sur lui même l'air hautain et s'installe juste entre les deux. Ce qui fait généralement rire les deux hommes qui s'attellent ensuite à câliner sa majesté Milou comme il se doit.

Le bonheur, c'est aussi ces matinées ensoleillées où Haddock se lève à l'aube, saute hors du lit pour profiter d'un petit-déjeuner en tête-à-tête avec le reporter. Il ouvre les portes du salon mais est ébloui par les premiers rayons du soleil. Puis, il l'aperçoit se lever du canapé, déjà debout mais toujours en pyjama, Milou à ses côtés. Alors il caresse sa joue, l'embrasse tendrement et ils échangent un sourire lorsque le roux se plaint que sa barbe le pique. Ensuite, préparer des œufs brouillés et un café, un peu trop fort, puis l'adoucir avec du lait. S'installer à table et être vite interrompu par les autres habitants du château. Discuter avec Tournesol, demander un autre café à Nestor, puis s'étouffer avec son verre d'eau lorsqu'un pied froid vient se glisser sous son pantalon, au niveau du tibia. Lancer un regard scandalisé à Tintin qui sirote innocemment sa tasse, haussant les sourcils, faignant l'ignorance.

Oui, décidément, Haddock n'avait jamais été aussi heureux et la situation actuelle le satisfaisait pleinement. Enfin, par certains côtés, ce bonheur prolifique causait aussi du tort à notre pauvre marin. Car même si leur relation avait évolué, il s'était juré une chose : ne pas toucher Tintin plus que nécessaire. L'embrasser avait déjà le goût du fruit interdit, et il était hors de question de forcer son amoureux à faire quelque chose dont il n'aurait pas envie.

Archibald Haddock avait donc scellé à double tour tous ses désirs et tous ses fantasmes. Mais, mon dieu, qu'il était dur de résister à la tentation. Tintin ne se rendait-il donc pas compte de ce que son comportement provoquait en lui? Non, évidemment. Le Capitaine ne se faisait pas d'idées là dessus. Le roux avait toujours été très tactile, ce qui avait par ailleurs déjà incommodé le marin par le passé lorsqu'il s'efforçait encore à cacher son affection.

Oui, Tintin était décidément bien innocent du monde qui l'entoure, car si le Capitaine succombait à son charme, il faut dire qu'il n'était pas le seul. Leurs sorties en ville attiraient toujours les regards, à cause de la célébrité, bien entendu, mais aussi parce que Tintin était le célibataire le plus convoité de la Belgique. Et encore, ''convoité'' pouvait être considéré comme un euphémisme.

Lorsqu'ils sortaient au cinéma, Haddock avait remarqué la manière dont les hommes et les femmes guignaient son reporter. Comment les femmes mordillaient leur lèvre inférieure à son passage, comment les hommes le reluquaient de la tête au pied. Haddock avait mis un temps fou à le réaliser, ou du moins à l'admettre, mais Tintin était incroyablement attirant et faisait l'objet de toutes les convoitises.

En plus d'avoir un charisme scandaleux, Haddock trouvait, personnellement, ses petites fossettes craquantes et son cœur restait accroché à chaque fois qu'il croisait ce regard d'un bleu céleste.

Et c'est sans parler de son corps élancé et de son parfum.

De son petit nez et de ses longs doigts fins.

De son air ingénu et de son petit c...

Oh, pardon, oubliez ça. On a dit : fini les fantasmes. Archibald vient tout juste d'annoncer qu'il est un adulte mature, responsable, qui sait se contrôler et qui est pleinement satisfait de leur relation actuelle. On oublie donc ses désirs inappropriés et on passe à autre chose.

Bien, reprenons. Nos héros étaient donc en train de rentrer chez eux.

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Sous un ciel dégagé, les hiboux hululaient au son du vent entre les branches et les graviers crépitaient sous les pneus humides du taxi qui arrivait aux abords de Moulinsart.

Enfin à l'arrêt, Haddock tirait cent francs de son porte-feuille pour les tendre au chauffeur pendant que son ami sortait le premier. La demeure était plongée dans le noir mais on pouvait distinguer la lueur d'un feu de bois à travers la fenêtre du salon. Tintin attendait sans bouger que le Capitaine sorte à son tour, une fois que le taxi eût fait marche arrière, il en profitait pour saisir sa main. Ils échangèrent un sourire timide et entremêlèrent leurs doigts avant de se diriger ensemble vers le château.

Il faut savoir que si le marin se laissait faire désormais, il en aura fallut du temps avant qu'il ne comprenne que ''non, ce n'est pas grave d'avoir les mains moites'' et que non, ça ne dérangeait pas Tintin. C'était donc après moult efforts qu'ils pouvaient enfin se tenir la main comme des collégiens.

Cependant ils se lâchèrent en hâte lorsque, s'approchant de l'entrée, la porte s'ouvrait d'elle même dans un grincement. Le majordome à la veste rayée jaune et noir les accueillait « Un invité pour vous Monsieur, il vous attend dans le salon. » avait-il annoncé avant de s'incliner légèrement pour prendre congé.

Un invité ? Oui, ils attendaient quelqu'un et pas n'importe qui. Un ami chinois très important qu'ils n'avaient pas vu depuis des mois. Les deux hommes rayonnaient à cette annonce et le roux emboîtait le pas alors que le brun était encore entrain de suspendre son manteau.

Il faut l'admettre, au départ, Tchang n'avait été qu'une source de problèmes aux yeux du marin lors de leur expédition au Tibet, mais il s'était depuis pris d'une tendre affection pour le jeune garçon, surtout depuis qu'il avait descendu une partie de la montagne en le portant sur son dos. Il était si léger et si frêle qu'on ne pouvait que s'inquiéter pour lui. Tchang lui avait alors un peu ouvert son cœur en lui racontant son passé et ses origines et il comprenait enfin ce que Tintin voyait en lui.

En y repensant, Haddock se sentait soudain bien joyeux de revoir son nouvel ami, il se pressait donc d'accrocher son manteau et sa casquette et se dirigeait vers le salon où Tintin et Tchang l'attendaient.

Sans réfléchir, il ouvrait les portes en grand mais elles se refermèrent lourdement derrière le marin qui s'était figé à peine entré.

La pièce était plongée dans l'obscurité, seul le feu éclairait les deux jeunes hommes au milieu du salon. Ils fêtaient leurs retrouvailles dans une tendre embrassade. Ils s'éloignèrent l'un de l'autre comme pour mieux s'admirer. Le visage de Tintin était empourpré par la lueur du feu et brillait sous les larmes de joies.

Haddock reculait d'un pas, saisit par le doute. Qui était-il pour interrompre ces deux hommes dépeints par le feu tel un tableau dont même les ombres qui s'étendaient jusqu'au plafond semblaient s'entrelacer ? Une vive douleur lui prit le cœur, l'hésitation le paralysait, lui qui n'était qu'un vieux loup de mer, il paraissait bien insignifiant par rapport au lien si fort qui unissait ces deux garçons tellement jeunes.

« Ah, Capitaine, venez, approchez ». Le roux lui fit signe, l'invitant à les rejoindre. L'homme tentait de reprendre ses esprits et s'avançait d'un pas timide. Après tout, il s'inquiétait sûrement pour rien, c'était un grand garçon, bon sang, il pouvait comprendre que Tintin ai d'autres amis, même s'il s'agissait d'amis plus importants que lui...

Il fit un vague geste de la main pour saluer l'invité qui le lui rendit. À la vue du sourire du jeune brun Archibald s'adoucit un peu et posa une main amicale sur son épaule. « Tchang, mon garçon. Comment allez-vous ? » le gratifiait-il avec un sourire. Cependant, ce fut peut être sa stature ou sa grosse voix, mais le fait est que son invité semblait fort intimidé.

« Bonsoir, Capitaine... Je vais bien... Merci. » répondait-il d'une petite voix à peine audible. Le regard fixé sur le sol, jouant avec ses doigts, il se trémoussait sur lui même comme une petite sourie apeurée.

Hum... Ce n'est pas exactement la réaction que le marin s'était imaginé, surtout après le spectacle réjouissant auquel il venait d'assister. Certes, il était moins proche de lui que ne l'était Tintin, mais tout de même, lui aussi avait, rappelons le, affronté tempêtes de neiges et yéti enragé lors de leur expédition au Tibet pour le retrouver.

Heureusement, Tintin était là pour détendre l'atmosphère et briser un peu la timidité du garçon. « Nous devrions aller nous coucher, il est tard. Tchang nous racontera son voyage demain. » avait-il annoncé en faisant machinalement glisser sa main sur le bras du barbu. Alors qu'il quittait la pièce, Haddock le suivait du regard.

À peine le roux eût-il atteint la porte que le marin se sentait soudain tirer par le bras. Les petites mains du chinois encerclaient son poignet et l'avaient forcé à se pencher vers lui, lui faisant courber le dos afin que Tchang, sur la pointe des pieds, puisse susurrer à son oreille.

« Je ne vous laisserai pas sortir avec Tintin. » affirmait-il sans l'ombre d'un doute. Le barbu le regardait, perplexe.

« Que…

-Capitaine, Tchang, vous venez ? » Tintin les avait interrompu, patientant sur la pas de la porte. « Oui oui, on arrive. » l'adolescent avait relâché son emprise en un instant, sa voix jusqu'alors menaçante redevint soudain mielleuse.

Haddock le regardait partir, interdit. Le visage du jeune brun arborait un sourire timide en face de Tintin, il avait l'air si innocent. Le vieil homme avait-il mal entendu ? Tandis qu'il mettait en cause son ouïe, le regard narquois que l'asiatique lui lançait en coin ne put malheureusement que confirmer ses doutes. Tchang l'avait bien menacé, il allait tout faire pour se mettre entre Tintin et lui.

Soudain seul au milieu du grand salon, Haddock regardait les deux hommes s'éloigner. Ses veines transparaissaient sur son bras, ses mains fermées en poings cylindriques peinaient à contenir sa frustration. Le cœur lourd, le marin était dévoré par le doute et surtout par ce sentiment vicieux qui prend au cœur : la jalousie.