Je ne possède aucun des personnages des films ou des livres
Il doit former l'élu, il a trouvé un frère, oubliant juste que tous les sentiments ne sont pas dénués de risques. Il doit devenir l'élu, celui qui amènera l'équilibre, il se laisse pourtant guider par la peur, l'arrogance et l'amour. [Challenge de l'été 2019 – Collectif NONAME-Thème "Juin à quatre mains".]
Ce texte a été écrit à 4 mains avec EmilieKalin, chacune de nous ayant choisi le point de vue d'un personnage. Tiens, d'ailleurs, saurez-vous trouver qui a écrit quoi ? Après réflexion nous avons décidé de le publier chacune sur notre compte et de nous prévenir mutuellement en cas de review (n'hésitez pas à aller faire un tour sur son profil ;) ).
En tout cas, j'adore écrire ce texte avec Emilie, on se rejoint sur tellement de points, et je suis vraiment super honorée qu'elle ait accepté ce challenge. ça a été et se sera encore un véritable plaisir ! Merkiii Emilie !
En espérant que cela vous plaise. Dites les nous en review !
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
L'APPEL DU CÔTE OBSCUR
Prologue
Je connais la douleur. J'ai déjà traversé de nombreux combats, j'ai déjà été frappé, blessé, donné pour mort, mais cette douleur-là, cette douleur qui vous consume de l'intérieur et qui oppresse votre cœur jusqu'à ce que chaque battement soit douloureux, je ne pensais pas que c'était possible. Pire, je ne pensais pas que des simples mots pouvaient faire aussi mal… Comme je ne pensais pas qu'il serait la personne qui prononcerait ces mots.
Pourtant, il a l'air sûr de lui, cela ne ressemble pas à un mensonge. Il a posé ses mains sur ses épaules pour le placer devant lui comme il l'a eu fait avec moi quand j'étais plus jeune. Ses mains qui vous apaisent immédiatement, qui vous protègent. Il y a un tel côté rassurant chez lui… paternel.
Oui… Elle vient de là ma douleur, ce n'est pas mon maître que je suis en train de regarder, c'est le père qui m'a élevé. Les autres m'avaient prévenu que notre relation ne semblait pas conforme au Code, mais je n'ai rien voulu voir. Est-ce que j'ai fini par croire que nous serions toujours ensemble ? Qu'il n'y en aurait plus jamais d'autres après moi ? Comment j'ai pu être aussi aveugle ? Je n'étais pas le premier, je ne serai pas le dernier.
C'est la règle des Jedis. Il y a des maîtres et des apprentis… Et les maîtres changent d'apprentis… Seulement, jamais de manière aussi abrupte. Est-ce qu'il se rend compte qu'il vient de me rejeter en direct avec une violence qui m'a coupé le souffle ? « Moi je le formerai… »… Quatre mots, juste quatre mots dits avec le même entêtement qui le prive de siéger au Conseil des Jedis. Pourtant, il en aurait l'étoffe. Qui Gon Jinn est sans doute l'un des plus grands Jedis de son temps, mais il est impulsif aussi… ça m'a fait sourire plus d'une fois d'ailleurs, mais pas là… parce qu'aujourd'hui c'est contre moi. Pourtant je l'ai soutenu. Mécaniquement j'ai dit au Conseil que j'étais prêt à prendre mon envol. C'est faux, mais c'était ce qu'il avait besoin d'entendre de ma bouche à ce moment précis, alors je l'ai fait… Je l'ai fait même si je partage l'avis des autres. Il est trop vieux, trop empli de sentiments perturbants. Il est dangereux… et il veut me l'enlever… Non, ça c'est ma jalousie qui parle. Pour le moment il est avec moi et son sourire se veut rassurant. Je me suis senti apaisé quelques heures, mais tout cela n'était qu'un leurre.
Il était écrit que je devais le perdre… d'une manière ou d'une autre, j'allais le perdre et au moment où j'ai senti son cœur s'arrêter sous mes doigts, j'ai eu l'impression de devenir orphelin une deuxième fois… Je n'ai plus rien, plus de famille… juste une promesse. Une promesse que je lui avais faite alors qu'il s'entêtait encore à l'article de la mort, la dernière chose que je pouvais faire pour lui.
Alors je me suis redressé et je suis retourné voir le Conseil. Je ne me rappelle même plus trop de ce que je leur ai dit. Je me rappelle juste du regard réprobateur de maître Yoda, mais cela n'avait pas d'importance, ils ne pouvaient pas me refuser ses dernières volontés… Est-ce que j'ai haussé la voix à un moment ? Oui, peut-être, je ne sais plus vraiment…
Tout ce que je sais, tout ce que je vois, c'est le regard inquiet de ce petit garçon de Tatooine se posant sur moi pendant que j'essaie de ne pas m'effondrer devant tout le monde, devant ce bûcher qui m'arrache ce que je ne voulais pas perdre : « Qu'est-ce que je vais devenir ? ». Je me rappelle du frisson le long de mon échine et de la satisfaction teintée de tristesse qui m'a étreint à ce moment précis. Au moins, je pourrais exhausser son dernier vœu, alors j'ai murmuré dans un souffle.
- Tu deviendras un jedi.
OoooO
Je suis là. Seul. J'ai perdu la seule personne qui ait voulu de moi, qui ait voulu m'élever au rang de Jedi, qui m'ait fait quitter ma condition d'esclave. Lui, le grand Jedi, repose à présent sur son bûcher de funérailles, mort, entouré de flammes qui brûlent un père et un rêve.
Quand je l'ai rencontré et aidé, il me semblait être la personne qu'il nous fallait à ma mère et moi pour nous sauver. Je me trompais. Il ne venait pas nous délivrer. Pourtant, ce chevalier Jedi revenait, parlait et me regardait avec insistance parfois. Je l'intriguais. Et soudain, il m'offrait un rêve, une chance de quitter ce monde fait de servitude. Qu'à moi, pas à ma mère, mais j'ai fait un choix difficile. Et j'ai également fait une promesse importante. Comment pourrais-je la tenir si j'ai aussi perdu ce rêve auquel je me rattachais ?
Perdre. Voilà quelque chose qui me tourmente depuis longtemps. Perdre quelqu'un. Lors de la rencontre avec le Conseil Jedi, ils ne voulaient pas de moi comme novice, à cause de cela. Le Grand Maître Jedi Yoda avait ressenti de trop grandes peurs en moi. Surtout celle de perdre ma mère.
Ils m'ont donc repoussé car j'aimais ma mère, qu'elle me manquait et pour eux ce n'était pas normal ? Pourtant, je trouve que c'est un bon moteur pour se dépasser, devenir un bon chevalier Jedi. Pour protéger ceux qu'on aime, ne doit-on pas avoir peur de ne plus les revoir ? Et c'est exactement le pourquoi que je me suis retrouvé, là, devant eux ! Pour pouvoir la sortir aussi de cette situation, lui offrir mieux qu'une vie d'esclave et la garder près de moi ! Sans cette volonté et cette peur, je serais là-bas encore ! Comment peuvent-ils renier ce que Qui Gon a vu en moi ?
Car je sais. J'ai entendu ce que le Maître Jedi et son Padawan se sont dit. Qui Gon pensait que j'ai quelque chose, quelque chose de spécial. Comme être l'élu de leur prophétie. Obi Wan me semble plus sceptique vis-à-vis de moi. Je ne sais pourquoi. Peut-on être jaloux quand nous sommes un Jedi ? Car j'ai l'impression que c'est ce que je lis dans les yeux du Padawan. Mais à ce que j'ai compris, la jalousie, c'est comme la peur et l'attachement ; il faut s'en débarrasser.
D'après eux, cela mène au côté obscur. Mais si je suis l'élu, cela sera impossible, je serai trop fort pour me laisser manipuler de la sorte. L'amour que j'ai reçu et donné à ma mère ne peut pas m'attirer sur ce chemin sombre comme ils semblent en être persuadés. La rage, à un moment, a fait frémir mon corps, je me suis crispé devant ce rejet, cette injustice. Injustice car j'ai réussi tous les tests. Sans exception, et ils ne veulent pas de moi.
Heureusement Qui Gon m'a gardé près de lui. Je pouvais l'observer. Et j'ai senti qu'il allait passer outre les ordres, m'enseigner plus que ce qu'il avait le droit. J'en suis sûr. Mais il n'a pas eu le temps.
Je suis là. J'ai quitté ma mère, j'ai perdu mon ami et mon père de substitution, que vais-je devenir ?
Ma question a raisonné si fortement dans mon esprit que mes lèvres l'ont formulée malgré moi, me tournant instinctivement en direction de l'ancien Padawan. Pour finir je ne serai pas seul. Car Obi Wan me répond, avec un éclat de sincérité puissant dans son regard :
- Tu deviendras un Jedi.