Je ne possède rien de ce que vous reconnaissez.


Coucou!

Voilà, la première partie de ce chapitre, je posterai la deuxième dans une semaine ou deux. J'ai été obligée de le couper en deux pour... des raisons.

En tout cas, bonne lecture et merci à tout le monde!


Daesyn frotta lassement le talon de ses paumes contre ses yeux irrités. Fatiguée par sa propre agitation, elle s'allongea sur le dos et poussa un long soupir en fixant les toiles de velours rouge qu'elle n'avait pas pris la peine de détacher en montant dans son lit plus tôt dans la nuit.

Son poignet gauche remonta jusque devant ses yeux…

…Il était à peine une heure.

Son bras retomba mollement dans les draps.

Le dortoir était plongé dans l'obscurité la plus totale et les seuls bruits qui entrecoupaient son silence, se trouvaient être les ronflements intempestifs de ses camarades de chambre.

Daesyn doutait que le vieux directeur de l'école de sorcellerie de Poudlard ait connaissance du trouble qu'il avait gentiment semé dans son esprit quand il lui avait parlé de la royauté magique.

"Prince de Norvège," murmura la métamorphomage "rien que ça!" Elle gloussa stupidement puis s'étouffa presque lorsque l'une des filles grommela quelques mots incompréhensibles dans son sommeil.

Daesyn remonta encore une fois son bras devant ses yeux et consulta sa montre. Une heure et dix minutes.

Ça commençait sincèrement à devenir une longue nuit.

La sorcière observa avec une fascination désintéressée, un éclair violet se refléter dans le cadran, rapidement suivi d'un deuxième. A présent, la pluie giflait les carreaux et le son du tonnerre roulait contre les murs de pierre du château.

Il était particulièrement étonnant qu'elle n'ait jamais entendu un murmure à propos de ce prétendu prince, ou encore de la couronne magique. Encore plus surprenant qu'il n'y ait pas de cours d'Histoire de la Magie à ce sujet… Quoi qu'en y repensant, Binns était un professeur extrêmement médiocre.

A vrai dire, elle n'avait que très peu de connaissances sur le fonctionnement politique des autres pays magiques. Pire, elle ne savait pas grand-chose de son propre pays outre le fait qu'elle obtiendrait le titre de Lady et au moins une place au MagenMagot dès sa majorité.

Sachant pertinemment qu'elle ne s'endormirait pas, du moins pas à l'instant, Daesyn roula d'un geste souple vers le bord du lit puis plongea le bras dans le vide. Elle se félicita mentalement de ne pas avoir enchanté son lit pour qu'il flotte continuellement au dessus du sol car, le cas échéant, la sorcière n'aurait pas eu le courage de descendre et de remonter pour aller chercher ce qu'elle voulait dans son coffre.

Ainsi penchée, la métamorphomage tâtonna un peu jusqu'à trouver sa valise pour en sortir son ordi, grimaçant un peu quand une douleur se faufila au creux de ses reins au faux mouvement. Cependant, au lieu de trouver ledit objet, sa main heurta une surface lisse, froide et glissante.

Perturbée par cette chose qu'elle ne se souvenait pas avoir placé dans sa valise, Daesyn le tira d'une main prudente jusque sur son ventre et sans plus de cérémonie, ferma sèchement les rideaux autour de son lit à baldaquins puis entreprit d'entasser les coussins sous ses épaules pour se rehausser.

Du bout des doigts, Daesyn put distinguer un morceau de parchemin rêche collé à la chose qui s'avérait être rectangulaire. Elle le détacha prudemment et le plaça à quelques centimètres de ses yeux, sans pour autant y voir quelque chose.

La sorcière grommela de mécontentement et tira sa baguette, soigneusement placée sous son oreiller. "Lumos," murmura-t-elle discrètement.

Une faible lueur apparut instantanément et Daesyn pria pour que la lumière ne réveille aucune des filles. Elle n'en entendrait jamais la fin sinon.

Elle porta prestement sa baguette devant ses yeux, louchant désagréablement sur le petit papier. "Miroir enchanté; Prononce mon nom si tu as besoin de n'importe quoi."

Daesyn froissa le parchemin et cala ce qui s'avérait être un miroir entre ses bras. Et bien, elle n'était pas idiote, elle savait très bien que c'était un miroir depuis qu'elle avait allumé la lumière. Mais c'était un miroir magique.

"Kingsley," murmura-t-elle, remuant à peine ses lèvres devant son reflet aux traits tirés. Elle regarda fixement ses propres yeux noirs et les cligna rapidement pour qu'ils se muent en une couleur plus claire, celle qu'elle avait pris l'habitude de porter ses jours-ci. Pas qu'elle n'aimait plus le bleu qu'elle avait auparavant. Seulement, contrairement à ce qu'elle avait dit à Kingsley, ses récents cauchemars avaient plus à voir avec le changement, que la mort de Voldemort.

La Mort avait très souvent les yeux bleus dans ses terreurs nocturnes.

Elle détestait ça.

Daesyn continua de fixer son propre reflet et crut avoir fait une erreur –même si cela semblait improbable- lorsque rien ne se passa. Alors même que la pensée fugace qu'elle se soit trompée traversait son esprit, le miroir brilla d'or et l'aveugla quelques instants.

L'image flotta et quand elle releva la tête, ce ne fut pas son regard qu'elle croisa mais celui de Kingsley, qui portait un air plutôt fatigué.

"Bon sang, Daesyn, c'est minuit passé!" rouspéta-t-il, bien que cela sonne à ses oreilles comme peu enthousiaste. "Qu'est-ce que tu fais encore debout?"

"Euh…j'arrive pas à dormir. Désolée si je t'ai réveillé. Je pensais même pas que tu répondrais."

Son tuteur poussa un long soupir. L'image se brouilla quelques instants et lui vint la pensée que Kingsley lui avait "raccroché" au nez. Toutefois, le flou disparut et l'image se stabilisa et Daesyn observa l'Auror enroulé dans une robe de chambre, s'appuyant contre le dossier du canapé.

"Dis-moi," demanda-t-il avec une légère curiosité dans le fond.

"Quoi donc?"

"La raison pour laquelle tu me tires du lit à…" son bras passa devant le miroir," une heure trente-deux du matin, alors que tu as cours dans quelques heures?"

Daesyn s'enfonça dans les coussins derrière elle en faisant la moue. "Le grand évènement de cette année," commença-t-elle d'un ton sarcastique, "est un échange avec d'autres pays pour les cinquièmes, sixièmes et septième années. Et je suis jumelée avec un Norvégien." Finit-elle platement.

Kingsley cligna des yeux. "Tu as quelque chose en particulier à reprocher aux Norvégiens?"

Daesyn étouffa son rire dans son poing, "Non!" Elle roula des yeux. "Bien sûr que non. C'est juste qu'il a dix-sept ans et comme tout est programmé pour qu'on ne rate pas une année, je dois me décider entre assumer trois classes différentes, ou refuser. Sans oublier les examens."

"Je ne pense pas que cela te pose un réel problème, non? C'est quoi, la vraie raison?"

"Comment peux-tu savoir qu'il y a autre chose?" Demanda-t-elle avec suspicion.

Kingsley avait l'air satisfait. "Tu viens juste de me le confirmer."

"C'est aussi le prince." Soupira-t-elle. "Mon partenaire, je veux dire."

"Tu as quelque chose contre les princes maintenant?" Demanda l'Auror, sans qu'une seule once de choc ne traverse son visage.

"Non," nia-t-elle, se mordant l'intérieur des joues pour ne pas éclater de rire.

"Alors de quoi as-tu peur?" Daesyn évita son regard, seulement pour être à demi aveuglée par un autre éclair.

"Rien en particulier." Elle essaya de garder sa voix la plus neutre possible et fit abstraction du regard peu convaincu de Kingsley.

Une minute passa. "Attends. Quand tu dis prince…tu parles des Lyxem?" Demanda-t-il de façon rhétorique.

"…Oui. Tu connais?"

"Ne me dis pas qu'on ne t'en a jamais parlé?!" S'indigna-t-il à voix basse quand elle lui fit signe de parler moins fort.

"Euh…non. J'ai grandi avec des moldus, tu te souviens?"

"S'il y a bien une chose essentielle à connaître à propos de la politique sorcière, c'est bien ça. Comment as-tu pu passer à côté pendant tant d'années?" Daesyn ouvrit la bouche pur formuler une réponse, mais seul un long bâillement sortit à la place.

"Est-ce que je suis si ennuyeux que je t'endors?" Plaisanta-t-il de bon cœur. "Je vais faire vite. Promis. Pour commencer, la famille Lyxem gouverne non seulement la Norvège sorcière, mais aussi la totalité des communautés magiques."

"Comment ça?" Elle cligna rapidement des yeux pour dissiper le picotement insistant qui la poussait à les fermer contre sa volonté.

"Si tu veux, chaque gouvernement a son propre fonctionnement mais ils sont en quelque sorte, l'autorité suprême. En fait, notre monde a ce qu'on appelle une toile, qui est constituée de pleins de petits filaments magiques et qui protège nos rues, nos villes, nous-mêmes de la connaissance de notre existence des moldus. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais les Lyxem sont vénérés pour une raison : ce sont les seuls à être capables de renouveler cette magie nécessaire à la protection de notre monde."

"Wow," s'essouffla-t-elle, malgré l'envie de plus en plus pressante de fermer les yeux.

"Je ne vais pas prendre de décision à ta place Daesyn, mais je pense sincèrement qu'avoir une autre personne sur laquelle compter dans ton entourage te ferait du bien." La sorcière hocha la tête, alors même qu'un sourire narquois apparaissait sur le visage de Kingsley.

"Quoi?" Demanda-t-elle avec méfiance.

"Rien."

"Tu ne peux pas me donner cette réponse quand tu souris comme ça!" Dit-elle d'un ton accusateur en le pointant du doigt.

L'Auror gloussa.

"Je pense que vous pourriez devenir beaucoup plus que de simples partenaires d'échange."

"Tu viens de me le dire." Répondit-elle en clignant des yeux, décontenancée.

"Hmm…" Daesyn cligna des yeux puis rougit d'embarras en comprenant ce que Kingsley laissait entendre.

"Non. Certainement pas." Nia-t-elle d'un ton sans réplique.

"Tu n'en sais rien," il lâcha un rire bref, "je dis seulement que, si ça se trouve, j'ai devant moi la future reine de Norvège."

Daesyn sentit ses joues s'enflammer d'autant plus. "Jamais. Je serai reine de rien du tout. Maintenant merci et bonne nuit."

Elle entendit à peine le rire de Kingsley avant qu'elle ne pose le miroir face cachée sur la couverture.

La métamorphomage s'allongea dans les coussins et posa ses mains sur ses joues brûlantes pour tenter d'en balayer la chaleur, sans grand succès. Daesyn se redressa pour glisser le miroir magique dans le tiroir de sa table de chevet, sa baguette sous son oreiller et finalement elle-même sous les couvertures désormais plus accueillantes. Un autre bâillement passa entre ses lèvres et une infime réticence, elle ferma ses paupières et se laissa tomber dans les bras de Morphée.


"…Syn. Daesyn. DAESYN!"

Le hurlement qui heurta ses oreilles la tira en sursaut de son profond sommeil. Daesyn se redressa tellement vite que pendant plusieurs instants, la pièce dans laquelle elle se trouvait lui parut floue.

La paysage autour d'elle se stabilisait quand elle s'aperçut que son nez se trouvait à quelques centimètres de celui de Katie, l'une de ses coéquipières de l'équipe de Quidditch de Gryffondor et en quelque sorte une amie, qui de son côté, l'observait l'air plus agacé qu'amusé. L'adolescente prit son apparence impeccable, de ses cheveux tirés proprement, à son uniforme sans plis jusqu'à ses chaussures cirées.

"C'est déjà le matin!" geint-elle en sautant du lit pour rassembler ses affaires déjà étalées un peu partout dans son coin de dortoir alors même qu'elle n'était arrivée que la veille.

"Si ce n'était pas le matin, je ne m'amuserais certainement pas à essayer de te réveiller! Dumbledore a déjà présenté le nouveau prof de défense alors bouge-toi maintenant, Lee t'attend en bas!"

"Quelle douceur," marmonna Daesyn dans sa barbe lorsque la fille plus âgée s'éloigna, nullement offensée de la mauvaise humeur matinale habituelle. La sorcière courut vers son sac en bandoulière et y rangea tous ses manuels et, après une légère hésitation, y plaça aussi le miroir. Elle détacha l'élastique qui retenait la masse de boucles qu'il lui fallait démêler avant de commencer à brosser énergiquement ses cheveux, qu'elle ne prit pas le temps d'attacher.

Daesyn dévala l'escalier en colimaçon à toute vitesse et se fraya un chemin à travers la salle commune peu bondée pour rejoindre son ami.

"Où sont Fred et George?" Demanda-t-elle en s'arrêtant devant Lee qui attendait, depuis un moment semblait-il, près des moelleux fauteuils rouges de la salle commune Gryffondor.

"Bonjour à toi aussi," déclama-t-il joyeusement en la tirant par le bras pour sortir de la pièce.

"Les jumeaux sont déjà descendus?" S'étonna Daesyn alors qu'ils passaient par le portrait de la Grosse Dame.

"Oui," Lee hocha frénétiquement la tête, "ils ont parlé d'un projet et sont partis."

Daesyn acquiesça. Elle avait l'étrange sensation que Fred et George cachaient quelque chose et ce, depuis cet été. Que Lee lui-même ne soit pas au courant de ce qu'ils préparaient était une première.

"Alors, qu'est-ce que Dumbledore voulait?" L'interrogea-t-il. Ils descendaient à présent un grand escalier bordé par divers portraits de vieux sorciers, bien trop occupés à discuter pour leur prêter quelconque attention.

Daesyn jeta un rapide coup d'œil sur son ami avant de lui raconter ce qu'il s'était passé le soir précédent, sans omettre un seul détail, pas même la conversation qu'elle avait eue avec Kingsley, tard ou plutôt, tôt ce matin. Elle achevait tout juste son récit lorsqu'ils arrivèrent au pied de l'escalier de marbre, où la plupart des élèves de l'école s'étaient arrêtés pour entamer une discussion avec leurs amis.

Elle eut la nette impression que l'intensité des bavardages augmenta d'un cran lorsque plusieurs d'entre eux la reconnurent grâce à la célèbre cicatrice en forme d'éclair, dont la couleur rosée s'était pourtant peu à peu atténuée pour devenir une simple ligne blanche au cours de l'été.

"Est-ce que ça veut dire que tu vas être dans la même classe que nous?"

Daesyn haussa les épaules.

"L'Auror Shacklebolt n'a pas tort tu sais," continua Lee sans relever le manque de réponse. Ils passèrent enfin les portes et se dirigèrent tout droit vers des places libres, près de premières années qui firent de grands yeux en la voyant assise à côté d'eux. Elle n'y prêta que peu d'attention et commença à remplir son assiette de crêpes, qu'elle tartina soigneusement de confiture.

"A quel propos?" Demanda-t-elle soigneusement en attrapant son verre.

"Ce serait vraiment cool si tu devenais reine de Norvège."

Daesyn s'étouffa avec son jus de citrouille.

Les larmes aux yeux, qu'elle cligna rapidement, la jeune femme fixa Lee qui souriait sciemment. "Non ce ne serait pas cool." Contra-t-elle.

"Ah si," répondit-il avec joignant les mains en un geste grandiose, "je suis sûr que tu seras du même avis quand il sera là. Personne ne peut nier le fait qu'il soit vraiment, vraiment canon," rajouta Lee avec un clin d'œil espiègle.

"Tais-toi," grogna Daesyn en se jetant presque par-dessus la table pour lui mettre un doigt menaçant contre le front ce qui eut pour seul effet de le faire rire.

"Mademoiselle Potter," intervint une voix sonnant perplexe derrière elle.

Daesyn retira immédiatement sa main et se rassit dignement sur le banc, sans oublier de jeter un regard noir au sorcier plus âgé.

"Votre emploi du temps," sa cheffe de maison lui donna un bout de papier. Daesyn leva la tête vers le visage de McGonagall qui se tenait toujours sur son côté. "Nous verrons pour l'aménager en fonction de votre décision."

"Merci Minnie," McGonagall soupira d'exaspération et tendit à Lee son propre emploi du temps, "Monsieur Jordan."

"Merci professeur."

"Justement, qui enseigne la défense?" Demanda Daesyn en fixant son emploi du temps.

"Lui," répondit Lee en désignant du menton un homme dont elle ne pouvait distinguer que la masse de cheveux blonds qui surplombait son crâne.

Elle renifla sèchement. "Espérons que ce ne soit ni un idiot, ni un meurtrier."

"Hmm. Tu commences par quoi?" Demanda-t-il en louchant sur son emploi du temps.

"Histoire de la Magie," elle soupira, "puis doubles potions, double défense et runes."

"Aïe," Il mima une grimace de douleur.

"Hé, Lee?" Appela-t-elle, d'un ton faussement dégagé.

Le Gryffondor délaissa le toast qu'il était en train de grignoter pour la regarder.

"Tu connais un peu…euh…la famille royale?" Elle baissa la voix sur la fin de sa question pour que seul lui ne l'entende.

"Tu viens?" Incita Lee en se levant du banc, une pile de toasts bancale entre les mains.

Daesyn comprit l'allusion et se leva à son tour.

Pendant leur petit-déjeuner, le Hall s'était vidé de ses nombreux élèves, qui se dirigeaient sûrement vers leurs premières classes de l'année. Désormais, enfoncés dans les couloirs du château des étages supérieurs, les deux sorciers se trouvaient loin des oreilles indiscrètes.

Daesyn n'avait pas particulièrement envie d'être harcelée dès le début de l'année, du moins pas plus qu'elle ne l'était déjà. C'était une chose qui la stupéfierait toujours: peu importe combien les gens ici la détestaient, ils n'hésiteraient toutefois pas un instant pour venir lui demander un autographe.

Lee les emmena dans une alcôve près de sa salle d'Histoire et s'assit sur le banc glacé par les courants d'air qui circulaient dans le château.

"Il y a un truc qui me dérange," rouspéta Daesyn en se félicitant mentalement pour avoir enfilé une robe semblable à celle de la veille, "c'est pourquoi je ne savais pas."

"Ce n'est pas très surprenant," intervint Lee en mâchant un morceau de toast, "puisque c'est une évidence pour nous, les sorciers. Tout sorcier connaît la base de la politique et du fonctionnement international magique. C'est comme ça, une convention, un non-dit en quelque sorte. Tu n'en entends jamais parler parce qu'on n'en a pas besoin."

"D'accord, d'accord," Daesyn appuya sa tête contre le mur et resserra sa cape autour de ses épaules. "Et cette histoire de toile entre les deux mondes?"

"Ah. Ça, et bien-," une forte sonnerie retentit au-dessus de leur tête et Daesyn gémit de déception.

"Je vais encore devoir attendre!"

Lee lui donna une tape sur l'épaule, "on se retrouve tout à l'heure?"

"Ouais. Tout à l'heure."

Le cours de Binns était à son avis, la classe la plus ennuyeuse de toutes. Le fantôme n'en changeait jamais le fonctionnement, qui consistait à prononcer de longs monologues rébarbatifs prononcés d'une voix sifflante et monotone.

Le cours d'aujourd'hui portait sur les guerres des géants. Et bien que seules quinze minutes se fussent écoulées depuis le début, les trois-quarts de la classe luttaient déjà contre le sommeil ou se distrayaient en regardant le plafond.

Daesyn, elle-même un peu ennuyée, se tourna vers Neville dont la tête était posée sur le poing et vacillait dangereusement. La sorcière le poussa gentiment du coude pour le réveiller et après avoir légèrement sursauté, celui-ci lui donna un faible, mais sincère, sourire.

Neville était implicitement son partenaire attitré dans la plupart de ses classes. Ils étaient tous deux les parias de Gryffondor, bien que pas de la même manière, orphelins de parents, et le plus important: ils étaient les élèves les plus détestés de Rogue.

Tout cela mis à part, elle ne savait vraiment pas grand-chose de lui.

Penser à Rogue l'amena à réfléchir aux façons dont il allait essayer de l'humilier cette année. Depuis qu'elle avait posé pour la première fois les pieds à Poudlard, l'homme lui vouait une haine vindicative sans nom et tentait par tous les moyens de l'expulser de l'école –ou du moins, des cours de potions. Daesyn se doutait bien que les Potter, particulièrement James, avaient à voir avec la haine que lui portait son professeur de potions. Mais pourquoi? –Elle n'en savait rien.

Finalement, la cloche sonna leur libération, et Daesyn s'empressa de ranger ses affaires. Elle lança un vague au revoir au professeur Binns, qui continuait son cours d'un ton morne sans n'être nullement perturbé par les élèves se précipitant hors de sa classe.

"Lee! Lee!" Appela Daesyn au milieu de l'escalier bondé, lorsqu'elle vit sa masse de cheveux hirsutes par-dessus les têtes des autres élèves.

Le plus âgé s'arrêta en plein milieu de l'escalier, provoquant plusieurs plaintes de la part de ceux qui durent le contourner pour continuer leur chemin.

"Fred et-" commença-t-elle en cherchant deux têtes rousses dans le couloir.

"-Sont retournés à la salle commune pour 'étudier le marché' et établir de nouveaux produits en conséquence. Alors ce cours d'histoire?"

Elle leva les yeux au ciel.

Arrivés dans la cour humide, Lee et elle se trouvèrent une nouvelle alcôve pour discuter tranquillement, mais surtout pour se mettre à l'abri de la fine brume qui descendait du ciel et trempait leurs cheveux.

"Qu'est-ce qu'on disait déjà?" Commença Lee, en déballant un carré de chocolat qu'il avait enveloppé dans une poche de sa cape.

"Famille royale. Toile." Répondit-elle méthodiquement.

"Hmm." Le Gryffondor réfléchit un instant. "A vrai dire je ne sais pas ce que c'est réellement." Avoua-t-il pensivement.

"Tu plaisantes?!" S'exclama-t-elle. "Tous les sorciers savent qu'il existe un dispositif qui leur permet de cacher des nations entières au nez et à la barbe de milliards de moldus, et personne ne se demande comment elle est arrivée là!?" Ses cheveux devinrent bleu-verts, et Lee se déplaça légèrement pour être hors de portée de sa baguette, qu'elle agitait dans tous les sens.

"Arrête avec ça, tu vas finir par me crever un œil." Protesta-t-il.

"Bonjour !"

Daesyn se retourna pour voir Cho marcher à grands pas vers eux, traînant derrière elle Cédric qui essayait tant bien que mal de la suivre.

"Qu'est-ce qu'il se passe?" Demanda-t-elle quand elle se fut rapprochée d'eux.

"Daesyn veut savoir comment la toile est apparue," répondit prudemment Lee avec un morceau de chocolat dépassant de ses lèvres.

Les yeux de Cho se mirent à briller. "Enfin quelqu'un qui s'y intéresse!" La jeune femme poussa Lee sans ménagement sur le banc et s'installa à côté d'elle, rayonnant pratiquement d'excitation. " Pour faire simple, la toile, c'est comme un écran qui sépare nos mondes et qui empêche ceux qui ne sont pas au courant de la magie, de la voir."

Daesyn acquiesça. "Oui, Kingsley m'a expliqué ça."

Cho hocha la tête comme pour donner son approbation. "A l'époque où la menace des moldus n'était pas encore bien grande, un petit groupe de sorciers fasciné par l'étude des fuseaux magiques, cherchait à comprendre comment faire disparaitre leurs pouvoirs de la vue de la population non-magiques, à l'aide de runes autonomes. Cependant-"

"Attends, fuseau magique?"

"Ce sont tous les flux de magie qui circulent autour de nous. A Poudlard par exemple, beaucoup de grosses vagues circulent, alors que chez les moldus il n'y en a que des très fines et petites." Répondit Cédric.

"D'accord, comment est arrivée cette toile alors?"

"J'y arrive, j'y arrive," la Serdaigle roula des yeux devant l'affichage de son impatience. "De toute façon, leurs idées prirent réellement forme seulement au XVème siècle, lorsque les persécutions anti-sorciers se firent plus violentes. A ce moment là, seule une famille de six frères et sœurs, avait gardé les notes de leurs ancêtres concernant le projet."

"Les Lyxem?" Ajouta Daesyn en rebondissant pratiquement sur le banc.

"Euh…oui." Reprit Cho. "La Norvège était le meilleur endroit pour débuter l'installation des nombreuses runes puisqu'elle avait relativement peu de sorciers à l'époque. La suite reste plutôt floue, mais d'après l'histoire, les runes se sont nourries en quelque sorte, de la magie des Lyxem puis de celle de leurs descendants pendant des décennies, jusqu'à ce que la toile soit assez puissante pour qu'elle prenne forme."

"Et après?" Poussa Daesyn, décidée à connaître enfin ce qui titillait son cerveau depuis... cette nuit.

"Après, ils-" La cloche retentit bruyamment, coupant toute possibilité à Cho de terminer son explication.

Daesyn frappa dramatiquement sa tête contre le mur de pierres gelé. "Non, non, non! Je vais encore devoir attendre!"

"Pourquoi est-ce que tu veux savoir exactement?" Demanda Cédric en mettant une main entre son front et le mur pour qu'elle arrête de s'y cogner.

Elle ramassa vivement son sac. "J'ai potions! Lee vous expliquera," cria-t-elle en courant dans la direction opposée vers laquelle les deux septièmes années se dirigeaient.

"Je t'attends devant les cachots!" interpella Lee derrière elle. La métamorphomage se tourna à demi et lui donna un pouce levé pour lui faire signe qu'elle avait compris avant de courir de plus belle.

Il n'était pas étonnant que Cho ait été placée chez les bleu et bronze, songea-t-elle en descendant un escalier. Bien qu'elle n'ait pas eu exactement les renseignements qu'elle voulait à propos de la création de la toile, elle en connaissait à peu près les conditions de créations de celle-ci.

Se jugeant à l'heure, Daesyn ralentit le pas et rehaussa la lanière de son sac en cuir sur son épaule, en contemplant passivement les armures de chevaliers soigneusement rangées contre les murs. La sorcière remonta le col de sa cape une fois complètement immergée dans les couloirs des cachots, frappée par l'air frais qui s'y glissait et couvrait les sorciers de tremblements. Elle resta un peu à l'écart de ses pairs, connaissant par cœur l'accueil qui lui serait réservé si elle osait se glisser parmi eux.

Un éclat de mélancolie lui coupa le ventre. L'année prochaine, elle serait seule dans sa classe, mais aussi partout ailleurs dans ses activités quotidiennes au château. Bien sûr Cho serait encore là, mais ce ne serait tout simplement pas pareil.

"Entrez," ordonna la voix austère de Rogue, alors que la porte de sa classe claquait bruyamment. Daesyn secoua la tête pour dégager ses pensées noires. Ils leur restaient une année à passer ensemble, elle n'avait qu'à en profiter. Elle aviserait l'année prochaine pour le reste.

La métamorphomage se dirigea sans attendre vers la table du fond et y déballa prestement ses affaires. Les potions étaient l'une de ses classes où elle se trouvait seule. Neville était installé entre Dean Thomas et Ron Weasley, et franchement, cela ne la dérangeait pas tant que ça de ne pas être à côté du Gryffondor maladroit.

Elle appréciait sincèrement Neville, mais il était ce qu'il était.

Elle avait déjà du mal à garder ses potions parfaites à l'abri des messes basses des Gryffondor et loin des mains sournoises des Serpentard, en plus de Rogue qui ne cessait de venir renifler dans son cou, alors ajouter au mélange un garçon maladroit, c'était simplement du suicide.

"Silence."

Selon elle, l'ordre de se taire n'était pas vraiment indispensable. Dès que la porte avait claqué, le calme s'était instantanément installé et tout signe d'agitation avait disparu. A l'image de McGonagall –bien que d'une manière totalement différente; la simple présence de Rogue suffisait pour apaiser toute une classe.

Le professeur traversa la classe et se posta devant son bureau dans un tourbillon de cape. " Avant de commencer, je pense qu'il est utile de vous rappeler qu'en juin vous passerez un examen au cours duquel vous devrez prouver vos connaissances en matière de composition et d'utilisation de potion magiques. Malgré le crétinisme congénital qui caractérise indubitablement une partie de cette classe," Rogue fit une pause et leur jeta un regard avant de continuer d'une voix glaciale, "il serait souhaitable que vous arrachiez une mention acceptable pour vos BUSES, à moins que vous ne désiriez subir mon mécontentement."

Daesyn observa quelques Serpentard se tourner avec un sourire narquois vers le pauvre Neville, qui se rapetissait autant qu'il le pouvait sur son tabouret.

"Au terme de cette année," reprit Rogue d'une voix doucereuse, "nombre d'entre vous cesseront d'assister à mes cours. En effet, je ne prends que les meilleurs pour la préparation des ASPICS. Toutefois, que vous ayez l'intention ou non de passer cette épreuve, il nous reste encore une année à passer ensemble. Aujourd'hui," poursuivit-il avec un grincement, "nous allons préparer une potion très souvent demandée lors du Brevet Universel de Sorcellerie Élémentaire. Il s'agit du Philtre de Paix, qui est destiné à calmer l'agitation. Néanmoins, dans le cas où vous n'auriez que peu prêté attention à ce que vous faisiez, il se peut que celui qui boive votre potion, tombe dans un profond sommeil et peut-être même, irréversible."

Rogue agita sa baguette. "Les ingrédients et la méthode sont au tableau. Tout ce dont vous avez besoin se trouve dans l'armoire." Les portes de celle-ci s'ouvrirent. "Vous avez une heure et demi. Allez-y."

Daesyn bondit hors de son tabouret avant même que ses camarades ne pensent à se lever et rassembla les ingrédients dont elle avait besoin pour confectionner sa potion. Le philtre de paix était en effet l'une des concoctions les plus délicates à préparer puisqu'il fallait ajouter les ingrédients, exactement dans l'ordre et les quantités indiqués.

Retournée à sa table avec les mains chargées de ce qu'il lui fallait, l'adolescente se perdit bientôt dans le calme que lui conférait la fabrication de potions. Armée de sa spatule, elle touilla attentivement sa mixture dans le sens des aiguilles d'une montre puis dans le sens contraire, en veillant à compter chaque tour dans son esprit pour ne pas tout rater. Sans tarder, Daesyn diminua la chaleur des flammes d'un coup de baguette et profita des sept minutes de répit pour observer les progrès des autres.

Rogue passait dans les rangs en donnant son approbation avec un silence habituel ou au contraire, commentait sarcastiquement la mixture d'un Gryffondor qui n'aurait pas suivi les consignes. De l'autre côté de la classe, Seamus tentait vaguement de ranimer son feu sans pour autant y parvenir.

Daesyn fixa Hermione Granger essayer d'aider Ronald Weasley sans se faire remarquer par leur professeur, dont le sourire s'étendait en un ricanement alors qu'il se penchait finalement par-dessus le chaudron de Seamus. Les lèvres de sa colocataire bougeaient furieusement en remuant sa propre potion, signe qu'elle devait invectiver fougueusement son ami sur son idiotie.

Les sept minutes passées, Daesyn ajouta deux gouttes de sirop d'ellébore et acheva de suivre les dernières instructions de la concoction avant de soupirer de soulagement en écrivant son nom sur l'échantillon qu'elle avait prélevé.

Il n'était pas très surprenant que Rogue ne soit pas venu près d'elle, songea-t-elle en posant sa tête sur ses bras croisés. Il n'avait rien pour l'humilier, mais elle ne se faisait pas d'illusions, ce n'était que le premier jour. Quand une rumeur ou cinquante, auraient couru sur son compte dans quelques jours, il n'hésiterait pas à lancer piques sournoises et commentaires désobligeants.

Dès que la cloche sonna, Daesyn ne perdit pas de temps à sauter sur ses pieds et se précipiter vers le bureau de Rogue pour déposer son flacon, avant de sortir en trombe de la classe. Après tout, Cho était censée lui raconter la suite de l'histoire, bien que cette dernière ne s'en doute pas encore.

Daesyn traçait son chemin vers Lee qui l'attendait un peu plus loin dans le couloir, quand une voix nasillarde l'interpella. Elle retint un soupir.

"Tiens donc, Potter, on cherche à savoir d'où l'on vient?" Même si cela était posé comme une question, le ton qu'employait Malfoy ne faisait justement que suggérer le contraire. En tout cas, la jeune femme n'avait pas besoin de chercher bien loin pour voir de quoi il parlait.

Daesyn se retourna à demi, assez lentement pour voir Lee se décoller du mur et s'approcher à pas vifs. De son point de vue, il était assez exaspérant de constater que Malfoy avait grandi et le fait qu'elle doive lever les yeux pour rencontrer les siens lui donnait l'impression d'être dominée d'une manière plutôt désagréable.

"Alors comme ça les Potter ne t'ont pas suffi," continua-t-il avec un air suffisant, "tu cherches aussi à tuer tes géniteurs? Laisse-moi te dire un truc Potter, s'ils n'ont pas voulu de toi, c'est qu'ils ont sûrement vu à quel point tu étais inutile." Malfoy se redressa quand il vit qu'il avait capturé l'attention de tout le monde, et continua sa diatribe, "S'ils te voyaient maintenant, la seule chose qu'ils feraient, c'est s'enfuir. En même temps, ça se comprendrait, n'est-ce pas? Vu que t'es une meurtrière!" Des éclats de rires résonnèrent un peu partout dans le couloir et Daesyn ramassa la dernière petite once de bon sens qui lui restait pour seulement serrer les dents et se retenir de dire des choses stupides. Sa nuque tordue de façon à ce qu'elle puisse fixer les yeux acier de son ennemi la blessait, mais elle refusait de baisser le regard.

Lee cependant, en avait décidé autrement. Avant même que Daesyn ne puisse tendre le bras pour le retenir, le Gryffondor attrapa le col du blond et le plaqua brusquement contre le mur.

"Lee, arrête!" Siffla Daesyn entre ses dents. Elle tirait désormais sa manche de robe, afin qu'il baisse son poing tendu devant le visage du Serpentard.

"Monsieur Jordan, relâchez-le immédiatement! Dix points en moins pour tous les deux! Oui, vous aussi Monsieur Malfoy, et je vous conseille de ne pas me faire répéter deux fois." intervint une voix pincée. Daesyn se pencha sur le côté pour voir sa cheffe de maison arriver vers eux, les sourcils froncés d'une telle manière, que cela donnait à la vieille femme le même air que Hawk portait lorsqu'elle lui refusait un bout de bacon. Malfoy, quant à lui, appliqua un masque indigné sur son visage et se tourna vers elle en se massant exagérément la gorge.

"Mais professeur! Ce n'est pas juste, c'est eux qui ont commencé ils-"

"Je vous suggère d'aller déjeuner dans la Grande Salle Mr. Malfoy."

Le garçon se détourna d'eux pompeusement et partit sans discuter, ses acolytes non loin derrière lui.

"Monsieur Jordan, vous pouvez y aller aussi," reprit McGonagall, d'un ton toutefois moins sévère.

Daesyn croisa le regard de son ami, toujours animé d'une flamboyante lueur de colère. Leur cheffe de maison soupira sèchement. "Le directeur souhaite vous parler Potter. Il vous attend dans vingt minutes, devant la porte de son bureau pour un déjeuner avec lui."

La sorcière hocha lentement la tête. "Notre discussion a-t-elle vraiment besoin d'autant de temps? Je veux dire…il veut seulement connaître ma décision, non?"

"Je suppose." Répondit-elle.

"Mais Lee…" tenta-t-elle.

Ce dernier la coupa. "C'est bon, avec un peu de chance je vais pouvoir attraper les jumeaux pour le déjeuner."

McGonagall approuva d'un sec signe de tête et se détourna d'eux sans plus attendre.

"Pourquoi tu as réagi comme ça avec Malfoy? C'est pas la première fois qu'il m'insulte pourtant." Commença-t-elle en montant tranquillement les marches de marbre.

"Pourquoi toi, tu n'as pas réagi? !"Renvoya Lee, incrédule et tout signe de colère envolé. "Normalement, tu lui aurais fichu ton poing dans le nez dès qu'il aurait parlé des Potter!"

Daesyn grimaça. "C'est un enfant…Malfoy. Il a beau avoir grandi, c'est encore un enfant, et je n'ai pas envie de me battre avec lui."

"Il n'est pas plus un enfant que l'année dernière ou celle d'avant." Répliqua Lee, contrarié.

"Oui mais moi aussi j'étais une enfant avant."

Lee s'arrêta net et Daesyn sentit ses épaules s'affaisser. Elle baissa les yeux vers le sol puis les ramena rapidement sur son ami, dont l'expression était indéchiffrable.

"Tu n'es pas malade?"

"Euh…non. A part avoir la tremblote de temps en temps, je n'ai pas grand-chose pour me plaindre," elle sourit et le plus âgé se détendit visiblement. Il l'observa de haut en bas avec un regard critique, avant de s'adoucir légèrement. "Tu es sûre que ça va? T'es bizarre depuis hier soir."

"Je ne suis pas bizarre."

"Si tu n'arrives pas à dormir, tu peux toujours venir dans notre dortoir, tu le sais bien?" Proposa-t-il.

"Oui, je sais mais ça va."

"Hmm," bourdonna-t-il, l'air peu convaincu, "on se retrouve au dîner, d'accord?"

Et avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit, le Gryffondor disparut au coin du couloir, ce qui lui fit prendre conscience qu'ils n'étaient pas très loin de la Grande Salle. Daesyn rebroussa chemin et recommença à monter les escaliers quatre à quatre. Arrivée près du bureau de Dumbledore avec plus de dix minutes d'avance, la jeune femme décida de faire une pause et s'assit par terre.

"Kingsley," demanda-t-elle devant un miroir brillant.

L'image se troubla rapidement. Kingsley, un verre à la main se tenait devant un décor qui lui paraissait simple, limite austère, et Daesyn se demanda où est-ce qu'il était.

"Je ne m'attendais pas à ce que tu rappelles aussi vite. Est-ce que tu as bien dormi après notre petite conversation?"

Elle sourit brillamment. "Parfait."

"J'imagine que tu veux plus d'informations sur la toile, je me trompe?" Enchaîna Kingsley.

"Comment est-ce que tu sais?" Demanda-t-elle avec un air dubitatif.

"J'aime penser que je te connais au moins un peu," il rigola de lui-même et attrapa quelque chose hors de son champ de vision. L'Auror brandit un déjeuner emballé avec peu de soin devant le miroir. "Tu m'excuseras, mais je vais déjeuner en même temps."

Il mordit dans son sandwich sans se presser. "Tu sais, il n'y a pas beaucoup de traces écrites sur cette partie de notre histoire."

"Pourquoi?"

Il haussa une épaule. "On peut supposer que la mise en place du Code International du Secret Magique a bouleversé beaucoup de choses et que pendant ce laps de temps, les gens étaient plus préoccupés par leur survie face à la menace des moldus qu'à ces choses…plus insignifiantes."

"Ils ne sont quand même pas devenus rois du jour au lendemain?"

"Pas vraiment non. Il a encore fallu une trentaine d'années, vers 1750, pour que les sorciers prennent compte du changement."

"Trente ans." Répéta-t-elle, stupéfaite.

Kingsley acquiesça d'un signe de tête. "Peu à peu, certains se sont aperçus que les créatures magiques –bien qu'on ne les désigne pas avec ce genre de terme à l'époque- étaient complètement ignorées par les moldus alors qu'elles se trouvaient juste sous leurs yeux. Les actes de magie les plus simples l'étaient également. Les gouvernements ont pris la décision de se réunir afin de découvrir ce qui était à l'origine de ce changement. Finalement, les Lyxem ont été découvert et ont provoqué un tollé comme on n'en avait jamais vu."

"C'est… tout?" La sorcière haussa les sourcils de déception.

"Tout, je ne dirai pas ça. Au fil du temps, beaucoup ont essayé de les remplacer en tentant d'imbiber la toile de leur magie pour la maintenir et déchoir les Lyxem, sans aucun succès. Ce sont les seuls à pouvoir la maintenir. Et comme je te l'ai dit, ils sont vénérés depuis."

Daesyn appuya ses coudes sur ses genoux et posa le menton sur ses mains après avoir lancé un léger sortilège qui permettait au miroir de flotter à hauteur de son visage. Elle laissa Kingsley finir son maigre repas –elle détestait la façon dont il ne prenait pas très bien soin de lui, alors qu'il lui avait fait la leçon plusieurs fois cet été à ce sujet.

"Qu'est-ce que tu fais?"

"Je suis au bureau des Aurors. Et non, rien de nouveau," il ajouta, "aucune trace des Mangemorts évadés. C'est comme s'ils s'étaient envolés."

"Peut-être qu'ils l'ont fait."

"Hein?"

Daesyn le regarda de travers. "Voler. Avec des balais," articula-t-elle lentement.

Kingsley s'arrêta de mâcher. "Tonks, envoie une équipe pour survoler les zones magiques les plus fréquentées!"

"Tonks est métamorphomage, non?"

"Ouiiii !" Le cri strident la fit sursauter.

Le miroir bougea pour faire apparaître une femme aux cheveux roses fluo devant elle, un sourire contagieux sur son visage en forme de cœur.

"Tu es la pupille de Kingsley!" S'exclama-t-elle en sautant sur le côté pour éviter le bras de l'Auror qui tentait de récupérer son miroir. "Il parle tout le temps de toi au bureau. Daesyn par-ci, Daesyn par-là. Tu sais qu'il a décidé de repeindre son appartement parce que tu lui as dit que c'était terne, alors que j'essaye de le convaincre depuis trèèès longtemps?"

Daesyn éclata de rire. "Non je ne savais pas."

"Tonks! Rends-moi ce miroir!"

Daesyn rit d'autant plus alors que le miroir bougeait de nouveau.

"Allez, va-t-en, ferme la porte en sortant." Ordonna Kingsley, avec un signe de la main. L'adolescente entendit le gloussement joyeux de la femme avant qu'un claquement de porte ne l'emmène avec lui.

"Elle est jolie," sourit Daesyn avec dessein, "et gentille."

"Certainement," répondit-il.

"Tu l'aimes bien?"

"Bien sûr, c'est ma coéquipière."

"Ce n'est pas ce que j'insinuais.".

"Je vais continuer à faire semblant de ne pas avoir compris."

Daesyn fit la moue.

"Hé Kings?" Cria-t-elle presque.

Il la regarda, l'air surpris. "Oui?"

"Quand est-ce que je pourrai te voir?"

"Le premier weekend d'octobre, je pense. Pourquoi, je te manque?" Taquina-t-il, les yeux brillants.

Daesyn sentit un rougissement lui monter aux joues. Elle haussa nonchalamment les épaules. "Peut-être."

"Tu ne sautes pas des repas, j'espère?" lui demanda Kingsley après un court silence, la mine inquiète.

La jeune femme consulta sa montre qui ornait joliment son poignet. "Non, je dois déjeuner avec le professeur Dumbledore."

"Ah oui, la fameuse décision," un bref sourire narquois jouait sur ses lèvres, "et bien tu ferais mieux d'y aller, histoire de ne pas le faire attendre."

"On se voit," salua-t-elle.

"Prends soin de toi," le miroir se ternit et lui renvoya son reflet.

Le bureau familier était vide quand elle en poussa la porte.

Elle se souvenait au tout début de l'année, être montée à l'étage pour discuter avec le directeur d'une confrontation plutôt houleuse qu'elle avait eue avec Ilya, après avoir appris qu'il fouillait dans son esprit –certes, à contre cœur.

Sa tête était par ailleurs protégée contre les indésirables, grâce à l'aide non-négligeable du professeur Dumbledore. Il lui avait donné beaucoup de conseils sur l'art de fermer son esprit aux intrusions indétectables et à ce jour, et cela lui avait pris relativement peu de temps pour réussir.

D'un côté, elle avait choisi l'une des méthodes les plus simples. Détourner les intrus plutôt que de fermer complètement son esprit, car Daesyn ne pensait pas avoir assez de patience pour ça.

Elle s'arrêta sur le palier de l'étage puis s'affala dignement sur le siège en face du professeur Dumbledore, et regarda, médusée, qu'un ordinateur était posé au milieu de la dizaine de plats qui couvraient la table.

La sorcière fixa le dessin du "patronus" qu'elle avait dessiné et envoyé à la banque pendant qu'elle était dans le train. Un phénix qui battait sans cesse des ailes, animé par un sort le rendant d'autant plus vivant. Elle pensait que de sortir une gamme en édition limitée de plusieurs animaux différents attireraient plus de monde sur son produit et apparemment, elle ne s'était pas trompée.

"J'avoue ne jamais avoir eu quelconque inquiétude sur ton avenir professionnel mais tu dépasses mes espérances," confessa le directeur en déposant l'appareil sur une autre table.

"Vous savez," affirma-t-elle en posant son sac à ses pieds.

"Je doute être le seul à l'avoir compris."

"Malheureusement. Qu'est-ce que vous en pensez?" Elle était curieuse de connaître son avis après les règles plutôt strictes, enfin le pensait-elle, qu'il avait énoncées l'autre soir.

Le directeur resta silencieux, remplissant son assiette de quelques mets qui lui paraissait délicieux. Sa jambe trembla d'anxiété sous la table et Daesyn recopia les gestes du vieux sorcier, légèrement perplexe face au silence.

Dumbledore releva la tête avec un sourire pétillant. "Tu as beaucoup travaillé dessus, n'est-ce pas?"

Daesyn acquiesça d'un bref signe de tête.

"Tout est pensé de façon à ce que rien ne soit laissé au hasard…Les Gobelins ont aidé?"

"Oui, notamment pour les articles sur la magie noire."

"C'est une merveilleuse invention," murmura-t-il avec révérence. "Je n'ai aucun doute sur le fait que tu vas faire de grandes choses pour notre monde."

"Je vous remercie," répondit Daesyn, les joues rouges sous les louanges de ce qu'on pourrait appeler le plus grand sorcier du moment.

"Maintenant cependant…Quelle est ta décision?"


Chronologie:

31 Juillet 2015 : 15ème anniversaire de Daesyn.

1 Septembre 2015 : retour à Poudlard; début de la 5ème année.


Comme certains l'ont peut-être remarqué, le dialogue de Rogue est presque entièrement tiré du livre Harry Potter (=donc c'est pas le mien).