Comme promis voici la suite et fin de cet OS.
Je tiens à tous vous remercier pour vos retours, vos mises en follow ou favori. Merci aussi aux lecteurs de l'ombre et aux guest.
Vous ne vous imaginez pas à quel point cela me touche de voir que malgré mes longues absences, vous soyez toujours aussi fidèles à mes histoires. Vous êtes ma plus belle récompense.
Une nouvelle fois, merci à Cha, ma fidèle beta et amie.
Enjoy.
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Chapitre II
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Le lundi après-midi suivant, Ellen est de retour. Une banderole " Welcome back " est pendue au plafond. Des ballons accrochés un peu partout dans la salle et une bouteille de champagne sabrée pour l'occasion.
Tout le monde est présent même Castiel qui a réussi à changer sa permanence avec sa collègue, Meg.
Les embrassades suivent aux salutations des quelques clients présents.
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Affublée d'un jean et d'une chemise bûcheron, Ellen n'a rien perdu de sa verve et de son franc parlé mais se garde pourtant bien de commenter ce qu'elle a pu observer durant toute cette soirée. Le rapprochement implicite entre Dean et Castiel, les échanges interminables de regard qui en disent plus que les mots. La main de Dean qui ne cesse de chercher le contact tout en jouant la désinvolture dans une partition qu'il connaît par cœur.
Oser mais sans en faire trop comme s'il avait peur que le moindre geste puisse faire disparaître cette fragile illusion.
Dean et le bonheur, une histoire longue histoire de défiance.
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La soirée avance, les ballons éclatent, les bouteilles se vident, les rires se tarissent pour laisser place aux conversations plus posées.
Kevin et Charlie s'occupent du service en salle tandis que Jo s'occupe de gérer le bar.
Après avoir abandonné Rufus à sa troisième bière, Bobby vient rejoindre Ellen et Jack qui discutent disponibilités et horaires après avant de signer son contrat.
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Castiel les observe tout en faisant jouer sa bouteille de bière entre ses doigts. Bras posé en travers sur le dossier de la banquette, Dean sirote la sienne en passant du père au fils.
" Il est entre de bonnes mains ici " le rassure-t-il.
" Je le sais... C'est juste que...", en détournant les yeux pour refaire face à Dean.
Il boit pour ne pas avoir à dire les mots qui lui restent coincés dans la gorge.
" J'ai ressenti la même chose avec Sam ", en posant sa bière. " Mon petit frère " précise Dean devant l'air dubitatif de Castiel. " Le jour où il a quitté la maison pour Stadfort", avec nostalgie. " C'est jamais évident de les laisser partir."
" Vous..."
" Tu... " l'interrompt Dean, tout en grattant nerveusement l'étiquette de sa bière du bout de l'index.
" Tu " opine Castiel, d'une voix posée, en tendant sa bière.
Dean trinque tout en maudissant le rouge qu'il sait voiler ses joues.
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La discussion reprend. Plus vraiment là où elle a terminé mais aucun ne semble s'en soucier.
Vers 22 heures, Castiel et Jack quittent le Roadhouse suivi de près par Bobby et Rufus. Dean reste encore quelques minutes pour aider en salle.
Il n'a pas vraiment envie de rentrer. Pas encore...
Demain, la vie va reprendre son cours. Il ne viendra plus ici que pour deux ou exceptionnellement trois services semaine et peut-être un verre après sa journée de travail. Il va replonger dans les odeurs d'huile et d'essence. Il jette un regard sur ses mains et ses ongles qui seront bientôt imprégnées de cambouis.
Une main féminine se pose sur la sienne.
" Je t'entends réfléchir jusqu'à l'autre bout du bar." fait la voix rauque d'Ellen.
Il se redresse et se tourne vers elle affichant ce sourire débonnaire devenu sa signature mais qui ne trompe plus ses proches.
" Comment tu te sens ? ", tentant habilement de changer de sujet.
" Je t'offre un verre ", esquive-t-elle, en lui tapant sur l'épaule. " On ne s'est pas beaucoup vu toi et moi aujourd'hui."
" Ellen ", perdant son ton enjoué.
" Y a pas d'Ellen qui compte ", en le laissant en plan pour se diriger vers le bar et commander deux bières pression à sa fille.
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Elle s'assied à la table du fond, à l'abri des regards curieux du reste de l'équipe. Dean dépose son plateau rempli de verres vides sur le zinc.
Il échange avec Jo, un regard fraternel. Elle le chasse en lui tendant les deux bières.
Dean les dépose sur la table avant de tirer une chaise et de s'y asseoir à califourchon.
Pour Ellen, cette position en soit est déjà une mise en garde. Bras croisés sur le dossier, Dean se protège. Ellen prend son verre et le tend vers lui.
" Santé."
Il attrape le sien.
" Santé ", en trinquant.
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" Tu nous as manqué ", relance-t-il avant de porter le verre à ses lèvres.
" Vous aussi ", après une brève gorgée. " Je tenais encore à te remercier, Dean... Jo et toi avez gérer la boutique comme des chefs ", avec une fierté empreinte de tendresse.
" Rappelles-toi en quand je viendrais te réclamer une augmentation" réplique-t-il, goguenard.
Elle ne dit rien jusqu'à ce qu'il consent à lever les yeux dans les siens et accepte le compliment.
" J'ai compris le message ", abdique-t-il.
" Bien ", plus sèche mais souriante. " Maintenant parles-moi de ce Castiel ? ", en croisant les bras et s'enfonçant sur sa chaise.
" Je le savais ", bougonne-t-il en buvant une lampée qui vide le tiers de sa bière.
" Vous allez l'air de bien vous entendre ? "
" Hum ", grogne-t-il, en relevant sa lèvre inférieure sur la supérieure pour en ôter toute trace d'écume .
" Il a l'air bien ? ", note-t-elle, faussement détachée.
" Il a l'air, oui " répond-il, flegmatique.
" Vous comptez vous revoir ? "
" C'est un interrogatoire ? ", teinté d'une pointe d'énervement.
" Non."
Dean se tait tout en faisant aller et venir son index sur la condensation du verre.
" J'ai décidé, pour une fois, de prendre les choses comme elles viennent " reprend-il, pondéré. " Pour le moment, on apprend juste à se connaître."
" Et ? ", sur le même ton.
" J'ai pas envie de tout foirer, Ellen ", ses yeux dans les siens.
" Tu m'en vois ravie ", avec un sourire trop franc qui le rend méfiant. " Parce que vous êtes vraiment trop mignon tous les deux " le raille-t-elle en vidant la moitié de son verre.
" Putain ! ", tête basse, grimace horrifiée.
Elle éclate d'un rire empli d'affection.
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" Tu comptes vraiment lui donner sa chance ? ", relance-t-elle, sur la réserve, après un bref silence.
" Oui " finit-il par baragouiner. " même si je..."
" Si je t'entends prononcer le mot mécano et médecin dans la même phrase..." le menace-t-elle, connaissant trop la propension de Dean à se mésestimer.
" Excuse rappée... Il trouve le cambouis, sexy ", les yeux rieurs.
" Je le confirme ", grivoise.
" Bon Dieu, Ellen ", en se pinçant l'arête du nez.
" Cela dit, habillé d'un simple stéthoscope, il doit pas être mal non plus ", pensive.
" Oh putain ! ", visage enfoui dans ses mains.
Ellen éclate une nouvelle fois de rire.
" Cela dit je te rappelles que j'ai un calibre 12 sous le comptoir et que j'ai m'en servir ", reprenant aussi sec son sérieux.
Il redresse la tête, interloqué par ce brusque changement de ton.
" Comme tu l'as si bien dis : ne fait pas tout foirer ", d'un ton entendu " Au risque de me voir obliger de plomber ton joli petit cul de gros sel ", en se levant de table. " Sur ce, je vais nous chercher une autre bière et quelque chose à grignoter ", elle s'avance puis s'arrête. " Au fait, Bobby m'a demandé de te passer le message suivant : si tu pointes le bout de ton nez au garage demain, il te fait manger sa clef de 12 ", gouailleuse. " Même chose pour le Roadhouse... Ta journée te sera payée ", en reprenant sa route.
" Payé à rien foutre ? ", abasourdi.
Pour toute réponse, Ellen balaie l'air d'un revers de main.
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Ils restent à discuter jusqu'à la fermeture, les bières cèdent la place aux tasses de café. Ellen l'écoute raconter les mille et une aventures arrivées durant son absence, enrobées d'une fanfaronnade toute deanesque qui l'amuse. Elle évoque vaguement son opération et préfère se concentrer sur sa semaine de récupération où Bobby s'est littéralement transformé en petite fée du logis, courant entre les fourneaux et les machines à laver. A ces images, ils rient de bon cœur mais avec une réelle tendresse. Les gestes de ce mari reflétant simplement le soulagement d'un homme qui a craint voir l'histoire se répéter. Ellen l'a pris pour ce que c'était : une belle preuve d'amour.
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Dean ouvre la porte et jette ses clefs sur le petit meuble. Il s'arrête quelques secondes pour observer son reflet dans le miroir avant de le détourner sur un cadre.
Une photo de lui et Sam à sa remise de diplôme. Il lui manque, surtout des jours comme aujourd'hui où il aimerait partager ses doutes et ses espoirs.
Il adore Ellen mais elle n'est pas Sammy. Dean n'a pas eu besoin d'elle pour grandir du haut de ses 18 ans mais il a eu besoin de lui pour donner un sens à son existence.
Ellen et Bobby sont l'équilibre. Sam, son souffle.
Mais Sam est loin, fiancé et heureux même s'il ne cesse de culpabiliser d'avoir laisser son aîné derrière lui. A chaque retrouvaille, les mêmes mots reviennent : une chambre l'attend là-bas, le temps qu'il se retourne. Ça ne manque pas de travail et Sam pourrait l'aider, il connaît du monde.
Mais Dean, aussi fort qu'il puisse aimer son frère, n'a jamais envisagé de quitter Lawrence. Sa vie est ici. Son travail, son foyer, ses amis et ses souvenirs.
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Ce soir-là, il s'endort et rêve de Bobby habillé en soubrette, il se réveille en s'entendant rire.
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Entre Dean et Castiel, c'est juste une évidence. Tout le monde les observe et les paris vont bon train pour savoir quand est-ce qu'ils franchiront le pas.
Pour le moment, ils continuent de se retrouver au Roadhouse. Dean s'arrangeant toujours pour être présent quand Jack est de service.
L'un à côté de l'autre, adossés à la banquette à siroter leur bières ou leur cafés, ils ont pris l'habitude de partager leur silences autant que leur discussions à bâtons rompus.
Plus Dean apprend à le connaître, à apprécier sa compagnie et aimer ce sourire en accent circonflexe et l'ancre que sont ses yeux, moins il ose franchir cette frontière qu'ils tracent entre eux. Trop à perdre et la peur de cette équation qu'est l'inconnu.
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Cela fait deux semaines que cette valse dure et Ellen commence à craindre que Dean ne retombe dans ses travers, n'espérant plus que l'amitié de Castiel en pensant ne plus être assez bien pour mériter l'attention d'un médecin, lui le simple ouvrier.
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Ce soir-là, Castiel est en retard, une urgence de dernière minute le retient au dispensaire. Jack rejoint Dean qui boit un café, nez plongé dans " Car and driver".
" Craches-le morceau " marmonne-t-il sans quitter son magazine des yeux.
Depuis qu'il est assis, Jack ne cesse de se tordre les mains sous la table tout en l'observant de biais.
" Vous allez sortir avec lui... Je veux dire... vraiment ? ", emprunté.
Dean relève doucement la tête et jette un regard torve vers lui.
" Ce ne sont pas tes affaires, mon grand ", glacial.
" Vous savez qu'il pense ne pas vous mériter... Il dit que vous êtes trop bien pour lui " rajoute Jack, après un court silence.
" Il... Il te l'a dit ? ", stupéfait.
" Je l'ai entendu en parler avec son amie, Meg au téléphone ", en repoussant la mèche de son front. " Ellen m'a dit que vous ne valiez pas mieux l'un que l'autre ", après une courte pause.
" Parce que tu en as parler à Ellen ? ", effaré.
" On parle tous de vous ici ", tiquant, avec une franchise aussi désarmante que celle de son modèle de père adoptif.
" Tu m'en vois ravi ", ronchon en replongeant dans sa lecture.
Dépité d'être ignoré, Jack se lève de table.
" Jack ? ", en tournant une page de son magazine.
" Oui ? ", désabusé.
" Je pensais l'inviter à dîner...Un truc simple, genre hamburger-maison ", grommelant, captivé par une photo de moteur.
" Vous vous voulez l'inviter... chez vous ? ", entre joie et surprise.
" C'est l'idée ", accoudé, joue écrasée sur son poing.
" C'est son plat préféré... le hamburger " précise-t-il.
" Je sais ", léger sourire masqué par sa position.
" Merci ", soulagé.
Toujours accoudé, Dean tourne paresseusement la tête vers Jack.
" T'es pas invité, je te signale ", sur un ton espiègle.
Pour toute réponse, Jack lui sourit.
" Samedi, il fait la permanence du matin et dimanche, il est en repos ", en s'éloignant.
" Merci pour l'info ", en replongeant dans son magazine.
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Les minutes défilent. Il ne reste plus de clients. Jack est assis au comptoir, il mange un sandwich qu'Ellen lui a préparé sur le pouce.
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Dean se lèche l'index avant de tourner une nouvelle page tout en buvant une gorgée de son troisième café de la soirée.
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" Hello, Dean "
Surpris, Dean en reverse une partie sur la table.
" Putain !", en essuyant le café du revers de sa chemise.
" Je suis désolé " s'excuse Castiel, d'une voix fatiguée mais non dénuée d'amusement.
" Ça te fait marrer en plus ? ", le houspille Dean, gentiment, yeux dans les yeux.
" Je ne pensais plus te voir ici ", s'étonne-t-il.
Dean jette un coup d'œil sur l'horloge murale.
" J'ai pas vu l'heure passée " avoue-t-il. " De toute manière, je t'attendais ", en se grattant la joue.
" Oh ? ", en tiquant avant de glisser ses mains dans les poches de son trench-coat.
" Voilà ", en rassemblant tout son courage. " J'aimerais t'inviter à dîner... chez moi ? ", en détournant les yeux vers sa tasse.
" Maintenant ? ", surpris.
" Non, Cass... Pas maintenant ", dépité mais avec tendresse. " Je pensais à samedi soir ", perdant sa belle assurance.
" C'est... C'est un rendez-vous ? ", dubitatif.
" Yep... J'pense bien ", en se frottant la nuque, les gestes empruntés.
" J'en serai très honoré, Dean ", en redressant les épaules, avec ce sourire qu'il ne semble avoir que pour lui.
" Génial ", en se frappant les mains. " Disons 19 heures chez moi ? ", la voix qui déraille.
" Je... d'accord ", le visage lumineux.
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Ils savent tous deux ce que signifie cette nouvelle étape dans leur relation. Aucun ne pensait l'autre assez courageux pour la franchir. Par pudeur et retenue, Castiel est resté à l'écart. Longtemps seul, avec comme unique préoccupation l'éducation d'un enfant qu'il considère comme sien. Les amants s'étaient, un temps, succédés pour ne plus être que des fantômes d'un passé révolu, Jack passant avant tout le reste.
Dean, lui, a réussi à faire fi de cette fichue peur même si cela lui en coûte. Pour être tout à fait honnête, il en veut plus. L'amitié de Castiel ne lui suffit plus et la peur de tout perdre ne pèse plus assez lourd dans la balance pour ne pas oser tenter sa chance.
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C'est un Jack, embarrassé, qui interrompt leur dialogue muet. Il est fatigué, demain, il a cours, il veut rentrer.
Dans un geste d'affection, Castiel lui repousse une mèche vers l'arrière et lui sourit brièvement en posant la main sur son épaule.
" Au revoir, Dean ", en entraînant Jack vers la sortie. "Au revoir, Ellen "
" Bonne nuit les Novak " répond-elle, en prenant l'assiette vide laissée par Jack.
" A samedi, Cass " lance Dean, en le saluant de la main.
Castiel lui sourit en sortant. A peine la porte franchie. la main retombe brusquement sur la table en même temps que son front la heurte.
" Il était pas trop tôt ", balance Ellen depuis le bar. " Maintenant si tu voulais bien dégager d'ici que je puisse fermer la boutique ", sourire contrit.
" Flinguez-moi ", supplie Dean.
" Ne me tente pas ", en riant.
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Cette nuit-là, Dean ne cesse de se tourner et se retourner dans son lit. Il finit par fixer le plafond, mains croisées derrière la nuque avant de détourner les yeux sur la place vide à sa droite.
Il étouffe un rire un peu amer en attrapant le deuxième oreiller et le serrant entre ses bras.
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De l'autre côté de la ville, Castiel est étendu sur son lit, en boxer dans sa robe de chambre, mains croisées posées sur son ventre. Il s'endort recroquevillé sur lui-même et ses rêves n'auront rien de chaste.
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Ce samedi, Dean est rentré plus tôt du travail. Bobby a prétendu ne plus avoir besoin de lui. Dean n'a pas chercher à savoir si c'était la vérité. La veille il a envoyé un message à Castiel en indiquant son adresse, depuis, il ne tient plus en place ce qui a eu le don d'exaspérer Bobby.
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Il passe près d'une demi-heure sous la douche à éliminer la moindre trace de cambouis et laver ses cheveux deux fois, persuadé de sentir l'essence et l'huile de moteur.
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Face au miroir, il soupire. Il trace du bout du doigt, les pattes d'oie qui commencent à se former au coin de ses yeux et ses traits plus marqués avec l'âge. Dean réalise qu'il a vieilli et quelque part, mûri aussi.
Il passe son après-midi au-dessus des fourneaux. Il cuit quelques zakouskis et une tarte aux pommes, sa spécialité.
Il a opté pour les frites et hamburger maisons qu'il prépare en reprenant les refrains de " Carry on wayward son" et de " Nothing else matters"
A 15 heures tout est prêt. La tarte refroidit sur la table de travail. Les hamburgers sont au frigo. Les frites précuites et la fenêtre ouverte pour évacuer les odeurs de cuisson.
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Dean se met à tourner comme un lion en cage. Il lui reste 4 heures à tuer, il va devenir fou. Il décide d'aller boire un verre au Roadhouse puis se rétracte à la dernière minute : sans coup férir, Ellen allait le foutre dehors.
Il se laisse tomber sur son canapé et allume la télévision. Pieds calés sur la table basse, il se visionne les derniers épisodes du Dr Sexy, en passant son temps à vérifier l'heure sur l'écran de son portable.
Il craint l'appel qui mettra fin à cette soirée avant même qu'elle n'ait commencé.
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Appel qui ne viendra jamais.
A 18 heures 30. Il se retrouve dans sa chambre, trois chemise et deux pantalons sur son lit.
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" Putain mais t'as quel âge, mec ? ", en se fustigeant.
Rageur, il attrape un jean délavé et une chemise grise chinée qu'il garde ouverte sur un T-shirt noir et range tout le reste.
Par réflexe idiot, il ouvre le tiroir de sa table de chevet. Capotes et lubrifiants et sur celle-ci, un boîte à mouchoirs.
" Va te faire foutre, Winchester ! ", en refermant brusquement le tiroir.
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19 heures pile, on frappe à la porte.
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Dean l'ouvre avec un grand sourire crispé et sa main libre dans la poche arrière de son jean.
" Hello, Dean ", cheveux en bataille, jean et chemise à carreau bleu au dernier bouton défait et manches retroussées.
Castiel est juste magnifique et Dean en perd ses mots.
" Dean ? ", inquiet.
" On t'a déjà dit que tu étais super canon ", en calant son front sur le tranchant de la porte.
" Je te retourne le compliment ", avec un petit pli timide au coin des lèvres. " Je peux ? ", en indiquant l'intérieur.
" Oh, putain... Pardon ", en s'écartant dans un éclat de rire qui brise la tension.
" J'ai ramené quelques bières ? ", en lui tendant un pack d' El Sol, les favorites de Dean.
" Tu me prends par les sentiments ", en les lui prenant. " Fais comme chez toi "
Il pointe le salon avant de se rendre vers la cuisine ouverte. Il glisse les bières dans le frigo et en sort les hamburgers et le fromage.
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Il voit depuis l'îlot, Castiel fouiller du regard la pièce, s'arrêtant sur les quelques rares photos qu'il a punaisées au mur, sur sa collection de vinyl et ses comics.
L'appartement n'est pas très grand mais bien agencé et Dean a fait en sorte de le meubler le moins possible évitant les babioles et autres ramasses poussières qu'il exècre. Cela donne au salon-cuisine un côté épuré mais chaleureux malgré tout avec les magazines de mécanique qui traînent sur la table, le ficus qui perd ses feuilles (encore) et la petite table à manger et ses deux chaises collées au mur mitoyen de la chambre.
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" Alors ? ", en revenant de la cuisine, zakouskis dans les mains et une bouteille de vin blanc de l'autre, deux verres coincés par les pieds entre les doigts.
" J'aime beaucoup... C'est très... toi ", avec un doux sourire.
" Merci ", en s'asseyant sur le canapé bientôt rejoint par un Castiel ne sachant que faire de son corps trop raide.
" Désolé " s'excuse ce dernier, mains sur ses genoux." Je suis un peu rouillé ", en mimant des guillemets pour reprendre contenance.
" On est deux ", le rassure Dean, en servant le vin. " J'ai pas pour habitude d'inviter des gens chez moi... C'est en général... l'inverse ", en osant à peine le regarder.
" Je suis un privilégié ? ", incertain.
" On peut dire ça ", en reposant la bouteille et tendant un verre à Castiel.
" A... A nous ? " bredouille Dean, en levant son verre.
" A nous ", la voix plus assurée.
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Toute la soirée, le best off d'Ennio Morricone tourne en boucle, fond sonore qui masque les silences paisibles qui ponctuent les débats sur la politique, la religion, l'éducation, le droit aux soins et la famille. Sujet sur lequel Dean ne tarit jamais au contraire d'un Castiel bien plus en retrait.
Dean sent que le sujet est délicat pour cet homme qui parle de Jack comme de ce fils qu'il n'est pas et qu'il aimerait qu'il soit. Il apprend juste que Nick Novak, le père biologique espère encore que Jack à ses 18 ans contestera la décision de sa mère. Nick veut que son fils prenne sa relève au sein de sa société " Novak Fusion & Acquisition", il fera tout pour y parvenir alors que c'est à l'encontre même de tous les rêves de son fils.
Castiel n'en dira pas plus et Dean respectera son silence en changeant habilement de sujet.
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La simplicité de leur discussions, la facilité avec laquelle ils échangent et surtout se comprennent donnent à ce rendez-vous un goût familier et presque domestique.
Ils en sont à siroter une bière sur le canapé que le téléphone de Castiel vibre, brisant l'instant.
" C'est Jack ", avec un petit hoquet rieur. " Charlie l'a invité à dormir chez elle ", tout en tapotant un message.
" Ils ne sont pas très doués, nos entremetteurs ", s'amuse Dean, en buvant une gorgée.
" Dean ? ", en se tournant vers lui.
" Je vais faire du café... et sortir la tarte du frigo ", laissant Castiel sans réponse.
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Il sent sa présence dans son dos alors qu'il démoule le dessert.
" Dean ? ", répète-t-il, de cette voix trop rauque.
" Putain, Cass ", mains à plat sur le meuble de travail.
Il se retourne brusquement en lui attrapant le visage en coupe, ne lui laissant pas le temps de réagir et l'embrasse. Baiser que Castiel lui rend. Les mains se battent pour ne pas lâcher le visage de l'autre.
Dean heurte le rebord du meuble, esquive et retourne leur position. Les langues se cherchent, se goûtent et les grognements de plaisir se mêlent.
A bout de souffle, Dean finit par s'écarter, front contre front.
" Désolé... Trop tentant ", en riant, un peu farouche.
" Rappelles-moi de remercier Charlie ", en se ruant sur ses lèvres, le collant au frigo, les mains glissant sous son T-shirt.
" La tarte est sensée être le dessert ! ", lui signifie Dean, amusé, entre deux baisers.
" Tu veux tout arrêter ? ", d'une voix lascive.
" En plein pousse-café ? ", faussement outré. " T'es dingue."
" Ça se pourrait", avoue-t-il, reprenant son sérieux.
Dean comprend le sous-entendu et lui sourit en posant sa main sur sa joue.
" Je dois l'être aussi ", en l'embrassant avec plus de douceur avant de l'entraîner vers sa chambre.
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Une fois la porte refermée et un instant de panique face à ce qu'ils s'apprêtent à faire, ils scellent leur sort d'un baiser empreint d'un désir qu'ils ne contiennent plus.
Les gestes ont la maladresse des premières fois et les sourires succèdent aux soupirs. Dean se retrouve, nu, dos sur son matelas, les yeux de Castiel plantés dans les siens.
" Dean ? " et dans ce simple mot, la permission de franchir ce pas.
" Qu'est-ce que tu attends ? ", en nouant leur mains que Castiel ramène de chaque côté du visage de celui qui s'apprête à devenir son amant.
Les corps se perdent, se caressent, les sexes lourds se rencontrent mais jamais leur yeux ne se quittent.
Castiel va et vient et Dean avance le bassin à sa rencontre. Les respirations sont hachées et les bouches se cherchent au rythme de leur membres qui glissent l'un contre l'autre.
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C'est Dean qui cède le premier dans un cri rauque en fermant les yeux et s'arquant. Castiel le suit après quelques coups de rein avant de s'effondrer sur lui.
" Meilleur pousse-café ever " lâche Dean, le souffle court, sourire éthéré sur les lèvres.
" Je propose d'attendre un peu pour le dessert " chuchote Castiel au creux de son oreille.
" Bonne idée ", en relâchant leur mains.
Castiel se laisse glisser sur le côté pendant que Dean attrape la boîte à mouchoirs.
Après les avoir nettoyer, il jette le tout sur le sol d'un geste las et tire le drap à hauteur de hanches.
Un bras au-dessus de la tête, reposant sur l'oreiller, l'autre sur son ventre, il tourne la tête vers Castiel qui fixe le plafond, perdu dans les affres de l'après-sexe.
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Ils restent ainsi jusqu'à ce qu'ils s'endorment. Ils se réveillent quelques heures plus tard, les membres emmêlés, la tête de Dean sur la poitrine de Castiel. Il relève le menton.
Ils ne se disent rien. Ils ne s'embrassent pas. Ils se regardent. Castiel caresse le visage constellé de taches de rousseur et Dean se surprend à aimer ça, lui si prompt à se dérober.
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Cet échange leur suffit. Tout est dit. Ils ont saisi leur chance et n'ont aucun regret.
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Le lendemain, après avoir pris une douche séparément, ils déjeunent avec le dessert de la veille, l'un en face de l'autre, assis autour de l'îlot.
" Il faut que j'aille chercher Jack " soupire Castiel.
" On est dimanche... Aucun de nous ne travaille... On pourrait rester ici... Rien que tous les deux " propose Dean. " Jack est un grand garçon... Il peut rester seul ou chez Charlie, tant qu'à faire ", baragouinant dans sa barbe. " Fais comme tu le sens ", en avalant une bouchée de tarte pour faire taire ses doutes.
" Dean ? ", avec une tendresse infinie.
" Quoi ? ", boudeur.
" Je vais le prévenir que je ne rentrerai pas avant ce soir ", en sortant son téléphone.
" Ça veut dire que tu restes ? "
" Ça veut dire que je reste ", avec ce sourire qui n'en finit pas lui nouer les tripes.
" Génial ", en coupant un morceau de tarte du bout de sa fourchette. " J'espère que tu aimes les pizzas parce que je compte pas cuisiner de la journée ", avec un éclat dans les yeux qui en dit long sur la suite du programme.
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Les jours se succèdent entre travail, services au Roadhouse où tout le monde sait mais personne ne demande rien et les rendez-vous entre deux espaces temps.
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Castiel refusant de le laisser sur le bas côté de sa vie sentimentale, Jack doit le chasser de la maison pour qu'il profite de la moindre minute pour retrouver Dean. Le jeune homme veut les voir heureux et le visage rayonnant de Castiel, le conforte dans l'idée que c'est le cas. Son père adoptif lui a tout sacrifié, il est plus que temps qu'il reprenne son cœur en main et qu'il pense à lui.
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Bien sûr, le couple se prend parfois la tête. Castiel est ses permanences qui ne concordent que rarement avec les horaires du garage ou du bar. Dean pense qu'il ne fait aucun effort. Castiel, lui, refuse tout simplement de laisser à ses collègues toutes ses nuitées.
Ils ont eux aussi leur vies, avait-il hurlé ce jour-là face à un Dean décontenancé de le voir hausser la voix pour la première fois depuis qu'ils se connaissent.
Les doutes et la peur de ne pas suffire à l'autre continuent de hanter leur histoire mais plus ils avancent, plus ce nuage s'éloigne.
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Deux mois plus tard, une dizaine de rendez-vous et plusieurs bières et cafés au Roadhouse et Dean se lève un matin en réalisant l'évidence : il est fichu.
Castiel est là étendu sur son lit, avec ses cheveux ébouriffés et ses grands yeux bleus perçant qui le vénèrent comme si il était le centre de l'univers (ce qui, après Jack, doit être le cas.).
Dean se penche au-dessus du matelas, pose un baiser sur sa tempe et lui susurre à l'oreille.
" You're my everything.", avant de littéralement s'enfuir dans la salle de bain attenante.
Castiel sourit en fixant la porte close.
Une déclaration à l'image de son propriétaire : la discrétion des sentiments.
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C'est un vendredi soir. Jack a demandé à être remplacé. C'est Kevin qui officie en salle auprès de Dean. Il est près de 22 heures quand Castiel entre au Roadhouse,et le visage qu'il affiche, Dean commence à bien le connaître. Celui des journées sombres, des enfants déjà meurtris par la vie, des patients sans espoir ou des échecs. La fatigue accumulée qui ne trouve pas de réconfort.
Il a le sourire pauvre et les épaules voûtées. Il tente comme toujours de faire comme si de rien n'était. Il tire un tabouret au bar et s'installe. Dean s'approche et cale sa paume dans son dos, geste de réconfort, le seul qu'il s'autorise en public. Ni l'un ni l'autre ne sont sujet aux effusions. ils gardent cela pour le privé, non par honte mais par simple pudeur.
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" Cass ? ", avec la question sous-jacente : Est-ce que ça va ? Que s'est-il passé ? Si tu veux parler, je suis là.
" Hello, Dean ", en ôtant son trench-coat.
" Pas de ça avec moi ", en s'asseyant sur le siège voisin.
" Pas maintenant, tu veux ? ", regard fuyant.
" Okay ", en tâchant de ne pas se vexer pour si peu.
Pour être honnête avec lui-même, ils sont un pareil tous les deux quand il s'agit de balancer ses angoisses. Ils apprennent mais comme pour tout le reste mais ça prendra du temps.
" Tu veux boire quelque chose ? "
" Une bière, ça ira, merci ", d'une voix reconnaissante.
Une petite tape sur son épaule et fait le tour du comptoir.
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Castiel reste pendant plusieurs minutes, nez dans son verre, à se mordiller les lèvres en zieutant l'horloge du bar. Dean jette des regards inquiet à Jo qui malgré toutes ses tentatives n'a pas réussi à lui extirper le moindre mot autre que les banalités d'usage.
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Quand le dernier client sort, Dean n'en peut plus de voir Castiel enfiler les bières sans desceller les lèvres.
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" Cass ? ", en l'obligeant à lui faire face.
Il n'est pas saoul mais ses iris indiquent qu'il n'est pas loin de l'être.
" La bière, c'est fini pour toi ce soir ", en attrapant son verre à moitié et le vidant d'un trait.
" Mais...", bredouille-t-il.
" Jo, tu peux nous faire deux cafés s'il te plaît ", sans le quitter des yeux.
Elle ne répond pas, elle agit aussitôt.
" Fort ", précise Dean quand il fait descendre Castiel de tabouret pour le mener à une table.
" Je suis pas ivre ", rechigne-t-il en repoussant son étreinte. " Je sais encore marcher tout seul."
Il va s'asseoir à leur table habituelle et s'affale sur la banquette.
" Maintenant, tu vas me dire ce qui se passe ? ", en s'installant en face de lui.
" Rien ", en jouant nerveusement avec ses doigts sur la table.
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Dean s'écarte pour laisser Jo poser les deux tasses.
" Je fermerai...Vas-y ", appuyé d'un clin d'œil.
" T'es sûr que ça va aller ? "
" Certain.. File, Garth t'attend "
" Bon bin ", entre envie de savoir et celle de les laisser dans l'intimité. " A demain ", en passant de l'un à l'autre.
" A demain, Jo."
" Hum " marmonne Castiel.
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Dean s'assure qu'elle soit bien partie avant d'attraper les mains de Castiel dans les siennes.
" Parles-moi ! ", en l'incitant d'une pression sur sa prise.
Castiel se dégage et glisse ses mains sous la table.
" Jack devrait être déjà là... Il devrait déjà m'avoir téléphoné ", en claquant son portable sur la table.
" Jack ? ", s'étonne Dean, évitant de repenser à ce deuxième rejet implicite.
" Nick lui a laissé un message hier pour qu'ils se voient... aujourd'hui ", la voix pâteuse mais le discours clair.
" Son père ? ", suspicieux." Qu'est-ce qu'il lui veut ? ", en s'enfonçant dans son siège.
" Le voir ", en soupirant. " Il va bientôt avoir 18 ans, Nick espère encore le voir contester le testament de sa mère devant la justice."
" Pourquoi 18 ans ? ", en essayant de garder son calme pour ne pas risquer de perdre le fil de ses aveux.
" J'ai envie de dire parce que j'ai fini de l'élever mais en vérité, il est en droit d'exiger d'être reconnu comme étant le fils de Nick."
" Il ne fera jamais ça... Ce gamin t'aime beaucoup trop pour ça ", l'estomac noué.
" Tu ne connais pas mon frère ", rire dépité. " Charmeur, beau parleur, assuré... Riche."
" Jack n'en a que faire de l'argent " le défend Dean.
" Nick pourrait lui payer ses études, ses stages en mer et ses...", abattu.
" Cass ! " le coupe Dean. " L'argent n'achète pas tout."
" Il peut faire de tes rêves des réalités ", répond Castiel,
" Comment peux-tu pensé une chose pareille de Jack ? ", outré.
" J'ai peur ", finit par avoue Castiel, la voix cassée. " Peur que Nick utilise ce qui me lie à son fils pour l'influencer."
" Attends ", en levant les mains pour l'arrêter. " De quoi tu parles là ?"
" Avec sa bourse, il peut avoir un logement sur le campus et les premiers frais d'inscription. Je pourrais l'aider à payer ses frais scolaires mais... les stages... Si Jack travaille ici, c'est parce que je suis incapable avec mon salaire de médecin de les lui payer... j'ai voulu reprendre un cabinet."
" Je sais. Jack me l'a expliqué ", avec affection. " Il a refusé que tu le fasses."
" Nick va lui proposer de l'aider financièrement... Il en a plus que les moyens et Jack... Jack pense que... qu'il devrait accepter pour... pour m'aider... Mais je préfère encore retourner en clinique privée que de le perdre, tu comprends ? ", en haussant la voix, désespéré et perdu. " Il est toute ma vie... C'est mon fils ", les yeux brillants de larmes contenues.
" Pourquoi tu ne m'as rien dit ? ", lui reproche-t-il, doucement.
" Je ne savais pas encore où tout ça nous mènerait... et puis c'est à moi de veiller sur lui... Ce sont les dernières volontés de Kelly ", tête basse.
" A-t-elle préciser que tu devais le faire seul ? "
" Non ", avoue-t-il après quelques secondes. "Non ", répète-t-il, las.
" Il est hors de question de laisser faire. Même si Nick prétend et revendique sa paternité... Il était en droit de le faire dès le départ, il ne l'a pas fait, devant la justice, cet argument sera de poids... Jack n'a qu'un seul père, Cass... C'est toi ", lui assure-t-il.
" Je suis le père adoptif ", avec un sourire d'une telle tristesse que Dean en a le cœur qui se retourne.
" Tu crois que je sais pas qu'il utilise ce terme pour parler de moi ? ", rire bref et amer.
" Il parle de père biologique pour Nick ", en sachant son argument caduque.
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Un ange passe...
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" Il t'aime ", relance Dean après quelques secondes.
" Je sais ", admet Castiel.
" Et puis il veut sauver les océans... Tu crois qu'il va accepter l'argent d'un père véreux ? "
" Quoi ? ", en relevant doucement la tête.
" Ton fils "insiste Dean ."..est ami avec la meilleure hacker de l'état... Il sait qui est son père."
" Quoi ? " répète-t-il, incertain.
" Ça fait des mois qu'il sait comment il mène ses affaires, c'est lui qui a demandé à Charlie d'enquêter sur la société de ton frère."
" Il te l'a dit ? ", suspicieux.
" Non, Charlie a encore une fois parlé trop vite ", amusé. " Tu le savais, n'est-ce pas ? "
" Que mon frère est un salaud ", rire blessé. " Si."
" Et tu n'as rien dit à Jack ? "
" Je ne voulais pas noircir l'image qu'il avait de lui."
" L'image d'un père absent ? ", ironique.
" A ses yeux d'enfant, celle d'un père que lui a refusé sa mère ", rétorque-t-il aussitôt.
" Elle savait pour les chantages et intimidations ? "
" Oui."
" Tu aurais du lui dire la vérité ", après quelques secondes.
" Je ne suis pas parfait."
" Pour lui, tu l'es ", en levant les yeux pour fixer un point derrière Castiel.
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" Je lui ai dit qu'il n'était pas mon père et qu'il ne sera jamais... Je lui ai dit que je contesterais jamais le testament de ma mère parce que j'avais déjà un père ", fait une voix assurée.
" Jack ", murmure Castiel sans oser se retourner.
" Je vais vous laisser... Je vous attends dehors ", fait Dean en joignant le geste à la parole.
" Dean ", en l'attrapant par le poignet quand il passe à sa hauteur. " Merci ", alors que leurs regards se croisent. " Et je suis désolé pour tout à l'heure."
" Ne le sois pas... C'est un point qu'on va devoir apprendre à travailler toi et moi ", en lui souriant, doucement. " On a tout le temps devant nous."
" Oui ", confirme Castiel avec ce fichu sourire qu'il n'a que pour lui.
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Castiel et Jack restent plus d'une heure, seul à seul. Quand ils retrouvent Dean appuyé sur le capot de sa voiture, Jack l'invite à rentrer avec eux.
Dean qui cette nuit-là, entend pour la première fois un timide " Pa' " quand le fils salue le père avant de monter dans sa chambre.
Jack n'utilisera pas souvent ce mot. 18 ans de "il" neutre et de " Castiel" auront la vie dure. Mais plus personne n'entendra parler de "père adoptif " pas plus que de "père biologique".
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" Je suis le fils de Kelly Kline et de Castiel Novak ", c'est ainsi qu'il se présentera quelques mois plus tard à son conseiller d'orientation.
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Deux ans plus tard, Dean et Castiel emménagent ensemble dans un petit appartement à moins de dix kilomètres du Roadhouse où Dean continue à faire des extras. Entre-temps, il est devenu officiellement cogérant du garage " Singer & Winchester. "
Castiel travaille toujours dans le même dispensaire. Sa collègue et amie, Meg Masters a, elle, aussi fini par trouver le chemin du Roadhouse où son sarcasme et son sens de la repartie font fureur.
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Jack continue d'y travailler. Ce bar étant devenu sa deuxième maison, son refuge, sa famille, de celle que l'on se choisit.
Il ne reverra plus jamais son père mais celui-ci gardera toujours un œil sur lui. Jack ne le saura jamais mais son stage en mer baltique, il le lui doit.
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Nick Novak admire son fils et bien qu'il ait du mal à l'avouer à haute voix, il remercie souvent Kelly pour son choix.
Nick Novak n'a jamais voulu d'enfant, il désirait juste un héritier, digne de son empire.
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Seulement il s'est avéré que l'empire ne méritait pas l'héritier.
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FIN
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J'espère que cette suite et fin vous aura plu. Je ne peux pas vous dire quand on se retrouvera mais sachez que je ne vous abandonne pas. Je suis toujours sur la suite de ma fic " le chasseur et le soldat" tout en écrivant en parallèle mon nouvel original.
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Je vous embrasse très fort et une nouvelle fois, merci du fond du coeur.
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Love you