Chapitre 46
PDV Alec
La plage, la mer, le soleil. Tout ceci représentait l'idée que se faisait la plupart des gens du paradis... excepté pour moi. Allongé sur le transat de l'hôtel, bien à l'ombre de mon parasol être large, j'essayai d'écrire une nouvelle chanson mais mes pensées déviaient systématiquement vers Magnus et bien sûr la naissance du bébé. Cela faisait déjà 7 jours qu'il m'avait annoncé la nouvelle, pourtant, j'avais toujours un peu de mal à m'y faire. On en avait tellement discuté et aujourd'hui c'était du concret, elle était bien là avec son visage d'ange et sa mignonne petite bouche similaire à celle de son père. Magnus m'avait envoyé des photos et j'avais totalement craqué. Difficile de résister à son adorable petit minois. Il faut être honnête, à la naissance, les bébés ne sont pas très beaux mais elle, elle était magnifique et pour mon plus grand bonheur, je trouvais qu'elle ressemblait beaucoup plus à Magnus qu'à Camille...ben oui ça aidait. L'équipe médicale était plutôt confiante quant à son évolution, elle prenait du poids et aucune infection ou complication n'était à déplorer pour le moment. Chaque jour qui passait était clairement une victoire et ça me rassurait. Ça avait été difficile de voir un petit être si fragile et innocent branché à tous ces appareils...décidemment la vie ne lui avait pas fait de cadeaux jusqu'à maintenant, elle avait dû se battre et s'y accrocher comme elle le pouvait...courageuse elle l'était, tout comme son père.
« On devrait acheter un cadeau à Mag's, enfin pour sa fille » proposa Izzy en me sortant de mes pensées.
« Ouais, j'y ai pensé mais que pourrait-on lui offrir ? Elle a déjà tout le nécessaire et en double ! » lui répondis-je en soupirant.
« Moi je serais d'avis qu'on lui achète une mini guitare en jouet » suggéra Jace.
« Pfff tu es sérieux là ?! » s'exclama Izzy en secouant la tête. De toute évidence elle trouvait l'idée absurde alors que moi...
« Je trouve l'idée sympa...je suis sûr que ça plairait à Mag's » approuvai-je.
« Ah tu vois ! » fanfaronna Jace en jetant un regard victorieux à Izzy.
« Oui sauf que le cadeau n'est pas pour lui mais pour le bébé. On pourrait peut-être lui offrir autre chose comme une peluche ou une poupée avant de lui mettre directement une guitare entre les mains ! » argumenta Izzy en ne lâchant pas le morceau.
« Tu oublies qui est son père, elle n'y échappera pas et je te parie qu'elle sera une virtuose de la musique tout comme lui » dit Jace.
Il avait raison, la musique allait faire partie de sa vie au même titre qu'elle faisait partie de la nôtre.
« Iz', on peut faire deux cadeaux, ce n'est pas un problème » lui proposai-je.
« Oui, je vais réfléchir à une idée exceptionnelle, bien meilleure que la vôtre ! » décida-t-elle en se rallongeant sur son transat.
Jace secoua la tête mais n'ajouta rien de plus. Je le vis prendre son téléphone et faire défiler les photos de lui et de Clary...elle commençait à lui manquer, ça faisait deux jours que je le voyais faire ça.
« Tu viens te baigner Alec ? » me proposa mon petit-frère allongé au soleil sur sa serviette.
Je n'avais pas encore mis une seule fois les pieds dans l'eau depuis notre arrivée mais j'avais promis à Max qu'on irait ensemble aujourd'hui. Pas le choix, j'allais devoir honorer ma promesse. Je me levai en soupirant et partis avec lui dans l'eau, quinze minutes plus tard j'étais de nouveau sur mon transat...ben quoi, je ne lui avais pas promis d'y passer des heures.
Mes parents arrivèrent avec des sacs plein les bras.
« Waouh vous avez dévalisé les magasins on dirait » remarquai-je amusé.
« On a acheté des souvenirs pour tout le monde et regarde ce qu'on a trouvé pour la fille de Magnus » annonça ma mère en sortant une énorme peluche en forme de licorne.
« Troooop bien ! » s'exclama Izzy « Je l'adore !»
Je regardais la peluche avec nostalgie. Magnus me manquait horriblement, je pensais à lui matin, midi et soir. J'avais envie d'être à ses côtés et de voir aussi le bébé. J'avais la sensation que ma place était désormais près d'eux même si je savais que j'allais devoir me battre avec Camille pour avoir le droit d'occuper cette dite place. Mag's m'avait appris que cette dernière lui avait demandé à ce qu'on n'emménage pas ensemble, sur le coup j'avais bien failli partir la remettre à sa place...non mais sérieux, de quoi se mêlait-elle ? Après, j'avais fini par comprendre que le but était que je ne fasse pas partie de la vie du bébé...autant dire que ce fut pire. Magnus et moi étions d'accord là-dessus, on ne lui en laissera pas le choix. Camille allait devoir apprendre à m'accepter et à me respecter aussi, ça commençait à bien faire toute cette histoire! Je n'étais plus une victime et étais bien décidé à le lui faire comprendre.
« Youhou Alec ? » m'interpella ma mère.
Mince j'étais encore parti dans mes pensées...
« Hun ? » fis-je en la regardant d'un air confus.
« Tu es dans la lune...encore » me sermonna un peu mon père.
« Pardon... » dis-je en soupirant et en attrapant mon téléphone « je reviens, je vais appeler Mag's... » ajoutai-je en me levant aussitôt.
Mes parents échangèrent un regard mais ne me dirent rien. Je remontai dans la chambre d'hôtel que je partageais avec Max. Ça faisait un bien fou d'être au frais, je n'en pouvais plus de cette chaleur même si j'appréciais qu'il fasse beau.
Je composais le numéro de mon fiancé. Une tonalité...deux...trois...
Allez s'il te plaît décroche Bébé, le suppliai-je.
...quatre...cinq...messagerie.
« Eh merde ! » jurai-je en balançant mon téléphone de frustration sur le lit.
Déjà qu'on était loin l'un de l'autre, si en plus je n'arrivais pas à l'avoir au téléphone quand j'avais besoin d'entendre sa voix, ça risquait de vite me faire péter un câble! On frappa à la porte.
« Entrez ! » criai-je toujours agacé.
Mes parents pénétrèrent dans la chambre.
« Je redescends dans un moment... » commençai-je à me justifier avant de me faire sermonner de nouveau pour mon attitude.
« Tu peux rester au frais si tu veux, on n'est pas là pour ça » me dit mon père en me tendant une enveloppe.
Je fronçai les sourcils.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« Ton billet de retour, on l'a modifié pour que tu puisses rentrer ce soir. Il y a un vol à 17h » m'annonça ma mère.
J'écarquillai les yeux de surprise. Je ne savais pas quoi dire.
« Vous en êtes sûr ? » dis-je en me sentant tout de même coupable de les abandonner.
« Alec, tu n'as pas envie d'être ici. Physiquement tu es présent mais ton esprit est ailleurs...il est avec Magnus et on comprend que tu aies besoin d'être à ses côtés en ce moment. Tu es notre fils et il est normal que l'on veuille, en tant que parents, profité de ses vacances avec toi surtout que tu t'en vas pour l'université mais il est ton fiancé...ta place est près de lui. On aurait dû te le proposer à la minute où tu nous avais annoncé la nouvelle pour la naissance de la petite » consentit ma mère.
Je me jetai dans les bras de mes parents. J'étais soulagé de rentré et ému de leur geste qui était en quelque sorte un sacrifice pour eux...j'en étais conscient.
« Merci milles fois. Je suis désolé, je ne veux pas passer pour un fils ingrat qui n'aime pas passer du temps avec sa famille, vous savez que je vous aime mais Magnus... »
« Oui on sait » comprit mon père.
« Prépare ta valise, un taxi t'emmène à l'aéroport dans une heure » me prévient ma mère.
Sans me faire prier, je partis ranger mes affaires. Dans quelques heures je serai de nouveau près de l'homme de ma vie. Il n'allait pas en revenir en me voyant et j'étais impatient de lui faire la surprise.
PDV Magnus
J'estimais avoir déjà passé beaucoup trop de temps avec Camille ces 5 derniers jours et là encore, cela faisait une heure que j'étais dans sa chambre à quoi? À essayer de la convaincre d'aller voir sa propre fille! J'étais complètement halluciné et perdais patience au fil des secondes. Non mais vraiment, c'était quoi son putain de problème ! Sept jours qu'elle l'avait mise au monde, sept longues journées et pas une fois elle avait daigné lui rendre visite! Quelle mère agissait ainsi hein ? Qu'elle ait été trop fatiguée le premier jour pour se rendre aux soins intensifs...allez voir même le deuxième jour, soit! Mais là elle allait bien mieux et même aider d'une chaise roulante elle refusait tout bonnement d'y aller! À la seconde où j'avais appris que ma fille était enfin née, ma seule envie avait été de la voir alors je ne comprenais pas l'attitude de Camille...j'étais dépassé par les évènements, énervé par elle et peiné pour ma fille. Il y a quelques jours, Rafael m'avait alerté sur le fait que Camille lui servait prétextes sur prétextes pour ne pas aller la voir, du coup je m'étais décidé à prendre les choses en main car il était hors de question que ça se passe ainsi. J'avais besoin qu'elle m'aide à m'occuper de la petite comme elle était censée le faire!
« Camille ça ne peut plus durer. Tu vas te lever et on va aller ensemble voir notre fille car elle a besoin de toi. Tu es sa mère je te rappelle. Elle a grandi en toi, tu l'as senti bouger pour la toute première fois en toi. Je me souviens que tu étais tout aussi impatiente que moi de la découvrir, de la tenir dans tes bras, alors qu'est-ce qui a changé ? Pourquoi fais-tu ça ? Pourquoi compliques-tu toujours les choses bon sang ! » vociférai-je.
« Je ne me sens pas encore prête à la voir c'est tout! Je me sens fatiguée et j'ai encore mal... je te rappelle à ton tour qu'on m'a ouvert le ventre pour la faire sortir ! » me répondit-elle de mauvaise foi.
« Mais enfin arrête de ne penser qu'à ta petite personne ! Tu vas bien Camille, le Dr Herondale dit que tu te remets parfaitement bien de la césarienne! »
« Ah oui ? Alors pourquoi je me sens si mal ! Si déprimée ! Pourquoi je ne ressens pas l'envie ou le besoin d'aller la voir ! Pourquoi je ne ressens rien ! » hurla-t-elle
J'en restai interdit. C'était bien la première fois que je percevais un peu de sincérité dans son discours depuis que j'avais entrepris de la convaincre de rendre visite à notre fille.
« Camille... » soupirai-je.
« Non, arrête. Tu n'étais pas là...dans cette salle d'accouchement. Quand ils me l'ont mise dans les bras...c'était comme si on me mettait une étrangère dans les bras, elle était là à pleurer et moi je n'avais qu'une envie c'était qu'on m'en débarrasse... » m'avoua-t-elle.
Ses mots me firent froid dans le dos et me brisèrent le coeur. Comment pouvait-elle de telles atrocités...
« Je sais que ce n'est pas normal mais c'est ce que je ressens et je m'en veux tellement! Si tu savais à quel point je culpabilise de ressentir ça Magnus! Il me faut peut-être plus de temps...les choses se sont passées si vites... » continua-t-elle.
Je regardais Camille sans vraiment la voir, j'étais totalement sous le choc.
Il était inconcevable pour moi qu'une mère rejette ainsi son propre enfant cependant je savais que ça se produisait parfois, que certaines femmes sombraient dans la dépression ou dans le baby blues. J'avais lu de nombreux articles là-dessus mais vraiment, je ne pensais pas que ça se produirait avec Camille. Elle avait fini par accepter sa grossesse, accepter son futur rôle de mère, elle avait eu aussi peur que moi de perdre le bébé. Il est vrai que les choses s'étaient accélérées mais l'amour restait l'amour...que notre fille soit née plus tôt ou dans les deux mois comme ce qui était initialement prévu pour moi, ça ne changeait strictement rien.
Je pris une profonde inspiration.
« Je ne sais pas quoi te dire Camille...on devrait demander au Dr Fray de venir ou en discuter avec le Dr Herondale. Ce qui est certain, c'est que tu as besoin d'aide » lui dis-je.
« Si tu veux... » se contenta-t-elle de me répondre et en haussant les épaules de surcroit.
Mon sang ne fit qu'un tour face à son attitude désinvolte.
« Comment ça si JE veux ?! » m'agaçai-je « Écoute Camille, c'est à toi de voir si tu veux ou pas assumer ton rôle de mère auprès de TA fille ! Il y a trente secondes tu me disais que tu culpabilisais de ressentir tous ces sentiments négatifs et maintenant tu as l'air de t'en foutre complètement ! Je ne vais pas te supplier d'aller mieux ou de faire ce qu'il faut pour que ça aille! Tout ce que je sais, c'est qu'il y a une petite fille — qui n'a même pas encore de prénom soit dit en passant — seule là-haut, en train de se battre pour regagner des forces, pour VIVRE tout simplement ! Et tu en es l'unique responsable! C'est à cause de toi et de toutes les conneries que tu as faites au début de ta grossesse qu'elle doit passer par cet enfer alors tu sais quoi? Démerdes-toi toute seule ! Moi j'en ai fini ici! Je remonte voir notre fille et j'espère que tu prendras la bonne décision et que tu m'y rejoindras car c'est là qu'est ta place bon sang ! Place pour laquelle tu m'as fait tout un cinéma quand tu m'as dit que tu ne voulais pas qu'Alec fasse partie de sa vie ! » crachai-je en enfonçant bien le couteau.
C'était volontaire, j'espérais la faire réagir mais Rafael arriva pile à cet instant.
« Euh les amis, on vous entend du couloir... » nous prévient-il.
« Ne t'en fais pas, j'étais sur le départ » lui dis-je en partant aussitôt.
Il jeta un regard inquiet à Camille puis me suivit à l'extérieure de la chambre.
« Mag's que se passe-t-il ? » me questionna-t-il « As-tu pu la convaincre ? »
« Non. Elle dit qu'elle n'en a pas envie et qu'elle n'est pas prête » résumai-je.
« Valentin sera là demain. Je pense que sa présence lui fera du bien ».
« Peut-être. Appelle aussi le Dr Fray, une séance pourrait lui être bénéfique dans son état ».
« D'accord » me répondit-il en soupirant avant d'ajouter « Avec Camille décidément, rien n'est simple... »
« C'est le moins que l'on puisse dire! » m'exclamai-je.
« Oh au fait, je n'ai pas encore eu l'occasion de te féliciter, elle est vraiment magnifique ta Principessa! Congratulazione papà ! » me dit-il en me donnant une tape amicale sur l'épaule.
« Merci Rafael. C'est aussi grâce à toi si elle est parmi nous aujourd'hui, tu as veillé sur elle en prenant soin de Camille et pour ça je t'en serai éternellement reconnaissant ».
« Oui...de rien mec » me répondit-il toujours un peu mal à l'aise face aux compliments. « Je vais contacter le Dr Fray immédiatement et lui expliquer ce qu'il se passe, ciao » ajouta-t-il en s'en allant.
Je pris l'ascenseur et remontai au service de néonatalogie en somnolant. Je n'avais quasiment pas fermé l'oeil cette semaine et étais donc épuisé physiquement mais aussi psychologiquement. Clary et moi, on se relayait nuit et jour auprès de ma fille afin de ne pas la laisser seule, je ne voulais pas qu'elle se sente abandonnée…quelle ironie, sachant que c'était exactement ce qu'était en train de faire sa mère.
Ma petite soeur m'observa en train d'arriver...
« Pas de Camille... » constata-t-elle.
« Non » fis-je en soupirant « tu sais Clary... je lui en veux tellement! J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, je ne trouve rien qui justifie son comportement. À chaque fois que je pense qu'elle ne peut pas tomber plus bas et me décevoir, elle me prouve encore une fois le contraire ! Camille ne la mérite pas... » dis-je en regardant ma fille avec désolation.
Je me penchai vers elle puis la pris précautionneusement dans mes bras en faisant attention à son appareil respiratoire. On lui avait retiré les électrodes qui contrôlaient sa fréquence cardiaque hier, j'avais trouvé que c'était un peu tôt mais les résultats des examens ayant été positifs, j'avais gardé mes inquiétudes pour moi. Le Dr Herondale disait qu'elle évoluait bien et rapidement mais j'avais du mal à ne pas me faire du soucis...elle était si petite. La première fois que je l'avais portée, je tremblais comme une feuille! Heureusement que ma mère et Olivia étaient présentes pour me conseiller et me rassurer, maintenant j'étais bien plus à l'aise.
« Hey coucou ma jolie Princesse ! Il va falloir que papa te trouve un prénom...même si Princesse te va à ravir ».
Clary rigola.
« Princesse Bane ? Pas du tout ostentatoire! » plaisanta-t-elle.
Je rigolai à mon tour.
« Elle a mangé ? » la questionnai-je après une minute.
« Oui, je lui ai donné le biberon avec Olivia et elle a tout bu ! »
« C'est génial » répondis-je en regardant tendrement ma fille « quand vas-tu te décider à me montrer tes jolis yeux hein ? » lui demandai-je comme s'il y avait des chances qu'elle me réponde.
« Elle dort beaucoup mais c'est une bonne chose. Maman dit que c'est pendant le sommeil qu'elle récupère le plus ».
« Oui, c'est vrai... mais quand même... je suis impatient de la voir éveillée » me plaignis-je.
« Moi aussi ! Hein jolie princesse, Tante Clary a vraiment hâte de pouvoir jouer avec toi! » chantonna ma petite sœur.
Je les regardais tendrement.
« Je vous aime très fort toutes les deux » leur dis-je.
« Nous aussi on t'aime » me répondit Clary en imitant — horriblement —une voix de bébé.
J'éclatai de rire.
« J'espère qu'elle n'aura pas cette voix ! » m'exclamai-je toujours mort de rire.
« Euh ouais...je dois parfaire mes imitations » me répondit-elle légèrement penaude « je vais me chercher un truc à grignoter à la cafétéria, je te ramène quelque chose ? » me proposa-t-elle.
« Non, je te remercie Biscuit ça va je n'ai pas faim. En revanche, peux-tu me récupérer mon téléphone s'il te plaît ? Je l'ai laissé en charge dans le bureau de Victor »
« D'accord, je te le ramène. À tout' ! » me dit-elle en s'en allant
Resté seul avec ma fille, je la contemplais avec des yeux énamourés. D'autres parents étaient présents dans la salle et s'occupaient également de leur bébé. Je remarquai qu'il y avait beaucoup de pères et très peu de mères cependant j'étais convaincu que ce n'était pas parce qu'elles ne désiraient pas être avec leur enfant mais parce qu'elles ne le pouvaient pas...à l'inverse de Camille. Olivia arriva avec un livre à la main.
« Ah super Magnus, c'est toi que je voulais voir. Si tu es prêt, on va passer au contact peau à peau » m'annonça-t-elle avec un grand sourire. « Je t'ai apporté un livre qui traite du sujet même si j'imagine que tu as du déjà te renseigner. Quoiqu'il en soit, ce sera l'occasion pour ta fille de se familiariser un peu plus avec ta voix, ton odeur, les battements de ton cœur… et pour toi, ce sera l'occasion de partager avec elle vos tous premiers câlins! Ce mode de portage, en plus de favoriser le lien parent/enfant, diminue le stress et la douleur des bébés ».
« D'accord. Oui en effet, je me suis renseigné et lu des choses positives là-dessus. Tu commences à bien me cerner » lui répondis-je amusé tout en reposant ma fille dans l'incubateur.
« Eh oui! Tu n'as plus de secret pour moi alors... il va falloir que tu te mettes torse-nu » déclara-t-elle en rougissant légèrement.
Je jetai un regard circulaire autour de moi.
« Euh... mais ici ? »
« Oui ici mais avant on va dévêtir ta petite princesse et la laisser uniquement avec sa couche » m'expliqua-t-elle.
Je me mis à la tâche aussitôt mais visiblement ça ne plut pas trop à ma fille car elle commença à pleurer.
« Elle va se calmer ne t'en fait, elle doit avoir un peu froid mais une fois contre toi ça ira mieux puis je vais vous donner une couverture spéciale » me rassura Olivia.
« D'accord... » lui répondis-je en terminant ma tâche.
Entendre ma fille pleurer ainsi me déchirait le coeur, je retirai mon tee-shirt rapidement à mon tour puis le posai sur le dossier du fauteuil situé à côté de la couveuse. Je vis qu'Olivia essayait — sans grand succès — de ne pas trop regarder dans ma direction.
« Impressionnant le tatouage... » finit-elle par dire.
« En effet... » fanfaronnai-je avec un petit sourire satisfait pleinement conscient que ma réponse faisait un peu mec prétentieux.
Elle rigola puis prit ma fille afin de la poser contre moi sur mon torse, elle nous recouvrit d'une couverture chauffante, comme par magie Princesse cessa de pleurer instantanément.
« Je peux te poser une question indiscrète ? » me demanda Olivia tout à coup.
Je la jaugeai du regard une minute. Elle avait attaché ses cheveux blonds en une queue de cheval. Cette coiffure mettait en valeur son visage en forme de coeur et ses yeux bleus. Elle dégageait une certaine sympathie et une bienveillance, je l'appréciais bien.
« Etant donné que tu m'as été d'une précieuse aide ces derniers jours, je te l'accorde » lui répondis-je avec un petit sourire malicieux.
« Quel honneur ! » s'exclama-t-elle avec humour avant d'enchainer sur sa question « J'ai remarqué que tu portais une alliance pourtant Sarah m'a dit que toi et la mère de la petite étaient séparés...»
Je fronçai les sourcils puis la regardai avec étonnement. Je pensais que tout le personnel de l'hôpital était informé de ma relation avec Alec mais visiblement ce n'était pas le cas...en même temps, ça ne faisait que quelques mois qu'elle travaillait ici.
« Ma mère ne t'a rien dit de plus ? » la questionnai-je.
« Non puis je n'ai pas osé lui poser des questions même si je dois avouer que ton histoire m'intrigue » admit-elle.
« Ah bon ? Et pourquoi ça ? » m'enquis-je avec curiosité.
« Hmm je ne sais pas trop, tu m'as l'air de quelqu'un... d'intéressant » répondit-t-elle en cherchant ses mots « puis le Dr Aldertree ne tarit pas d'éloge à ton égare disant que tu deviendras un très grand chirurgien. Toutes mes félicitations à propos pour ton admission en médecine! » ajouta-t-elle.
« Oh waouh, tu es au courant de ça également ! » m'exclamai-je encore plus surpris.
« À l'hôpital, tout le monde connait tout de la vie des enfants des uns et des autres! » dit-elle en rigolant « je suis bien placée pour le savoir, mon père est chirurgien orthopédique et quand je lui rends visite à son travail, ses collègues sont toujours mieux informés que moi sur ma propre vie! C'était un peu lourd au début mais au final on comprend vite que c'est parce qu'on fait également partie de cette famille assez spéciale ».
« Oui, c'est vrai » admis-je.
« Alors et pour ma question ? » insista-t-elle.
« Ta question qui n'en est pas vraiment une mais bon passons. En effet avec la mère de ma fille c'est bien terminé et oui je suis fiancé ».
« Fiancé et père à 18 ans...c'est impressionnant. Je me sens si vieille à tes côtés! »
« Pourtant tu m'as l'air plutôt jeune... » plaisantai-je.
« Oui, je n'ai que 22 ans » répondit-elle avec un petit sourire.
« Hmm donc tu es en première année à l'école de puériculture... » devinai-je.
« Deuxième année en fait, j'ai un an d'avance » m'expliqua-t-elle.
Je regardais ma fille qui dormait désormais paisiblement dans mes bras...il n'y avait rien de plus beau au monde.
« Elle me rend tellement heureux » m'exprimai-je béatement en la contemplant.
« Je te comprends. C'est pour des moments comme celui-ci que j'aime autant mon métier. Voir tous ces petits anges me remplit de bonheur. C'est vrai qu'au début il est difficile de les voir branchés à tous ces appareils mais ils m'inspirent. Ils sont si courageux tous autant qu'ils sont. Quand le pire est passé et qu'on les voit reprendre des forces, quand on les voit évoluer, c'est juste magnifique... » dit-elle les yeux remplis de passion.
Ma petite sœur réapparut enfin avec mon téléphone à la main. Je la questionnai aussitôt.
« Est-ce que j'ai eu... » commençai-je.
« Un appel d'Alec ? » devina-t-elle « En effet, Monsieur je suis accro à mon fiancé » me taquina-t-elle.
Je vis Olivia froncer légèrement les sourcils. Il est vrai que je ne lui avais pas précisé que mon fiancé était de sexe masculin mais bon je ne voyais pas l'utilité de le faire.
« Comme si Jace ne te manquait pas... » rétorquai-je gentiment.
Elle me fit de gros yeux.
« Ok...touché. Je retire ce que j'ai dit! Si tu souhaites le rappeler maintenant, je peux rester avec ma nièce » me proposa t-elle avec un grand sourire.
« Euh, je peux la reposer ? » demandai-je à Olivia.
« Oui oui, bien sûr. Quelques minutes tous les jours suffit amplement » me rassura-t-elle.
Je déposai donc soigneusement ma fille dans la couveuse, enfilai mon tee-shirt, remerciai ma merveilleuse petite soeur puis descendis à la cafétéria au pas de course. Je commandai un cappuccino comme à mon habitude puis m'installai près de la baie vitrée pour téléphoner à mon fiancé. Ce fut la douche froide quand je fus accueilli par sa messagerie.
Peut-être un problème de réseau, pensais-je en réitérant mon appel. Messagerie de nouveau...
Dépité, j'accédai à mes messages et relis tous les SMS qu'on s'était échangé cette semaine. Ça ne comblait pas mon besoin d'entendre sa douce voix mais au moins ça me réchauffait le cœur de lire ses je t'aime et ses tu me manques. J'avalai mon cappuccino et m'apprêtais à remonter quand je vis Rafael débouler comme une furie dans la cafèt'. Je lui fis un signe de la main, il me rejoignit en deux enjambés.
« Magnus je t'en supplie, dis-moi que Camille est là-haut avec le bébé » m'enchaina-t-il.
Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas trop ce qu'il me disait.
« Euh...quoi ? » fis-je.
« Camille...elle est venue voir le bébé n'est-ce pas ? » reprit-il.
« Euh ben non, j'y suis depuis qu'on s'est croisé plus tôt ce matin et je ne l'ai pas vu pourquoi ? »
Rafael se laissa tomber sur la chaise face à moi, il mit sa tête entre ses mains. Son attitude commençait à me faire flipper.
« Hey Raf', que se passe-t-il ? »
« Elle est partie Mag's... » lâcha-t-il d'une voix blanche.
Le monde s'arrêta de tourner autour de moi quelques minutes.
« Qu'entends-tu part elle est partie... » lui demandai-je prudemment.
Il releva la tête puis me regarda dans le blanc des yeux. Il avait l'air au bord de la crise de nerfs.
« Après notre échange, j'ai contacté le Dr Fray comme convenu pour qu'elle puisse programmer une séance urgente avec Camille. Une fois fait, alors que je me dirigeais vers sa chambre, je l'ai croisé qui en sortait. Évidemment, je fus surpris de la voir debout, elle m'a dit que sa discussion avec toi lui avait ouvert les yeux et qu'elle était prête à aller voir le bébé. Je trouvais ça hallucinant mais en même temps j'étais tellement heureux qu'elle y aille enfin! Je lui ai donc proposé de l'accompagner mais elle a refusé prétextant qu'elle devait faire ça seule... »
« Et après ? » le pressai-je en redoutant déjà la suite de l'histoire.
« Je lui ai dit que je comprenais et que je l'attendais dans sa chambre puis là, elle fit une chose surprenante...elle m'embrassa. »
« Et en quoi est-ce surprenant ? » le questionnai-je de plus en plus largué.
« Magnus tu ne comprends pas. Camille m'avait avoué avoir des sentiments qui se développaient pour moi mais elle était encore complètement amoureuse de toi et donc les choses avançaient très très lentement entre nous. Le fait qu'elle m'embrasse comme ça...spontanément et aussi passionnément en plus, je te jure que ça m'a fait étrange! Bref passons. Ça faisait deux heures que j'attendais qu'elle revienne quand j'ai remarqué une chose dans sa chambre. Son téléphone n'était plus là...»
Je soupirai.
« Ça ne signifie rien...puis elle n'a pas pu sortir aussi facilement de l'hôpital sans que personne ne la remarque. »
« Magnus... » commença-t-il en me regardant comme si j'étais trop crédule.
« Bon d'accord, viens, on retourne dans sa chambre » lui dis-je en me levant précipitamment.
On arriva sur place et étions forcés de constater que la pièce était en effet déserte. Il y avait encore son sac avec ses vêtements mais pas de téléphone. Son sac à main n'était plus là également. Je commençais à paniquer moi aussi. Putain... je refusais de croire qu'elle avait vraiment fait ça...qu'elle s'était volatilisée lâchement.
Rafael s'assit sur le lit complètement désemparé. Je regardais partout autour de moi à la recherche d'un indice prouvant qu'elle ne s'était pas enfuie. Posé sur la table de chevet, je vis un bout de papier qui dépassait du livre de grossesse qu'elle lisait depuis plusieurs semaines. Il était intitulé Guide de survie de la future maman. Je le retirai doucement et constatai que c'était en réalité la photo de la dernière échographie de notre fille. Je la retournai instinctivement, il y avait une phrase écrite au dos.
"Je ne peux pas faire ça, elle sera bien mieux sans moi"
Je me figeai sur place. Ma respiration se bloqua dans ma poitrine. Choqué et mortifié, je relis la phrase encore et encore...
« Magnus ? Ça va ? » s'inquiéta Rafael devant mon air horrifié.
Je lui tandis la photo sans un mot et me laissais tomber sur le fauteuil placé à côté du lit.
« Putain...Camille... mais qu'est-ce que tu as fait... » gémit-il tout en continuant à fixer la phrase d'un air absent.
« Ce qu'elle sait faire le mieux... » lui répondis-je.
« Magnus, ne t'en fais pas. Je vais la retrouver et je vais la ramener...elle n'a pas pu aller bien loin... »
Non mais quelle naïveté, pensais-je. Qui était crédule maintenant? L'amour rendait vraiment idiot.
« Elle n'a pas pu aller bien loin ? Vraiment Rafael ? En plus de deux heures, tu penses réellement qu'elle n'a pas pu aller bien loin avec toutes les ressources dont vous disposez ? » crachai-je avec amertume et dégout.
« Je sais que tu es énervé Magnus mais... »
« Oh non, énervé n'est pas le bon mot crois-moi, je suis complètement anéanti Rafael ! Elle a fichu le camp ! Elle a abandonné sa fille putain ! Sa fille qui est encore en soins intensifs ! Mais bordel qui fait ça hein ? Quelle mère agit si indignement ! C'est ça qu'on vous enseigne dans votre monde de mafieux ! »
« Hey Magnus attention à ce tu dis... » me prévient-il.
« Tu sais quoi, Camille est morte pour moi, elle a fait son choix. Si tu veux lui courir après vas-y mais laisse-moi te dire une bonne chose, elle ne mérite pas ton amour, elle ne te mérite pas, tu devrais la laisser s'en aller et tourner la page » lui dis-je en me levant et en quittant la chambre sans me retourner.
J'avais la sensation que tout vacillait autour de moi, j'avais des sueurs froides et le souffle me manquait...nouvelle crise de panique pensais-je en essayant de reprendre le contrôle de mes émotions.
Respire Mag's... respire...ça va aller...tu te retrouves avec l'entière responsabilité de ta fille sur le dos mais ce n'est pas si grave... c'est vrai que ce n'était pas ce qui était prévu...maintenant tout repose sur toi, tu es seul et tu as l'impression d'être en chute libre dans un gouffre sans fin, énorme, profond et sombre mais ça va all...
De violents spasmes me retournèrent l'estomac. Je courus dans les premières toilettes que je trouvai et me vidai in extremis dans la cuvette des WC. Je restai une minute au sol, attendant de retrouver mon souffle et que les crampes se calment. Je tirai la chasse d'eau et allai me laver les mains, le visage et la bouche. M'observant une minute dans le miroir...je constatai que j'avais une salle tête. Mon teint était pâle, j'avais des cernes sous les yeux...au moins mon eyeliner était intact, pensais-je avec ironie.
Je pris une profonde inspiration et sortis rapidement mon téléphone. J'avais besoin de parler à Alec urgemment, là je perdais pieds, j'avais besoin de lui à mes côtés et tant pis si ça faisait pathétique, j'allais lui demander de prendre le premier vol et de rentrer me retrouver. Je n'avais qu'une malheureuse barre de réseau et espérais que ce serait suffisant. Je composais son numéro...la tonalité à l'autre bout me donna un peu d'espoir mais voyant qu'il ne décrochait pas, je fus à nouveau projeté au 36e dessous. Je raccrochai la mort dans l'âme, décidément le sort s'acharnait contre moi.
Je sortis des toilettes et remontai en néonat' retrouver Clary et ma fille. Il fallait aussi que je parle à ma mère et que je l'informe de la situation. Je n'avais aucune idée de comment j'allais pouvoir gérer tout ça tout seul.
En arrivant aux soins intensifs je vis que Rag' et Cat' étaient présents dans le couloir des visiteurs. Ils étaient en train de s'extasier devant la vitre et faisaient des gestes étranges tout comme les autres membres des familles présentes.
« Hey salut mon pote ! » s'exclama dit Rag'.
Son air enjoué disparu aussitôt en voyant ma tête.
« Que se passe-t-il ? » me demanda-t-il soucieux.
Cat' me regardait également avec une mine inquiète.
N'ayant pas encore le courage de leur expliquer, je contemplais ma fille de l'autre côté de la vitre qui était sagement dans les bras de Clary. Des larmes me montèrent aux yeux. Je craquais rarement devant mes amis mais là c'était trop pour moi. Je m'étais préparé à pas mal d'éventualités mais pas à devoir élever ma fille sans sa mère et encore moins lui annoncer un jour que celle-ci l'avait abandonnée à la naissance...
« Ok Mag's allez vient, on va trouver un lieu plus calme puis tu vas nous dire ce qui ne va pas » me dit Cat' en me guidant vers le couloir adjacent accompagné de Rag'.
Je me laissai conduire comme un automate, je me sentais complètement désemparé.
« Camille est partie » leur annonçai-je une fois que nous nous retrouvâmes seuls ... « elle est partie et a laissé un vulgaire mot disant : je ne peux pas faire ça, elle sera mieux sans moi ».
Mes amis écarquillèrent les yeux de surprise.
« Quand on pensait qu'elle ne pouvait pas tomber plus bas...elle est vraiment détestable » vociféra Cat'.
« C'est horrible. Je ne comprends pas, elle a le droit de quitter l'hôpital comme ça ? Etait-elle même en état de le faire ? » me questionna Rag'.
« Pfff, franchement je n'en sais rien et pour être franc je n'en ai rien à faire... » lui répondis-je en soupirant.
« Bref tu as raison, on s'en fou. Écoute, je sais que la situation est merdique mais ne t'inquiète pas, on sera là pour toi mon pote, on t'épaulera » me dit-il en plongeant son regard dans le mien.
« C'est gentil de me dire ça mais vous partez pour le conservatoire...vous aurez d'autre priorité et c'est normal. C'est à moi d'assumer... »
« Oui c'est vrai mais sache que tu pourras tout de même toujours compter sur nous, on se débrouillera pour répondre présent à chaque fois que tu en auras besoin, on t'en fait la promesse » m'assura dit Cat'.
« Merci...merci à vous deux » leur dis-je touché par le soutien inconditionnel qu'ils me témoignaient.
« Allez vient là... » me dit Rag' en me serrant dans ses bras. Cat' se joignit à nous pour un câlin.
Ça me réconfortait un peu d'avoir des amis aussi dévoués et sincères...en cas de gros coups durs je savais que je pourrais compter sur eux.
« Alec ?! » s'exclamèrent Rag' et Cat' en chœur en me relâchant. Je me retournai vivement et n'en crus pas mes yeux...il était bien là... en chair et en os et toujours aussi beau. Simon était debout à ses côtés.
Une demie seconde plus tard, on se jetait dans les bras l'un de l'autre.
« Je n'arrive pas à croire que tu sois vraiment là Mon Amour » lui dis-je toujours sur le choc.
« Mes parents ont modifié mon billet de retour. Ils ont vu à quel point j'étais malheureux sans toi...puis avec tout ce qui se passait en ce moment dans ta vie, j'avais vraiment du mal à profiter des vacances enfin bref j'ai prévenu Simon de mon retour, il m'a récupéré à l'aéroport et m'a conduit ici » m'expliqua-t-il.
« Merci infiniment mon pote » dis-je à l'intention de ce dernier.
« Mais de rien, c'était vraiment avec grand plaisir » me répondit-il avec un sourire sincère.
« On est heureux que tu sois là Alec ! » lui dit Rag'.
« Oui, tu nous as manqué. On va vous laisser discuter, on sera à la cafétéria si vous avez besoin de nous » nous informa Cat'.
« Merci les amis » leur répondit Alec tandis qu'ils s'en allaient.
Je le regardai comme s'il était irréel alors qu'il était bien là, à mes côtés...nous étions enfin réunit de nouveau.
« Tu dois être mort de fatigue » lui dis-je en le serrant de nouveau contre moi.
« Je ne pouvais pas rester une seconde de plus sans te voir...tu m'as trop manqué Bébé »
« Toi aussi Mon Ange...pour être franc, j'allais te demander de rentrer » lui avouai-je.
Il mit fin à notre étreinte afin de me regarder dans les yeux mais enlaça ses doigts aux miens.
« Vraiment ? » fit-il avec un grand sourire.
J'hochai la tête puis déposai un baiser sur sa tempe.
Il m'observa longuement pendant plusieurs minutes.
« Depuis quand n'as-tu pas dormi ? Tu m'as l'air exténué » me demanda-t-il.
« Je le suis en effet, j'ai très peu dormi. Clary et moi nous relayons pour tenir compagnie à la petite » lui expliquai-je
« D'accord mais et Camille ? » s'enquit-il.
Il était vrai que je ne lui avais pas encore parlé d'elle et du fait qu'elle n'avait pas une seule fois vu sa fille depuis la naissance.
« Elle a quitté l'hôpital ce matin...on ne sait pas où elle est. Rafael et moi avons trouvé un mot dans sa chambre expliquant en gros qu'elle ne pouvait pas assumer et que notre fille serait bien mieux sans elle...elle l'a abandonné Alec... » lui dis-je en essayant de ne pas paraitre trop dévasté...évidemment c'était inutile...pas face à lui.
Alec me regarda avec des yeux remplis d'amour, sans un mot, il me prit dans ses bras et me serra très fort. C'était ce dont j'avais besoin...de lui...juste de lui.
« J'ai dix milles questions en tête mais on discutera de Camille plus tard. Je t'aime Bébé, j'imagine que tu dois te sentir effrayé et désemparé mais on va s'en sortir. Je suis là moi et je ne compte pas m'en aller. Je serai là pour toi et pour le bébé, c'est pour ça que je suis revenu, pour être à vos cotés ».
C'était exactement ce que j'espérais entendre mais j'avais quelques inquiétudes.
« Mon Amour, es-tu certain d'être prêt pour ça ? Ce n'est pas ce qui était prévu...on devait faire les choses progressivement, là tout sera différent...il n'y aura pas de retour en arrière possible... » l'avertis-je très sérieusement.
Je ne voulais pas l'effrayer mais j'avais besoin qu'il réalise clairement dans quoi il s'engageait.
« Je sais, j'en suis conscient et oui ça risque d'être difficile mais si quelqu'un peut y arriver c'est bien nous...notre couple est suffisamment solide je le sais »
Alec avait raison, notre couple était solide, on était fiancé, on s'aimait...il n'y avait pas de raison qu'on ne puisse pas élever ma fille tous les deux mais j'étais mort de peur et cette peur était due en partie à cause de notre jeune âge. En même temps, j'étais quelqu'un de responsable et de mâture...Alec avait beaucoup évolué en ce sens lui aussi. Oui, on pouvait s'en sortir...ensemble.
« Alors...on le fait ? »
« Oui, on le fait. J'ai foi en nous Mon Amour » me répondit-il avec conviction.
« Je t'aime tellement » lui dis-je en l'embrassant avec tout l'amour et la reconnaissance que je ressentais pour lui « viens, il faut que je te présente quelqu'un mais avant on doit suivre la procédure pour les microbes et les bactéries » lui dis-je rapidement en lui prenant la main.
Quelques minutes après, on rejoignit Clary qui était occupée à faire la toilette de ma fille en compagnie d'Olivia. Ce fut la surprise quand elle vit Alec.
« Alec ! » s'exclama-t-elle « mais que fais-tu là ?! » lui dit-elle en lui faisant un câlin.
« J'ai écourté mon séjour, ton frère me manquait trop » expliqua-t-il en me regardant amoureusement.
Ses yeux dévièrent sur Olivia et le bébé.
« J'imagine qu'il y a zéro chance que le tiens soit rentré avec toi... » fit Clary tristement.
« Euh non désolé, il n'y a que moi » lui répondit-il un peu gêné.
« Ne t'en fais pas Mon Amour, elle survivra » le rassurai-je tout en taquinant ma petite-sœur.
Cette dernière me tira la langue comme quand elle avait cinq ans. Je la regardai médusé.
Olivia nous jetait des regards en coin tout en continuant à s'occuper de ma fille, ce qui me rappela que je n'avais pas encore fait les présentations.
« Alec, je te présente Olivia. Elle m'a été d'un très grand soutien depuis la naissance de notre Princesse » lui expliquai-je.
« Oh, enchanté » lui dit-il avec un petit sourire crispé.
« De même Alec » lui répondit-elle avant d'enchainer « Ça y est, cette jolie demoiselle est toute propre, tu peux la prendre Magnus »
Je ne me fis pas prier puis pris aussitôt ma fille dans mes bras.
« Hey coucou Mon Cœur, j'ai quelqu'un de très important à te présenter »
J'avançais vers Alec qui avait l'air un peu paniqué tout à coup.
« Détends-toi Mon Amour, je ne vais pas te demander de la prendre...du moins aujourd'hui » lui dis-je en rigolant.
« Et je t'en remercie car je ne saurais pas comment faire » me répondit-il penaud.
Ses yeux se posèrent sur ma fille, un large sourire illumina son visage.
« On dirait un ange... » s'extasia-t-il d'un air rêveur « Bébé...elle est vraiment merveilleuse »
« Merci » lui répondis-je tout sourire.
« Oui c'est vrai, elle est adorable! La plus adorable de toute! » s'exclama Clary avec un sourire béat.
Olivia s'excusa puis partit s'occuper d'un autre bébé qui commençait à gémir dans la pièce. On resta tous les trois à contempler ma fille et à commenter la moindre de ses petites mimiques.
« Je vais rejoindre les autres puis passer un coup de fil à Jace » nous annonça Clary après un moment.
« Entendu petite sœur. Maman est de garde ce soir donc je vais passer la nuit à l'hôpital. Toi, tu pourras rentrer à la maison te reposer. Dis-moi quand tu seras prête à y aller, je te raccompagnerai » lui dis-je en étouffant un bâillement.
« C'est toi qui devrait rentrer te reposer frangin mais je sais que tu ne veux pas la quitter » comprit-elle.
« Non en effet surtout que... »
Je marquai une pause.
« Que ? » s'enquit-elle.
Je soupirai.
« On en discutera tout à l'heure sur le chemin de la maison » lui proposai-je.
Son regard passa d'Alec à moi, elle était intriguée mais ne posa pas plus de question.
« Entendu, à tout à l'heure » nous salua-t-elle après avoir déposé un petit bisou sur la main de sa nièce.
« Pourquoi ne lui as-tu pas dit pour Camille ? » me demanda Alec une fois Clary partie.
« Je ne voulais pas le lui apprendre ainsi. Comme tu le sais, Clary a été adoptée. Sa mère biologique est décédée dans un accident et son père lui, ne s'est jamais manifesté...elle sait ce que c'est que d'être abandonnée... »
« Tu as peur que ça lui rappelle de mauvais souvenirs » comprit Alec.
« Oui. Clary ne manque pas d'amour, je sais qu'elle est heureuse mais il y a certaines blessures qu'on ne peut pas effacer et ce même avec tout l'amour du monde » dis-je en regardant ma fille.
Cette dernière commença à gigoter nerveusement dans mes bras puis se mit à pleurer.
« Oh mais que se passe-t-il ma princesse? Tu as fait un mauvais rêve? » lui demandai-je tout en la berçant afin d'essayer de la calmer.
Alec me regardait avec un petit sourire en coin.
« On vous amuse Mr Lightwood ?» l'interrogeai-je en lui jetant un regard en biais.
« Non mais vous êtes adorables tous les deux puis c'est amusant sa façon de pleurer, c'est presque mélodieux... comme un air de musique! » dit-il en rigolant.
Je réfléchis une minute à ce qu'il venait de me dire...tout à coup ce fut la révélation.
« Comme une aria... » dis-je d'un air songeur.
« Quoi ? » fit Alec perplexe.
« Aria ! Tu m'as donné une idée de prénom Mon Amour ! Ça veut dire air de musique en Italien! »
« Aria ? » répéta-t-il avec un grand sourire « j'adore ! »
« C'est vrai ? Tu aimes ? »
« Oui, c'est parfait Bébé! »
« Aria Clarissa Bane... » dis-je en regardant ma fille qui avait fini par se calmer.
Alec se rapprocha puis glissa son index dans sa toute petite main, elle le resserra aussitôt.
« Quelle poigne Princesse Aria » lui dit-il en rigolant.
Comme pour nous confirmer qu'elle adorait son prénom fraichement trouvé, on la vit ouvrir doucement les yeux.
J'écarquillai les miens de surprise...je n'en revenais pas!
« Incroyable...enfin tu nous montres la couleur de tes magnifiques petits yeux ma chérie ! » m'exclamai-je aux anges.
« Attends, c'est la première fois ? » me demanda Alec surpris lui aussi.
« Oui Mon Amour, visiblement elle attendait le bon moment... »
« Tu as dû passer la semaine à te demander s'ils avaient la même couleur que les tiens » fit-il en rigolant.
« C'est vrai, tu me connais bien. Là plus de doute, elle est mon homologue féminin! » dis-je fièrement.
Le bonheur fut de courte durée car Aria décida qu'il était temps pour elle de se replonger dans les bras de Morphée. Je la déposai délicatement dans la couveuse afin qu'elle puisse dormir plus confortablement puis me réinstalla dans le fauteuil. Je pris Alec par la taille et le fis s'assoir sur mes genoux.
« Tu es sûr qu'on a le droit de faire ça ? » chuchota-t-il en regardant autour de nous d'un air inquiet.
La pièce s'était bien vidée, il ne restait plus qu'Olivia et deux autres parents en plein contact peau à peau avec leur bébé...à mon avis ils avaient d'autres préoccupations que nous.
« On ne fait rien de mal » lui dis-je en prenant sa main dans la mienne. J'embrassai son alliance.
« Je suis si heureux que tu sois là... »
« Moi aussi Bébé, il n'y a qu'à tes cotés que je me sens bien...que je me sens entier » me dit-il en me regardant dans les yeux. Je l'embrassai amoureusement sur ses douces lèvres.
« Je t'aime Mon Amour...infiniment ».
« Moi aussi je t'aime...de la lune jusqu'aux étoiles » me dit-il en se blottissant dans mes bras.
Aria gigota dans son sommeil, je me demandais à quoi elle pouvait bien rêver et si elle ressentait le manque de sa mère. Oui...probablement que oui. Rien ni personne ne pouvait remplacer une mère pourtant j'étais bien décidé à combler ce vide et à lui donner tout l'amour dont elle aura besoin. Elle aura les meilleurs parents au monde, les meilleurs grands-parents, les meilleurs oncles et tantes. Alec et moi pouvions y arriver, à nous deux, rien ne nous était insurmontable car l'amour que l'on ressentait l'un pour l'autre était tout ce dont nous avions besoin pour nous aider à relever le plus grand défi de toute notre vie...un joli défi nommé Aria.
Fin de la Fiction !
