Epilogue
Boys Over Girls
J'avais toujours aimé l'odeur de café. Quand j'étais môme, j'avais pris l'habitude de préparer celui d'Iruka, juste pour pouvoir en humer l'arôme entêtant. Bien entendu, à l'âge de dix ans, j'avais encore du mal à apprécier le goût corsé et presque amer. Maintenant, à vingt ans, je ne pouvais plus m'en passer. Le café était comme un carburant, chaud, revigorant, qui me tenait éveillé durant les longues soirées de révisions ou de travail. Présentement, c'était pour mon travail.
Je poussai un soupir après avoir avalé cul sec l'expresso que je venais de me préparer. Il n'était que 14h, autant dire que j'avais encore du boulot avant de pouvoir rentrer chez moi. Cependant, les examens de fin de semestre se rapprochaient, et mêler les études à mon petit et sempiternel job dans le café de Jiraya et Tsunade devenait de plus en plus difficile. Il n'était cependant pas question que je l'abandonne. Comme toujours, les fins de mois étaient justes, et la fac de Konoha coûtait encore plus chère que le lycée, puisque réservée à l'élite. J'étais toujours soulagé et surpris d'avoir pu y accéder malgré mes références peu flatteuses, et je me demandais toujours si… quelqu'un n'était pas intervenu en ma faveur.
Je secouai légèrement la tête avant de reprendre mon petit bloc-notes et d'aller accueillir les nouveaux clients. C'était assez bondé aujourd'hui. Surtout la terrasse. On sentait que l'été était proche. Les habitants de cette région si douce et ensoleillée avaient envie de profiter des premiers rayons du soleil. J'aurais aimé pouvoir le faire aussi. Peut-être plus tard dans la journée… si Kiba arrivait à l'heure pour prendre la relève.
Lui n'avait pas continué ses études à l'université de Konoha. Tout comme moi, il était maintenant en troisième année de fac, mais dans un établissement un peu moins côté mais plus abordable. Vétérinaire. Aucun autre métier n'aurait pu mieux lui convenir, selon moi. Il savait y faire avec les animaux. Il s'y plaisait, dans son école, alors tout allait bien. Il rentrait les weekends, et n'avait pas laissé tomber son job, qu'il assumait trois jours par semaine. Le plus étonnant était sans doute qu'il continuait de fréquenter Hinata Hyuuga, au grand dam du cousin de celle-ci, Neji. Leur histoire durait maintenant depuis trois ans, et ce serait mentir si je disais que je ne les enviais pas. Mais ils n'étaient pas les seuls qui me rappelaient quelle aurait pu être mon futur si j'avais mieux réfléchi.
Pendant près d'un an, Gaara avait fait régulièrement des allées-retours entre la France et le Japon pour aller voir Konan. Ces voyages incessants s'étaient terminés quand cette dernière avait décidé de revenir au pays du soleil levant pour s'installer avec son compagnon. Malgré certaines disputes et autres désaccords, leurs fiançailles avaient été annoncées officiellement le mois de février dernier. Les deux avaient toujours été présents pour me soutenir et m'aider au fil du temps, et je ne pouvais qu'être heureux pour eux.
Sakura et Sai, eux, entretenaient une relation heureuse et saine sur bien des plans. Ils vivaient même ensemble depuis un an et demi, maintenant. Quand Sai se préparait à succéder à son père, Sakura avait démarré avec succès des études de médecine. Elle parvenait sans mal à gérer les deux, et trouvait encore du temps pour voir ses amis. Je l'admirais pour ça. Elle avait toujours été la plus intelligente de notre groupe d'amis. D'ailleurs, en parlant du loup…
Alors que je préparais une nouvelle commande, je la vis pousser la porte du bar. Elle me fit un sourire éblouissant, avant de traverser la salle dans ma direction. Elle était ravissante dans sa légère robe blanche et ses sandales roses. Elle s'installa sur l'un des tabourets délaissés. Je lui dis de patienter le temps de servir un client, et quand je revins, elle feuilletait une brochure de maison d'hôtes à Suna.
- Tu prévois de te faire un weekend en amoureux avec Sai ? plaisantai-je en lui servant un jus de pomme.
Elle sourit quand elle vit la boisson que je poussai vers elle, et répondit :
- Je serais tentée, oui. Il faut si beau que j'ai bien envie d'envoyer en l'air toutes mes révisions !
Elle attendit les lèvres entrouvertes que sa phrase fasse son petit effet. Je ricanai, et me contentai de répondre :
- Le jour où tu feras ça, je serai président de ce pays.
- Hm, tu as sans doute raison. Peut-être pour le mois de juillet, alors ? fit-elle avec un clin d'œil en glissant le dépliant dans son sac.
La sonnerie de son portable retentit, l'avertissant qu'elle avait un message. Je repérai sans problème comme ses lèvres s'étirèrent de satisfaction.
- Bonne nouvelle ? m'enquis-je.
- Oh, non, la routine, dit-elle vaguement. Sinon, tu ne devais pas sortir avec quelqu'un jeudi dernier ?
Je m'interrompis dans mes gestes, lui jetant un rapide coup d'œil avant de mettre la machine à café en route. Je restai silencieux le temps de préparer la boisson chaude, et l'apportai à un monsieur lisant son journal. Il me remercia d'un signe de tête. Je retournai vers Sakura qui m'avait suivi des yeux tout ce temps.
- Tu ne comptes pas me répondre ?
- Suis-je obligé ? demandai-je en tentant de ne pas perdre mon calme.
- On dirait que tu as honte de fréquenter quelqu'un, fit-elle remarquer. Ça fait trois ans, Naruto.
- Et alors ? Ce n'est pas parce que ça fait trois ans que je dois cesser d'y penser ! m'énervai-je légèrement. Et puis, continuai-je en baissant d'un ton, si tu veux tout savoir, j'ai annulé.
- Encore ? On dirait que ça devient une habitude pour toi.
- Ce n'est pas de ma faute. J'y arrive pas, c'est tout.
Je soufflai bruyamment, frottant de façon absente le pli entre mes sourcils froncés. Je me grattai un instant le front, avant de poursuivre, presque dans un murmure.
- A chaque fois, je… je bloque. Je ne parviens pas à l'oublier complètement, et je me raccroche à sa promesse. Mais comme tu dis, ça fait trois ans, hein ? lançai-je, plus détendu.
Sakura parut voir que je forçai un peu la nonchalance que je semblais ressentir, mais ne commenta pas ce fait.
- Tu n'auras vraiment eu que Samui depuis que Sasuke est parti.
- Ouais…
Si tu comptes une relation de trois mois comme quelque chose de sérieux, pensai-je.
Samui était une jeune femme vraiment séduisante que j'avais rencontrée l'année précédente. La blonde avait réussi petit à petit à me séduire, avec son air calme et fier, qui m'était familier et me rappelait celui qui avait fait basculer ma vie de lycéen. Elle était intelligente, étudiait le droit, comme moi. Mais ça n'avait pas duré très longtemps. Je n'avais pas réussi à m'impliquer vraiment avec elle. Quelque chose n'allait pas dans notre relation, et je savais que c'était moi. Quand elle voulait que les choses aillent plus vite, cela me faisait reculer d'autant plus. J'aurais aimé dire que je n'y pouvais rien si je ne parvenais plus à m'attacher à personne, mais c'était faux. Je ne faisais pas d'efforts. Malgré le temps qui passait, il n'y avait toujours qu'une personne à qui je pensais chaque jour, avec l'espoir de la voir apparaître sur le pas de la porte un beau soir. Trois ans, mais sa promesse résonnait encore à mes oreilles comme un serment.
Sasuke.
Pourtant, on ne pouvait pas dire que les signes étaient encourageants. Les nouvelles que j'avais de lui provenaient soit des journaux, soit des anciens membres du F4. Il ne m'avait jamais appelé. Il n'avait pas envoyé de messages. Il était encore moins revenu à l'improviste à Konoha pour voir comment j'allais. Je savais que les fiançailles avec la jeune femme qui était partie avec lui avaient été annulées, engendrant une certaine rivalité entre la compagnie Uchiha et celle de la fille humiliée. Pourtant, à part ça, c'était comme si je n'existais plus vraiment pour lui. Ça faisait mal… mais je m'accrochais. Je me rappelais encore de la dureté de son père, et je me persuadais que cette absence cruelle de contacts était à cause de lui. Je pouvais me tromper. Il m'avait peut-être juste oublié. Après tout, ce n'était pas comme si notre histoire avait duré des mois et des mois. Cependant, pour moi, c'était comme si j'étais toujours pris, et chaque histoire que je tentais maladroitement de commencer étaient toutes vouées à l'échec… tout simplement car, tant que je ne l'aurais pas entendu dire le mot « fin », ça continuait. Alors peut-être me faisais-je des illusions ? Je l'ignorais, mais je ne parvenais pas à admettre à Sakura ou à quelqu'un d'autre ce que je ressentais. J'avais peur qu'ils me trouvent trop… romantique ? Etait-ce seulement sain d'attendre une personne de cette manière, sans aucun réel espoir qu'elle ne revienne un jour ? Peu à peu, je commençais à me décourager. Qui étais-je après tout pour lui ? Personne, vraiment. Pas un ami, pas un fiancé. J'avais été son amant, c'était tout. Et son premier amour, on finit toujours par l'oublier.
- Tu as eu de ses nouvelles ? fit Sakura avant de siroter un peu de sa boisson.
- De qui tu parles ? marmonnai-je, bien que je connaissais déjà la réponse à cette question.
- Ne joue pas à ça avec moi. Je te parle de Sasuke, et tu le sais parfaitement !
- Non, toujours rien, répondis-je en serrant les dents.
Ce sujet était toujours sensible, malgré mes bonnes résolutions de l'attendre. J'avais peur d'être jugé, encore et toujours. Mais je savais que Sakura n'était pas comme ça : elle respectait mes décisions.
- Qu'est-ce que tu ferais s'il apparaissait aujourd'hui même, la bouche en cœur ? lança-t-elle, m'examinant de son regard perçant.
- Il aurait droit à un coup de pied au cul pour m'avoir fait attendre aussi longtemps ! Et sans donner de nouvelles ! m'exclamai-je en plaquant brutalement mes mains sur le comptoir, me penchant légèrement dans sa direction.
- Ça, ça m'étonnerait, ricana-t-elle. Tu t'énerves toujours quand le sujet est ramené sur le tapis, mais je te connais, Naruto. Devant nous, tu fais le fier, mais s'il revenait vraiment, ta grande bouche n'arriverait plus à former un seul mot cohérent.
- Tu peux me dire pourquoi on parle de ça, d'abord ? demandai-je sèchement en évitant son regard.
- Pourquoi pas ?
- Parce que je ne veux pas. Sasuke m'a… déçu, d'accord ? Il m'a promis des choses, mais au final, il n'a pas tenu sa parole.
- C'est faux ce que tu dis, riposta-t-elle. Il t'a promis qu'il reviendrait dans trois ans, et…
- Et ça fait trois ans ! complétai-je pour elle. Est-ce que tu le vois, quelque part ? Moi pas, en tout cas. Et depuis quand tu es de son côté, d'ailleurs, hein ?
- Je ne suis pas de son côté, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel, peu affectée par ma saute d'humeur. J'essaie juste d'être objective.
- Eh bien, je m'en passerai de ton objectivité ! Jiraya ! criai-je ensuite.
Le vieil homme passa un peu trop rapidement sa tête par la porte donnant sur la cuisine. Je le soupçonnai aussitôt de nous avoir écoutés, mais honnêtement, peu m'importait.
- Je prends ma pause, déclarai-je en enlevant le tablier de mon pantalon.
- Naruto, attends, je…
Mais j'ignorai Sakura quand je me dirigeai à grands pas vers la sortie. J'avais besoin de prendre l'air.
Arrivé dehors, je pris une longue inspiration, mais mes muscles fébriles ne voulaient pas s'arrêter de trembler. Je ne comprenais pas ce que Sakura voulait, mais son insistance avait réussi à me faire perdre mon calme pour de bon. Je me mis à rire, me trouvant beaucoup trop sensible. Après avoir frotté énergiquement mes yeux, j'observai la rue animée. Instinctivement, mes doigts vinrent trouver la pierre bleutée offerte par Sasuke lors de son départ. Ils s'y agrippèrent fermement. Elle était toujours chaude, puisque toujours posée sur ma poitrine. Je ne l'avais jamais quittée. Je me disais que tant que je la possédais, j'avais quelque chose que Sasuke reviendrait chercher. Il me l'avait dit lui-même. Ce bijou avait appartenu à sa mère, et il devait y tenir comme à la prunelle de ses yeux. Un jour, il voudrait le récupérer et pour cela, il viendrait à moi. A cette pensée, mon cœur se serra douloureusement. Sans réfléchir, je portai la pierre topaze à mes lèvres, fermant les yeux.
- Ce café est toujours aussi minuscule, à ce que je vois.
Je me stoppai dans mon geste. Cette voix. Profonde, presque rauque. Je la connaissais par cœur, pour avoir désiré pendant des années l'entendre. Je n'y croyais pas. Mon corps refusait de bouger. Pourtant, vaincu par une curiosité sourde, je me retournai avec lenteur.
Il était là. Nonchalant. Les mains dans les poches de sa veste courte en cuir noir. Cela faisait trois années que je ne l'avais pas vu en personne, et je remarquai aussitôt des détails presque infimes qui pourtant dénotaient le temps passé. Il avait grandi, lui aussi, et son corps était devenu plus large que ce dont je me rappelais. L'adolescent à la silhouette svelte était devenu un homme. Même son visage était changé. Sa mâchoire était légèrement plus carrée, son expression plus volontaire, mais aussi infiniment plus douce que lors de notre toute première rencontre. En revanche, le regard sombre et profond était resté le même, et me happait comme lors de notre séparation. Sasuke était beau. Et il m'observait tout en miroitant mon expression. Le temps avait passé pour moi aussi. Mais ce qu'il vit sembla le réconforter, et un sourire en coin naquit sur ses lèvres.
- Tu es exactement comme dans mes souvenirs, déclara-t-il doucement.
Ces mots étaient dits de façon assurée, pourtant, je pouvais voir qu'il se méfiait de ma réaction. Apparemment, il se souvenait aussi de mon caractère.
- Toi, tu as changé, répliquai-je en me redressant lentement, le regardant de haut en bas.
- Oui. Je suis devenu quelqu'un de meilleur, je crois, poursuivit-il en avançant prudemment.
Les mots me rappelèrent immédiatement la dernière fois que je l'avais vu : l'avion, la fiancée, son père si sévère, et lui, sa douceur, son amour… et sa promesse.
- C'est pour ça que je reviens enfin, termina-t-il.
Je me rendis alors compte qu'il avait avancé jusqu'à se poster juste devant moi. Son sourire avait disparu face à mon expression fermée. Je ne voulais rien montrer de mes émotions, pourtant, je sentais en moi les battements précipités de mon cœur. Et mon esprit agité ne pouvait répéter qu'une seule chose : ça y est, il est là, il est revenu pour moi. Et ce que je ressentais à ces pensées n'avait qu'un seul nom : le bonheur. Mais ma fierté me disait de ne pas céder sans une dernière bataille.
- Tu m'as laissé sans nouvelles, lançai-je, sentant mes sourcils se froncer dangereusement.
- L'accord que j'avais passé avec mon père ne m'avait pas laissé le choix.
- Je croyais que tu m'avais oublié, Sasuke ! poursuivis-je d'un ton plus emporté. J'ai même cru pendant trois mois après ton départ que tu étais toujours fiancé, jusqu'à ce que Neji m'apprenne le contraire !
- Naruto, je…
- Tu mériterais mon poing dans la gueule, crachai-je en repoussant la main qu'il avait voulu poser sur mon visage.
Cela le réduisit au silence. Puis il redressa son visage, ferma les yeux, et attendit. Ma main se serra en un poing tendu, mais mes yeux ne quittaient pas les lèvres ourlées à peine entrouvertes. L'instant qui suivit, je me retrouvai contre lui, serrant sa posture droite contre mon corps légèrement tremblant. Il enfouit sa main dans mes cheveux, posa sa bouche contre ma joue, et murmura :
- Gémeaux, aujourd'hui, il faudra vous montrer audacieux, avant que votre partenaire ne se sente délaissé et pense à la rupture.
Je sursautai dans mon lit, me redressant abruptement, les yeux encore à moitié fermés et de la bave séchant sur mon menton. A peine réveillé, je pris aussitôt conscience que j'étais dans ma chambre. Une douleur violente se propagea dans ma poitrine.
- Côté argent, restez prévoyant, car vos économies n'ont jamais autant souffert. Cancer, vous…
Je tapai brusquement sur mon radioréveil, risquant de le casser. Je sentis une déception saisissante m'envahir, me laissant un goût amer dans la bouche. J'enfouis mon visage au milieu de mes genoux repliés, laissant une tristesse sourde humidifier mes yeux.
- Un rêve, chuchotai-je. Un putain de rêve.
Je me mordis la lèvre, sentant un tremblement secouer mes épaules. Je me sentais ridicule. Trois années, et c'était comme si mon corps n'attendait toujours qu'une unique chose : que celui de Sasuke le rejoigne enfin. Quand arriverai-je enfin à passer à autre chose ? Quand est-ce que j'assimilerai finalement le fait que, pour lui, je n'étais rien d'autre qu'une passade ? Je l'ignorai, mais plus le temps passait, plus il m'était difficile de regarder la réalité en face : il ne reviendrait pas.
- Hm, Naruto, murmura une voix ensommeillée et enrouée à côté de moi, il fallait vraiment que tu mettes ton réveil aussi tôt ?
Un corps près de moi remua sous les draps, avant qu'une peau brûlante ne se colle à la mienne, me faisant sursauter. Je fis volte-face, les yeux grands ouverts.
Sasuke avait posé sa tête dans le creux de mon épaule, et en me retournant aussi brutalement, je lui mis un coup dans le menton. Il recula vivement en retenant un crissement, massant la partie de son visage qui était endolorie. Je le regardais alors qu'il marmonnait des mots incompréhensibles. Les draps avaient laissé des traces sur sa joue, et ses cheveux défaits retombaient de façon comique sur son visage. Je ne pus empêcher le sourire qui me dévora le visage.
- Tu es rentré, chuchotai-je.
- Non, tu crois ? fit-il, ironique. C'est toi qui as insisté pour que je dorme ici cette nuit. Si j'avais su qu'un tel réveil m'attendait, j'aurais peut-être refusé.
Il ronchonnait pour la forme, et je ne pus m'empêcher de rire. De soulagement. La scène au café s'était donc bien passée la veille, je ne l'avais pas imaginée. Mais j'avais rêvé tellement de fois que Sasuke rentrait que j'avais mélangé réalité et fantasmes. Mais cette fois-ci, c'était la bonne. Et la main qui caressa tendrement mon dos me rassura sur ce fait. Elle était bien réelle. Je l'appréciais comme il se doit.
Sasuke se pencha vers moi pour déposer un baiser sur mes lèvres que je lui rendis avidement. Il se rallongea sur le dos, m'entraînant avec lui. Je posai ma tête sur son torse, écoutant les battements réguliers de son cœur.
- Tu m'auras fait attendre longtemps, soufflai-je en refermant doucement les yeux.
- Je sais… pardon. Ou plutôt, merci de m'avoir attendu.
- Comme si j'avais eu le choix, ris-je en secouant légèrement la tête, avant d'embrasser son cou. Tu m'as déclaré la guerre, ensuite tu m'as couru après. Puis tu es parvenu à me séduire pour mieux m'abandonner ensuite. On peut dire que tu m'en as fait voir de toutes les couleurs.
- Mais c'est comme ça que tu m'aimes, non ?
Je me redressai sur un coude, plongeant mon regard dans le sien. Il esquissa un léger sourire dans lequel je vis encore une certaine incertitude. Je passai ma main dans ses cheveux, domptant les quelques mèches rebelles, avant d'embrasser son front.
- Oui, murmurai-je, c'est comme ça que je t'aime.
L'entendre parut le soulager d'un poids. Je vis ses paupières s'abaisser, de soulagement sans doute. Quand il rouvrit ses yeux, ce fut un véritable sourire qui orna son visage… avant qu'il ne me fasse doucement basculer sur le lit, me couvrant de son corps. Approfondissant un baiser qui fit se répandre en moi une nouvelle vague de bonheur. Quand il s'écarta, ce fut pour caresser tendrement ma joue, ses yeux plongeant dans les miens.
- Je t'aime aussi, chuchota-t-il.
Je souris à ces mots, posant mon front contre le sien. Nous restâmes comme ça quelques minutes, et ce fut Sasuke qui rompit le silence.
- Tu t'occupes des petits-déjeuners ce matin au café, c'est ça ?
- Hélas, marmonnai-je.
Il était déjà sept heures, et je devais être là-bas dans une heure.
- Tu crois que tes patrons te pardonneront un retard exceptionnel ? Tu n'auras qu'à leur dire que ton amant t'a retenu pour se faire pardonner comme il faut de sa très longue absence.
Je me mis à rire, secouant légèrement nos corps, avant de répondre :
- Oui, je crois que ça passera pour cette fois.
- Parfait, car j'ai vraiment l'intention de rattraper le temps perdu.
Il s'abaissa pour sceller nos lèvres et nos corps, me faisant rire d'autant plus.
J'arrivai bien plus qu'en retard ce jour-là, mais Tsunade et Jiraya ne firent aucun commentaire, tâche qui se révéla difficile pour ce dernier. La douleur de l'absence cruelle de l'autre s'était enfin dissipée. Je ne l'avais pas attendu si longtemps en vain. Sasuke était revenu, et comme il l'avait promis, c'était devenu quelqu'un de meilleur. Tout ce que nous devions faire maintenant, c'était de profiter de l'autre. Nous avions été mis à l'épreuve, et, malgré les obstacles, nous en étions sortis vainqueurs. Et jamais victoire n'avait eu de goût plus doux. Ne restait plus qu'à la savourer.
FIN