Cette histoire est le résultat d'un défi que j'ai reçu de la part d'Hypnos-Sama où je devais mettre en scène un couple bien particulier, mais avec le choix libre pour le récit. Comme je n'aime que rarement la simplicité, c'est devenu une histoire en plusieurs chapitres.

Je ne prends en compte que la série originale de Masami Kurumada et non pas les différentes séries dérivées.

Pardonnez-moi pour les éventuelles fautes qui auraient échappé à ma vigilance.

Disclaimer : les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.

Bonne lecture à vous.


Chapitre Un : Prologue

Un bruit de pas se répercuta sur le sol en marbre blanc du temple du Griffon. À grande vitesse, une silhouette de haute stature, avec de longs cheveux blancs et revêtue d'une robe sombre se ruait dans les couloirs, ignorant superbement les murmures et les éclats de rire des spectres qu'elle entendait au loin. Cette personne recherchait activement quelqu'un et entendait le retrouver, quitte à fouiller l'édifice de fond en comble.

Rune, spectre du Balrog s'était fait un point d'honneur à être irréprochable dans tout ce qu'il faisait. Son efficacité dans son travail et son obéissance envers son supérieur était un exemple pour tous les spectres au service du Seigneur Minos ainsi que pour les autres.

Aussi, lorsqu'il était tombé par hasard sur cette petite boîte entrouverte, nacrée et entourée de pierreries, avec un parchemin déroulé à l'intérieur, il avait décidé de l'apporter immédiatement au chef de ces lieux.

Cette trouvaille était visiblement très précieuse, mais inexplicablement, une personne l'avait abandonnée sur le sol, dans un endroit habituellement très fréquenté. En sortant de la salle du jugement dans la première prison, Rune avait eu la main heureuse et l'avait ramassé hâtivement. Poussé par la curiosité, il avait lu le contenu du parchemin. Il s'agissait d'un simple poème, mais écrit de la main d'une divinité à l'attention du maître incontesté du monde souterrain, Hadès.

Une telle missive n'avait pas pour vocation de rester négligemment par terre et il se devait de l'apporter à quelqu'un qui en ferait bon usage.

Au bout d'un temps qui lui sembla être une éternité et après une fouille minutieuse de l'aile droite du temple, celle qui était entièrement dédiée au Juge de la première Prison, il aperçut enfin le Seigneur Minos assis derrière son bureau, en pleine discussion avec le Seigneur Eaque, debout face de lui. Il n'entendit pas le sujet qu'ils abordaient, mais visiblement, ils étaient tout deux de bonne humeur, ce qui encouragea le spectre du Balrog à venir les interrompre pour leur faire part de sa surprenante découverte.

Intrigué par cette irruption soudaine, Minos tourna la tête vers le nouveau venu et le dévisagea.

« Qu'y a-t-il, Rune ? Tu sais pourtant que n'aime pas être dérangé lorsque je suis en pleine conversation. »

Le ton employé par le Juge était stricte et sans appel. Pourtant, étrangement, Rune le ressentit comme une douce mélodie à ses oreilles. Une harmonie délectable de notes puissantes et sensuelles. Il était connu de tous que le spectre du Balrog avait le bruit en horreur, mais le son produit par la voix de Minos n'avait plus rien à voir avec celui généré par le commun des mortels ou même par celui des Enfers, il était de nature divine. Abasourdi, il observa son supérieur. Le Seigneur Minos ne lui avait jamais paru aussi beau qu'en cet instant. Bien sûr, le Griffon avait toujours été un homme d'une grande beauté, mais ce fait ne l'avait jamais plus interpellé que cela. Il faisait toujours peu de cas de l'apparence du Juge ainsi que de celles des autres spectres. Le physique importait peu dans le monde souterrain, seul les capacités étaient précieuses pour se distinguer et s'élever au sein de la hiérarchie. Pourtant, en ce moment précis, il se retrouvait fasciné par le Griffon, presque tétanisé. Que se passait-il donc ?

Minos fronça les sourcils en voyant le peu de réaction du serviteur qui le remplaçait périodiquement dans sa fonction. Même Eaque s'était retourné, pour observer l'intrus.

« RUNE ! » cria Minos, agacé.

Le spectre concerné sortit soudainement de sa léthargie, secoua sa tête et mis un genou à terre en signe de soumission.

« Pardonnez-moi pour cette intrusion, Messeigneurs, mais je viens de découvrir une missive qui aurait été écrite à l'attention du Seigneur Hadès. J'ai voulu vous la remettre au plus tôt. »

Les deux juges se regardèrent, puis, Minos, fit signe à Rune de s'approcher. Celui-ci s'empressa d'obéir et posa la boîte sur le bureau. Eaque poussa un petit sifflement admiratif en détaillant l'objet en question et Minos saisit le document à l'intérieur et commença à le lire en silence sous le regard de ses deux interlocuteurs.

« Hadès

Ô être insensible à l'amour,

me privant à jamais de mon bien-aimé

Voici venir enfin l'illustre jour

où ta perfidie sera pleinement récompensée.

... »

Au fur et à mesure de sa lecture, le visage du Griffon se décomposa et devint presque livide, ce qui étonna grandement le spectre du Garuda et celui du Balrog. Minos ouvrit la bouche, mais sans en sortir la moindre tonalité, les yeux figés sur le parchemin.

« Minos, est-ce que tout va bien ? » demanda Eaque.

L'absence de réponse le surpris encore davantage. Il avança sa main pour saisir à son tour le papier manuscrit lorsqu'il croisa le regard de Minos et ressentit aussitôt les fils de son attaque, la Manipulation cosmique, qui le repoussèrent brusquement vers le fond du bureau.

« Arrière ! Ce n'est pas une simple missive pour notre maître, c'est une...malédiction qui lui est destinée. » s'exclama Minos, affolé.

Le Griffon se releva brusquement de son siège et remis le parchemin dans son écrin, s'assurant de son étanchéité. Dépité, il mit une main devant son visage et ferma les yeux pour tâcher de réfléchir sur cette situation nouvelle.

Un instant plus tard, il se retourna vers Rune, qui s'était relevé, incertain.

« Rune, où as-tu trouvé cet objet ? » demanda le Griffon d'un ton sec.

« Dans la salle de repos de la première Prison, Seigneur Minos. »

« Tu l'as lu, n'est-ce pas ? »

« Oui. C'est ainsi que j'ai découvert qui en était l'auteur et qu'il était adressé au Seigneur Hadès. » répondit le Balrog, la tête baissée.

« Etait-il déjà ouvert ? »

« Oui. »

« Et as-tu rencontré d'autres personnes avant de venir ici ? »

« Non. »

« Je vois. »

Minos se massa les tempes en poussant un soupir. L'événement était pour le moins insolite et les effets pourraient s'avérer désastreux s'ils n'étaient pas maîtrisés. Il devait absolument en référer à Pandore. Elle seule connaissait suffisamment son frère Hadès ou d'autres divinités qui pourraient peut-être leur venir en aide.

« Venez, nous devons nous rendre immédiatement auprès de Lady Pandore. » ordonna le spectre du Griffon.

Eaque comprenait de moins en moins l'attitude de son frère d'arme. Il lui saisit l'épaule pour avoir de plus amples informations.

« Et si tu m'expliquais d'abord ce qu'il se passe ? Je n'ai pas lu cette fameuse lettre. De quoi s'agit-il ? Quel est cette soi-disant ''malédiction'' ? »

Le contact du Garuda fit sursauter Minos. Il tourna lentement la tête pour le regarder.

C'était bien ce qu'il redoutait. Eaque était divinement beau avec son air contrarié. Ses yeux sombres scintillaient tels deux galaxies et le regardèrent avec une intensité hors norme qui semblait vouloir l'attirer et l'entraîner à jamais dans son attraction céleste. Il n'avait plus de volonté, comme s'il était devenu lui-même une marionnette, victime de sa propre attaque, qui se perdait dans l'immensité de ses prunelles. Le Griffon eut la sensation d'avoir des papillons dans le ventre. Sa gorge se serra. Maudite Déesse !

Fermant les yeux, Minos détourna la tête sous le regard éberlué du Garuda et sous le mécontentement du Balrog qui n'appréciait pas du tout la scène.

« Pardonne-moi ». souffla doucement Minos, effleurant ses propres doigts. « Cette missive vient de la Déesse Aphrodite et elle est adressée au Seigneur Hadès. Sous couvert d'un poème, elle stipule que celui qui lit ces écrits tombe instantanément amoureux de la première personne qu'il voit. La déesse voulait faire en sorte qu'Hadès tombe amoureux d'un mortel pour qu'il connaisse à son tour les tourments et les affres que ce sentiment provoque, comme elle l'a apparemment subi par sa faute. Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de cette affaire, le poème n'en dit pas davantage, mais ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit d'une vengeance de sa part. Le problème, c'est que nous sommes déjà deux dans cette pièce à avoir lu cette missive.

« Attends, tu veux dire que tous les deux, vous... »

Eaque s'interrompit lorsqu'il vit que Rune couvait littéralement Minos du regard. Regard qui devenait immédiatement glacé lorsqu'il se posait sur lui. Le spectre du Griffon ne fut pas en reste, s'il évitait de regarder directement le spectre du Garuda dans les yeux et qu'il agissait presque timidement, un comble pour tous ceux qui connaissent le caractère bien tranché de Minos, il était évident que toute son attention était concentrée sur lui avec ses oeillades à peine détournées.

Minos hocha lentement la tête.

« Malheureusement oui. Nous sommes touchés par cette malédiction divine et qui sait combien d'autres spectres le sont également après l'avoir lu ? Nous devons prévenir Lady Pandore et rassembler tous nos hommes pour déterminer les victimes de ce sort ainsi que les responsables qui ont apportés cet objet ici. »

Eaque approuva et resta silencieux quelques secondes. Sans les réflexes de Minos, il aurait lui aussi été victime de ce mauvais sort. Une sorte de filtre d'amour divin, en somme. Il aurait presque trouvé la situation amusante en constatant la réaction des deux hommes, car de prime abord, il existait bien pire comme châtiment, mais son instinct lui criait qu'il fallait absolument régler ce problème au plus vite.

Son instinct se trompait rarement.


À suivre.


NDA : Dans cette histoire, il s'agit bien évidemment d'Aphrodite, la fantasque déesse grecque de l'amour et pas du Chevalier d'Or des poissons qui porte le même prénom.

Avec ce prologue, l'histoire commence relativement en douceur. La suite sera plus mouvementée.

N'hésitez pas à me faire part de vos avis.