Voilà je suis enfin de retouuur ! (Bon probablement pour pas énormément de temps mais que voulez-vous, c'est déjà ça).

Voici un chapitre où il se passe plus de choses (dans le développement des personnages, du moins) et que j'ai pris bien plus de plaisir à écrire.

J'espère qu'ils vous plaira,

Brigitte 26: Oui je pense qu'il y a des études pour ça, mais pas forcément des études spécifiques pour devenir professeur (pas assez de professeurs en devenir pour ça) mais plutôt des études spécifiques aux matières/domaines. Après c'est sûr qu'étudier après Hogwarts est indispensable pour devenir professeur, sinon on se retrouve avec des spécimens tels que Lockhart qui ne connaissent rien à la matière qu'ils enseignent…


Chapitre 10 - Je suis là moi…


Lucius avait toujours répété à son fils qu'il pourrait avoir un métier très honorable, à la hauteur de son sang et de son nom. Il lui avait toujours dit qu'il trouverait une place élevée au ministère s'il le souhaitait. Et peut-être deviendrait-il même ministre, qui sait ?

Après tout, en plus de la fortune considérable des Malfoy et de la renommée de leur nom, Draco est un très bon élève. Brillant même si l'on considère ses notes. Seule Granger l'empêchait – et cela depuis des années – d'être le meilleur élève de leur année.

Pourtant, lorsque Draco est sorti du bureau de McGonagall cet après-midi-là, ce fut le cœur bien lourd.


A présent le jeune Serpentard est assis sur la terre humide, entre deux des serres. Il sait qu'il ne devrait pas s'assoir par terre, qu'il risque de tâcher son pantalon coûteux. C'est quelque chose que le Draco d'avant la guerre n'aurait jamais fait. Mais, là, aujourd'hui, il n'en a rien à faire si des tâches brunâtres viennent couvrir le doux tissu.

Harry arrive comme toujours. Il s'assoit aux côtés de Draco. Il ne parle pas.

Draco déteste cette habitude qu'a le Gryffondor de le trouver ou qu'il soit. Il déteste que s'il semble ne jamais trouver les bons mots, sa simple présence arrive toujours à calmer Draco.

- Comment m'as-tu trouvé ? Comment est-ce que tu fais à chaque fois ?

Harry les regarde brièvement, pendant une seconde seulement. Puis il sort un vieux parchemin de sa poche. Les bords sont jaunes, un peu déchirés mais à part cela, le papier n'a rien de spécial. Rien du tout. C'est juste un parchemin vierge comme on en trouve des milliers.

Et puis Harry murmure doucement :

- Je jure que mes intentions sont mauvaises.

Et aussitôt ce qui était un parchemin dénué d'inscriptions se recouvre de mots et de formes géométriques, ce qui fait fortement ressembler le tout à ….

- Une carte ? C'est une carte ?

Harry ne répond pas, il se contente d'observer la réaction de Draco avec un petit sourire satisfait.

Draco trace avec son doigt ce qui semble être le contour du Grand Lac. Et là-bas, un peu plus loin il peut trouver le Saule-Cogneur. Et enfin, plus près du château il repère les serres. Ses sourcils se froncent lorsqu'il remarque les deux noms côte à côte : Harry Potter et Draco Malfoy.

Il y a toujours beaucoup eu de rumeurs qui courraient sur Harry. Certaines semblaient possibles, mais la plupart d'entre elles paraissaient complètement stupides, même aux yeux de Gregory qui n'était pourtant pas une lumière. Draco en avait même lancé plus d'une de ces rumeurs. Il aimait voir le malaise ou la colère sur le visage de Harry lorsqu'une d'entre elles parvenaient à ses oreilles.

Il y avait une rumeur qui avait été très populaire à un moment – était-ce en quatrième année ou alors en cinquième ? – qui affirmait que si Harry Potter paraissait si bien connaître le château c'était parce qu'il possédait une carte magique qui lui avait été donné par Dumbledore lui-même.

Draco n'avait jamais vraiment trop cru à cette légende : après tout si un tel objet existait, les Malfoy l'auraient forcément su.

Mais à présent qu'il était face à l'objet, il ne pouvait plus douter de son existence.

Il secoue la tête ne pouvant pas croire entièrement ce qu'il voyait.

- Sale rat.

Harry ne commenta pas la faible insulte de Draco, il se contenta de lever un sourcil.

Non vraiment Harry était un sale rat. Ce n'était pas possible d'avoir une telle chance.

- Pas étonnant que tu vagabondais la nuit dans le château sans te faire prendre ! Draco grommelle alors qu'il observe les noms d'un groupe de Poufsouffles se déplacer lentement près de la bibliothèque.

Draco cligne des yeux plusieurs fois à la vue du nom d'un sorcier dans les cuisines.

- Je rêve ou McGo est en train de grignoter dans la cuisine ?

Harry rit doucement. Une mèche de cheveux tombe sur son front, cachant sa cicatrice. Draco se retient de la remettre en place derrière l'oreille du brun. Il préfère voir la cicatrice de Harry. Elle lui rappelle qu'il est réel et non un de ces personnages de livres trop parfaits.

Draco essaie de ne pas se demander quand il a commencé à trouver que Harry était parfait. Après tout, il y a quelques mois de cela il le trouvait aussi insupportable que laid.

Comment a-t-il pu un jour le trouver laid ? Se demande-t-il alors qu'il observe ses cheveux noirs qui tombent en vagues sur son visage enfin reposé, serein. Il n'est certes pas un Apollon, ni même un des garçons les plus beaux de la classe, mais nul autre n'a ces yeux si verts capables de faire chavirer le cœur de Draco, comme si l'organe n'était qu'une de ces stupides barques prenant l'eau trop facilement nul autre ne possède ce rire si malicieux capable de dérider le visage crispé du Serpentard.

Draco ferme les yeux un instant et tente d'oublier la voix de sa mère qui lui envahit la tête, cette voix assurée, un peu rêveuse qui lui chuchotait doucement, alors qu'il fermait les yeux dans son lit d'enfant : « Tu ne comprends peut-être pas ce que c'est aujourd'hui, ce sentiment dont on parle tant, qui faut verser tant d'encre et périr tant d'hommes. Mais un jour Draco, tu sentiras ce petit tsunami à l'intérieur de toi, Et tu te sentiras bête, Et malheureux, Et à la fois l'homme le plus heureux du monde. » il se souvient de son rire à ce moment-là, Alors qu'elle caressait tendrement ses cheveux. « Et peut-être qu'à cet instant-là, tu cesseras de faire semblant de vomir en voyant ton père et moi s'embrasser. »

Draco rouvre les yeux et chasse le souvenir de sa tête.

- Elle y va tous les Après-midis. Opy – un elfe de maison – m'a confié quelle raffolait des scones et est bien souvent incapable d'attendre l'heure du repas avant d'en manger.

Draco ne peut s'empêcher de rire à l'idée de leur ancien Professeur, mangeant des scones avec les doigts, des traces de gras sur ses mains, et un air complètement heureux flottant sur ses pâles lèvres.

- Comme quoi, lance Draco. On ignore tout de tout le monde. Même de ceux qu'on pensait connaître.

Les doigts d'Harry ne cessent de bouger, arrachant des touffes entières d'herbe, nouant les tiges des fleurs les unes aux autres, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Pourquoi es-tu venu ici, tout seul ?

- Justement parce que j'avais envie d'être seul, dit-il, sans aucun reproche dans la voix. C'est vrai qu'il avait ressenti le besoin d'être seul, mais maintenant que Harry était là, avec lui, la solitude lui paraissait moins agréable, moins enviable que la douce compagnie de Harry.

Harry continue de massacrer la pelouse. Un petit tas d'herbe commence à se former à côté des deux garçons. Après quelques minutes, il souffle :

- Si tu as besoin de dire quelque, tu peux me le dire. Je sais que tu ne serais pas venu ici si tu n'avais rien sur le cœur.

Draco observe les nuages qui flottent doucement au-dessus de leurs têtes, il fixe leurs figures sombres aux joues dodues en repensant à son entretien avec McGonagall. Tout ce qu'elle lui avait dit, il le savait déjà, mais les mots n'en avaient pas été moins tranchants pour autant, et malgré le sourire désolé de leur ancien professeur, ses paroles l'avaient tailladé aussi facilement que le Sectumsempra.

Il ferme les yeux.

- Après Poudlard, il commence, la voix lourde des mots qu'il ne veut pas dire. Après Poudlard je quitterais le monde des Sorciers.

Il rouvre les yeux. Du coin de l'œil, il voit Harry broyer les brins d'herbe dans sa main, le visage crispé par une émotion sans nom. Une veine palpite dans son cou. Rapidement. Draco se demande si son cœur bat aussi vite.

Le blond attend que le Gryffondor relève la tête, qu'il croise son regard si vert. Mais le jeune homme fixe obstinément le sol, sans même ciller.

- Il n'y a plus rien pour moi ici. Pas de perspective d'avenir. Rien. Aucun employeur ne voudrait d'un Malfoy.

Il rit et Harry se crispe davantage à l'écoute de ce rire sans joie.

- Tu imagines ? Embaucher un Malfoy, un ancien Mangemort, alors qu'aujourd'hui encore, le nom de Voldemort n'est que peu prononcé ? Alors que le château et encore hanté par les ombres trébuchantes de ceux qui sont morts, ici ? Personne n'est assez fou pour faire ça.

Le silence s'étire durant plusieurs minutes entre eux.

- C'est faux Draco, lâche enfin Harry, une douleur inconnue teintant sa voix. C'est faux. Il doit bien exister des gens, quelque part, qui te donneraient un emploi.

Après un instant, il ajoute :

- Après tout, tu es deuxième de la classe !

Draco sourit tristement. Et son sourire veut dire ça n'a pas d'importance, pour eux. Et son sourire veut dire c'est pas grave, tu sais.

- Je pourrais travailler dans une librairie moldue. J'ai toujours aimé les livres et les moldus, eux, ne connaissent ni mon nom, ni la guerre qui nous a déchiré. Je pourrais me créer une nouvelle identité, être une autre personne. Il ne reste rien pour moi ici.

Harry se redresse tout doucement. Ses yeux brillent dans la nuit tombante.

- Ne dis pas ça. Ne dis pas ça…

Harry le regarde, le visage triste, amer.

- Je suis là, moi… Ses lèvres laissent échapper dans un souffle. Je suis là.

Le bras gauche d'Harry se tend dans l'herbe, s'étire jusqu'à que sa main attrape celle de Draco. Sa peau couverte de petites cicatrices est rugueuse contre celle – douce – du blond.

Je suis là.

Le pouce d'Harry caresse doucement sa main, envoyant des frissons le long de son bras, le long de son corps tout entier.

Le silence se fait autour d'eux. Seul le murmure du vent dans les feuillages des arbres se fait encore entendre.

Peut-être que c'est cela être vivant, ce dit Draco. Peut-être que ce n'est pas être célèbre et riche, peut-être que ce n'est pas d'être apprécié par des milliers de gens que l'on ne connait même pas. Peut-être que c'est simplement être étendu sur l'herbe, dans la nuit, et regarder la multitude d'étoiles naissantes au-dessus de sa tête, en tenant la main d'un garçon aux yeux verts, dont le cœur bat aussi vite que le sien.