Fandom: The magicians

Pairing: Eliot x Quentin

Note: Attention ! Spoil saison 4 ! Aussi: le nom de la fic vient de la chanson "Way down Hadestown" d'Anais Mitchell.

Prompt: J'arrive pas à en sortir

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WAY DOWN ELLSWORTH DOWNS

Chapitre 1: Revenir sur Terre

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— Quentin ?
Le sommeil le retenait encore dans un état végétatif, Quentin voulut s'y accrocher et ne pas répondre à la voix qui voulait apparemment qu'il sorte de son lit avant l'heure.
— Quentin ? Est-ce que tu m'entends ?

Si c'était la voix d'Eliot, elle était vraiment aiguë ce matin. Par curiosité, Quentin entrouvrit les yeux. Les tons gris de la pièce n'avaient rien à voir avec la chambre d'Eliot avec ses rideaux aubergines satinés et ses posters aux murs. Il n'était pas à Brakebills. Quentin cligna des paupières, le visage d'une femme se pencha au dessus de lui et il sentit son cœur tomber dans ses talons lorsque son regard s'attarda sur le badge qu'elle portait sur la poche de sa blouse blanche. Dr Jennifer London.
— Oh... oh non, pas encore, dit-il d'une petite voix.

Dr London se redressa avec un sourire patient qu'il détestait déjà. Une main posée sur son épaule dans un geste censé être rassurant – mais qui ne contribua qu'à l'angoisser encore plus – elle se mit à parler d'une voix douce.
— Tout va bien, Quentin. Je sais que c'est sûrement déstabilisant pour toi mais tu es à Ellsworth Downs, tu as eut une crise qui a duré plusieurs semaines...
— N-Non, bredouilla-t-il. Non, non...

Dr London se baissa pour se mettre à sa hauteur et secoua la tête en faisant "shhhhh" pour le calmer.
— Mais tout va bien maintenant, nous avons réussi à stabiliser tes dosages et nous espérons que ce genre de crise n'arrivera plus.

Quentin échappa à sa prise pour se lever du canapé, il en fit le tour pour le placer entre lui et elle et chercha frénétiquement autour de lui.
— Penny ! Cria-t-il.
— Quentin, tout va bien !

La chanson de Taylor Swift. Vite, la chanson de Taylor Swift. N'importe quoi.
I stay out too late..., chantonna-t-il d'une voix tremblante.

Dr London croisa les bras et n'essaya plus de l'approcher. Quentin chanta en boucle la chanson de Taylor Swift. Lorsque la première fois ne fit pas venir Penny, il recommença. Encore et encore. Dr London soupira et s'avança doucement.
— Tu as fini ? Demanda-t-elle.

Quentin se recroquevilla légèrement et enroula ses bras autour de lui-même en cachant ses mains dans son sweat shirt trop grand pour lui.
— C'est un sort, c'est u-une hallucination, et vous... Vous n'êtes pas réelle.

Dr London lui envoya un regard de pitié qui lui donna envie de la secouer. Quentin serra les dents, déterminé et buté.
— Vous n'êtes pas réelle, répéta-t-il. Je suis juste coincé dans ma tête et je n'arrive pas à en sortir.
— Laisse-moi t'aider, Quentin.
— Vous ne pouvez pas, rétorqua-t-il sèchement.

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XX

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Dans cette version de Ellsworth Downs, Julia ne vint pas lui rendre visite les lundi et les vendredi. Alice était toujours aussi givrée et en manque de sexe, à lui toucher les cheveux sans arrêt, le faux Penny prenait du plaisir à le priver du moindre sentiment de confort ou de paix. Quant à Eliot... Il partageait son temps entre les loisirs créatifs et la récolte de pilules contre des faveurs sexuelles.
— C'est pas réel, c'est pas réel...

Alice entortilla une mèche de ses cheveux autour de son index avec un sourire de dément et Quentin enfouit son visage entre ses genoux pour ne plus la voir. Les paupières fermées, il chanta aussi fort que possible dans sa tête et bougea les lèvres au rythme des paroles.
I stay out too late, got nothin' in my brain, that's what people say, mmm hmm, that's what people say, mmm hmm...

Penny, Penny, Penny !
Le coussin du canapé s'affaissa à sa droite et un torse s'appuya contre son dos.
— Qu'est-ce que tu fais ?

Eliot percha son menton sur son épaule, Alice fronça les sourcils et pinça les lèvres comme s'il lui volait un bout de viande dans son assiette. Quentin soupira et posa sa tempe contre son bras replié.
— J'hallucine, lui répondit-il du tac au tac.
— Cool, Je peux essayer aussi ?

Encore une minute de ce sort et il allait devenir fou.

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XX

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— Parle-moi encore de ce que tu as vu pendant ton épisode délirant, réclama Dr London.
— C'est pas...

Quentin soupira. Les bras enroulés autour de ses jambes, il refusa de lui accorder son attention, il ne supportait pas la pitié et la patience dans son regard, ni même la fausse gentillesse de sa voix. Elle ne voulait pas l'aider, elle cherchait juste à l'enfoncer un peu plus dans le sort pour qu'il oublie sa vie. Sa vraie vie.
— Je sais que selon toi, ce n'est pas un épisode délirant, tu crois que c'est la réalité. Mais au fond de toi, Quentin... Est-ce que tu es sûr à cent pour cent d'être un sorcier...
— Magicien, corrigea-t-il.
— Un magicien, répéta Dr London avec condescendance.

Quentin se ratatina sur lui-même, encore plus si c'était possible. Dr London réarrangea les piles de dossier sur son bureau et posa les mains à plat sur la table.
— Tu es en dépression, tu nous as confié qu'il t'arrivait de ne pas te lever le matin. De sauter les repas par manque d'envie et de motivation.
— Je veux rentrer à la maison...
— Nous ne pouvons pas te laisser sortir tant que nous ne serons pas certain que tu ne représentes pas un danger pour toi-même et pour les autres... Ton père est encore choqué de la dernière fois, tu te souviens du jour où tu as voulu le tuer ?

Quentin ne s'embêta pas à lui préciser qu'il ne se référait plus au foyer de son enfance lorsqu'il parlait de la maison. Il parlait de Brakebills, de ses amis, de la magie. Il voulait rentrer chez lui.
— Non, parce que c'est... ce n'est jamais arrivé, répondit-il.
— Ce serait un mensonge de dire que ce n'est pas arrivé, le sermonna Dr London.
— Je ne peux pas mentir, dit-il en haussant un sourcil et une épaule. Je suis un très mauvais menteur.
— Parce que tu n'as aucune notion de ce qui est vrai ou pas, expliqua t-elle tristement.

La tête tournée sur le coté, il se perdit dans la contemplation du dehors et laissa une mèche de cheveux lui retomber sur la joue pour qu'elle ne puisse pas voir les dégâts que ses paroles provoquaient chez lui.
— Recommençons depuis le début. Dans tes épisodes dépressif, tu es persuadé d'être un héros de ton livre d'enfance. La magie est réelle, les animaux parlent, les dragons existent, reprit-elle avec un petit rire désabusé. Et il y a... un homme avec des mites à la place du visage qui veut tous vous tuer.
— Stop.
— Est-ce que tu réalises la folie dans tout ça, Quentin ?
— J'ai dit stop, geignit-il.
— Des hommes mites, des animaux parlant et des dragons, assena-t-elle.

Quentin pressa fortement ses mains contre ses oreilles et ferma les yeux. Il ne pouvait pas l'empêcher de parler mais il pouvait s'empêcher de l'écouter.
Et si elle avait raison ? Lui souffla une petite voix vicieuse. Et si t'avais pété un boulon pour de bon, si tout ça c'était du vent ?
Mais non, c'était forcément un sort, une attaque, quelqu'un qui lui en voulait...
Mais toutes les personnes qui leur en voulaient étaient mortes. Il n'y avait qu'eux, que ses amis et lui. Et ses amis ne s'amuseraient pas à lui faire une blague comme celle-là.
Peut-être que le Dr London avait raison. Peut-être qu'il était fou.
Quentin déplia les mains de ses oreilles et tenta de faire un sort avec les mouvements dont il se rappelait. Des petites étincelles brillèrent au dessus de ses doigts mais en relevant la tête avec un sourire triomphant, il réalisa que le Dr London le dévisageait sans s'émouvoir plus que cela de son tour de passe passe. Parce qu'elle ne voyait rien. Parce que la magie était dans sa tête.
— Vous ne le voyez pas ? Demanda-t-il d'une toute petite voix.

Les lèvres du Dr London s'affaissèrent vers le bas, elle secoua la tête. L'esprit de Quentin se scinda en deux.
— Il est temps de se réveiller et de revenir sur terre, Quentin.

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XX

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— Qu'est-ce que tu fais ? S'enquit Eliot d'une voix de gamin.
Les yeux dans le vide et la tête tournée vers la fenêtre, la bouche de Quentin resta close. Alice posa sa tête sur son épaule avec un sourire attendri.
— Il est fou, se réjouit-elle.
— Oh... Je peux essayer aussi ?

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XX

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— Depuis combien de temps est-ce qu'il est comme ça ?
— Depuis ce matin, répondit Eliot en faisant les cent pas.

Sur le canapé du Doyen de la magie se trouvait Quentin, habillé dans la tenue qu'il avait mis la veille, avant d'aller se coucher. Eliot l'avait embrassé, ils avaient plaisanté avant d'éteindre les lumières et après les avoir éteinte. Des bêtises qui avaient fait rire Q et puis ils s'étaient encore embrassés et ils avaient du s'endormir entre deux. Lorsque Eliot s'était réveillé, Quentin dormait encore. Il l'avait laissé tranquille et était parti profiter un peu de la présence de Bambi. Et quand à dix heures, Quentin ne s'était toujours pas levé, Eliot s'était inquiété. Les seuls jours où Quentin se réveillait après dix heures, c'était les lendemains de cuite et les jours de déprime. Ils n'avaient pas bu la veille.
— Je l'ai secoué, je lui ai crié dessus mais il n'a pas bougé un muscle. Je n'arrive pas à le réveiller, dit-il d'un ton défait.

Margo se posta à ses cotés et entremêla leurs doigts, Eliot serra sa main en tentant de déchiffrer l'expression de Fogg.
— Est-ce que c'est comme le sort de la dernière fois ? La toile de Scarlatti ?

Fogg secoua la tête en faisant un bruit pensif:
— Ça y ressemble dans la forme mais pas dans le fond.
— Superbe, dit Margo d'un ton traînant. Alors qu'est-ce qu'on doit faire pour le réveiller ? Lui secouer les puces ? L'embrasser comme pour la belle au bois dormant ?
— Déjà fait, marmonna Eliot.

Margo se tourna vers Eliot en haussant un sourcil, ce dernier fit claquer sa langue contre son palet.
— La ferme.
— Je pense que la personne qui a lancé ce sort devait avoir la toile de Scarlatti en tête, c'est une variation, reprit Fogg.
— Alors on n'a qu'à convoquer un Matarese comme la dernière fois, proposa Eliot.

Fogg secoua la tête, impassible derrière ses lunettes rondes.
— Je ne pense pas que ça va fonctionner pour cette version du sort. Quentin a besoin d'un guide différent pour en sortir.

Penny, qui était resté en retrait depuis le début de la conversation et s'était appuyé contre le chambranle de la porte pour les écouter, se détacha de son pan de mur.
— Alors je peux le faire, dit-il.

Fogg l'interrompit en s'éclaircissant la gorge et en levant une main pour arrêter son avancée.
— Non, pas ce genre de guide. Ce sort là ne demande pas la présence d'un voyageur.
— Alors quel genre de guide ? Bougonna Penny.

Eliot regarda les yeux de Quentin bouger derrière ses paupières, leurs mouvements étaient si saccadés et brutaux qu'il avait l'air à deux doigts de se réveiller. Mais le reste de son corps était comme paralysé. C'était effrayant.
— La personne la plus proche de lui émotionnellement.
— Julia n'est pas là, lui fit remarquer Eliot.
— Je ne parlais pas de Julia.

Eliot fronça les sourcils et se tourna vers Alice qui était restée étrangement silencieuse. Elle recula d'un pas lorsque ses yeux tombèrent sur elle. Margo grogna bruyamment et lui donna un coup de coude tout sauf discret dans les côtes.
— Oh, Bon sang. Il parle de toi, Don Juan du dimanche.
— Moi ?
— Tu réalises que vous êtes ensembles et que vous avez passé cinquante ans à vous casser le dos sur la mosaïque tous les deux ? Qui peut-être plus proche de lui que toi, râla Margo.
— Sa mère, répondit-il tout de go.
— Non. Si t'avais explosé mon utérus le jour de notre première rencontre, je peux t'assurer qu'on serait pas meilleurs amis aujourd'hui.
— Beuh... Dégueulasse, meuf ! Se plaignit Penny avec une grimace.

Eliot se passa une main dans les cheveux nerveusement et se tourna vers Quentin qui n'avait toujours pas bougé d'un poil. Son immobilité lui fichait les jetons. Quelqu'un d'autre devait forcément être plus proche de Quentin qu'il ne l'était... Non ? Qui d'autre ?
— C'est moi, hein, réalisa-t-il.

Fogg se tourna vers son assistant pour lui donner des instructions et Eliot sentit ses bras se couvrir de chair de poule et ses mains fourmiller. Il faisait ça pour Quentin. Il fallait le sortir de sa propre tête. Eliot avait été plutôt doué pour ça pendant leur cinquante ans de vie commune, il avait été patient et tendre et Quentin s'était toujours extirpé de ses pensées négatives au final. Aujourd'hui n'était pas différent.
— Ok, comment on fait ça ? Demanda-t-il.

L'assistant revint avec une fiole violette à la main, Fogg le remercia et la confia à Eliot.
— C'est un élixir de plongée sous pensées.
— Comme la plongée sous marine ?
— Non. Sous pensées, prononça lentement Fogg comme s'il était un demeuré.

Eliot déboucha la fiole et la pencha pour regarder son contenu en fronçant le nez.
— Alors quoi, je la bois et c'est tout ?
— Concentre ton esprit sur Quentin. Être plus près de lui aidera peut-être.

Vu la situation, Eliot n'avait pas besoin de beaucoup de concentration pour penser à Quentin, il s'inquiétait déjà trop à son sujet.
— Et quand je l'aurais trouvé, comment est-ce que je suis censé trouver la porte de sortie ?
— Elle ne sera pas à sa place habituelle, tu la remarquera quand tu la verras.
— Encore une énigme, grommela Eliot.

D'un mouvement souple, il alla s'asseoir sur le sol à coté de Quentin et posa la main sur sa nuque.
— Ramène-le, El.
— Je reviendrai pas sans lui, Bambi, ce serait pas très cool pour ma réputation.
— Ça, c'est clair. Fais attention.

Puis avant de se dégonfler, Eliot but le contenu de la fiole en entier, le regard ancré au visage anxieux de Q.

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XX

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C'était Brakebills. Mais en même temps non.
Tout était terne, presque en noir et blanc, comme si l'esprit de Quentin avait déteins au lavage. Des infirmières parlaient à des patients, les couloirs grouillaient de monde. Les fous étaient... vraiment fous.
— Quentin ?

Pas de Quentin en vue pour l'instant. Eliot passa par le bureau du Doyen. Sur les étagères, des manuels de médecine remplaçaient les livres de magies et le cabinet de curiosité magique avait disparu lui aussi. Une plaquette métallique indiquait "Dr Jennifer London".
— Fun.

Eliot serra les dents. Il tourna les talons puisque Q ne s'y trouvait pas.
Pas non plus dans les chambres, ni dans le cottage...
Il y avait des barreaux à chaque fenêtres, des verrous sur chaque placards, des panneaux d'interdiction...
— Q ?

L'air était glacial et même s'il y avait du monde, Eliot eut l'impression d'être dans un immeuble désaffecté. Ici, il n'y avait que des fantômes.
Au milieu du faux Brakebills, Eliot eut la sensation vertigineuse qu'il arrivait trop tard.

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XX

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Ses paupières tressaillirent et il cligna des yeux. Dans sa plongée sous pensées, son corps s'était calé contre le canapé et sa tête avait basculé sur l'assise du divan, contre le bras de Quentin.
— Alors ? Demanda impatiemment Bambi.

Ses fesses étaient endolories et tout son corps lui faisait mal, comme s'il avait la grippe. Eliot se redressa doucement et tourna la tête vers Q. Toujours aussi inanimé, immobile, même ses yeux bougeaient moins sous ses paupières closes.
— Je ne l'ai pas trouvé, chuchota-t-il d'une voix incertaine.
— Qu'est-ce que ça veut dire, ça, bougonna Penny.

Eliot se tourna vers Fogg. Ce dernier s'était servi un verre de whisky qu'il faisait tourner entre ses doigts. Penny fronça les sourcils:
— La dernière fois, il était dans la salle commune, t'as regardé là-bas ?
— J'ai regardé partout, il était nulle part.

Fogg baissa la tête et garda le silence. Eliot entendit instantanément ce qu'il ne disait pas et il refusa de lui laisser l'opportunité de prononcer les mots. Il tendit la main vers lui avec détermination.
— J'y retourne, décida-t-il.
— Tu ne peux le faire que deux fois.
— Deux fois ? Et s'il ne le trouve pas la seconde fois, c'est fini ? S'indigna Alice.
— Deux fois par jour, nuança Fogg. L'élixir de plongée sous pensées ralentit les fonctions vitales du corps de la personne qui le boit, moins d'oxygène pénètre le cerveau, Eliot risque des lésions cérébrales rien qu'en faisant une deuxième tentative.

Les vertiges venaient donc de l'élixir et pas de son sentiment d'avoir royalement tout fichu en l'air. Eliot remua les doigts avec insistance.
— J'ai déjà testé dix milles drogues, je pense que mon corps est paré pour un second rodéo.
— Eliot, intervint Margo.
— Je vais bien. C'est Q qui ne va pas bien, je ne peux pas le laisser là-bas.

Avec réticence, Margo céda. Fogg apporta une seconde fiole et Eliot repartit dans le faux Brakebills.

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XX

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— Q ?
Les gens ne remarquaient pas sa présence, il était invisible pour eux. Impossible de leur demander s'ils avaient vu un jeune homme aux cheveux longs dans les parages.
— Quentin ! Appela-t-il.
Personne.

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Quelqu'un l'avait allongé au sol, son crâne lui faisait mal. En ouvrant les yeux, il vit le visage de Bambi à l'envers, penché au dessus de lui. La douleur lancinante l'empêcha de dire quoi que ce soit, il secoua prudemment la tête de gauche à droite et même ce geste lui arracha une grimace.
Quentin était introuvable.

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XX

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Eliot posa une main sur le front de Quentin et le dévisagea. Les paupières closes, le souffle régulier, les traits détendus.

Si ce n'était pour le mouvement de ses yeux, on aurait pu croire que Quentin dormait paisiblement.

— Je n'arrive pas à te trouver...

Avec un soupir, Eliot caressa une dernière fois son front. Il sursauta lorsque Fogg revint enfin dans son bureau. Il était temps.

— Eliot, comment te sens-tu ? Est-ce que tu as récupéré correctement de la plongée de la veille ?
— On peut couper court aux questions et passer à la partie où je vais dans la tête de Quentin ? Répondit-il.

Caché derrière ses lunettes rondes, Fogg pinça les lèvres tristement et lui donna la première fiole. Eliot nota tout de suite qu'il en avait préparé une seconde.
— Sympas de croire en moi.

Cette fois-ci, Eliot plaça un coussin sous ses fesses avant de s'asseoir prêt de Quentin. Il repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille avant de prendre sa joue en coupe dans sa main avec un petit sourire.
— Il ne faudrait pas que je me ruine le derrière, plaisanta-t-il tout bas.

L'élixir lui brûla la gorge, il vacilla et repartit.

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XX

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Mêmes personnes, mêmes couloirs familiers mais étrangers.
Pas de Q.
La deuxième fiole ne donna rien non plus.

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XX

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Quentin pesait une tonne.
— Attention, El ! Tu veux que je...
— Non, je l'ai, c'est bon.

Eliot maintint la tête de Quentin jusqu'à ce qu'elle ait touché l'oreiller. Fogg avait voulu récupérer son bureau et son canapé. Puisque l'état de Q était inchangé pour l'instant, Eliot avait proposé de le ramener au cottage, de prendre une réserve de fiole et de faire les plongées sous pensées à domicile. L'infirmière avait branché Quentin à des tuyaux qui permettaient de l'hydrater et de le nourrir aussi pendant sa période de « coma ». Tout ça sonnait bien trop définitif et défaitiste à son goût, comme s'ils se préparaient à une fatalité. Avec un pincement au cœur, Eliot repoussa les cheveux de Quentin en arrière pour dégager son visage. Il prit une inspiration et s'éclaircit la gorge.
— Je devrais peut-être le changer.

Margo passa un bras autour de sa taille et s'appuya contre lui pour le réconforter, Eliot posa la tête contre son crâne.
— T'as pas à tout gérer tout seul.
— Je sais... Mais j'arrive pas à le ramener alors je peux au moins changer ses vêtements, dit-il avec un soupçon d'amertume.

Margo se décala pour lever un sourcil inquisiteur dans sa direction. Eliot soupira et se passa une main sur la figure pour se reprendre.
— Quel genre de guide je fais si je n'arrive même pas à le trouver ? Comment je suis censé le ramener ?
— S'il n'était pas perdu, il n'aurait pas besoin de guide, El.
Impressionné par la profondeur et la justesse de sa réflexion, Eliot retrouva le sourire. Il se pencha, déposa un baiser sur la joue de sa meilleure amie.
— Je t'aime.
— Je sais, je suis géniale.

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XX

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Au bout du troisième jour, Eliot remarqua des rougeurs dans le dos de Quentin et paniqua intérieurement en pensant que le sort évoluait pour le pire. Un passage de l'infirmière dévoila l'évidence : passer trois jours allonger sur le dos sans bouger avait tendance à irriter la peau. Chaque jour, Kady, Alice, Margo et Eliot se relayèrent pour remuer le corps inerte de Quentin et le changer de position. Penny faisait comme s'il s'en fichait mais il passait également dans la chambre.
Eliot l'avait surpris à chanter du Taylor Swift.

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XX

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Une semaine. Deux fioles par jour.
Eliot se mit à parler tout seul en espérant que Quentin l'entendrait même s'il n'était pas là. Peut-être que l'écho des couloirs porterait sa voix jusqu'à ses oreilles.
— Si tu me laisses une chance de te retrouver, on pourra faire la fête au cottage. On boira du champagne et du vin, on s'installera devant la cheminée, on pourra même finir par terre et avoir des conversations déprimantes et dramatiques, si tu veux.

Pas de réponse.
Il refit surface et cligna des yeux, désespéré d'avance. Il tendit la main vers la commode où se trouvait les fioles et fronça les sourcils en remarquant qu'il n'y en avait plus. Eliot se leva, remonta le col de sa veste et marcha au pas cadencé jusqu'au bureau du Doyen. Fogg ne parut pas surpris de le voir.
— J'ai besoin de plus d'élixir.
— Vraiment ?

Eliot écarta les bras en haussant les sourcils avec un air évident. S'il était là, c'était qu'il en avait besoin. Fogg joignit les mains sur son bureau et inclina légèrement le menton.
— Il est peut-être temps d'admettre que Quentin est peut-être trop loin pour être secouru, Eliot.
— Alors quoi ? Fulmina-t-il. On abandonne ?
— C'est une option. Vous avez un avenir, vous ne pouvez pas le mettre sur pause parce que Quentin est...
— De quoi est-ce que vous parlez ? Demanda-t-il, entre perplexité, fatigue et outrage.

Eliot s'avança d'un pas pour marteler le bureau de Fogg de son index :
— Quentin n'est pas mort. Ce n'est pas parce qu'il est injoignable qu'on doit arrêter de l'appeler.

Ils se mesurèrent silencieusement, les mains de Fogg restèrent croisés l'une contre l'autre tandis qu'Eliot enrageait. Quentin n'était pas mort. Il était toujours là, il en était sûr.

— Est-ce que vous allez me donner l'élixir, oui ou non ?

Les mains de Fogg se décroisèrent, il soupira lourdement. Sans un mot, le Doyen ouvrit un tiroir et sortit deux fioles qu'il poussa vers lui. Eliot leva les yeux au ciel, les prit et les rangea dans la poche de sa veste. Il s'apprêtait à partir lorsque Fogg dit :
— Tu sais que si tu décides d'abandonner, personne ne t'en voudra.
— Vous ne connaissez pas mon nom, vous. Je m'appelle Eliot N'abandonne-pas Waugh.

Et Eliot le laissa planté là.

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XX

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Dans la même position que lorsqu'il était parti chez le Doyen, Quentin respirait doucement, sa poitrine se soulevait régulièrement au rythme de chaque inspiration. Margo lui avait lavé les cheveux hier, ils étaient encore plus rebelles que d'habitude et refusaient de se tenir trop loin de ses joues. Eliot s'assit à coté de lui, passa son pouce sur sa pommette en prenant sa main.
— C'est une sieste trop longue, Q. Il faut que tu te réveilles.

Il écouta sa respiration une minute puis referma les doigts sur la fiole dans sa poche et rangea l'autre dans la commode.
— C'est parti pour une autre plongée.

Eliot but l'élixir et retrouva le faux Brakebills.
— J'ai toujours dit que l'histoire de la belle au bois dormant était un peu creepy à mon goût. Embrasser quelqu'un quand il est même pas capable de t'envoyer bouler s'il est pas d'accord, c'est définitivement creepy.

Un patient cria dans une salle d'art thérapie et... Est-ce que c'était Alice ?
— Alice ?

Les sourcils froncés, Eliot s'approcha et voulut la toucher mais elle ne remarqua même pas son contact. Elle souriait comme une démente et piaillait sur une histoire... d'aliens ?
— Q, je juge pas du tout mais c'est quoi ce scenario ?

Quand elle se mit à vouloir embrasser un autre patient tout en insistant sur le fait qu'ils devaient s'accoupler, Eliot grimaça et s'éloigna en levant les mains.
— Est-ce qu'elle parle d'un épisode de Lost in Space ?

Tout-à-coup, Eliot eut l'impression de sentir une vibration dans l'air. Un patient sur une chaise se balança d'avant en arrière.
— Star trek, Star trek, Star trek, grommela-t-il.

Les choses devenaient étranges.
Eliot resta près d'Alice un instant. C'était le seul visage familier qu'il trouvait dans l'univers de Q depuis qu'il utilisait l'élixir, peut-être qu'il ferait mieux de rester près d'elle... Mais ses paroles devinrent indistinctes et il se lassa de son dialogue sur les aliens. Il perdait son temps à l'écouter déblatérer des bêtises, il ne trouverait pas Quentin auprès d'elle. Il reprit son chemin et passa la tête par chaque salle de thérapie qu'il trouva sur sa route. Les infirmières s'affairaient et Eliot s'inquiétait à chaque fois de la précision avec laquelle Quentin connaissait les rouages d'un établissement de ce style.
Avec le temps, il avait appris à reconnaître le moment où l'élixir commençait à faiblir et où il serait propulser dans la réalité. Eliot sentit la première vague l'envahir et il pressa le pas.
— Alice était pas mal flippante. Mais elle est pas mal flippante dans la vraie vie aussi alors je te félicite pour l'avoir rendu encore plus effrayante, félicitations.

Eliot avait fait le tour du bâtiment et l'élixir perdait ses effets. Il s'arrêta, posa les mains sur les hanches et se rendit à l'évidence : il ne trouverait pas Q aujourd'hui non plus.
— Si t'as Alice ici, je me demande si tu as aussi Penny, Kady et Margo... Et moi, Q ? Si t'as pas une version tarée de moi ici, je vais être vraiment fâché.

Un morceau de piano retentit de la salle de musique thérapie, c'était le chaos là-bas habituellement, les patients dansaient, chantaient faux sous l'air consterné des animateurs. C'était à la fois drôle et désespérément triste. Eliot s'y dirigea pour terminer le voyage en beauté et s'arrêta sur le pas de la porte, une épaule appuyée contre le chambranle. Un sourire lui vint instinctivement aux lèvres en reconnaissant la mélodie.
— Bon dieu, est-ce que c'est Shake it off ?

Quentin était peut-être perdu dans sa tête mais ses oreilles fonctionnaient. Il avait du entendre Penny chanter là dehors.
— Penny va pas en revenir quand je vais lui raconter.

Ses yeux traînèrent sur les patients, tous dansaient comme si le plancher était en feu, leurs pieds touchaient à peine le sol. Dans cette cacophonie, il était impossible de manquer les personnes qui restaient immobiles. Deux infirmières buvaient un café dans le coin de la pièce, l'animatrice était assise sur une chaise et tapait faiblement des mains à contretemps et près des fenêtres, deux autres patients avaient refusé de se joindre au boucan environnant.
Eliot eut la sensation de recevoir un coup de poing en plein estomac en voyant la silhouette recroquevillé. Les jambes à moitié sous lui, les bras enroulés autour du torse et les cheveux mi-longs. Ses pieds trébuchèrent vers l'avant, il se décala du mur en titubant comme un ivrogne.
— Q...

Eliot traversa la pièce sans le quitter des yeux. Mais arrivé à mi-chemin, une autre vague de malaise le fit s'arrêter et secouer la tête.
— Non, allez, non non. Pas maintenant.

Il força ses jambes à avancer, poussa son corps à s'accrocher encore à l'élixir, à ne pas le lâcher maintenant. Eliot n'avait jamais eu beaucoup de chance. Il pouvait presque voir le visage de Quentin, caché derrière une mèche de cheveux, il pouvait presque deviner les contours de ses mains sous les manches de son sweat-shirt trop grand. L'effet de l'élixir s'arrêta abruptement, le monde de Q s'estompa et disparut.

Eliot se réveilla en sursaut, il se redressa en haletant et pressa une main contre son torse. L'énormité de ce qui venait de se produire l'imprégna brutalement et la joie mélangé à la colère lui fit serrer les poings.
— Merde ! Jura-t-il

Sur le lit, Quentin attendait sagement qu'on le réveille. Eliot venait de prendre le second élixir, il devait attendre demain... Mais peut-être que Q ne serait pas là demain. Peut-être que c'était aujourd'hui ou jamais, peut-être qu'il l'attendait encore dans la salle de musique. Les yeux d'Eliot dérivèrent sur l'élixir restant dans la commode. Il pesa le pour et le contre, les risques et les opportunités...
— Et puis merde...

Eliot se saisit de la dernière fiole et la vida d'un trait.

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XX

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La musique s'était tue. Eliot passa tout de même la tête par la salle de musique. Ses pieds se clouèrent au sol. Quentin était encore là, une infirmière le prit par le bras pour le mettre debout et il se laissa guider comme une marionnette désarticulée. Eliot fonça sur lui comme un assoiffé sur un verre d'eau.
— Quentin...

Il s'était attendu à de la surprise, à un câlin, peut-être juste à un sourire. Mais jamais il ne lui serait venu à l'idée que Quentin puisse reculer, poser les mains sur ses oreilles, fermer les paupières et se détourner de lui. L'infirmière soupira bruyamment :
— Je te laisse cinq minutes pour te décider, je vais fumer ma clope. Quand t'auras fini tes conneries, je repasserai.

Eliot la fusilla du regard même si elle n'était pas consciente sa présence. Quentin s'était rassis sur le canapé, les pieds sur l'assise, les paupières toujours fermées.
— Pas réel, pas réel, pas réel, chuchotait-il en boucle.

L'infirmière partit en soufflant et en râlant contre les patients récalcitrants. Le cœur serré, Eliot s'agenouilla devant Quentin :
— C'est réel, Q.
— Pas réel, pas...
— Hey...

Eliot tendit la main et toucha celle de Quentin pour l'éloigner gentiment de ses oreilles.
— Ouvre les yeux, Quentin. Ce n'est que moi, c'est Eliot.

Les mains de Quentin résistèrent un peu, Eliot insista jusqu'à ce qu'elles retombent entre eux. Le voir bouger après autant de temps à l'avoir vu immobile lui mit les larmes aux yeux. Il était bien là, il l'avait trouvé.
— Les yeux, Q, l'encouragea-t-il.

Quentin finit par entrouvrir les paupières un tout petit peu, puis par les ouvrir complètement. Eliot lui sourit et serra ses doigts entre les siens. Quentin relâcha un souffle tremblant en le dévisageant.
— T'as l'air si réel...
— Je suis réel, affirma Eliot.
— T'es dans ma tête.
— On est tous les deux dans ta tête. On doit s'en aller maintenant.

Quentin secoua la tête en fronçant les sourcils. Eliot ouvrit la bouche pour expliquer mais n'en eut pas le temps. Une personne fonça sur eux et atterrit sur le canapé à coté de Quentin avec un sourire fou.
— Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-elle.

Eliot écarquilla les yeux en voyant son double poser la tête sur l'épaule de Quentin.
— Oh... Donc t'as bel et bien un moi taré dans ta tête, je suis touché.

Le regard de Quentin passa d'un Eliot à l'autre, il rentra la tête dans les épaules et son visage se ferma un peu plus. Le Eliot fou prit cela pour une autorisation et passa un bras autour de la taille de Quentin.
— J'ai pris les pilules qui rendent heureux, est-ce que tu hallucines ? Je peux essayer aussi ?
— Quentin, dit-il fermement. On est dans ta tête, j'ai pris un élixir pour t'aider à sortir et à briser le sort.
— T'es pas réel, répéta Quentin en serrant les dents.

Eliot pointa son double fou :
Il n'est pas réel. Il est dans ta tête. Imagine-le s'en aller, tu verras, il va disparaître.

Quentin eut l'air de vouloir le croire mais de ne pas savoir s'il en avait le droit. Eliot hocha la tête pour l'encourager d'avantage.
— Vas-y.

Quentin prit une inspiration, ferma les yeux et deux secondes plus tard, Eliot fou s'envola comme par magie. Lorsqu'il rouvrit les paupières, Quentin jeta un coup d'œil à sa gauche et tressaillit. Eliot se leva et tira sur sa main pour le pousser à faire pareil.
— On doit y aller.

Quentin trébucha à sa suite en clignant des yeux mais il le suivit. Eliot n'arrêtait pas de regarder par dessus son épaule pour s'assurer que c'était bien lui, qu'il était bien là. Qu'avait dit Fogg déjà sur la sortie ? Que ce serait une porte qui n'avait rien à faire là, qu'il le saurait quand il la verrait. Mais il n'avait jamais vu de portes étranges ici, elles étaient toutes au bon endroit.
— J'ai besoin que tu réfléchisses, dit-il à Quentin. Est-ce qu'il y a une porte bizarre ici ?
— Je... J-Je sais pas, bafouilla-t-il.

Ils traversèrent les couloirs du faux Brakebills. Eliot s'apprêtait à prendre l'escalier pour monter à l'étage mais il se fit attirer en arrière lorsque Quentin s'arrêta de marcher. Le menton baissé, ce dernier paraissait à deux doigts de craquer. Comme s'il se remettait à douter de la réalité. Eliot caressa sa joue.
— Ça va aller, Q.

Un vertige le fit chanceler et Eliot sentit son estomac se contracter douloureusement. Pas encore. L'élixir ne pouvait pas perdre ses effets maintenant alors qu'il avait Q en face de lui. Encore une minute, il avait besoin d'une minute de plus. Quentin recula d'un pas et sa main devint plus molle, prête à lâcher la sienne. Eliot ne le laissa pas s'enfuir. Il combla le pas qui les séparait et enroula précautionneusement ses bras autour de Quentin.
— Je te sors d'ici que tu le veuilles ou non. Je te laisse pas ici.

Le corps de Quentin était tout en tension dans ses bras. Eliot se recula juste assez pour repousser ses cheveux en arrière et le regarder. Les yeux de Quentin vacillèrent avec hésitation sur son visage. Eliot sourit et se pencha pour l'embrasser. Ses lèvres étaient craquelées, sèches et en piteux état. Ce n'était que le reflet de ce que Quentin pensait de lui-même, Eliot l'avait vu physiquement dix minutes auparavant et ses lèvres étaient parfaites. Pas aussi cabossées que Quentin se les imaginait. Eliot s'écarta. Les sourcils de Quentin étaient froncés et il avait cet air de chien battu qu'il arborait souvent, surtout quand il était dans la tourmente, entre deux eaux.
— Tu me manques, dit-il d'une voix stupidement suppliante.

Un léger cliquetis retentit juste derrière Quentin, Eliot releva les yeux pour voir ce dont il s'agissait. Une porte venait d'apparaître. Une porte qu'il connaissait bien.
— Est-ce que... Est-ce que c'est..., balbutia Quentin.
— Oui, répondit-il.
— Mais...

Avec un sourire ému aux lèvres, Eliot prit la main de Quentin et s'approcha de la porte de leur maison à Fillory sans le lâcher. Le bois était le même que dans ses souvenirs, avec ses panneaux en Z et le loquet, les planches alignées mais assez espacées pour laisser passer la lumière au travers. Les doigts de Quentin ne tremblaient pas dans les siens mais Eliot sentit la fébrilité de sa prise malgré tout, l'émotion et l'incrédulité.
Eliot voulut poser la main sur la poignée mais Quentin le devança.
Courageux petit Q.
— Quentin.

A l'autre bout du couloir, le Dr Jennifer London les regardait, la main tendue pour les empêcher de partir, une expression sérieuse et inquiète sur le visage.
— Ne fais pas de bêtises. Ton esprit est toujours brisé mais nous pouvons t'aider.
— T'es pas cassé, contredit Eliot.

La tête de Quentin se tourna vers lui, ses sourcils étaient légèrement haussés, Eliot vit l'espoir se battre avec le doute.
— Un peu meurtri, peut-être. Mais pas cassé.

Les yeux de Quentin passèrent du docteur à Eliot, il prit une inspiration, une mèche de cheveux retomba sur sa joue. Sa main tourna la poignée.
Sans un regard pour Dr London, Quentin serra sa main et passa le seuil de la porte.

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A suivre...

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Cette fic fait une quarantaine de pages, vous êtes prévenus ^^"

4 chapitres + Epilogue vous attendent, bouclez vos ceintures.

Prêts ? C'est parti.