/!\ Attention lemon réaliste (cru), pas romancé du tout qui va arriver dans le prochain chapitre. huhu.
Les personnages ne m'appartiennent pas, évidemment ! [sniff].
N'hésitez pas à aller lire mon autre fiction : "A la Recherche de mon Père " !
Merci à Guest
et à flow7777 : Haha, c'est bien vrai, si j'avais l'impression de manger de la boue, je crois que j'arrêterai de manger aussi !
N'oubliez pas de commenter une histoire que vous lisez, c'est le seul salaire des auteurs de fanfictions !
Et surtout c'est le moyen de savoir si une histoire plaît ou non !
Toutes les reviews sont importantes et même un simple "merci du partage" est apprécié à sa juste valeur.
Bonne lecture à vous !
Chapitre 4 : Scelere supplicium- Crime et Châtiments.
" On a vraiment un problème, Shikamaru.
- On ne sait pas quoi faire, on est complétement dépassés...
- Tu es notre dernier recours, Shika..." Le supplia encore une fois Choji. Sur son visage, il ne voyait que l'expression de la détresse.
Ils étaient assis dans la salle du Conseil Shinobi depuis une heure quand Choji lui avait demandé de rester un peu, ayant de besoin de "ses lumières" comme s'il était une référence en matière d'éducation... Puis Karui les avait rejoint, l'air gênée.
" Ça dure depuis combien de temps ?"
Le couple se regarda un instant, hésitants, ne sachant sûrement pas où commencer puis Karui dit :
" D'abord, c'était pas grand chose... Il ne supportait ' juste ' pas d'être contredit et se vexait à la moindre remarque. Puis petit à petit, on pouvait plus rien lui dire... Même simplement lui demander de ranger sa chambre le mettait dans une colère noire.
- A en hurler comme un dément !" renchérit Choji, tout inquiet.
" On a tout essayé. La manière douce, la manière forte.
- On l'a emmené voir quelqu'un aussi. On sait que c'est pas de sa faute, Shika, il est si malheureux ! Mais il est tellement compliqué à gérer...
- Il a simplement besoin de nous et nous, on est pas à la hauteur !" Se blâma Karui en larmes. Elle relâchait enfin tout le stress accumulé depuis le Jour Noir.
" On est les seuls à n'avoir perdu personne ce jour-là, donc on peut sûrement pas comprendre la douleur des autres-
- Je vous coupe tout de suite." Commença lentement Shikamaru.
" Vous n'êtes pas à blâmer. Vous avez eu la chance de ne pas avoir eu à enterrer vos proches et ceux qui vous font ressentir ceci comme étant un reproche sont des monstres. Je suis heureux que vous alliez bien. Toi, Karui. Toi, Choji. Et votre fille, et tes parents.
Choji posa l'une de ses grandes mains sur le dos de sa femme tandis qu'elle essuyait tant bien que mal les larmes qui coulaient de ses yeux.
" Merci. tu dois être un des rares seuls." Répondit Choji tout tremblant. " Tous les autres, même des amis, s'énervent contre nous en disant que ce n'est pas juste que l'on ait perdu personne mais ils oublient que j'ai quand même perdu Ino. Elle était comme une sœur pour moi, mais ils disent que ça ne compte pas parce qu'on avait pas de lien de sang...
- Ce sont des crétins jaloux, ils parviendront à faire leur deuil et finiront par s'apaiser.
- Mais Inojin a perdu ses parents et le deuil semble compliqué pour lui.
- Mon pauvre petit !" S'exclama Choji, les yeux en larmes. " Il a rien demandé à personne ! Il est juste mal dans sa peau et exprime son mal-être.
- Et on arrive pas à l'apaiser..." Renchérit Karui en grimaçant de tristesse.
" Ce n'est pas de votre faute. Il souffre et personne ici ne peut comprendre sa douleur, pas même moi." Reprit Shikamaru en s'allumant une cigarette, il avait au moins besoin de ça pour réussir à trouver une solution. Voir Karui et Choji dans un état pareil le bouleversait réellement, ces gens étaient les plus doux et les plus bons qu'il connaissait. Il ne pouvait pas les laisser ainsi.
" On lui a fait voir un psychiatre pour qu'il ait quelqu'un à qui parler. D'abord, il refusait d'y aller parce qu'il pensait qu'on le croyait fou et que c'était une punition.
- On voulait juste l'aider !" Continua Choji.
" Quand il a compris ça, il y est allé... trois ou quatre fois, environ... Et depuis il sèche les séances.
- On a aussi fait de la médiation familiale mais le peu de fois où on l'a forcé à venir, il refusait de parler..." Expliqua Choji toujours aussi secoué.
" Je vois...
- Depuis qu'on lui a demandé de retourner faire des séances, il boude et s'est enfuit de la maison ! Au début, on était inquiets et on est allés voir la police. Mais essayez de trouver un Yamanaka qui veut pas être retrouvé : ils peuvent camoufler leur présence.
- Surtout que c'est le fils d'Ino, il sait utiliser ces techniques mieux que certains Yamanaka adultes.
- Ça doit bien faire trois jours qu'on ne l'a pas vu." Expliqua l'homme aux cheveux longs, puis il reprit : " Je suis tellement inquiet, Shika...
- On aurait voulu te le dire avant, mais tu dois déjà t'occuper de beaucoup de choses. On ne voulait pas te donner du soucis supplémentaire." Renchérit Karui qui essuyait de nouveau ses larmes.
Shikamaru n'était pas surpris, il était normal que le fils d'Ino déraille complétement. S'il n'avait eu aucune responsabilité, Shikamaru aurait pu faire comme le gamin : tout foutre en l'air.
" Et puis on a demandé à la Police d'arrêter de le chercher depuis qu'on s'est aperçu qu'il rentrait en secret pour se changer et manger.
- On a retrouvé des boites de gâteaux vides et des vêtements à lui dans la machine à laver." Compléta Choji avant de prendre une grande respiration, le pire restait à venir :
" Le problème, c'est que d'après Chocho, il s'est mis à traîner avec des gens peu fréquentables. Quand elle lui a demandé de rentrer à la maison, il a été si méchant avec elle, qu'elle est rentrée en pleurs.
- Quand on est allés le voir pour le ramener, il m'a insultée et il a craché sur Choji avant de s'enfuir on-ne-sait-où." Elle marqua une pause dans son récit : " On est à bout de ressources... Si tu pouvais lui parler, ce serait bien." Finit Karui.
Shikamaru ferma les yeux, le temps d'un instant.
Il revoyait la petite fille qui avait été la femme la plus importante à ses yeux avant qu'il ne rencontre Temari. Ses longs cheveux blonds, son sourire, ses malices, son mauvais caractère. Il n'avait jamais été amoureux d'Ino, contrairement à ce qu'auraient aimé leurs parents... Mais née seulement quelques heures après lui*, leurs mères dans la même chambre : il avait été forcé de constater qu'elle avait toujours été présente dans sa vie, à chacune des étapes les plus importantes comme les plus insignifiantes.
Ceci était dû au fait que leurs parents étaient meilleurs amis et qu'il n'y avait jamais d'excuse pour ne pas voir ses amis, donc il avait été toute sa vie durant confronté au caractère de cochon et à l'optimisme excessif d'Ino. Il n'avait jamais imaginé être séparé d'elle d'une façon aussi brutale. Elle était là, à ses cotés, et d'un coup Momoshiki l'avait arrachée à lui et l'avait envoyée dans le monde des morts où Shikamaru n'avait pas été convié.
Ino.
Pour lui aussi, elle était comme une sœur. Il lui était arrivé de la détester durant l'enfance, trouvant que les filles "c'est nul de toutes façons" d'après ses propres dires de l'époque mais au moindre problème, il se serait rué sur le premier gamin qui aurait essayé de lui faire du mal. Cependant l'occasion ne s'était jamais présentée, cette fille avait trop mauvais caractère pour avoir besoin de quelqu'un pour la protéger.
Ino.
Son sourire lui revint en mémoire et des larmes se formaient au fur et à mesure que son image se stabilisait dans son esprit.
Sai était tout pour elle et quand Inojin était né, il était devenu le noyaux de leur vie. Ils étaient sans aucun doute la famille la plus heureuse qu'il connaissait. Son cœur s'était déchiré quand il l'avait retrouvée sans vie dans les bras de Sai, enroulés autour de son corps. Son mari n'avait pas essayé de la protéger, il devait savoir que cela aurait été inutile, l'attaque qui leur était destinée était bien trop fatale : ils s'étaient seulement enlacés une dernière fois en guise d'ultime adieu. Jamais, ils ne les avaient entendu se disputer, jamais Ino ne lui avait fait de reproches, jamais elle n'avait douté de sa fidélité quand bien même Sai avait de grandes difficultés à exprimer ses émotions et ses sentiments. Ino pouvait déplacer des montagnes pour sa famille, pour son fils encore plus.
Lui aussi accordait une grande importance à son neveu, le savoir si malheureux le rendait malade. Il se souvenait encore de sa naissance, un mois de décembre neigeux, Shikamaru s'était précipité si vite à l'hôpital que l'on aurait pu penser qu'il s'agissait de la naissance de son propre enfant. Dès qu'il avait posé ses yeux sur ce petit être aux cheveux blonds, il avait su qu'il devrait le protéger quoi qu'il arrive. C'est pourquoi quand Naruto lui avait dit de fuir vite et loin, il avait attrapé Inojin et ses grands yeux bleus en larmes et laissé sa femme s'occuper de leur fils en se promettant mutuellement de se retrouver derrière la tour hokage. Il n'avait pas imaginé qu'elle n'arriverait jamais à destination.
" Je ferai de mon mieux."
Karui prit dans ses mains celles de Shikamaru, lui souriant d'un regard triste qui lui témoignait de toute sa gratitude silencieusement.
Shikamaru avait tourné dans la ville toute la fin d'après-midi dans l'espoir de retrouver son filleul mais ce dernier s'était bien caché. Il était déçu, la discussion se fera donc une autre fois car il était grand temps pour lui de rentrer à la tour Hokage.
En marchant dans la ville, on le salua avec respect mais surtout avec tristesse. Tout dans les rues de Konoha semblait triste et lugubre. Comme si le temps s'était stoppé, les gens marchaient au ralentit, il n'y avait plus d'enfant joyeux courant et jouant dans les rues. Personne ne souriait, personne ne levait la voix, il n'y avait que des murmures ou des chuchotements qui retentissait dans les rues comme si le fait de vivre était devenu illégal. Le village était plongé dans un presque silence angoissant. Il leva les yeux et vit une affiche pour un groupe de soutien pour ceux qui avait perdu un être cher pendant le Jour Noir.
" Le Jour Noir" Quelle connerie.
Shikamaru n'avait jamais voulu nommer ce jour ainsi, il n'avait même pas voulu le nommer tout court. Il ne voulait pas le marquer, lui donner une importance quelconque pour ne pas rester focaliser sur un élément négatif de leur histoire. Mais les membres du Conseil Shinobi en avait décidé autrement. Kakashi, Choji et Konohamaru le voulaient absolument afin de pouvoir : "honorer la mémoire de ceux qui étaient partis trop tôt" et lui était en infériorité numérique. Il comprenait l'envie de ses proches de marquer ce jour mais il aurait souhaité qu'ils choisissent quelque chose de plus gai quand bien même on parlait effectivement de la mort de milliers de personnes.
Il aurait préféré qu'ils puissent célébrer ça comme une ode à la vie et non pas comme un enterrement à revivre chaque année. Et pour combien de temps ? Dans cent ans, les gens se réuniront-ils tous vêtus de noir au milieu du village pour honorer la mémoire de gens qu'ils n'auront jamais connus dans un silence mélancolique ? Et quel message à faire passer pour les prochaines générations ? Restez dans votre malheur ! Ressasser vos pensées lugubres !
Non. Il ne voulait pas de cela, il voulait plutôt un message qui dirait aux prochaines générations de profiter de chaque instant et que cet anniversaire en soit justement l'occasion. Tout le monde était dans un état permanence tristesse et personne ne souriait jamais. Tout le village semblait gris alors que l'été arrivait à grands pas. Il devait trouver une solution avant le premier anniversaire, heureusement il avait encore le temps.
Cela faisait un moment qu'il se triturait l'esprit pour trouver une célébration qui pourrait apaiser le cœur blessé de ses concitoyens avant le Premier Anniversaire, il cherchait quelque chose de moins morose qui ne donnerait pas envie aux survivants de se suicider dans la seconde pour rejoindre leurs proches... Il voulait rendre le sourire aux villageois et pouvoir rendre heureux Sasuke pour qu'il devienne le véritable Hokage. Celui que le village méritait, pour le moment il n'était qu'une marionnette qui obéissait docilement à Shikamaru.
Il passa la porte du bureau du Hokage dans l'angoisse de retrouver Sasuke. Il n'arrêtait pas de perdre du poids et même s'il avait promis de se mettre de son coté et de ne plus le harceler avec la nourriture il ne pouvait que voir, impuissant, la perte de poids de Sasuke s'amplifier.
Quand il arriva dans la pièce de travail, ce dernier s'était encore endormis assis à son bureau, sa perte de poids était telle qu'il ne parvenait même plus à rester éveillé une journée entière. Au son de la porte qui se ferma le Huitième releva la tête, ses yeux fatigués se fixèrent dans ceux de Shikamaru :
" Où étais-tu ? "
Cette phrase lui donnait toujours autant de frissons. Des sensations qu'il ne pouvait plus ignorer à présent.
" Je réglais un problème avec Inojin.
- Le fils de Ino ? Il a des problèmes ?
- Problèmes d'adolescent, rien de grave." Mentit Shikamaru, le travail du Hokage était déjà suffisamment angoissant, il n'allait certainement pas embêter Sasuke avec des histoires qui le ne concernaient pas.
" Mais comme je suis son parrain, Choji m'a demandé de l'aide." Reprit le secrétaire. Il ne fallait pas le stresser plus. Shikamaru s'avança davantage et observa par dessus l'épaule de son hokage ce sur quoi il travaillait, ou plutôt ce sur quoi il s'était endormis.
" Je vois." Fit le brun depuis son bureau.
Il renifla discrètement l'odeur des cheveux de Sasuke, toujours au menthol et à la menthe poivrée. Qu'est ce qu'il aimait cette odeur... Présentement, il se trouvait face à un mur. Il ne savait vraiment pas quoi faire de ces sentiments : Étaient-ils véritables ? Ou était-ce le résultat d'une solitude trop longue ? Il ne savait pas... La seule chose qu'il savait c'est que Sasuke ne devait en aucun cas être mis au courant. Il fallait à tout prix qu'ils restent concentrés sur la reconstruction intégrale du village et qu'ils ne laissent pas des affaires aussi... personnelles, gêner cet engagement.
Il avait essayé tant bien que mal de ne plus faire ça en pensant à son supérieur hiérarchique mais quand il ne s'échappait pas à la nuit tombée pour assouvir ce besoin naturel, il était bien plus tactile avec Sasuke. Il voulait pouvoir le toucher, sentir son contact, sentir la peau d'un autre contre la sienne. Malheureusement pour lui, ce dernier s'en rendait petit à petit compte et Shikamaru ne voulait pas le perturber plus. Il avait dû se résoudre à s'éloigner un peu à son grand damne.
" Si tu veux te coucher, vas-y. Je vais signer les documents à ta place.
- J'en suis à la reconstruction des bains publics..." Fit le Huitième en retournant une feuille de papier sur laquelle figuraient les plans des futurs bains publics. Shikamaru eut une pensées pour Naruto, à l'époque adolescent, qui aurait tout fait pour avoir ces plans et aller regarder ce qui se passait chez les filles.
" Va te coucher" Insista gentiment le secrétaire quand il vit que son Hokage s'efforçait de rester éveiller.
Il avait finalement acheté un lit de camps pour Sasuke, de meilleure qualité, et l'avait rangé dans le bureau du hokage. Mais l'homme aux cheveux noirs s'obstinait à toujours vouloir se coucher dans celui de Shikamaru et maintenant le bureau du secrétaire était devenu une chambre à coucher et le Nara se retrouvait obligé de travailler dans le bureau de Sasuke et même de dormir dans le lit qu'il lui avait justement acheté.
Sasuke capitula sans combattre sous le regard satisfait du secrétaire. Il se leva avec difficulté de sa chaise qui émit un grognement face à cet abandon de poste, il fit deux pas puis faillit tomber. l'Uchiwa lança un regard embarrassé à Shikamaru. Ce dernier ne savait pas de quand datait le dernier repas du Hokage mais il ne voulait même pas y penser. Il ne voulait l'admettre devant lui, mais il mourrait d'envie de savoir s'il avait pris du poids quand bien même il semblait évident que ce n'était pas le cas.
" N'y pense même pas..." Fit une voix extérieure. Kakashi se tenait dans l'embrasure de la porte avec évidemment un pèse-personne dans une main et un bol de riz dans l'autre.
" Je vais me coucher." Affirma Sasuke d'une voix forte en signe d'insolence.
" Tu vas nulle part. Tu vas te peser et manger. J'ai demandé aux cuisines de te faire à manger.
- J'en ai pas envie." Fit le brun en prenant la direction du lit de son secrétaire.
L'homme aux cheveux gris accusa du regard Shikamaru de tous les crimes. Comme si c'était de sa faute ! Sasuke était un adulte, responsable de ses actes, ce n'était pas de sa faute si celui-ci refusait de s'alimenter.
" Dis-lui, Shikamaru. " Exigea Kakashi.
L'ancien hokage s'était bien rendu compte que son élève était d'une docilité particulière avec son ancien secrétaire et que ce dernier n'avait qu'à demander quelque chose au brun pour qu'il le fasse sans jamais rechigner.
" Sasuke, s'il te plaît. Viens." Chuchota Shikamaru en s'approchant de Sasuke.
" J'ai pas envie de manger. J'ai froid et je suis fatigué.
- Ça prendra deux secondes" Lui promit son secrétaire lançant un regard accablant à Kakashi qui semblait peu s'en soucier pendant que le Huitième à moitié nu montait sur la balance, au bout de quelques secondes angoisse le nombre apparut.
Comment une telle chose était-elle possible ? Il entendit un hurlement de Kakashi qui attrapa violemment les épaules de son élève et lui hurlant des choses que Shikamaru n'entendit pas. il était bloqué sur ce nombre : 45 Kg.
Avant le Jour Noir, Sasuke faisait 70 Kg et là il était à 45 ? Il avait 25 kg en 4 mois seulement. Les cris des deux hommes qui se battaient le rappela à la réalité et il les sépara rapidement.
" On va appeler Tsunade ! Ca ne peut plus durer." S'exclama Kakashi en attrapant le téléphone sur le bureau du Hokage, il composa rapidement le numéro de l'Hôpital. Depuis la mort de Sakura, c'était elle qui en avait repris les rênes : "On va l'hospitaliser.
- Ne décide pas à ma place Kakashi !
- Tu es malade !
- Je vais bien.
- Tu "vas bien " ? Regarde ça !" S'écria son maître en désignant ses cotes parfaitement visibles.
Embarrassé, Sasuke se cacha derrière Shikamaru comme si cela allait faire disparaître l'évidence qu'il n'allait effectivement pas bien. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ? Depuis qu'il s'était mis en tête de vérifier l'alimentation de Sasuke, il avait toujours fais extrêmement attention à ce que son hokage mange. Peu, certes, mais mange quand même. Mais rien n'y faisait, même avec un régime adapté en calories, il perdait encore du poids.
" Tu vas manger." Décida l'homme aux cheveux gris.
" Non." S'entêta son élève qui se rhabillait derrière son secrétaire.
" Sasuke, c'est du riz. Il a juste été cuit.
- J"en veux pas !
- On ne peut pas le faire hospitaliser." Dit l'homme à la queue de cheval, inquiet.
" Ça va pas ? Tu veux le laisser se tuer ?
- Que vont dire les villageois s'ils apprennent que leur hokage est souffrant ?
- Ils se diront qu'il est humain, comme tout le monde !
- Non, ils auront peur." Affirma Shikamaru dans un premier temps de reprendre : " Et d'autres villages mal intentionnés pourraient s'en prendre à nous. Ni toi, ni moi sommes à la hauteur pour les défendre. Il n'y a que Sasuk-
- Tu crois qu'il est en mesure de se battre ?! Tu l'as bien regardé ?" S'écria encore le plus vieux en montrant Sasuke du doigt.
" Sa réputation nous protège, ils ne nous attaqueront pas tant qu'il donne une image forte du village.
- Sasuke n'est pas un épouvantail, Shikamaru." Lui répondit Kakashi : "Puisque que c'est comme ça, on aura qu'à laisser Tsunade décider."
Cela devait faire déjà deux heures que le Huitième, complétement épuisé, s'était couché. Kakashi avait abandonné l'idée de le forcer à manger quand la simple vue du bol de riz lui fit littéralement rendre ses tripes et qu'il avait eu nettoyer lui-même le résultat de son entreprise. A bout de force, il avait supplié son ancien maître de le laisser dormir et il s'était couché dans le lit de camps qui se trouvait dans le bureau de Shikamaru pendant que ce dernier et l'homme au cheveux blancs, restaient dans le bureau du Hokage et finissaient la paperasse qu'il restait dans un silence contrarié et tendu.
Épuisé aussi bien physiquement que mentalement, le secrétaire décida de s'allonger le temps d'attendre Tsunade qui n'avait toujours pas pu se libérer, notamment à cause des urgences qui ne désemplissaient pas, Kakashi décida quant à lui d'aller prendre une pause bien méritée dehors, histoire de prendre l'air. Une chose de sûre, c'est que le travail de hokage ne lui avait pas manqué...
Le Nara prit le nouveau lit de camps et se glissa dans son propre bureau plongé dans une semi-obscurité. Il déplia le lit et le colla à celui dans lequel dormait Sasuke et s'y installa le plus silencieusement afin de ne pas réveiller son supérieur hiérarchique. La lumière de la lune traversait par petits faisceaux le store mal fermé et éclairait faiblement le visage du Huitième que Shikamaru contempla une fois bien installé.
Comme un automatisme, sa main se déplaça d'elle-même sur les cheveux noirs du Hokage et il les caressa tendrement dans une grande douceur pour ne pas le réveillé : il avait désespéramment besoin de se reposer, il ne parvenait même plus à rester debout sur ses jambes plus de quelques minutes. Shikamaru ne voulait même pas imaginer ce qu'il pourrait se passer s'il ne se remettait pas vite sur pieds. S'il venait à disparaître lui aussi.
Interrompant le silence, il lui chuchota des encouragements dans l'espoir qu'inconsciemment Sasuke les intégrerait dans son sommeil :" Ça va aller.", "Tu vas t'en sortir" , "Tout ira mieux, tu verras.", " Je te comprends.", "Tu peux compter sur moi." Progressivement sa main se déplaça sur son visage, ses doigts frôlèrent la joue bien trop pâle de l'utilisateur du sharingan. Il ne voulait pas devoir enterrer encore quelqu'un, il ne voulait pas devoir dire encore "adieu". Son cœur faillit s'arrêter quand il eût une réponse imprévue :
"C'est pas ça..." commença Sasuke sans ouvrir les yeux : " J'apprends à vivre sans elles. Mais... dans ma bouche, tout devient immonde. Même du riz juste cuit..."
Shikamaru, rouge pivoine d'avoir été pris sur le fait, ferma les yeux. Il ne pensait pas pas que Sasuke était encore réveillé... Il rapatria en urgence sa main dans son lit puis il soupira. Quelle pouvait bien être la solution ? Le nourrir par les veines comme les personnes dans le coma ? C'est peut-être qu'ils auraient dû faire depuis le début et ne pas prendre de risque avec sa santé... La voix du brun le sortit de ses pensées :
" Je te jure que je fais de mon mieux...
- Je n'en doute pas une seule seconde." Le rassura Shikamaru reprenant instinctivement les caresses, liant ainsi la parole au geste.
" Shikamaru ?" Kakashi était dans l'embrasure de la porte et lui fit signe de venir.
Il se leva de son lit de fortune avec, de nouveau le visage couleur cramoisie, et sortit de la pièce laissant Sasuke s'endormir tranquillement. Dans le bureau du hokage se trouvait enfin Tsunade, une mine affreusement fatiguée.
" Vous auriez dû m'appeler avant.
- Je ne savais pas quoi faire..." Avoua le secrétaire.
" Ne t'inquiète pas, c'est normal." Le déculpabilisa l'ancienne hokage avant d'entrer dans le bureau du secrétaire et ausculter le Hokage. Shikamaru se précipita pour aider son supérieur à se révéler sous le regard septique de Kakashi :
" Quel dévouement...
- J'ai forcé Sasuke à devenir Hokage. C'est normal que je m'occupe de lui." Fit l'homme à la queue de cheval en tenant le brun par les bras.
" Tu es sûr que tu ne veux rien manger ? " Demanda Tsunade à Sasuke après l'avoir ausculté. L'homme aux cheveux blancs amena le bol de riz, froid, et le présenta à son élève qui à sa simple vue grimaça :
" Sûr." Répondit Sasuke, dégoûté par le contenu du bol.
" Il va falloir t'intuber alors.
- Ok."
Ils laissèrent Sasuke se recoucher et retourèrent dans le bureau du Hokage. Shikamaru baissait les bras. Il avait espéré qu'il arriverait à le refaire manger. Kakashi posa sur le bureau le bol et observa mélancoliquement les étoiles par la fenêtre :
" Je ne sais pas ce qu'ils diraient s'ils le voyait comme ça...
- Sakura n'aurait pas laisser faire une chose pareille." Poursuivit Tsunade
" Naruto non plus." Ajouta Shikamaru.
Ils étaient là comme trois idiots à ne pas parvenir à faire manger quelqu'un. Shikamaru savait qu'il n'était pas à la hauteur de ces deux-là qui pendant près de trois ans avaient recherché Sasuke et étaient finalement parvenu à le faire revenir à Konoha. Mais lui, il n'arrivait même pas le faire simplement manger.
Son ventre gargouilla signalant à l'homme à la queue de cheval que si le Huitième ne voulait plus manger, lui ne s'arrêtait plus. Il avait essayé de perdre les dix kilos prit depuis le Jour Noir mais alors que l'appétit de Sasuke s'amoindrissait, celui de Shikamaru s'agrandissait. Il noyait sa tristesse dans la nourriture.
Il vit le bol de riz que Sasuke avait refusé plutôt et s'en saisit. On n'allait pas gâché de la nourriture tout de même, il s'empara des baguettes sous le regard amusé de Kakashi qui ne loupait aucune occasion de se moquer gentiment de la prise de poids de Shikamaru.
Grossophobe, va !
Il prit une petite boule de riz avec ses baguettes et l'enfourna dans sa bouche. Le riz froid, c'était bon aussi... Mais alors Shikamaru mâchait avec une grande lenteur le riz froid, sa salive se mélangeant avec l'aliment qui se trouvait dans sa bouche, son esprit s'illumina et la seule conclusion possible s'imposa alors à sa raison :
" Kakashi... Quand tu as demandé le bol de riz, tu as spécifié pour qui il était aux cuisiniers ?
- Euh... je ne sais plus. Je pense avoir dit que c'était pour le hokage. Pourquoi ?"
Alors c'était pour ça... Il prit une profonde respiration, la colère et la haine commençaient à monter en lui et d'un geste énervé, il cracha le contenu de sa bouche à même le sol sous les yeux exorbités de Kakashi et Tsunade :
" Quelqu'un empoisonne Sasuke !" S'écria-t-il avec colère, s'essuyant la bouche d'un revers de la main.
" Quoi ? " S'exclamèrent les deux anciens hokage.
" Quelqu'un empoisonne Sasuke !" Répéta Shikamaru, fulminant, en se précipitant sur le téléphone, il tapa rapidement un numéro de téléphone.
" Ce riz est immangeable !" En disant cela, il leur présenta le bol de riz et chacun des deux prirent avec les doigts une bouchée du riz qu'il enfournèrent aussitôt dans leur bouche. Instantanément Kakashi eût un haut le cœur tandis que Tsunade recracha le riz à terre. Jamais ils n'avaient mangé quelque chose d'aussi immonde.
" Qu'est ce que tu fais, Shikamaru ?
- Je commande chez Ichiraku, l'un de vous deux doit aller chercher la commande. Je vais réunir les employés des cuisines sur le champ.
- Mais, on est en pleine nuit ! " Protesta Tsuande.
" J'en ai rien à foutre ! " Rugit le secrétaire, en reversant tout ce qui se trouvait sur le bureau de colère.
" Shikamaru, calme-toi !
- Non ! Il y a quelqu'un qui assassine Sasuke sous mon regard !" Fulmina Shikamaru se dirigeant vers la porte : " Kakashi, tu restes avec Sasuke et tu le surveilles. Je vais ramener les Yamanaka qui sont en service de nuit.
- Tu ne peux pas faire ça...
- Si, je vais le faire. Chaque employé passera un interrogatoire avec un Yamanaka. Son esprit sera sondé et on lâcha aucun employé tant que le coupable ne sera pas trouvé." Annonça-t-il férocement avant de quitter la salle, Tsunade sur les talons.
La nuit avait été longue. L'équipe sous les ordres du Hokage était allée chercher toutes les personnes qui travaillaient dans la cuisines et qui avaient la possibilité d'être en contact avec la nourriture que mangeait Sasuke et les avaient regroupé dans une grande salle de la tour Hokage. Chacun leur tour, ils avaient passé un interrogatoire sous l'œil confirmé de puissants Yamanaka en qui Shikamaru avait parfaitement confiance, les cousins de Ino.
L'empoisonneur s'était trouvé être le chef cuisinier lui-même. La raison pour laquelle l'empoisonnement était passé inaperçu était dû au fait que le chef cuisinier avait misé sur la durée, il avait progressivement augmenté les doses et de ce fait, Sasuke ne s'était rendu compte de rien. Ce type avait travaillé pour Naruto, Shikamaru le connaissait bien, pourtant. Jamais il ne l'aurait soupçonné.
Il se trouvait qu'il faisait parti de ceux qui n'avaient pas été d'accord avec le choix de Sasuke pour Hokage. D'après lui, un membre de ce clan maudit ne pourrait jamais prendre de bonnes décisions pour le village et que l'Uchiwa aurait dû être condamné à mort après sa désertion et ce, malgré son aide précieuse pendant la Quatrième Grande Guerre Ninja. D'après lui, le Huitième n'aurait jamais dû avoir l'autorisation de se reproduire et permettre au sharingan de se pérenniser mais que heureusement Momoshinki avait éliminé la gamine Uchiwa.
Un tel discours avait révulsé Shikamaru à un point qu'il n'avait pu s'empêcher de gifler l'homme d'âge mûr. Il aurait pu le tuer si la cousine de Ino ne l'avait pas fait sortir de la salle avec la technique du contrôle de l'esprit. Il n'avait pu que jubilé malgré lui quand plus tard dans la soirée, elle lui avait implicitement dit qu'il avait bien souffert après son départ. Son procès était prévu pour dans trois jours et c'était à Kakashi de le présider, le secrétaire sourit en pensant à la peine qu'allait lui affligé le maître de celui que le cuisinier avait essayé de tuer.
Il rentra finalement, il allait pouvoir dormir. Enfin, pouvait-il considérer que le bureau était à présent sa nouvelle maison ?
Il passa pour la énième fois la porte du bureau du Hokage, il avait commandé de quoi faire manger Sasuke chez Ichiraku sans préciser pour qui était la commande. Au moins là, il était sûr que la nourriture sera mangeable et sans risque pour le hokage. Tsunade était de retour, signe que le repas avait bien été livré, mais elle le dévisageait avec un regard hésitant. Il comprit d'où venait une telle réaction quand la voix de Kakashi l'appela :
" Sasuke ne veut pas manger. J'ai vraiment essayé de lui expliquer que c'était sans risque, mais il ne veut rien entendre." Lui expliqua-t-il.
Le Nara récupéra le bol de nouilles de la main du Sixième hokage puis il se mit à la hauteur du brun qui s'était caché sous sa couverture. Inconsciemment, il avait commandé des ramens au porc :
" Tiens Sasuke, mange ça.
- Non, je ne veux pas manger." Protesta faiblement Sasuke, sa voix légèrement étouffée par la couverture.
" Je te jure que ça ira. Fais moi confiance, s'il te plaît. " Le supplia Shikamaru. Devant le silence que lui présentait Sasuke, il sorti son dernier argument : " Ils viennent de chez Ichiraku, j'ai pris les préférés de Naruto pour toi."
L'évocation du souvenir de Naruto était toujours douloureux pour lui mais Shikamaru savait qu'avec ce nom, Sasuke ne pouvait réagir que positivement. Ce dernier sortit finalement de sous sa couverture, le regard triste et humide. Il prit les baguettes que lui proposait son secrétaire et mangea sous le regard soulagé de toutes les personnes présentes dans la salle.