Titre : Seconde chance

Résumé : Alors que Remus se réveille dans le corps qu'il avait à 15 ans, il voit une seconde chance lui sourire. Ne tient alors qu'à lui de s'en saisir."

Disclaimer : Les personnages et l'univers d'Harry Potter sont la propriété intellectuelle de JKR. Je ne fais que réutiliser ce qu'elle a créé pour mon plaisir et n'en retire aucun avantage financier.

Pairing : Slash, Yaoi

Rating : T

Nombre de chapitres : 5

Auteure : Pauu-Aya

Bêta : Epsilon Snape

Nda : Bonjour à tous et à toutes !

Nous nous retrouvons pour une nouvelle histoire, d'une cinquantaine de pages découpées en cinq chapitre :) Cette fanfiction est le résultat d'un défi lancé par [la magnifique et génialissime] Epsilon Snape et j'espère qu'il vous plaira ! Sachez que j'ai donné à Epsilon Snape un défi retour.

Je publie donc mon histoire et en parallèle, elle publie la sienne dont le titre est "L'antre des maraudeurs". Son histoire étant bien plus longue que la mienne, sa publication sera elle aussi plus longue. Voici le résumé, n'hésitez pas à aller jeter un oeil (mais pas trop fort, ça serait dommage de vous faire mal !) :

"Harry se retrouve dans le passé, un passé alternatif ou les Maraudeurs n'existent pas. Son père, Sirius et Remus ne sont pas amis. Harry se met en tête de changer ça. "

Pour ce qui est de mon histoire, Seconde chance, elle se déroule à la suite de la Bataille du Ministère, ainsi, bien que je n'en parle pas ou peu, Harry est bien allé chercher Slughorn avec Dumbledore, Severus est professeur de DFCM, Hermione Préfète et Harry Capitaine de l'équipe de Quidditch des gryffons.

Je vous souhaite une bonne lecture !

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Chapitre un

Quinze ans

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Il n'y voit rien. Il y a de la fumée. Elle entre dans sa gorge, il étouffe. Il ne sait plus ce qu'il se passe ni où il est.

- Harry ! Harry il faut partir maintenant !

- Dépêchez-vous !

- Il est trop lourd, on s'en sortira jamais !

- Hors de question qu'on le laisse ici.

- Je m'occupe de lui Harry, partez devant.

- Là ! La porte.

- ALOHOMORA !

- Merde… Merde. Où sont tous les autres ?

- Harry ! Ron ! Hermione ! Vous êtes là !

Soudain, il y voit comme en plein jour. Il est seul, et à ses pieds le corps sans vie de Sirius prend lentement les traits d'un autre, aux cheveux châtains et au visage souriant

- AH !

Harry se réveilla en sursaut, ouvrant soudainement les yeux sur le plafond, la bouche ouverte dans un cri devenu muet, le souffle court. Il sentait son dos coller au matelas à cause de la sueur et une goutte coulait le long de sa tempe. Il ferma les yeux et se cacha le visage dans le creux de son coude, tentant difficilement de reprendre une respiration correcte.

Les images de son rêve commençaient déjà à s'effacer. Il souffla longuement. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas rêvé des évènements du Ministère. Au moment où il sentit son myocarde adopter un rythme normal, la porte de la chambre s'ouvrit en grand, laissant passer un homme d'environ trente ans, les traits soucieux.

- Harry ! Tout va bien ?

- Hum, acquiesça le brun. Juste un mauvais rêve.

Les sourcils de l'arrivant se fronçèrent. Il referma la porte derrière lui et s'assit au bord du lit, caressant doucement les cheveux d'Harry. Ce dernier soupira d'aise au contact de la main fraîche.

- Tu me racontes ?

Harry dégagea son bras de ses yeux et observa l'homme à ses côtés.

- Le Ministère, dit-il.

- Ca faisait longtemps, murmura l'autre.

- Hum… plus de quinze ans.

Les yeux plongés dans le regard ambre, Harry osa repenser à cette nuit qui avait marqué un tournant dans sa vie et dans celle de l'homme qui partageait maintenant son lit, son appartement, ses nuits et sa vie : Remus Howell, anciennement Lupin.

Remus ne ressemblait en rien à celui qu'il avait été, quinze plus tôt, au même âge. Le teint maladif et les cernes qui entouraient ses yeux quand Harry l'avait rencontré, en tant que professeur de Défense pendant sa troisième année à Poudlard, avaient été remplacés par une peau légèrement hâlée et un sourire charmeur. Ses cheveux n'étaient plus ternes et gris mais d'un châtain éclatant et tombaient désormais jusqu'au milieu de son dos. Ses yeux, si tristes auparavant, étaient maintenant rieurs et des dizaines d'émotions y passaient chaque jour.

La deuxième adolescence que Remus avait connue avait été une véritable chance. Retrouver ses seize ans n'avait pas été facile dès le début pour le loup-garou et Harry ressentit une bouffée de reconnaissance le traverser, comme à chaque fois qu'il y pensait.

Le soir de la bataille au Ministère, juste après que Sirius soit passé à travers le voile, laissant un Harry tétanisé en plein cœur des combats, Remus s'était interposé entre un sort et le Gryffondor. Au même moment, Tonks avait jeté un Protego pour contrer le sort et Luna, dans un geste qu'elle n'avait jamais pu expliquer, un Aguamenti.

Les trois sorts avaient fusionné avant de frapper Remus en pleine poitrine, créant un immense nuage de fumée qui avait assombri la salle dans laquelle ils étaient. De longues minutes plus tard, les membres de l'Ordre et les adolescents avaient réussi à sortir de la pièce tant bien que mal, échappant aux Mangemorts et à Voldemort. Ils étaient tous restés estomaqués devant la vision de Remus, porté par Shackelbott.

Le lycanthrope, inconscient, avait perdu quinze centimètres, flottait dans ses vêtements et avait retrouvé son visage d'adolescent.

- A quoi penses-tu ? demanda Remus, sortant Harry de ses pensées.

- A toi, murmura l'ancien Gryffondor en se relevant légèrement. A quel point tu as changé et est devenu différent comparé à… avant.

Le loup-garou grimaça. Il détestait qu'Harry lui rappelat son ancienne vie. Pour lui, elle n'était plus qu'un vague souvenir, comme un rêve dont on oublie peu à peu les détails. Songer à cette époque, à celui qu'il avait été la première fois qu'il avait eu trente ans, lui rappelait aussi qu'il n'avait pas toujours eu le même âge que son compagnon et il ressentait toujours une grande gêne à cette idée.

Les lèvres d'Harry se posèrent sur les siennes et Remus sentit une main se glisser sous son t-shirt. Le brun le rappela au présent d'un baiser langoureux et les pensées du loup-garou prirent une toute autre direction.

- Quelle heure est-il ? s'enquit Harry contre ses lèvres.

Il n'attendit cependant pas la réponse de son amant et sa bouche descendit le long de la mâchoire de Remus, puis dans son cou, embrassant chaque parcelle de la peau hâlée. La main qui s'était glissée sous le t-shirt remonta pour caresser les pectoraux de l'homme tandis que la deuxième caressait sensuellement son dos.

- Quatre heures, répondit difficilement Remus.

Harry se figea et recula légèrement.

- Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure-ci ? Tu m'étonnes que je te trouvais gelé.

Le brun l'attira à lui et l'allongea sur le lit, bien décidé à réchauffer son amant. Tandis que ses mains caressaient le torse musclé de Remus, Harry songea que le loup-garou n'était vraiment plus le même, puis d'autres pensées, bien moins chastes, lui traversèrent l'esprit.

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Quinze ans plus tôt

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Il lui semblait entendre des voix mais il n'arrivait pas à comprendre ce qu'elles disaient. Il aurait dit qu'elles venaient de loin, comme s'il avait la tête dans l'eau et que les ondes lui parvenaient étouffées.

- Il se réveille ! s'exclama une voix féminine. Remus ? Remus vous m'entendez ?

Le loup-garou mit un temps à comprendre que c'était à lui qu'on posait la question. Non pas qu'il avait oublié son prénom, mais tout était flou dans sa tête. Il réussit cependant à émettre un grognement. Peu de temps après, il ouvrit les yeux.

Une lumière aveuglante lui brûla les rétines et réveilla en lui un violent mal de crâne. Il gémit de douleur et s'enferma dans le noir, derrière ses paupières, mais le mal était fait, un troupeau de Sombrals semblait traverser sa tête.

- Ne forcez pas trop Remus, reprit la voix. Nous ne savons pas exactement ce qu'il s'est passé mais vous avez un traumatisme crânien.

Remus l'entendit marmonner quelque chose puis une main passa lentement derrière son cou pour lui soulever la tête. Il grimaça de douleur mais quelqu'un lui pressa un verre contre ses lèvres.

- Buvez ça, la douleur se dissipera.

Il avala le breuvage lentement, se retenant de tout recracher dès la première gorgée.

- Pourquoi les potions ont toutes un goût affreux ? demanda-t-il d'une voix rauque, une fois de nouveau allongé.

Un rire léger retentit à ses côtés. Après plusieurs secondes, il sentit la douleur refluer à grande vitesse. Il soupira de soulagement et ouvrit les yeux, un peu plus lentement. Sa vision, trouble, lui permit seulement de distinguer quatre silhouettes. Il lui fallut un peu de temps pour les reconnaître.

Tout d'abord, il y avait Albus qui se tenait au pied de son lit, un sourire bienveillant sur les lèvres mais le regard soucieux. A la droite du directeur, immobile comme à son habitude et habillé de ses longues capes noires, Severus l'observait comme il ne l'avait jamais fait, un tic nerveux à la paupière droite. La troisième silhouette, bien plus petite que les deux autres, était celle d'Harry. Le garçon se tenait légèrement en retrait, jouant nerveusement avec sa baguette.

La dernière des silhouettes était nulle autre autre que Poppy Pomfresh, infirmière du château de Poudlard. Cette dernière lui adressa un sourire engageant.

- Comment vous sentez-vous Remus ?

Le loup-garou réfléchit un instant.

- Mieux grâce à la potion, mais j'ai l'impression d'être passé sous le Poudlard Express. Que s'est-il passé ?

- Quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez ?

Remus ferma les yeux, essayant de se rappeler. Il se revit entrer dans le Ministère à la suite de Sirius, Tonks et divers autres membres de l'ordre derrière eux, puis passer à travers d'innombrables couloirs sans fins. Il se souvint de Sirius, debout devant le voile du Ministère. Il n'était pas préparé à la douleur et la tristesse qui l'envahirent soudainement.

Sa respiration s'accéléra tandis qu'il revoyait son dernier ami passer à travers l'artefact magique. Il avait l'impression que son cœur était lacéré de toute part. Sirius avait été son dernier rempart dans ce monde, la dernière personne qui lui accordait une confiance illimitée, son dernier ami. Une longue plainte lui échappa, plus proche du hurlement du loup à la lune que du cri humain.

Un sanglot fit écho à sa douleur. Remus ouvrit ses paupières et aperçut Harry, qui s'était reculé encore un peu, pleurer vivement. Voir le garçon ainsi le calma immédiatement.

- J'ai pris un sort à la place d'Harry, répondit finalement le loup-garou, la gorge serrée.

L'infirmière acquiesça en silence, semblant à la fois compatissante face à la douleur de l'homme et satisfaite de sa réponse.

- En fait, il semble que vous ayez pris un mélange de sorts.

- Un mélange de sort ?

- Protego, Aguamenti et Arguani.

- Et je suis toujours vivant… souffla Remus, impressionné.

Le regard gêné de Pomfresh lui fit penser qu'il n'y avait autre chose. Il attendit que la femme parle d'elle-même, mais elle n'en fit rien.

- Poppy, que se passe-t-il ? Dites-le-moi.

L'infirmière ne répondit pas immédiatement. Elle s'éloigna du lit et partit chercher quelque chose que Remus ne vit pas. Elle revint, à peine une minute plus tard, un miroir à la main. Le loup-garou imagina tout de suite le pire. Etait-il défiguré à ce point ?

- Ne paniquez pas Remus, dit-elle doucement en l'aidant à se mettre en position assise.

- Ce n'est pas rassurant ce que vous me dites là.

Poppy plaça le miroir face à lui avec appréhension. Quand Remus aperçut son reflet, il se dit qu'il y avait effectivement quelque chose qui avait changé. Il chercha où était le problème mais ne vit rien de particulier. Aucune cicatrice ne barrait son visage, ses yeux allaient bien, son nez aussi. Dans le miroir, ses yeux s'écarquillèrent.

Son nez. En dessous duquel aurait dû siéger une moustache. Ce fut à ce moment qu'il comprit, il se demanda comment il n'avait pas remarqué plus tôt. Lentement, il monta une main à son visage, effleurant sa peau de ses doigts. Là où des dizaines de ridules auraient dû plisser le coin de ses yeux, ses commissures de lèvres ou encore son front, il n'y avait rien. Il glissa ensuite sa main dans ses cheveux. Ses cheveux qui étaient redevenus châtains et dans lesquels aucune mèche grise n'apparaissait.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Nous ne le savons pas vraiment, répondit Albus. Il semble que les sorts que tu as reçus ont fusionné et t'ont redonné ton apparence d'adolescent.

Remus intégra l'information comme il le put, prêt à ressentir l'angoisse sourde qui monterait bientôt en lui, cependant, à son grand étonnement, il resta calme.

- Pourquoi sommes-nous à Poudlard ? demanda-t-il, le regard toujours rivé sur son reflet.

- Ton état était stable Remus, et vu la situation, j'ai pensé que tu préférerais te réveiller ici.

C'était une attention agréable de la part du directeur et Remus se dit qu'il devrait le remercier plus tard. Il comprit soudainement pourquoi il n'avait pas paniqué alors qu'une question lui traversa l'esprit.

- Combien de temps vais-je rester ainsi ?

De nouveaux, se furent des regards gênés que lui adressèrent Dumbledore et Poopy. Remus se tourna alors vers Severus, mais ce dernier avait repris son masque impassible.

- Ca fait déjà deux semaines, répondit Poppy. Nous ne savons pas combien de temps cela durera, ou si vous retrouverez même votre ancien corps.

Le coup fut dur pour Remus et cette fois, l'angoisse grimpa jusqu'à son cerveau à unevitesse folle.

- Deux semaines ? souffla-t-il.

Il était dans ce corps d'adolescents depuis deux semaines ? Cela voulait dire aussi qu'il était resté inconscient autant de temps. Une part de son esprit lui chuchota que pour quelqu'un qui avait dormi aussi longtemps, il semblait aller particulièrement bien mais il n'y prêta pas attention. Des milliers de pensées luttaient dans son cerveau.

- Je suis resté inconscient deux semaines ? Que s'est-il passé ? Qui m'a sorti du Ministère ? Pourquoi Harry est là ?

Il posa ainsi d'innombrables questions sans que personne ne l'interrompît. Il finit par reposer sa tête contre son oreiller et fermer les yeux, des larmes contenues derrière ses paupières.

- Tonks et Shacklebolt vous ont sorti de la salle du voile, intervint Harry, d'une voix plate et sans émotion.

Remus se tourna vers le brun, étonné du ton monotone du garçon. En l'observant un peu plus consciencieusement, il remarqua plusieurs détails qu'il n'avait pas vus jusque-là. Les larmes qui avaient coulé sur son visage quelques minutes plus tôt étaient déjà en train de sécher et de grands cernes tombaient sous les yeux émeraudes. Dans les pupilles d'Harry, la flamme du désespoir semblait grandir à chaque seconde. Sa propre détresse s'évapora à la vue de l'adolescent.

L'ancien professeur détourna le regard pour fixer Dumbledore, déterminé.

- Albus, dites-moi que quelqu'un s'occupe de ce garçon ?

- Remus, intervint gentiment le directeur, il faut que vous pensiez d'abord à vous. Ne vous inquiétez pas pour Harry, ses amis sont là pour lui et-

Un son étranglé sortit de la gorge du loup-garou et Dumbledore s'interrompit.

- Ses amis sont là pour lui ? s'exclama Remus, sous les yeux écarquillés de Harry et des trois adultes. Vous voulez parler des mêmes amis qui l'ont accompagné au Ministère, qui ont combattu des Mangemorts et qui ont assisté à la mort de Sirius ?

Sa voix se brisa légèrement alors qu'il prononça le nom de son meilleur ami, mais il n'y fit pas attention. Oubliant complètement sa propre condition, ne pensant plus à son corps d'adolescent, Remus sentit une colère sourde monter en lui.

- Ce garçon vient de perdre son parrain, grogna le loup-garou. Lui et ses amis ont assisté à un évènement traumatisant, et vous êtes en train de me dire que personne ne s'occupe d'eux ?

Même Severus se raidit aux paroles de son ancien camarade d'école. Il n'était peut-être pas le meilleur des professeurs et n'appréciait pas particulièrement les Gryffondors mais ce que disait son ancien collègue n'était pas faux.

- Ce n'est rien Remus, intervint Harry, un air désabusé sur le visage. On va bien, et puis on a l'habitude.

Ce fut le coup de grâce pour le lycanthrope.

- Sortez tous, gronda-t-il. Tous sauf Harry.

- Enfin, Remus, tenta Dumbledore.

- Non Albus, vous en avez suffisamment dit. Sortez.

Remus se tourna vers Poppy qui l'observait, affreusement gênée.

- Quelques minutes Poppy, et après je vous laisserai m'ausculter, mais je me sens bien pour le moment.

L'infirmière n'osa pas protester et, les yeux brillants de larmes contenues, s'éloigna du lit, suivit de Dumbledore. Snape resta immobile encore quelques instants, regardant alternativement Harry et Remus, puis il sortit de l'infirmerie à son tour.

- Approche Harry.

Le Gryffondor n'en fit rien. Il regardait le sol à ses pieds, le visage crispé.

- Harry, l'appela une nouvelle fois Remus, encore plus doucement que précédemment. Harry, je sais que ce n'est pas facile pour toi, je sais que tu as toujours essayé de tenir les adultes à distance, mais n'essaie pas ça avec moi.

Remus ne savait pas trop pourquoi il voulait absolument que le garçon se confiât à lui. Peut-être était-ce parce qu'Harry était tout ce qui lui restait de ses amis, peut-être était-ce parce que lui-même avait tant haï le monde qui l'entourait, peut-être était-ce simplement que, Sirius maintenant disparu, il se sentait responsable du fils de Lily et James.

Harry leva des yeux perdus sur lui et avança lentement. Il s'immobilisa juste à côté du lit.

- Vous allez bien ? finit-il par demander.

Un sourire bienveillant courba les lèvres de Remus.

- Hé bien, je crois que je n'ai pas encore vraiment pris conscience de ma situation, donc ça va pour le moment. Mais toi, Harry, comment vas-tu ?

- Je vais vraiment bien, répondit le brun. On… on en parle vous savez, avec les autres, pour pas que ça nous bouffe de l'intérieur. C'est Luna qui a eu l'idée.

Remus soupira à la fois de soulagement et de frustration.

- Je suis ravi que tu me dises ça, vous avez au moins plus de bon sens que les adultes de ce château. Cependant je ne suis pas sûr que tu ailles ''bien'' Harry. Dors-tu correctement ?

Le brun détourna le regard et le fixa sur le mur opposé.

- Bien, tu n'as pas besoin de répondre, je le devine de toute façon.

Il laissa le silence revenir, attendant que le brun parle de lui-même. Remus avait en lui toute la patience que le monde pouvait contenir, il aurait pu attendre des heures et mêmes des journées ainsi. Heureusement pour eux deux, Harry parla au bout de quelques minutes.

- Dès que je ferme les yeux, je le revois passer le voile, parvint-il à dire, les yeux fermés avec force et la voix étranglée.

Remus sentit ses propres larmes monter, il fit de son mieux pour les retenir.

- Quand j'arrive enfin à m'endormir, continua le Gryffondor, il se passe peu de temps avant qu'il apparaisse dans mes rêves, comme s'il revenait et qu'il était vivant. Ca me réveille et je n'arrive plus à dormir après.

Le loup-garou inspira et expira doucement, puis regarda droit devant lui.

- Il y a seize ans, quand tes parents sont morts, je n'ai pas dormi plus d'une heure par nuit pendant près d'un mois, confia Remus.

Harry se tourna vivement vers son ancien professeur, les yeux écarquillés. Il fut si surpris que Remus abordât ce sujet qu'il en oublia momentanément sa peine.

- Le pire était que je n'avais personne à mes côtés pour me soutenir, pour parler. Sirius était déjà à Azkaban et, comme tu le sais, j'étais persuadé de sa culpabilité.

Il redonna à Harry son attention, un sourire douloureux sur le visage.

- Ce que je veux dire, c'est que j'ai fini par m'en sortir alors que j'étais seul. Même si, je le conçois, je n'ai pas eu une vie radieuse après ça. Mais tu es entouré, tu as tes amis et je suis là, tu iras mieux.

Les larmes coulèrent à flot sur le visage du Gryffondor et Remus le laissa pleurer pendant de longues minutes.

- Cette situation est vraiment bizarre, finit par déclarer Harry, riant entre ses larmes.

Remus leva les sourcils, interrogateur.

- Je suis en train de pleurer devant mon ancien professeur, qui était aussi le meilleur ami de mes parents et mon parrain, que j'ai à peine connus, et qui semble avoir mon âge alors qu'il en a plus de trente.

Le loup-garou accusa le coup, et son esprit hésita un moment entre s'affoler et rire à son tour. Il décida qu'il paniquerait plus tard et rit à son tour. La pression quitta la pièce. Harry attrapa un mouchoir qu'il avait dans la poche et se moucha bruyamment. Après un temps, Remus décida finalement de faire face à ce qui lui arrivait.

- Peux-tu aller chercher Madame Pomfresh s'il te plait ? souffla-t-il. Et retourne auprès des autres veux-tu, tu n'as pas à rester enfermer dans cette infirmerie plus longtemps.

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Le calme de l'infirmerie contrastait avec l'agitation qui avait régné toute la journée. Remus était le seul patient qui passait la nuit dans ce lieu et il put ainsi laisser libre court à toutes ses émotions. Après le départ d'Harry, Poppy et Albus étaient revenus. La première avait passé la matinée à l'examiner, tentant de savoir si son état était permanent ou non maintenant qu'il était réveillé tandis que le deuxième lui avait expliqué la situation.

Le directeur lui avait ainsi dit que peu de temps après qu'il ait reçu le sort, il était arrivé. Un affrontement avait eu lieu entre lui et Voldemort mais ce dernier avait fini par battre en retraite, suivi de ses fidèles. Albus avait ensuite décidé de ramener tout le monde à Poudlard, faisant le choix de ramener Remus à l'infirmerie et non à Sainte-Mangouste.

L'homme avait ensuite fait venir diverses personnes au château, refusant de transférer le patient à l'hôpital en raison du climat politique actuel. Pendant deux semaines, spécialistes en sortilèges et médicomages s'étaient relayés pour tenter de comprendre le phénomène. Aucun n'avait pu apporter de diagnostic fiable. « Attendre » était la réponse la plus commune.

Poppy et Albus l'avaient ensuite laissé seul. L'infirmière avait dû s'occuper d'un groupe d'étudiants de quatrième année qui avaient vu leur corps se recouvrir de furoncles et de poils. Le directeur, qui n'avait plus rien à dire au loup-garou, avait déclaré qu'il retournait dans son bureau. Ils s'étaient éloignés, fermant les rideaux derrière eux.

Remus avait alors pris pleinement conscience de ce qui lui arrivait. Il s'était cependant refusé de pleurer alors que Madame Pomfresh aurait pu venir le voir n'importe quand. Il avait analysé la situation sous toutes ses coutures, essayant de réfléchir à ce qu'il allait faire si jamais il restait dans ce corps. Finalement, il s'était endormi peu avant midi, l'esprit épuisé.

Quand il s'était réveillé, il avait vu un plateau de nourriture posée sur sa table de chevet ainsi qu'un verre contenant un liquide verdâtre. Il avait deviné qu'il s'agissait d'une nouvelle potion contre la douleur et en avait avalé le contenu en grimaçant. Peu de temps après, deux médicomages et un briseur de sorts étaient venus l'ausculter. Ils avaient passé l'après-midi à lui poser des questions, à analyser son nouveau - ou plutôt son ancien - corps puis étaient repartis, en haussant les épaules.

Harry était revenu le voir, accompagné de Ron et Hermione. Après un moment assez gênant durant lequel le roux avait fixé bizarrement leur ancien professeur, ils avaient pris place autour du lit et discuté des événements du Ministère. Remus avait ainsi remarqué que ce n'était effectivement pas la première fois que les adolescents en parlaient. En deux semaines, ils avaient eu le temps de prendre du recul, d'analyser et d'accepter leurs erreurs, de regretter et enfin de décider d'être plus prudents à l'avenir.

Les trois Gryffondors s'en étaient allés juste avant le repas. Poppy lui avait donné une nouvelle potion contre la douleur, ainsi qu'une, à prendre plus tard, pour le sommeil. Un plateau était apparu devant lui et il avait mangé dans l'infirmerie, devenue calme.

Désormais, son repas avalé et sans rien pour le distraire de sa peine, il s'autorisa à pleurer la mort de Sirius. Allongé sur son lit, immobile, les larmes coulèrent sur ses joues sans barrages. Quand son cœur fut satisfait, son cerveau prit le relai et se mit à tourner à cent à l'heure. Une nouvelle fois, il s'endormit sans s'en rendre compte, épuisé.

Quand il se réveilla le lendemain matin, il grogna légèrement de douleur, bien qu'elle fût négligeable à côté de celle qu'il avait ressentie le jour précédent. Poppy apparut à ce moment entre les rideaux, comme si elle avait attendu tout ce temps qu'il se réveillât.

- Poppy… quelle magie utilisez-vous pour apparaître dès qu'un de vos patients se réveille ?

L'infirmière sourit et lui tendit une nouvelle potion contre la douleur.

- C'est mon infirmerie, je sais tout ce qu'il s'y passe.

Remus avala le contenu verdâtre et rendit le verre à la femme.

- Comment vous sentez-vous Remus ?

- Comme un adulte dans un corps d'adolescent, souffla-t-il.

Face au regard sérieux de l'infirmière, il reprit, plus sérieusement.

- Bien. Je n'ai mal nulle part si ce n'est à la tête, et j'ai dormi d'une traite.

- Parfait. Mangez votre petit-déjeuner et essayez de marcher un peu ce matin. Albus va venir vous voir en fin de matinée.

Remus acquiesça. Il attrapa le plateau sur sa table de chevet, puis quand il eut fini de manger, s'assit sur le bord de son lit. La veille, il n'avait marché que pour aller aux toilettes, et toujours accompagné de quelqu'un. Après deux semaines inconscient, son corps avait eu des difficultés à retrouver ses repères, sans oublier que son esprit devait réappréhender sa vision du monde, plus basse.

Une nuit de repos et les potions de Poppy avaient cependant donné suffisamment de force à son corps. Il put se lever seul et se sentit suffisamment à l'aise pour faire quelque pas dans l'infirmerie. Il se sentit gêné quand il remarqua que plusieurs étudiants étaient là et l'observaient étrangement. La plupart d'entre eux devaient se demander qui était ce jeune homme qu'ils n'avaient jamais vu.

Remus décida qu'il se contenterait de faire le tour de son lit désormais, du moins pour la journée. C'était le dernier jour de cours et le Poudlard Express viendrait chercher les élèves le lendemain matin. A cette pensée, le lycanthrope se demanda à nouveau ce qu'il allait faire. Il soupira, sentant déjà poindre la panique.

Jusque-là, il avait vécu avec Sirius au Square Grimmaurd, acceptant difficilement l'ambiance morose du lieu. Maintenant que son meilleur ami n'était plus là, il se refusait d'y retourner mais il n'avait pas d'autre réelles options. Déjà qu'il était difficile de louer un appartement du fait de son statut de loup-garou, maintenant qu'il avait le corps d'un adolescent de seize ans, il se voyait mal trouver quelque chose.

Il se rassit sur le bord de son lit, plongeant sa tête dans ses mains.

- Tu n'es pas dans la merde, Remus Lupin.

Il resta très longtemps ainsi, réfléchissant aux solutions les plus absurdes, et Albus le trouva dans cette position quand il vint le voir, deux heures plus tard. Remus releva la tête et s'assit un peu mieux sur son lit. Le loup-garou jeta un regard peu amène au directeur. Il ne savait pas ce qu'il avait à lui dire, mais Remus ne lui avait toujours pas pardonné son comportement.

- Je sais que tu es en colère, Remus. Et tu as raison, j'aurais dû prendre en considération plus tôt le bienêtre des enfants.

Remus garda le silence attendant la suite. Albus soupira et ses yeux prirent une expression désolée qu'il ne lui avait que rarement vu.

- Il semble que je me sois laissé aller ces dernières années. J'ai pensé à la guerre, à Voldemort, au rôle d'Harry dans tout ça et j'en ai oublié l'essentiel. Les choses vont changer Remus, je te le promets. Mais pour le moment, parlons de toi.

Remus acquiesça.

- Je me doute que tu as dû réfléchir à de nombreuses choses depuis hier. Je ne peux t'offrir de réponse sur le fait que tu sois redevenu un adolescent, mais j'ai une proposition à te faire.

Albus s'interrompit, attendant de voir si le loup-garou était prêt à accepter son aide. Comme le lycanthrope acquiesça une nouvelle fois, il reprit, un sourire aux lèvres :

- Je souhaite te proposer de rester à Poudlard cet été. Nous réfléchirons par la suite à ce que tu pourras faire, peut-être retrouveras-tu ton corps d'ici là.

- C'est très généreux Albus, répondit Remus qui sentit un poids s'enlever de ses épaules.

A Poudlard, il aurait tout le loisir de repenser à sa future vie, sans devoir côtoyer le monde extérieur, sans devoir rendre compte de son statut de loup-garou.

- J'accepte avec plaisir.

- Bien, voilà qui est fait. Dans ce cas, je te laisse te reposer.

Peu de temps après que l'homme fut parti, Harry entra dans l'infirmerie.

- Bonjour Harry, le salua Remus quand il fut suffisamment près.

- Vous entendre avec cette voix fait vraiment bizarre, répondit Harry, avant de rajouter un « Bonjour » précipitamment.

- Oui, je ne m'y habitue pas vraiment non plus, rit Remus.

Son timbre de voix était plus clair et il semblait moins fatigué quand il parlait. Parfois il ne le reconnaissait et se demandait qui avait parlé.

- J'ai croisé Dumbledore, il m'a dit que vous resteriez ici pour les semaines à venir.

Remus confirma les dires du directeur, et fronça les sourcils quand il vit l'air gêné et timide que prit Harry.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il, soucieux.

- Rien, s'empressa de répondre Harry. Enfin… c'est juste qu'on a pensé à vous avec les autres et euh… on s'est dit que vous alliez avoir besoin d'un endroit pour… enfin vous savez.

Remus fut étonné de l'attention des adolescents.

- Ne vous inquiétez pas, le passage sous le Saule Cogneur existe toujours, dit-il avec un clin d'œil pour le garçon.

- Justement ! s'exclama Harry.

Le loup-garou lui jeta un regard perdu, se demandant où Harry voulait en venir.

- On a pensé que peut-être, vous pourriez rester dans le château, ça ne doit pas être agréable de traverser le parc à chaque fois.

Harry, vous savez très bien que ce n'est pas possible.

- On a trouvé une solution. En fait, c'est Neville qui en a parlé en premier, et Hermione et moi on a testé.

Remus était clairement surpris des mots du brun, même en sept années à Poudlard, accompagné des Maraudeurs, il n'avait jamais trouvé de solution suffisamment sécurisée pour lui, comme pour les habitants du château.

- De quoi parles-tu Harry ?

- La Salle sur Demande, déclara Harry dans un souffle.

- La Salle sur Demande ?

Sirius lui avait parlé de cette pièce que Harry avait trouvé pendant l'année scolaire. Ils avaient été tous les deux étonnés de découvrir l'existence de cette salle, et Sirius passablement vexé de ne pas avoir pu en profiter pendant leur scolarité.

- Oui, confirma le Gryffondor. Vous pourriez vous y enfermer avant la pleine lune en faisant la requête à la Salle de ne laisser personne d'autres entrer et de ne pas vous laisser sortir avant le petit matin. En plus, elle peut prendre l'apparence d'une forêt…

- C'est gentil d'y avoir pensé Harry, répondit Remus. Mais je ne pense pas-

- On l'a testé. Avec Hermione. Je suis rentré dans la salle et elle n'a pas pu entrer.

- Tu es resté toute une nuit dans cette salle ? s'exclama le lycanthrope. Seul ? C'est dangereux, il aurait pu t'arriver quelque chose.

- Non, seulement quelques heures. Juste pour voir si ça fonctionnait, on avait pas réussi à le faire l'année dernière alors on n'était vraiment pas sur.

Un silence suivit sa déclaration. Harry attendait la prochaine réaction de son ancien professeur, mais ce dernier semblait perdu dans ses pensées. Finalement, après des minutes qui semblèrent interminables au plus jeune, Remus hocha de la tête.

- Tu dis qu'Hermione n'a pas pu entrer, et tu n'as pas pu sortir non plus ?

- Non. Ce n'est même pas que je ne pouvais pas ouvrir la porte, c'est qu'il y en avait plus. Comme si la Salle avait compris le réel but de l'expérience.

Remus adressa un regard reconnaissant à Harry.

- Si ce que tu dis est vrai, tu m'apportes beaucoup de réconfort Harry.

Le brun rougit et s'empressa de dire que ce n'était pas que son idée, mais le fruit d'une réflexion à plusieurs. Ils discutèrent encore quelques minutes, puis Harry dut repartir en cours.

- Je passerai vous voir demain avant de repartir, lui dit-il avant de le saluer et de sortir de l'infirmerie.

Sur ces entrefaites, le brun disparut de la vision de Remus, non sans un denier signe de main, laissant le loup-garou pensif quand à la suite des évènements.

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Et voilà qui clot ce premier chapitre,

Qu'il vous ait plu ou non, n'hésitez pas à laisser une review. Elles sont nos seuls salaires et font toujours plaisir à lire :)

A bientôt pour la suite de cette histoire,

Pauu_Aya