Il était vingt et une heures pile. Hermione le savait car la grande horloge magique en bronze qui surplombait Gringotts, au bout de sa rue, venait de sonner ses 9 coups solennels. Elle attrapa la bouteille de vin blanc moldu sur sa table basse, et remplit son verre pour la seconde fois.
_ Je te ressers ?
Viktor acquiesca silencieusement en lui adressant un petit sourire.
_ A quoi penses-tu ? Tu as l'air ailleurs, fit-elle remarquer tout en versant une généreuse quantité de vin dans le verre du jeune homme.
_ Je pense que tu es la seule jeune femme de ma connaissance qui parvient à accomplir l'exploit d'être chaque jour un peu plus belle alors que tu croules sous le travail, que tu dors deux heures par nuit et que tu t'alimentes essentiellement de café.
Il avait répondu avec un naturel et une franchise désarmants, tout en portant son verre à ses lèvres d'un air détaché, et Hermione ne put empêcher ses joues de s'empourprer, ce pour quoi elle se maudit intérieurement.
_ Tu me fais rougir comme une imbécile... Je dois effectivement être très fatiguée, plaisanta t-elle.
Ils étaient confortablement installés dans le canapé de son salon, exceptionnellement désert en cette douce soirée. Harry était chez Blaise, ou Drago, ou peut-être même Dean, elle ne s'en souvenait plus. Tout ce dont elle se souvenait, c'est qu'il avait évoqué une "petite partie de quidditch de fin d'été" et qu'elle avait béni Merlin trois fois, parce qu'elle avait justement de son côté invité Viktor à passer la voir. Ce dernier se rapprocha d'elle, et posa ses lèvres dans son cou avec une insupportable douceur. Un violent frisson la parcourut. Le contraste entre toute la force qui émanait du corps du jeune homme et la délicatesse incroyable avec laquelle il la touchait l'électrifiait complètement. Il l'embrassa au creux de la clavicule, puis sur la jugulaire, remonta derrière son oreille, et la main qui n'était pas en appui contre le dossier du canapé vint se poser sur la cuisse de la sorcière. Une vague de chaleur s'empara d'elle. Elle inclina légèrement la tête sur le côté, offrant ainsi un meilleur accès à sa peau à Viktor, et ferma les yeux en soupirant. Elle avait tellement besoin de lâcher prise. Elle posa les paumes de ses mains bien à plat sur le tissu du canapé, de chaque côté de ses cuisses, et laissa son esprit se vider peu à peu, tandis que les baisers du bulgare sur sa gorge devenaient de plus en plus intenses.
_ Ca a été très, très long, tout ce temps passé sans te voir, à ne pouvoir qu'imaginer ce que j'avais envie de te faire, murmura t-il d'une voix très basse, et très grave.
_ Maintenant que je suis là, tais-toi et exécute toi, répliqua t-elle sans même ouvrir les yeux.
Elle se languissait littéralement de la suite. Elle sentit les dents du jeune homme s'emparer délicatement d'une minuscule portion de peau, qu'il mordilla avec malice, tandis que son index glissait sous la ceinture de son jean. Hermione redressa un peu la tête, et chercha ses lèvres. Lorsque sa bouche se posa sur la sienne, elle s'embrasa, et l'embrassa avec toute la passion dont elle était capable, espérant lui faire comprendre la fièvre et l'impatience qui l'habitaient. Viktor laissa échapper un bref gémissement de surprise, et elle ne sut comment, il parvint à défaire le bouton de son jean à l'aide d'un seul doigt. Son index et son majeur glissèrent sans difficulté à l'intérieur du vêtement, et elle retint un petit cri étouffé lorsqu'ils se posèrent contre son intimité, à travers sa petite culotte. Viktor prit le temps de la caresser doucement, initiant un délicat massage, avant que son index n'entreprenne de repousser le bord du sous-vêtement, dans l'espoir de se glisser dessous.
C'est exactement à cet instant que la porte d'entrée claqua, et que le salon se transforma en un chaos indescriptible de cris et de mouvements. Hermione eut littéralement l'impression que son coeur sortait de sa poitrine par sa gorge tant la sensation de panique absolue qui la submergea fut désagréable. Viktor, en sursautant, avait retiré sa main de son jean trop brusquement, et lui avait malencontreusement porté un coup à l'estomac. Harry, dans l'entrée, semblait partagé dans un état mêlé d'hilarité et de traumatisme. Ses éclats de fou rire alternaient avec ses hurlements horrifiés au fur et à mesure qu'il réalisait ce sur quoi il était tombé.
_ Oh Merlin, haleta t-il, Hermione, par Merlin...
Viktor sembla être le premier à se ressaisir. Il se redressa, lissa son pantalon, et se dirigea vers le jeune homme pour le saluer.
_ Harry ... Désolé que tu nous ai surpris ainsi. Pas de quoi épiloguer pour autant, je pense que tout le monde sera d'accord.
Il tendait vers lui une main que son interlocuteur ne serra pas. Peinant à reprendre son souffle, il la scrutait avec suspicion.
_ Cette main ... c'est celle qui est restée sage, ou celle qui était en pleine action ? Parce que je ne suis pas sur de vouloir...
Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Un lourd coussin de velours traversa le salon à toute volée et lui aterrit en pleine figure.
_ Espèce de dégénéré ! hurla son amie. Va te faire voir !
_ Hé, j'ai des lunettes !
Une Hermione fulminante quitta la pièce en claquant la porte, sans même prendre la peine de répondre. Incapable de réprimer son rire, Harry finit par serrer la main de Viktor.
_ Mon vieux, jamais je n'oublierai ça. Vos enfants raconteront cette anecdote à leur descendance les soirs de Noël, tu peux me croire.
_ Y'a plutôt pas intérêt, grinça Viktor sur le même ton amusé qu'avait employé Harry.
Il tourna les talons, et rejoignit Hermione, qui s'était réfugiée dans la salle de bain et se passait de l'eau froide sur le visage.
_ Hermione, est-ce que ça va ?
_ Merveilleusement, railla la jeune femme. Tout baigne.
_ Allez, y'a pas mort de sorcier ...
Il se glissa derrière elle, et l'enlaça.
_ Maintenant que nous sommes cachés ici ... il y a peu de chances qu'on vienne nous déranger dans la salle de bain, non ?
Hermione se dégagea de son étreinte d'un mouvement de hanche.
_ Excuse-moi, Viktor, mais vraiment je n'ai plus du tout la tête à ça. La douche a été plus que froide.
Le jeune homme resta silencieux une seconde, puis lui embrassa le front avec douceur.
_ Bien sur. Je comprends. De quoi as-tu envie ?
_ Honnêtement, de plus grand chose. Je vais prendre une bonne douche pour me détendre, et essayer d'effacer cette humiliation de mon esprit.
_ Tu me congédies, donc ?
_ Viktor... Je ne sais pas. Non. Tu peux rester ici si tu en as envie, ou revenir plus tard... Je n'en sais rien. Mes idées sont un peu confuses là. Je voudrai juste un moment pour reprendre mes esprits, s'il te plait.
_ Bonne douche, Herm, lui dit-il doucement.
Puis il quitta la pièce, la laissant seule face au miroir. Elle poussa un soupir, et remplit d'eau un verre qui traînait sur le lavabo, avant de le descendre d'une traite. Quel désastre. Elle avait réagi comme une collégienne effarouchée. Elle se sentait ridicule, en colère, et frustrée par dessus le marché. Elle retira sa chemise, et dénoua ses cheveux, avant d'enduire de démaquillant une lingette en tissu. Elle se nettoyait le visage, quand on frappa à la porte.
_ Hermione ? Excuse moi de te déranger, mais si je revenais à l'improviste, c'était pour te parler, je dois repartir.
_ Ce n'est vraiment pas le moment, répondit t-elle à son colocataire dans un souffle. Je voudrai me détendre.
_ J'en ai pour une minute, s'il te plaît.
_ Je pensais que vous aviez un foutu match de quidditch, explosa t-elle en jetant sa lingette dans le lavabo. La collocation implique des règles tacites, Harry, bon sang ! Dire à l'autre qu'on sera absent toute la soirée équivaut littéralement à lui faire la promesse qu'il sera seul quelques heures ! Tu aurais du t'annoncer !
_ Je ne vais pas m'annoncer avant d'entrer dans mon propre appartement!
_ Ce n'était pas compliqué de m'envoyer un patronus pour me prévenir que tu passais !
_ Herm, ça va, je suis désolé, ça a du être gênant pour toi, et ça l'était aussi pour moi d'ailleurs, mais on s'en fiche,ok ?
_ Qu'est ce que tu voulais? coupa t-elle.
_ Euh... A vrai dire, c'est Blaise...
Le brun sembla soudain mal à l'aise.
_ Zabini, merveilleux, je sens que ça va encore plus me plaire.
_ Tu sais, ces rénovations que Pansy mène chez lui ? Il semblerait que les plans de construction n'aient pas été respectés à l'époque. Enfin, honnêtement, j'ai pas tout compris. Ce que j'ai retenu, c'est qu'une canalisation d'eau se trouvait là où elle n'était pas censée être, et que Pansy l'a faite exploser, provoquant ainsi l'effondrement de presque tout le second étage de chez Blaise, et, de fait, des dégats considérables partout au rez de chaussée.
Hermione le dévisagea, sincèrement perplexe.
_ D'accord... Et ?
_ Même magiquement, il va falloir au moins une semaine pour que ce soit habitable à nouveau. J'aimerai proposer à Blaise de l'héberger le temps que ce soit arrangé.
_ Pardon ? Mais enfin, Blaise est plein aux as, pourquoi ne va t-il pas à l'hôtel ?
_ Son compte à Gringotts est gelé. Une histoire de relique familiale, dont les gobelins réclament la restitution officielle, ce à quoi le clan Zabini s'oppose ... Là encore, j'y ai rien compris.
_ Mais c'est illégal ! Qu'est ce que c'est que cette histoire ?!
_ J'en sais rien... Mais franchement, ça pourrait être marrant, non ?
_ Marrant ? Marrant ?! Harry, je travaille 18 heures sur 24 ! Et Blaise est un enfant ! Il ne vous faudra qu'une demie-journée pour faire exploser l'appartement!
_ Herm... c'est important d'être présent pour un ami lorsque ce dernier traverse une crise, énonça Harry d'un ton solennel. Il est de notre devoir de...
_ Comme tu veux, capitula son amie. Fais ce que tu veux, je m'en fiche, il est toujours fourré ici de toute façon. Mais vous avez intérêt à vous tenir à carreau.
Harry souffla un baiser dans sa direction, et disparut aussitôt. Hermione songea qu'il avait l'air d'un petit garçon que sa mère venait d'autoriser à aller dormir chez un ami. Elle leva les yeux au ciel, retira le reste de ses vêtements, et entra dans la cabine de douche, tendue comme jamais.
