Bonjour !
Voici le chapitre 3 ! J'espère qu'il vous plaira !
Merci à patmol25, Zeugma412 et lolitaoe pour vos commentaires !
Bonne lecture !
Chapitre 3
Le premier réflexe de Rogue fut de murmurer un Lumos. Quand rien ne se produisit, son expression devient amère, et il fourra sa baguette dans sa robe.
- Donc, aboya-t-il en regardant le couloir, c'est l'endroit que je suis forcé de visiter pendant nos séances d'Occlumancie, n'est-ce pas ?
Sans attendre de réponse, il monta les escaliers. Harry le suivit, ravi de mettre de la distance entre Rogue et les Dursley. Le professeur marqua une pause à l'entrée du corridor, regardant fixement l'immense portrait de Dudley, qui ressemblait à s'y méprendre à un cochon, placé de sorte à accueillir les visiteurs à l'étage.
- J'espère qu'il ne parle pas, fit Rogue avec dégoût.
Avec un grognement, il ouvrit la première porte sur sa droite. C'était la chambre de Dudley, remplie de jouets et d'appareils électroniques.
- Ce doit être votre chambre, ricana Rogue en refermant la porte derrière lui. Où sont les toilettes, Potter ?
Harry les lui indiqua, et Rogue disparut à l'intérieur.
- Attendez ici.
Harry l'entendit à peine, dévalant déjà les marches deux par deux pour se précipiter dans le salon. Il tira le dinosaure de sa poche et le jeta sur le sol, en priant de toutes ses forces pour que le jouet décide de rejoindre cet univers. Il se fichait de modifier le passé, il voulait juste s'assurer que Rogue n'assisterait pas à sa future humiliation. À sa grande surprise, le jouet atterrit avec un petit bruit aux pieds de Dudley. Avec un peu de chance, pensa Harry, tout ce que verrait Rogue serait sa version miniature en train de nettoyer la cuisine. Entendant la chasse d'eau, l'adolescent remonta les escaliers à toute vitesse, le cœur battant la chamade. Il s'arrêta net devant les toilettes et se passa une main dans les cheveux, tentant de paraître nonchalant.
Aussitôt, Rogue le regarda avec méfiance. Harry inspira profondément, forçant son rythme cardiaque à ralentir.
- Qu'est-ce que vous fabriquez, Potter ? commença Rogue, mais ils furent interrompus par un cri à l'étage inférieur.
- MAMAN ! Où est mon dinosaure ? HARRY A PRIS MON DINOSAURE ! hurlait Dudley de toutes ses forces.
Harry se raidit, s'efforçant de ne pas laisser transparaître son inquiétude. Comment était-ce possible ? Même Dudley n'était pas assez stupide pour ne pas voir un jouet juste à ses pieds.
- Voyons voir comme vous allez vous tirer de cette situation ! lança joyeusement Rogue.
Passant devant Harry, il mit un pied sur la première marche de l'escalier.
- Non ! cria l'adolescent sans réfléchir, en lui saisissant le bras.
Se figeant, le professeur regarda fixement son avant-bras, que Harry tenait toujours, avant de lever les yeux vers lui. Déterminé, l'adolescent lui rendit son regard, préférant de loin que Rogue le dévisage lui plutôt que sa jeune version dans le salon. Pendant un instant, il crut avoir réussi, pendant un instant il sembla que le professeur ne ferait rien d'autre que l'observer avec une expression perplexe. Mais un cri retentit dans les airs, et le charme fut brisé. Sans un mot, Rogue se dégagea et descendit à toute vitesse, trébuchant presque dans sa hâte de s'éloigner de lui.
- Pétrificus Totalus ! lança Harry en désespoir de cause, en bondissant au bas des escaliers et en pointant sa baguette sur son professeur.
Mais rien ne se produisit, hormis le volte-face qu'effectua Rogue, un air absolument meurtrier dans le regard.
- Vous allez me le payer, Potter, cracha-t-il avant d'être interrompu par l'escalade des cris dans le salon.
Rogue lui lança un dernier regard d'avertissement avant de s'y diriger.
Harry ne le suivit pas. Il savait ce qui allait se produire. S'appuyant contre le mur, il croisa les bras et attendit.
Ce ne fut pas long. Bientôt, l'oncle Vernon passa devant lui, traînant le petit Harry. Silencieux, l'enfant avait les mâchoires crispées et du sang coulait le long de son visage. Rogue était juste derrière eux. Il jeta un regard à l'adolescent, sombre et insondable, avant de se tourner vers l'oncle et son neveu. Après avoir réprimandé le petit Harry, Vernon ouvrit la porte du placard et le jeta à l'intérieur. Enfin, il verrouilla la poignée avec un clic satisfaisant et s'éloigna.
Toujours immobile, l'adolescent attendit que le souvenir prenne fin, comme la première fois. Cependant, au lieu de cela, Dudley se dandina dans le couloir. Il regarda furtivement autour de lui avant de se précipiter vers la porte du placard.
- Hé, Potter, murmura-t-il, j'ai trouvé le dinosaure sous le canapé. Oups.
Ricanant, il agita le jouet dans les airs bien que le petit Harry ne puisse pas le voir.
Sa version adolescente ferma les yeux. Ah oui. Il avait oublié que Dudley était venu le narguer après. Ceci dit, il le faisait toujours, ce n'était pas quelque chose de particulièrement mémorable. Ou peut-être maintenant qu'il avait modifié le passé, sa mémoire le reflétait. Dans tous les cas, cet après-midi était apparemment maudit, quoi qu'Harry puisse faire. Ou alors, il était destiné à être haït des Dursley. Quand il rouvrit les yeux, Rogue le dévisageait. L'adolescent trouva soudain qu'il avait l'air très vieux. Vieux et fatigué. Puis ses traits commencèrent à disparaître. Le professeur tendit un bras, au bout duquel sa main devenait floue et perdait ses contours nets, touchant brièvement l'épaule de Harry. Ils furent propulsés l'un contre l'autre tandis que le souvenir disparaissait et laissait place à la Salle sur Demande.
Harry bondit sur ses pieds, s'éloignant de Rogue autant que possible. La pièce avait changé durant leur absence. Un coffre trônait au centre de la salle, le plafond était plus haut, et il y avait une nouvelle porte...
Harry s'y précipita, désespéré d'échapper à Rogue. Rogue qui connaissait désormais les Dursley, Rogue qui savait maintenant tout. Il poussa un grognement de déception en réalisant que la porte conduisait juste à une salle de bains. Néanmoins, Harry s'y engouffra et verrouilla la serrure derrière lui. C'était plutôt une jolie salle de bains, pensa-t-il distraitement, avec une grande baignoire en marbre et un évier surplomblé d'un robinet en forme de dragon. Harry se pencha au-dessus du lavabo et se passa de l'eau sur le visage. Son reflet le fit sursauter lorsqu'il leva les yeux son nez était sérieusement contusionné et un peu de sang séché avait été oublié près de sa lèvre supérieure. Il avait le teint blême, et ses yeux brillaient de larmes pas encore versées.
Il ne ressemblait pas vraiment à un guerrier.
Harry se laissa tomber sur le rebord de la baignoire, une main plaquée sur sa bouche pour étouffer un sanglot. Pourquoi pleurait-il ? Il ne pleurait jamais. Perplexe, il essuya ses larmes puis fouilla dans ses poches vides, à la recherche d'un mouchoir. Le dinosaure avait également disparu, Dudley l'ayant récupéré. Enfin, il s'en était probablement débarrassé depuis des années. Se prenant la tête entre les mains, l'adolescent inspira profondément et tenta de stopper les larmes qu'il sentait à nouveau jaillir en lui. Pleurnicher pour un stupide jouet. Arrête ça, s'ordonna Harry. Arrête de te comporter comme un gros bébé. Tu n'as jamais eu de jouets. Finalement, avec un frisson, l'envie de pleurer s'estompa.
Harry se frotta le visage jusqu'à faire disparaître toute trace de sang et de larmes, avant de se regarder à nouveau dans le miroir. Endurcis-toi, pensa-t-il, ou tu ne t'en sortiras jamais. Son reflet lui rendit son regard, une expression glacée pénétrant ses yeux. Bien, se dit-il en ouvrant la porte.
Comme une île noire dans un océan de pierres, Rogue était assis sur le coffre au milieu de la pièce. La tête haute, Harry s'approcha de lui. Il attendait que le professeur dise quelque chose, bien déterminé à ne pas entamer la conversation. Finalement, Rogue se lança.
- Savez-vous, Potter, l'accueillit-il, le regard distant, comment se prépare un Serum de Force ?
Désorienté, Harry ouvrit la bouche puis la referma.
- Non, je ne sais pas, répondit-il.
Rogue poursuivit presque comme s'il n'avait pas entendu Harry.
- Cela requiert une certaine compétence. De la poudre d'écaille de dragon très fine. De la salive d'hippogriffe. Des écailles de sirène. Un peu de chèvrefeuille, et l'oeil d'une licorne. Il est très difficile de se procurer les ingrédients, bien entendu, et encore plus difficile de la fabriquer. Elle doit bouillir un long moment. Des mois. Et même si on parvient à la préparer correctement, elle ne fonctionne pas toujours.
- À quoi sert-elle ? interrogea Harry avec brusquerie.
- Tout se résume dans son appellation, dit Rogue d'un air absent. Elle rend puissant, de corps comme d'esprit. De caractère, aussi. Surhumain, presque. Temporairement, bien sûr.
- Bien sûr, répéta Harry, perplexe. Nous allons apprendre à la faire cette année ?
- Non, répondit le professeur qui traça d'un doigt la ligne de sa mâchoire. Elle a été interdite par le Ministère. Ses vapeurs sont mortelles une fois sur deux. C'est un énorme risque.
Hochant la tête, Harry se dit qu'une telle potion serait utile dans le combat contre Voldemort.
- Risqué, ouais. Dumbledore connaît cette potion ? Elle pourrait être utile pour l'Ordre...
- Oui, le Directeur la connaît ! gronda Rogue, le venin dans sa voix si aggressif que l'adolescent recula d'un pas.
Le professeur grimaça, expirant fortement avant de regarder Harry plus calmement.
- Je dirais même que Dumbledore a fait de vous une sorte de Sérum de Force, Potter.
Harry serra les poings.
- Hein ?
- Dites-moi, Potter, fit Rogue d'un ton crispé, de la tension apparaissant dans ses yeux, qu'est-ce que la force pour vous ?
À présent, il semblait être repassé en mode professeur, regardant son élève dans l'expectative.
Harry se détendit légèrement face à ce comportement plus familier.
- Eh bien, fit-il pensivement, des images d'Ombrage et de la Gazette du Sorcier lui traversant l'esprit, je pense vraiment que c'est une question de courage. Si on a le courage de faire ce qui est juste, même si c'est difficile, alors on n'est pas faible.
- Mal exprimé, jugea Rogue, mais suffisant. Maintenant, Potter, selon vous qu'est-ce qui sépare la force de l'héroïsme ?
Harry se passa une main dans les cheveux.
- Euh... Je suppose qu'un héros est une personne forte qui aide les autres, non ? Peu importe ce qu'on lui a fait.
- Peu importe ce qu'on lui a fait, répéta Rogue en hochant la tête avec satisfaction, comme si c'était une réponse particulièrement intelligente. C'est une hypothèse plutôt risquée, non ? Dumbledore aurait pu faire exploser son chaudron.
Haussant un sourcil, Harry regarda Rogue.
- Quoi ?
- Dumbledore vous a laissé mijoter durant des années, continua le professeur. Et les vapeurs de ces Moldus auraient pu vous briser, ou pire, au final. Mais cela n'a pas été le cas, plutôt l'inverse même.
- Mais de quoi vous parlez ? répliqua brusquement l'adolescent. Je ne suis pas une fichue potion !
- Oh que si, rétorqua Rogue. Le meilleur sérum du Directeur. Cette fameuse nuit à Godric's Hollow, il a vu votre potentiel. Il a pensé au futur, il vous a imaginé devenir un stupide morveux gâté comme votre cousin, la fierté inutile de monde de la sorcellerie...
- C'est ce que vous avez toujours pensé de moi ! l'interrompit Harry, chaque muscle de son corps tendu comme pour s'enfuir.
- Et donc, poursuivit le professeur, implacable, comme un faucon prêt à s'abattre sur Harry, Dumbledore a décidé de vous endurcir, de vous renforcer, en ajoutant au mélange une enfance malheureuse ! L'ingrédient mystère qui vous rendrait humble, vous donnerait faim et vous garderait vif !
- Ce n'est pas juste ! cria Harry, sans se soucier de défendre le sorcier qui l'avait ignoré tout au long de l'année. Dumbledore est le meilleur homme que je connaisse !
- Oh, mais moi aussi, souffla Rogue, ses mots devenant plus rapides, mais tous les deux, nous ne connaissons pas beaucoup d'hommes respectables, n'est-ce-pas ? Qu'en est-il de votre oncle ? Est-ce un homme bien ?
Harry sentit quelque chose se serrer dans sa poitrine.
- Non, répondit-il, sa voix augmentant d'un cran. Ce n'est pas un homme bien.
Puis, à la vue du signe de tête suffisant de Rogue, il ajouta agressivement :
- Votre père non plus n'en était pas un, n'est-ce pas ?
Rogue eut un sourire méchant, ses yeux habituellement glacés se mettant à flamboyer.
- Il ne m'a jamais enfermé dans un placard.
- Que voulez-vous que je réponde ? Que voulez-vous que je fasse ? hurla Harry, dont les nerfs lâchaient soudain.
Rogue bondit sur ses pieds, son visage à peine à quelques centimètres de celui de l'adolescent.
- Je veux que vous disparaissiez, siffla-t-il. Je veux que vous disparaissiez pour ne pas avoir à changer mon opinion en y incluant un Dumbledore sans pitié et un Potter persécuté ! Je veux que cette salle me rende mes pouvoirs ! MAIS CELA NE SEMBLE PAS ÊTRE DES OPTIONS, PAS VRAI ?
S'approchant de Harry avec une démarche d'une grâce féline, Rogue continua d'une voix meurtrière :
- Je vous que vous me disiez la vérité pour une fois dans votre vie. Je veux savoir si vous essayez de sauver tout le monde, Potter, parce que personne n'est jamais venu à votre secours. Je veux savoir s'il y avait un pot de chambre dans ce placard...
Tout en reculant, l'adolescent pouvait sentir la couleur quitter son visage.
- Taisez-vous, fit-il d'une voix rauque. Vous allez vous taire maintenant, ou je vais demander à la Salle sur Demande de vous faire du mal.
Il ajouta, un grognement ou peut-être un sanglot mourant dans sa gorge :
- Et vous, je ne vous sauverais pas.
- Je pense que si, fit Rogue avec calme, en se rasseyant sur le coffre. Parce que vous savez ce que cela fait d'être impuissant, Potter. Je le sais, maintenant. Et vous ne supportez pas que le fort puisse tourmenter le faible. Et ici, ajouta-t-il, le sourire familier d'un Serpentard en pleine manipulation s'étirant sur son visage, je n'ai pas plus de pouvoirs qu'un Moldu. Vous n'oserez pas me faire du mal.
- Vous étiez impuissant avec votre père, sursauta Harry, oubliant presque le sujet de la conversation. Je le sais, je l'ai vu. Et pourtant, vous ne semblez pas avoir le moindre problème à vous en prendre aux plus faibles, pas vrai ?
- C'est exact, répondit le professeur, l'air plus détendu qu'il avait le droit de l'être selon Harry, et c'est pour cette raison que je suis émerveillé par le risque que Dumbledore a pris, en vous laissant avec ces gens. Vous auriez pu terminer comme moi.
- Je n'ai rien à voir avec vous, cracha Harry en s'accrochant à la colère qu'il pouvait tourner contre Rogue.
Celui-ci eut un petit rire, si discret qu'il fut à peine audible.
- Maintenant, je sais enfin pourquoi Dumbledore a été aussi indulgent avec vous depuis votre arrivée à Poudlard. Il vous donne le monde après vous l'avoir retiré, n'est-ce pas ?
Une pointe d'amertume se glissa dans sa voix.
- Il n'a jamais fait preuve de la même délicatesse envers moi. C'est peut-être pour cette raison que vous êtes devenu un héros et moi un...
- Un stupide Mangemort qui refuse de la fermer ? glapit Harry, trop furieux pour se préoccuper de paraître puéril.
- Voilà. Et dix points en moins pour Gryffondor, juste pour l'insolence. Maintenant, allons-y. Je crois que vous étiez sur le point de demander à Salle de me torturer, n'est-ce-pas ?
Ses yeux noirs brillant d'intérêt, Rogue se pencha en avant et le défia du regard.
Harry le dévisagea, le cœur battant la chamade.
- D'accord, grogna-t-il. Vous pensez avoir tout compris sur moi ? Très bien.
Il leva les bras vers le plafond.
- Salle ! Donne à Rogue ce qu'il mérite !
J'espère que ce chapitre vous a plu !
Bon Rogue a pu assister à ce fameux souvenir. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça l'a choqué. Bien sûr, il fallait bien que Rogue et Harry en arrivent au clash, c'était évident. Que va-t-il arriver à notre professeur favori ?
N'hésitez pas à me laisser un commentaire, s'il vous plaît. Lire c'est bien, encourager c'est mieux ;-)
Merci encore !
