Bonjour à tous !

Bon je débarque avec une traduction de la superbe fic "A place for warriors", que j'ai adoré pour sa caractérisation de Rogue et Harry. On reste bien dans la continuité, avec un Harry à la fois obstiné et généreux et un Rogue sarcastique et méfiant. Sans oublier les idées parfois saugrenues de Dumbledore !

Pour situer le contexte, l'histoire se déroule pendant la cinquième année de notre trio favori à Poudlard.

Bonne lecture !


Chapitre 1

- C'est bizarre, même pour Dumbledore, dit Ron d'un ton placide.

- Je sais, acquiesça sombrement Harry.

- Il vaut mieux faire comme dit le message, le pressa Hermione, raisonnable comme à son habitude.

- Oui, je sais, soupira Harry en haussant les épaules et en saisissant son sac. À tout à l'heure, les gars.

Il franchit le portrait de la Grosse Dame et se dirigea vers le couloir familier du septième étage. Puis il passa trois fois devant la tapisserie des trolls dansants, son esprit toujours concentré sur l'étonnant message de Dumbledore. Comme par magie, la porte apparut, et Harry s'y engouffra.

Il jeta un regard incertain autour de lui. Rien de vraiment très prometteur. La pièce était complètement vide. Aucune fenêtre, aucun meuble. Étrange. Harry s'avança dans la salle, ses pas résonnant bruyamment.

- Professeur Dumbledore ? appela-t-il prudemment.

Comme en réponse, la porte s'ouvrit sur Rogue qui fit son entrée dans la salle. Ses yeux brillants s'arrêtèrent d'abord sur Harry avant de scruter les alentours.

- Le professeur Dumbledore m'a envoyé un message me demandant de venir ici, s'empressa d'expliquer Harry avant que Rogue ne l'accuse de quelque chose.

- J'ai reçu la même note, répondit Rogue avec raideur.

Un long silence s'ensuivit.

- Est-ce que votre message était... un peu... bizarre ? s'aventura Harry après quelques instants.

Rogue ne répondit pas. Au lieu de ça, il se contenta de croiser les bras et de la dévisager impassiblement, le regard dénué d'émotion. Ils attendirent une bonne quinzaine de minutes, Harry grattant le sol de ses pieds tandis que Rogue se tenait droit comme un piquet.

Harry commençait à sérieusement s'inquiéter. Peut-être avait-il mal lu le message ? Il le tira de sa poche pour l'examiner.

Harry,

Je te prie de te rendre immédiatement dans la Salle sur Demande après avoir reçu cette note.

Amicalement,

Albus Dumbledore.

PS : Tu as besoin du refuge des guerriers.

Harry avait pris ces derniers mots pour le mot de passe, mais peut-être que Dumbledore se montrait simplement encore plus étrange que d'ordinaire. Peut-être était-il censé attendre le professeur à l'extérieur... Après tout, le message ne lui avait pas explicitement ordonné d'entrer dans la salle.

Il se dirigea vers la porte.

- Où allez-vous ? l'interrogea Rogue.

- Je veux juste vérifier que le professeur Dumbledore ne nous attend pas dehors, ou quelque chose comme ça, répondit Harry qui saisit rapidement la poignée avant que Rogue ne puisse l'arrêter.

La porte ne s'ouvrit pas.

Fronçant les sourcils, Harry s'empara de sa baguette et tenta un sort de déverouillage, sans grand succès. Après avoir passé en revue tous les sortilèges qui lui venaient à l'esprit, il tenta à nouveau de pousser la porte. Enfin, il se tourna.

- Elle ne s'ouvre pas, expliqua-t-il inutilement.

Une fois encore, Rogue resta silencieux mais se dirigea vers la porte.

- Poussez-vous, Potter, ordonna-t-il impérieusement avant de tenter ses propres sortilèges de déverouillage.

À la grande satisfaction de Harry, Rogue ne parvint pas non plus à ouvrir la porte. De façon alarmante, le professeur pinça les lèvres et fusilla le battant du regard comme s'il s'agissait de Neville Londubat. Enfin, il fit volte-face et s'avança vers Harry.

- Montrez-moi le message que le Directeur vous a envoyé, exigea-t-il.

Harry hésita mais, n'y voyant pas le mal, finit par lui tendre le message. Rogue sortit son propre parchemin, les comparant, puis sans un mot rendit à Harry le sien.

- Donc ils disent la même chose ? demanda ce dernier, agacé.

Rogue hocha sèchement la tête avant de lui ordonner :

- Dites-moi tout ce que vous savez sur cette pièce.

Harry se raidit. Rogue était-il au courant pour l'A.D ?

- Aujourd'hui, Potter ! insista Rogue en faisant un pas vers l'adolescent.

- Eh bien, se lança Harry avec hésitation, Dumbledore m'en a parlé pour la première fois l'année dernière. La Salle sur Demande se transforme en ce dont on a besoin. Par exemple, s'il vous faut des toilettes, elle se sera... euh... remplie de pots de chambre. S'il vous faut une cachette, elle deviendra un placard à balais. Ce genre de choses. Les elfes de maison l'appellent la Pièce Va-et-Vient.

- Y a-t-il un moyen de modifier cette pièce une fois qu'on est dedans ?

Harry réfléchit. Il se souvenait une fois avoir souhaité un sifflet durant l'A.D et en avoir trouvé un une seconde après. Cependant, il n'était pas certain de savoir si le sifflet était soudainement apparu ou s'il se trouvait là depuis le début.

- Je ne suis pas sûr, admit-il.

Puis, inclinant la tête sur le côté, il regarda la porte et souhaita férocement qu'elle se déverouille. Avec espoir, il poussa la poignée mais celle-ci refusa d'obéir. Ok... J'ai vraiment besoin de quelque chose pour ouvrir cette porte. Rien. Il faut que j'ouvre cette porte pour les guerriers. Non plus. Haussant les épaules, Harry se tourna vers Rogue qui lui rendit son regard avec des yeux plissés.

- Combien de fois êtes-vous venu dans cette pièce, Potter ? fut sa question suivante.

Harry calcula dans sa tête.

- À peu près une douzaine de fois, monsieur. Et, ajouta-t-il en espérant que cette information satisferait Rogue, une fois j'avais besoin d'un bouquin et brusquement j'ai vu celui que je cherchais juste devant moi. Alors peut-être qu'il est possible de modifier la salle, mais je ne sais pas comment faire. Je viens parfois ici pour... euh... étudier.

- Vous êtes un terrible menteur, Potter, ricana Rogue. Si vous pensez que je ne suis pas au courant de vos petits cours de défense avec vos amis, vous vous méprenez terriblement.

À ces mots, Harry se raidit, submergé par la panique.

- Je n'en informerais pas le professeur Ombrage, à condition que vous fassiez quelque chose pour moi, continua placidement Rogue.

- Quoi ? Monsieur ? demanda Harry, le ventre noué.

Rogue se contenta d'esquisser un sourire narquois avant de pointer du doigt un coin de la pièce.

- Pour le moment, asseyez-vous là-bas et ne m'ennuyez pas. Il faut que je réfléchisse.

Harry doutait fortement que leur conversation en resterait là, mais il se dirigea vers le coin qu'on lui avait désigné et s'y assit. Le sol et le mur en pierre étaient durs et froids. Faute d'une meilleure idée, il sortit son devoir de Sortilèges de son sac, sans pouvoir s'empêcher de réfléchir au message de Dumbledore. Le refuge des guerriers ? Que cela signifiait-il ? Harry et Rogue prenaient tous deux part à la guerre contre Voldemort. En tout cas, du côté de Harry c'était une certitude. En fait, l'adolescent était plutôt satisfait que Dumbledore le considère comme un guerrier, si c'était bien ce que cela signifiait. C'était toujours mieux que d'être considéré comme un enfant, surtout un enfant que Dumbledore avait délibérément ignoré cette année.

Mais cela ne ressemblait pas à Dumbledore de les enfermer ensemble, Rogue et lui, dans une pièce. Habituellement, il ne forçait pas ainsi la main des autres. Désirait-il que ses guerriers s'entretuent ? Harry ricana intérieurement. Probablement pas. Était-ce une sorte de test ? Allait-il leur envoyer une horrible créature qu'ils devraient affronter ensemble ? Non, décida Harry, l'explication la plus plausible était encore que tout ceci ne soit qu'un moyen de les protéger d'un quelconque danger.

Le cœur serré, Harry se concentra sur cette possibilité. Cela ressemblait beaucoup à la façon dont Dumbledore le laissait moisir chez les Dursley pour son bien. Cela signifiait-il que Poudlard était en danger ? Derrière cette porte, finirait-il par découvrir que Rogue et lui était les deux derniers sorciers en vie ?

Harry bondit sur ses pieds, le cœur battant, et Rogue tourna un regard hostile vers lui. Harry rougit et détourna les yeux, tentant de ralentir le rythme de sa respiration effrénée. Dumbledore ne laisserait pas Poudlard sans protection. Il devait se fier au Directeur et croire qu'il avait une bonne raison de l'enfermer ici avec Rogue.

En attendant, il pouvait tout aussi bien faire son stupide devoir. Harry se rassit. Pouah, le sol était inconfortable. Il pouvait sentir Rogue l'observer de ses yeux sombres, sans la moindre sympathie. Harry plongea sa plume dans l'encrier. J'aimerais que Rogue arrête de me fixer.

Et à la grande surprise de Harry, Rogue se détourna.

Finalement, il était peut-être possible de manipuler les choses dans cette pièce.

Agitant sa baguette, Rogue se mit à murmurer. On aurait dit qu'il tentait de faire apparaître quelque chose sans y parvenir. Décidant de faire comme si de rien n'était, l'adolescent se plongea dans le monde des sortilèges marins.

Quelques heures plus tard, Harry avait fini tous les devoirs possibles et imaginables qui se trouvaient dans son sac. Son estomac grognait plutôt bruyamment. L'heure du dîner était depuis longtemps passée, et il n'y avait toujours aucune nouvelle de Dumbledore.

Rangeant ses livres, Harry se leva et s'étira. Durant sa séance d'étude improvisée, Rogue s'était apparemment laissé tomber dans un autre coin, perdu dans ses pensées.

Comme percuté par une idée, il l'imita en se levant et inclina la tête.

- Donnez-moi un livre de votre sac, grogna-t-il.

- Pourquoi faire ? s'enquit Harry, que la faim rendait plutôt agressif.

Il aurait préféré que Dumbledore envoie ce stupide message après le déjeuner plutôt qu'avant. Bien sûr, Harry avait été habitué à la faim par sa vie chez les Dursley, mais quand même. Il devait être neuf ou dix heures du soir, et il n'avait dans le ventre qu'un petit déjeuner.

- Parce que je vous le demande, espèce d'idiot ! rétorqua Rogue, qui semblait lui-même plutôt grincheux.

Les lèvres pincées, Harry sortit un bouquin et le tendit à son professeur. Le lui arrachant des mains, Rogue tenta immédiatement de le transformer en clé. Harry décida que c'était plutôt une bonne idée, qui valait bien le sacrifice de son livre de Divinitation. Cependant, cela ne fonctionna pas, et le livre resta obstinément un livre.

- La magie dans cette pièce défie toute logique ! éclata Rogue.

Il jeta le livre à Harry, qui ne dût qu'à ses réflexes bien huilés de joueur de Quidditch de l'éviter tout en le rattrapant. Ce n'était peut-être pas la plus sage des choses à faire, car Rogue lui lança un regard profondément dégoûté avant de demander :

- Vous vous êtes déjà servi de la magie dans cette pièce, n'est-ce pas Potter ?

- Oui, plein de fois, répondit négligemment Harry, sans remarquer l'étrange expression qui flasha sur le visage de Rogue.

Harry pointa sa baguette sur le livre. J'ai besoin que tu deviennes quelque chose dont un guerrier aurait l'utilité. À sa grande surprise, le bouquin se transforma en un morceau de parchemin vierge.

Harry leva les yeux vers Rogue. À sa grande satisfaction, le professeur semblait troublé, une vive expression traversant son regard sombre avant qu'il n'en reprenne le contrôle.

- Qu'avez-vous fait, Potter ? interrogea-t-il, la haine gravée sur chaque trait de son visage.

Harry l'ignora, réfléchissant intensément. Pourquoi un guerrier aurait-il besoin d'un morceau de parchemin vierge ? Était-ce un moyen de communiquer avec Dumbledore ? Était-ce quelque chose comme le journal de Tom Jedusor, un objet magique qui le transporterait d'une quelconque façon hors de cette pièce ? Ou était-ce autre chose ?

- POTTER ! rugit Rogue. Répondez-moi immédiatement ou vous aurez une retenue !

- J'ai déjà l'impression d'être en retenue, rétorqua Harry.

En guise de réponse, Rogue le saisit par le bras et le tira brutalement vers lui. Il se pencha, son visage à peine à quelques centimètres de celui de Harry, et l'avertit d'une voix très douce :

- Il n'y a aucun témoin ici, Potter. Personne pour m'empêcher de faire ce que je veux de vous. Alors je vous conseille fortement de RÉPONDRE À LA QUESTION !

Harry dégagea son bras de la poigne de Rogue et recula d'un pas, un peu choqué. Une fois hors de portée d'un éventuel coup et tout en considérant son professeur sous un jour nouveau, il répondit froidement :

- Je me suis juste dit « J'ai besoin que tu deviennes quelque chose dont un guerrier aurait l'utilité ».

Rogue digéra ses mots puis dit, d'une voix tout aussi tendue :

- Apportez-moi un autre de vos livres.

Tout en se tenant à bonne distance de Rogue, Harry tira un autre bouquin de son sac. Il l'offrit au professeur, adoptant inconsciemment l'attitude qu'il prenait lorsqu'il servait à l'oncle Vernon son petit déjeuner. Un peu comme s'il offrait de la viande à un lion. Sans un mot, Rogue s'empara du livre d'Astrologie et se concentra immédiatement dessus. Harry aurait parié son Éclair de Feu qu'il se focalisait sur les mêmes mots que lui.

Mais le livre ne se transforma pas pour Rogue. Le professeur le contempla un long moment, une horrible expression rougissant son visage pâle. Puis, avec un rugissement, il jeta le livre épais sur Harry. Cette fois-ci, cependant, l'adolescent ne fut pas assez rapide et le reçut brutalement dans le nez.

Harry grogna et recula en sentant un flot de sang dégouliner sur son visage. Il se toucha délicatement le nez. Au moins, il ne paraissait pas cassé. La magie fonctionnerait-elle dessus ? J'ai besoin de soigner mon nez. Non. J'ai besoin que mon nez se soigne comme celui d'un guerrier. C'était mieux. Harry tenta différentes variations, sans succès. Il lui fallait simplement un mouchoir. Dudley et l'oncle Vernon lui avaient tous deux brisé le nez à plusieurs reprises, alors Harry ne se tracassait pas trop. Mais quand même, c'était vraiment douloureux.

Harry tenta un regard vers Rogue. Son professeur l'observait, son visage ordinairement pâle désormais cendreux.

L'adolescent pinça les lèvres, déterminé à ne pas laisser transparaître le moindre signe de faiblesse. Il se dirigea vers son coin et, pour la troisième fois, fouilla dans son sac. Pas de mouchoir. Finalement, il trouva un vieil emballage de bonbon. J'ai besoin que tu te transformes en mouchoir. Avec un pop, Harry se retrouva avec un tissu parfaitement utilisable. Pourquoi la magie fonctionnait certaines fois et pas d'autres ?

Harry essuya soigneusement son visage ensanglanté puis, de façon experte, se pinça le nez et renversa la tête en arrière, attendant que le sang cesse de couler.

Pendant tout ce temps, il pouvait sentir le regard de Rogue sur lui.


J'espère que ça vous a plu !

Bon comme vous avez pu le lire nos deux amis sont enfermés dans la Salle sur Demande... Maintenant, à savoir combien de temps ils vont pouvoir s'empêcher de s'entretuer !

N'hésitez pas à laisser un commentaire, je serais ravie d'avoir vos avis, vos encouragements... et aussi de savoir ce que vous en avez pensé.

À bientôt !