Réponses aux reviews :
Claroush : Merci c'est vraiment adorable de dire ça, j'espère que la suite te plaira tout autant ! :)
Cicidy : J'aime beaucoup ton analyse d'Hinata parce que je la partage aussi, ça me fait plaisir d'avoir réussi à faire passer cette perception que j'en aie dans cette fiction. Merci pour ta review ! Ahah j'espère que le final te convient !
Trois quartiers d'orange, un café noir serré, une tranche de pain complet avec six demi-tomates cerise disposées symétriquement pulpe de face et un brin de menthe négligemment posé sur le bord de l'assiette en céramique blanche traversée d'arabesques couleur saumon : clic. La photo fut agrémentée d'un filtre orangé et d'un gif « healthy » dont le lettrage fluorescent se balançait invariablement de droite à gauche. Sur le cellulaire de sept pouces de long où deux mains s'agitaient pour parfaire le cliché la touche envoie fut bientôt pressée.
La propriétaire était à l'image de son petit déjeuner un modèle d'exactitude : un mètre et soixante-huit centimètres pour cinquante-cinq kilos de chair musclée. Une silhouette fuselée mise en valeur par un pantalon en toile taupe qui s'évasait sur des escarpins dont le cuir brun traçait un lançage complexe qui remontait jusqu'à la moitié de ses tibias alors qu'un cache-cœur blanc orné de fins liserées gris sur des manches amples et les contours du corsage. Elle avait un visage en forme de cœur qu'encadrait deux longues mèches chocolat quand le reste de sa chevelure tenaient en deux buns parfaits, bien centré sur son minois un nez très fin et droit qui lui donnait un air sérieux malgré elle et des pommettes hautes qui la rajeunissaient considérablement. Elle avait des lèvres rosées qu'elle n'étirait que pour adresser un sourire éclatant à l'objectif mais surtout de grands yeux noisette en amande avec des cils immenses.
Tenten était une très jolie jeune femme.
Avec sa peau toujours bronzée même pendant les hivers les plus rigoureux et sa manière gracieuse de se mouvoir à la façon d'un chat, elle s'entourait sans se forcer d'une aura envoûtante. Pourtant elle n'avait pris conscience de l'aspect fonctionnel de son physique il y a seulement quelques mois.
Tenten descendait d'une petite famille émigrée il y a deux générations qui avait transformé l'annexe de son épicerie en dojo à la naissance de la petite dernière. Elle avait grandi sur des tapis, fascinée de voir ses parents affairés dans des travaux qui n'en finissait plus. Elle avait été la première élève de ces lieux, collectionnant des souvenirs précieux où son père lui transmettait ce qu'il nommait son héritage ancestral. Tenten était une petite fille au naturel borné mais bienveillant, on avait rarement vu dans ce quartier de Paris une fille aussi dévoué à sa famille. La brune avait toujours obéi sans broncher aux directives de ses parents. Ainsi, si elle pouvait se conduire en vrai peste dans les établissements scolaires qu'elle fréquentait, ça ne l'empêchait jamais de ramener les bulletins qui rendaient ses parents si fiers. La suite avait coulé de source : une classe préparatoire commerce et l'école renommée qui s'en suivait. Initialement ses parents espéraient qu'elle reprendrait l'entreprise familiale mais une fille si brillante… On ne peut pas la cantonner au comptoir d'une épicerie si ? Jusqu'ici Tenten avait toujours donné un coup de main au magasin et au dojo en parallèle de ses études, ça aurait pu continuer toute la vie. Tenten n'avait pas d'ambition, vivre pour toujours avec sa famille était probablement l'avenir le plus reluisant qu'elle s'était imaginée.
La donne avait changé quand elle avait rencontré M. Maïto.
Il lui avait fait une vraie sale impression en entrant dans la salle. Il portait un costard vert pétant et un cravate orange rayée rose et avait ouvert la porte d'un coup de pied violent. Elle se rappelait avoir discrètement jeté un œil à ses chaussures s'attendant à trouver des bouts ronds pour compléter l'attirail du bouffon. M. Maïto ne parlait pas, il criait. Il avait beau avoir un diapo derrière lui, ses digressions et sa tendance à choisir des anecdotes bien trop personnelles, rendait son cours inbitable. Cet homme qui portait la coupe au bol comme une provocation au bon goût l'avait dégoûté en treize minutes et sept secondes. A cet instant précis, la brune avait rangé son ordinateur, son bloc et son quatre-couleurs dans la petite mallette en cuir qu'elle traînait partout avec elle. Elle s'était levée sous le regard terrorisé de ses pairs et avait commencé à descendre les escaliers, bien décidée à ne pas gaspiller une seconde supplémentaire de son temps. Alors qu'elle arrivait en bas de l'escalier, le clown avec une rapidité qui lui avait arraché un hoquet s'était planté devant elle. Il mesurait au moins un mètre quatre-vingt-dix, un détail qui lui avait échappé depuis le onzième rang. Tente avait rageusement serré les dents. Les yeux noirs surmontaient de sourcils ridiculement énormes la dévisageait hostilement.
« Mademoiselle Mitashi, les pauses pipi attendent la fin de mon cours. La jeunesse ne connaît aucune incontinence ! »
Si Tenten avait d'abord fait le calcul de le contourner sans préavis, la grossièreté manifeste et le fait qu'il connaisse déjà son nom la pétrifia. Ce boulet couleur arbre de noël croyait-il sérieusement jouir de la moindre autorité ? La brune savait que l'autorité découler du respect et très clairement un millénaire n'aurait pas suffi à ce vieillard en pleine crise de la quarantaine pour obtenir le sien. De plus, les ricanements des autres élèves commençaient à s'élever dans son dos. Tenten n'en connaissait que très peu et aurait préféré rester transparente encore quelques semaines.
« Je ne vais pas aux toilettes Monsieur. Je quitte votre cours, ça ne m'intéresse pas. »
Cet aplomb, Tenten était née avec. A cinq ans elle ne baissait les yeux devant personnes. A dix, elle coupait les cheveux de Sarah qui « devait honorait son pari », à quinze elle expliquait à sa prof d'arts plastiques que citer des gens morts en permanence n'est pas glorifiant mais glauque à un certain stade, à vingt elle faisait pleurer M. Maïto. Oui, c'est exactement ce qui se passa, cet homme aux épaules qui faisaient le double des siennes fondit en larmes. Pas les yeux humides non, un torrent de liquide salé qui n'en finissait plus de trempé son visage disgrâcieux. Il eut même le culot d'appuyer une main sur l'épaule de son élève pour équilibrer sa silhouette agitée de sanglots bruyants.
« Quelle cruauté ! De toute ma carrière j'ai rarement rencontré une jeune femme aussi rayonnante que méchante ! »
On nageait en plein délire. Tenten en était embarrassée pour lui. Elle devinait les dizaines de smartphones, caméra activée qui enregistrait l'absurde de la scène. Bon sang, qui était ce type ? Son poste d'enseignant dans la première école de commerce national il l'avait eu dans un paquet de lessive ? Tenten souffla fort et essaya de dégager la main étrangère mais la prise était ferme. Elle fronça les sourcils, elle savait reconnaître lorsque quelqu'un utilisait sa force et c'est clairement le cas. Elle releva les yeux, le professeur était en train d'essuyer larmes et morve dans la manche gauche de son immonde costume.
« Je suis désolé d'en arriver là Mademoiselle Mitashi mais cet établissement met un point d'honneur à favoriser les bonnes relations. »
Il relâcha enfin sa prise et commença à se diriger vers son bureau le dos courbé dans une attitude misérable. Tenten n'osait plus s'éclipser, son instinct lui disait que ça risquait de sentir le roussi dans quelques minutes. Et puis, pour être honnête, le degré de loufoquerie de ce type bien qu'il soit excédant commençait sérieusement à attiser sa curiosité. Dos à ses élèves, Gaï Maïto, de son nom complet, brassé des feuilles et agitait un stylo.
« AHAHAH. »
L'amphithéâtre manqua un battement. La légende raconte que deux élèves perdirent connaissance.
L'enseignant venait de se retourner dans un saut demi-tour parfait, mains vers le ciel et son rire tonitruant atteignait même les dernières rangées où trois soulards récupérés comme ils pouvaient se secouèrent éberlués. Les yeux noisette de Tenten s'étaient agrandis. Le mot atterré n'aurait pas pu exprimer la moitié de ce qu'elle éprouvait.
« Vous avez cru que j'avais de la peine hein ! Mais ne vous inquiétez pas chers élèves le cœur de votre sensei est aussi imprenable que son corps : une véritable forteresse »
A ce stade les étudiants ne rigolaient même plus, ils filmaient dans un silence hypnotisé. Tenten se demandait si ce one-man show n'était finalement pas un événement surprise de l'école, une grosse blague d'une administration qui voulait la jouer « plus cool ».
« Vous ! »
Tenten frissonna l'index accusateur de ce dingue était désormais pointé sur elle.
« Puisque mon cours n'est pas « intéressant », vous allez me faire des tours de l'école jusqu'à la fin du dit cours qui est dans… Deux heures et seize minutes ! Parfait si vous partez maintenant ce petit jogging de deux heures devrait faire un échauffement convenable. Vous en profiterez pour réfléchir à la définition du mot intéressant. »
Ok. Ce type sortait de l'hôpital psychiatrique.
« Monsieur il en est hors-de-question je n'ai même pas de tenue de sport. »
« Mademoiselle Mitashi, faites preuve de jugeote. Vous voyez cette feuille ? C'est votre exclusion définitive de l'établissement. Vous comprenez ? Au trot jeune femme maintenant. »
L'ahuri brandissait effectivement un papier officiel qu'il agitait dans sa direction. L'enflure. Tenten jeta sa mallette, fit passer le pull en laine bordeaux par-dessus ses épaules et défit soigneusement les lacets de ses bottines montantes dont les trois centimètres de talon risquaient de devenir handicapant. En chaussettes et débardeur blanc, le regard plus sombre qu'un après-midi d'orage la jeune femme fit claquer la porte avec fracas derrière elle. Derrière la porte, la voix de ce malade résonnait :
« Allez les enfants avec moi ! Les 4P du marketing et on donne de la voix ! »
Elle eut un petit sourire amer. Plutôt courir cent bornes que d'entendre encore un mot de sa bouche.
Tenten se remémorait cette première rencontre pensivement en mordant dans sa tartine improvisée. C'est vrai que cette course lui avait donné le temps de réfléchir. A midi pétante le professeur l'attendait devant la porte les bras croisés. Il ne lui avait reparlé ni de son attitude, ni de cette sanction absurde. Au lieu de ça il l'avait immédiatement questionné sur son niveau en art martial arguant que ses yeux ne le trompaient jamais sur ces choses-là. Il s'était passionné pour son histoire de fille d'épicière rompue à des dizaines de techniques différentes depuis l'âge où d'autres apprennent encore à lire. De son côté Tenten avait découvert que son vis-à-vis n'avait pas usurpé sa place au sein de l'école. Il était de loin le marketer le plus brillant à qui elle aie eu affaire, il lui parlé de la publicité sur les réseaux sociaux comme si cet outil lui était plus familier qu'aux jeunes auxquels il enseignait. Leur entrevue s'était terminée sur une promesse de l'aider si elle se décider à faire du dojo familial the place to be. Plus tard ce soir-là, Tenten avait ouvert les diaporamas de M. Maïto et avait eu la surprise de découvrir qu'en supprimant les couleurs criardes, le contenu était bel et bien la plus belle synthèse du marketing qu'elle ait pu lire. Les principes étaient expliqués clairement, les exemples choisis faisaient écho à un actualité familière de tous et plus important il existait bien une cohérence globale qui rendait les notions les plus complexes parfaitement digeste. Tenten s'était rappelé les mots qu'avaient choisi Neji quand elle l'avait eu au téléphone : « Tu sais Tenten être brillant dans cette société c'est souvent être un marginal. ». Elle avait alors ri au nez de son petit ami, lui qui était la parfaite antithèse de ce qu'il venait d'avancer.
Elle avala les dernières gouttes de l'expresso et s'attela au nettoyage du petit-déjeuner. On était seulement samedi matin, ce qui signifiait qu'elle avait deux séances d'entraînement à filmer pour les followers du dojo. Elle mettrait surement en ligne la recette de ramen qu'elle prévoyait de se faire à déjeuner puis elle irait adopter une bestiole. Elle s'était montrée réticente quand Gaï – il s'appeler par leur prénom maintenant qu'ils passaient des nuits à plancher sur le plan de communication du dojo – lui avait soumis cette idée, expliquant que toute personnalité à sa mascotte. Et non, le joker du poisson rouge n'était pas envisageable, « la mascotte reflète la personnalité de son propriétaire, tu penses au message que tu envoies à la jeunesse ? ». Tenten avait fini par accepter de se rendre au refuge le plus proche, pour voir de quoi il en retournait. Elle aurait bien entraîné Neji, ça aurait eu le mérite d'être drôle comme sortie si seulement le Hyuga n'avait pas en horreur les animaux domestiques. Elle s'était rabattue sur la cadette du garçon : Hinata Hyuga, la fille la plus effacée qu'il lui fut donner de rencontrer, ce qui n'empêchait pas Tenten de la trouver adorable. La benjamine était si facile à charrier, la jeune femme ne se lassait pas jouer avec sa naïveté et ses rougissements incontrôlables.
Ceci-dit son invité ne serait pas là avant deux heures de l'après-midi et elle avait largement de quoi occuper son temps d'ici là.
Des vibrations incessantes troublaient les songes d'une autre brune. Elle s'agitait mollement pour tenter d'arrêter ce son insupportable. Elle faisait glisser ses paumes sur les draps en vain et refusait d'ouvrir les yeux de peur que la lumière l'assassina d'un seul coup. Seule la sensation de plis qui roulaient de son majeur à son auriculaire lui parvenait malgré ses efforts. Dans un grognement vaincu elle ouvrit les yeux et se redressa sur ses avant-bras. La lumière du velux mal fermé failli la forcer à les refermer aussi sec et elle fit un effort de volonté conséquent pour rester concentrée sur son premier objectif. L'écran tactile illuminée continuait de se déplacer à l'angle gauche du lit menaçant de tomber. L'Hyuga s'en saisie vivement décrochant simultanément. Un éclair de douleur traversa son crâne et à son état comateux succéda une violente nausée.
« Hinata ?! Bon sang je peux pas croire que je suis en train de faire ça ! Le devoir surveillé commence dans quinze minutes ! Naruto m'a tout expliqué, saute dans un pantalon, je suis en stationnement interdit en bas de chez toi ! »
Hinata reconnut la voix de Kiba et essaya d'assimiler les informations pour formuler une réponse cohérente c'était sans compter sur le bip de fin de communication. La soirée, l'alcool, Gaara… elle sentit distinctement le liquide sanguin gagner ses pommettes. Le devoir, vite, de l'eau, pas le temps de réfléchir. Ces brèves injonctions traversées le cerveau de la brune qui se rua en titubant vers la salle de bain. C'était une mauvaise idée de courir en sautant du lit et surtout dans sa condition. La myriade d'étoiles blanches qui tourbillonnaient dans le miroir ne trompait personne. C'était aussi une mauvaise idée d'avoir dépassé les quatre verres quand on ne tient pas l'alcool, l'acide remonta sa gorge et vint maculée la céramique blanche d'une matière ocre grumeleuse. Elle ouvrit en grand le robinet et porta l'eau à son visage, tentant de se ressaisir et de nettoyer les dégats. Enfiler un pantalon n'avait jamais ressemblé à un tel parcours du combattant, elle attrapa rageusement une jupe blanche qui lui arrivait au-dessus des genoux – Hanabi s'était permise d'ajouter sa touche personnelle au dressing qu'emmenait sa sœur. Alors qu'elle prenait un bain de bouche au dentifrice, définitivement trop à la bourre pour faire mieux, elle attachait agilement les sept boutons d'un chemisier bleu marine, là encore elle renonça à fermer le dernier. Elle glissa ses pieds dans une paire de sandale au cuir claire et s'enfonça dans l'escalier. Elle dévalait les marches le cœur battant, redoutant à chaque instant de perdre l'équilibre et de se briser le coup quelques paliers plus bas. Et ça faillit bien arriver sur le palier suivant si une main large et étrangement familière ne l'avait pas rattrapé par le bassin.
Les yeux nacre s'écarquillèrent en reconnaissant ce visage pâle et froid, cette crinière rouge emmêlée et ces yeux d'un bleu si doux qui exprimait la même surprise qu'elle. Le temps se suspendit alors que son voisin manœuvrait pour la stabiliser sur le palier. Il y parvint et s'apprêtait manifestement à dire quelque chose quand un cri leur parvint du rez-de-chaussée « Hinata ! ». L'interpellée sembla recevoir un deuxième sceau de froide et après un regard d'excuse s'élança de nouveau dans la cage d'escalier. Elle sauta dans les bras de Kiba plus qu'elle ne le salua. Elle était rarement aussi familière mais l'adrénaline combinée aux relents de cette soirée d'excès la désinhibait. Les yeux humides et ces bras encerclant fermement le torse de son ami, Hinata baragouinait un plaidoyer d'excuses, de remerciements et de supplications. Le rouge aux joues, le brun n'osait même pas lui crier dessus, il maugréait de se dépêcher la pressant contre lui pour l'entraîner fermement vers le véhicule dont les feux d'arrêt d'urgence clignotaient comme un appel à la compassion au flic un peu trop zélé qui passerait par ici.
Il assit une brune encore confuse sur le ciel passager faisant de son mieux pour ne pas notifier la tenue… inhabituelle de sa camarade de khôlle. Il attacha la ceinture du joli zombie que la position assise avait considérablement calmé. En jetant un œil à l'heure par-dessus le compteur la colère le reprit et il commença à crier plus pour lui-même qu'autre chose un véritable laïus concernant la débilité des jeunes qui boivent à quelques mois des concours. De son côté Hinata ne disait plus un mot fixant la route derrière la pare-brise, elle pâlissait de plus en plus. Kiba était bien au-dessus des limitations de vitesse en centre-ville, la petite Clio s'ébrouait à chaque bosse mais le garçon ne le notifiait même plus. Déjà trois minutes qu'il la réprimandait et toujours aucune réponse ce qui ajoutait à son agacement général. Un feu rouge leur barrant le passage, il freina brusquement et se retourna vers elle :
« Tu m'écoutes ?! Dis quelque chose pour ta défense au moins ! »
En voyant le visage de son amie plus blanc que la neige et la façon dont ses yeux s'étaient dangereusement vidés de son âme, Kiba pâlit à son tour. Il se jeta sur la portière opposée qu'il ouvrit à la volée poussant le corps de la brune dans la même direction. « Pas dans la voiture ! » rugit-il en même temps. Et Hinata rendit cette fois une bile noire vaguement dilué par l'eau qu'elle s'était efforcée de boire avant de quitter l'appartement. Son sauveur se prit la tête dans les mains avant de les abattre contre le klaxon pendant que la fille « la plus sérieuse de la promo » dégobillait ce qu'il lui restait de poison sur le bas-côté.
Une fois de retour en position assise et la portière claquée, Hinata ferma les yeux, priant pour que sa taille réduise et qu'elle devienne aussi minuscule qu'une puce, non aussi minuscule qu'un atome tout compte fait. Le conducteur avait maintenant un visage fermé et roulait cette fois en dessous des limitations.
« Il y a des mouchoirs et de l'eau dans la boîte à gants. »
Ce furent les dernières paroles qu'il lui adressa du trajet et l'Hyuga se nettoya comme elle put refusant toutefois de prendre le risque d'absorber quoique ce soit. Lorsqu'il gara la voiture et vint cherchée l'ingénue il arborait toujours ce visage fermé. Ils firent le chemin jusqu'à la salle en silence, Kiba n'osait plus la forcer à courir et refusait de l'abandonner. L'enceinte était toujours aussi menaçante les samedis matin, il n'y avait après tout personne à part les préparationnaires et la chaleur que produisait une soixantaine de cerveaux en action pendant quatre heures. Avant qu'ils ouvrent la porte derrière laquelle se trouvait la salle du devoir, Kiba l'arrêta et lui tendit une boîte blanche et verte, il extra une plaquette de gélules marrons en mangea deux et lui redonna le reste.
« Pas plus de trois gélules, ça devrait atténuer les effets de la gueule de bois au moins le temps du DS. »
Il inspira et poussa le battant de bois.
La salle était pleine, l'enseignante en charge de la surveillance les foudroya du regard, elle avait déjà commencé à distribuer les copies. Hinata devint cramoisie en voyant les regards curieux, avides et choqués de ses camarades. Elle voyait bien qu'elle concentrait toute l'attention à elle seule. Kiba avait déjà des antécédents, pas elle. Pire, pour la première fois de sa scolarité elle portait une jupe blanche courte jambes nues alors que la température oscillait entre cinq et huit degré Celsius à l'extérieur. Elle tira dessus mais ce geste malheureux ne fit qu'accentuer ce qu'elle pressentait. Kiba tenait sa main, ce n'est pas un geste tendre puisqu'il l'avait presque traînée dans les couloirs mais il suffisait de voir la scène dans sa globalité pour comprendre que quelque chose clochait. L'étrange duo essoufflé en retard à un devoir surveillé de mathématiques, main dans la main, Hinata rougissante et pour la première fois dans une tenue qui épousait les formes de son corps au lieu de les camoufler. La brune était à un cheveu de faire un malaise et c'est Kiba qui une fois encore la traîna à une place au premier rang tout en s'excusant copieusement pour eux deux auprès de l'examinatrice. Il l'assit presque de force et posa sur sa table gélules, bic, mine de bois, gomme et un bloc de copies double. Il repassa son sac ouvert sur son épaule et avant de s'éclipser lui glissa dans un murmure :
« Tu n'imagines même pas la dette que tu viens de contracter Hyuga. »
Le sang de la brune se glaça. Il ne l'appelait plus comme ça depuis qu'ils avaient passé leur première khôlle ensemble l'année dernière. Même après les trois comprimés magiques du brun le devoir ressembla à une séance de torture. Hinata avait beau avoir des facilités quand elle était seule face à l'énoncé, elle sentait les regards ostensiblement indiscrets des autres sur elle. Quelle plaie. Il fallait qu'elle parte avant les autres, s'enfuit et se terre chez elle où cachée sous les draps elle pourrait donner libre cours à sa honte. Cette issue lui redonna du courage. La situation pouvait bel et bien empirée et elle ne voulait pas savoir à quel point. Elle fit craquer deux gélules de plus sous ses dents, attrapa le sujet, bien décidée à en découdre au moins trente minutes avant la fin. Elle eut l'impression d'être laborieuse, d'ailleurs son propre comportait au moins trois ratures, un comble pour une étudiante qui n'en laissait jamais une seule en temps normal. Cependant à onze heure trente, elle frappa trois fois les huit pages de devoir sur son bureau, se leva et marcha mécaniquement jusqu'au bureau de Kurenai. Elle fit de son mieux pour ignorer le sifflement enjoué d'un Shikamaru Nara qui les mains croisées derrière son crâne et les jambes détendus saluait la performance en tant que major officiel en maths – où la jupe ? Elle tressaillit et pressa le pas esquivant la remarque acerbe de Kurenai concernant la qualité visuelle de la copie. Elle était sauvée. Une fois la porte refermée derrière elle, elle s'autorisa un soupir de soulagement. Une autre porte s'ouvrit une dizaine de mètres plus loin et la voix basse et enthousiaste d'une fille de la salle voisine lui parvint :
« Hinata ! Ouah t'es drêlement bien habillée aujourd'hui ! Attends-moi, je viens de terminer, c'est vraiment de la tarte le sujet de Lyon. »
Hinata consentit à se retourner vers son interlocutrice. Sakura Haruno, une fille plus mince que la nature ne l'autorisait était enroulée dans une parka beige qui mettait en valeur cette teinture rose pâle dont elle avait fait sa signature. Elle pressait le pas dans la direction et dans le même temps reconnu le pas traînant de Shikamaru qui se rapprochait de la porte où la fille aux yeux clairs était appuyée. Elle frissonna, elle était de nouveau cernée. Dieu, elle aurait tué pour cinq minutes de répit supplémentaires. A court d'idées, elle commença à s'éloigner d'un pas rapide vers la sortie jetant par-dessus son épaule :
« Je suis désolée j'ai rendez-vous, il faut vraiment que je me dépêche. »
Elle laissa une Sakura pantoise qui s'était arrêtée les sourcils froncés. Il n'y avait pas que la tenue de la brune qui détonnait aujourd'hui, son attitude aussi. A côté d'elle, mains dans les poches, Shikamaru adressa un regard malicieux à la rose.
« On se demande quel genre de rendez-vous hein ? »
Les deux échangèrent un coup d'œil complice et pouffèrent en même temps. Ici comme ailleurs, les commérages allaient toujours bon train.
Trop secouée pour s'imaginer les retombées finales de cette sombre matinée, Hinata continuait de courir. Elle avait pris la décision de ne s'arrêter que lorsqu'elle estimerait avoir mis une distance raisonnable entre elle et le lycée. Les rues interminables et la sensation que ses jambes allaient lâcher ne la quittait pas. L'Hyuga avait l'impression d'être dans un de ces cauchemars où on passe la nuit à courir après quelque chose ou plus précisément ici fuir quelque chose. Sa gorge bien sèche et l'odeur suffocante du bitume détrompait cette hypothèse. Elle finit par faire une pause une centaine de mètre plus loin, à bout de souffle et d'énergie. Les mains sur ses genoux elle tentait lamentablement de récupérer un peu d'oxygène. Un méchant point de côté commençait à la lancer du côté droit.
Il s'était passé tellement de choses qu'elle ne savait pas par quoi commençait : la soirée, Naruto, Gaara, Kiba, le devoir, les autres… elle massa ses tempes, sentant que l'enchevêtrement complexe des événements allait lui donner du fil à retordre et du grain à moudre en ce qui concernait les autres étudiants. Il fallait absolument qu'elle récupère pour commencer. Elle se remit en marche, tête haute, joues roses, concentrée sur son premier objectif : rejoindre l'appartement
Yoo,
Ça fait un bail n'est-ce pas ? En plus je n'ai pas répondu aux reviews sur le dernier chapitre (je suis indigne de votre fidélité, mille excuses). Mais je ne vais pas vous embêter avec une vie IRL peu trépidante qui m'éloigne de mes responsabilités ici. Je vous présente un septième chapitre que j'ai écrit sourire aux lèvres et j'espère que s'est partagé à la lecture.
C'est votre avis qui me remotive et me donne envie d'écrire alors j'ai quelques questions : au niveau de la longueur des chapitres est-ce que c'est peu/assez/trop ? comme vous l'avez remarqué ce chapitre est marqué par un focus un peu plus diversifié des personnages, ça vous plait ou ça vous ennuie parce que vous êtes obligé de sauter la moitié du chapitre pour suivre l'histoire principale ? Enfin, si le prairing principal est cousu de fils blancs je suis encore trèèèès hésitante concernant les autres, avez-vous un avis sur la question ?
Sur ce je vous souhaite une bonne semaine, je vais faire de mon mieux pour que le prochain chapitre arrive plus vite,
Chastes bisous,
Capryss