Bonjour à toutes et à tous !

Voici le deuxième tome de la dernière trilogie et nous vous transportons dans un nouveau monde !

On espère que ça vous plaira !

Bonne lecture !


LA TRILOGIE DES SOURCES : Retour aux sources

Chapitre 1

Monde n°1254, Janvier 2010, Londres

L'inspecteur Hardy de Scotland Yard se tenait sur les bords de la Tamise, resserrant contre lui son imperméable. Le mince manteau le protégeait tout juste du froid humide environnant, coupant avec peine le vent glacial qui balayait la capitale anglaise en ce début de matinée. Un policier en uniforme vint lui apporter un café et l'inspecteur le remercia d'un geste de la tête, sans toutefois quitter du regard une Toyota Prius ruisselante d'eau, suspendue à une grue. La voiture blanche venait d'être sortie du fleuve et John Hardy attendait la confirmation de ce qu'il craignait depuis qu'une patrouille l'avait appelé, au milieu de la nuit, pour lui annoncer la disparition de leur médecin légiste.

L'inspecteur Gibson, la mine sombre, parlait au téléphone à quelques pas de lui. Jamais John n'avait vu Stella afficher ses émotions. Aussi, voir cette femme professionnelle, maitresse d'elle-même en toute circonstance, autant bouleversée était signe de mauvaises nouvelles. Gibson raccrocha et s'approcha de sa coéquipière.

- John, c'est bien la voiture de notre légiste que nous venons de repêcher. Sans aucun doute.

- La portière droite était ouverte. Elle a pu s'échapper avant que sa bagnole sombre au fond de l'eau, répliqua Hardy avant de s'allumer une cigarette.

- Les policiers présents au moment de l'accident ne se sont pas éloignés du périmètre et ils n'ont vu personne nager à la surface du fleuve. Je suis vraiment navrée d'annoncer ça, mais le Docteur Granger est morte.

- Portée disparue, rectifia Hardy. Le Docteur Granger est portée disparue, jusqu'à ce qu'on retrouve son corps.

- Si tu veux, marmonna Gibson. Tout ce que nous pouvons faire pour le moment, c'est découvrir pourquoi sa voiture a atterri dans la Tamise. Et qui est à l'origine de cet accident.

- Je vais demander aux plongeurs de faire une dernière tentative pour retrouver le corps, maugréa John Hardy en s'éloignant en direction des personnels de la police fluviale.

Coinçant sa cigarette entre ses lèvres, il enfonça ses mains dans ses poches. Cette journée était vraiment merdique.


Au même moment, de l'autre côté de l'Atlantique

Le père Brody courait dans les ruelles de Boston, serrant contre lui un orbe noir. Il sentait son coeur pulser violemment dans sa poitrine et sa respiration devenait de plus en plus rauque. Il songea un instant à s'arrêter pour reprendre son souffle mais il ne pouvait se le permettre. Il devait tenir encore quelques minutes, le temps de gagner l'église Sainte Marie et de mettre la relique à l'abri.

Une femme apparut quelques pas devant lui, surgissant de nulle part dans un craquement sonore. Sa chevelure était blonde comme les blés et son regard bleu azur le dévisageait avec ennui. Le père Brody s'arrêta net, terrifié, ses doigts se crispant nerveusement sur l'orbe.

- La Bête... murmura-t-il avec dégoût en contemplant la femme blonde qui arborait un petit sourire narquois.

Le regard bleu océan se durcit et le sourire se mua en grimace.

- La Bête ? Je suis ton Dieu, fit froidement la femme.

- Tu es Lucifer, l'ange déchu par orgueil. Tu as trahi notre Dieu pour le pouvoir et la connaissance. Tu penses pouvoir la renverser et régner à sa place ? Tu fais erreur, démon. Nous savons tout de toi, depuis des millénaires. Nous n'ignorons aucune de tes gesticulations dans ce monde ou dans les autres. Et nous savons que ton arrivée sur notre terre a scellé ton destin. Tu mourras ici de la main de Dieu.

- C'est une jolie histoire que tu me racontes, curé, mais ce que tu as lu dans tes livres racornis n'est qu'un pâle reflet de la réalité. Un travestissement romanesque rédigé par des puceaux en robe de bure. Donne-moi l'orbe et je te promets que ta mort sera rapide et indolore.

Le père Brody entama une prière en sumérien, défiant le démon du regard. Il avait échoué à protéger la relique, qui était gardée par son ordre depuis la nuit des temps. Mais il allait mourir dignement en implorant le pardon de Dieu.

- Hmm... je ne crois pas qu'elle t'écoute, curé, se moqua la femme. Dieu n'est pas l'entité fantasmée par les écritures. C'est une petite chose égoïste qui se moque bien de ce qui peut arriver au commun des mortels.

La femme agita la main et un trait de lumière verte s'échappa de sa paume pour aller frapper le père Body en plein torse. Ce dernier se figea, les lèvres entrouvertes sur une phrase qui ne connaîtrait jamais de fin. Son regard se voila d'une ombre et le corps sans vie du prêtre s'écroula sur le bitume.

La femme gagna le cadavre en trois pas et se pencha pour ramasser l'orbe. Elle le leva au-dessus de sa tête et l'observa avec attention sous la lueur pâle de la lune.

- Enfin ! Quand je saurai comment fonctionne cette chose, le monde tel que nous le connaissons ne sera plus. Nous allons revenir aux origines de l'Histoire et je ne referai pas les mêmes erreurs, fit-elle, satisfaite, avant de disparaître dans un craquement sonore.


Six mois plus tard

Quand Maura Isles raccrocha le téléphone, le soulagement était visible sur son visage. Jane Rizzoli avait été retrouvée vivante. La lieutenant avait capturé Hoyt, dit le chirurgien, et abattu l'apprenti de ce dernier. Sans perdre de temps, la médecin légiste récupéra son sac à main dans un tiroir de son bureau, y fourra avec empressement son trousseau de clés et son téléphone. Son amie aurait besoin d'aide pour ranger son appartement saccagé par les deux tueurs, et Maura voulait être cette aide. Après tout, Jane était sa meilleure amie. Sa seule amie.

Elle éteignit sa lampe de bureau et traversa la pièce à grandes enjambées pour gagner le couloir. Elle avisa une silhouette sur sa droite et tourna légèrement la tête pour voir la femme de ménage penchée au-dessus de la grande cuve en acier oxydée, occupée à frotter. La légiste se rappela que le chien que Korsak avait trouvé, Joe Friday, y avait été baigné la nuit dernière, après le passage de l'équipe de nettoyage. Et que la cuve était restée pleine de poils toute la journée.

Comme si elle s'était senti observée, la femme se redressa et tourna la tête vers la médecin.

- Bonsoir Docteur Isles, salua la brunette.

Maura la gratifia d'un sourire chaleureux.

- Je suis vraiment désolée pour l'état de la baignoire. Avec les évènements de la journée, j'ai complètement oublié de la nettoyer.

- Ne vous tracassez pas, je m'en occupe, répliqua la brunette en réajustant ses gants en latex. Passez une bonne soirée.

- Bonne soirée à vous, Madame Mills. Et encore merci !

La légiste se dirigea rapidement vers la sortie et s'engagea dans la cage d'escalier menant au parking, laissant l'employée seule dans les sous-sols du commissariat. Une fois au volant de sa Toyota Prius blanche, Maura mit le contact et démarra en trombe. Elle avait hâte que cette journée qu'on pouvait qualifiée de merdique se finisse. Et qu'elle se finisse bien.


Après avoir récuré de fond en comble la salle d'autopsie, la femme de ménage poussa son chariot dans le couloir. Elle changea de gants, attrapa un chiffon, et alla faire les poussières dans le bureau de la médecin légiste. Elle rangea les revues médicales qui traînaient en vrac sur un coin du bureau et les ramassa en une pile parfaite. La plus récente faisait sa une sur les dernières découvertes liées à l'ADN.

Elle passa méticuleusement l'aspirateur puis rangea son matériel dans le local de stockage. Récupérant sa veste et son sac, elle quitta le commissariat avec un salut pour le policier de l'accueil.

- Toujours pas intéressée par un verre en ma compagnie ? lança le flic avec un large sourire.

- Toujours pas. Mais avec votre sœur, quand elle veut, répondit la brunette avec un sourire taquin tandis que l'homme partait dans un grand éclat de rire.

- Bonne nuit, Madame Mills.

- Bonsoir, agent Rizzoli.

La jeune femme s'engagea dans l'avenue qu'elle remonta jusqu'au premier croisement. Tandis qu'elle prenait la première à droite, son téléphone vibra et elle l'extirpa de sa poche.

- Oui ? lança-t-elle en resserrant sa veste contre elle.

- Ma grosse, t'as fini de bosser ?

- Si je réponds à mon téléphone, qu'en déduis-tu ? fit la jeune femme, légèrement agacée.

- Que tu es enfin libre de t'éclater ! Avec Maléfique, on est dans un bistro que tu devrais adorer. Tu nous rejoins ? Ca te détendrait de boire un verre. Ca fait une éternité que t'es pas sortie !

- Pas ce soir, Merlin, je suis presque en retard pour mon entraînement d'escrime. Mais... demain ?

- Pfff... demain, t'auras autre chose de prévu, j'te connais. Allez Herm', l'escrime peut attendre ! Et si tu veux, je te ferai moi-même l'entraînement.

Hermione secoua la tête avant de soupirer.

- T'es pas au niveau, premier Sage. Mais soit. File-moi l'adresse de ton rade.

- Tu vas pas le regretter. Y'a de la nana à plus savoir où regarder ! Et que de ton bord ! Je t'envoie l'adresse par sms. A tout de suite !

La Source raccrocha sans formalité et ferma quelques instants les yeux. Merlin était un pousse-au-crime. A la moindre occasion, il la traînait dans les clubs lesbiens de la ville et tentait de la brancher sans succès avec toutes les filles présentes. Hermione n'avait guère objecté, ne voulant peiner son ami qui pensait bien faire. Elle n'avait pas encore eu le courage de lui dire que, depuis la mort de Regina, elle avait décidé de faire une croix définitive sur toutes relations sentimentales (surtout qu'une tentative de coup d'un soir à Londres, dix-huit mois plus tôt, avait lamentablement échoué). Et elle avait autre chose en tête. Comme découvrir pourquoi Viviane avait élu domicile dans cet univers et pourquoi elle avait renoué avec ses penchants meurtriers.


Maura pénétra dans son bureau, soucieuse et fatiguée, Jane sur ses talons. Il était près de 14 heures et les deux femmes n'avaient pas encore déjeuné. La matinée avait été longue, la découverte d'un corps les ayant accaparées plusieurs heures.

La légiste s'installa gracieusement dans son fauteuil tandis que la lieutenant se laissait tomber dans le sien, posant dans le mouvement le sac en papier contenant leur déjeuner. Maura sortit sa salade et passa le hamburger - frites à sa meilleure amie.

- Toi, t'es tracassée... tu as pourtant dit que cette fille était morte de mort naturelle, fit la flic avant d'avaler deux frites.

- Non. J'ai seulement dit qu'à première vue, je ne voyais pas de causes suspectes mais qu'il fallait attendre l'autopsie et le retour des différentes analyses pour connaître la cause de la mort.

- Tu me diras si tu trouves quelque chose... soupira Jane, se délectant de son hamburger. Dieu que c'est bon !

Elle attrapa la première revue médicale de la pile posée sur le bureau de sa collègue et roula des yeux.

- Les dernières découvertes de l'ADN... sérieusement, tu lis ça ?

- C'est absolument passionnant. Tu devrais y jeter un oeil au lieu de te moquer, gronda gentiment Maura.

La brune haussa les sourcils avant de les froncer.

- C'est une revue médicale ou un numéro du petit détective ? T'as vu l'encadré en bas de la couv' ? Disparition du Docteur H.J. Granger : six mois après, où en est l'enquête ?

Jane prit une bouchée de son sandwich avant de reprendre.

- Hermione Jean Granger ?

- Effectivement, répondit la blonde, surprise et impressionnée de la culture de son amie. Je ne savais pas que tu la connaissais.

- Pas comme médecin. Pour moi, Hermione Granger est une héroïne d'un bouquin pour enfant. Harry Potter. T'as jamais lu ?

- J'en ai entendu parler. Et avant que tu demandes, non je n'ai pas vu les films, répondit la légiste.

- Tu rates quelque chose... C'est aussi de la culture, et moins élitiste que la tienne ! se moqua la flic. Donc, cette docteur, c'est qui ?

- Le médecin légiste en chef des 33 districts de Londres. Une femme éminemment brillante, diplômée de l'université de Cambridge qui est la sixième meilleure faculté de médecine selon le classement académique des universités mondiales en médecine clinique et pharmacie. Celle de Boston est seulement 31ème.

- Tu vas pas nous faire un complexe d'infériorité, Maura. En plus, depuis le temps, elle doit être morte, la nana.

- Ce n'était pas une nana, Jane, rétorqua Maura. C'était une grande scientifique et sa disparition est une immense perte pour la médecine.

La lieutenant mordit à nouveau dans son hamburger avant d'ouvrir le magazine et de le feuilleter rapidement pour s'arrêter à une page.

- Hmm... Née le 19 septembre 1979. Vache, elle est jeune ! J'croyais que tu me parlais d'une bonne femme de soixante balais. Mais 31 ans ! Comment a-t-elle fait pour arriver à un tel niveau en si peu de temps ? A-t-elle eu seulement le temps de finir sa fac de médecine ?

- Et comment crois-tu que j'ai fait ? fit Maura. J'ai seulement trois ans de plus qu'elle et je n'ai pas bénéficié de promotion canapé. Je suis sûre que la situation est identique pour le Docteur Granger. Elle doit son poste à son travail et ses compétences.

Jane leva ses yeux sombres de la publication et eut un sourire amusé.

- Ma parole Maura, t'es amoureuse ? se moqua-t-elle. T'as eu un coup de foudre ?

- Idiote, rétorqua sérieusement la légiste. L'attirance instantanée est une chose purement narcissique.

- Ce que tu n'es pas, ironisa Jane.

- En outre, on ne peut pas tomber amoureux de quelqu'un qu'on n'a jamais rencontré. Très peu de photos d'elle ont circulé et la plupart sont floues. Donc il ne peut non plus s'agir d'une attirance physique. Je suis seulement impressionnée par ses capacités intellectuelles et j'aurais vraiment apprécié pratiquer une autopsie avec elle.

- C'est une super idée de rancard. Si elle refait surface, tu n'auras qu'à lui envoyer un mail pour lui proposer ! lança Jane, taquine.

Maura se pencha par-dessus son bureau et donna une légère bourrade dans l'épaule de son amie. La lieutenant reprit sa lecture et fronça les sourcils.

- Il est dit que les flics enquêtaient sur plusieurs morts suspectes dans une église. Dix prêtres retrouvés sans vie. Pas d'entrée par effraction, pas de blessure, les flics pensaient à un empoisonnement ou une intoxication au dioxyde de carbone. Le docteur Granger a procédé à l'autopsie de tous les corps et a réussi à trouver une anomalie au niveau du cerveau des victimes.

- De l'artère basilaire, précisa la légiste. A chaque fois. Autre incongruité, la rupture de l'anévrisme touche avant tout des femmes entre 40 et 60 ans. Tu conviendras que des prêtres ont peu de chance de rentrer dans cette catégorie.

- Et donc elle en a déduit que quelque chose créait et faisait péter les anévrismes. Une substance qu'elle tentait de découvrir quand elle a eu un accident de voiture au bord de la Tamise. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Jane fronça à nouveau les sourcils et dévisagea son amie.

- Maura... tu penses à ce que je pense ? souffla la brune.

- Tu laisses ton esprit aller à des suppositions que tu vas me demander de clarifier à l'autopsie, répondit la légiste.

- Le curé sur les docks, il y a six mois. A l'autopsie, tu as vu une rupture d'anévrisme et on a classé l'affaire. Et là, on en a une nouvelle. Même situation.

- Je n'ai pas encore pratiqué l'autopsie, Jane. Et le profil est différent. Nous avions un prêtre et notre nouvelle victime est une jeune étudiante en histoire des religions.

- On a déjà un point commun : la religion. Et je te parie une Margarita que la cause de la mort de cette pauvre fille est une rupture de l'artère basiliaire.

- Et si tu gagnes ? s'enquit Maura, inquiète.

- Et bien, tu vas m'aider à résoudre cette enquête ce qui te donnera l'occasion de prouver que tu es plus brillante que ta jeune collègue disparue, conclut Jane.


Hermione retira sa veste et l'accrocha au porte-manteau du local d'entretien du sous-sol. Comme toutes les fins d'après-midi depuis trois mois, elle enfila une blouse avant de pousser son chariot de ménage en direction de la morgue. Elle remarqua de la lumière dans le bureau de Docteur Isles et, passant devant la porte entrouverte, tendit l'oreille.

- J'en étais certaine. Il y a des jours où j'aimerais avoir tort, fit la voix grave du lieutenant Rizzoli.

- Je dois reconnaitre que tu as une fois de plus deviné juste. Mademoiselle Birth est morte d'une rupture de l'artère basiliaire.

- Tout comme le curé, poursuivit Jane.

- J'ai ressorti le dossier et, effectivement, la rupture se situe au même endroit. Au millimètre près, affirma la légiste.

- Ce n'est pas une coïncidence... Merde ! Tu veux dire que le bordel qu'il y a eu à Londres arrive chez nous ? Fais chier...

- J'ai envoyé un mail aux autorités anglaises pour qu'ils me communiquent les rapports établis par le Docteur Granger. J'espère qu'ils accéderont à ma requête et que je trouverais une piste dans le travail de ma collègue.

Hermione attrapa des chiffons et entama le nettoyage des vitres, ne perdant pas une miette de la conversation. La brunette ne se faisait aucune illusion sur les trouvailles du Docteur Isles, car elle n'en ferait aucune. L'Anglaise savait ce qui avait tué toutes les victimes mais ne pouvait pas l'écrire dans ses rapports. L'Avada kedavra avait pour propriété de faire son chemin dans le corps de ses victime jusqu'à atteindre l'artère basiliaire pour la rompre. Elle avait fait plusieurs tests sur des rongeurs et les résultats des nécropsies pratiquées étaient sans appel.

- Je te le souhaite, soupira Jane. En tout cas, le lien entre les victimes anglaises et les nôtres ne fait aucun doute : la religion catholique.

- Tu penses que notre meurtrier a pour objectif de tuer tous les catholiques de langue anglo-saxonne ? s'étonna Maura.

- Non. J'ai discuté avec le directeur de recherche de l'étudiante. Birth faisait une thèse sur les écrits non canoniques, si j'ai bien suivi. Plus particulièrement sur la notion d'Armageddon, de Nephilim et la figure de Lucifer. Le prof va nous envoyer les notes de Birth et l'index des livres qu'elle comptait citer dans sa thèse. De ce que j'ai compris, l'étudiante devait démontrer l'existence d'une cellule millénaire au Vatican qui se charge de veiller sur une relique capable de vaincre le Mal le jour de l'Armageddon.

Jane se leva et passa sa veste.

- Je creuserai ce sujet quand j'aurai reçu les notes. Et je verrai si y'a un rapprochement à faire avec le père Brody ou le monastère en Angleterre. Et préviens-moi dès que tes collègues anglais t'auront envoyé les rapports de leur légiste Gryffondor.

- Très drôle, répliqua Maura, pince-sans-rire.

- Sur ce, j'y vais et je te conseille de faire de même. Une partie de base-ball nous attend demain matin et je refuse de perdre face aux stups.

- Je finis la relecture du rapport et je pars. A demain, Jane.

Hermione tourna légèrement la tête et salua silencieusement la lieutenant qui fila sans un regard pour elle, plongée dans ses pensées. La brunette ne s'en offusqua pas et poursuivit le nettoyage des vitres. Quelques minutes plus tard, le bureau du légiste se trouva plongé dans l'obscurité et le bruit des talons de la blonde qui claquait le lino se fit entendre.

- Bonsoir Madame Mills ! lança la légiste en se dirigeant vers les ascenseurs.

- Bonsoir Docteur Isles. Rentrez bien.

Hermione attendit que les portes de l'ascenseur se referment sur l'Américaine pour laisser tomber son chiffon et ôter ses gants en latex. Silencieusement, elle se glissa dans le bureau du Docteur Isles et s'assit à son bureau. Elle regarda autour d'elle et avisa une petite pochette cartonnée marron qu'elle ouvrit, découvrant le rapport d'autopsie de la victime du jour.

- Elle est presque aussi psycho-rigide que moi, murmura Hermione avec un léger sourire.

Elle lut rapidement les analyses et conclusions de Maura et secoua la tête.

- Effectivement, c'est le même bordel qu'à Londres, soupira la Source en refermant le dossier. Merde...

La brunette s'assura d'avoir remis le dossier à la place et retourna à son ménage, songeuse. Elle aimait à penser qu'elle connaissait Viviane mieux que quiconque mais elle ne comprenait pas la raison de tous ces meurtres. Et la Dame du Lac, même si elle était folle, n'était pas une meurtrière en série, à frapper aveuglément.

- Que cherche-t-elle ? soupira la brunette, espérant avoir rapidement la réponse à cette question.


Merlin et Maléfique s'étaient rendus à la bibliothèque de la ville suite à l'appel d'Hermione. Le premier Sage regardait avec défiance la pile de livres qui l'attendait et poussa un soupir à fendre l'âme. Son épouse leva les yeux au ciel avant de prendre un ouvrage et de le lui coller entre les mains.

- Pff... j'aime pas les recherches. J'suis un homme d'action, moi ! lança-t-il théâtralement. Et puis, les conneries religieuses des grenouilles de bénitier me foutent la gerbe.

Une vieille dame assise quelques tables plus loin le rappela à l'ordre d'un "chut" agacé et l'Enchanteur se renfonça dans son fauteuil.

- Que Viviane sévisse à Londres était logique, vu que c'est la ville natale d'Hermione, chuchota Maléfique. Mais pourquoi Boston ? Quelque chose l'a attirée ici et nous devons découvrir quoi.

- Je sais bien mais je vois pas quoi. Je ne sens aucune vibration magique émaner de cette foutue cité. Je veux retourner en Angleterre...

- Quand on aura mis la Dame du Lac hors d'état de nuire et détruit le dernier horcruxe de l'Initiale, nous irons où tu voudras, mon cher.

Merlin passa sa main dans ses cheveux et fit une grimace.

- J'm'inquiète pour la petite, avoua-t-il.

- Moi aussi, Asalhir me préoccupe. Mais tout ce que nous pouvons faire pour elle est de l'aider au mieux dans sa quête. Et par pitié, arrête de l'emmener dans des bars toutes les semaines. Elle est trop magnanime pour te le dire mais cela ne lui plait pas.

- Regina est morte depuis quoi... 390 ans ? Faut qu'elle passe à autre chose. Sinon son coeur va se dessécher comme un fion de momie égyptienne et elle finira psychotique comme son plan cul impérial.

Il tapa du poing sur la table, affichant un air sérieux, s'attirant une dizaine de regards noirs des lecteurs présents.

- Foi de Merlin, je trouverai une nouvelle grosse à notre grosse ! Et de l'affriolante avec plus de trois neurones ! Pas de la cagole de bas étage !

- En attendant, cherche donc des renseignements sur ces Nephilim, sur l'Armageddon et sur ce que peut bien vouloir Viviane...


Quatre semaines plus tard...

Il était près de 22 heures quand Hermione prit place à une petite table au fond du bar, son whisky sec à la main. Tout en sirotant sa boisson, elle promena son regard sur la foule de femmes qui devisaient, dansaient, draguaient. Elle se promit d'appeler Merlin dès le lendemain pour le remercier de lui avoir fait découvrir cet endroit, le plus agréable de la ville.

Malgré l'ambiance cosy et la musique jazzy, la brunette n'arrivait pas à se détendre. Elle avait fureté ces derniers jours dans le bureau du Docteur Isles et l'enquête sur la mort du prêtre et de la jeune étudiante n'avançait pas. La lieutenant était plongée quotidiennement dans les notes de Mademoiselle Birth et la légiste épluchait consciencieusement les rapports qu'Hermione avait établis à Londres. Mais les réponses à leurs questions ne se trouveraient pas dans les comptes-rendus d'autopsie. Pourquoi Viviane s'en était-elle pris à ces deux innocents ? Que cherchait-elle ?

Merlin et Maléfique s'étaient servis de leurs nouvelles identités pour enquêter et avait trouvé que le Père Brody était parti d'Israël, probablement du Monastère Saint Georges, avait fait un arrêt au Vatican, puis un autre à Londres. Le prêtre était ensuite passé en Europe du Nord, Danemark, Suède et encore Norvège et Islande. Et aussitôt arrivé à Boston, il était assassiné par la Dame du Lac.

"Le père Brody devait avoir sur lui quelque chose qui intéressait Viviane... Mais quoi ?"

Une serveuse portant un plateau vide passa dans son champ de vision et la brunette leva la main pour attirer son attention.

- Bonsoir, j'aimerais un autre whisky, s'il vous plait. Sans glaçon, je vous prie, commanda-t-elle avant de retenir une grimace.

L'accent anglais qu'elle prenait soin de cacher depuis qu'elle était arrivée à Boston était très prononcé ce soir.

"C'est la fatigue..." maugréa-t-elle intérieurement en se frottant les yeux.

- Madame Mills ? fit la serveuse, étonnée.

Hermione cligna des paupières et, reconnaissant la blonde devant elle, se demanda si elle ne ferait pas mieux de commander un coca.

- Docteur Isles ? murmura la brunette, se demandant comment un seul whisky pouvait la rendre ivre au point de voir son employeur dans une tenue de serveuse.

"Définitivement, je suis vraiment fatiguée..."

Parce que franchement, qu'est-ce que le médecin légiste en chef de Boston ferait d'un second boulot de serveuse dans un bar lesbien ?

- C'est bien vous ? ajouta-t-elle, perplexe, en plissant les yeux.

Le Docteur Isles tourna la tête et le regard d'Hermione suivit le mouvement. Elle avisa une grande brune familière qui faisait signe à la légiste.

- Oh ! souffla la brunette en reconnaissant le lieutenant Rizzoli. Vous êtes ici pour une enquête... le meurtre d'hier soir, la fille violée et assassinée.

Maura se contenta d'un léger hochement de tête et récupéra le verre vide de son employée.

- Je vous apporte votre commande dans quelques instants, fit la blonde avec un sourire avant de s'éloigner en direction de la table de la flic.

Hermione passa sa main sur son visage et secoua la tête.

- Quelle gourde je fais !

La Source posa son regard sur la lieutenant au prise avec une jeune femme qui lui faisait du rentre-dedans. Il était flagrant que la flic était mal à l'aise mais son interlocutrice ne semblait pas le voir.

- Certaines femmes sont pires que les hommes... marmonna l'Anglaise avant de fermer les yeux.

Elle tenta de se remémorer la soirée de la veille. Merlin l'avait entraînée dans ce bar et ils y avaient passé deux heures. Elle avait croisé la victime aux toilettes et avait échangé quelques mots avec elle sur son diabète.

- Non, je ne vais pas m'en mêler, souffla-t-elle en rouvrant les yeux. Ce n'est pas mon problème, elles sont assez grandes pour résoudre cette enquête.

Mais une petite voix, celle de la culpabilité, résonna en elle.

"Et si elles ne trouvent pas l'assassin ? Tu laisserais ce crime impuni ?"

La Source grimaça et passa sa main dans ses cheveux.

"Non... Bien sûr que non. Foutue conscience." songea-t-elle en repoussant sa chaise.

Elle se leva avant de se diriger vers la table du lieutenant Rizzoli, dont le rencard se sentait en confiance. Il fallait voir la main de la jeune femme qui faisait des aller-retour langoureux sur la cuisse de la flic qui se retenait visiblement de sortir son flingue pour menacer la dragueuse.

Hermione se planta derrière la flic et jeta son regard le plus glacial, le plus vide d'émotion humaine à la lesbienne aguicheuse qui pâlit subitement. Cette dernière bafouilla trois mots avant de libérer la place et de prendre ses jambes à son cou. Satisfaite que son regard de croquemitaine magique fonctionne encore, l'Anglaise s'installa sur la chaise encore chaude sous les yeux étonnés de l'enquêtrice.

- On se connait ? s'enquit Jane.

- Oui, lieutenant, répondit Hermione à voix basse. Je suis Emma Mills, la femme de ménage de la morgue.

- Pardon... oui, bien sûr ! fit rapidement Rizzoli, la gêne se lisant sur son visage.

- J'ai peut-être quelque chose pour vous sur la femme qui a été assassinée. J'étais là hier soir avec un ami et j'ai croisé la victime aux toilettes. Elle rencontrait certaines difficultés avec sa pompe à insuline.

Jane essayait visiblement de faire coïncider plusieurs informations ensemble mais rencontrait des problèmes. Elle secoua la tête, abandonnant l'idée de savoir si la brunette était lesbienne de part le bar fréquenté ou hétéro recherchant une expérience puisqu'elle avait mentionné un ami.

- Excusez-moi, madame...

- Mills.

- Madame Mills, pourquoi n'avez-vous pas dit tout ceci plus tôt à la police ?

- Lieutenant, je ne suis pas enquêtrice, répondit posément Hermione. J'ai lu dans le journal en début d'après-midi qu'il y avait eu un meurtre, la photo de la victime me semblait familière mais je ne savais pas en quoi. Et c'est en voyant mon employeur travestie en serveuse et vous, repoussant les avances d'une jeune femme affamée, que je me suis souvenue. Cependant, je n'ai échangé que quelques propos sans réel intérêt avec la victime. Mais je serai ravie de coopérer avec la police et de rapporter ma conversation au Docteur Isles, vu que nous avons discuté diabète.

Jane fronça les sourcils.

- Quel rapport entre la pompe à insuline de la victime et le meurtre ?

Maura arriva avec un verre de whisky qu'elle donna à la brunette.

- Quand je suis arrivée aux toilettes, la victime venait de contrôler sa glycémie et les résultats n'avaient pas l'air de la satisfaire. Et les injections d'insuline qu'elle faisait via sa pompe ne fonctionnaient visiblement pas, expliqua la Source en regardant alternativement le médecin et la lieutenant. Elle n'avait pas l'air bien. Je lui ai proposé d'appeler un médecin mais elle ne l'a pas souhaité. Elle m'a indiqué que sa pompe devait être défaillante mais qu'elle en avait une dans sa voiture. Je n'ai pas insisté, je suis allée uriner, et quand je suis sortie des toilettes, elle n'était plus là.

- Pourquoi pensez-vous que c'est important ? Maura, ça se dérègle tout seul ce genre de truc ?

La légiste ne répondit pas de suite, figée dans sa réflexion. Et si Jane savait que le cerveau de son amie fonctionnait à plein tube, Hermione avait la sensation de contempler un personnage de cire du musée de Madame Tussauds.

- Non, mais ça se trafique... finit par dire la blonde. Au vu des blessures que présentait le corps et de l'état de la pompe, je n'ai pas pensé à la faire analyser. Mais quelle idiote je fais !

- Si tu me redis que c'est une erreur que le docteur Granger n'aurait pas faite, je sors mon flingue et je te descends, prévint Jane.

Hermione résista à l'envie de sourire et conserva une expression des plus neutres.

- Il n'y a qu'un proche qui aurait pu saboter la pompe, poursuivit la légiste, ignorant la menace de sa meilleure amie.

- Sa femme, déduisit Jane. Mais elle n'a pas de mobile. Et elle a un alibi. Elle n'a pas pu tabasser son épouse et la violer avec le phallus bizarre.

- Donc elle a un complice, conclut Maura. Je dois retourner au labo analyser la pompe. Je trouverais peut être des empreintes.

- Je... Je vais vous laisser. Bonne soirée mesdames, fit Hermione en se levant.

- Hmm, répondit placidement Jane qui enfilait déjà son blouson.

- Merci de votre aide, Madame Mills, fit plus aimablement la blonde. Vous nous avez beaucoup aidé, finit-elle en déposant son tablier de serveuse sur le plateau abandonné à la table voisine. Et si ça vous intéresse, la rousse incendiaire au bar n'a d'yeux que pour vous, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

- Je vais passer mon tour et rentrer chez moi, répondit la Source avant de s'éloigner.

- Korsac, Frost, on évacue. On se retrouve au poste, marmonna Rizzoli dans son micro.

Maura alla poser son plateau sur le comptoir et fut rejointe par Jane.

- Tu étais très convaincante en lesbienne, plaisanta la légiste tandis que la lieutenant l'emmenait vers la sortie.

- M'en parle pas, je suis pas prête à changer de bord, répliqua la brune en levant les yeux au ciel.

- Quand on aura résolu cette enquête, je te promets qu'on sortira aguicher des hommes, sourit Maura.

- Mais je choisis l'endroit, conclut Jane.


Et oui, adieu Storybrooke, bonjour Boston !

Le changement n'est pas trop rude, ça va ? ^^

A la semaine prochaine pour la suite,

Bises,

Link9 et Sygui