Me revoici pour une nouvelle fic ! Hé oui, c'est encore un Snamione, je vous la poste avant d'en attaquer une autre qui sera un gros morceau, et avec un ton beaucoup plus sombre. Je préfère vous prévenir : celle-ci est légère, un peu fluffy et barrée comme je les aime. Snape y est sarcastique comme jamais et Hermione totalement impulsive. Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de chapitres, mais je vous propose de garder le même rythme de publication du départ de Upside Down, c'est à dire le lundi et le vendredi.

Cette fic m'a été inspiré par une autre d'un autre fandom d'une série, mais dérive peu à peu vers quelque chose d'autre. Pour les connaisseurs, vous y reconnaitrait l'idée de "A Fine Line". Toute l'histoire ne tournera pas autour de cela, vous verrez.

Je tiens aussi à vous dire que je lis et relis vos reviews sur mes fics HP, elles me font tellement plaisir que c'est ce qui me motive à écrire d'autres fics donc... Merci et gros coeur sur vous !

Bonne lecture à tous


Chapitre 1.

Snape regardait les membres du Magenmagot un par un. Il n'était pas enfermé dans une cage, comme il avait pu apercevoir Igor Karkaroff ou d'autres encore l'être. L'homme comparaissait en tant que sorcier libre, fait des plus rarissimes pour un ancien mangemort.

La lutte avait été acharnée, mais quelque peu vaine. Bien sûr, il n'en voulait à personne. Il aurait du mourir ce soir là, dans la Cabane Hurlante, mais Minerva ainsi que Pomfresh avaient refusé de l'abandonner. Le dernier témoin de sa survie était une vilaine cicatrice le long de sa carotide, rejoignant une centaine d'autres sur la liste, plus ou moins vieilles de l'ensemble de son corps.

Bien sûr, le monde magique était impitoyable., il en avait déjà fait les frais. Cela aurait été bien utopique que Poudlard, l'Ordre, le Ministère oublient ses prétendus exactions. Pour dire vrai, il n'avait pas envie de retrouver sa petite vie de professeur, enseignant à une bande de cornichons sans cervelles ni sens des responsabilités. En particulier maintenant qu'il n'avait plus aucune raison de rester dans cette école. Tout ce qu'il avait souhaité ce soir-là, c'était mourir ou au mieux, disparaître. Il n'avait eu ni l'un, ni l'autre.

Un grognement guttural sorti de sa gorge. Les choses n'avaient jamais été simples de toute façon, mais il devait avouer que voir tous ces sorciers s'arracher les cheveux depuis des semaines devant le sort qui devait l'attendre était plutôt délectable.

Harry Potter avait tenté de défendre sa cause, mais Snape ne s'était fait aucune idée. Le garçon n'avait été que peu convainquant et pour cause… Son ressentiment envers sa personne était bien trop grand. Après tout, comment lui en vouloir ? Severus Snape avouait sans concession avoir été abject avec lui, plus encore qu'avec n'importe qui. Minerva y avait mit plus d'entrain. Seulement, cette vieille bique avait le coeur bien trop gros et tout le monde le savait. Ainsi, son opinion n'avait que peu pesée dans la balance. Ses souvenirs décrivaient des circonstances atténuantes bien sûr… Et ils le disculpaient du meurtre de son mentor, Albus Dumbledore. Le soucis, c'était que lui, ne se le pardonnait toujours pas et peinait à vivre avec cela. Dans tous les cas, cette « révélation » ne suffisait pas.

Severus Snape n'avait rien fait d'assez répréhensible pour être emprisonné, mais en tant qu'ancien bras droit du Seigneur des Ténèbres, il ne pouvait clairement plus siéger dans le monde des sorciers. Choix cornélien qui était ainsi présenté à lui et aux membres du jury qui devaient décider de son pauvre et maigre avenir. Une partie des sorciers devant lui le voulaient mort, l'autre souhaitait qu'il ne se tienne qu'éloigné d'eux. Une minorité de 5 personnes, tout au plus, n'émettaient aucune objection à le voir réintégrer la société. Mais pour faire quoi ? Snape ricana lui-même à l'idée de se voir cohabiter avec d'autres gens dans un quotidien monotone. C'était impossible, soyons un peu réaliste. Et il ne risquait pas d'aller bien loin avec ses faibles économies. Demander à ce que Le Ministère l'aide à subvenir à ses besoins ? Cela provoquerait un tollé médiatique. Une majorité des sorciers refuseraient catégoriquement de participer à lui offrir une vie décente après avoir tenu ce rôle de mangemort durant tant d'années. Non, ils étaient tous définitivement… coincés.

Pourtant, Snape perçut une petite main s'élever dans la cohue. Ces doigts levés, il les connaissait parfaitement pour y avoir fait face durant 7 longues années. La petite touffe de cheveux hirsutes d'Hermione Granger s'éleva parmi la foule. Sa candeur, son innocence avait laissé place à une jeune femme assurée, et confiante. Quelque part, Severus ne put s'empêcher d'en ressentir une certaine fierté.

Hermione Granger n'était plus cette gamine souhaitant porter secours à la veuve et l'orphelin, à la recherche de l'approbation absolue de ses pairs. Il ne l'avait pas entendu le défendre et d'ailleurs, elle n'avait pipé mot depuis que le trio avait découvert son corps agonisant. Il n'avait aucune idée de son opinion concernant sa personne, mais ne doutait pas qu'elle s'apparentait à celle de Potter. Il s'était moqué d'elle, de ses dents, de ses manières, de sa prétention de si nombreuses fois.

Il n'arrivait même pas à s'en vouloir pour être honnête.

Severus se trouvait, à cette époque, dans une situation terriblement délicate. Il ne cherchait pas à se trouver d'excuses, loin de là. Cela ne servait plus à rien actuellement, de toute façon. Le mal était fait. Il avait été infecte, parce qu'il aimait être ainsi, parce qu'il l'avait toujours été et parce que le trio d'or avaient ravivés en lui des sentiments douloureux. Alors oui, cela avait été bas de se défouler sur une bande d'adolescents innocents, mais ma foi… Snape estimait que cela n'était qu'un moindre mal comparé à toutes les souffrances qu'il avait enduré depuis la première guerre.

Ces gamins n'avaient aucune idée de la vérité de la vie… Enfin, maintenant : ils étaient aux faits de la Guerre et Snape se permit de penser qu'au moins, ils étaient tous sur un pied d'égalité à présent… Jusqu'à la prochaine vague. Jusqu'à ce qu'un nouveau sorcier siphonné prenne la place de ce fou furieux de Tom Jedusor. En attendant, Snape espérait être cette fois définitivement mort et enterré pour ne plus avoir à subir les affres de ce genre de psychopathe.

Dans tous les cas, il était prêt à faire face à ses responsabilités. Il payait le prix de son amertume déchainée sur une école toute entière, il payait le prix de son silence, de sa loyauté, et même de la mort de Lily… Etrangement, il en était presque soulagé. Aucune peine ne serait jamais à la hauteur du mal qu'il avait infligé en révélant cette fichue prophétie à Voldemort, mais au moins… Il pourrait se venter d'avoir payer sa dette à la société.

« Le bannissement. S'éleva la voix fluette et cristalline d'Hermione Granger. »

L'assemblée se tut brutalement et se tourna vers la jeune femme.

« Nous pourrions établir une barrière magique qui empêcherait le professeur Snape de s'introduire dans notre monde. Ses pouvoirs ne seraient pas bridés, mais il ne pourrait plus interagir avec les moldus ni entrer dans le monde magique. Ainsi, cela vous assurera qu'il ne pourra faire de mal à personne, mais il ne sera techniquement pas emprisonné pour autant. »

Snape ne put s'empêcher de laisser un faible rictus s'échapper du coin de ses lèvres. Cette gamine était pleine de ressources, il n'en avait jamais vraiment douté. Il remarqua qu'elle continuait de l'appeler professeur, malgré tout… Mais son idée était du génie. S'il n'en avait pas été le principal concerné, il aurait même consenti à l'applaudir. A la place, il se contenta de la fixer d'un air neutre.

La communauté sorcière ne rechignerait pas à financer ses besoins dans ce genre de contexte. Plus personne n'aurait à faire face à sa face de bâtard graisseux, leur rappelant à tous à quel point le monde n'est pas manichéen. Puisque après tout, après ce genre de Guerre, les gens adoraient redorer l'histoire, accordant des étiquettes de « gentils » et de « méchants » à tout va. Severus Snape n'était ni l'un, ni l'autre et cela emmerdait tellement le monde qu'il allait être banni. Non, définitivement, tout cela l'amusait beaucoup trop !

Bon. Il allait se faire chier, définitivement. Il se mit alors à réfléchir à un dernier coup de poker, qui pourrait lui permettre d'emmerder cette bande d'incapable jusqu'au bout.

« Bien. Severus Snape, vous êtes banni du monde des sorciers. Cette peine se trouve effective dès maintenant. Nous allons vous conduire à la frontière de votre choix qui vous mènera vers le monde des moldus, sans aucune possibilité de retour. Prononça un sorcier à la voix lourde. »

Snape eut un sourire en coin. Le soir-même, un petit comité se trouvait à l'orée de Poudlard. Cette école était particulière, après tout. Perdu en plein milieu de l'Ecosse, cette forteresse était impénétrable, que ce soit par la voie des moldus comme des sorciers.

Harry Potter traça une ligne blanche sur le sol à l'aide de sa baguette. Snape fixa Minerva McGonagall avec méfiance et appréhension.

« Vous n'allez pas pleurer, rassurez-moi. Prononça-t-il sèchement.

_ Severus, j'ai toujours su que vous étiez du bon côté. Si seulement ils avaient su m'écouter… Minauda la Directrice.

_ Allons bon. Qu'espériez-vous ? Quelle pouvait être l'issue de tout cela ? Moi, reprenant mon poste comme si de rien n'était ? Ou alors, vous m'auriez hébergé dans une maison miteuse au fin fond de la campagne pour finir mes jours à vos frais ? Soyez raisonnable, Minerva. Plus personne ne veut de moi ici. »

Snape tourna son regard vers Harry Potter, le fameux garçon-qui-avait-survécu-pour-lui-pourrir-royalement-la-vie. Celui-ci l'ignorait, avec une froideur plutôt déconcertante. La hache de guerre n'était pas enterré, et ne le serait peut-être jamais après tout. S'il avait été mort, son statut de martyr aurait été probablement plus facile à avaler. Ronald Weasley, à ses côtés, ne manquait pas de le fusiller du regard. Severus n'y prêta guère attention. Ce jeune rouquin avait toujours été un peu trop simplet. C'était un miracle qu'il ait survécu au massacre de la Grande Bataille. Ils étaient entourés de 3 sorciers du Ministère, 2 aurors et… c'est tout. Après tout, personne n'avait voulu faire de cela un spectacle. Tout le monde semblait vouloir l'oublier. Cela tombait bien : il n'avait rien à faire d'eux. Snape avait payé, et même bien plus que ça. Il avait donné sa vie, pour ces gens et tels était leurs remerciements ?

Ah ! Ils le paieraient, foi de Severus Snape. Il ne les lâcherait pas d'une semelle, pas d'un regard. Finalement, les yeux noirs de l'ancien maître de potions se posèrent sur Hermione Granger…

Une des élèves les plus intelligentes auquel il avait eut affaire… Sa miss-je-sais-tout. Elle supportait son regard, mais Severus se surprit à ne pas parvenir à en déceler les sentiments. Avait-elle honte ? Etait-elle soulagée ou au contraire, prise de remords ? Que ressentait-elle vis-à-vis de lui ? La plupart des gens étaient gênés en sa présence, mais pas elle. Pourtant, ce bannissement venait bien de sa petite personne, alors quoi ?

Snape haussa les épaules. Bon. Après tout, quelle importance ? Il se demanda subitement où Granger finirait sa vie. Au Ministère, aux aurors, dans une boutique, apprenti d'un grand sorcier, professeur ? Il espérait qu'elle enseigne. Ainsi, il aurait le loisir de la hanter, elle et ses idées à la con.

« Rendez-vous tous en enfers, alors ? Demanda-t-il. »

Harry Potter envoya une oeillade mauvaise à son ancien et faux ennemi. Snape s'en amusa une dernière fois. Il recula encore et encore jusqu'à franchir la barrière magique. Il sentit un flux électrique lui parcourir l'échine. Ce n'était ni agréable, ni désagréable… Un peu comme quand on vous opère alors que vous êtes sous anesthésie locale. De l'autre côté, Snape pouvait toujours distinguer l'école. Il approcha sa main et tomba sur une barrière bleutée.

Le professeur grimaça en sentant ce flux magique cette fois tout à fait désagréable lui parcourir la main. La sensation était telle qu'il du s'en éloigner avec vigueur. Il distingua alors Ronald Weasley lui adresser un majeur levé.

Bon, ok. Peut-être qu'il l'avait mérité, celle-là. Snape ricana et envoya un dernier hochement de tête vers le groupe de sorcier avant de rebrousser chemin et de partir.


« Qu'est-ce que vous foutez là ?

_ Je vous retourne la question, Miss Granger. »

Snape se tenait là, droit, face à la limite de son terrain. Derrière lui était bâti une maison, qui ne payait clairement pas de mine. Elle ressemblait un peu au terrier, en moins accueillant. Sans magie, les fondations ne tiendraient surement pas debout.

Snape l'avait construite avec les moyens du bord, il y a quelques semaines. Le vaste terrain qu'il avait à sa disposition ne contenait que peu de choses… Assez pour survivre, tout juste. Il devait s'astreindre à un régime végétarien et, bordel, cela faisait bien une dizaine de jours qu'il rêvait tous les soirs d'une entrecôte saignante.

Il lui prenait souvent l'envie de se balader le long de la ligne. En vérité, il adorait apercevoir les élèves et professeurs l'observer du coin de l'oeil. De son point de vue, Snape avait le loisir d'admirer le grand jardin de Poudlard, ainsi que la cours dans laquelle Bibine donnait ses leçons de vol. Etrangement, ces lieux s'étaient fait bien déserts depuis la rentrée scolaire. Nul doute que tous les sorciers de cette foutue école évitait son contact à tout prix. Ah ! Severus jubilait, surtout quand il se permettait d'accorder des signes de la main caustique et moqueur en direction des professeurs, qui tournait chaque fois le regard, gêné.

Cela valait le détour !

Seulement, aujourd'hui, il n'avait pas trouvé ce terrain vide auquel il était maintenant accoutumé à faire face. Non, à la place, il avait vu Hermione Granger… Se tenir là, aussi droite que lui, face à la ligne, les bras croisés en une moue presque sévère. Depuis, tous deux se jaugeait étrangement. Snape faisait tournoyer machinalement sa baguette, envoyant quelques étincelles dans les airs qui se répercutaient parfois sur la barrière magique qui l'empêchait d'aller plus loin. Il ne savait même pas que cette gamine avait eu le courage de reprendre sa dernière année. Elle était probablement de retour à Poudlard pour cela, et puis, elle portait toujours cet uniforme rouge et or qu'il excécrait. Les travaux à la reconstruction de l'école avaient été plutôt rapides et efficaces. Les cours avaient repris depuis un peu plus d'un mois.

« Je suis chez moi. Grinça Snape. »

Hermione plissa les lèvres en une grimace qu'il peinait à décrire. Elle semblait… à la fois en colère, et terriblement mal à l'aise.

La jeune femme n'avait pas vraiment réfléchi. Elle avait suivi ses pas qui l'avaient amené là sans vraiment qu'elle en prenne conscience. Sa rentrée scolaire ne s'était pas faite sous les meilleures auspices. Tout d'abord, le bannissement de ce… ce… crétin des Alpes avait chamboulé toute l'organisation de l'école.

Bibine avait un jour littéralement hurlé dans le bureau de la Directrice pour la changer de lieux car elle ne supportait plus d'entendre les railleries de son ancien collègue quant à ses méthodes d'enseignement. De plus, même derrière une barrière magique insurmontable, Snape était tout de même parvenu à faire pleurer un groupe de première année incapable d'enfourcher leur balai. C'était tout bonnement incroyable.

« Même en enfer, ils continuent de nous faire profondément chier ! S'était-elle exclamé dans un dernier accès de colère. »

Qui plus est, techniquement, Severus Snape continuait de rester Directeur de Poudlard… Et étrangement, le château n'acceptait pas l'admission de Minerva McGonagall. Suivant le caractère moqueur voire carrément piquant du Serpentard, l'école ne cessait de tendre des pièges de plus en plus gros aux élèves ainsi qu'aux professeurs. Les escaliers devenaient encore plus fous que d'habitude, la décoration de la Grande Salle était aussi aléatoire qu'impossible à gérer, des couloirs menaient à des culs de sac, certaines salles de classe restaient closes… D'ailleurs, les cachots étaient resté inaccessibles, et cela sans compter sur plusieurs tableaux qui avaient décidé de quitter leur cadre. Personne n'osait supputer cela à Severus Snape. Cela reviendrait à voir la vérité en face, l'injustice à laquelle ils faisaient tous face chaque jour. Poudlard voulait retrouver son Directeur, et bien sûr, il était certain que Severus Snape refusait sciemment de céder son poste de son plein gré.

D'ailleurs, depuis quelques temps, il n'avait que peu de distraction. Il saisissait la moindre occasion qui lui permettait de terroriser un ou deux élèves passant par là, mais c'était tout. Bien souvent, il passait ses soirées voire ses nuits ici… A la frontière. Il observait le ciel se coucher.

C'était beau.

Il ne comprenait pas pourquoi il ne l'avait pas fait plus tôt.

Scruter avec un tel émerveillement un phénomène si naturel et si banal qu'il se produisait indubitablement chaque soir était un peu nouveau pour lui… Un peu bête aussi. Mais Snape se fichait de l'opinion que pouvait avoir les autres comme de celle de sa dernière redingote. Il était bien au dessus de cela, surtout depuis qu'il avait vu la mort de près.

L'ancien maître de potions jaugea son ex élève. Il n'était pas d'humeur. Il n'avait pas envie de la faire chier, pas ce soir. Devant son mutisme, Snape grogna et se détourna de la frontière pour retourner dans sa maison de fortune.

Il tournait en rond dans la vieille bicoque, aux fondations tellement tremblantes que chacun de ses pas faisait grincer le parquet. Il finit par s'asseoir sur un fauteuil qu'il était parvenu à métamorphoser à partir d'une roche mousseuse trouvée dans la forêt. Ça ne payait pas de mine, et ce n'était même pas confortable… Mais au moins, il pouvait avoir un œil sur le paysage à travers la fenêtre. McGonagall était plus douée que lui pour ce qui était de ce genre de sortilège. Il lui avait fallu des jours et des jours pour se construire un abri digne de ce nom… Si on pouvait désigner ça ainsi. Le toit recouvrait à peine la surface. Il y avait des trous qu'il comblait petit à petit. Le parquet n'était pas bien droit, les murs non plus et les fenêtres ne ressemblaient à rien.

Il était hors de question de penser à ajouter une quelconque touche de décoration dans ce taudis. Snape était tout juste parvenu à se faire une table, une chaise, un lit ainsi qu'un système de tuyauterie lui permettant au moins de se laver.

Le silence planait souvent autour de lui, mais il s'y était fait, tout comme sa solitude.

Minerva venait parfois lui rendre visite à la frontière, mais il avait bien remarqué que ses discussions étaient de plus en plus courtes et espacés. Snape se dit que la vie suivait son cours, et qu'il était normal que toute personne censé s'éloigne petit à petit de sa personne, de ce fantôme qu'il semblait être devenu aux yeux des gens. Parfois, Snape rêvait que le Ministère ait gardé l'idée somme toute merveilleuse de brandir sa tête sur une pique pour l'exposer à la place publique. Ce sort lui semblait parfois un peu plus enviable et surtout, beaucoup moins hypocrite.

Les journées étaient longues, monotones. Lorsque vint le second soir, et que Severus recommença son rituel l'amenant à observer les étoiles au dehors, il vit de nouveau Miss Granger, assise sur la pelouse, les bras croisés sur ses genoux ainsi que le menton posé sur celui-ci.

Snape avança vers elle, cette fois d'un pas rageur. Bordel, mais pour qui se prenait-elle ? A venir troubler sa tranquillité, sa solitude ?

« Vous fomentez des plans pour m'envahir ? Siffla l'homme, oubliant toute règle de politesse.

_ Vous envahir ?! C'est moi qui ait eu l'idée de vous enfermer là, vous l'oubliez ? Demanda Hermione, pleine d'aplomb. »

S'il n'était pas si en colère, Snape jurerait qu'elle semblait s'amuser de la situation. Il observa la jeune femme de toute sa hauteur. Elle arrachait quelques brins d'herbe sans même se soucier de sa petite personne.

« Qu'est-ce que vous fabriquez ? Demanda Snape, sans pour autant changer de ton. »

Hermione haussa les épaules. Elle prit des petits cailloux dans sa main et se mit à les lancer contre la paroi de la barrière, qui crissait à chaque lancer en renvoyant la pierre vers elle.

« Des trucs. Répondit-elle. »

Snape haussa un sourcil. Il croisa les bras devant lui. Elle ne semblait plus aussi impressionné par sa personne qu'elle avait pu l'être par le passé. D'ailleurs, elle le regardait à peine.

« J'interromps quoi, un rendez-vous amoureux clandestin ou un échange de drogue ? »

Hermione roula ses yeux d'exaspération. Elle soupira en se levant enfin. La jeune femme empoussiéra sa robe de sorcière qui, de toute façon, semblait parfaitement fichue. Elle était pleine de terre et d'herbe fraichement coupée.

« Ni l'un, ni l'autre. Finit-elle par dire. »

Snape ne lui accorda qu'une oeillade étrange. Devant sa froideur, Hermione soupira de nouveau et se détourna de lui.

« Bonne nuit, Monsieur. »

Severus plissa le regard vers le dos de la jeune femme, qui s'éloignait petit à petit de lui.

« Miss Granger… »

L'ancien mangemort ne sut ce qui l'avait amené à la retenir. Etait-ce le poids de la solitude ? Son regard de chien battu ? Sa façon d'être exaspérée ? Son agaçante intrusion dans sa bulle ?

La jeune femme se tourna lentement vers lui, mais ne se rapprocha pas pour autant. Elle avait les bras le long du corps, et il pouvait percevoir son visage tendu.

« Comment allez-vous ? »

Sa voix était restée sèche, cassante et peu encline au dialogue. Snape se maudit d'avoir posé cette question idiote. Il se fichait de connaître les états d'âme de cette sombre gamine de Gryffondor, en réalité.

« Bien. »

Hermione ne lui renvoya pas la question. Snape opina du chef doucement. Il se tourna d'un mouvement de cape claquant et gracieux, de ceux qu'il savait maîtriser pour faire ses sorties en grandes pompes. Seulement, cela n'avait plus vraiment l'effet escompté avec elle. Hermione repartit, sentant un nœud se former dans son estomac sans qu'elle ne parvienne à en décrire la nature.

Elle ne savait vraiment pas pourquoi elle s'acharnait à venir ici. Deux soirs d'affilés, qui plus est. Sa vie était devenue… triste à mourir, depuis la fin de la guerre.

Elle était redevenu à Poudlard dès qu'elle l'avait pu. Seulement, ses relations avec Ron et Harry n'avaient jamais été aussi tendues. Le trio ne s'entendait sur rien, pour ainsi dire. Harry voulait devenir auror. Il avait un grand sens de la justice et, il voulait poursuivre les quelques mangemorts qui restaient dans la nature. Ron, lui rêvait de faire partie d'une équipe de Quidditch professionnelle. Hermione n'était pas très enchantée par cette perspective. Dans tous les cas, ses deux amis semblaient faire passer leurs études par dessus l'épaule. Elle avait du les trainer de force à Poudlard afin de poursuivre leur dernière année d'études et d'obtenir leurs ASPIC. Hermione en était venu à regretter ce temps où son professeur de potions était le seul à savoir les remettre à leur place.

Depuis peu, les divergences entre eux étaient de plus en plus violentes. Hermione ne supportait pas leurs vanités. Harry et Ron jouissaient de leurs célébrités, non sans au passage, en rajouter une couche à propos de Snape. Chaque jour ajoutait une détail nouveau à l'histoire, tant et si bien qu'elle devenait de plus en plus éloignée de la réalité. Qui plus est, Ron prenait un malin plaisir à se faire admirer de la gente féminine.

Hermione avait cessé de s'en soucier. Elle n'était plus cette gamine, terriblement jalouse et remplie de colère. De toute façon, elle s'était bien rendue compte qu'elle n'avait RIEN en commun avec lui. Elle discutait de livres, d'études, de recherches et il lui intimait de se taire, préférant parler ballons et scores de match. Alors qu'elle recherchait la discrétion, lui, était sans cesse en quête de célébrité et alimentait les rumeurs concernant ses « prouesses héroïques ». Après tout, elle aurait du s'en douter… Ron avait toujours été comme ça. Pourquoi aurait-il changé, après la Guerre ? Cela était bien utopique d'imaginer le contraire. Elle ne savait pas vraiment ce qu'ils étaient devenus, à vrai dire. Etaient-ils toujours un couple ? A priori oui, mais elle ne ressentait rien. C'était effrayant.

Harry lui, s'était encore plus renfermé sur lui-même. Il était devenu distant, froid et ne voulait plus interférer dans les disputes entre Hermione et son meilleur ami. Elle avait l'impression de l'avoir perdu.

Perdue dans ses rêveries maussades, Hermione revint pour le troisième soir de suite à la frontière. Snape n'était pas là, et elle ne s'en souciait que très peu. La jeune femme prit place le long de la ligne et s'allongea à même le sol.

La pelouse était humide, l'air était frais. L'automne arrivait, petit à petit. Les températures avaient tant chutées qu'elle était maintenant obligée de porter une cape par dessus son pull.

Elle entendit des pas feutrés s'approcher d'elle. Ses chaussures noires frottaient contre le sol en un drôle de bruit, et quelques feuilles mortes craquaient sous ses semelles. C'était agréable.

Cette nuit, il n'y avait aucun nuage dans le ciel. Les étoiles étaient parfaitement visibles, et Hermione trouva ce spectacle apaisant.

Elle l'entendit prendre place en face d'elle, sans un mot. Pas de « bonjour », ni de « qu'est-ce que vous fichez là encore ? ». Il n'y avait qu'elle, et lui, admirant le ciel qui s'obscurcissait au fur et à mesure.

« A quoi tout ça ressemble ? Demanda-t-il finalement, brisant ce silence confortable qui s'était installé.

_ Pardon ? Demanda Hermione, sortant de sa torpeur.

_ L'extérieur, le monde maintenant que Voldemort a été définitivement vaincu. Il a du y avoir des changements drastiques. »

Il n'avait pas voulu être sec, cette fois… Mais sa voix avait prit l'habitude d'adopter ce ton cassant. Le regard dans le vide, Snape faisant toujours tournoyer sa baguette entre ses doigts. C'était devenu un espèce de tic nerveux, d'ailleurs.

« Il y a toujours un trou dans la couche d'ozone, le mouvement vegan prends de plus en plus d'ampleur et on est envahis de zombies. S'exclama-t-elle. »

Severus se tourna vers elle.

« Pardon ? Demanda-t-il, incrédule. »

Hermione ne put s'empêcher de glousser. Snape lui envoya un regard noir, qu'elle ignora.

« C'est pénible. Rien n'a vraiment changé, en réalité. Certaines lois anti moldus sont toujours en vigueur, les elfes de maisons et autres créatures magiques sont toujours exploités, le Ministère continue de fermer les yeux sur certaines choses qui les arrange. A part l'angoisse de se faire tuer à tout moment qui a disparu, tout est exactement comme avant. Grinça la Gryffondor. »

Snape haussa les épaules. C'était prévisible. Cela avait été la même chose, la première fois.

« Ça vous surprends ? Demanda-t-il, presque moqueur.

_ Hé bien… oui. Je pensais que les choses allaient bougé.

_ Vous êtes bien utopiste, Miss Granger.

_ Et vous, trop pessimiste.

_ Réaliste. Corrigea-t-il.

_ Oui, et bien, c'est bien ça le problème ! »

La jeune femme se leva brusquement, plus qu'agacé par le comportement de Snape. Pourquoi fallait-il qu'il reste aussi sarcastique, caustique, froid, austère, sinistre ?

« Vous êtes du bon côté de la barrière, vous !

_ Comment ça « du bon côté » ? Vous plaisantez j'espère ? Grinça-t-il.

_ Vous n'avez pas à vous souciez de ces débiles qui ne comprennent rien aux injustices, des sorciers qui ne bougent pas leurs habitudes. Vous ne devez pas vous sentir obliger de changer les mentalités pour qu'un Voldemort bis ne soit tenté de faire surface. Vous êtes bien loin de ce genre de préoccupations ! Tout ce qui vous intéresse, c'est continuer de hanter les lieux et de terroriser les gens pour leur faire payer. Vous êtes au courant que ce n'est pas ça, la vie ?!

_ Je vous signale que je n'ai pas signé pour être dans la quatrième dimension ! Cette idée : c'était la votre. Et maintenant, vous me faites le reproche de vivre dans mon monde ? Qu'est-ce que vous voulez que je fasse, au juste ?

_ Je ne pensais pas que ça se déroulerait comme ça. Lâcha Hermione, agacée.

_ Et comment cela aurait pu se passer autrement ? Ils m'auraient banni pendant un petit trimestre, comme un gosse qu'on met au coin ? Et ils seraient revenu, la bouche en coeur. Oh oui, je vois d'ici le Ministre de la Magie, à l'endroit même où vous vous tenez. « Allons Severus Snape, vous avez compris la leçon maintenant ? Gentil garçon, vous pouvez revenir maintenant, bon toutou ! » Imita Snape d'un air moqueur.

_ Vous êtes un pauvre con.

_ Et vous, une sale petite idiote. »

Snape tourna les talons et partit vers sa maison d'un pas rageur. Hermione voulut le retenir. Machinalement, elle avança sa main et se retrouva violemment projeté 3 mètres plus loin. Grimaçante, elle se redressa sur ses coudes en se massant les avants bras. Snape était parti sans se retourner.