Partie V : Le miracle.
La Stella était venue nous chercher, surgissant brusquement de l'hyperespace pour attaquer par surprise le blocus et ménager une porte de sortie à la navette. Une fois amarrée, la frégate était repassée en hyperespace le plus vite possible. L'assaut avait été rapide et les dégâts minimes. C'était une mission réussie.
Je devais néanmoins faire affaire avec nos hôtes de dernière minute. Je les avais tout de suite faits enfermer dans nos cellules, sans leur laisser le temps de parler ; car je devais tout d'abord discuter avec mon équipage. Je rassemblai tout le monde dans la grande salle pour m'adresser à eux. Je savais que tous n'étaient pas heureux de mon sauvetage, qu'ils auraient préféré laisser à leur sort les malheureux qui étaient désormais en cellule, et qu'ils n'aimeraient pas l'idée de se séparer d'une seule de ces caisses de plantes médicinales. Pour toutes ces raisons, il était important que je m'adressasse à eux afin de les féliciter mais aussi de rappeler que les décisions étaient miennes et que nous avions reçu l'aide, même non-désirée, de nos hôtes. J'en profitai pour rappeler les avantages que nous procuraient nos bonnes relations avec certains groupes. Mon discours se finissant, j'insistai sur un point :
« Aujourd'hui, nous avons ramené un beau pactole, et ne serait-ce que la moitié de ces caisses constitue déjà une belle somme à venir, mes amis ! »
Des vivats me répondirent et les bouteilles d'alcool furent ouvertes. Mon discours avait eu l'effet escompté et je m'en félicitai. Je souriais avec eux, je me mélangeais à leur joie, mais je partis rapidement, avec l'excellente excuse de devoir organiser la vente à venir, ce qui provoqua d'avantage de cris de joie. Mais je lançai un regard sérieux à Aurak, qui me suivit. Terandeb m'avait naturellement accompagnée également. Nous gagnâmes mon bureau – le bureau de Qolt, où j'avais passé beaucoup de temps en sa compagnie. Il était temps de régler la question de nos invités. J'ordonnai à Aurak d'aller les voir et de les interroger, afin de savoir qui ils étaient, pour qui ils travaillaient et je lui annonçai que, en fonction de leurs demandes, il pouvait leur céder deux de nos caisses. Cela lui déplut fortement (il était toujours contre ces méthodes, mais s'il rouspétait, il appliquait toujours mes ordres) mais il quitta la pièce.
Je restai seule avec Terandeb. Nous étions silencieux, mais je savais qu'il me demandait ce qui n'allait pas. Dans un soupir, je répondis :
« J'ai une étrange impression, comme si quelque chose d'important allait se produire. Tout ce que je sais, c'est qu'elle n'est pas mauvaise. »
Il opina, et s'approcha de moi. Comme toujours entre nous, il n'y avait pas besoin de mots. Je savais qu'il me soutiendrait, je savais qu'il me rassurait, je savais qu'il serait toujours là pour moi.
Lorsqu'Aurakptar revint, il ne semblait pas content.
« Tu nous as encore dégoté de belles bouses de banthas, Vetty ! Ces idiots nous insultent de voleurs, disent qu'ils auraient pu très bien s'en sortir sans notre aide, et que toute la cargaison leur appartient légitimement ! s'insurgea-t-il avant d'avoir un rire sarcastique. Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre comme conneries ! »
Je haussai un sourcil, surprise.
« Tu leur as dit qu'on les déposerait dans un système de leur choix ? demandai-je.
_ Bien sûr, le truc habituel ! »
J'étais surprise par ce choix. Bien que je ne les connusse pas, il me semblait que nous n'avions pas à faire avec des bandits expérimentés, compte tenu de leur désorganisation et de leur petit nombre, et qu'ils se seraient jeter sur l'offre avec joie. Je m'étais visiblement trompée. Je regardai un instant Terandeb, puis m'adressa au rattataki :
« Amène-moi leur chef. »
Il eut un sourire amusé – malgré le temps et l'habitude, il riait toujours du personnage du méchant pirate que je jouais. Il s'empressa de partir, et je ressortis mon masque que j'avais précédemment rangé. Pendant qu'il allait me cherche ce chef, je m'entretins avec mon ami lasat sur différents détails de la rencontre à venir. Il me connaissait si bien qu'il ne fut pas étonné de mon opinion, et il n'y trouva rien à redire. Malgré son statut de pirate et son air bougon, Terandeb était une personne aussi sensible et généreuse que moi. Cependant, mon lieutenant revint plus vite que prévu et son souffle court indiquait qu'il avait couru. Il déboula donc dans mon bureau, totalement affolé, et me prévint :
« Une cellule est vide ! Un de nos prisonniers s'est échappé ! Que dois-je faire, capitaine ? »
Je restai calme. Assise derrière mon bureau, je gardais un instant le silence. Alors que je réfléchissais à la meilleure réaction à avoir, mon don de prémonition se manifesta à nouveau avec force.
« Ne t'inquiète pas, dis-je. Elle arrive. »
Aurakptar en fut éberlué, mais il me fit pleinement confiance. Il prit donc la liberté de s'installer sur le canapé afin de retrouver un souffle normal, et je mis mon masque. Nous l'attendîmes en silence. Comme je l'avais dis, à peine deux minutes plus tard, on toqua à la porte. Je n'avais pas besoin de la voir pour savoir qu'il s'agissait de la togruta. Là, en face de moi, je pouvais mieux l'observer : elle semblait du même âge que moi (bien que je ne connusse pas vraiment mon âge), elle avait le port altier et la marche tranquille, elle avait un visage à la fois sympathique et féroce.
« Bonjour, dit-elle.
_ Bienvenue à bord de la Stella, l'accueillit Terandeb. »
À son arrivée, l'intruse avait posé son regard sur moi et ne s'en était jamais détournée alors qu'elle s'approchait, mais elle observa un instant mon bras droit quand il prit parole, avant de retourner sur moi. Cachée par mon masque, je souris : elle avait tout de suite compris que Terandeb parlait en mon nom. Ce n'était absolument pas une de ces personnes impressionnables par un petit numéro. Quant à moi, au plus je la regardais, au plus j'avais l'impression de l'avoir déjà vue.
« Merci, dit-elle avec politesse. J'aimerais m'entretenir avec vous à propos de la cargaison de plantes médicinales.
_ Nous vous avons fait une offre, répondit Terandeb. Pourquoi l'avoir refusée ?
_ Pardonnez mes compagnons, être faits prisonniers après avoir échoué à reprendre ces caisses et également, après avoir malheureusement perdu l'un d'entre nous, ne les rend pas enclins à négocier.
_ Toutes nos condoléances. Cependant, l'offre que nous vous faisons est tout à fait honorable, quand on considère la valeur de ces biens.
_ C'est là tout le problème, capitaine, dit-elle en fronçant les sourcils. Nous ne faisons pas cela pour l'argent. »
Elle observait mon ami quand il parlait, mais elle répondait toujours en m'observant. J'étais, je dois l'admettre, séduite par le calme et la tempérance dont elle faisait preuve. Néanmoins, je laissai Terandeb continuer, afin d'avoir le fin mot de l'histoire.
« Pour quoi, dans ce cas ?
_ Nous avions pour mission de livrer ces plantes médicinales à Ryloth, où le peuple souffre beaucoup de l'occupation impériale et manque de ressources médicales.
_ Une mission ?
_ Oui. Nous travaillons pour la Rébellion, sous le commandement du commandant Sato.
_ C'est une noble cause, mais deux caisses représentent beaucoup de ressources.
_ Mais ce n'est pas assez pour toute une planète sur le long terme ! Écoutez, les wookies nous faisaient don des richesses de leurs terres pour venir en aide à des malheureux, mais l'Empire a volé ces caisses avant que nous n'ayons eu le temps de les récupérer. Ces plantes étaient destinées à aider le peuple twi'lek, qui est innocent et souffre injustement du mauvais traitement de l'Empire ! »
En défendant sa cause, la togruta s'était approchée jusqu'à poser ses mains sur mon bureau, légèrement penchée vers moi. Elle était convaincue par le bien fondé de sa cause qui, présentée ainsi, était en effet honorable. Je pensais avec amusement que, sans me connaître, cette étrangère savait parfaitement quels mots utiliser avec moi. Terandeb savait ce que j'en pensais, d'où son silence. Je sentais que la personne qui me faisait face était bonne et juste, et j'avais l'irrésistible envie de l'aider – que ce soit par l'altruisme dont elle faisait preuve que par cette sensation que j'avais depuis qu'elle était entrée. J'avais ce bon pressentiment qui me rassurait, qui m'assurait de la bienveillance de cette femme, qui m'avisait à reconsidérer mon offre. Mon bras droit s'était tourné vers moi, attendant ma réponse autant que la rebelle l'attendait. Au bout d'un moment que je prenais soin d'éterniser, je tournai légèrement la tête vers mon ami et opina. Il annonça alors :
« Vous servez une honorable cause, rebelle. Nous vous cédons la moitié de la cargaison, et nous espérons avoir de bonnes relations avec vous désormais. »
La togruta se redressa, affichant un instant de la surprise, et ensuite une immense joie et une grande reconnaissance.
« Merci infiniment, au nom de la Rébellion mais aussi au nom du peuple de Ryloth ! »
Elle me souriait chaudement, et j'étais moi aussi gagnée par sa joie. Je savais que j'avais fait le bon choix.
« Pourrais-je savoir à qui je dois cette générosité ? demanda-t-elle. »
À son air curieux, je sentis qu'un événement important allait se produire. Je supposais simplement que nous allions former une amitié dans les temps à venir – je ne savais pas alors à quel point je me trompais. À sa demande, j'enlevai donc mon masque, dévoilant ainsi mon visage meurtri, mes lèvres pâles, ma paupière incomplète, mes tentacules arrachés. Mais elle n'eut pas le mouvement de recul ou d'horreur auquel j'étais désormais habituée. Au contraire, elle se pencha à nouveau vers moi. Je la voyais froncer les sourcils dans un doute soudain, comme un vieux souvenir si lointain qu'il était difficile à rattraper. Je connaissais particulièrement bien cette sensation. Puis, ce que je ne connaissais pas : l'illumination du visage qui laisse la place à la compréhension et à la joie, au retour du souvenir.
Là, ma prisonnière eut des mots que je n'oublierais jamais. Des mots que je n'oublierais plus jamais.
« Noah ? Noah Krive ? C'est bien toi ? Je n'arrive pas à y croire ! Tu as survécu toi aussi ! C'est formidable ! Tu te souviens de moi ? »
Face à mon silence, elle expliqua :
« Ahsoka, Ahsoka Tano ! Nous avions cours de... enfin, nous avions cours ensemble quand nous étions petites, tu te souviens ? »
Noah ?
Bonjour, bonsoir, mes très chers lecteurs !
Je vous remercie infiniment d'être arrivés jusque là, d'avoir tout lu et pour ceux qui l'ont fait, d'avoir reviewé. Ça m'a fait extrêmement plaisir de partager ce calendrier de l'avent avec vous, et j'espère que j'ai égayé votre attente de Noël. Je vous souhaite à tous un très joyeux et un très chaleureux Noël, que vous soyez entourés d'amis ou de proches, qu'importe, mais qu'il soit heureux et remplis d'amour.
J'espère que vous avez aimé la fin et qu'elle ne vous frustre pas trop ahah ! Je tenais réellement à finir ainsi, sur la découverte de son ancien nom. J'aime beaucoup le prénom Noah, bien qu'il soit mixte il a plutôt tendance à être masculin, je le préfère au féminin pour ma part. Sans oublier que cela fait une belle référence à Noé, survivant des eaux du déluge.
Peut-être vous retrouverais-je sur un autre projet (qui devrait arriver prochainement), en tout cas, ce sera avec plaisir.
Joyeux Noël !
MlleMau.