Salut tout le monde ! Me voilà pour une nouvelle fiction qui sera normalement, longue ! Elle contient déjà dix chapitres et l'histoire ne fait que commencer, donc... Nous allons nous suivre pendant un bon petit moment les amis !
Une fanfiction un petit peu particulière qui j'espère vous plaira grandement ! Elle est classée M pour une bonne raison et est donc interdite aux mineurs ! :) Elle sera entièrement corrigée par ma Bêta RockRock8888 :)
Sur ce, bonne lecture ! :)
Prologue
La fête bat son plein. Vingt-six ans de mariage, ça se fête. Un doux sourire s'étale sur mes lèvres, si l'on m'avait dit un jour que je serais marié, et que je fêterais mes noces de Jade dans un manoir plein à craquer, je ne l'aurais tout simplement pas cru. Ce pauvre fou se serait retrouvé pendu par les pieds pour lui remettre les idées en place.
Et pourtant, c'est bien mon mariage que l'on fête. Notre mariage. Mes pas m'ont mené jusqu'à notre salon privé, un grand salon que seule la famille peut voir. Des photos et des tableaux parsèment les murs, nos vies seules, ensemble, puis avec nos enfants.
Mon cœur se gonfle d'une joie et d'une fierté que je ne ressens qu'en repensant à ma famille. Ma famille… Je regarde une photo de ma petite Lily à deux ans sur un balai pour enfant, elle volait déjà comme une reine. Cela n'est donc pas étonnant que vingt ans plus tard elle soit attrapeuse dans l'équipe de Quidditch d'Angleterre. Bien qu'elle soit actuellement obligée de se reposer à cause de ses huit mois de grossesse qui la rendent magnifique, elle sera rapidement de retour dans son équipe et nous éblouira une nouvelle fois par ses performances.
Une photo de Lucas à huit ans avec les jumeaux Weasley me tira un rire. Lucas brassait une potion alors que les jumeaux regardaient la mixture avec étonnement et admiration. Qui aurait pu penser que Lucas serait un futur Maître de Potion spécialisé dans la confection de nouvelle potion pour la boutique des jumeaux ? Il les avait épatés, et pas qu'une fois. Moi aussi je l'admirais. Mon fils, mon Lucas, Maître des Potions. Une larme traîtresse coula le long de ma joue, une larme pleine d'émotion et de fierté.
Mon regard fut attiré par Lily qui se tourna vers moi, elle avait quinze ans sur la photo, elle regardait son idole, le grand Harry Potter, voler sur son vieil Éclair de Feu. Le balai n'était pas encore totalement dépassé pour l'époque, mais il avait été tellement utilisé qu'il n'était plus aussi performant qu'à ses débuts, surtout après que sa propre fille lui ait « emprunté » sans lui demander et se soit crachée dans un arbre non loin de là. Mais il suffit seulement de mettre un balai entre ses mains, quelle que soit la marque, pour qu'il vole comme un dieu. Ce qu'il était pour Lily.
Je pose les yeux sur l'une des photos que je préfère, Lily âgée de cinq ans et Lucas âgé de deux ans regardent avec émerveillement dans le berceau où dormaient Jade et Albus, leur petite sœur et petit frère nés quelques heures plus tôt. Cette photo est magnifique, malgré toutes les années écoulées, j'en ai toujours un double sur moi, me rappelant l'un des jours les plus merveilleux de ma vie.
Un peu plus loin se trouvait nos quatre enfants prêts à partir pour Poudlard, c'était la dernière rentrée de Lily. Un sourire nostalgique éclaira mon visage, qui aurait pu croire que nos enfants seraient tous répartis dans une maison différente ? Les chances étaient minimes, mais nous n'avons jamais été ordinaires, il n'y avait qu'à voir les parents pour comprendre que nos enfants seraient tous aussi exceptionnels et uniques.
Lily avait été répartie à Serdaigle, elle avait eu une soif de connaissance intarissable, soif de connaissance qu'elle assouvit encore à l'heure actuelle, bien qu'étant dans la plus célèbre équipe de Quidditch d'Angleterre. Elle est passionnée par les langues, c'est donc pour elle un bonheur sans fin de pouvoir voyager à travers le monde pour apprendre et pratiquer les nombreuses langues qu'elle a commencé à apprendre au fil des années.
Lucas avait été réparti à Serpentard, sans grande surprise pour nous. Avec la ruse qui est en lui, il ne pouvait en être autrement. En plus du fait qu'il avait la passion pour les potions, et que la majorité des Maîtres en Potion sortaient de la célèbre maison Serpentard. Il avait été studieux tout le long de sa scolarité à Poudlard et continuait à l'être à l'Institut de Potion. Un peu plus solitaire que sa sœur mais tout de même très apprécié par ses camarades et professeurs. Et en vrai Serpentard qu'il est, il ne se faisait jamais attraper pour les nombreuses bêtises qu'il a faites et dont nous ne sommes pas au courant. Je connais bien trop mon fils pour croire qu'il est resté innocent pendant sept ans, surtout pas alors qu'il a adoré les jumeaux Weasley depuis sa tendre enfance. Nous avons même su très récemment qu'il leur envoyait des idées de potions et de créations de produits alors qu'il n'était même pas encore en âge d'aller à Poudlard !
C'est bien mon fils ! Pensai-je en sourire tendrement.
Jade est un modèle de douceur et de tendresse, a été répartie à Poufsouffle. Elle va rentrer en dernière année à la rentrée prochaine, puis s'envolera pour une année aux quatre coins du globe pour découvrir tout ce qu'i savoir sur la confection d'un vêtement dans le monde magique comme moldu. Le tout complété par trois années d'études de stylisme moldu. Elle y arrivera, aucun de nous n'en doute, nous sommes d'ailleurs habillés en ce jour si particulier, par des robes sorcières spécialement conçues par notre fille. Des robes ayant le style moldu comme sorcier et d'une très grande classe. Non, décidément le stage d'un mois l'année dernière à 40 Gallions et 15 Mornilles n'était vraiment pas de l'argent fichu en l'air.
Et il y a finalement Albus, notre Gryffondor. Tout comme sa sœur jumelle, il n'est pas spécialement friand des études mais s'y applique tout de même. Il est le seul de nos enfants à ne pas avoir trouvé de passion tout de suite, il vole avec plaisir sur un balai sans vouloir en faire son métier ou même entrer dans l'équipe de Gryffondor. Il aime les potions mais ne se voit absolument pas en faire sa vie. Et la mode n'est absolument pas ce qu'il aime, au plus grand damne de sa sœur ! Il est comme ses frères et sœurs, unique, mais ce fait l'avait toujours inquiété. Il ne savait absolument pas ce qu'il voulait faire de sa vie. Jusqu'à sa confession au début des vacances, un mois plus tôt.
Flash-Back
Albus vint nous voir dans ce même salon alors que ses frères et sœurs étaient partis se coucher. La fierté et l'assurance d'un Gryffondor étaient bien loin quand il demanda à nous parler. Il tenait dans sa main un coffret en bois que nous lui avions offert quand il était enfant. Le coffret avait un sortilège d'agrandissement et surtout, il ne pouvait s'ouvrir que s'il le voulait. Sauf puissant sortilège de notre part, mais nous n'avions jamais eu besoin d'en arriver à de telles extrémités, même quand à trois ans il était rentré dedans, il avait parfaitement su en sortir !
Il avait ouvert la bouche avant de la refermer et de la rouvrir encore. Tout ça pour nous lâcher un « Je veux faire une école d'art », d'une voix timide et presque craintive. Nous ne l'avions jamais vu ainsi, autant dire que nous étions plus que surpris. La surprise avait grandi quand nous avions entendu sa demande, bien sûr nous étions derrière nos enfants, nous les poussions à faire ce qu'ils voulaient et aimaient. Mais jamais Albus n'avait montré le moindre attrait pour l'art, il aimait dessiner quand il était enfant, mais il en était de même pour Jade et Lucas. Qu'avions-nous raté ?
Je lui avais demandé d'une voix douce pourquoi il voulait faire une école d'art. Il avait presque baissé les yeux quand je lui avais parlé, je m'inquiétais de plus en plus. Que craignait mon fils ? Que je refuse ? Je compris seulement quand il ouvrit le coffret et nous le tendis, il était devenu rouge pivoine et n'osait même plus lever les yeux vers nous. Le courage était parti bien loin, mais quand mes yeux se posèrent sur ce qu'il y avait dans le coffret, je perdis toute pensée. Des toiles, des feuilles de dessin, des centaines avec des crayons usés et bas de gamme. Notre fils peignait et dessinait, sûrement depuis des années, et nous n'avions rien vu. Par Salazar, je n'avais pas vu ses œuvres magnifiques parce qu'il avait honte ! Et surtout, parce qu'il avait peur de notre jugement !
Mon regard tomba immédiatement sur une grande toile, notre famille, tous les sept. Tant d'amour se dégageait de cette toile, j'étais admiratif de mon fils. Je pris délicatement la toile entre mes mains, comme si elle pouvait se détruire si j'étais trop brusque avec elle. J'entendis un « Magnifique » sur ma droite, moi je ne regardais plus que notre fils. Mon fils, Albus, qui n'osait même pas lever les yeux, était devenu encore plus rouge qu'il ne l'était déjà en nous tendant le coffret.
- Tu la feras ton école d'art. Entendis-je dire par une voix rauque d'émotion. Tu as un véritable don.
J'entendis un très faible merci alors que je me levais doucement en gardant la toile entre mes mains, je regarde les murs et vois les différents tableaux que nous avons fait peindre de notre famille. Tous sont magnifiques, mais celui que j'ai entre les mains est spécial, il est fait par l'un des êtres qui m'est le plus chère, il est encore plus beau que les autres.
- Tu dessines avec ces crayons tout usés ? Fit une voix surprise. Et les pinceaux… Ne nous dis pas que tu peins avec, ça ?
- Si, je… Le monde sorcier ne vend pas beaucoup de pinceau et de peinture, les crayons de couleur et le fusain j'arrive encore à le trouver… Répondit timidement Albus, honteux de son matériel et parlant de plus en plus vite semblant vouloir se justifier de cela alors que c'est nous qui aurions dû l'aider à financer son matériel. J'ai favorisé l'achat de toiles, c'est encore plus rare, je les achète à un élève Poufsouffle qui sait où s'en procurer, c'est un né-moldu. Précise-t-il doucement.
- On ne vend pas de quoi peindre dans le monde sorcier ?
- Non, Pap'. C'est réservé aux spécialistes, c'est un cercle très fermé. Souvent, les futurs peintres et restaurateurs de tableaux sont des enfants de peintre eux-mêmes, alors aucune boutique ne prend la peine d'en vendre.
- Mais comment fais-tu pour t'acheter du matériel ? Demandai-je en regardant mon fils, de nouveau honteux d'avouer le pourquoi du piteux état de son matériel.
- Je garde de l'argent de poche et quand on part en vacances, parfois, j'arrive à trouver une boutique qui en vend. Fit-il rouge pivoine. Mais c'est assez rare, j'ai pu le renouveler que cinq fois.
Je comprenais à présent le pourquoi de la disparition de mon fils pendant nos sorties. Et le pourquoi de ce matériel déplorable, il avait dû faire vite et prendre ce qui lui tombait sous la main.
- Je sais qu'artiste-peintre est un métier incertain qui ne donne aucune certitude en mon avenir, et qu'il n'est pas certain que je retire de l'or de ce que je fais… Fit-il semblant réciter ce qu'il avait dû s'entraîner à dire maintes et maintes fois. Alors je veux aussi faire de la rénovation, j'aurai plus de chance d'emplois et je pourrai faire à côté ce que j'aime et peut-être gagner en notoriété… Fit-il à toute vitesse, comme chaque fois qu'il était stressé.
- Calme-toi, Albus. Dis-je d'un ton doux. Tu n'as pas à nous convaincre.
- Nous te suivrons quoique tu veuilles faire.
- Et en l'occurrence, tu es très doué.
- Vous… Vous acceptez pour l'école ? Dit-il semblant ne pas croire ce qu'on lui affirme pourtant.
- Bien sûr qu'on est d'accord !
Albus sauta dans nos bras en pleurant de joie. Il avait repris son coffret en tremblant un peu, et était reparti dans sa chambre un sourire béat collé aux lèvres.
- Comment avons-nous fait pour rater ça ? Demandai-je abasourdis.
- Je sais pas. Fit mon amour en se prenant la tête dans les mains. Mais sa sœur est forcément au courant !
C'est en me relevant que je remarque qu'Albus a oublié de reprendre le tableau où nous sommes tous représentés. On se met d'accord pour l'accrocher, juste en face de la porte, pour qu'on ne voie que ça ! Nous sommes si fiers que nous ne pouvons pas ne pas le montrer.
C'est sans grande surprise que nous retrouvons nos enfants devant le tableau le lendemain matin.
- Il est super ce tableau ! Je ne savais pas que vous en aviez fait faire un nouveau ! Fit Lucas en souriant.
Lily qui était là pour une semaine, histoire de retrouver un peu ses frères et sœurs qu'elle voyait moins depuis son départ de Poudlard, approuva le nouveau tableau. Tout comme Jade qui au vu de son regard devait bien être au courant du don de son frère.
Albus arriva le dernier, semblant repousser son arrivée le plus possible, il ouvrit grand les yeux quand il vit son tableau accroché à une place de choix.
- Tu as vu, Al ? Les parents ont fait faire un nouveau tableau, il est super non ? Demanda Lily en regardant à nouveau la toile.
- Il a un petit quelque chose de différent, c'est envoûtant. Ajouta Lucas en le regardant pensivement.
- Oh, heu oui. Super. Fit Albus en s'asseyant sans rien rajouter, devenant aussi rouge que la veille.
Lucas et Lily furent surpris par son silence, il était toujours le premier à regarder un nouveau tableau. Mais ils ne dirent rien, laissant leur frère tranquille. C'est à cet instant que je remarque tous ses petits détails, Albus regardant attentivement les tableaux. Jetant un regard qu'il voulait discret à la décoration quand nous visitions un endroit. Il regardait souvent les personnes moldues qui peignaient dans la rue. Il avait su habilement ne rien montrer, mais cela allait changer. Nous avions un fils qui avait une passion et un don, et tout comme avec les trois autres, nous en étions fiers ! Il serait donc hors de question que nous cachions cela. Nous allions aider Albus à ne pas avoir honte de ce qu'il faisait.
- Tu as fini, Albus ? Demandai-je alors que je voyais qu'il avait terminé son petit-déjeuner.
- Oui, Papa.
- Prépare-toi alors, on sort. Rien que tous les deux ! Dis-je en me levant.
- D'accord. Fit-il inquiet mais heureux en allant prendre ses affaires.
Nous avions beaucoup discuté hier soir après son départ, Albus avait besoin de matériel pour faire ce qu'il aimait. Et j'avais envie de remédier à cela pas plus tard qu'aujourd'hui ! Une sortie à deux comme cela ne nous était pas arrivée depuis longtemps. Même son frère et ses sœurs paraissaient surpris, on ne prévoit jamais rien à la dernière minute et il est rare qu'on ne dise rien sur la sortie. Mais au vu du comportement de leur frère, ils devaient comprendre qu'il y avait une bonne raison et ne nous posèrent pas de questions. Ils en poseraient sûrement quand nous serions partis !
C'est ainsi qu'Albus et moi nous retrouvons devant une boutique moldue spécialisée dans le matériel artistique. Albus me regarda des étoiles plein les yeux.
- Une personne que nous connaissons bien tous les deux, avec des origines moldues et connaissant presque tout sur tout, m'a conseillé cette boutique. Dis-je avec un sourire tendre.
Albus sourit encore plus et entra timidement à ma suite, pourtant c'était bien moi le plus perdu des deux. Albus se jeta presque dans le rayon des crayons de couleur.
- Je… Je peux acheter quelque chose ? Fit-il timidement.
- Albus ! Dis-je en levant les yeux au ciel d'exaspération. Si on est ici, ce n'est pas pour regarder mais bien pour t'acheter tout ce qu'il te faut ! Je vais aller prendre un des paniers étranges que j'ai vu en rentrant, on mettra tout dedans ! Dis-je simplement alors qu'Albus ne m'écoutait déjà plus, regardant attentivement ce qu'il voulait acheter.
Albus remplissait le panier peu à peu, alors que j'essayais de comprendre ce que je pouvais voir. J'ai été élevé du côté moldu donc j'en sais un minimum, mais certains objets ne me disaient vraiment rien. Albus avait enfin cessé de demander mon accord à chaque achat, je le suivais donc tranquillement sans rien dire. J'espérais au moins qu'il prenait ce qu'il y avait de mieux, mon fils aura le meilleur matériel qui soit ! Il a dû se débrouiller tout seul pendant des années, ce temps-là est révolu ! Il n'aura plus qu'à se soucier de faire ce qu'il aime le plus et de s'améliorer, si c'est possible étant donné que son niveau est déjà bien élevé. Non, ce n'est pas parce que c'est mon fils que je ne suis pas objectif !
Le panier était plein quand nous atterrissons vers les toiles et chevalets. Mais il passa devant le chevalet après un simple regard, pourtant c'est très utile.
- Tu ne veux pas d'un chevalet ? Demandai-je avec surprise.
- Non, Papa. Dit-il en me regardant avant de se retourner vers les toiles.
- Pourquoi ? Demandai-je suspicieux.
- Je n'en ai pas besoin. Répondit-il rapidement, trop rapidement.
- Albus ! Dis-je d'un ton menaçant, il me mentait, je le savais et il le savait parfaitement.
- Papa, j'ai un peu de mal avec l'argent moldu mais… Fit-il tout bas avant de regarder autour de nous pour être sûr qu'on ne nous entende pas. Le prix est à deux ou trois chiffres alors que ces articles sont à un ou deux, c'est sûrement trop cher !
Je regarde mon fils avec surprise, puis fierté. Nous avons réussi ! Je m'en rends compte là, au milieu des toiles, des chevalets et de boites de rangement. Nous avons bien plus d'argent qu'il nous en faut mais nous avions voulu apprendre à nos enfants la valeur de l'argent, que certains n'ont rien et qu'il ne faut pas le dépenser n'importe comment. Et là, dans ce magasin moldu, je me rends compte que nous avons réussi à faire en sorte qu'ils soient de futurs adultes responsables.
- Puis-je vous aider ? Demanda le vendeur de la boutique.
- Oui, j'aimerais acheter un chevalet. Dis-je d'un ton catégorique en regardant Albus qui faisait une petite moue à l'idée que j'allais dépenser de l'or pour lui. Quelque chose de bien, transportable, léger, fonctionnel…
Le vendeur rit doucement, un rire moqueur que je savais parfaitement identifié, étant moi-même un expert de ce genre de rire.
- Excusez-moi, Monsieur. Se reprit-il gentiment. Mais le matériel moldu offre peu de possibilités dans tout ce que vous demandez.
Je le regarde surpris, c'est visiblement un sorcier ou en tout cas quelqu'un connaissant le monde sorcier. Ma main cherche ma baguette magique dans un automatisme bien ancré en moi.
- C'est un honneur pour moi de recevoir dans ma boutique l'un des Erotes de Jade. Fit-il en s'inclinant légèrement les mains bien en vue pour me montrer qu'il ne nous voulait aucun mal. Je vous ai laissé faire vos achats tranquillement mais quand je vous ai vu approcher des chevalets… Je sais que nous avons un meilleur matériel. Fit-il un peu hésitant en regardant ma main qui était prête à dégainer ma baguette.
Je le jauge du regard et me relaxe doucement. Il souffle de soulagement, il me connaît, comme tout le monde sorcier, il sait qu'il n'est pas bon de me mettre en colère. Je me décale, m'apercevant enfin que je m'étais mis devant mon fils dans l'éventualité d'une attaque. Je le vois lever les yeux au ciel, il ne peut comprendre mon inquiétude, il ne sait pas ce que c'est d'avoir peur ne serait-ce que de sortir de chez soi ou même d'y entrer. Il n'a pas connu la guerre et j'espère bien qu'il ne la connaîtra jamais.
- Pourquoi êtes-vous du côté moldu si vous vendez aussi du matériel sorcier ? Demanda Albus plein de curiosité.
- Peu de sorciers achètent de quoi faire de l'art, ceux qui s'y lancent sont toujours issus de famille pratiquant l'art depuis des générations.
- Mais si quelqu'un qui n'en est pas issu veut se lancer, cela privilégie ceux qui naissent dans ce milieu. Fit mon fils en cachant sa colère.
- Certains ont essayé de changer les choses, mais rien n'a changé, il nous manque un esprit jeune qui pourrait raviver la flamme. Fit-il en regardant mon fils attentivement. Suivez-moi, Messieurs. Je vais vous montrer ce qu'il y a de mieux.
Moi qui avais pensé que la visite était presque finie, je redescendis sur terre quand je vis l'arrière-boutique sorcière. La journée n'était définitivement pas finie. Il n'existait peut-être que trois sortes de chevalet, mais il y avait des tubes de peinture aussi petits que ceux moldus mais qui contenaient cent fois plus de peinture. Il y avait des toiles spéciales pour les portraits magiques, des toiles que l'on pouvait dupliquer un certain nombre de fois pour faciliter le stockage du matériel. Des crayons de couleur dont on pouvait éclaircir la couleur ou au contraire la rendre un peu plus foncée. Je fus malgré moi passionné par toutes ces nouvelles découvertes. Il y avait tant de choses que nous ne connaissions pas, j'étais finalement heureux d'avoir rencontré cet homme.
Albus finit même par lui demander conseil, cet homme semblait vraiment s'y connaître et conseillait mon fils sans lui imposer ses choix, ce que j'appréciais particulièrement. Nous nous retrouvions avec beaucoup de produits, sorciers comme moldus, j'avais insisté pour qu'Albus prenne tout, quitte à ce qu'il en ait en double, il verrait à l'usage quel produit il préférait. Je finis par décider pour Albus de prendre le chevalet qu'il reluquait presque assez discrètement, un chevalet portatif qui pouvait contenir tout le matériel voulut tout en étant sécurisé pour ne pas les abîmer. Il y avait même la possibilité de ranger jusqu'à cinq toiles dans un compartiment dissimulé derrière. Il y avait un bouton pour activer le mode moldu, une fois activé le chevalet ressemblerait à un chevalet classique et aucune fonctionnalité magique ne pourrait être activée par mégarde. Il coûtait un peu plus de 45 Gallions mais il avait vraiment l'air fonctionnel. Mon fils n'avait pas eu le temps de protester qu'il se retrouvait avec le chevalet dans les bras ainsi qu'un rangement magique pour ses toiles. Bien plus adapté que son coffret.
C'était à son tour de me suivre jusqu'à la caisse du marchand. Il fit le compte de tous nos articles, les réduisit et mit les deux sacs dans les mains de mon fils. Albus faillit s'étouffer avec sa salive quand il entendit le prix, 253 Gallions 10 Mornilles et 5 Noises. Je fouille dans ma bourse et paie sans broncher. Le vendeur tendit sa carte de visite à Albus qui la prit dans un état second. Puis le vendeur nous laissa utiliser sa cheminette pour rentrer chez nous.
Une fois à la maison, Albus tenait toujours ses deux sacs ainsi que la carte du vendeur, il semblait ne pas y croire. Il me regarda un peu perdu, lâcha ses paquets et me sauta au cou. Je n'avais plus l'habitude d'une telle démonstration d'affection de sa part depuis bien longtemps, d'un geste automatique, je resserre mes bras autour de mon fils. Je peux sentir ses larmes tomber sur mon t-shirt.
- Allez, mon fils. Fais-nous d'autres chefs-d'œuvre ! Dis-je en frottant son dos de ma main.
- Merci Papa. Fit-il en s'écartant de moi.
Il avait un grand sourire aux lèvres, je l'avais rarement vu aussi heureux. Il prit ses paquets et fila comme un Éclair de Feu dans sa chambre. Il bouscula presque sa sœur jumelle en sortant du salon.
- Il part où comme ça ? Demanda Lily qui était derrière Jade.
- Nous avons officiellement un nouvel artiste dans la maison ! Fit Jade en montrant le tableau d'Albus d'une main.
Lily regarda sa sœur, le tableau, puis moi pour y trouver la vérité.
- Par Merlin ! Mais pourquoi il ne l'a pas dit plus tôt ? Je vais aller dire ça à Lucas ! Fit-elle en sortant presque en courant, du moins aussi rapidement qu'une femme enceinte le pouvait.
- Tu es au courant depuis quand ? Demandai-je à ma fille en la regardant d'un air accusateur.
- Depuis toujours ! Fit-elle dans toute la quintessence de l'innocence. C'est mon frère jumeau après tout !
- Pourquoi ne rien nous avoir dit ?
- Si tu me poses la question, c'est qu'on ne t'a pas tout dit. Fit-elle surprise. À dix ans nous avons joué dans le grenier et avons trouvés un vieux bloc à dessin. Nous l'avons laissé là où il était, mais Albus a compris que cela serait un sujet douloureux et a préféré se taire. Je l'ai convaincu de vous en parler, il n'a pas eu trop le choix vu qu'il veut faire une école d'art. Mais parlez-en, s'il vous plait. Je sais qu'Albus s'inquiète encore.
Elle partit en me laissant planté là. J'ai été jusqu'au grenier en lançant un Accios. Et trois blocs de papier à dessin me tombèrent dans les mains. Je compris rapidement, son nom était inscrit au début, puis il y avait les dessins. Harry, Hermione, toute la famille Weasley.
C'était les dessins d'écoles de Ronald Weasley.
Fin du Flash-Back
Mon regard dévia sur le tableau d'Albus qui n'avait toujours pas quitté sa place. Finalement, Ronald Weasley serait toujours là, quelque part dans nos vies. C'était à cause de lui que mon fils n'avait rien dit, parce qu'il savait que cela ferait remonter des souvenirs. Il avait juste pensé que ses souvenirs seraient douloureux. L'étaient-ils ?
Ronald avait fait des choix, pendant des années nous nous sommes demandé pourquoi il les avait faits. J'étais le mieux placé pour le comprendre. Par jalousie, il avait choisi de trahir tous ses principes. Quand cela avait commencé ? On avait reconstitué l'histoire et nous nous étions dit que la trahison avait peut-être commencé après la bataille au Ministère. Bien qu'au final, nous n'aurions jamais de certitude, outre le fait qu'aucun de nous ne pouvait vraiment lui en vouloir.