Il l'avait laissé dans la paix et le calme du flanc de la montagne alors que la lune brillait majestueusement au dessus de leurs têtes, illuminant leur route en les baignant d'une douce lumière argentée. Alors qu'ils trottaient en silence, elle caressa sa jument, son cadeau de mariage qu'elle avait reçu quelques heures plus tôt, dans une attente désespérée de calmer ses nerfs et tranquilliser son cœur qui frappait violemment sa poitrine.

C'était cela. Le mi-homme mi-animal allait la faire sienne en prenant sa virginité et en possédant son corps dans la même violente mélodie qu'elle avait pu apercevoir plus tôt à son rituel de mariage. En l'observant, elle se sentit nauséeuse à la vue de cet acte dégradant. Mais elle allait devoir y participer, et cela l'effrayait.

Cela faisait-il mal ? Allait-elle se couvrir de honte et de pleurs ? Allait-il seulement s'en soucier ?

Elle fixa le dos couvert de cicatrices montant sur l'étalon devant elle et savait que, s'il le voulait, il l'y forcerait. Il était un homme puissant, le meilleur guerrier de son clan avec ses cheveux symboliquement laissés longs. Il forçait le respect dans son Khalasar. Ce statut n'était pas celui d'un homme doux mais celui d'un combattant qui prenait ce qu'il voulait par la force.

Contrairement à elle, une gamine de treize ans, frêle et bienveillante par nature. Quelles chances avait-elle ?

« Je laisserai avec joie tous les Dothrakis et même leurs chevaux te violer si cela pouvait me ramener ma couronne petite sœur… » Elle frissonna en repensant aux mots de son frère. Elle ne trouverait aucune aide de son roi si elle s'opposait à cette union.

Elle était une jeune fille, seule et perdue dans les mains de son destin. Sa famille avait été renversée en quelques semaines dans des batailles sanglantes avant même qu'elle ne naisse. Sa mère était morte avant que Daenerys ne prononce son premier mot. Elle avait été élevée sur une terre étrangère, écoutant les récits sur la grandeur des Targaryen et maintenant elle était à la merci d'un homme qui lui semblait plus être un barbare qu'un potentiel allié au trône de fer. A ce moment, alors qu'elle avait une peur accablante de ce que Khal Drogo allait lui faire, elle se sentait totalement impuissante.

Non ! Une voix avait soudainement crié dans sa tête, révélant pour la première fois une assurance qu'elle ne se connaissait pas. Elle n'avait jamais été attentive à cela et maintenant, tout remontait à la surface en une fière rébellion. Je suis la fille et la petite fille de reines descendantes de la grande lignée des Targaryen. Je ne serai pas impuissante. Je suis Daenerys du Typhon.

Ses éclatants yeux violets s'incendièrent alors qu'elle leva le menton. Tout va bien, je suis Daenerys du Typhon de la maison Targaryen et je vais affronter mon destin avec dignité et honneur, comme le ferait une femme de ma lignée, décida t'elle à ce moment. Je ne vais pas battre en retraite comme une enfant plus longtemps, ce soir je deviens une femme et une reine.

Quelques instants plus tard, Khal Drogo assena son cheval et s'arrêta dans un endroit à couper le souffle, en face de la mer. Ses yeux rencontrèrent les siens et avec un grand contrôle, elle ne baissa pas son regard mais continua à le fixer alors qu'elle descendait avec une grâce qu'elle ne se connaissait pas.

Il était temps.

Il tourna doucement autour d'elle, ses yeux scrutaient chaque détail de son corps. Avec la même douceur que le vent soulevant délicatement sa robe sur ses courbes naissantes et les mèches de ses cheveux défilant devant ses yeux.

-Non. Il chuchota alors qu'il déplaça une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille.

Daenerys se trouva prise au dépourvu devant cette voix aux tonalités si douce et à cette chaleur derrière ses yeux.

Il continua de l'encercler, explorant son corps de ses mains calleuses. Cette sensation était inhabituelle mais loin d'être déplaisante. Elle regarda le sol, plus précisément ses pieds alors qu'elle sentait le rouge lui monter aux joues.

-Non. Il murmura encore en prenant d'une main son menton, la forçant à le regarder. Elle découvrit alors une expression qu'elle ne lui avait jamais connue.

Puis, il enleva doucement les bretelles de ses épaules, faisant tomber le fragile tissu au sol, flottant autour de ses chevilles.

Elle s'était promise à elle-même qu'au moment venu, elle ne serait pas aussi lâche qu'un enfant, mais se tiendrait debout devant cet homme qui la faisait se sentir si vulnérable. Mais pendant un moment, elle s'oublia elle et ses paroles et recouvrit ses seins de ses bras. Comme pour se protéger.

Un léger froncement de sourcils barra le front du Khal alors qu'il enveloppa de ses grandes mains les petits poignets et les éloigna doucement de la poitrine. « Non », il déclara tout aussi délicatement alors qu'à côté de lui, sa belle exposait sa nudité, un doux et petit sourire aux lèvres.

Elle avala de travers quand il commença lui-même à enlever ses vêtements, paniquant mais tentant de combattre vaillamment cette incertitude et de commencer à se mettre en position adéquate.

« Je suis une reine. » Essaya-t-elle de se dire fermement alors qu'elle le voyait se défaire de son pagne, ce qui ne la rassura nullement. Malgré son attente de rencontrer cet homme avec la férocité qu'on attendait d'une Targaryen, elle était horrifiée de se rendre compte que des larmes coulaient le long de ses joues en pensant à ce qui allait lui arriver. A ce qu'il allait lui faire.

Il stoppa ce qu'il était en train de faire et la regarda droit dans les yeux, voyant ses larmes dévaler son visage. Il tâcha d'enlever délicatement avec son pouce l'eau qui gâchait sa douce peau.

« Non » il murmura tristement, secouant la tête devant la peur de sa femme. Il espérait qu'il pourrait communiquer avec elle et lui dire qu'il ne voulait en aucun cas la blesser.

Il la posséda peu de temps après ça et même si c'était légèrement inconfortable et douloureux à certains moments, il n'était pas du tout l'homme dont elle avait été témoin lors de leur mariage. Pour dire la vérité, il avait été doux et prévenant tout au long de l'acte, pour le plus grand étonnement de Daenerys.

Et c'était fini. Elle n'était plus la fille craintive et inutile qui était si facilement dominée par son frère, mais une femme et une Reine.

Le feu qui était dans son ventre fût réveillé et c'était la promesse au-delà de cela, d'engloutir les sept royaumes.

La maison Targaryen n'était pas facilement brisée.