CHAPITRE 1

Lundi 22 Octobre. 23h34.

Clarke s'agenouille sur le sol en voyant ses parents faire la même chose devant elle. Elle avale sa salive et lève ses yeux vers tous les arbres autour d'elle. La plupart des adolescents de dix-sept ans passent leurs soirées avec leurs amis, dans des bars ou à leur domicile. Mais ce n'est pas le cas pour Clarke. Elle, ses soirées, elle les passe dans la forêt.

Jake et Abby se remettent à marcher, alors qu'elle continue à les suivre. Les feuilles mortes des arbres crissent sous ses pieds dès qu'elle fait un pas. Elle resserre ses doigts sur la dague qu'elle porte dans la main. Ce qu'elle est en train de faire, elle en est obligée par ses parents… Pourtant, elle aimerait que tout cela cesse. Mais c'est son héritage, elle ne peut pas tourner le dos à sa famille de cette façon.

- Ne bougez plus, murmure sa mère juste devant.

Clarke se fige juste derrière son père, en ralentissant sa respiration. Elle regarde au loin et aperçoit quelque chose. Elle sait immédiatement ce que c'est. Un loup-garou.

La famille Griffin est la famille la plus connue parmi tous les chasseurs de loups garous. Ils sont en activité depuis plusieurs générations déjà. Son grand père est toujours un chasseur de loup garous, et elle sait que son grand-père à lui l'était également. Ils se sont transmis toutes leurs connaissances, et elle devra le transmettre à ses enfants dans le futur. Elle est encore en apprentissage, bien-sûr. Ses parents essayent de lui apprendre, mais elle a beaucoup de mal… Parce qu'elle ne comprend pas pourquoi ils veulent s'en prendre aux loups garous. Ces derniers peuvent attaquer, c'est évident… Mais ce sont des personnes qui ont une vie de leur côté : des amis, de la famille. Elle n'y arrive toujours pas.

- Je vais lui tirer dessus, dit Abby en regardant son mari.

Ce dernier acquiesce lentement. Abby prend son arbalète et amène le viseur près de son œil. Elle pousse un léger souffle pour se stabiliser. Elle appuie finalement sur la gâchette. La flèche en argent se plante dans le torse du loup-garou devant eux. Clarke pince ses lèvres alors que ce dernier pousse un long cri, tout en s'écroulant sur le sol. Abby et Jake s'approchent de lui alors qu'elle reste figée sur place, fermant les yeux devant le cri de douleur du loup. Jake la regarde en poussant un soupir. Ce n'est pas la première fois qu'elle reste paralysée devant l'un d'eux.

- Clarke, tu peux approcher. Il ne va rien te faire.

Clarke avale sa salive en hochant la tête, et fait quelques pas vers ses parents. Elle regarde le loup se tordre de douleur au sol. Il a des longues canines et des yeux de couleur jaunes. Il pourrait être quelqu'un de son lycée, elle ne le sait même pas. Son visage est recouvert de poils sur le côté. Elle tremble en le voyant. Abby la regarde.

- Achève-le.

Sa fille tourne rapidement son visage vers elle en grossissant les yeux. Jake pose sa main sur l'épaule de sa femme en lui disant le mot « Non ». Il comprend sa fille mieux que quiconque. Abby continue à fixer Clarke, le regard dur.

- Il est en train d'agoniser sur le sol, explique-t-elle. Met fin à ses souffrances.

- Pourquoi est-ce que tu ne le fais pas dans ce cas ? demande Clarke.

- Je veux que tu apprennes à les tuer. Il faut que tu les voies comme ce qu'ils sont réellement : des bêtes féroces qui t'attaqueraient sur le champ s'ils te voyaient sans défense.

Clarke devrait faire semblant d'être de leur côté, mais elle ne peut pas prétendre. Elle ne peut pas faire comme si elle était d'accord avec tout ça. Elle secoue rapidement la tête alors que le regard d'Abby devient de plus en plus menaçant. Elle s'approche de sa fille alors que cette dernière recule d'un pas. Abby prend la dague qu'elle possède dans la main et lui met devant le nez. Clarke avale sa salive en essayant de ne pas montrer ce qu'elle ressent au plus profond d'elle-même.

- Tu sais que ce qu'on fait est important, lui explique doucement sa mère. Il faut que tu sois forte, d'accord ? Ils n'hésiteraient pas à te tuer s'ils voyaient à quel point tu as peur d'eux. Fais ce que je te dis, chérie.

Elle tend de nouveau la dague vers elle. Clarke souffle un grand coup et la prend entre ses doigts. Elle s'approche lentement du loup-garou sur le sol et s'agenouille à ses côtés. Elle ferme les yeux pour essayer de se concentrer. Il faut qu'elle le fasse, sinon ses parents ne lui feront jamais confiance.

- Je suis désolée, murmure-t-elle.

Elle serre sa main autour du poignard et le plante violemment dans le cœur du loup. Celui-ci pousse un dernier soupir et meurt sous ses doigts. Clarke essuie la larme qui vient de couler sur sa joue et se relève lentement, en tendant la dague vers sa mère. Elle ne l'attend même pas et commence à faire le chemin retour jusqu'à chez elle. Elle ne veut pas écouter les appels de ses parents derrière, elle ne veut penser à rien.

Clarke rentre chez elle et monte les escaliers, en fonçant dans sa chambre. Elle pousse la porte de sa salle de bain personnelle et s'agenouille devant les toilettes, en vomissant tout ce qu'elle a dans l'estomac. Elle sent des larmes ruisseler sur ses joues. Elle sait qu'il faut qu'elle s'endurcisse, elle le sait… Elle sort son téléphone portable en reniflant.

Clarke G. : « Est-ce que tu peux passer à la maison ? J'ai besoin d'une épaule sur laquelle pleurer, c'est urgent. »

Wells J. : « Je suis là dans cinq minutes. Tiens bon. »

Clarke s'écroule sur son lit en plaquant une main sur son front. Elle appelle toujours Wells dans ses moments de détresse, parce qu'il est son meilleur ami. Elle ne voit pas sa vie sans lui désormais, elle le connait depuis toujours. Leur relation a toujours été platonique. Ils se sont posés la question de ce qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre, bien-sûr, mais ils en ont conclus qu'ils ne s'aimaient pas d'une autre manière qu'entre frère et sœur. Ils s'entraident lorsqu'ils ne vont pas bien.

- Je suis là, dit-il en entrant dans sa chambre.

Elle tend immédiatement ses bras, alors qu'il la serre directement contre lui. Elle commence à pleurer dans son torse tandis qu'il caresse lentement son dos, lui murmurant des mots rassurants dans l'oreille, même s'il ne sait même pas ce qui lui arrive. Elle se calme au bout de quelques minutes et pousse un soupir.

- J'ai tué un loup aujourd'hui.

Il resserre ses bras autour d'elle alors qu'elle mord sa langue en fermant les yeux. Elle soupire une nouvelle fois.

- Ma mère lui a tiré dessus et j'ai dû finir son travail.

- Clarke, tu n'as pas eu le choix…

- Je le sais, répond-elle en coupant sa parole. Et je sais que je vais devoir le refaire encore et encore jusqu'à la fin de mon existence. Mais je n'arrive pas à m'y faire.

- Il faut que tu t'endurcisses.

Elle secoue la tête contre lui, s'énervant contre toute cette histoire. Elle aurait aimé avoir une famille normale, mais ce n'est pas le cas. Elle aurait aimé se soucier des problèmes de filles de son âge : les cours, les amis, les petits amis… Mais non. Elle n'a qu'un seul ami et n'a jamais eu de copain ou de copines. Jamais. Elle est seule, ses parents sont la seule chose dans sa vie… C'est pour ça que Wells a raison. Il faut qu'elle réagisse, qu'elle devienne plus adulte et qu'elle exécute ce qu'ils lui disent.

- Je vais essayer, murmure-t-elle finalement. Je vais essayer de m'améliorer.

Il hoche la tête et dépose un baiser sur son front. Elle sourit contre son torse et ferme les yeux, en commençant à s'endormir.

Elle part au lycée à ses côtés le lendemain. Ils n'ont pas cours ensemble, puisqu'ils sont dans des filières différentes, mais ils partagent souvent les mêmes horaires. Elle se sépare de lui dans la matinée pour se rendre à son casier. Elle prend quelques manuels mais sursaute lorsqu'elle entend un bruit sur le côté. Elle tourne légèrement son visage et voit Bellamy Blake, un élève de sa classe, en pleine discussion avec sa petite sœur. Elle continue à les observer. Elle a toujours rêvé avoir un frère ou une sœur. Elle voit à quel point ils semblent proches à chaque fois qu'elle les voit. Elle ne les connait pas personnellement, elle a dû décrocher trois mots à Bellamy en trois ans de lycée. Il semble sympathique, c'est tout ce qu'elle a réussi à observer de lui. Elle sait aussi qu'il a un groupe d'amis avec qui il est tout le temps, notamment Miller, Raven et Harper. Ils ont l'air d'être tous très proches.

Octavia se sépare de Bellamy et commence à marcher dans le couloir, sans doute pour aller dans sa propre classe. Clarke passe près d'elle et croise soudainement son regard. Octavia lui fait alors un grand sourire.

- Salut, Clarke !

Elle passe alors que Clarke se fige en plein milieu du couloir. Elle ne savait même pas qu'Octavia connaissait sons nom, comment est-ce que ça se fait ? Elle voit Bellamy au loin se gratter nerveusement la nuque avant de rentrer dans la salle de cours. Clarke racle sa gorge et le suit, en essayant d'oublier ce qui vient de se passer.

Elle se met à sa place et attend le début du cours de littérature. Elle sort l'un de ses carnets et commence à écrire ce le professeur leur dit. Elle s'arrête alors que ce dernier parle des exposés qu'ils vont devoir faire dans quelques semaines.

- Je vous ai assigné à tous un partenaire au hasard. Je vais vous appeler, vous allez vous approcher et je vous donnerai votre thème.

Clarke soupire en grattant l'un de ses sourcils. Elle n'a jamais aimé les choses en groupe parce qu'elle ne parle pratiquement à personne dans cette classe. Elle ne se mélange pas vraiment aux autres. Elle espère tomber avec quelqu'un avec qui elle a déjà parlé au moins une fois, en tout cas.

- Le troisième groupe sera composé de Clarke Griffin et de Bellamy Blake.

Elle pince ses lèvres en se levant de sa chaise en entendant avec qui elle est assignée. Elle aurait pu tomber avec pire, c'est sûr. Bellamy se place à côté d'elle devant le bureau du professeur et ils attendent leur sujet.

- Très bien, vous aurez un sujet de dissertation : « Dans quelle mesure la représentation d'utopie remet-elle en cause les limites de la scène théâtrale ? ». Plan en trois parties avec trois sous parties, bien évidemment.

Ils hochent tous les deux la tête et repartent à leurs places en écrivant respectivement sur leurs cahiers le sujet, pour ne pas l'oublier. Clarke mâchouille son stylo le restant du cours, en pensant à ce devoir qu'elle va devoir rendre. Elle va être obligée de voir Bellamy en dehors des cours et ça la stresse énormément. Elle ne sait absolument pas comment il est, ça lui fait peur. Elle souffle un grand coup et attend patiemment la fin de la classe. Elle se lève lorsque la sonnerie retentit et range ses affaires dans son sac. Elle s'apprête à sortir mais Bellamy arrive vers sa table en lui faisant un léger sourire.

- Salut, dit-il finalement en la regardant. Est-ce que tu veux qu'on parle cinq minutes du sujet qu'on doit faire ? Comme ça nous pourrions faire nos recherches chacun de notre côté avant de se réunir pour partager nos idées.

Elle est surprise de le voir aussi sérieux à propos de cet exposé. Elle hoche finalement la tête en lui rendant son sourire. Ils marchent jusqu'à son casier en parlant de la question de l'utopie et en essayant de se rappeler des citations dans les livres qu'ils sont en train d'étudier. Ils arrivent à son casier et en parlent encore quelques minutes.

- Je ne sais pas vraiment ce que le professeur attend de nous, lui dit Bellamy en grimaçant. Mais on va faire de notre mieux, en tout cas.

- Bien-sûr, répond-elle en hochant la tête.

Il la regarde un certain temps, ce qu'elle ne comprend pas immédiatement. Bellamy a toujours observé les gens, mais jamais elle en particulier. Peut-être qu'il ne s'était jamais rendu compte de sa présence auparavant, elle ne sait pas.

- Je dois aller rejoindre ma sœur, dit-il au bout d'un moment. J'ai hâte de travailler avec toi, Clarke.

Il lui fait un léger sourire alors qu'elle plisse les yeux en le regardant partir. Il est plutôt sympathique, ce qui la rassure… Mais est-ce qu'il était en train de flirter avec elle ? Non. C'est juste impossible. Il ne la connait même pas.

Elle rentre chez elle en fin de journée et embrasse la joue de ses deux parents. Elle leur demande s'ils comptent sortir ce soir mais ils secouent la tête. Elle monte dans sa chambre en mordant sa lèvre. Elle a dit à Wells qu'elle allait s'endurcir, et c'est ce qu'elle compte faire. Elle va sortir dans le dos de ses parents ce soir, il faut qu'elle le fasse. Elle prend en attendant son ordinateur portable et regarde les devoirs qu'elle a à faire. Elle se met à la tâche et descend manger au bout d'un moment.

- Comment s'est passée ta journée ? demande son père en la regardant.

- Bien, répond Clarke en hochant les épaules. J'ai un exposé à faire pour le mois prochain.

Son père lui demande le sujet alors qu'elle commence à en parler. Sa mère s'y intéresse également et lui pose des questions. Clarke remonte au bout d'un moment et regarde un film en attendant qu'il fasse nuit. Ses parents viennent lui dire bonne nuit vers 23h en lui disant de se coucher. Elle hoche la tête et attend qu'ils rentrent dans leur chambre. Elle se lève alors de son lit et enfile son jean noir ainsi qu'un gilet à capuche noir. Elle fait les cent pas dans sa chambre en essayant de respirer calmement. Elle peut le faire, elle n'a pas à avoir peur. Elle ouvre son armoire et prend son arbalète avec elle.

Elle sort de chez elle sur la pointe des pieds, pour ne pas faire de bruit. Elle se dirige immédiatement dans la forêt. Il fait nuit, il y a des bruits suspects autour d'elle, mais elle ne doit pas paniquer. Elle sursaute cependant lorsqu'elle entend son téléphone portable sonner dans sa poche. Elle décroche.

- Allô ?

- Je rêve où tu viens de passer devant chez moi avec une arbalète à la main ? demande la voix de Wells à l'autre bout du fil.

- Tu ne rêves pas. J'ai décidé de m'endurcir, comme tu me l'as dit.

- Clarke, tu es seule… C'est dangereux.

Elle lève les yeux au ciel même si elle sait qu'il ne peut pas la voir en ce moment même. Elle continue à marcher en faisant attention à ce qu'il se passe autour d'elle.

- Ne t'en fais pas pour moi, tout se passera bien.

- Très bien, mais envoie-moi un message lorsque tu auras terminé.

- Ça marche. À demain.

Elle raccroche et remet son téléphone dans sa poche. Elle continue tout droit, en s'enfonçant un peu plus profondément dans les bois. Elle mord sa lèvre lorsqu'elle voit l'endroit où elle a tué le loup la nuit précédente. Son corps n'est plus présent. Sa meute a dû le récupérer, ne sachant pas ce qu'il lui est arrivé. Elle ferme les yeux en inspirant et en expirant lentement.

Elle entend soudainement une branche craquer derrière elle. Elle se retourne en levant son arbalète au niveau de ses épaules. Son cœur tambourine dans sa poitrine alors qu'elle voit une forme devant elle. Elle sait que c'est un loup garou lorsqu'elle dirige son regard vers ses mains : il a des griffes. Elle n'arrive pas à distinguer son visage, mais elle plonge ses yeux dans les siens. Ils sont rouges et hypnotisants. Un Alpha. Il devrait déjà l'attaquer, puisqu'elle ne bouge pas depuis plus de dix secondes. Elle devrait appuyer sur la gâchette, mais elle n'y arrive pas. Elle a l'impression de le connaitre, elle ne sait pas pourquoi. Sa posture lui rappelle quelqu'un… Bellamy ?

Elle avance d'un pas pour pouvoir mieux le voir, mais il recule. Elle essaye à nouveau mais il s'éloigne d'elle et commence à courir dans une autre direction. Elle souffle un coup et baisse son arme. Elle aurait dû tirer, mais son cœur lui disait de ne pas le faire. Elle commence à retourner chez elle en réfléchissant à ce qui vient de se passer. Elle envoie un message à son ami.

Clarke G. : « Je rentre chez moi. »

Wells J. : « Très bien. Il s'est passé quelque chose ? »

Clarke G. : « Non, rien du tout. »

C'est la première fois qu'elle ment à son meilleur ami, et elle ne sait pas pourquoi elle fait ça… Elle a l'impression d'avoir partagé quelque chose avec ce loup garou, comme un secret. Elle n'a pas envie de parler de ce qu'il s'est passé. De toute façon elle passera pour quelqu'un de faible, surtout auprès de ses parents…

C'est lorsqu'elle voit Bellamy le lendemain qu'elle se fige en plein milieu du couloir. Son estomac commence à se nouer, parce qu'elle le reconnait. Elle sait que c'était lui hier soir. Sa posture, ses mains… Elle respire lentement par le nez en se rendant devant son casier. Elle met sa tête à l'intérieur en touchant son front. C'est impossible. Impossible. Bellamy ne peut pas être un loup garou, il faut qu'elle se calme.

Elle sort sa tête du casier et part vers sa classe. Elle croise Octavia sur le chemin et lui fait un petit sourire… Mais cette dernière hausse un sourcil et continue son chemin. Clarke se sent rougir mais avance. Ça ne veut absolument rien dire. Elle rentre dans la salle et s'installe à sa place. Elle gribouille sur son carnet en attendant le début du cours. Elle sursaute finalement lorsque le professeur s'arrête devant sa table. Elle lève la tête.

- Clarke, je suis venu pour te donner un nouveau binôme pour les exposés.

- Pourquoi ça ? J'étais censée être avec Bellamy, non ?

- Il est venu me voir ce matin pour changer, je suis désolé. Tu seras avec Chris désormais.

Elle hoche mécaniquement la tête alors que le professeur s'éloigne. Elle fronce les sourcils en regardant la place qu'occupe Bellamy. Il regarde en face de lui, la mâchoire serrée. Le cœur de Clarke tambourine dans sa poitrine. Maintenant, elle en est sûre à 100%. Bellamy est un loup garou. Pourquoi aurait-il voulu changer de groupe, sinon ? Il a dû la reconnaître hier soir. Il n'a pas voulu se mettre en binôme avec une chasseuse de loup garou, et elle le comprend tout à fait.

Elle rejoint Wells au réfectoire un peu plus tard. Il lui parle de son cours alors qu'elle mange en hochant la tête, en n'écoutant qu'à moitié ce qu'il lui dit. Il semble le remarquer au bout d'un moment puisqu'il lui demande ce qui ne va pas. Elle mord sa lèvre en poussant un soupir.

- Je ne t'ai pas tout dit hier soir, avoue-t-elle finalement.

- C'est-à-dire ?

- J'ai vu un loup garou dans la forêt.

Wells écarquille les yeux en entendant les paroles de sa meilleure amie. Elle lui avoue toute l'histoire, en lui parlant de son hésitation devant le loup. Elle termine son récit en évoquant le comportement étrange de Bellamy ce matin, et le fait qu'elle soit désormais sûre que c'était lui. Wells gratte son sourcil en la regardant. Elle écrase ses petits pois dans son assiette sans dire un mot de plus.

- Clarke, si c'est réellement le loup garou que tu as vu… Il sait que tu le pourchasses. Il pourrait t'attaquer.

- Je le sais.

- Il faut que tu le tues avant.

- Je le sais, Wells.

Elle lève le regarde et croise celui de Bellamy, au loin. Il semble la regarder. Elle rougit en évitant son regard et en se forçant à manger. S'il est réellement un loup garou, il devrait entendre son cœur battre la chamade dans son corps. Elle s'est documenté sur eux, elle sait exactement ce qu'ils peuvent faire ou non.

Elle se lève soudainement en prenant son plateau avec elle et en le déposant un peu plus loin, vers la plonge. Elle sort rapidement de la cafétéria et reste en plein air, en s'installant sur une table de pique-nique. Wells la rejoint au bout d'une minute alors qu'elle dépose sa tête sur son épaule.

- Je crois que je vais rentrer chez moi, lui dit-elle en plissant son nez. J'ai besoin d'être seule.

- Comme tu le sens.

Elle lui fait un léger sourire et s'éloigne de lui, en mettant son sac à dos sur l'une de ses épaules. Elle rentre chez elle et s'enferme dans sa chambre, en pensant encore et encore à ce qu'elle devrait faire. Sa mère vient lui parler dans l'après-midi mais Clarke invente une excuse en prétextant être malade. Elle prend une décision le soir-même, à la nuit tombée, et le dit à Wells.

Clarke G. : « J'y retourne ce soir. »

Wells J. : « Tu es sûre ? Je ne sais pas si c'est une bonne idée… »

Clarke G. : « J'ai besoin de savoir s'il sera là. Je vais prendre mon arme, ne t'en fais pas ».

Elle s'habille comme la veille et regarde dans son placard les armes qu'elle possède. Elle prend cette fois-ci un pistolet et sort de chez elle en prenant garde à ce que ses parents soient réellement endormis.

Elle a beaucoup moins peur, cette fois-ci. Elle s'enfonce dans la forêt en faisant attention aux bruits. Plusieurs minutes passent. Elle regarde sa montre lorsqu'elle voit que cela fait plus d'une heure qu'il n'y a rien d'inhabituel. Elle s'apprête à abandonner lorsqu'elle entend un craquement derrière elle. Elle se retourne vivement en pointant son pistolet devant elle. Des yeux rouges, des griffes, des crocs… Elle coupe sa respiration alors qu'elle fixe le loup d'hier soir.

- Transforme-toi, murmure-t-elle alors.

Clarke retient sa respiration après avoir prononcé cette phrase. Elle ne voulait pas parler, elle aurait simplement dû tirer… Mais elle n'est pas prête. Elle veut savoir qui c'est.

Le loup devant elle attend quelques secondes et, finalement, se transforme. Elle le remarque aux yeux qui s'éteignent et aux ongles qui deviennent humains. La personne s'appuie contre l'arbre derrière lui, les bras croisés. Clarke n'arrive toujours pas à distinguer son visage à cause de la pénombre. Elle souffle un grand coup et s'avance d'un pas, toujours en pointant son pistolet vers elle. Elle entend sa voix avant de le voir.

- Tu sais que ce n'est pas un jouet, princesse ?

Elle fait tomber l'arme lorsqu'elle distingue le visage de Bellamy Blake devant elle. Elle se doutait que ça allait être lui, mais cela reste une surprise. Elle s'apprête à la ramasser mais Bellamy se précipite en avant et la prend dans sa propre main. Elle se fige alors qu'il pointe le canon du pistolet contre son front à elle. Elle respire bruyamment en plongeant dans ses yeux.

- Donne-moi une bonne raison pour ne pas tirer, dit-il d'une voix grave.

Elle ferme les yeux en priant pour qu'il ne fasse rien. Elle ne sait pas s'il va tirer, elle ne le sait pas. Mais elle prie de tout son être pour que ce ne soit pas le cas.


Bonjour à tous !

Cela fait plus d'un an que je n'ai pas posté de fictions sur ce site. Hé oui. Nuances de Bellarke ne compte pas puisque je l'avais commencé il y a longtemps ! J'espère que vous êtes contents, j'ai longtemps caché l'écriture de cette fiction sur Twitter mais ça y est, la publication commence. Comme vous l'avez vu, ce sera un peu différent puisque le thème sera les loups garous… J'ai adoré l'écrire donc j'espère que vous allez aimer la lire !

Sinon, que dire ? Concernant ma petite vie, vous m'avez quitté alors que j'étais en L3 de Lettres à la fac. Et bien, c'est fait, j'ai eu ma Licence ! Je suis désormais en première année de Master dans la ville de Saint-Lô dans le but de devenir professeur des écoles… Je grandis, c'est étrange tout ça !

En tout cas j'espère que vous continuerez à aimer ce que j'écris, à me suivre sur Twitter ( Carreyland) et n'hésitez surtout pas à me dire ce que vous avez pensé de ce premier chapitre. Bisous à tous !

- Amandine.

PS : Pour ceux qui ont lu mes petits chapitres dans « Nuances de Bellarke » à propos du membre du staff des conventions The 100 auxquels je vais… (Oui, vous savez, le staff pour lequel j'ai eu un coup de cœur). Hé bien nous sommes maintenant très amis, on se parle tous les jours et on s'appelle très souvent. Tout est bien qui finit bien !