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Disclaimer : Je ne tire profit, en aucune façon, de cette histoire. Les personnages du « Seigneur des Anneaux » appartiennent à Tolkien. Je ne retire rien de l'histoire qui suit et tous les droits de création des personnages lui appartiennent.
Rating : K.
Genre : Romance / Drama.
Personnages : Haldir de Lórien ; Aragorn Elessar.
Situation temporelle : Avant la Communauté de l'Anneau.
Changements de situation : Aucun.
Beta lecture : Nalou ; Lanae's World


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Voilà. On y est. Le dernier.

Merde, ça fait toujours bizarre.

Honnêtement, ça fait 1h que j'ai ouvert le doc et je le regarde du coin de l'œil sans y toucher (je sais, je voulais finir cette histoire à tout prix et maintenant je ne veux pas poster le dernier chapitre. Je n'ai jamais dis que j'étais logique XD.

Bon, commençons cette note.

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Merci de m'avoir patiemment suivi durant ces longs mois. De ne pas avoir décroché.

Si vous suivez une de celles qui sont en cours, vérifiez mon profil. Si je ne suis pas assidue à la publication, je le suis à la mise à jour du profil.

Je ne laisserai pas de note à la fin du chap. Alors j'en profite ici de remercier Nalou et Lanae. Les filles, vous avez fait un travail formidable, je ne vous remercierai jamais assez d'avoir bien voulu me beta sur cette histoire qui me tenait particulièrement à cœur.

Je veux dédier cette fic à mon mari, Jismar, puisque c'est lui qui a eut l'idée du Araldir et à Julindy parce que... parce que rien XD, juste parce que j'en ai envie (si je devais trouver une raison, je dirais que c'est du Araldir et que ça suffit à justifier la dédicace ^^).

Et puis Ju', je te laisse venir me hurler dans les oreilles une fois que tu auras lu. Ou pas. J'en sais rien. Tu aimes arriver par la route où je ne t'attends pas ^^.

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En parlant de la fin... ça fait quelques temps maintenant que je ne fais plus de note après le dernier chapitre d'une fic, je m'arrange pour tout dire avant, mais cette fois je vais devoir faire exception. Je pense que vous comprendrez pourquoi lorsque vous y serez.

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Merci pour toutes vos reviews, vos mises en favoris, vos follows. Je vous aime.

Et même ceux qui lisent sans laisser de trace, merci à vous. J'espère que vous aurez apprécié cette histoire.

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Bien, je crois qu'il ne me reste plus qu'à vous laisser lire.

Alors profitez bien de ce dernier chapitre...

*rire sadique* (ben quoi ? je devais bien vous mettre la pression une dernière fois, non ? Mouhahaha)

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Bonne lecture !

CHAPITRE 12


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La discussion avec Galadriel dura longtemps. Le dúnedain dut raconter chaque pas que la communauté avait fait depuis le début de leur périple, puis elle avait parlé de Gandalf.

À un moment, elle avait envoyé Haldir préparer un talan pour l'héritier d'Isildur. Il était parti sans un mot après avoir salué sa souveraine.

Lorsqu'elle l'avait autorisé à prendre du repos, Aragorn la remercia et prit congé rapidement.

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Le rôdeur ne savais pas où Haldir était allé. Pourtant, il n'hésita pas une seconde. Il prit la direction du talan de Rúmil et grimpa les marches tranquillement – en affichant une tranquillité qu'il était loin de ressentir, plus exactement. Arrivé en haut, il inspira plusieurs fois, lentement, mais ne put calmer son cœur qui battait follement. Avant de perdre son courage, il frappa trois petits coups.

« Haldir, c'est moi, » souffla-t-il seulement.

Il attendit environ une demi-minute.

« Je rentre, » ajouta-t-il avant de pousser lentement la porte.

Arrivé dans la salle à manger, il vit le guerrier debout devant une fenêtre, les mâchoires serrées et le dos raide, dans la même position qu'il l'avait trouvé après la mort de Rúmil. Paradoxalement, il s'était mieux maîtrisé à l'époque que ce jour.

« Pourquoi ne m'avez-vous pas dit de m'en aller, si cela vous gêne tant de me voir, » demanda-t-il à mi-voix, blessé.

« Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas vous voir, » répliqua-t-il avant de pivoter pour faire face au dúnedain.

Lorsque leurs regards se croisèrent, Aragorn eut un flash, se rappelant d'une discussion datant de plusieurs années alors que l'instructeur chevauchait derrière lui.

« Le moment propice arrivera-t-il un jour ? » murmura-t-il, hésitant.

L'elfe se figea avant d'esquisser un sourire.

« Vous vous rappelez, » répondit-il, le regard amusé.

Le rôdeur se rapprocha de quelques pas.

« Comment l'aurais-je oublié ? » lâcha-t-il dans un sourire. « Qu'auriez-vous voulu me dire ce jour-là ? » osa-t-il ensuite.

« Qu'est-ce qui vous fait croire que j'avais quelque chose à vous faire partager ? » demanda l'elfe.

Aragorn secoua lentement la tête, son sourire devenant amusé.

« Non, non, vous ne fuirez pas, Haldir, » railla-t-il gentiment. « Vous ne parlez jamais pour dire des platitudes ou énoncer des dictons. Le moindre de vos mots est soigneusement pesé et compté. Si vous m'avez dit qu'il y avait plus à dire que les mots que nous avions échangés, mais que le moment n'était pas propice, alors cela veut dire que vous aviez effectivement à me parler. »

L'elfe laissa échapper un rire avant de secouer la tête.

« Vous êtes agaçant, » lâcha-t-il, mais son regard doux démentait la dureté de ses paroles.

« C'est vous qui dites ça ? » répliqua-t-il hésitant entre le rire et... le rire.

« Je pense que vous avez passé trop de temps en ma compagnie, Elessar, » ajouta-t-il d'un ton docte.

« Voilà une chose qui ne sera jamais vraie, » murmura le rôdeur avant de redresser subitement la tête en pinçant les lèvres, se rendant compte de ses paroles.

L'elfe se tendit imperceptiblement et son regard devint plus sombre. Le dúnedain ne lui laissa pas le temps de demander des détails sur ce qu'il venait d'avouer sans le vouloir. La discussion venait de prendre un tour dangereux pour lui. Trop dangereux.

Il chassa la petite voix qui lui disait que c'était précisément pour parler de ça qu'il était venu trouver l'elfe. Il n'avait pas le courage. Pas tout de suite. Encore quelques minutes. Quelques secondes.

« Ne changez pas de sujet ! » s'exclama-t-il avec un sourire. « Que vouliez-vous me dire ce jour-là ? »

L'elfe fit quelque chose qu'Aragorn ne l'avait jamais vu faire. Il se prit la tête dans les mains, ses doigts glissant un peu dans ses cheveux.

« La même chose que ce que j'ai failli vous dire lorsque j'ai– lorsque nous attendions Glorfindel au pied de la forêt noire, quelques heures plus tard, » marmonna-t-il. « La même chose qui m'a poussé à faire semblant de dormir pour vous garder proche de moi après mon éclat, ce même jour. »

Il serra ses poings dans ses cheveux alors que le rôdeur avait l'impression d'avoir le cœur au bord des lèvres. Il n'osa même pas inspirer, de peur de laisser échapper un son. Il commençait à ne plus savoir où il en était. Il commençait à comprendre de travers toutes les phrases éventuellement ambiguës de l'elfe.

À moins qu'il les comprenne de la bonne façon ? Il ferma les yeux, tentant de ne pas laisser sortir le hurlement de frustration qui voulut soudainement jaillir.

« J'ai failli à d'autres moments, aussi, » reprit l'elfe. « Mais ce n'était pas les bons. »

« Et maintenant ? » insista le dúnedain d'une voix plus grave que d'habitude.

Il s'avança de nouveau, jusqu'à se trouver trop près selon la bienséance. Mais s'en souciait-il vraiment ? Il attrapa les poignets d'Haldir et les tira lentement vers le bas. Le Gardien ne résista pas et ne tenta pas de retirer ses mains, alors Aragorn ne les lâcha pas. Il réussit à accrocher le regard gris clair mais n'en fut pas plus avancé.

« Si on m'avait dit... » souffla l'elfe dans un rire.

« Dit quoi ? » demanda le rôdeur.

L'elfe se défit doucement de la poigne du rôdeur mais attrapa les mains du rôdeur dans les siennes avant qu'il ne les retire.

« N'avez-vous toujours pas compris ? » murmura-t-il en plongeant son regard dans le sien, comme il ne l'avait jamais fait.

Aragorn ressentit un besoin impérieux de lui répondre mais Haldir ne lui en laissa pas le temps.

« N'avez-vous pas compris l'importance que vous avez à mes yeux ? N'avez-vous pas compris l'affection que je vous porte ? »

Les yeux dans les yeux, l'Elfe et l'Homme prirent une même inspiration tremblante.

« Je pourrais faire de longues phrases, concernant la façon dont tu es arrivé avec tes manières d'Homme, dont tu m'as, au mieux, laissé indifférent. Je pourrais faire des rimes, je suppose, sur la manière dont tu n'as cessé de me surprendre, » murmura-t-il, « sur la manière dont tu as su gagner mon respect, ma sympathie, puis mon attachement, qui depuis n'a cessé de grandir, » continua-t-il.

Le dúnedain n'arrivait plus à réagir ni même à former une pensée alors que l'air désertait ses poumons et qu'il avait la sensation que son cœur explosait. Il n'y avait que la voix chaude de l'elfe qui enfin le tutoyait et son regard dans lequel brillait la même lueur qu'il avait aperçu un certain nombre de fois et sur laquelle il pouvait enfin mettre un mot.

La tendresse.

« Pourtant j'ose croire que tu sais cela, ici, » souffla-t-il encore en lâchant une main du rôdeur pour venir la poser sur sa poitrine. « Par les Valar, il bat si fort, » murmura-t-il.

« Tu en es le seul responsable, » réussit à chuchoter le dúnedain.

Et puis on frappa à la porte du talan. Ils sursautèrent violemment et pourtant ils ne bougèrent pas d'un centimètre.

« Capitaine ? La Dame a parlé avec le Porteur de l'anneau. Il a vu quelque chose. Désormais, chaque heure compte. La Communauté se tient prête à repartir ! Pouvez-vous trouver Estel et le prévenir ? » l'informa la voix de Fëanor.

« Je m'en occupe, » répondit l'elfe d'une voix légèrement altérée.

Sûrement que le capitaine en second se demanderait les raisons de cette altération. Mais dans le talan, les deux s'en fichaient. Les mains du Gardien remontèrent pour se poser de chaque côté du visage du rôdeur et le tirer doucement à lui pour coller leurs fronts. Les mains d'Aragorn se posèrent sur les hanches du Capitaine et ils restèrent ainsi plusieurs minutes.

« Je n'ai pas besoin de te dire que je souhaiterais rester, n'est-ce pas ? » soupira finalement le dúnedain.

« Je le sais. Et je m'empêcherai de te demander de le faire, parce que porter l'Unique en Mordor est primordial, » ajouta le Gardien.

« Et tu seras soulagé lorsqu'il aura quitté le royaume, » précisa le rôdeur en se reculant d'un pas, un sourire amusé aux lèvres, que Haldir lui rendit.

« En effet, » dut-il admettre.

Ils échangèrent un regard, puis le dúnedain se dirigea vers la porte, l'elfe sur les talons. Ils retrouvèrent la communauté et le groupe reprit la direction du sud-est. Le capitaine les accompagna jusqu'à la frontière, discutant un long moment avec Legolas. Puis ils arrivèrent à la lisière de la forêt.

Il n'y eut pas d'adieu. Haldir leur souhaita bonne chance. Aragorn chercha quelque chose à dire mais il ne pouvait plus le vouvoyer et n'osait pas le tutoyer devant ses gardes – qui, s'ils ne se montraient pas, étaient présents, le rôdeur en avait conscience. Ils échangèrent un regard trop court selon l'avis de l'Homme, mais il finit par se détourner et reprit son chemin, sans se retourner.

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Ils se trouvaient dans les soubassements de Fort-le-Cor.

Ils s'équipaient, comme ils pouvaient. Aragorn avait l'impression qu'ils allaient sciemment se jeter dans la gueule du loup. Du Magicien Blanc. Il avait pensé rester en retrait et soigner les blessés qui ne manqueraient pas d'arriver dans un état d'urgence dès le début des combats. Que la Pierre-Elfe serve à autre chose que le soigner lui. Mais Theoden était encore secoué de la possession d'esprit dont il avait fait preuve et il avait dû trouver les bons mots pour lui redonner courage. Il savait que le roi le traiterait de lâche de rester en arrière. Il n'avait peut-être pas tort. Contrairement à ce qu'il avait dit à Legolas quelques instants plus tôt, il n'avait pas envie de mener une charge suicide.

Et puis le son d'un cor s'éleva et le dúnedain se figea, un sourire se frayant un chemin malgré lui sur ses lèvres.

« Ce n'est pas un cor d'orc, » déclara Legolas, une étincelle d'espoir se rallumant dans son regard.

Le prince elfe fit volte face et sortit de la pièce en courant, Aragorn à sa suite. Le cœur du rôdeur tambourinait dans sa poitrine. Non seulement ce n'était pas un cor d'orc, mais il reconnaissait parfaitement le son grave qu'il produisait. Il s'agissait d'elfes. D'elfes de Lórien.

Le dúnedain arrêta sa course dans un léger dérapage, au-dessus de la dernière volée de marche qui surplombait l'entrée de la forteresse. Une bouffée de reconnaissance et de tendresse embrasa son cœur.

Il était .

.

Haldir.

était

là.

.

« J'apporte la parole d'Elrond d'Imladris, » déclara le Gardien de la Marche au roi Theoden, arrivé avant Aragorn et Legolas. « Une alliance a existé autrefois entre les elfes et les hommes. Il y a longtemps, nous avons combattu et péri ensemble. »

Legolas décida de descendre le reste des marches, attirant le regard du Capitaine sur eux. Cependant, ce dernier ignora le prince de Mirkwood, ses yeux se posant sur le dúnedain. Aucun des deux ne laissa quoi que ce soit transparaître mais ils ne purent détacher leurs regards l'un de l'autre.

« Nous sommes venus honorer cette allégeance, » finit le Gardien, les yeux dans ceux du rôdeur.

Aragorn se demanda si son cœur avait déjà battu aussi rapidement. Il essaya de ne pas céder aux cris de son cœur, qui appelait l'elfe, mais en vain.

« Voilà une heureuse rencontre, » déclara Aragorn en sindarin, alors qu'il dévalait les dernières marches et s'avançait vers lui, passant devant Theoden et Legolas.

Il s'arrêta à moins d'un pas de celui qui affolait ses sens et posa une main sur son cœur en s'inclinant, alors que le Gardien en faisait de même. Leurs regards se croisèrent de nouveau lorsqu'ils relevèrent la tête et le rôdeur ne tint plus. Il supprima la distance entre eux et passa un bras autour du cou de l'elfe, laissant ses doigts glisser dans les cheveux d'or tombant élégamment sur ses épaules. Il retint, avec toute la volonté qu'il lui restait, le second qui voulait se glisser autour de sa taille. La bienséance n'y aurait pas survécu. Mais il colla leurs joues. Il avait besoin du contact. Tellement besoin.

Il sentit Haldir se tendre et s'apaiser aussi vite en sentant qu'il ne transgressait pas toutes les règles. Puis les bras d'Haldir l'entourèrent un instant et il le sentit sourire contre sa joue. Le dúnedain se recula presque immédiatement – il savait que la plupart des personnes qui les regardaient seraient déjà outrées – et laissa une main sur l'épaule du Gardien alors que ce dernier tenait le haut du bras du rôdeur.

« Vous êtes plus que bienvenu, » souffla Aragorn avant de le lâcher totalement.

Legolas vint à son tour saluer le Gardien, avant de se placer derrière lui, lui faisant savoir qu'il se mettait sous ses ordres. Haldir se tourna de nouveau vers le roi du Rohan.

« Nous sommes fiers de nous battre aux côté des Hommes, une fois encore, » déclara-t-il avant d'ordonner à ses guerriers de se mélanger aux Hommes et se placer aux endroits que les mortels ne seraient pas en capacité de protéger.

Les gardes se dispersèrent alors que Theoden invitait le Gardien à le suivre ainsi qu'Aragorn. Ils se retrouvèrent dans la salle du trône où Aragorn expliqua succinctement le plan au guerrier. Puis Theoden leur ordonna de se reposer quelques heures, le temps que les orcs arrivent, demandant au dúnedain de trouver une chambre de libre pour le Gardien de la Marche.

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Aragorn le guida dans le dédale de Fort-le-Cor. Il sentait Haldir dans son dos et luttait pour ne pas se retourner. Enfin, ils arrivèrent dans l'aile des chambres et il entra dans la troisième qui se présenta à eux. Les quelques affaires étaient déposées sur le lit firent froncer les sourcils à l'elfe avant qu'il comprenne.

« C'est la chambre qui t'a été allouée, » déclara-t-il et le brun confirma d'un hochement de tête.

Ils se retrouvèrent face à face, à trois pas d'écart, leurs yeux parcourant l'autre du regard. Puis Aragorn fit un pas, l'elfe faisant les deux autres et ils furent assez près pour que leurs soufflent se mélangent.

« Comment vas-tu ? » demanda Aragorn dans un souffle.

« Je survis, » répondit Haldir en forçant un sourire. « Et t'avoir près de moi m'aide, je dois l'admettre, » ajouta-t-il en glissant ses doigts de chaque côté de sa mâchoire et collant leurs fronts.

Les mains du rôdeur trouvèrent leur place sur les hanches de l'elfe, avant de glisser dans son dos et coller son corps contre le sien. Haldir entoura de ses bras les épaules du brun et ils restèrent enlacés un long moment, en silence, profitant seulement de la présence de l'autre.

Finalement, ils se séparèrent et le Gardien tira son compagnon jusqu'au lit où il le fit s'allonger, avant de l'imiter et le prendre dans ses bras. Aragorn, la tête contre l'épaule de l'elfe, se laissa bercer par les battements de cœur lents du Gardien.

« Il y a une question que j'aimerais te poser, » souffla le brun.

« Je t'écoute. »

« Pourquoi as-tu mis aussi longtemps avant d'accepter que je me batte, aux frontières ? »

Sous sa joue, le dúnedain sentit le torse de l'elfe se secouer légèrement alors qu'il riait.

« Ah. Eh bien, je ne suis pas particulièrement fier de ce point, mais je suppose que je te dois la vérité, » lâcha le Gardien. « Il n'y avait pas qu'une raison. J'avais peur que tu sois blessé. Je ne voulais pas te partager avec les autres. J'avais également peur que tu trouves en l'un de mes gardes un maître d'arme plus adapté à ta manière de combattre que moi, » expliqua-t-il. « Mais j'ai bien dû te laisser combattre cette nuit-là, et j'ai compris que si nous nous battions à deux, alors je pourrais te surveiller et tu pourrais protéger mes arrières. »

Aragorn n'ajouta rien dans un premier temps.

« À cette époque tu te souciais déjà de moi ? » s'étonna-t-il tout de même.

L'elfe laissa échapper un autre rire.

« Tu as compté dès le départ, parce que tu étais sous ma responsabilité, » rappela-t-il. « Mais tu t'es fait une place dans mon travail, et dans ma vie. Tu t'es glissé sous mon armure pour venir creuser un trou dans mon cœur. Je l'ai ignoré, autant que je l'ai pu. Je ne le voulais pas. Mais il y a un moment où je n'ai plus pu me mentir, » expliqua-t-il doucement. « À la mort de Rúmil, j'ai tenu tant que tu as été absent, » soupira-t-il ensuite.

Le brun ne dit rien mais passa un bras autour du ventre du gardien, dans un geste de tendresse et de soutien.

« Je pense que j'aurais pu tenir mais tu es arrivé, avec ton inquiétude qui transpirait par tous les pores de ta peau, par ton regard, tes paroles, et tes gestes. Et j'ai lutté, mais je n'ai pas su me tenir loin de toi. Mon cœur hurlait dans l'espoir que tu lui ouvres les bras pour le consoler. Je ne pensais pas, » il fit une légère pause, « craquer... en me réveillant sur Asfaloth, » avoua-t-il.

Il attrapa la main du rôdeur sur son ventre et la posa sur sa cuisse, comme Aragorn l'avait fait ce jour-là.

« J'ai abandonné, alors. Je me suis résigné à profiter de ta présence pour m'apaiser. Et ça a marché au-delà de mes espérances. J'étais presque serein en arrivant devant Mirkwood. »

« Mais nous avons parlé de Glorfindel, » soupira Aragorn.

« Oui. Et si j'allais mieux, je n'avais pas retrouvé mon "attitude" de Capitaine. Je voulais profiter de ce moment, et ne pas me cacher de toi, » admit-il avec un sourire contrit.

« Et tu as eu raison, Haldir, » assura le brun. « Tu sais que tu n'as pas besoin d'être infaillible tout le temps avec moi, » rappela-t-il.

Le guerrier sourit, un peu gêné.

« Je le sais, mais ce n'est pas naturel. »

« Ce n'est pas grave. Nous avons tout le temps du monde pour que tu t'y habitues, non ? » demanda Aragorn, taquin.

Comme pour le contredire, un son métallique leur agressa violemment les tympans, surtout Haldir – ainsi que tous les elfes présents dans l'enceinte du fort. Les deux se redressèrent d'un bond et se regardèrent avant de sortir d'un même pas de la chambre.

Plus de tendresse ou de mélancolie dans leur regard. Ils étaient redevenus deux guerriers, deux chefs, prêts à mener leurs hommes et eux-mêmes à la mort. Ils retrouvèrent Theoden, Gimli et Legolas sur les remparts. En face d'eux, la plaine qui était vide quelques heures plus tôt était désormais grouillante de vermine du Mordor.

« Nous devons tenir jusqu'au retour de Gandalf. Il arrivera à l'aube, » souffla Aragorn.

« L'heure est sombre, » déclara le roi d'une voix d'outre-tombe.

« Sans lumière, il n'y a pas d'ombre, » rappela Haldir. « Le soleil se lèvera sur les cadavres des créatures de Morgoth. »

« Et sur nos cadavres, » ajouta Theoden.

« Si cela est notre destin, alors faisons-lui face la tête haute, » assena Gimli.

La réplique fit sourire Aragorn.

« Héritier d'Isildur, vous commanderez depuis le centre des remparts, » déclara Theoden. « Je vous donnerai vos ordres depuis le dessus de la porte. »

« Je ne pourrai les entendre avec le fracas de la bataille, Monseigneur, » contra le brun.

« Moi oui. Je resterai à tes côtés et je te les transmettrai, » déclara Haldir sur le ton de la conversation.

Tous se figèrent et se tournèrent vers le guerrier, qui regardait son compagnon. Tous surent alors les liens qu'ils partageaient car un elfe ne tutoyait que les membres de sa famille et sa compagne. Ou son compagnon. Le rôdeur maîtrisa le flot de bonheur qui se répandit à ces mots mais ne put retenir un sourire, et hocha la tête

« Très bien. Legolas, vous voudrez bien prendre le commandement des archers dans la cour ? » demanda Theoden.

L'elfe, toujours figé, cligna des paupières avant de se tourner vers le roi.

« Bien entendu. »

« Je vais sur les remparts. Il ne sera pas dit que j'aurai laissé une seule de ces abominations poser un pied sur les pierres de Fort-le-Cor, » déclara le nain et Theoden acquiesça, un vague sourire aux lèvres.

« Gardien de la Marche– » reprit le roi.

« Je me mets sous les ordres de l'héritier du Gondor, » le coupa-t-il.

Ledit héritier se retint de sourire. Le Gardien avait joué finement. Il refusait d'obéir à quiconque d'autre qu'Aragorn, mais ce dernier étant sous le commandement de Theoden, il ne défiait pas le roi du Rohan pour autant.

« Très bien, » approuva le roi. « Alors à vos postes. »

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Quelques minutes plus tard, ils étaient prêts. Aragorn parcourait le chemin de ronde pour donner ses derniers conseils. Il passa derrière Legolas et Gimli qui se cherchaient des poux, pour changer. Le sourire aux lèvres, il alla se placer à côté d'Haldir. Il vérifia que les nœuds de sa tunique tenaient bien, et sentit la Pierre-Elfe sous sa cotte de maille. Il la sortit et regarda la gemme luire très faiblement.

« Je n'étais pas seul à penser que je n'en étais pas digne, lorsque tu me l'as remise, » déclara soudain Aragorn, un sourire amusé sur les lèvres.

« Je l'admets, » avoua-t-il, pas du tout gêné. « Ceci dit, j'aurais été contrarié que tu la refuses. »

Ils échangèrent un regard.

« Qu'aurais-je fait d'un compagnon mortel ? » ajouta-t-il.

« Rien ne dit que l'Elessar va m'apporter l'immortalité, » souffla le brun.

« J'ai discuté de cela avec la Dame. Quand bien même la gemme ne te permettrait pas de vivre aussi longtemps que moi, être porteur de l'Elessar te donne le droit de vivre en Valinor, dès que tu le désires. Là-bas, l'immortalité te sera acquise. Si tu le souhaites. »

Le rôdeur pinça les lèvres pour s'empêcher de sourire trop fort.

« En doutes-tu ? » demanda-t-il, ne pouvant cacher la tendresse dans sa voix, tout en jetant un œil à l'armée en face d'eux. « Il faut déjà que nous passions la nuit, » rappela-t-il.

La main de son compagnon se posa sur son épaule. Se tournant vers lui, Aragorn tomba dans les yeux gris clairs débordant de tendresse.

« Tu vivras, » assura Haldir. « Je le sens. »

Il pressa légèrement son épaule.

« Au fait, tu ne m'as toujours pas dit la signification des runes que tu as gravées sur mon épée ! » s'exclama le rôdeur avec un sourire.

Haldir le jaugea du regard avant de soupirer.

« Très bien, » marmonna-t-il. « Les premières sont de basiques enchantements de protection de la lame et du bois, pour qu'elle ne s'émousse pas. Ils sont plus complexes que ceux appris aux galadhrims les premiers temps, c'est pour cela que les runes sont différentes. »

« Simplement ? Pourquoi en as-tu fait tout un mystère ? » s'étonna le dúnedain.

Un sourire en coin étira les lèvres du Gardien de la marche.

« Parce qu'il était amusant de te voir essayer de trouver ce que j'avais pu y graver, » admit-t-il en essayant de retenir son hilarité.

« Et les autres ? » demanda Aragorn, sa tentative de paraître offensé ruinée par l'amusement dans son regard.

Haldir approcha sa bouche de son oreille.

« Que mon amour protège le porteur de cette lame jusqu'à ce que les ténèbres disparaissent, » murmura-t-il avant de se redresser.

Aragorn plongea son regard dans le sien, tentant de transmettre dans cet échange silencieux et immobile tout ce qu'il ressentait. La tendresse, la dévotion, la gratitude, l'amour.

« Je sais, » répondit seulement Haldir alors que le cor des orc résonnait.

Le rôdeur sentit un frisson d'anticipation lui parcourir l'échine.

« Préparez-vous ! » résonna la voix de Theoden.

Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres d'Aragorn alors qu'il tirait son épée.

« Armez vos flèches ! » hurla-t-il en langue commune en caressant du regard les runes gravées dessus.

Il laissa le soin à Haldir de transmettre son ordre aux elfes, dans leur langue, même s'il aurait pu s'en occuper lui-même.

D'un même mouvement, elfes et humains obéirent.

Il échangea un dernier regard avec son compagnon.

Il lui tardait l'aube, que Gandalf arrive.

Que la bataille se termine.

Que les ténèbres disparaissent.

Et qu'il puisse enfin, enfin passer un peu de temps seul avec son compagnon et l'étreindre convenablement.

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FIN

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Je sais, pour tous ceux qui ont vu les films, ce n'est pas une belle fin. Parce que dans le film "Les Deux Tours", Haldir meure dans les bras d'Aragorn.

Mais ce qu'il faut savoir, c'est que dans les livres (pour ceux qui ne l'ont pas lus) Haldir ne meure pas, il n'est même pas présent au gouffre de Helm.

Dans les Appendices du livre "Le Seigneur des Anneaux", après son couronnement, Aragorn (le reste de la Communauté de l'Anneau, Arwen, Faramir... et d'autres) vont jusqu'à Edoras pour l'enterrement de Theoden et le couronnement d'Eomer (je raconte tout ça de mémoire, ça fait 12 ans que je n'ai pas relu les Appendices, c'est possible que je mette un perso secondaire qui n'y est pas). Bref, ce n'est pas ce qui nous concerne. À un moment, Aragorn finit en Lorien et y croise Haldir.

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Voilà donc, en résumé (et si, c'est ultra résumé) mes réflexions

Choisir la version des films, faire mourir Haldir et finir là-dessus ? J'aurais pu le faire, grosse dose de drama mais ça ne me paraissait pas cohérent pour plusieurs raisons

1) lorsque je fais plus ou moins souffrir des personnages pendant des dizaines de milliers de mots, je leur offre une fin heureuse, zéro négociation possible ;
2) il était hors de question que je continue cette histoire plus loin, j'arrivais à plus de 45k mots, sauf que tuer Haldir voulait dire réfléchir à la manière dont Aragorn allait réagir à ça, et ÇA aurait prit au moins 10k mots de plus, et je ne le voulais pas ;
3) Faire mourir Haldir ? Haha la bonne blague, jamais de la vie.

Donc je me suis dis, ok, on le fait vivre. Sauf que

1) je suis clairement dans l'univers des films, et d'un coup je rebasculerais dans l'univers des livres ? Bof. Et puis Haldir est la seule mort importante de la bataille de Helm, je dois contrebalancer avec une autre mort (oui, je sais, ce n'est pas obligé mais dans ma tête c'est inévitable).
2) bon sang, ok, j'ai le droit de le faire vivre, mais ça fait tellement "option facile de l'écriture" où tu changes ce qui t'arrange pour arriver là où tu as envie d'arriver que ça me hérissait le poil. Je suis la première à le faire, lorsque ça se passe en cours ou en milieu d'histoire, et que tu peux bâtir quelque chose par-dessus pour justifier tes choix. Mais là, au dernier chapitre, ça me paraissait opportuniste.

Et, sérieusement, un jour, je suis arrivé à la fin de ce chapitre, exactement comme vous venez de le lire et je me suis dis "cool, bon cliff, les lecteurs vont mourir de peur, se demander si je vais le faire mourir ou non". Ouais. J'ai passé QUATRE putain de mois (oui, de mois) à me demander ce que j'allais faire. Comment j'allais pouvoir choisir. Les arguments que je vous ai cités au-dessus n'arrêtaient pas de se battre. Jusqu'au jour où j'ai réalisé que je pourrais totalement en faire une fin tout court.

Choisir de finir comme ça a ses points négatifs. Le plus important est que vous ne savez pas si Haldir va vivre ou pas. Je vais vous confier quelque chose. Je ne sais pas. Vraiment.

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J'ai dans l'idée de poster 2 OS, un qui serait basé sur le fait qu'il meure, l'autre sur le fait qu'il vive. Les deux en narrateur externe mais du point de vue d'Aragorn. En toute honnêteté, je sais comment ils seraient développés, comment ils se finiraient, ils feraient probablement entre 10 et 20k mots chacun (que celle qui ricane en pensant que je vais de nouveau faire des 50k se taise, merci Ju' )

Mais je ne vais pas faire ça tout de suite. J'ai une Tomb Raider à finir (me reste entre 50k et 80k mots à écrire), le tome 2 de la Call of Duty (pareil, 50-80k), et le tome 3 de Hiver (et là ça fait bien plus mal parce que j'ai peur d'avoir encore 100k à faire).

Ce que je peux vous dire, j'ai que j'ai 2 documents vierges notés "UTDFA fin1" et "UTDFA fin2" enregistrés dans le dossier "À écrire", pour ne pas oublier. Mais pour cette année au moins, vous n'aurez plus de chapitres sur cette histoire. Je vous propose simplement de la mettre en "Story alert" si vous voulez être prévenus.

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Voilà. Vous n'aviez peut-être pas besoin de cette longue explication, mais moi j'avais besoin de vous expliquer pourquoi j'ai fini ainsi.

Encore une fois, merci de me lire, encore et toujours, alors que ça fait 11 ans que je suis inscrite et que je poste ici.

Gros bisous à vous,

Prenez soin de vous

Et à très vite !

Kae

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