Et nous voici déjà arrivés au dernier chapitre, à la fin, à la conclusion qui, je l'espère, sera à la hauteur de vos attentes !

Merci à vous tous, amis lecteurs, d'avoir suivi cette histoire jusqu'au bout, d'avoir reviewé, followé, favorité! Merci à jacksonstilinskis pour m'avoir prêté l'idée d'origine; merci à Jeel pour nos discussions passionnées via reviews et MPS sur la société qui nous entoure; merci à Darness K.M. pour avoir mis le doigt sur les coquilles qui traînaient et pour avoir analysé les points forts et les points faibles de ma fic; merci à loclo4, Babylon, Lord Celestin, Tsukiyo-Ran, Lolotetine1596, didinou, diddl1, Tsumujikaze Yumi, Zannacerberus, Kaykook, Alsco-chan, CZ, Yuukitsune, AnthonyRd, Tifffff, slumx, MammaDiva, Yugai, Wispers-Write, Charle Carval, Lena-Reyna Malefoy, lovers87, Elwande et les Guest anonymes ! Merci pour vos reviews qui ont illuminé mes journées !

J'espère que ce dernier chapitra vous plaira !


CHAPITRE 8

They figure out what you need and they give it to you – without you asking.
That's when you know for sure somebody loves you.

Cette personne comprend ce dont vous avez besoin et vous le donne - sans que vous ayez besoin de demander.
C'est là que vous serez certain que quelqu'un vous aime.

Adriana Trigiani, Very Valentine


Lorsque Jackson se laissa tomber sur une chaise de sa salle d'anglais, Danny et Lydia tournèrent la tête vers lui, inquiets. Il fallait dire que Jackson était en pleine panique et avait l'impression que la nervosité allait le faire exploser sur place.

─ Wow, Jackson, ça va ? s'inquiéta Danny à mi-voix.

─ J'ai un problème ! s'exclama Jackson, agité comme jamais.

─ Calme-toi, Jackson, calme-toi, on va résoudre ça, l'incita Lydia d'une voix apaisante. Dis-nous tout. Qu'est-ce qui se passe ?

Jackson n'avait pas envie de leur dire, il préférait garder ça pour lui – garder le problème et les conséquences pour lui seul, éviter de s'humilier devant eux, et, de toute façon, il n'avait pas envie de s'attarder sur le sujet. Mais il était en panique, et les mots sortirent avant qu'il ait pu les contrôler.

─ Je suis amoureux de Stiles ! balbutia-t-il, en proie à la panique la plus totale.

Il paniqua deux fois plus en se rendant compte qu'il avait lâché la bombe au grand jour, et vérifia compulsivement autour de lui, mais personne ne semblait avoir entendu. Kira Yukimura dessinait sur ses baskets avec un marqueur, l'air concentré comme jamais. Erica et Boyd (prénom inconnu, malgré des recherches intrépides menées par Stiles, et malgré des mois d'amitié - ou d'entente cordiale, parce que c'était Boyd) s'embrassaient langoureusement, oubliant le monde qui les entourait. Une fille dont Jackson ignorait le nom s'énervait au téléphone. Personne n'avait rien entendu. Ouf.

Lydia et Danny échangèrent un regard.

─ Je me demandais quand est-ce que tu allais t'en rendre compte, soupira Lydia avec un sourire, en lui tapotant le genou affectueusement.

─ Vous… vous étiez au courant ?

De nouveau, Lydia et Danny échangèrent un regard, et Jackson comprit qu'ils en avaient déjà parlé. Plus d'une fois.

─ C'était devenu assez évident, dit Danny avec un sourire.

─ Évident ? s'écria Jackson, d'une voix plus haut perchée qu'il n'aurait voulu.

Et voilà que maintenant, il était engagé dans une discussion à cœur ouvert sur ses sentiments, c'était de pire en pire, il voulait se cacher au fond d'un trou et ne plus jamais en ressortir, jamais.

─ Les petits cœurs dans les yeux, les regards tendres, la façon dont il te fait rire et sourire, la façon dont tu le regardes comme s'il était ton seul repère dans ce monde, la façon dont tu parles de lui… énuméra Lydia.

─ Mais ça ne peut pas être si évident que ça ! protesta Jackson bien malgré lui. Je ne m'en suis rendu compte qu'aujourd'hui !

Lydia sourit, amusée, et Jackson soupçonna qu'intérieurement, elle était absolument morte de rire.

─ Tu as toujours été un peu lent à la détente, dit-elle d'une voix sucrée en lui tapotant de nouveau le genou.

Définitivement morte de rire.

─ Du coup, tu vas lui dire quand ? demanda Danny.

─ Lui dire ? Lui dire ? Mais tu vas pas bien ! Il est hors de question que je lui dise ! glapit Jackson.

─ Pourquoi ? s'étonna Danny.

─ Mais enfin, c'est un problème !

─ J'vois pas en quoi.

Vraiment, ses amis étaient chouettes et tout, mais ils étaient aussi à moitié stupides, parfois.

Jackson vérifia de nouveau que personne ne l'écoutait, mais tout le monde semblait absorbé par ses propres activités. Il se pencha en avant et chuchota furieusement :

─ Je vis chez lui !

─ Chouette, vous en êtes déjà à ce stade, répliqua Danny.

Jackson envisagea de quitter le cours.

─ Ce que je veux dire, c'est que ça va être atrocement gênant ! Pour lui et pour moi ! On dort dans le même lit !

─ Et alors ? demanda Lydia. Danny et toi avez souvent dormi ensemble. Je ne vois pas où est le problème.

─ Le problème, c'est qu'aucun de nous d'eux n'était amoureux de l'autre ! s'emballa Jackson, incapable d'empêcher les mots de dévaler sa bouche en cascade. Alors que je craque sur Stiles ! Et… et ça va être gênant ! Je ne peux pas dormir avec lui alors que j'ai le béguin pour lui, ça serait… ça serait… ça serait gênant, et s'il s'en rend compte il va se sentir harcelé et…

─ A partir du moment où tu ne le tripotes pas sous la couette, ça devrait aller, répondit Danny. Enfin, si tu ne le tripotes pas sans son consentement. S'il te dit de le faire, fonce. Sinon, tu seras capable de te retenir, non ?

─ Si ça peut te rassurer, dit Lydia, je suis pratiquement certaine que Stiles est passé par les mêmes questionnements, et il s'en est très bien sorti.

─ Qu'est-ce que tu racontes ? grimaça Jackson. Stiles n'a aucun sentiment pour moi, et c'est bien une partie du problème !

─ Tu vois ? dit Lydia. Il s'en est tellement bien sorti qu'il a réussi à te convaincre qu'il ne ressentait rien pour toi.

─ C'est du bon travail, admit Danny. Je suis impressionné.

─ Stiles n'a aucun sentiment pour moi, martela Jackson. C'est un problème ! Si jamais il le savait, je le perdrais, et je ne…

Jackson s'interrompit. S'il perdait Stiles, que deviendrait-il ? S'il perdait la personne la plus importante dans sa vie ?

─ Et puis, ajouta-t-il tristement…

Puis il s'interrompit, incapable de confesser à voix haute ce qu'il pensait, tout au fond de lui.

─ Quoi ? demanda Lydia.

─ Rien.

─ Jackson.

─ Non.

─ Dis-moi.

─ Non.

─ Dis-moi ou je révèle tout à Stiles.

─ Ok, ok, céda Jackson. Je… je ne suis pas sûr d'être vraiment amoureux de lui.

─ Allons bon, qu'est-ce que tu nous fais, maintenant ? dit Danny, les sourcils froncés et l'air perplexe.

─ Eh bien… dit Jackson, honteux. Et si je n'étais pas vraiment amoureux de lui ? Et si j'étais attiré par lui uniquement parce qu'il m'a aidé ? Si c'était une forme de… je ne sais pas, de reconnaissance ? Parce qu'on est proches et qu'il a fait tellement pour moi que j'ai l'impression de… Enfin, vous voyez ?

─ Oh, Jackson, soupira Lydia en se penchant vers lui et en lui prenant les mains. Espèce d'imbécile. Est-ce que c'est vraiment ce à quoi tu penses lorsque tu penses à lui ? A la façon dont il t'a aidé ?

─ Oui, dit Jackson. Mais aussi… à d'autres choses.

Il pensait au sourire de Stiles et à ses grains de beauté, ses cheveux dans lesquels il avait envie de fourrer ses mains, et les mains de Stiles, justement. Il pensait à son rire et à son humour, à sa force et à sa détermination, à ses bavardages interminables et à ses goûts pourris, à son intelligence impressionnante et à sa générosité, à sa façon de s'exciter sur tout et n'importe quoi, à son sourire, à ses yeux qui brillaient de plusieurs couleurs différentes, et à quel point il avait été bête de ne pas s'apercevoir de tout ça avant.

─ Ce qu'il a fait pour toi, et ce que tu as partagé avec lui, dit Lydia d'une voix douce, ça a forgé une relation spéciale entre vous, et c'est vrai que ça a ouvert la porte à plus qu'une amitié, mais tu es tombé amoureux de lui pour ce qu'il est, Jackson. Tu l'as découvert au fil des mois et tu t'es attaché, ce que tu as découvert t'a attiré. Votre proximité et votre complicité a aidé les choses, c'est certain. Mais s'il a pu t'aider, c'est parce que tu as eu confiance en lui, parce que tu t'es reposé sur lui, parce que tu t'es ouvert à lui, et ce sont les bases d'une relation, Jackson.

─ Mais je suis attiré par lui parce qu'il m'a aidé, soupira Jackson.

─ C'est vrai, convint Lydia. Parce que vous avez posé les bases d'une relation. Parce que vous avez développé un lien extrêmement fort. Et parce que tu es tombé amoureux de sa gentillesse et de toutes les choses qu'il a fait pour t'aider. Ce n'est pas forcément un mal. Parce qu'au final, tu n'es pas amoureux du fait qu'il t'a aidé, tu es amoureux de lui.

─ Tu en veux la preuve ? dit Danny. A l'heure actuelle, avec toute la reconnaissance que tu as pour lui, tu le considérerais comme un frère. Vous vivez sous le même toit, avec la même figure paternelle et les mêmes habitudes, comme une vraie famille, mais tu ne le vois pas du tout comme un frère, si ?

─ La meilleure façon de savoir, c'est d'essayer, dit Lydia. Si jamais ce n'était que de la reconnaissance, alors, ça ne pourrait pas durer. Mais je te garantis que vous êtes deux imbéciles amoureux.

─ Il n'est pas amoureux de moi, rétorqua Jackson.

Lydia lui caressa la joue avec tristesse.

─ Oh, Jackson.

─ Quoi, « oh, Jackson » ?

─ Eh bien, l'ancien Jackson aurait directement tenté sa chance sans se poser de questions, parce qu'il n'aurait pas douté de lui-même. Il n'aurait pas paniqué et n'aurait pas eu besoin de demander de l'aide à ses amis pour être sûr de ses sentiments. Il serait directement allé voir Stiles et lui aurait demandé un rendez-vous, parce qu'il aurait su qu'il était tellement formidable qu'on ne lui aurait pas dit non, et parce qu'il aurait vu tout de suite que Stiles était fou de lui.

─ L'ancien Jackson ne serait jamais tombé amoureux de Stiles, rétorqua Jackson. Et jamais Stiles ne serait devenu ami avec lui.

Il avait envie de pleurer, parce que Lydia avait raison. Qu'était-il devenu ? Une mauviette, une serpillère, l'ombre de lui-même. Quelle honte. Quelle déchéance. Il était tombé au fond du trou, dépendant de Stiles, dépendant de ses amis, incapable de réfléchir par lui-même, obligé de confier ses états d'âme et ses sentiments, obligé de demander conseil et de dépendre de ces conseils. Incapable de se débrouiller seul. Et à présent, amoureux. Une vraie lavette. Du grand n'importe quoi.

Il se détestait.

─ Dis-lui, conseilla Danny.

─ L'ancien Jackson aurait fait ça, mais pas moi, répondit Jackson, honteux et furieux après lui-même.

Il haïssait ses parents, réalisa-t-il soudain. Il les haïssait vraiment. Il ne s'en était pas aperçu, mais il les détestait de tout son cœur, car c'était eux qui avaient broyé l'ancien Jackson. C'était de leur faute s'il souffrait et s'il était faible. De leur faute.

Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être bien, pour une fois ?


Jackson avait fini par prendre une décision. C'était peut-être radical, mais c'était la meilleure chose à faire.

Son anniversaire était passé, la veille. Il l'avait fêté lors d'une petite soirée privée, uniquement en compagnie d'amis – il y avait eu Stiles, Danny et Ethan, Lydia qui avait beaucoup sympathisé avec Jordan Parrish, lui aussi présent (au fil des mois, Jackson et lui étaient devenus d'excellents amis), Scott et Allison, même Isaac dont la présence devenait tout doucement plus tolérable, et quelques-autres – Erica, Boyd, Aiden. (Brian avait soigneusement été rayé de la liste des invités.) Ça avait été génial, vraiment, sans doute la meilleure soirée que Jackson avait eue depuis des mois, et si jamais c'était la fin, alors c'était une fin en apothéose.

Il avait obtenu l'héritage de ses parents biologiques, maintenant. Il était riche, de nouveau. Bizarrement, ça ne lui faisait rien du tout. Il s'était attendu à redevenir l'ancien Jackson, le vrai Jackson – ou peut-être le vrai Jackson était-il celui de maintenant ? il ne savait plus – ou du moins, à retrouver ce qu'il avait perdu : l'assurance, la confiance en soi, la certitude qu'il était quelqu'un et qu'il comptait, la sécurité. Mais rien de tout ça n'était arrivé. Il se sentait simplement vide, car il savait que c'était peut-être la fin d'une période, et peut-être bien la meilleure période de sa vie. Parce qu'il avait souffert comme jamais, mais en fin de compte, il avait une famille et des amis proches. Il était plutôt heureux comme il était.

Ça aurait peut-être été plus simple si rien n'avait changé, si rien de tout ça ne s'était produit, mais qu'est-ce qu'il y pouvait ? Et puis… peut-être que tout n'était pas si mal, en fin de compte.

Mais ça ne pouvait pas continuer comme ça.

Stiles entra dans leur chambre pour le trouver assis sur leur lit, le vieux sac de sport sur les genoux.

─ Wow, rit Stiles. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu, celui-là. Il ne m'avait pas manqué.

Jackson eut un fin sourire. Au fil des mois, le bon vieux sac qui avait contenu ses seules affaires lors des jours où il avait vécu dans sa voiture avait petit à petit été relégué complètement en-dessous du lit, au point qu'on ne le voyait plus, et les jours l'avaient recouvert de poussière. Lorsque Jackson l'avait ressorti, il s'était rendu compte de tout le temps qui avait passé. Il avait l'impression que ça faisait une éternité. Pourtant, il entendait ses parents crier dans ses oreilles comme si c'était hier.

─ Pourquoi tu l'as ressorti ? demanda Stiles en se laissant tomber à côté de lui, sur leur lit.

Non, pas leur lit. Celui de Stiles. Jackson ferma les yeux. Il aurait dû s'en douter. Il n'aurait pas dû se laisser entraîner dans la routine. Rien n'est pire qu'une habitude vouée à disparaître.

─ Je… je pense que je vais partir, dit Jackson d'une voix qu'il s'efforça de rendre assurée et normale.

Il commit l'erreur de regarder Stiles. C'était comme regarder une montagne qui s'effondre. Toute joie et toute tranquillité disparurent du regard de l'hyperactif d'un seul coup, remplacées par le choc et la dévastation. Il le regardait, la bouche grande ouverte, l'air stupide, et Jackson devait être sérieusement atteint car ça l'attendrissait et lui donnait simplement envie d'embrasser.

Ouaip. Il était bien atteint. Qui aurait cru qu'il tomberait amoureux de Stiles ? Personne. Surtout pas lui. Et pourtant… pourtant, juste parce que ses parents étaient des crétins et que Stiles avait été là quand il avait eu désespérément besoin de quelqu'un, il en était arrivé là. C'est étrange, la vie, parfois.

─ Mais… pourquoi ? gémit Stiles. Pourquoi tu veux partir ? Je veux dire, tu es libre de le faire si tu veux, bien sûr, mais…

─ Eh bien, j'ai l'argent, à présent, donc je suppose que je ne suis pas obligé de…

─ Si c'est à cause de l'argent, je te préviens tout de suite, tu peux rester ici ! protesta Stiles. On n'y voit aucun inconvénient, tu le sais bien, on est heureux que tu vives ici. Mon père te considère comme un deuxième fils, et toi et moi on est amis. Je sais que tu as l'impression de t'imposer mais ce n'est pas le cas ! On t'adore et on adorerait que tu restes avec nous, tu fais partie de la famille !

Autant cela réchauffait le cœur de Jackson, autant cela le lui brisait tout de même – tant de tendresse et d'affection, et il allait peut-être devoir dire non à tout ça.

Pourquoi fallait-il qu'il s'attache et qu'il tombe amoureux, aussi ? C'était débile, comme réaction ! Et puis de Stiles Stilinski, en plus ! Il fallait être tombé bien bas !

Mais cela sonnait creux même aux oreilles de Jackson, et lorsqu'il voyait les yeux humides de Stiles, il avait seulement envie de l'embrasser pour faire passer sa peine et – oh, vraiment, qu'est-ce qu'il était fleur bleue, Stiles réveillait ses pires instincts.

─ Ce n'est pas ça, promit-il, c'est juste que je ne suis pas à l'aise car…

─ Oh ! Tu n'es pas à l'aise ! s'énerva brusquement Stiles. Maintenant que tu as l'argent, tu peux trouver un meilleur logement, c'est ça ? Tu peux trouver mieux que nous ? Tu es resté ici uniquement parce que tu n'avais pas d'autre option ?

─ Mais non ! s'exclama Jackson. Tu sais bien que non !

Stiles sembla se dégonfler d'un seul coup.

─ Je sais bien que ça ne peut pas être ça, je te connais, maintenant, soupira-t-il, mais quelle autre explication pourrait-il y avoir ?

Jackson se passa une main sur le visage, fatigué et nerveux à la fois. Le moment était venu. Il était Jackson Whittemore et il était fantastique. Ce n'était pas Stiles qui allait l'impressionner. Ils se connaissaient. Ils étaient proches. Et Jackson était tellement fantastique que Stiles ne pouvait que l'adorer, et si ce n'était pas le cas, c'était Stiles qui perdait au change, se convainquit-il. Jette-toi à l'eau.

─ Jesuisamoureuxdetoi, lâcha-t-il à toute vitesse.

Stiles se contenta de froncer les sourcils sans comprendre. Jackson s'aperçut alors qu'ils étaient dangereusement proches, que leurs genoux se touchaient et le visage de Stiles était si près qu'il voyait ses yeux briller, et Stiles lui tenait la main, et oh la la, trop de papillons dans le ventre pour son propre bien.

─ Tu peux répéter ? demanda Stiles. Tu as parlé trop vite, j'ai pas compris.

─ Un comble venant de toi, ne put s'empêcher de dire Jackson.

Stiles eut un sourire narquois.

─ Alors ? dit-il.

Jackson prit une inspiration discrète.

─ OK. Je ne pense pas que je puisse continuer à vivre ici, parce que j'ai des sentiments pour toi. (Et avant qu'il puisse s'en empêcher, il se retrouva à ajouter tout en se levant précipitamment : ) Du coup, voilà, c'est gênant, parce qu'on dort ensemble et qu'on est simplement censés être amis, donc je pense que je vais…

─ Wow, wow, minute, papillon, le retint Stiles. Repose tes fesses sur ce lit et regarde-moi en face. C'est quoi cette histoire ? Tu as des sentiments pour moi, maintenant ?

─ Vas-y, moque-toi, marmonna Jackson. Oui, j'ai des sentiments pour moi, non, je ne sais pas comment c'est arrivé, et…

Il fut coupé par un éclat de rire de Stiles. Mais ce n'était pas moqueur, et Jackson releva les yeux, pour trouver Stiles, un immense sourire aux lèvres et les yeux pétillants.

─ Jackson, est-ce que c'est vrai ?

─ Oui ! explosa Jackson. Enfin, tu pourrais me croire, un peu ! Je suis tombé amoureux de toi, OK ? Parce que tu es quelqu'un de bien et que tu as pris soin de moi et que je t'apprécie, d'accord ?

─ Mais tu es tellement mieux que moi, chuchota Stiles. Tu joues pas dans ma catégorie.

─ Je n'ai jamais été mieux que qui que ce soit mais j'étais trop con pour le réaliser, s'agaça Jackson, énervé de voir Stiles se dévaloriser ainsi. Et j'ai cessé de jouer dans une autre catégorie le jour où j'ai tout perdu et que tu as été là pour moi, jour après jour, tu comprends ? Oublie tout ce que j'ai pu dire et penser avant, j'étais un connard trop stupide pour me rendre compte d'à quel point tu étais quelqu'un de bien, et quand je m'en suis rendu compte, eh bien…

Il haussa les épaules, soudainement embarrassé. Voilà, il avait admis ses sentiments comme une mauviette. Bon. C'était certainement le point de non-retour, celui où il acceptait qu'il avait changé pour de bon.

─ C'est pas ça, dit doucement Stiles. C'est juste que… j'ai du mal à y croire, tu comprends !

─ Ouais, moi aussi, marmonna Jackson.

─ Bon, on a fini de blablater, maintenant ? Tu m'embrasses quand ? s'impatienta Stiles.

Jackson en resta bouche bée. Stiles saisit l'occasion et le sportif se retrouva avec les lèvres de Stiles sur les siennes, en train de l'embrasser. C'était maladroit, car ils étaient tous les deux nerveux. Ils ne savaient pas comment se positionner, ils se mordirent légèrement par accident, leurs dents se heurtèrent, mais bientôt, ils prirent l'habitude l'un de l'autre et leur baiser devint naturel et tendre. Ça envoyait des décharges chaleureuses partout dans le corps de Jackson. Ils se séparèrent, et Stiles lui sourit.

─ Ben quoi ? réalisa Stiles. Tu t'en étais pas rendu compte ? Bordel, je suis meilleur comédien que je ne pensais.

─ Tu… toi aussi ? demanda Jackson en tentant d'avoir l'air normal et pas du tout secoué par la révélation et le baiser.

─ Jackson, espèce de crétin, j'ai réalisé que j'avais un faible pour toi dès le jour un, s'exaspéra Stiles.

─ Vraiment ?

─ Tu vois, dévia-t-il, c'était quand je t'ai rendu tes affaires que j'avais volées chez toi, et tu m'as souri, et ça a fait, genre, boum, voilà, t'as un faible pour Jackson Whittemore, putain qu'est-ce qu'il est beau quand il sourit comme ça, genre encore plus beau que d'habitude, genre waouh, et je veux le voir sourire comme ça plus souvent, et ça fait combien de temps au juste que j'ai un crush gros comme la Russie sur lui, et voilàààà, et…

─ Oh, la ferme, s'amusa Jackson, attendri malgré lui, et ravi.

Il se pencha et fit taire Stiles d'un baiser. Celui-ci fut nettement meilleur que le premier, et plus passionné. Jackson pouvait glisser ses mains dans les cheveux de Stiles, ce dont il rêvait depuis des semaines, et sentir les mains de Stiles caresser sa joue et sa nuque. Jackson adorait ça. Il était déjà accro.

Ils se séparèrent une fois de plus, légèrement haletants. Stiles avait un gigantesque sourire. Jackson ne put s'empêcher de lui caresser la joue, émerveillé malgré lui.

Si toute cette route chaotique et douloureuse avait mené à ça, alors… peut-être que ça en valait la peine.

─ Et tu as réussi à dissimuler ça pendant tout ce temps ? demanda Jackson.

─ Huh-huh. Je suis doué, hein ?

─ Pourquoi tu n'as rien tenté ?

─ Jacks, tu n'étais pas prêt, enfin, répondit Stiles en roulant des yeux. Tu avais besoin d'un ami, pas d'un coloc flippant qui te harcèlerait sexuellement. Alors j'ai attendu. Ou plutôt j'ai décidé de ne jamais rien dire, parce que, tu vois, pas la même catégorie et tout. M'enfin maintenant, je peux t'embrasser quand je veux, donc je dirais que je suis plutôt gagnant au change.

Ils avaient recommencé à s'embrasser lorsqu'ils entendirent une légère exclamation provenant du pas de la porte. Ils se séparèrent et se tournèrent, trouvant le Shérif, bras croisés, qui les regardait avec un petit sourire. Oh, bon sang. Et s'il n'appréciait pas que Jackson sorte avec son fils ?

─ Eh bien, vous en avez mis du temps, lâcha John, amusé. N'oubliez pas de vous protéger, les garçons, d'accord ?

─ Oui, P'pa, bien, P'pa, s'exaspéra Stiles, impatient. Tu veux bien nous laisser ? On a du pelotage intensif à faire, là.

Le Shérif s'éloigna en marmonnant quelque chose à propos « des jeunes, de nos jours » et de « tension sexuelle irrésolue ». Mais Jackson ne tenta pas d'écouter, car Stiles avait recommencé à l'embrasser, et il – waouh.


─ Je n'arrive pas à croire que l'année soit déjà finie, remarqua Jackson, incrédule.

─ Et moi, je n'arrive pas à croire que le lycée soit déjà fini, ajouta Stiles, nostalgique.

─ Et moi, je n'arrive pas à croire que notre temps à Beacon Hills soit déjà fini, se lamenta Scott, malheureux.

Ils se tournèrent vers le lycée dont la cour était remplie d'élèves en train de se faire leurs adieux. C'était la fin. Ils avaient vidé leurs casiers, signé les livres de l'année, fait leurs adieux au Coach (Finstock avait pleuré, aussi étonnant que cela puisse être), fait une dernière farce à Harris, et maintenant, ils partaient pour de bon.

─ Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça aura été mouvementé, nota Danny.

─ Il s'est passé des trucs chouettes, quand même, fit remarquer Allison en souriant à Scott.

─ Au moins, on est tous pris dans les facs où on voulait aller, c'est cool, ajouta Isaac d'un air ravi.

─ Mais c'est la fin, soupira Scott.

─ Parle pour toi, moi, je suis heureux que ça se termine, rétorqua Ethan.

─ Plus de Harris ! Plus de plats dégueu à la cantine ! Plus de Greenberg ! Plus de piscine remplie de substances innommables ! chantonna Erica. Je vois pas de quoi vous vous plaignez, franchement !

Boyd acquiesça, solennel. C'était sa contribution active à la conversation.

─ Et puis, ce n'est pas comme si on n'allait pas se revoir ! pépia Lydia. N'oubliez pas, rendez-vous la semaine prochaine pour une méga fête chez moi !

─ Comme si on pouvait oublier, marmonna Jackson, ce qui fit rire Stiles.

─ C'était quand même une bonne année, conclut Aiden en souriant.

Jackson ne put s'empêcher d'approuver. Il avait perdu tout ce qu'il possédait, avait versé plus de larmes qu'il ne saurait en compter, avait vécu dans la terreur et la haine de soi, et ses problèmes étaient loin d'être terminés. Mais il avait un petit-ami fantastique, un père de substitution du tonnerre, et une bande d'amis qui le soutenaient à fond – d'anciens amis dont il était plus proche à présent, et de nouveaux amis qu'il était content de connaître, à présent. Dans l'ensemble, la vie lui semblait bien faite.

Prenant une grande inspiration, il se tourna vers Stiles, celui qui l'avait aidé, qui l'avait tiré du gouffre dans lequel où il se trouvait, le garçon qu'il aimait. C'était le dernier jour, la dernière minute, et Jackson méritait de partir en fanfare, tout comme Stiles méritait d'être reconnu à sa juste valeur. Qu'est-ce que Jackson en avait à faire des autres ? Après tout, il avait Stiles, et John, et tous ses amis; il ne reverrait pas les autres, jamais.

Alors, il se pencha vers Stiles et l'embrassa avec fougue.

Lorsqu'ils se séparèrent, Stiles le regardait avec ravissement, parce qu'il avait cru que Jackson se cacherait encore un bout de temps, mais il n'avait rien osé demander. Le reste du lycée l'observait, silencieux, et Jackson fut pris d'une terreur irraisonnée.

Puis :

─ Putain, c'était chaud ! cria une voix masculine que Jackson n'identifia pas.

Et les filles se mirent à glousser. Puis les conversations reprirent, les gens se détournèrent, et le monde tournait toujours dans le même sens. Rien n'avait changé. Jackson risqua un regard vers Brian et Greenberg. Le premier était stupéfié, le deuxième arborait une mine de dégoût.

─ Laisse-les tomber, c'est des gros cons, dit Stiles en glissant sa main dans la sienne. Et puis, tu es Jackson et tu es fantastique. Tu n'as pas besoin d'eux.


Jackson ne recroisa ses parents que quatorze ans plus tard.

A vrai dire, c'était la dernière chose à laquelle il s'attendait.

Quatorze ans. Et quinze ans depuis qu'ils l'avaient mis à la porte. Jackson avait cru qu'il ne les reverrait jamais, pour être honnête.

Pendant quatorze ans, il les avait attendus. Il avait espéré plus ou moins secrètement de les voir, de les croiser. Il l'avait appelé de tous ses vœux, parfois pour les narguer, parfois pour leur hurler dessus, parfois pour les supplier, parfois dans l'espoir qu'ils lui diraient qu'ils l'aimaient et qu'ils regrettaient tout. Il s'était imaginé les croiser dans la rue, ou qu'ils viennent sonner à sa porte, ou même les croiser à cause de son travail.

Mais il avait passé toutes ces années sans eux.

Il n'avait même plus entendu parler d'eux depuis que les habitants de Beacon Hills avaient appris, par accident, ce qu'ils avaient fait à leur fils, et que les Whittemore, devenus, d'après John, la risée et la honte de la ville, avaient dû quitter la région.

Alors non, il ne s'attendait pas à les croiser comme ça, en rentrant d'une longue journée de travail, sur le chemin de l'appartement dans lequel il vivait. Il ne s'attendait pas à ce que soit ce jour-là, dans une rue quelconque de Los Angeles, après une journée banale.

─ Jackson ? demanda Genevieve Whittemore, la bouche en o.

Ils avaient vieilli. Pris des rides et des cheveux blancs. Ils n'étaient pas aussi impressionnants que dans son souvenir.

─ Oh, dit-il bêtement. Bonjour.

Et maintenant qu'il les croisait, c'était lorsqu'il n'avait plus besoin d'eux. Il les croisait à présent qu'il avait fait la paix avec lui-même et qu'il avait surmonté, après de longs combats, les cauchemars, les angoisses, les désillusions et les larmes. Il lui avait fallu des années, et de grosses déconvenues. Il les croisait alors qu'il aurait voulu, plutôt, qu'ils soient là pour tous les plus grands jours de sa vie, toutes les dates importantes, et qu'ils avaient été absents, à chaque fois.

─ Ça fait longtemps, dit David d'une voix hésitante.

Et Jackson ne savait pas quoi leur répondre. Il n'avait pas envie de leur parler, mais eux, visiblement, si. Il ne savait même pas pourquoi.

Est-ce qu'ils avaient réalisé de leurs erreurs ? Ou s'étaient-ils convaincus que Jackson n'avait traversé qu'une phase de rébellion, finalement ? Ou étaient-ils simplement gênés ?

─ Qu'est-ce que tu deviens ? demanda David avec un sourire tremblant.

─ Je suis sûr que tu fais de grandes choses, sourit Genevieve avec nervosité. Tu es Jackson Whittemore, après tout.

C'était la devise qu'ils lui répétaient tout le temps, pour justifier leur attitude et demander plus, toujours plus. Jackson ne l'avait pas entendue depuis des années.

Il eut envie de rire. Il les croisait maintenant qu'il n'avait plus besoin d'eux, maintenant qu'ils n'étaient plus rien pour lui. Maintenant qu'il était sa propre personne et qu'il était heureux.

Il recula lentement, les plantant là sans le moindre remords, impatient de rentrer à la maison.

─ Je ne suis plus Jackson Whittemore depuis longtemps, répondit-il en caressant avec amour l'anneau qui ornait son annulaire gauche. Je suis Jackson Stilinski, maintenant.


FIN !


Alors, qu'avez-vous pensé de cette fanfiction ?
Laissez une petite review finale ! Compliments et critiques, remarques et conseils, je suis preneuse de tout !
Merci d'avoir lu, merci d'avoir été là, et merci de me soutenir dans ce que j'écris.
Je vous aime !