Hello,
La suite des tribulations de Harry dans la non-mort !
Il ne semble pas prêt de passer l'arme à gauche...
Bonne lecture,
CyberCoffee
Chapitre 2
Malefoy ne semblait pas vouloir cesser de me regarder avec des yeux de hibou étonné. Je pouvais lui concéder que je ne devais pas être beau à voir, couvert de boue et fagoté comme un lépreux.
« Je n'ai pas toute la journée, Malefoy ! » me rappelai-je à son bon souvenir.
Cela le fit sursauter mais il ne s'empressa pas pour autant d'aller chercher son père afin qu'il me délivre de la non-mort.
« Mais enfin…balbutia-t-il.
-Je comprends que cela te perturbe mais j'ai vraiment besoin qu'on me tue, là. »
J'appuyai intentionnellement sur le mot vraiment, persuadé que cela lui indiquerait fatalement le degré d'urgence de la situation mais il ne sembla pas relever l'information. Je soupirai. Et dire que c'était lui qui me prenait moi pour un idiot… Je m'approchai de lui, il recula par principe. Je m'approchai de nouveau, il recula de plus belle.
« Mais vas-tu cesser de t'enfuir !? m'exclamai-je, irrité.
-Tu ferais quoi à ma place, Potter ? se justifia Malefoy. T'as une tête à faire peur, tu dois bien mesurer maintenant vingt centimètres de plus que la dernière fois que je t'ai vu et tes yeux changent de couleurs comme une boule disco ! »
Ne croyez pas que je ne relevai pas l'improbable fait que Drago Malefoy sache ce qu'était une boule disco mais les deux autres nouvelles surpassaient de loin l'information...enfin, une en particulier.
« Comment ça, j'ai grandi ? m'exclamai-je, sans pouvoir masquer mon excitation (j'avais toujours été un véritable nain, frôlant le mètre soixante avec peine, comprenez que ma soudaine croissance faisait de moi l'homme le plus heureux du monde).
-Tu dois bien mesurer un mètre quatre-vingt et tu sembles avoir pris des stéroïdes. Depuis quand es-tu aussi musclé ?
-Je suis musclé ? » relevai-je, encore plus ravi que l'instant d'avant.
Je baissai la tête pour essayer de me rendre compte par moi-même de ce que Malefoy avait vu mais le pull-over gris aux mailles déformées par la graisse abdominale de mon cousin m'empêchait de constater les changements. Je soulevai la guenille pour découvrir un torse plus blanc qu'avant et des abdos en béton armé.
« Waouh ! m'exclamai-je. Et moi qui désespérais d'un jour en avoir ! »
Ce fut à ce moment que ma voix intérieure se manifesta à moi pour me rappeler que je n'étais pas venu ici pour m'extasier sur mon tout nouveau corps de dieu grec. Malgré mes efforts, j'avais toujours eu la capacité de concentration d'un enfant de trois ans.
« Oui, bon, ton père ? demandai-je à mon deuxième ennemi juré qui me fixait comme si je venais de lui déclarer ma flamme. Malefoy, si tu ne veux pas m'y emmener, j'irais tout seul ! »
Et je partis en direction du Manoir en le laissant là. Je n'avais pas fait cinq mètres qu'il me courut après pour me retenir par le bras.
« Tu as perdu l'esprit !? me cria-t-il au visage, ses sourcils blonds quasiment invisibles froncés. Mon père va se dépêcher d'appeler le Lord pour qu'il vienne te mettre en pièces ! Qu'est-ce…mais enfin…Potter !
-Ah, mais c'est parfait ça ! J'aurais dû y penser en premier ! Voldemort va sûrement pouvoir faire quelque chose, lui !
-Potter ! s'énerva Malefoy. Tu es censé sauver le monde sorcier et non te rendre pour te faire exécuter froidement ! Tu es le…enfin, tu sais bien : le Golden Boy, le Survivant ! A quoi tu joues ? »
Et cela me frappa brusquement : je ne lui avais pas tout expliqué. Le pauvre bougre ne pouvait pas comprendre mon urgent désir d'être délivré de l'errance de la non-mort.
« Malefoy, je suis déjà mort, entrepris-je d'expliquer. Et, tu vas rire, je suis mort en m'étouffant avec un bonbon en gélatine… Seulement, je me suis réveillé dans mon cercueil au lieu de trouver la paix éternelle. C'est étrange la non-mort, vois-tu. Ça ouvre des perspectives qui ne me seraient pas venues à l'idée auparavant. Je suis déjà mort et, pour une raison que j'ignore, je me retrouve à errer sur terre sans avoir besoin de manger, de dormir ou de respirer. Tu sais que je suis resté une semaine dans mon cercueil en espérant y passer ? Je me suis même fait renverser par une voiture…enfin, c'est plutôt moi qui ai renversé la voiture. Mais je le sens au fond de moi, j'ai besoin de mourir pour de bon. Ça y est, c'est plus clair ?
-Tout ce que je vois, Potter, c'est que t'as pété un boulon. Tu nous fais une petite crise de panique, c'est ça ? »
Il fallait se rendre à l'évidence, Malefoy ne croyait pas un mot de ce que je lui avais dit. Moi qui avais été si sincère ! Conscient de mon incapacité à lui faire admettre la vérité, je décidai de continuer mon chemin en direction du Manoir.
« Mais…arrête-toi ! hurla-t-il. Stupéfix ! »
Je sentis bien le sort me frapper mais, contre toutes attentes, je ne cessai pas de me mouvoir.
« Stupéfix ! Stupéfix !
-Tu vois bien que cela ne fonctionne pas, marmonnai-je. Tu te fatigues pour r…OH MAIS NON ! »
J'avais toujours été lent. Lent à comprendre les choses pourtant évidentes. Lent à comprendre que Ginny m'aimait depuis des années, lent à comprendre qu'Hermione et Ron sortaient ensembles depuis deux mois, lent à comprendre que Dumbledore voulait faire de moi un martyre, lent à comprendre qu'être un Serpentard ne faisait pas automatiquement de vous une engeance du diable et, lent à comprendre aussi que si le Stupéfix de Malefoy (fils) ne fonctionnait pas sur moi, les éventuels sorts de mort de Malefoy (père) ne me tueraient pas plus que le cercueil ou la voiture.
« Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire dans ma vie antérieure pour avoir autant la poisse !? gémissai-je avec désespoir.
- Et maintenant, de quoi parles-tu ? demanda Malefoy avec un air benêt, toujours la baguette à la main.
-Tu sais Malefoy, je pense que j'ai dû trahir mon pays dans une vie antérieure, j'ai dû faire quelque chose de si horrible que je suis condamné à avoir la poisse dans cette vie et dans les prochaines ! Mais quoi ? Ah ! J'ai dû tuer des bébés ! J'étais un tueur de bébés ! Ce n'est pas possible autrement.
-Tu as fait…quoi ? Potter ! Tu as tué des bébés ? »
Je soupirai.
« Dans une vie antérieure, Malefoy, suis un peu !
-Je…tu…hein ?
-Bon, montre-moi le chemin des cuisines, veux-tu ? » lui demandai-je aimablement.
Malefoy me regarda avec un air outré qui accentuait son air d'aristocrate coincé.
« Je ne suis pas un elfe de maison, Potter ! m'aboya-t-il au visage. Encore moins le tiens !
-Et c'est bien dommage, parce qu'un elfe de maison m'aurait conduit à ton père, lui ! »
Je tournai les talons avec agacement. Etait-ce si compliqué de sa part de me laisser me faire assassiner par un Mangemort de renom ? Malefoy et moi avions commencé à nous détester à l'instant précis où cet imbécile avait insulté la seule personne qui m'avait accordé un tant soit peu d'attention. Alors pourquoi, par le caleçon de Merlin, ne voulait-il pas s'accorder l'extrême honneur de devenir celui qui avait conduit le Golden Boy à son échafaud ?
La réponse aurait pu me parvenir si Malefoy n'avait pas choisi ce moment précis pour me balancer sa chaussure sur l'arrière du crâne.
« Mais tu vas t'arrêter, espèce de dégénéré ! hurla-t-il à nouveau. Tu vas reprendre tes esprits immédiatement et rebrousser chemin, tu m'entends ? Hors de question que ma seule échappatoire à ce merdier ce rende de lui-même au-devant d'une mort certaine ! »
Oh. C'était donc ça.
Je n'eus malheureusement pas le temps de lui remettre les idées en place car nous fûmes dérangés par nul autre que Malefoy (père).
« Ai-je bien entendu, Drago ? susurra Lucius Malefoy de son agaçante voix mielleuse. Ta seule échappatoire à ce merdier ? »
Malefoy (fils) blanchit comme s'il était vraiment mort et sembla chercher une explication rationnelle à ses dires irrationnels. Comme je jugeai à son air hagard qu'il en aurait pour un moment, je m'avançai en souriant en direction de Malefoy (père).
« Monsieur Malefoy ! Si vous saviez comme je suis heureux de vous voir ! Je ne vous raconte pas quelle semaine je viens de passer… Une sombre histoire de cercueil et de non-mort. Enfin, maintenant que je vous tiens, je suppose que vous avez des couteaux dans votre cuisine ? Un hachoir à viande, peut-être ? Même une petite cuillère pourrait faire l'affaire avec un peu d'imagination et de doigté ! Je suis quelqu'un de très ouvert, vous savez ?»
Malefoy (père) semblait ne pas comprendre un traître mot de ce que je lui racontais ni de pourquoi Harry Potter se trouvait dans son jardin. Tel fils, tel père. Tout était si compliqué avec les Mangemorts.
« Mais…commença-t-il par dire. Pourquoi ? Enfin, comment ? Drago ! Tu m'expliques !? »
Trop content que l'attention se reporte sur quelqu'un d'autre que sur lui, Malefoy (fils) entreprit d'expliquer en long, en large et en travers mes macabres déboires tandis que je m'adossai à un chêne en attendant qu'ils se décident à me conduire à mon salut. Si Dobby avait toujours été à leur service, cela aurait fait belle lurette que j'aurai essayé tous les objets tranchants de leur cuisine. Les Sang-Purs pouvaient bien mépriser les elfes de maison mais, eux au moins, faisaient ce qu'on leur disait sans tergiverser !
« C'est bon ? demandai-je quand je vis que les deux Malefoy me regardaient avec insistance. On peut aller dans la cuisine ? J'ai vraiment besoin de mourir.
-Potter…commença Malefoy (père) avec la condescendance typique de cette famille et que je soupçonnais être une partie de l'héritage qu'ils se transmettaient de génération en génération, vous souhaitez…mourir ? Ici ? De ma main ? De la main de Lucius Malefoy ?
-A moins que vous ayez un autre prénom et que personne n'ait jugé bon de vous en informer, oui c'est bien ce que je veux, répondis-je en me relevant, avec le peu de patience qu'il me restait. Non, sérieusement !? Vous allez délibérer encore combien de temps ? Le Survivant, l'ennemi juré de votre gourou maléfique, se tient devant vous, des Mangemorts, désarmé, en territoire ennemi, vous suppliant de le tuer et…vous hésitez ? Mais qu'est-ce qui ne va pas chez vous !?
-MAIS QU'EST-CE QUI NE VA PAS CHEZ TOI, OUI !? me hurla Malefoy (fils), rouge comme un homard qui aurait pris un coup de soleil et, étonnamment, son père semblait lui aussi intéressé par mon éventuelle réponse.
-Oh, par le caleçon de Merlin ! m'exclamai-je en me tirant les cheveux de désespoir. Je veux parler au responsable ! Qu'on m'amène à Voldemort !
-Drago, va chercher le Lord, ordonna Malefoy (père).
-ALLELUIA ! »