Salut salut !

Me voilà pour une nouvelle FanFiction, six ans que je n'en avais pas écrit une !

Mais voilà, j'ai vu une première fois le dernier film au ciné, mon cerveau a juste explosé. Je l'ai vu une nouvelle fois il y a trois semaines et là, quelque chose a sauté dans ma tête. Et puis je suis tombée sur un gif avec Newt et Thomas, je suis donc revenue ici pour trouver le fandom et boum : explosion. Mais où est-ce que j'étais depuis tout ce temps !

Enfin bref, j'étais tellement dans mon truc que j'ai pondu plus de 20 pages en une semaine. Quand je vous dis que je suis tarée dans ma tête.

Donc pour vous expliquer mon délire.

L'histoire se situe sept mois après la chute de la Dernière Ville. Je m'inspire des films au passage (je finis tout juste le premier tome de la saga).

Vu que j'ai pris de l'avance (j'en suis à quatre chapitres écrits, je commence le cinquième), le rythme de publication sera de un chapitre toutes les deux semaines. Ma rentrée scolaire approche et comme je veux garder un minimum d'avance, je préfère faire ça que un chapitre toutes les semaines. Ça sera le samedi en général.

Ce chapitre peut s'avérer assez introductif : je mets en place l'état émotionnel de Thomas et la vie au Refuge. Il n'y aura pas tellement "d'action" dans les premiers chapitres mais ne vous inquiétez pas, je compte bien les faire bouger !

Enfin, ceci est un Thomas/Newt (au cas où ça ne serait pas évident). Rating T au début mais M à venir.

Disclaimer : bien évidemment, les personnages de m'appartiennent pas !

Si vous voyez des fautes, n'hésitez pas les signaler ! Je lis tellement de fois les chapitres qu'il peut m'arriver de zapper des mots parce que mon cerveau va trop vite pour mes mains.

N'hésitez pas à laisser un petit commentaire aussi !

Eh sinon c'est tout : enjoy !

Kwothe.


— Tommy, tue-moi !

Cette scène se jouait en boucle dans ma tête. Si ce n'était pas la journée, c'était dans mes rêves qu'elle venait me hanter.

Je vis Newt se jeter sur moi. Il essayait de m'étrangler, de m'arracher la gorge mais je tenais bon. À quelques mètres de la scène, mon véritable moi sentait ses ongles griffer mon cou, l'odeur putride de quelqu'un sur le point de mourir.

Je voulus m'approcher mais mon subconscient m'en empêcha. J'étais obligé de regarder le spectacle de loin, la gorge serrée et les yeux humides.

Newt revint à lui l'espace d'un instant, pour me dire à quel point il était désolé. Que me faire du mal l'anéantirait. Ses mots me transpercèrent mais quand il dégaina son arme pour la pointer sur sa tempe, j'eus le bon réflexe de balancer le pistolet. Son cri me brisa le cœur alors qu'il se jetait sur moi avec plus de force.

Les larmes coulaient maintenant. Parce que, putain, j'avais vu l'arme mais je n'avais pas pensé un seul instant au couteau.

Je me vis pousser Newt, à court d'air. Il s'étala sur le sol et j'eus à peine le temps de reprendre mon souffle que Newt revenait à la charge, son couteau braqué sur moi et le regard fou. Cloué au sol, il voulut me le planter mais je résistai malgré la pointe de la lame qui me brûlait la peau.

Désarme-le.

On hurla tous les deux, je ne saurais dire lequel des deux cria le plus fort. Mais ça me retourna l'estomac et j'eus envie de mourir.

Je finis par le repousser et lui donner un coup de poing que j'espérais assez fort pour l'assommer. J'étais bien naïf.

Désarme-le bordel !

Mais mon avertissement resta bloqué dans ma gorge et je me mordais les lèvres jusqu'au sang pour ne pas hurler mon impuissance. Les mains dans les cheveux à m'en faire mal, j'assistais pour la énième fois à cette scène.

Newt se releva, le couteau à la main et se rua sur moi. Une fois, deux fois, j'esquivai sans relâche. Et puis il fonça sur moi avec une rapidité que je ne lui connaissais pas.

À cet instant, je me souvins que je ne voulais pas mourir. C'était clair et limpide comme de l'eau de roche. Mais je me rappelais aussi que, si je devais mourir quand même, je préférais que ce soit de cette façon. Parce qu'il m'était impossible de faire le moindre mal à Newt. Parce que je préférais crever que le voir mourir. Parce qu'à choisir je voulais que ce soit Minho, ou encore Gally, qui s'en charge plutôt que moi. C'était égoïste et dégueulasse, surtout après ce que venait de vivre Minho, mais je m'en fichais.

Je ne vis même pas le couteau se retourner contre son propriétaire. Je compris son acte qu'au moment où il s'effondra sur moi et qu'aucune douleur physique ne me tuait la poitrine. Quand il prononça mon surnom, ce fameux « Tommy » qui me réchauffait à chaque fois le cœur, un vide terrible me prit les tripes.

Ce fut son dernier mot et alors qu'on tombait tous les deux, ceux de Teresa me revinrent en mémoire.

Thomas, tu peux sauver Newt.

Thomas, tu pouvais sauver Newt.

La rage, le désespoir, l'incompréhension, l'envie de mourir, la culpabilité. Même maintenant, je ne pourrais expliquer ce sentiment qui m'avait broyé l'estomac, poignardé le cœur. Peut-être un mélange de tout.

J'étais déjà en larmes quand mon souvenir laissa couler les siennes. Parce que je lui avais promis qu'on s'en sortirait, peu importait les épreuves. Mais comme avec Chuck, mes promesses étaient aussi tangibles que du vent. Si la mort de Chuck m'avait choqué, celle de Newt m'avait détruit. Et me détruisait encore.

Le souvenir continua. Brenda arriva en courant, le sérum à la main. Elle comprit en s'arrêtant qu'il était trop tard et son regard embrumé me chercha. Mais je restai muet, le visage détruit par la tristesse. Quand l'ancien Thomas se leva, je m'effondrai au sol.

— Newt, tu peux pas…

Je m'étranglai et un son plus proche du gargouillis que du sanglot sortit de ma gorge. Je voulais ramper jusqu'à lui mais mon corps refusait de bouger. Mon cœur était en miettes, la bille me brûlait l'estomac, je n'arrivai plus à respirer et je voulais m'arracher les yeux.

Au lieu de ça, je me tirai les cheveux et hurlai à m'en briser la mâchoire.

.

— Thomas !

J'ouvris les yeux, la gorge en feu et les yeux défoncés. De petits couteaux me lacéraient les poumons et je compris que j'avais arrêté de respirer.

— Respire vieux, me murmura d'une voix calme Minho, respire.

Je l'écoutai et pris de grandes inspirations. Au-dessus de moi, Minho ne me lâchait pas des yeux. Il me clouait au lit par les épaules, je venais sûrement de faire une crise. Encore.

Pendant que je reprenais ma respiration, les larmes me brûlèrent de nouveau et je déglutis péniblement. Je les chassai d'un battement de paupières avant de poser une main sur le torse de Minho pour qu'il se relève. Mon T-shirt me collait à la peau à cause de la transpiration.

— Merci Minho, arrivai-je à articuler d'une voix cassée.

Il hocha la tête et se décala pour s'asseoir sur le lit. Je me redressai, les muscles fourbus, et remarquai Gally sur le pas de la porte, un seau dans les mains. C'était ce qu'ils faisaient des fois pour me réveiller, ils me balançaient de l'eau froide. Ça marchait plutôt pas mal mais une fois j'avais continué ma crise et j'étais devenu violent. Ils faisaient attention maintenant.

Je regardai mes amis, les yeux cernés et le teint pâle. C'était de ma faute s'ils ne pouvaient plus dormir la nuit. J'essuyai la sueur sur mon front avant d'éloigner mes couvertures.

— Je vais prendre l'air, les informai-je avant de me lever d'un pas mal assuré.

Gally me regarda, comme si j'avais besoin de son autorisation. Il me laissa passer et je sentis son regard me brûler la peau. Je poussai un soupir quand je fus hors de son champ de vision et levai les yeux au ciel.

Il faisait encore nuit. Les étoiles brillaient dans le ciel sans nuage et la lumière de la lune me suffisait pour voir. Je descendis le petit sentier pour rejoindre le bord de la plage, où il y avait la majeure partie du campement.

Sept mois que nous étions là et pourtant je ne m'y habituerai jamais.

Le premier mois s'était passé sans encombre. Je me remettais de ma blessure, j'essayais de me faire une place dans ce nouvel environnement. La vue de l'océan m'avait fasciné, c'était la première fois que je le voyais de mes yeux. La perte de Newt me torturait mais je faisais en sorte de rester occupé pour ne pas y penser.

Et puis Minho m'avait donné le collier de Newt, avec dans le médaillon cette lettre qui me bousillerait le cœur à jamais.

Mes crises commencèrent peu après. Ce n'était pas grand-chose au début, juste des flashbacks. Des phrases échangées quand on était encore au Bloc, les moments où je cherchais son regard quand on traversait la Terre Brulée, le sourire qu'avaient dessiné ses lèvres quand on était arrivé au camp des résistants, le son de sa voix quand il m'avait dit qu'on terminerait cette aventure ensemble.

Mais ça c'était empiré. Maintenant, il m'arrivait d'avoir des moments d'absence qui duraient des heures et surtout je le voyais mourir devant moi presque tous les jours. Je visualisais mes souvenirs d'un point de vue extérieur, regrettant un peu plus chaque jour de ne pas avoir pris la bonne décision ou l'inverse.

Je pouvais péter un plomb pour un rien. Un jour, la silhouette de Newt s'était dessinée sous mes yeux en pleine journée, comme s'il avait toujours été là : la seconde d'après j'étais dans l'océan pour me remettre les idées en place. Ça ne m'était arrivé qu'une seule fois, et le retour à la réalité n'avait été que plus amer.

Je mangeais peu, ne dormais presque plus. Quand le sommeil me fauchait, c'était pour m'enfermer dans des cauchemars.

Si mon état avait toujours inquiété Minho, Brenda ou encore Gally, il était devenu problématique quand j'eus commencé à hurler dans mon sommeil. Je réveillais tout le camp à n'importe quelle heure, j'empêchais les autres de dormir. Vince décida du coup de me mettre un peu à l'écart, chose qui ne m'avait pas gêné.

Minho m'avait suivi dans cette petite cabane. Nous avions déjà pris l'habitude de passer quelques nuits ensemble pour nous soutenir. Lui aussi faisait des cauchemars, sur le Labyrinthe ou sur ce que lui avait fait WICKED. Alors on se tenait compagnie, soit en silence soit en bavardant. La mort de Newt l'avait secoué aussi, mais il évitait de m'en parler.

Gally s'était incrusté sans vraiment nous demander notre avis. Mais nous n'avions pas la force de l'envoyer bouler. Ma rancœur envers lui s'était adoucie pour laisser place au vide.

Mes pieds nus rencontrèrent le sable et je restai debout à contempler l'horizon. Plus loin, il y avait la lumière d'un feu mais je n'avais envie de parler à personne alors je pris la direction opposée. La brise marine me fit du bien, me consola un peu. L'odeur du sel me chatouilla agréablement les narines et je respirai à pleins poumons. Un soupir m'échappa, ce moment de répit serait bref mais autant en profiter.

Je trouvai un rocher et m'installai dessus, les pieds dans l'eau. Plus loin, le paquebot était amarré toujours au même endroit. Inconsciemment, je sortis de ma poche la fiole de vaccin. Je la gardais sur moi en permanence. Je la fis rouler entre mes doigts et je contemplai le liquide bleu remuer.

Je suis sûr que tu continueras à faire le bien.

J'y avais pensé. À prendre ce fichu bateau pour trouver un groupe de scientifique capable de continuer le vaccin, de sauver la population de l'extinction. Mais j'avais la trouille, une peur bleue du monde extérieur. Quand je pensais à partir, une nausée horrible me brûlait l'estomac et je vomissais mes tripes. J'étais bloqué sur cette île pour le restant de mes jours, à me noyer dans mes souvenirs.

Je sentis de nouveau les larmes me nouaient la gorge et je pris une grande inspiration pour me calmer.

Tu serais fier de moi Newt, pensai-je avec sarcasme.

Ce fut à ce moment que je l'entendis : sa voix. Un chuchotis près de mon oreille, tout droit créé par mon cerveau. Mes mains tremblèrent et la caresse du vent me fit frissonner, comme si c'était sa respiration qui s'égarait au creux de mon cou.

Tommy, tu mérites le bonheur.

« Tommy ». Personne ne m'appelait comme ça désormais, j'avais cassé une table en hurlant que mon prénom était Thomas et rien d'autre quand une fille m'avait appelé pour faire la vaisselle.

— Comment veux-tu que je sois heureux si tu n'es pas là ? murmurai-je d'une voix étranglée.

Mes yeux me brûlaient mais je ne pleurai pas. Je n'arrivai plus à pleurer. Je devais sûrement le faire pendant mes cauchemars mais quand j'étais conscient, les larmes restaient dans le coin de mes paupières. J'eus envie d'hurler, car ce que répétait Newt était écrit noir sur blanc dans sa lettre.

Tommy.

Je sortis de sous mon T-shirt le pendentif de Newt et le serrai à m'en faire mal. Mais je ne ressentis pas la moindre douleur, mon cœur saignait trop pour ça. Je voulais le faire taire de toutes mes forces mais je préférais écouter sa voix plutôt que de l'oublier. Alors je m'accrochais au timbre grave de Newt.

Je t'aime.

Les derniers mots écrits avant qu'il ne signe ce papier. Il ne me les avait jamais dits, moi non plus. Et c'était le plus grand de mes regrets. On avait eu tellement d'opportunités pour le faire, tellement de moments où nous étions seuls à parler de tout et de rien.

Un sanglot me fit perdre la respiration et je passai une main sur mon visage. Je me retenais de me frapper et un semblant de conscience s'imposa dans mon esprit.

— Arrête.

Newt se tut. Ou du moins la voix dans mon esprit. J'avais réussi plus ou moins à gérer ma crise et ce fut les muscles tendus que je me redressai. L'aube se levait doucement, donnant une couleur orangée à l'eau et au ciel. Je restai un moment-là, subjugué par ce spectacle que je ne prenais pas le temps de regarder en temps normal.

L'émerveillement passé, une pensée me titilla le cerveau. Je fermai les yeux pour renflouer ma douleur.

Newt aurait adoré cet endroit.

.

Minho m'attendait au pied du sentier, deux serviettes et des vêtements dans les mains. Je lui fis un léger sourire de remerciement et il me le rendit, sincère.

— Gally est parti plus tôt faire ses tâches, m'informa-t-il et j'acquiesçai. Tu as repris un peu tes esprits ?

Je me tournai vers lui. C'était rare que Minho me parle de mon état : la crise de cette nuit lui avait fait peur. Il détourna les yeux pour regarder face à lui et je fis de même.

— Ça va mieux pour l'instant.

Minho me crut, j'étais incapable de lui mentir de toute façon. On se dirigea vers les douches. Les premiers mois, nous nous lavions dans des baignoires avec de l'eau de mer chauffée. Mais grâce à Jorge et à ses nombreuses navettes entre le continent et le Refuge, on avait installé l'eau courante et l'électricité. Il continuait de partir de temps à autre, pour quelques semaines ou des mois, avec Brenda ou tout seul. Il n'arrivait pas à rester en place.

À cette heure matinale, il n'y avait quasiment personne. Minho me balança mes affaires à la figure d'un air taquin avant de s'enfermer dans la cabine. Je fis de même, mis dans un coin mon pyjama humide de transpiration, et allumai le jet d'eau. Elle était un poil tiède mais ça ne me gêna pas, au contraire ça me fit du bien.

Je me savonnai rapidement, enlever l'odeur et la sensation de la sueur m'arracha un soupir. J'essayai de ne pas regarder la cicatrice laissée par la balle de Janson, ou celle faite par le couteau de Newt. Je me focalisai plutôt sur ma maigreur et ma pâleur. Depuis mon arrivée au Refuge, j'avais beaucoup perdu en muscles et en endurance : je n'avais plus à me battre d'un côté. Il n'y avait que Minho qui courrait tous les jours en faisant des tours de l'île.

Je le faisais avec lui avant, mais quand j'avais cessé de m'alimenter correctement Minho m'avait mis sur la touche.

Une fois propre, je me vêtis des affaires apportées par mon ami. Le pantalon m'était trop grand et je dus serrer au maximum la ceinture pour qu'il me tienne un minimum. Mes chaussures lacées, je sortis de la cabine pour rejoindre Minho dehors.

Il me regarda approcher et ce qu'il vit le rassura car il me sourit.

— Allons manger un bout. Tu es assigné à quoi aujourd'hui ?

— Cueillette et pêche. Et toi ? lui demandai-je

— Je dois aller dans la forêt aujourd'hui, soupira-t-il.

On se tut un instant mais une question me brûlait les lèvres. Ça faisait un moment que je songeais à m'ouvrir un peu plus à lui, à lui parler de mes cauchemars, de Newt. Minho vivait la même chose que moi à quelques différences près et il semblait gérer tout ça à la perfection. Ou en tout cas il ne piquait pas des crises de nerfs pour rien.

— Minho, l'appelai-je et il me jeta un coup d'œil pour me signifier que j'avais toute son attention. J'aimerais (je me mordis la langue, ne sachant pas par où commencer), avant que tout le monde se réveille et que ce soit bruyant.

— Viens, me coupa Minho et sans m'attendre il quitta le sentier.

Un peu surpris je le suivis. On s'éloigna du camp, dans une zone dans laquelle je n'étais jamais allé. Il me fit grimper une colline abrupte, le genre de montée qui me laissa essoufflé à cause de mon manque d'endurance. Minho m'attendit en haut avant de reprendre sa marche sans me laisser le temps de reprendre ma respiration.

— On va où Minho, attends-moi ! m'énervai-je un peu.

— Tu es KO après une simple pente, je vais commencer à te nourrir de force, commenta-t-il avec sérieux mais je sentais un sourire dans sa voix.

Je le rattrapai dans la descente. Il faisait jour maintenant, le soleil me réchauffait la peau et un petit vent secouait les arbres et les feuilles. Je frissonnai à cause de mes cheveux mouillés. Je suivis Minho dans un petit bois et quand il s'arrêta, j'écarquillai les yeux.

Les arbres touffus cachaient la lumière du soleil, donnant une atmosphère un peu mystique à l'endroit. Plus loin, il y avait un étang avec un immense saule pleureur dont les feuilles frôlaient la surface de l'eau. L'odeur de l'herbe humide s'engouffra dans mes poumons et je regrettai presque d'avoir mis mes chaussures.

— J'ai découvert cet endroit par hasard, pendant que je courrais.

Sa voix brisa le silence et je crus entendre un écho. Nous étions loin de tout, j'entendais seulement un insecte quelque part : une cigale peut-être. Minho s'avança vers l'étang et se pencha pour prendre une feuille sur l'eau.

— C'est ici que je viens après mes cauchemars.

L'aveu me glaça le sang et je me mordis la langue. Je m'approchai à petit pas et m'appuyai sur un rocher. J'osai enfin le regarder mais lui fixait pensivement l'arbre. Je me tournai vers le saule pleureur, un léger sentiment de sérénité me détendit l'estomac et le cœur.

— WICKED m'a (il s'étrangla et je l'entendis prendre une inspiration). WICKED m'a mis des choses dans la tête. Des visions pires que le Labyrinthe, je ne saurais les décrire. Bien sûr je rêve toujours des Griffeurs mais ils ont réussi à créer des choses plus monstrueuses dans mon esprit.

Incapable de prononcer un mot, je serrai les poings. Sa voix restait calme sans le moindre accro, mais je savais à quel point ça lui coûtait de tout me raconter. Il se tourna finalement vers moi et me regarda dans les yeux, mon ventre se tordit dans tous les sens.

— Au début, c'était insupportable. Je ne pouvais pas fermer les yeux sans les voir. Les premières semaines ici ont été assez intenses.

Je fronçai les sourcils. J'étais resté dans le coaltar pendant une semaine à cause de cette balle mais après je n'avais rien remarqué. Minho m'aidait depuis le début avec mes crises et je n'étais même pas capable de voir les siennes : cette constatation me tuait.

— Pourquoi tu m'as rien dit ? demandai-je avec amertume.

— Parce que tu devais rester tranquille après ton opération (Minho se tut, hésita un instant avant de reprendre), et tu n'avais pas encore réalisé que.

Il ne termina pas sa phrase mais il n'en avait pas besoin. Tu n'avais pas encore réalisé que Newt n'était plus là. Il me fallut quelques secondes pour renflouer la tristesse qui tenaillait mon cœur. Quand mon trouble fut passé, Minho parla de nouveau.

— Mais maintenant, j'en fait de moins en moins. Parce que j'ai fini par comprendre que ces cauchemars n'étaient pas réels, qu'ils n'étaient que le fruit que de mon imagination. Ils ne me font plus peurs, ou moins qu'avant. Ça me prendra du temps de tout affronter, mais je sais qu'un jour ça ira mieux.

Je tremblai de la tête au pied au ton de sa voix. Cette certitude implacable que tout finirait par s'arranger. Je n'étais même pas capable de l'affirmer. Mon mal-être, ce vide, me tuait à petits feux mais je continuai ma descente aux enfers parce que je la méritais.

— Tu crois que j'irai mieux ? articulai-je avec difficulté.

Le regard que me lança Minho manqua de me faire pleurer. Ce n'était pas de la pitié, mais une tristesse dure et immuable.

— Sincèrement Thomas, j'en ai aucune idée. Ce ne sont pas des hallucinations qui te poursuivent, ce sont tes souvenirs et tes regrets. Toi seul as le potentiel pour te sortir de là. Nous aurons beau t'aider Gally et moi, si tu ne te bats pas tu ne pourras jamais avancer.

Cette réalité me brisa en mille morceaux. Il avait raison, je le savais mais la vérité c'était que je ne voulais pas me battre. Je voulais continuer à le voir dans mes souvenirs, même si au final ça devait me détruire. Parce que ne plus me souvenir de Newt était bien pire que la mort.

— J'ai toujours su pour vous deux.

Son intervention me fit sursauter et j'haussai un sourcil. Ma relation avec Newt n'avait réellement commencé qu'après sa capture.

— C'était flagrant, expliqua-t-il face à mon silence. Vous vous cherchiez constamment, avec les mains, les yeux, les mots.

Minho se perdit dans ses pensées, un petit sourire nostalgique sur les lèvres. L'envie fit bouillir mon sang : j'aurais voulu me souvenir de Newt de la même manière.

— Quand on est arrivé au camp du Bras Droit, je suis allée poser la question à Newt.

Je clignai des yeux, ahuri : Newt ne m'en avait jamais parlé. La curiosité me brûla la langue mais je restai muet, anticipant la suite. Minho sourit pour me rassurer.

— Il a tiré à peu près la même tronche que toi, plaisanta-t-il. Et puis il m'a souri et il a dit « j'irais jusqu'au bout du monde pour lui ».

Mes oreilles bourdonnèrent à cet aveu. Je sentis les larmes me piquer les yeux, férocement. Respirer m'était difficile et je me laissai glisser contre le rocher. J'entendis hurler dans ma tête, mon ventre se tordait de douleur. Je pensais avoir atteint un certain seuil de souffrance mais ces mots transformèrent les miettes de mon cœur en cendres.

J'imaginais parfaitement le sourire de Newt. Ce léger mouvement de lèvres, la malice dans ses yeux. Son rire quand Brenda lui raconter une blague, le cri de liberté qu'il avait poussé quand on avait piqué une voiture pour une escapade, le froncement de ses sourcils quand il était concentré.

La rugosité de ses lèvres contre les miennes.

— Thomas.

L'avalanche de souvenirs s'arrêta d'un seul coup. Je secouai la tête pour revenir sur Terre, me concentrai sur ma respiration hachée. Je vis la main de Minho devant mes yeux et la saisis pour me relever. On se regarda sans rien dire, perdus chacun dans nos souvenirs.

— Tu trouveras bientôt une raison de te battre Thomas, je te le promets.

Je fronçai les sourcils sans comprendre son allusion. Mais il resta muet et commença à s'éloigner de l'étang.

— Ramène-toi le Nouveau, on va être en retard !